AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Les Malaussène tome 5 sur 9
EAN : 9782070406968
96 pages
Gallimard (13/01/1999)
3.85/5   1118 notes
Résumé :
«Un matin, le Petit a décrété :. - Je veux mon papa.Il a repoussé son bol de chocolat et j'ai su, moi, Benjamin Malaussène, frère de famille, que le Petit n'avalerait plus rien tant que je n'aurais pas retrouvé son vrai père. Or ce type était introuvable. Probablement mort, d'ailleurs.Après deux jours de jeûne le Petit était si transparent qu'on pouvait lire au travers. Mais il repoussait toujours son assiette :. - Je veux mon papa.».
Que lire après Des chrétiens et des MauresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (61) Voir plus Ajouter une critique
3,85

sur 1118 notes
Cher Benjamin Malaussène,
Je vous écris aujourd'hui depuis mon confinement. Je ne sais pas si, dans votre Belleville des années 80-90, vous en avez entendu parler, mais je voulais vous dire que je vais bien. Je me suis retranchée derrière un mur de livres et de romans, et bien malin le virus qui arrivera à le franchir. En première ligne de ce rempart physique et mental figurent d'ailleurs les différents volumes de votre saga, armes d'anti-dépression massives redoutables s'il en est, autant de bombes à fragmentation dispersant un nuage de molécules d'endorphines dans le système immunitaire de leurs lecteurs, ou à tout le moins capables de pulvériser d'un claquement ferme virus et bactéries entre leurs centaines de pages. Et à propos de pavés, après avoir achevé mon mur de livres, je me suis dit qu'il fallait tout de même que je puisse regarder ce qui se passait à l'extérieur, de l'autre côté. Il s'agissait donc de desceller une de ces briques de cellulose pour laisser passer la lumière dans un sens et mon regard dans l'autre. Mais laquelle, donc, pour éviter de dangereuses intrusions ? pas un dictionnaire, pas un mille-feuilles grand format, pas le coffret de l'intégrale des Schtroumpfs, juste de quoi faire une étroite meurtrière... Mes yeux fouillaient dans la pile et c'est là, oui, là, évidemment, bien sûr, comment-n'y-avais-je-pas-pensé-plus-tôt, comment-aurait-il-pu-en-être-autrement, c'est là, donc, cher Benjamin, que je tombe sur vous, que je croise votre regard, que mes cils et mon coeur s'arrêtent de battre et que je comprends que oui, c'est vous que je dois désimbriquer de ce mur, non seulement pour me créer une fenêtre sur monde, mais plus simplement, plus fondamentalement, pour me tenir compagnie. Alors oui, je l'avoue, c'est là un dessein bien égoïste de ma part, parce qu'après tout je ne vous ai pas demandé votre avis, aussi cette fois, cher Benjamin, je promets de ne pas abuser de votre temps. Prenez-en pour preuve que je vous choisis aujourd'hui en version extra-small, dans un extrait de même pas cent pages de votre illustre familialo-graphie, "Des chrétiens et des Maures". Mais quel plat nous servez-vous là ? un trou normand, un entremets entre le plat de résistance de Monsieur Malaussène et le dessert de Thérèse ? Avez-vous décidé de nous révéler un épisode aussi bref que mystique de votre aînesse grand-fraternelle ? Que non pas, en fait de crise existentielle, ce serait plutôt le Petit qui traverse la sienne : il veut son papa. Et aussi sec, il entame une grève de la faim. Branle-bas de combat dans la tribu et à Belleville pour le ramener à la raison – parce que ce n'est pas comme s'il suffisait d'ouvrir l'annuaire pour le trouver, le papa, hein, non, à peine l'acte procréateur accompli qu'il s'est volatilisé dans la stratosphère, celui-là. Comme tous les autres paternels de la famille, d'ailleurs, mais ce sont d'autres histoires potentielles. Mais las ! le Petit n'en démord pas, et têtu comme il est, c'est-à-dire comme vous, ce n'est pas demain ni même à Pâques qu'on va lui faire gober l'histoire du Saint-Esprit et le faire renoncer à sa diète de Carême. Alors il ne vous reste qu'une solution, celle que vous maîtrisez à la perfection : lui raconter une histoire, juste assez réaliste pour qu'elle lui semble plausible, juste assez surréaliste pour qu'elle lui semble convaincante.
Un équilibre difficile à trouver, cher Benjamin, et même si cette fois vous vacillez vraiment trop dangereusement sur le fil tendu au-dessus du gouffre de l'invraisemblable, vous avez le mérite de lui avoir sauvé la vie, ou au moins l'appétit, à votre frangin. Et puis surtout vous avez le mérite de m'avoir fait oublier, pendant quelques instants, ces murs ambigus qui à la fois nous protègent et nous enferment. Sachez que je vous remercie sincèrement pour cela et que, même si je me répète encore au fur et à mesure de mes lettres et que ces mots sont galvaudés, je vous aime, cher Benjamin, et qu'il me tarde de vous retrouver pour aller cueillir ensemble une pleine brouette d' "Aux fruits de la passion".
Malaussènement vôtre (si je puis me permettre – m'accepteriez-vous comme petite soeur supplémentaire ?)
Viou
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          6110
Dans la famille Malaussène, je demande le Petit. Ce dernier veut savoir qui est son papa. Jeremy a beau expliquer que « le père est une hypothèse dont on peut fort bien se passer », le Petit ne cesse de répéter : « Je veux mon papa » qui devient bientôt : « je préfèrerais mon papa ». Benjamin s'inquiète de ce conditionnel, le Petit ne serait-il pas atteint de bartlebisme (référence à une nouvelle de Melville, Bartleby où le protagoniste serine à l'envi : « j'aimerais mieux pas ») ? Il se confie à son ami Loussa de Casamance et forcément, avec ces deux-là, l'enquête commence dans les livres.
Quel plaisir de retrouver la famille Malaussène ! Mais aussi une intrigue originale même si elle n'est pas tout à fait à la hauteur des trois premiers livres de la saga.

Commenter  J’apprécie          410
Voilà que je découvre, il y a à peine quelques jours, qu'il y a une suite à la série Malaussène, lue il y a bien longtemps!
Lu en quelques heures - pour contenter mon dernier jour de vacances et de farniente - j'ai été heureusement surprise du charme de ce petit livre. On y retrouve donc toute la "petite" famille de Benjamin Malaussène, un peu oubliée surtout pour les nouveaux venus; le Petit veut connâitre son papa, et entame une grève de la faim. Connaître l'un des papas, dans cette famille nombreuse, n'est pas une mince affaire, quand on sait que la mère en change à chaque enfant, et que quand elle n'est pas enceinte, c'est qu'elle est en quête du prochain géniteur.
Benjamin Malaussène entame alors un retour dans le passé, ce passé où une partie de la tribu n'existait encore qu'à l'état de cellules n'attendant qu'à se regrouper. le géniteur, Malaussène le connaît. Enfin... pas vraiment. Mais je n'en dirai pas plus.
je ressors de cette lecture avec le sourire et un nouveau livre dans ma PAL, Bartleby de Melville!
Commenter  J’apprécie          220
Je cherchais un petit livre vite lu, j'ai choisi des Chrétiens et des Maures intrigué par le titre mais aussi un peu pour Pennac... Ne cherchez de considérations religieuses dans ce livre ou alors elles sont vraiment secondaires. Non, nous avons à faire ici à un exercice de style, une petite récréation, un mélange de polar et d'humour dans la lignée des autres aventures Malaussène.
L'histoire débute avec un enfant qui aimerais retrouver son père, mais bien vite on l'abandonne pour se retrouver au chevet d'un mourant à la peau coriace.
La pirouette finale est un peu surréaliste mais ça reste une lecture sympathique et surtout très rapide, une alternative concevable à une série Tv.
Commenter  J’apprécie          200
Malaussène… suite et (pas) fin : 5e opus de la saga, et le plus court.

J'imagine tout-à-fait Daniel Pennac tournant la dernière page du roman d'Herman Melville, ‘'Bartleby le scribe'', et se disant : «Voilà qui ferait un excellent début de roman ! Mais comment l'intégrer dans ma série Malaussène ? » Eh bien, il a trouvé un procédé génial (à mes yeux)…

Le Petit (dernier de la fratrie) se réveille un matin en disant « Je veux mon papa » qui devient très vite un « Je préférerais mon papa » opposé à tout ce qui lui est proposé… une grève de la faim tellement déterminée que son entourage craint pour sa vie.
Mais comment résoudre ce problème ? Car tous les membres de la fratrie sont issus de pères différents, pères qui se sont évanouis dans la nature avant les naissances. J'ai positivement adoré la trouvaille de l'auteur pour parer à ce problème apparemment insoluble. A vous de le découvrir…


PS – Daniel Pennac fait une intéressante digression sur le « I would prefer not to » du roman original de Melville et les « Je préférerais n'en rien faire » et « J'aimerais mieux pas » des versions françaises.
Commenter  J’apprécie          170

Citations et extraits (79) Voir plus Ajouter une citation
Suivait une note sur la traduction la plus adéquate de l'expression utilisée par Bartleby : I would prefer not to. Fallait-il écrire, comme la traductrice l'avait fait dans une précédente édition : Je préférerais n'en rien faire, ou moderniser l'expression en optant pour ce : J'aimerais mieux pas, moins poli mais plus ferme ? La difficulté résidait dans ce not to final, particularité anglaise intraduisible chez nous. Or, toute la détermination de Bartleby vient de cette opposition entre l'apparente politesse du conditionnel I would prefer et le tranchant de ce not to.
Commenter  J’apprécie          120
[Ben est en train de relire "Bartleby", de Herman Melville]

Tout en lisant, je me surpris à traduire en anglais la revendication du Petit. Tant qu'il était resté sur la terre ferme du mode indicatif : « Je veux mon papa... I want my daddy », je ne m'étais pas inquiété, j'y avais même vu une invite à l'aimable rigolade. Les choses s'étaient gâtées quand le Petit avait troqué le verbe vouloir contre le verbe préférer et cet indicatif de bon aloi contre ce conditionnel retors, « je préférerais mon papa ». « I would prefer my daddy. » (…)
Le fait est que depuis ce maudit conditionnel le visage du Petit avait perdu toute expression. Seules ses lunettes roses paraissaient encore vivantes. Ni chagrin, ni envie, ni colère... Pas même de la détermination ! Un visage désert. « Je préférerais mon papa. » « I would prefer my daddy... » Une préférence qui se suffisait à elle-même. Aucun doute, le Petit était atteint de bartlebisme. Et les lecteurs de Bartleby savent à quelle extrémité peut conduire cette affection !
Commenter  J’apprécie          50
Là, j'ai perdu patience.
-Arrête de me faire chier avec tes mots en italique et tes précautions à l'anglaise, Loussa! "je crains que...", "tu veux dire...", "je suppose...", "en quelque sorte...", nous ne sommes pas deux anciens de Cambridge occupés à parler cul en ménageant les formes, putain de merde!
Commenter  J’apprécie          120
Louma poursuivait son cours d'anatomie déglinguée. - Une épaule démise, hémarthrose du genou, deux côtes cassées... MO : Des côtes pétées ? Il a les soufflets troués ? Louna : Pas de perforation pulmonaire, non, il ne crache pas de sang. Il en vomit. Il a dû en avaler beaucoup. Mo : Cà, c'est quand ils se sont occupés de ses dents ! (A ses hommes) : Faut toujours faire cracher, quand on travaille les dents ! Sinon, ils avalent, et, au moment où on s'y attends le moins, ils en foutent partout. Louna : Plaies infectées, ulcérations des chevilles et des poignets... Simon : Ca fait combien de temps qu'il a disparu de ton hosto ? Louna : Dix jours, à peu près. Simon : (à ses hommes) : Ils l'ont gardé attaché pendant dix jours. Hadouch : Encore un indice. Ca donne quoi, si on fait le total ? Louna secoua une tête pessimiste : - Constances catastrophiques : la tension est tombée à 6, l'urée est au plafond... ionogramme lamentable, fièvre permanente... - Il a une chance de s'en tirer ? Une voix nouvelle trancha : - Il ne mourra pas.
Commenter  J’apprécie          20
- Des conneries, trancha Jérémy, paternité biologique, mes glandes !
Premier argument d'une tirade enflammée tout au long de laquelle Jérémy (mais, l'ai-je bien compris ?) s'attacha à démontrer que le père est une hypothèse dont on peut fort bien se passer, et que, dans tous les cas de figures, si notre mère commune avait pris la décision d'écarter nos géniteurs à l'heure de notre arrivée, c'était vraisemblablement en toute connaissance de cause, "elle avait ses raisons, maman", qui ne pouvaient qu'être les bonnes, vu que maman "n'avait pas l'air comme ça", mais qu'elle "savait ce qu'elle faisait, maman !
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Daniel Pennac (133) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Daniel Pennac
Par Daniel Pennac Dans le cadre du festival Italissimo 2024
Piero nourrit une passion pour les voitures de luxe, idéalement dérobées. Pendant un bref moment, le vol lui permet de s'échapper de la routine quotidienne, lui conférant l'agilité et la puissance d'un lynx. Une nuit de brouillard, il stationne sa flamboyante Alfa Romeo sur une aire de repos, prêt à piller la caisse d'un « restauroute ». C'est à ce moment-là qu'il croise le regard d'un adolescent égaré, dont l'assurance et la beauté singulière le foudroient, annonçant ainsi un bouleversement radical dans sa vie. Daniel Pennac, admirateur absolu de cette nouvelle de Silvia Avallone, nous offre une lecture inédite.
À lire – Silvia Avallone, le lynx, trad. de l'italien par Françoise Brun, Liana Lévi, 2012. L'oeuvre de Daniel Pennac est publiée chez Gallimard.
Lumière par Hannah Droulin Son par Lenny Szpira Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (2838) Voir plus




{* *}