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sur 2931 notes
La cuite de trop. C'est "l'ironie du sport" qui s'acharne sur Sylvain Tesson tombé d'un toit.
Après un long séjour à l'hôpital, l'auteur préfère aux prises en charge habituelles se reconstruire dans ses milieux préférés: la nature et la solitude.
Montaigne, avant lui s'était prescrit une ordonnance personnelle où la guérison passait par le voyage et l'immersion dans la culture locale du pays.
Parti du Mercantour en août pour atteindre la Normandie en octobre. Tesson s'enfonce dans la France des chemins noirs. La marche sera son exercice quotidien pour dégripper son corps meurtri.
A l'aide de cartes IGN le voyageur chemine en déroulant des paysages, des villages ou des ruines croisés sur son passage. Devant l'ampleur de désertification des campagnes, il se désole de l'aménagement du territoire qui a précipité bon nombre de paysans vers le mode de vie de la cité.
Peu enclin au progrès qui entrave sa liberté, sa fuite sera accompagnée par quelques journées en compagnie de ses amis d'aventures: Cédric Gras, Thomas Goisque, Arnaud Humann. Au termes de ces kilomètres pédestres, le but semble atteint: "Partout, les chemins noirs m'avaient gratifié de leur double vertu: effacement du corps, liberté d'action."

Gageons qu'en s'extrayant du dispositif (contraintes, sollicitations, influences) qui entrave fortement l'écrivain, sa mélancolie ne l'empêche pas de trouver une résilience salutaire.

Troisième livre de Tesson que je lis, j'avoue que parfois les descriptions des paysages m'ont lassé. D'autant que je devais souvent consulter le dictionnaire tant le vocabulaire était précis.
Les ruminations sur les entraves de la vie citadine m'ont semblé aussi répétitives.

Mais rien ne sied mieux à Tesson que de voyager sur les traces du passé: les évadés du goulag ou les grognards de Napoléon.

Je salue toutefois le courage et la persévérance de cet homme hors du commun.
Prenez soin de vous , Monsieur Tesson.
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J'ai toujours une distance avec l'écriture de Sylvain Tesson. Non pas que son écriture me fâche. Pas du tout. Mais je n'arrive pas à être transporté par ses récits de voyage. Je n'ai pas marché avec lui.
Désolé monsieur Tesson, c'est le troisième livre que je lis de vous et je n'y arrive pas.
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Je viens de faire à grands pas une traversée en diagonale de la France bocagère et rurale, du col de Tende au cap de la Hague.

Par les chemins de traverse, ces fameux " chemins noirs " par lesquels on échappait, avec de l'adresse, à la conscription.

Aidé d'un rapport administratif sur "l'hyper ruralité" , recensant avec commisération ces régions deshéritées où n'arrivent ni Google, ni Amazon, ni le haut debit- et doté de merveilleuses cartes d'état-major qui sont le sésame -ouvre- toi du pays dérobé, Sylvain Tesson, fraîchement tombé d'un toit savoyard un soir de biture et rafistolé de partout, entreprend, un jour de juillet cette Longue Marche d'un nouveau genre.

Celle de la santé et de la reconquête de soi.

Celle d'une exploration presque aussi extrême que celle des steppes mongoles: le pays proche,et si lointain pourtant - encore intact, derrière la modernité menaçante, le remembrement délétère, la monoculture intensive ou la désertification des villages.

Tout un programme.

On marche donc, avec lui, et, au passage, on glane mille réflexions parfois pertinentes, parfois impertinentes. Parfois convenues aussi, avouons-le.

Philosophie de la marche ou philosophie en marche? Un peu des deux. Ce n'est pas ce que j'ai préféré dans ces Chemins noirs.

Ce que j'ai adoré , en revanche, ce sont ses démêlés avec le paysage, ses rencontres , ses corps à corps avec lui.

Mention spéciale pour ĺe plateau d'Aubrac, bien sûr- je le guignais, l'attendais comme on attend un amoureux- mais aussi avec la lande et les grèves du Cotentin où j'ai retrouvé mon cher Barbey d'Aurevilly, romantique, décalé, un peu gentilhomme, un peu brigand- tant aimé !

Un livre qui mérite le succès qu'il a eu: bien écrit, bien décrit, stimulant..

Il m'a donné envie de remettre mes croquenots, d'enfiler mon vieux sac à dos, et de partir à l'aube dans les sentiers pleins de fils de la vierge et humides de rosée.

Me faufiler encore une fois dans la lisière secrète des forêts, sentir les odeurs de feuille et de miel, enfoncer mon pas dans les mousses, sentir l'élasticité des tourbières.

Reprendre mes courses sur les chemins de douaniers, retrouver la molle aspiration des grèves à marée haute.

Chemin des hauts plateaux et sentiers des landes marines, attendez-moi ! Merci, Sylvain Tesson, pour avoir réveillé un appel si puissant!
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Deux petites heures d'évasion réjouissantes au cours des 140 pages sur ces chemins noirs, dans lesquels j'ai trouvé exactement ce que je venais y chercher : un pas de côté hors du monde technocratique et désenchanté, un temps de déconnexion, des sensations et saveurs de nature toute simple, le tout mâtiné d'humour et de ces réflexions désabusées qui font le charme de ce dandy cavaleur de Tesson.
Un bon bol d'air dont se contente faute de mieux la parisienne sédentaire que je suis !
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J'ai trouvé ce livre de marche très émouvant et tout en retenue. Après une jeunesse folle et téméraire, à parcourir le monde à pied, à trop boire de vodka dans les plaines russes et à risquer sa peau à escalader les monuments de France à mains nues, il tombe une nuit d'un toit. Coma, paralysie faciale, interdiction absolue de boire de l'alcool et épilepsies: Sylvain Tesson sort de l'hôpital avec la démarche d'un petit vieux, la tête de Quasimodo mais l'énergie intacte de ses jeunes années, maintenant derrière lui par la force de la nature. Il s'était promis de parcourir la France (pourquoi toujours partir i loin alors que son pays est à ses pieds?) s'il sortait un jour de sa chambre d'hôpital vivant: les médecins n'étaient pas pour mais lui interdire l'aurait forcément incité à désobéir. Bon ou mauvais calcul? 9 mois après l'accident, le voici à nouveau sur les routes, avec comme compagnon son corps blessé et le fantôme de sa mère, décédée quelques mois avant l'accident.
Il a choisi, pour cette marche, les chemins reculés qui traversent la France, ceux qu'on n'emprunte plus, ceux qui évitent l'agitation du nouveau millénaire. Deux mois de marche et de nuits à la belle étoile, deux mois face à lui-même, ce nouveau moi qu'il va falloir accepter tel qu'il est, avec qui il devra être indulgent, mais deux mois de rencontres, aussi, avec cette France hyper-rurale qu'on veut absolument moderniser. Nostalgique du passé, inquiet de l'avenir, Tesson reconnaît tenir parfois des propos réactionnaires et le revendique.
On ne peut pas lui jeter la pierre. Autant bien sûr les ruraux veulent avoir les mêmes accès au tout numérique et aux services -ce dont Tesson ne semble pas convaincu - autant voir la nature se dégrader ainsi, grignotée par les autoroutes, les nouveaux lotissements et les zones industrielles est quand même bien déprimant. L'histoire du serpent qui se mord la queue...
Je suis sûre que Tesson est un compagnon de marche agréable, et j'espère le suivre à nouveau très bientôt.
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Quand je me sens d'humeur peu amène, que je commence à renâcler sur les jeunes qui ne savent plus rien et les vieux qui croient tout savoir, j'ai un remède imparable : je sors un livre de Tesson, je l'ouvre à n'importe quelle page, et le referme en frissonnant, me promettant de ne jamais jamais ressembler à ça.
J'avais bien aimé son escapade en Taïga, car qui sur Babelio n'a jamais rêvé de se retrouver enfermé au milieu de nulle part avec des livres et de l'alcool fort, obligé de chausser ses raquettes pour 40 Kms de marche épuisante si l'envie nous prenait de tailler une bavette avec le plus proche voisin ?
Oui, mais là, ce n'est plus possible. Que Tesson soit réac, bon: on est en démocratie. Qu'il geigne à longueur de page, façon Béni-Ouin-Ouin est déjà plus difficile à supporter. Mais qu'il marche pour ne rien voir et ne rien sentir est proprement insupportable.
Car dans cette traversée de la France, il s'applique à ne rien découvrir qu'il n'ait eu l'intention de trouver. Exemple : « Sur le chemin du plateau de Païolive, où le limon retenait chaque pas, je croisai […] un vieux type en treillis coiffé d'une casquette kaki. Une silhouette comme celles que je cherchais ! » Ce n'est plus une randonnée, c'est une thèse ; ses rencontres sont des arguments ; son itinéraire une profession de foi.
Quant à sa conclusion, elle proclame qu'il se sent guéri. On se demande bien comment. Car le livre ne sent ni l'effort ni l'arrachement ni la joie. de temps en temps, Tesson annonce à son lecteur qu'il a mal ou qu'il est content et 3 pages plus tard il a parcouru 200 kms, s'est fendu d'un exposé et a pondu un bel aphorisme tout rond.
Bref, ce livre est une arnaque. Mais il n'est pas besoin d'avoir lu tout Lacan pour comprendre que les soliloques répétés de Tesson sur l'horreur de la modernité sont avant tout le désespoir d'une gueule cassée et d'un corps meurtri par une chute de 8 mètres, pour qui, sans contestation possible, l'avant était vachement mieux. « La France changeait d'aspect, la campagne de visage, les villes de forme ».
Comme de Gaulle, Sylvain incarne la France, et la laideur périurbaine a quelque chose à voir avec le regard effrayé que lui lancent certains.
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Ampoules aux pieds et chevilles gonflées !

Sylvain Tesson nous emmène sur les chemins noirs de sa rééducation. Tombé d'un toit en état d'ébriété avancée, il s'était promis que s'il en réchappait, il traverserait la France rurale à pied. Et il l'a fait, du Mercantour à la Normandie en passant par la Provence. Démarré le 24 août, son périple s'est arrêté le 8 novembre.
Randonneuse dans l'âme, je salue l'exploit mais peut être pas le bouquin.
Je pensais y trouver un peu de magie, la magie que je vois quand je marche dans les bois, à travers champs. Mais ça je n'ai pas trouvé.
J'y ai trouvé pas mal de ressentiments envers les technologies modernes, l'agriculture intensive, la malbouffe, l'obésité. Il ne voyait pas ça dans sa petite vie de Parigot ?? le type est en plus franchement incohérent avec lui même. Quand tu rédiges ce qui peut par moment s'apparenter à un pamphlet pour revenir à une agriculture rurale, tu ne bouffes pas du Viandox toutes les 3 pages !! S'il y a bien un produit ultramanufacturé, qui ne contient pas de viande, mais qui est juste de la sauce de soja, c'est ça. Vive Unilever ! Quand je suis en milieu rural, je mange local, et au besoin, s'il choisit bien son auberge, il pourra certainement avoir un potage ou une grosse soupe avec des produits locaux issus de la terre.
J'ai toujours eu un problème avec les donneurs de leçons qui ne sont pas en accord avec eux-mêmes.
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J'avais déjà entendu parler de Sylvain Tesson sans avoir jamais rien li de lui jusqu'à CECI et cela n'est pas n'importe quel récit de voyage. L'auteur nous narre comment après avoir été hospitalisé suite à une très mauvaise chute en raison de l'excès d'alcool, il entreprend la traversée de la France à pieds. Attention, pour pouvoir être en paix avec lui-même et la nature, il choisit des sentiers hors-normes, les plus ruraux qui soient ceux qu'il appelle "les chemins noirs" car la civilisation y ait quasiment exclue. Ce qu'il veut, c'est comme dirait Giono, retrouver les "vraies richesses", contact avec la nature, parler avec des hommes sans être plongé dans toute cette pollution, qu'elle soit urbaine, numérique ou encore avoir à faire face à ce qui nous bouffe un peu plus chaque jour, à savoir la mondialisation.

Si il entreprend ce voyage seul, il sera rejoint lors de certaines étapes par deux de ses amis fidèles et par sa soeur. Cependant, si ces derniers lui apportent aide et réconfort, c'est avant tout en lui qu'il doit trouver le courage de se pardonner et d'être en harmonie avec lui-même. Dorénavant, toute consommation d'alcool lui est interdite et, même si il doit parcourir ce long challenge qu'il s'est fixé en ne consommant que de l'eau et du bouillon et en s'autorisant le cigare et autre nourriture plus solide , Sylvain Tesson l'a fait et à cela, je ne peux que dire bravo. Il est tombé mais a su se relever et il nous offre ici un magnifique témoignage en nous disant qu'il ne faut jamais abandonner. Il a le visage déformé, est sourd d'une oreille et a bien cru qu'il finirait ses jours sur un lit d'hôpital mais de tout cela, il n'en ressort que plus fort. Une merveilleuse leçon de courage et de communion avec la nature...et surtout, on ne vit qu'une fois alors faisons attention à ne pas gâcher la chance qui nous est offerte, on n'en aura pas une seconde. A découvrir et à faire découvrir !
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La meilleure façon d'aborder un chemin est-elle toujours de mettre un pied devant l'autre ?
Il aura fallu à Sylvain Tesson de tomber d'un toit, une chute de huit mètres qui aurait pu lui être fatale, pour entreprendre un chemin. Sur les chemins noirs est l'itinéraire de sa reconstruction.
Sylvain Tesson sait qu'il est rescapé. Il va chercher à renaître de ce corps cassé en mille morceaux.
C'est le voyage d'un homme, né d'une chute et qui se relève.
Le temps de recoller les morceaux, voilà l'auteur déjà parti sur ces chemins mystérieux, il va à la rencontre de leurs replis, de leur pur silence, de leur vide miraculeusement sauvegardé au sens physique.
Il est amoché, encore tout cabossé. Son corps lui fait mal. Il avance clopin-clopant. C'est une thérapie. C'est toujours mieux que les tapis roulants des salles de rééducation. On pourrait penser que le premier intérêt de ce livre est de découvrir la géographie insolite d‘un territoire méconnu : celui de ces chemins, ceux de nos ancêtres paysans.
Mais dans nos veines cheminent aussi nos propres chemins noirs, nos dédales faits de mystères et de territoires inconnus. Que l'on tombe d'un toit ou bien du fil d'un funambule, que l'on trébuche dans les trous béants de nos propres vies, qu'importe, le résultat est le même. Une chance parfois surgit de pouvoir se relever. Il faut juste évaluer quel sera le prix de l'effort et, justement, le chemin à parcourir.
Les chemins noirs, c'est la France rurale, ce sont les chemins non balisés, sentiers que l'on devine à peine sur une carte, parfois devenus inexistants. Aucun panneau, aucun signe ne les indique. Pour ce qui est des cartes, il faut aller les chercher sur des cartes IGN au tracé précis.
Les chemins noirs, ce sont des chemins en marge de nos routes.
Peut-être que l'auteur répond à cette sentence d'Hippocrate qui dit que « la force qui est en chacun de nous est notre plus grand médecin. » Marcher, c'est guérir dès lors.
Sylvain Tesson décide d'entreprendre une diagonale entre le Mercantour et la pointe extrême du Cotentin. Ce n'est pas la diagonale du fou, c'est la diagonale d'un homme fou d'azur et d'espace qui se relève dans tous les sens du terme. Il a beaucoup bu avant sa chute, il buvait beaucoup lors de ses escalades fantastiques, et cela aurait pu lui être fatal ce soir-là où il cherchait à tutoyer les étoiles et où il est tombé d'un toit. Alors, il arrête de boire et s'en va sur les chemins.
Lui qui a arpenté les larges étendues des steppes de Russie, le voici dans ce réseau étriqué des chemins de l'hyper-ruralité française.
C'est un corps à corps avec le paysage qui ne lui fait pas de cadeau. C'est un corps à corps avec lui-même.
Il souffre, il a mal, l'effort est rude, mais il sait que l'épreuve lui permettra de retrouver l'usage de son corps. Et puis sans doute le reste aussi...
Car les chemins noirs serpentent dans l'argile et le calcaire et se prolongent en nous-mêmes, dans nos veines, dans les rivages de notre cœur, dans les méandres de nos solitudes intérieures, que nous n'avons jamais fini de visiter.
La renaissance d'un homme est toujours un moment merveilleux.
Il y a bien sûr l'éloge de la nature et du déplacement, hors des sentiers battus, les chemins de traverse, les chemins buissonniers...
C'est un éloge de la lenteur et de l'esquive du monde des écrans et du bruit.
Sur les chemins noirs, c'est aussi un voyage intérieur. L'amitié est au rendez-vous. Il y a de belles rencontres. Des amis, sa soeur, d'autres gens de temps en temps cheminent à ses côtés. Il emporte aussi des livres dans son sac à dos, comme nous le faisons aussi à chaque voyage comme si ce geste était essentiel. Il l'est sans doute, mais pas forcément...
Sylvain Tesson est drôle, il est cultivé, il est intelligent. Mais je reconnais parfois que le « c'était mieux avant » a le sentiment de m'énerver.
Bien sûr il a raison sur certains points, il est ce personnage bourré de paradoxes, outrecuidant sans doute, mais je le lui pardonne volontiers car il est devenu un auteur atypique dans le paysage littéraire français et reconnaissons-le aussi, il en joue un peu dans l'auto-dérision.
Ainsi dans cet ouvrage, j'avoue à certains moments m'être un peu agacé de son point de vue sur l'aménagement du territoire, la fin de la ruralité ou bien notre société remplie d'écrans. Mais oui on le sait... Au risque de m'attirer les foudres des ligues antialcooliques, je le préfère plutôt buveur de vodka que de Viandox et amoureux des grands espaces sibériens, cela lui va mieux car plus inspiré et plus poétique dans son texte. Cela dit, le livre ne manque pas d'intérêt. Et n'oublions pas que l'homme se reconstruit sur ces chemins noirs. L'écriture lui est donc aussi ce parcours vers la verticalité... Étonnamment, j'ai trouvé ce récit trop court alors que certains reprochent à l'auteur d'avoir trop délayé... Je pense qu'il aurait pu creuser davantage certains personnages dans ses rencontres, leur donner un peu plus d'épaisseur.
Et enfin, que voulez-vous il est aussi amoureux des vaches, il leur parle à voix haute et moi aussi. Et puis elles ont des cils magnifiques, à faire craquer le moindre cœur d’artichaut... Nous avons donc ce point commun qui, dès lors, m'oblige à lui pardonner quelques excès pour lesquels j'aurais pu exprimer une forme de réserve... Je reconnais que ce dernier argument ne pèse pas lourd, mais c'est ma façon à moi de dessiner un chemin, noir ou pas je ne sais pas la couleur, vers l'auteur, un chemin non balisé, non écrit sur les cartes, même sur les cartes IGN, c'est juste un chemin du cœur.
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« Si je m'en sors, je traverse la France à pied » telle est la promesse que Sylvain Tesson se fait à lui-même lorsqu'il émerge du coma a l'hôpital après une chute qui aurait pu être fatale.

Quatre mois plus tard, il en sort « le corps en peine, avec le sang d'un autre dans les veines, le crâne enfoncé, le ventre paralysé, les poumons cicatrisés, la colonne cloutée de vis et le visage difforme ». le corps en vrac, mais l'esprit toujours vif et l'envie de vivre toujours identique même s'il reconnaît que « la vie allait moins swinger ». Et puis marcher serait sa rééducation et peut-être aussi sa rédemption.



Alors marcher d'accord, mais pas n'importe où. Marcher sur les chemins noirs, ceux les plus éloignés de la civilisation, du monde, du bruit. Emprunter les chemins pastoraux, « une campagne du silence, du sorbier et de la chouette effraie. » Des chemins pour s'éloigner de la norme imposée, se cacher et panser ses plaies autant physiques qu'intérieures.



C'est dit. C'est prêt. Son parcours, grâce aux cartes IGN au 25 000e, est tracé. Il part le 24 août 2015 du Mercantour, direction la Normandie où il arrivera le 8 novembre.

Deux mois et demi de marche qui permettront à cet écrivain-géographe-voyageur de dresser un bilan sur la France rurale et désertée et de réagir sur les différentes mesures d'aménagement du territoire (qui ne servent qu'à uniformiser le paysage et la pensée), mais surtout de communiquer son amour pour la nature et les paysages, sa passion pour la vie hors des sentiers battus et les nuits à la belle étoile, son plaisir de partager des instants précieux avec ses amis ou sa famille, son goût pour la littérature et les écrivains.



Un voyage à travers la France qu'on surnomme souvent et péjorativement la France profonde, mais surtout un voyage en terre inconnue : soi-même. Un pèlerinage aux confins de la pensée pour se retrouver, se « revivifier ». Une excellente lecture que je vous conseille aussi pour la longue liste des auteurs et des ouvrages cités par ce remarquable écrivain.

Lien : http://mespetitesboites.net
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Sur les chemins noirs (Sylvain Tesson)

Dans quelles circonstances Sylvain Tesson est-il tombé du toit ?

Il y était monté pour faire des réparations.
Il y était monté pour se rendre intéressant.

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