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EAN : 9782702488713
185 pages
Le Livre de Poche (01/09/2004)
3.68/5   680 notes
Résumé :
Léa de Lonval, une courtisane de près de cinquante ans, est la maîtresse de Fred Peloux, surnommé Chéri.

A mesure qu'elle éprouve le manque de conviction croissant de son jeune amant, Léa ressent, avec un émerveillement désenchanté et la lucidité de l'amertume, les moindres effets d'une passion qui sera la dernière.

Pourtant il suffira à Chéri d'épouser la jeune Edmée pour comprendre que la rupture avec Léa ne va pas sans regrets. >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (93) Voir plus Ajouter une critique
3,68

sur 680 notes
Brocarts, dentelles et traversins garnis de plumes ; mangeailles fines, vins délicats et parfums suaves ; soie, cristal, porcelaine et lumière tamisée ; nuis câlines, longs matins calmes, petits déjeuners enchanteurs, frivoles mondanités, milieux frelatés de la belle époque, serviteurs dévoués… Malgré toute cette douceur, ce confort bourgeois, malgré cet argent facile qui semble couler des doigts et ce luxe un peu suranné, le roman est âpre, féroce et cruel.
Car c'est le clap de fin pour Léa, une courtisane vieillissante qui vécut comme une princesse, qui rayonnait grâce à son charme, son entregent, ses brillants traits d'esprit, son beau corps long et souple. Certes ! s'il y a toujours dans le regard contenu des hommes polis un « Madame est belle », Léa a de plus en plus de mal à « déguiser le monstre », c'est-à-dire la vieille femme.
Avec un sentiment mêlé d'indignation, de tendresse, d'amour et d'amertume, elle regarde son « Chéri beau comme un dieu », ce jeune homme fantasque, égocentrique, versatile − insupportable en un mot – se retirer de sa vie sur la pointe des pieds. Parce qu'il doit bien construire sa jeune existence. Parce que dans un moment d'égarement, Léa lui a laissé entrevoir le « monstre déguisé ».
Une retraite honteuse, une fin dans l'ombre, la défaite, voilà ce qui attend désormais Léa.
Et cette question qui se pose, toujours d'actualité : la femme d'âge mur peut-elle, à l'image des hommes, avoir des amants beaucoup plus jeunes qu'elle ?
L'écriture de Colette, tour à tour exaltée, acerbe ou désabusée, est éblouissante. On ressent la détresse de Léa et son combat perdu d'avance comme s'ils étaient les nôtres.




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Chéri de Colette, écrit en 1920 - lu en septembre 2018.
Encore une découverte de la boîte à livres de ma commune.
Chéri, surnom donné à Fred Peloux par Léa sa maîtresse et amie de sa mère . Chéri connait très tôt son pouvoir de séduction, il est "beau comme un ange", le sait et en use avec Léa, femme d'un âge mûr qu'il surnomme Nounoune.
Chéri est un garçon frivole, ne manquant pas d'argent, mais incapable d'aimer, il joue avec les sentiments de Léa, avec ceux plus tard de son épouse Edmée. Sa liaison avec Léa durera 6 années où il jouera au chat et à la souris avec elle..
Et un jour, la différence d'âge lui saute aux yeux, Léa a 24 ans de plus que lui, il se rend compte qu'elle commence à se flétrir, double menton, taille épaissie... Elle a 56 ans.
Dans ce milieu de courtisans et courtisanes, les intrigues se nouent et se dénouent, on ne se fait pas de cadeaux, des petits jeux cruels entre amants, la jalousie, et bien entendu pas sans souffrance pour Léa qui, lucide, sait bien qu'elle n'est plus au top de la jeunesse.
Colette écrit naturellement, comme elle le sent, les tenants et aboutissants de cette liaison particulière,
du comportement humain dans cette relation amoureuse, de la précarité des choses, surtout avec une telle différence d'âge.
Il y a une suite à ce livre, Colette publiera en 1926 "La fin de Chéri" dont on devine bien qu'elle ne sera pas une happy end.


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« Raconte, va, raconte. »

Un roman tendre et touchant. Une femme qui vieillit, un homme qui grandit. Quelles étaient belles ces années d'insouciance. La rondeur d'une perle, un creux d'épaule où il fait bon se blottir ...comme un enfant.

« Chéri, tu dors ? Oh ! Non, Nounoune, je suis trop bien pour dormir. »

Mais les esprits s'affirment, les yeux s'ouvrent, les devoirs, les sacrifices et certaines évidences pour ces amoureux jaillissent comme une crue que rien ne peut empêcher. Ça déborde d'amour, souvent méconnu, parfois tu. J'ai adoré la plume de Colette. Cela virevolte d'intelligence, de vie et d'humeurs. Les personnages sont complexes, ils ont tous un petit quelque chose qui m'émeut ou m'amuse.

« Les gens ne savent pas ce que c'est que Chéri. »
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Elle est "Nounoune", il est "Chéri".
Léonie Vallon appelée Léa de Lonval fut une reine dans l'aristocratie des courtisanes. A l'approche de la cinquantaine, fière de son parcours et toujours aussi désirable, elle s'accorde une passade avec le fils d'une de ses amies, Fred Peloux, alors âgé de dix-neuf ans. L'enfant qu'elle a vu grandir est devenu un bel ange.
Six ans d'une relation devenue passionnelle, la dépendance de l'un pour l'autre est toujours aussi forte. Cependant le jeune homme doit se marier et les amants décident d'interrompre leur liaison.
Chéri se plie sans rechigner à son devoir, prenant ce destin comme une nouvelle aventure, et Léa, lucide, laisse son jeune amant la quitter. N'est-ce pas le seul épilogue possible ?
Après cette renonciation, tous deux prennent alors conscience du sacrifice ; le manque est une torture, leur affection était un réel amour.

J'ai voulu relire ce petit roman après avoir vu l'adaptation filmée de Stephen Frears (un film qui respecte le livre). Il y a fort longtemps, j'ai lu cette histoire après mes passionnantes lectures des "Claudine" et "Le blé en herbe" ; j'étais une adolescente qui avait eu un coup de coeur pour Colette. En regardant le générique de fin défiler, je me posais la question… Qu'elle serait ma lecture aujourd'hui, alors que mon âge approche plus celui de Léa de Lonval que celui de Fred Peloux ?
C'est donc l'esprit moins ardent et plus mûr que j'ai entrepris cette relecture…

Colette dresse un portrait de Chéri peu sympathique. Il est pathétique, capricieux, fantasque, versatile et égocentrique (un beau panel !). Puéril, il joue de sa jeunesse en se laissant materner par Léa. Certaines scènes paraissent pernicieuses, entre réprimandes et câlins ; Chéri se comporte comme un enfant et Léa aime son ascendance sur lui. Femme intelligente qui a su gérer sa carrière de courtisane et faire fortune, sa beauté n'est pas son seul atout, elle est une fine tacticienne. Lorsque Fred, à peine sorti de l'adolescence, lui fait des avances, elle est flattée et n'hésite pas à entreprendre une liaison. Cela ne surprend même pas Madame Peloux mère qui en est spectatrice… Il faut que jeunesse se fasse ! Ce qui ferait sursauter aujourd'hui, n'avait rien de scandaleux à l'époque.
Petit aparté, Colette a écrit ce roman en 1912 et c'est en 1920 qu'elle l'a fait publier. Il faut préciser qu'il était annonciateur de ce qui allait arriver… A quarante ans, elle a "initié" un jeune homme de dix-sept ans, Bertrand de Jouvenel, le fils de son époux, et leur histoire a duré cinq ans.
Il faut une rupture pour que les amants se rendent compte de leur attachement. Léa en perd le souffle. Elle se trouve vieillie, cache les plis de son cou sous un rang de perles, se sent abandonnée, bien seule, et dans le vide de son lit, appelle Chéri. Fred est atteint de spleen, tout l'ennuie. Il délaisse Edmée, sa jeune et belle épouse, devient même grossier et méchant avec elle. Nounoune a toujours était dans le paysage familial de Chéri, elle lui manque énormément. le drame amorce sa spirale et enlève toute frivolité aux personnages.
Malgré un sursaut illusoire qui amène une dernière ardeur, le couple de Léa et Fred s'éteint malgré les braises encore rougeoyantes. Comme l'amour est cruel !

Jeune, je n'avais lu que la passion, je n'avais pas aimé Fred, ses jérémiades, et j'avais eu de la peine pour Léa. Aujourd'hui, je vois en plus une incroyable modernité et l'affranchissement de Colette. Elle peint une satire de son époque et ironise sur l'empreinte du temps ; la maturité malmenée par la jeunesse. La plume est alerte, vive, taquine, sans complaisance, mais aussi chagrine. Colette conte une triste histoire, le deuil de l'amour.
J'ai aimé le relire avec les images du film, les mots étaient plus colorés, plus parlants.

Un roman à conseiller…
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« Chéri » est le premier roman de Colette que je lis. Cette lacune s'explique par le fait que, sans savoir pourquoi, cette auteure ne m'attirait pas du tout. Mais mon mari ayant lu ce roman récemment, il m'a conseillé de dépasser mon a priori négatif et de le lire aussi. J'ai bien fait de suivre son conseil, « Chéri » est un très beau roman.

Je m'attendais à une romance anodine. Il n'en est rien. « Chéri » est un roman à la fois subtil, cruel et émouvant. La peinture psychologique des personnages est remarquable de justesse. Chacun des protagonistes est finement ciselé. Ainsi, le récit est très vivant et très prenant. A ma grande surprise, je me suis véritablement passionnée pour l'histoire d'amour entre Léa, courtisane mûre, et Fred, jeune apollon un brin superficiel. Leur histoire, si elle est vouée à l'échec, n'en est pas moins terriblement belle. Triste et belle cette histoire d'amour, le premier pour lui, peut-être le dernier pour elle dont la beauté est de moins en moins éclatante. Les sentiments et émotions de Léa sont particulièrement bien dépeints et très émouvants. J'ai même trouvé certains passages douloureux à lire. le regard cruel que porte Léa sur elle-même a quelque chose de bouleversant. Il y a une dureté à voir cette femme, autrefois très séduisante et fraîche, aujourd'hui encore assez belle mais qui a tout de même perdu de sa superbe, scruter les moindres traces de son vieillissement, l'apparition d'un double-menton, le cou qui s'épaissit, les mains qui flétrissent…
Pour autant « Chéri » n'est pas un roman triste. Il y a des notes d'humour plaisantes et l'écriture de Colette est très agréable de légèreté et d'élégance.

La lecture de « Chéri » a balayé tous les a priori que je pouvais avoir sur Colette. Je compte bien lire d'autres oeuvres de cette auteure.

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Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
Ces abandons de l’après-midi l’écœuraient. Jamais son jeune amant ne l’avait surprise défaite, ni le corsage ouvert, ni en pantoufles dans le jour, « Nue si on veut », disait-elle, « mais pas dépoitraillée ». Elle reprit son journal illustré et ne le lut pas. « Cette mère Peloux et son fils », songeait-elle « Mettez-les devant une table bien servie ou menez-les à la campagne, - crac : la mère ôte son corset et le fils son gilet. Des natures de bistrots en vacances. » Elle leva les yeux vindicativement sur le bistrot incriminé et vit qu’il dormait, les cils rabattus sur ses joues blanches, la bouche close. L’arc délicieux de la lèvre supérieure éclairé par en dessous, retenait à ses sommets deux points de lumière argentée, et Léa s’avoua qu’il ressemblait beaucoup plus à un dieu qu’à un marchand de vins. Sans se lever, elle cueillit délicatement entre les doigts de Chéri une cigarette fumante, et la jeta au cendrier. La main du dormeur se détendit et laissa tomber comme des fleurs lasses ses doigts fuselés, armés d’ongles cruels, main non point féminine, mais un peu plus belle qu’on ne l’eût voulu, main que Léa avait cent fois baisée sans servilité, baisée pour le plaisir, pour le parfum…
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Chéri marchait légèrement, stimulé par un printemps sourd que l'on goûtait seulement dans le vent humide, inégal, dans le parfum exalté de la terre des squares et des jardinets. Une glace lui rappelait de temps en temps, au passage, qu'il portait un chapeau de feutre seyant, rabattu sur l'œil droit, un ample pardessus léger, de gros gants clairs, une cravate couleur de terre cuite. L'hommage silencieux des femmes le suivait, les plus candides lui dédiaient cette stupeur passagère qu'elles ne peuvent ni feindre, ni dissimuler. Mais Chéri ne regardait jamais les femmes dans la rue.
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Un sphinx, de grands moustiques à longues pattes tournaient autour des lampes, et l'odeur du jardin, à cause de la nuit venue, devenait une odeur de campagne. Une bouffée d'acacia entra, si distincte, si active, qu'ils se retournèrent tous deux comme pour la voir marcher.
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Mais Chéri, tout ensemble circonspect et grisé, ne cessa pas de parler de Léa. Il dit des choses raisonnables, imprégnées d'un bon sens conjugal. Il vanta le mariage, mais en rendant justice aux vertus de Léa. Il chanta la douceur soumise de sa jeune femme, pour trouver l'occasion de critiquer le caractère résolu de Léa : "Ah ! la bougresse, je te garantis qu'elle avait ses idées, celle-là !" Il poussa plus loin les confidences, il alla, à l'égard de Léa, jusqu'à la sévérité, jusqu'à l'impertinence. Et pendant qu'il parlait, abrité derrière les paroles imbéciles que lui soufflait une défiance d'amant persécuté, il goûtait le bonheur subtil de parler d'elle sans danger.
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Léa, balancée dans un rocking, jetait de temps à autre les yeux sur Chéri, Chéri vautré sur le rotin frais, son gilet ouvert, une cigarette à demi-éteinte à la lèvre, une mèche sur le sourcil, - et elle le traitait flatteusement, tout bas, de belle crapule.
Ils demeuraient côte à côte, sans effort pour plaire ni parler, paisibles et en quelque sorte heureux. Une longue habitude l'un de l'autre les rendait au silence, ramenait Chéri à la veulerie et Léa à la sérénité.

Page 25.
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« Chéri » de Colette lu par Julie Pouillon l Livre audio
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