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EAN : 9782851810465
48 pages
L'Arche (13/06/1997)
4.33/5   6 notes
Résumé :
Coll. "Répertoire pour un théâtre populaire". Vol. n°50. Texte français de Carl-Gustaf Bjurström et Georges Perros. Pièce de chambre. Opus 1.
Celui que l’on appelle « Monsieur » est vieux. Étant vieux, il fuit toute relation avec les autres, de peur de bousculer sa petite vie tranquille.
Première œuvre du « Théâtre de Chambre », cette pièce date de 1907. August Strindberg excelle à y représenter le vide, vide qui suscite l’angoisse chez des personnages... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le Monsieur est un vieil homme solitaire… Il évolue à l'intérieur d'une sphère réduite à son plus strict minimum : sa domestique Louise le seconde dans les tâches de la vie courante ; il échange parfois quelques mots avec son voisin le Pâtissier, qu'il croise en sortant de l'immeuble ; enfin, il reçoit parfois la visite de son frère, ce qui constitue pour lui les rares occasions où il accepte de pointer son nez à l'extérieur de son appartement.


« […] la solitude a du bon et du mauvais, mais quand personne n'exige plus rien de vous, on a sa liberté. La liberté d'aller et venir, de penser et d'agir, de manger, de dormir à sa guise. »


Toutefois, le Monsieur n'est pas aussi esseulé qu'il veut bien le laisser croire… Même, il a beau affirmer chérir sa solitude, comme pour se persuader de l'impossible : en réalité, il ne la supporte pas. Tout seul devant son plateau de jeu d'échecs, il appelle véhément et réclame un partenaire de jeu : Louise, le pâtissier, son frère… n'importe qui fera l'affaire. C'est que le Monsieur est resté seul trop longtemps, dans une longue période qui a succédé à des années de bonheur avec sa femme, Gerda, et leur petite fille. Orage nous apprendra peu à peu les raisons qui ont interrompu ces belles années. Les comportements des personnages, à l'issue de ce premier drame rapporté, seront l'occasion de dresser un premier portrait peu flatteur de l'humanité. Mais ce ne sera pas le dernier…


La solitude du Monsieur ressort peut-être encore plus cruellement depuis que ses voisins de l'étage supérieur sont morts et que leur a succédé une famille mystérieuse qui ne s'éveille qu'à la tombée de la nuit pour s'emporter dans des ballets tapageurs –joyeux ou tragiques ? La vie intense qui semble animer ces nouveaux voisins impose un contraste cruel à la routine calme –sereine ou ennuyeuse ?- qui caractérise le quotidien du vieux Monsieur. Cette agitation, qui se traduit chez lui en un bruit de fond incessant, rappelle les premiers roulements de tonnerre de l'orage


Cette pièce courte ne constitue sans doute pas le texte idéal par lequel aborder l'oeuvre d'August Strindberg. Elle cumule de grandes qualités –profondeur psychologique des personnages, intérêt dramatique, qualité des personnages secondaires- mais elle est extrêmement brève et se termine si rapidement qu'elle laisse le lecteur dans un sentiment de frustration peu agréable… Mais il ne s'agit là, bien sûr, que d'un signe du talent que nous laisse apercevoir August Strindberg, et nous donne envie de nous précipiter bientôt sur un texte plus consistant de son oeuvre…
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Stindberg est un auteur de la fin du XIXe (1849-1912). Cinq ans auparavant (1907) il publie « Orage » qui fait partie de ce qu'il appelait le « théâtre intime ».
L'histoire est celle d'un orage qui va éclater sous peu mais qui finalement ne sera qu'une ondée passagère. « le Monsieur » s'est retiré de la vie comme, se retirant à l'écart après ce qui fût un drame intérieur : laisser femme et enfant rejoindre une vie qui ne sera plus la sienne. Lui se contentera de la solitude, les oubliant volontairement, dans un décor inchangé seulement accompagné de Louise et n'ayant de contact qu'avec son frère, consul, et le pâtisser proche qui sont ses seuls interlocuteurs. Mais ce rapport avec la solitude n'est-il pas qu'une force de façade qui masque la profondeur de l'homme ?
Il y a aussi ce Fisher, un aventurier, qui n'est autre que le compagnon de Gerda, que son ex femme a suivi. Quand ils vont se manifester au « Monsieur », l'orage est menace.
Alors quand on s'intéresse de plus près à Strindberg, l'auteur, on s'aperçoit que cette histoire est très autobiographique ayant lui-même vécu la même histoire.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
LE MONSIEUR. – Il y a bien longtemps que vous n’êtes pas venu dans cet appartement, monsieur Starck ?
LE PÂTISSIER. – Oui, il y a juste dix ans !
LE MONSIEUR. – Vous nous aviez apporté le gâteau de mariage… Rien de changé ?
LE PÂTISSIER. – Absolument rien… Le palmier a poussé, bien sûr, mais à part ça, rien de changé…
LE MONSIEUR. – Et rien ne changera, jusqu’à ce que vous apportiez le gâteau de l’enterrement. A partir d’un certain âge, plus rien ne change, tout se fige, on n’avance plus que comme un traîneau sur une pente…
LE PÂTISSIER. – C’est vrai !
LE MONSIEUR. – Et comme ça, on est bien tranquille… Pas d’amour, pas d’amis, un peu de compagnie seulement pour distraire la solitude ; et alors les hommes ne sont plus que des hommes, ils n’ont plus aucun droit, ni à vos sentiments ni à vos sympathies ; on se détache tout doucement, comme une vieille dent, et on tombe, sans douleurs, sans regrets.
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GERDA. – Ai-je vieilli ?
LE MONSIEUR. – Je ne sais pas. Il paraît qu’au bout de trois ans, pas un atome de notre corps n’est resté le même, et qu’en cinq ans, tout a été renouvelé ; c’est sans doute pourquoi vous qui êtes là, vous n’avez aucun rapport avec celle qui était assise ici et souffrait… Je peux à peine vous tutoyer, tant vous m’êtes étrangère.
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LOUISE. – C’est mauvais de rester trop longtemps dans les vieux souvenirs.
LE MONSIEUR. – Pourquoi ? Quand le temps a passé, ils sont tous beaux…
LOUISE. – Mais Monsieur peut encore vivre vingt ans, c’est beaucoup pour s’installer déjà dans des souvenirs qui s’estomperont, et qui finiront même par changer de couleur.
LE MONSIEUR. – Comme vous êtes savante, mon enfant ! Bon, commencez, déplacez un pion. Mais pas la reine. Vous seriez mat en deux coups.
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LE FRERE. – Je crois que tu vis dans une profonde erreur…
LE MONSIEUR. – Laisse-moi continuer à y vivre, mon frère : une conscience pure, ou relativement, a toujours été pour moi comme un scaphandre qui me permettait de descendre dans les profondeurs, sans étouffer.
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LE MONSIEUR. – Pauvre Gerda ! Dans des cas pareils, on n’a pas le droit de leur dire, aux hommes, qu’il y a une justice, une justice qui venge les affronts…parce qu’ils mentent quand ils disent qu’ils aiment la justice. Et il faut y aller doucement, avec leur saleté !
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Videos de August Strindberg (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de August Strindberg
« Rares sont les auteurs suédois qui ont joué un rôle dans la littérature mondiale. Swedenborg (1688-1772) fut l'un d'eux […]. Un autre fut le Strindberg (1849-1912) des dernières années […]. » (Kjell Espmark)
« La voix de Tomas Tranströmer (1931-2015) est celle d'un homme de notre temps, un homme dont les poèmes nous apprennent qu'il a voyagé […] ; un homme qui est surtout très ordinairement père de deux enfants, qui prend sa voiture pour se rendre à son travail, dort parfois dans des hôtels, et plus souvent encore dans sa propre maison en Suède. […] Rien là qu'un lecteur de cette fin de siècle n'ait pu vivre lui-même. […] […] ses poèmes nous semblent […] un « parti pris des choses ». […] Un monde complexe s'étend sur la page : ainsi la nature suédoise, rugueuse sans être inhospitalière - des fortes profondes, des racines tortueuses, des fjords semblables à des déchirures dans la terre, des pierres partout, la neige surtout. […] Tranströmer ne se voue pas, en le recensant, à la banalité du monde contemporain. […] Trop humble, Tranströmer, c'est-à-dire trop rieur ; il déclarait discrètement éprouver ce litige en évoquant toutes ces « choses qu'on ne peut écrire ni passer sous silence » […] Qu'elle soit métaphore, analogie ou comparaison, l'image redouble la chose, la sort de cette indifférence où le langage que Tranströmer dit « conventionnel » la tient ; la sort de son idiotie en lui donnant un reflet, cette différence dont notre regard nécessairement la doue. Sans doute ce langage « conventionnel » suffit-il à désigner les objets que nous plions à nos usages : leur silence, c'est-à-dire leur façon d'être absents des mots, signale assez notre familiarité avec eux. Mais lorsque soudain nous réalisons leur présence dans son épaisseur et sa différence véritables, alors leur altérité radicale nous apparaît. Ni les noms communs ni nos usages quotidiens n'épuisent ce surplus […]. Ce surplus est l'appel auquel l'image répond […]. Réaliser, c'est prendre conscience et rendre réel ; c'est réponde à la nécessité que deux vérités s'approchent, « l'une de l'intérieur, l'autre de l'extérieur », l'une dicible, l'autre visible, et dialoguent par-delà leur séparation. […] Tel est le sens du face-à-face que crée la poésie. […] le pouvoir infini de création verbale qu'exprime l'image poétique est la métaphore de notre rapport infini au monde. Par lui, nous accédons à la conscience de ce qui nous dépasse. […] » (Renaud Ego)
« […]
Un an avant ma mort, j'enverrai quatre psaumes à le recherche de Dieu. Mais cela commence ici.
Un chant sur ce qui nous est proche.
Ce qui nous est proche.
Champ de bataille intérieur où nous les Os des Morts nous battons pour parvenir à vivre.
(Tomas, Tranströmer, Un artiste dans le nord) »
0:00 - Les pierres 0:45 - Kyrie 1:19 - de la montagne 2:03 - Sombres cartes postales II 2:20 - Haïkus I 2:31 - Haïkus X 2:45 - Générique
Référence bibliographique : Tomas Tranströmer, Baltiques, traduit par Jacques Outin, Éditions Gallimard, 2004
Image d'illustration : https://sis.modernamuseet.se/objects/83349/tomas-transtromer
Bande sonore originale : So I'm An Islander - Lonely Secrets We Had Lonely Secrets We Had by So I'm An Islander is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike license.
Site : https://www.free-stock-music.com/soimanislander-lovely-secrets-we-had.html
#TomasTranströmer #Baltiques #PoésieSuédoise
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