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sur 424 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
LES NAUFRAGÉS DE L' AUTOCAR de JOHN STEINBECK
Quand un voyage en autocar se trouve stoppé sur incident mécanique, la donne change irrémédiablement. Juan le chauffeur y voit une ouverture pour tout quitter. le Boutonneux, son assistant le voit venir et son oeil lorgne du côté de Camille, une blonde comme on en voit peu dans le secteur. Et puis il y a Mildred dont les hormones s'agitent, et puis, et puis beaucoup d'autres pour lesquels cette panne va être l'occasion d'un nouveau départ, enfin, en rêve, quoique, pour certains...
Truculent, drôle, pathétique, c'est un roman haut en couleurs qui vous ravira, je n'en doute point. Rarement j'ai senti chez Steinbeck un tel amour pour ses personnages.
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Ce livre n'est pas à la hauteur des monuments que Steinbeck nous a livrés avant lui: Des Souris et des hommes, Les raisins de la colère... Mais l'auteur, s'il n'est pas ici au niveau maximal de son art, peut encore servir de modèle: comment introduire un roman de façon aussi précise, créer une ambiance d'un réalisme total (ici, un vague restaurant-station service au bord d'une route), planter des caractères...? Quelle maestria!
Par contre, l'intrigue ici est faible, et l'on devra se contenter d'une ambiance, et savourer quand même les travers des personnages: mesquinerie ici, jalouserie là, pleutrerie, tout un petit monde gentillet et ordinaire, de femmes aguicheuses et insatisfaites, et d'hommes qui cherchent en elles des proies, pas trop farouches si possible.
Voilà un roman plaisant, au charme daté, mais quel plaisir de ressortir d'une bibliothèque familiale un livre jauni, qui y dort probablement depuis plus de 60 ans!
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Quel plaisir de retrouver ce cher, si cher Steinbeck, déporté de sa bien aimée vallée de la Salinas vers quelque route lointaine de Californie éclairée de loin en loin par les lumières de rares gas stations perdues.

J'avais longtemps boudé ce roman, ayant lu ici et là qu'il était au-dessous des autres. Erreur, car outre le bonheur de me couler dès les premières lignes dans la merveilleuse humanité de l'auteur, j'y ai retrouvé la quintessence de son univers, dans ce qu'il a de plus noir comme dans ses aspects les plus lumineux, et notamment son humour!
On rit beaucoup dans ce roman, du moins au début avant que ne se révèle le naufrage de certaines existences, derrière lesquelles se révèlent encore les fondements vacillants d'une société américaine pourtant sûre d'elle-même et conquérante en ces années d'après-guerre.

Il ne faut pas plus de trois lignes pour pénétrer entièrement l'univers que nous propose Steinbeck et avoir littéralement envie d'entrer dans la salle de restaurant de cette station essence située au Coin-des-Rebelles (un programme en soi!), de s'accouder au bar en dégustant une part de gâteau à la crème, et de regarder vivre le microcosme qui s'agite sous nos yeux : Juan le besogneux au fin sourire distant et sa femme Alice luttant avec humeur contre sa propre perdition, leurs jeunes employés suffoqués par leurs rêves en même temps qu'appesantis par leurs destins, et enfin les fameux voyageurs, englués contre leur gré dans ce trou en raison d'une avarie sur l'autocar. Un couple WASP jusqu'au bout des ongles affublé d'une fille rebelle, un représentant de commerce tentant d'évacuer par le rire les cauchemars de ses années de guerre, et la belle Camille, surfant comme une sirène sur les codes de ce monde cynique.

J'aurais voulu que ce roman dure encore tant les leçons de vie y sont puissantes, tant l'art du détail distillé avec une parfaite mesure m'ont liée aux personnages, et aussi parce qu'après celui-ci je n'ai quasiment plus d'oeuvres de Steinbeck à découvrir.
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Quel plaisir de lire un livre de Steinbeck !

Au détour d'un simple voyage en car, Steinbeck peint des personnages qu'il étoffe peu à peu de couleurs et de formes. Tous plus différents les uns que les autres, on s'amuse à les voir se côtoyer, se découvrir au fil des discussions, des évènements. Avec une franchise et une sensibilité accrues qui lui sont propres, Steinbeck nous offre ici de rafraichissants éclats de vie. On rit de moments parfois cocasses, on compatit avec les personnages, on est surtout touché par leurs conditions de vies d'un comique parfois dramatique. Chacun a droit à son développement, à la révélation de son passé, à la description de ses rêves et de ses espoirs enfouis. C'est toute leur humanité qui se révèle et c'est ce qui les rend si attachants. Ils paraissent si vrais qu'ils semblent évoluer tout seuls, comme si Steinbeck lui-même les avait découvert en les écrivant. C'est l'impression que j'ai eue et elle est très agréable. L'écriture est ainsi fluide, maniée avec une parfaite simplicité. le texte est si vivant que l'on se croirait parfois dans un film.

Quelques mots lui suffisent notamment pour mettre en place un environnement estival, avec délicatesse et charme, menant à une ambiance douce et en même temps propice à l'agacement. de fait, au fur et à mesure, le côtoiement n'est plus possible, chacun s'énerve, se bouscule, dit tout haut ce qu'il pensait jusque là tout bas. Les complications s'enchaînent : le bus tombe en panne, s'arrête, Camille dévoile des tentations cachées chez certains, de la jalousie chez d'autres, la réalité du couple Pritchard est mise à nu, etc. Chaque situation, chaque dialogue complexifie les personnages, les humanise. La fin, plus chaotique dans sa construction, est le reflet de sentiments, d'individualités qui se croisent et se décroisent.

C'est avec regret que j'ai laissé ces voyageurs partir pour se séparer et mener de nouveau leurs vies d'avant. Steinbeck leur aura au moins donné l'occasion de se libérer et de se révéler, aux autres et à nous-mêmes, le temps de quelques heures seulement. C'est toute la condition humaine, dans ses ambiguïtés et dans sa richesse, qui nous est ainsi décrite, dans un moment enchanteur que je vous invite grandement à découvrir.
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Un autocar et des hommes
J'ai beaucoup aimé ce roman de Steinbeck paru en 1947 et qui évoque immédiatement le cinéma hollywoodien de l'époque. C'est vrai que cet épisode d'autocar coincé en pleine cambrousse nous présente tout une série d'archétypes, mais leurs portaits sont très vivants et l'on suit les péripéties de tout ce petit monde avec un grand intérêt. Je recommande donc ce roman un peu moins connu que Des souris et des hommes ou les Raisins de la colère mais qui a aussi beaucoup à dire sur la société américaine de cette époque, et sans doute pas seulement...
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Ce roman est un film. Immédiatement le lecteur est propulsé dans le décor, un décor qui ressemble fort à la couverture de l'édition Folio.
Ça commence à un carrefour à soixante-deux kilomètres au sud de San Ysidro, en Californie dans une station service qui fait aussi bar et station de bus.
Suite à une panne, une dizaine de passagers a été obligé de passer la nuit dans cet établissement tenu par Juan Chicoy et son épouse Alice.
Âgé d'une cinquantaine d'années, Juan est bel homme et c'est lui qui conduit le vieux bus à quatre cylindres jusqu'à San Juan de la Cruz. Alice dirige le restaurant et devient de plus en plus nerveuse à mesure qu'elle vieillit, anxieuse que son mari la quitte un jour.
Au matin le bus et ses passagers repartent mais la météo va compliquer le voyage.

Le talent de Steinbeck saute aux yeux dès les premières pages de cette chronique d'un bus parcourant les routes secondaires de Californie, transportant les perdus et les solitaires, les bons et les gourmands, les stupides et les intrigants, les beaux et les méchants, loin de leurs rêves brisés et, éventuellement, vers la promesse de l'avenir.
En 260 pages l'auteur décortique chaque personnage. Chaque ligne de dialogue, chaque pensée et chaque action est représentative des troubles émotionnels et des angoisses sociales de ce groupe, de leurs besoins et de leurs rêves, tous bouillonnant alors qu'ils sont forcés d'interagir dans une situation inhabituelle.

Il ne se passe pas grand chose dans cette peinture caustique (mais tout de même très tendre) de la société américaine d'après guerre, et pourtant… c'est encore une fois magistral. Vous ai-je déjà dit que j'aimais Steinbeck ?

Traduit par Marcel Duhamel et Renée Vavasseur
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Au bord de la grande autoroute de Californie, la station essence restaurant d'Alice et Juan Chicoy s'éveille. Ce dernier effectue les derniers essais de son bus dont il a réparé la panne avec l'aide du « boutonneux », son apprenti. Les passagers qu'ils ont hébergés prennent leur petit déjeuner. Mr et Mme Pritchard doivent se rendre au Mexique en compagnie de leur fille Mildred pour leurs vacances. Un représentant en nouveautés et autres farces et attrapes les accompagne. Un soixantenaire grincheux, van Hunt, met en garde Juan sur la vétusté du pont qu'ils doivent traverser lors de leur voyage. Norma, la serveuse d'Alice, rend son tablier et décide de partir à Hollywood où elle aura toutes les chances de croiser son idole, Clark Gable. Au dernier moment, une jeune femme d'une rare beauté se joint à l'hétéroclite équipage. Cette assemblage de gens qui n'avait que peu de chance de se croiser autrement que dans cet autocar va vivre une aventure qu'ils n'auraient jamais imaginée…
Tout l'intérêt du roman de John Steinbeck réside dans ses personnages, leur caractère, leurs défauts, leurs imperfections. Il révèle les faiblesses de chacun en confrontant les uns aux autres donnant lieu à des scènes de la vie courante pleines de relief, de verve. Il sonde admirablement bien l'âme humaine. Il démonte les mécanismes qui animent les gens et met le doigt sur ce qui dérange, l'anima des uns, l'animus des autres, passés au shaker pour un résultat qui irrite mais qui n'est qu'une évidence. Ils sont des personnages de roman mais ils sont nous, une façon de l'auteur de se moquer de ses contemporains, de dénoncer une Amérique qui se dit puritaine mais dont la perfection n'est en fait qu'une illusion car l'erreur est le propre de l'homme. A la fin ce sont toutes ces faiblesses qui font le charme de cet oeuvre, qui font qu'elle est émouvante.
Traduction de Renée Vavasseur et Marcel Duhamel.
Editions Gallimard, Folio, 371 pages.
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Dans les naufragés de l 'autocar , chacun cache un pan de sa personnalité qu''il croit réel, authentique et veut le dévoiler à quelqu'un de sublimé . Ils veulent changer de vie et révéler leur vrai moi . Malgré les événements qui les ralentissent dans leur objectif sociétal premier les naufragés dans l immobilisme comprennent que cela ne pourra pas changer , qu'ils resteront malgré la mise en route à leur place sans dévoiler leur véritable personnalité convoitée ou réelle qui se taira en sourdine embourbée . ( renvoi à une citation du livre du même auteur au dieu inconnu" il est possible aussi les choses qui ne changent pas soient les seules à passer ")
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L'un de mes livres préférés de cet auteur. J'aime la poésie de l'absurdité de ces scènes du quotidien.
Lien : https://joy369.unblog.fr/
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Ce roman de John Steinbeck est à mon goût un pur chef d'oeuvre. Sur le plan factuel, il ne s'y passe rien ou pas grand-chose, l'attaque cérébrale d'un vieil homme malade exceptée. 
Synopsis :
l'autocar de Juan Chicoy en panne repart avec beaucoup de retard ; les passagers sont exaspérés ; la route habituelle est coupée en raison du mauvais temps et le chauffeur à bout de nerfs met volontairement son bus dans un fossé, incident plutôt bénin. Mais il condamne les passagers à vivre un huis clos de plusieurs heures.
Les masques tombent. Malhonnêteté... désir sexuel effréné... violence… le vernis de l'honorabilité sociale s'écaille facilement.
C'est encore parmi les plus petites gens que se retrouve un peu de solidarité humaine. Entre Norma la névrosée et Camille la strip-teaseuse s'ébauche un moment de complicité amicale, une faible lumière dans cet enfer.

La grande habilité de Steinbeck est qu'il ne décrit pas, ne commente pas les caractères (ou très peu). Il fait vivre ses héros et antihéros devant nous. Leur personnalité apparaît dans leurs faits et gestes. Nous sommes des témoins. L'intensité émotionnelle de ce roman « psychologique » en est considérablement accrue. Point de longueurs, rares monologues intérieurs, le style de Steinbeck est rapide, vif, précis. Habitué à Proust (que j'aime beaucoup) on pourrait avoir une impression de sécheresse de ton et de pauvreté du propos. Mais au cours d'une lecture attentive, on constatera la richesse et la perspicacité de l'écrivain, observateur des hommes.

Enfin j'apprécie la critique implicite du rêve américain. La réussite matérielle Juan Chicoy, immigré mexicain, sans être grandiose est indiscutable, mais elle ne lui a pas procuré le bonheur.
Cette critique, nous la retrouverons dans « les raisons de la colère » ou Steinbeck dénonce avec virulence la dureté impitoyable d'une société matérialiste dont l'économie est en crise.

Lien : https://livre.fnac.com/a2479..
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