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EAN : 9782100839155
232 pages
Dunod (03/05/2023)
3.84/5   41 notes
Résumé :
Le temps coule-t-il ? Peut-il s'arrêter ? Comment le mesure-t-on ? Il existe un temps d'expériences, marqué par des souvenirs et des désirs, un temps pour le pouls d'un coeur ou le clignement d'un oeil. Et il existe un temps des grandes distances cosmiques et de l'infiniment petit. Chronos est un mystère, pour les physiciens d'aujourd'hui comme pour les premiers humains et celui qui le maîtrise, domine le monde.
L'histoire du temps est une histoire longue, ma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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"L'espace et le temps se présentent à nous comme un couple inséparable ; non pas un concept abstrait, mais une substance matérielle qui occupe l'univers entier, vibre, oscille et se déforme."

Le sens, la conception et l'histoire du temps, la régularité, l'exploration de l'univers, l'énergie, la nature, l'illusion, l'humanité, les mouvements périodiques, le divin, la répétition, la perception humaine, la complexité d'un système, la philosophie, des zones turbulentes, des zones climatiques, les corps célestes, l'équilibre, la vie, l'écoulement du temps, les chefs-d'oeuvre, la précarité, les rituels, les subtilités, le cycle, la conscience, la survie de l'espèce, l'organisation des séquences temporelles, le temps subjectif, la mémoire, les expériences, les catastrophes, la masse-énergie, les changements, les bizarreries, les trous noirs, les interactions, la mesure du temps, les communications, les phénomènes, les particules élémentaires, l'espace-temps, les rayons cosmiques, la mécanique quantique, la dysharmonie, l'origine du temps, les désintégrations, les quarks, les lois physiques, l'entropie, le réseau de relations...


Un grand merci à Babelio, aux Editions Dunod ( Une page d'avance) et à l'auteur pour ce roman qui apporte des réponses et des informations intéressantes et des anecdotes bienvenues à des questions complexes et vastes.

Cet écrivain physicien aux nombreux Prix, nous emmène dans un périple avec le mystérieux, l'omniprésent, le fascinant, l'inexorable, l'extravagant, et le triomphant Chronos.

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Après Genèse, le grand récit des origines, voici Temps, ou les mystères de Chronos.
Ce livre est très intéressant mais curieux.
Voici ce que Guido Tonelli nous conte :
- que Chronos était un Titan né d'Ouranos et de Gaïa.
- la stupéfaction de son grand père Emilio devant une éclipse totale de soleil.
- un tableau de Giorgione (fin XV ème) sur les trois âges de l'homme.
- l'éruption du Tambora en Indonésie en 1815.
- le clocher de Notre Dame à Dijon.
- la fresque de la chapelle Scrovegni à Padoue.
- la Commune de Paris en 1871.
- Debussy, Bach.
- Anaximène de Milet.
- Vermeer.
- le monastère de Fonte Avellana en Italie.
- Castor et Pollux
- Herculanum.
- Hermès fils de Zeus et de Maïa.
- le film "La sortie de l'usine Lumière " à Lyon.
- un tableau de Borghèse.
- un dramaturge Jaromir Hladik condamné à être fusillé en 1939.
- Nosferatu.
- Olivier Messiaen.
...
Etonnant, non ? Pour un livre sur le Temps et L Univers...
Mais tous ces éléments ont une relation insoupçonnable mais réelle avec le sujet que développe Tonelli.
Le début est passionnant, le milieu un peu ardu et parfois on s'y perd, mais la fin vaut le détour : dès que Tonelli commence à parler de l'entropie, c'est captivant.
" L'un des principes fondamentaux est la croissance de l'entropie, un phénomène qui joue un rôle décisif dans la détermination de la conception commune de l'irréversibilité du temps."
Ce livre est remarquable de vulgarisation.
Citons deux autres livres assez récents qui parlent de la notion du Temps,
mais tous de façons très différentes, ce qui prouvent que le sujet demande de nombreux développements. Et ce n'est d'ailleurs pas du tout fini.
* L'Univers et la flèche du temps de Sean Carroll.
* L'origine du Temps / La dernière théorie de Stephen Hawking de Thomas Hertog.
Vivement un 3ème opus de Guido Tonelli.

Lien : https://laniakea-sf.fr/
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Un livre de vulgarisation autour du sujet "Temps", du point de vue de la physique.

Il s'agit d'une promenade sur plusieurs domaines de la physique où il est question du temps. Ça commence par le concept que nous, n'importe qui, avons du temps : le temps de notre vie, les cycles biologiques, les âges de l'histoire et de l'humanité, ... Puis, il y a la notion de temps en physique : ça commence par le Big Bang, l'âge de l'univers, et, on l'attendait, on tombe sur la Théorie de la Relativité d'Einstein quand on voit que le temps n'est qu'une des dimensions de l'espace-temps, lorsque la vitesse est proche de la vitesse de la lumière. Puis... on revient au traitement de deux problèmes liés au temps, des doutes que nous avons tous : est-ce possible d'inverser l'évolution du temps pour aller vers le passé et est-ce possible d'arrêter le temps ? La réponse est, bien sûr, négative dans les deux cas.

L'auteur raconte, tout au long du texte, des situations sorties des arts, de l'histoire ou de la mythologie pour illustrer sa pensée sur les points en cours de développement. Ceci rend la lecture agréable, puisque ça sort d'un récit purement de la physique.

Le texte est intéressant, assez facile à lire mais je pense voir quelques imprécisions qui pourraient n'être que de la pinaille. Par exemple, l'utilisation sans explication de l'unité gigaélectronvolt pour désigner à la fois énergie, masse et distance. Ou encore parler de champ magnétique alors que, à mon humble avis, ça devrait être plutôt électromagnétique. Mais il faut une lecture très attentive pour remarquer cela. Chose courante dans les livres de vulgarisation et qui, dans le cas de celui-ci, n'est pas vraiment grave.

Malgré l'intérêt du livre j'ai préféré "La Magie du Cosmos" de Brian Green, un livre de contenu assez proche de celui-ci. Ce livre traite aussi le sujet Temps et aussi L Univers mais moins la Physique Quantique. Par ailleurs, il a été l'objet d'un documentaire diffusé il y a peu de temps sur Arte.

Je remercie Babelio et Dunod de m'avoir donné l'opportunité de connaître cet auteur et cet ouvrage.
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Je l'ai cherché aussi, j'ai joué pour Masse Critique et je l'ai obtenu !
Il faut avouer ici que ma passion pour Chronos ne date pas d'hier *bruit de cymbale*, que j'ai toujours été fascinée par notre rapport chaotique avec lui, que j'adore me triturer les méninges sur ses possibilités infinies et complexes. Entre lui et moi, c'est l'amour vache à sens unique. Je l'aime et le déteste, tandis que lui continue son bonhomme de chemin, sans s'occuper de mes réflexions fumeuses ou mes imbroglios terrestres.
Alors bon, un livre explorant les mystères du Temps ! Que oui ! Je fonce, je vole, j'accours !
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Mais je suis une littéraire moi, et même s'il me plait à dire que j'ai raté ma vocation en m'éloignant rapidement de la physique quantique (avant même de connaître son existence, c'est dire !), confessons que certains passages de ce livre m'ont laissé de marbre *rapport aux statues romaines, ceux qui l'ont lu savent !*. Les neutrons, les protons, c'est pas ce qui me parle le plus dans la vie ; le Boson de Higgs, les accélérateurs de particules et la théorie de cordes, oui je connais Big Bang Théory, et j'ai même un peu côtoyé le "h" dans la superbe BD le Mystère du Monde Quantique chez Dargaud ; mais on ne va pas se mentir : parler d'équations fait vriller mon cerveau, la brume s'y installe et je reste dans l'incapacité de comprendre les tenants et les aboutissants, qui, si on en reste à l'analyse syntaxique du texte, ont tout l'air soit révolutionnaires, soit inouïs. Je veux bien croire Guido Tonelli sur parole, c'est lui le spécialiste !
.
Non, en revanche, j'ai adoré la vision philosophique de la chose, puisque ce cher Guido ne cesse de nous ramener sur Terre en approchant ses paragraphes de physique de l'art et de la vision du monde dans l'Antiquité. (Quoique, on aurait aussi pu visiter les Mayas ou les Egyptiens, qui avaient sûrement deux ou trois petites choses à dire sur le sujet...) Quelques réflexions sur notre rapport conflictuels avec ce concept insaisissable qu'est le Temps, sur les horloges, sur la vie qui, que nous le voulons ou non, ne s'extirpe pas de son étreinte.
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J'y ai quand même découvert des concepts forts, des expériences qui ne peuvent que nous retourner le cerveau. La trame de l'essai suit le monde comme on imagine le temps : de l'infiniment grand avec la notion d'univers à l'infiniment petit avec ces fameux quarks.
Je crois que mon cerveau préfère l'infiniment grand, peut-être plus facile à se figurer, même si parfois ça donne le vertige. le petit... C'est trop curieux, à la fois trop proche et trop loin, imperceptible et pourtant immuable. Quoique parfois muable.
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C'est ça la recherche scientifique : toujours tout remettre en question, pour tenter de percer les mystères de l'univers. Ici, une de ses composantes : le temps. Gros morceau, qui ne se laisse pas dompter aussi facilement. Et qui me fait divaguer, sur cette critique sans queue ni tête, au sortir de cette lecture en dent de scie.
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Passionné de longue date par le questionnement et la réflexion sur le temps, sans doute la notion philosophique la plus mystérieuse et la plus excitante intellectuellement, je viens de lire avec intérêt et plaisir cet ouvrage de vulgarisation scientifique de Guido Tonelli, découvert grâce à l'initiative conjointe de Babelio et des éditions Dunod. Outre la qualité de l'information, garantie par l'expertise d'un éminent spécialiste de la physique, je tiens à souligner l'élégance et la clarté de l'écriture qui non seulement mettent un contenu exigeant à la portée du profane mais lui assurent même un plaisir de lecture assez inattendu dans ce genre d'ouvrage. Cela tient très certainement au fait que, derrière le scientifique rôdé à tous les arcanes de son sujet, on sent en permanence toute l'humanité et la culture d'un auteur qui n'hésite jamais à témoigner personnellement et à faire des détours par la littérature, la mythologie et l'histoire de l'art pour mettre en perspective les enseignements plus arides de la physique. La performance est d'autant plus remarquable qu'elle permet de tenir à distance tout le formalisme mathématique de cette discipline et d'exposer l'essentiel en s'en tenant au langage courant (et encore une fois d'une grande élégance dans sa simplicité), aux images et analogies qui parlent à tous.

Mais c'est peut-être là aussi, à mon avis, que le bât blesse. Ce que j'ai mieux compris en effet à la lecture de ce livre (après bien d'autres sur le même sujet : Etienne Klein, Stephen Hawking, Einstein lui-même…) et que je n'avais pas suffisamment réalisé jusqu'ici, c'est que le temps, ou plutôt « l'espace-temps », n'est pas seulement une notion, une réalité mentale, un cadre de référence intellectuel ou conceptuel, mais que c'est, dans le monde extérieur, une réalité physique, matérielle, dense, au même titre que l'autre couple « matière-énergie ». Ce n'est pas seulement la scène sur laquelle se joue la pièce de l'histoire du cosmos, c'en est l'acteur principal. « L'espace-temps n'est pas un concept abstrait, une simple représentation de la géométrie de l'univers ; au contraire, cette trame très fine est une substance matérielle qui vibre, oscille, fluctue et transmet toutes formes de perturbations, comme la surface liquide d'un étang. » (p.74). Mais du coup, puisque les deux ne font qu'un, pourquoi intituler ce livre « Temps » plutôt que « Espace » ? Pourquoi mettre l'accent sur le temps, qui a toujours eu à voir avec l'intimité, plutôt que sur l'espace, qui a toujours été rapporté à l'extériorité ? Même s'il ne s'y réduit pas, l'espace appartient à la physique, cela ne fait pas problème. Mais, par sa dimension et ses enjeux humains, le temps, lui, relève aussi, et peut-être d'abord, de la psychologie et de la métaphysique, et c'est bien ce qui le rend si intéressant… Les philosophes (de Saint Augustin à Heidegger en passant par Kant) ont souvent fait du temps une dimension ou une projection de la conscience humaine et ils ont nettement distingué le temps des hommes et le temps des choses, le temps psychologique ou vécu et le temps physique ou naturel. Guido Tonelli ne récuserait sans doute pas cette distinction (même s'il n'en fait pas une séparation), puisque, tout en prenant pied dans les sciences physiques, lui-même dans son livre va et vient sans cesse d'un bord à l'autre, cherchant ainsi à lier plutôt qu'à nier. Mais on peut se demander si, de part et d'autre, il s'agit bien du même temps.

La célèbre controverse entre Bergson et Einstein au début des années 1920 a mis en lumière ce problème sans vraiment le résoudre. On sait que le débat a tourné au dialogue de sourds et que l'argument d'autorité (mythe « Einstein » + prestige de la science) a évincé, dans l'opinion et pour la postérité, les critiques de Bergson sans vraiment y répondre. Guido Tonelli n'en parle pas, mais il semble constamment sous-entendre que la pluralité et la relativité des temps ne concernent que la physique et n'affectent que les mesures du physicien. Dans l'expérience de pensée de Langevin, il note bien par exemple (comme en écho à Bergson) que le temps vécu par l'un et l'autre protagonistes dans leur propre système de référence reste inchangé et identique (cf., entre autres, p. 100 ou dernier § p. 115-6). Il montre aussi que, dans les plus récents développements de la physique quantique (« théorie des cordes » ou « gravitation quantique à boucles », pp. 197-199) la tendance de la science à ramener le temps à l'espace va jusqu'à l'élimination pure et simple du premier. On pourrait encore noter sa mise en garde prudente et honnête contre les spéculations hasardeuses et fantasmatiques à partir d'expériences et d'hypothèses de la physique quantique qui font les choux gras des médias et de la science-fiction (pp. 124-5)… Tout cela me laisse penser (mais le confirmerait-il ?) que Guido Tonelli n'est pas tout à fait dupe de l'amalgame auquel il cède lui-même (sans doute pour les besoins et pour l'intérêt de son remarquable travail de vulgarisation) entre le temps de la physique et le temps que vivent les hommes, le temps qui n'est qu'une variable dans des équations mathématiques et le temps (que Bergson, pour lever toute confusion, appelait la « durée ») qui est au coeur de l'existence, qui surgit de la conscience, avec son cortège d'états psychologiques et d'interrogations métaphysiques, et qu'elle projette elle-même sur le monde et sur tout ce qu'elle appréhende… donc aussi, bien évidemment, dans son investigation scientifique de la réalité !
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Le royaume évanescent de l’éphémère

Nous venons de célébrer la gloire des composants stables de la matière par une symohonie qui s’est ouverte dans une tonalité majeure, rassurante et majestueuse, quand soudain un triton, totalement inattendu, nous plonge dans l’angoisse.

Le monastère Fonte Avellana a été construit à flanc de montagne, au plus profond de la forêt du mont Catrioa, dans les Apennins des Marches. Il est situé à une cinquantaine de kilomètres de la splendide ville Renaissance d’Urbino et ses origines remontent à la fin du xè siècle. C’est en effet vers 980 que des ermites choisir d’y mener une vie isolée du monde, faisant de Fonte Avellana l’un des plus anciens monastères d’Europe ainsi qu’un centre influent de diffusion des moines camaldules, un ordre bénédictin qui tire son nom de l’ermitage de Camaldoli, situé près d’Arezzo.
Le monastère est un édifice complexe, à la structure labyrinthique, résultat d’ajouts successifs et de transformations diverses ; on peut encore reconnaître l’ancien scriptorium aux vastes fenêtres où les copistes reproduisaient les volumes les plus anciens. Les manuscrits précieux sont conservés dans une splendide bibliothèque, à l’entrée de laquelle se trouve une inscription en grec, merveilleuse synthèse de l’importance de la culture : psychés iatreion, « le lieu soigne l’âme ».

Les moines qui gèrent le monastère permettent aux visiteurs qui le souhaitent de fourmir dans les anciennes cellules. Elles ont été modernisées, mais conservent encore la mémoire des moines les plus célèbres y ayant séjourné et dont les noms figurent en bonne place sur la porte. Le hasard a voulu que m’on m’attribue celle Guido Monaco, ou Guido d’Arezzo ; j’ai donc dormi dans la la cellule de l‘homme qui le premier a codifié le langage moderne de la musique.

Le moine bénédictin fut prieur du monastère de Fonte Avellana entre 1035 et 1040 et il est possible avec permission de voir, sans les toucher, certains de ses manuscrits conservé dans la biblothèque. Guido Monaco est l’inventeur de la notation musicale moderne, c’est-à-dire des notes qui, aujourd’hui encore, mille ans plus tard, sont désignées selon les syllabes initiales des versets de l’hymne à Saint-Jean-Baptiste.

Guido Monaco a été parmi les premiers à remarquer que le triton, deux notes séparées par trois tons, créait une disharmonie insupportable pour l’oreille humaine. Cet intervalle faisait frémir les auditeurs et l’on pensait que le diable n’y était pas pour rien. Le diabolus in musica a d’ailleurs été utilisé dans les riffs les plus célèbres des Black Sabbath, un groupe de rock heavy metal des années 1970, dans la bande-son de nombreux films d’horreur, ainsi que pour les sirènes de police et de pompiers.
Le triton alarme, effraie, car il annonce quelque chose de terrible. Et voilà que nous sommes contraints, nous aussi, de changer rapidement de tonalité et de passer du monde rassurant et glorieux de la matière stable à celui, inquiet et angoissant, des formes les plus éphémères. La transition est brutale. La grande symphonie compacte et ordonnée, à laquelle participaient toutes les sections de l’orchestre, s’interrompt brutalement pour laisser place à une atmosphère raréfiée, oppressante, qui nous enveloppe dans une séquence aléatoire de trilles et de bruissements sous-tendus par un grondement lointain de percussions.
L’accord diabolique nous introduit dans le cercle infernal des particules instables Des formes de matière dont nous ignorions tout jusqu’à récemment surgissent durant une fraction de seconde et changent immédiatement de forme. Ce monde d’objets éphémères, à l’existence quasi insignifiante, évoque le monde des spectres qui plonge Hamlet dans le plus sombre des désespoirs.

Les autres particules élémentaires, et toutes formes de matière construites à partir d’elles, sont très instables. Elles disparaissent quasi instantanément, se désintégrant en un minuscule feu d’artifice. Des formes exotiques de matière naissent de collisions de rayons cosmiques avec la matière ordinaire ou sont parfois produites dans les accélérateurs de particules ; leur durée de vie est néanmoins très courte car elles se transforment immédiatement en particules stables.
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Page 194

Prendre soin de son corps et masquer les défauts et les signes de vieillissement sont des pratiques documentées depuis des milliers d’années. Des pendentifs, des bijoux et des traces de pigments ont été retrouvés dans de nombreuses sépultures préhistoriques. Les innombrables témoignges de soins corporels et de pratiques cosmétiques parmi les élites de l’Egypte ancienne et de la civilisation gréco-romaine sont bien connus. La vieillesse, synonyme de sagesse, était respectée, mais rares étaient ceux parmi les puissants qui résistaient à la tentation de se donner une apparence jeune, énergique et vigoureuse.

L’utilisation d’astuces et de stratagèmes visant à contrer l’avancée du temps est donc une pratique très ancienne ; notre civilisation en a fait une obsession. Toute une industrie florissante en dépend, des hôpitaux et des entreprises pharmaceutiques qui se consacrent à la santé, mais aussi de véritables marchands de la jeunesse éternelle qui construisent leurs profits sur l’illusion d’arrêter individuellement le temps, laissant tous les non-privilégiés à la merci de Chronos.

Le rêve de rester jeune pour toujours n’obnubile pas uniquement les milliardaires ou les stars de cinéma. La folie s’est désormais insinué dans de nombreuses strates de la société. Tout sacrifice est le bienvenu pour redonner fraîcheur aux visages et aux corps usés et effacer les signes qui rappellent notre inéluctable destin. Beaucoup voudraient, contrairement à Rembrandt et ses autoportraits, voir dans leur miroir, année après année, une image plus jeune et plus lisse d’eux-mêmes. Ils rêvent de pouvoir projeter la pellicule de la vie à l’envers.

Ainsi circulent parmi nous des individus à l’allure inquiétante qui, pour dissimuler les signes de l’âge, les travestissent par des effets souvent plus effrayants que les rides et les défauts qu’ils voudraient soustraire à la vue. Ils pensent réaliser le rêve de Dorian Gray sans se rendre compte qu’ils exposent en public, sur leur visage, les traits déformés et grotesques de l’autoprotrait qu’ils croyaient avoir caché au grenier, loin des yeux de tous.
L’idiot, lorsqu’il cherche des raccourcis pour arrêter Chronos, devient souvent et sans s’en apercevoir, aveugle.
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Page 98
Stephen Hawking aimait s’amuser en lançant des paris extravagants à ses amis et ses collègues. Il avait par exemple parié cent dollars avec Gordon Kane, l’un des théoriciens de la supersymétrie, que la particule de Higgs ne serait jamais découverte. Après notre découverte den 2012, il avait volontiers honoré sa dette, en confessant qu’il était en réalité très heureux d’avaoir perdu. Dans le même esprit légèrement provocateur, il avait parié en 1974 avec Kip Thorne que Cygnus X-1, à l’époque la source de rayons X qui semblait indiquer avec de bonnes probabilités la présence d’un trou noir, n’avait rien à voir avec les objets astronomiques auxquels il avait consacré une grande partie de ses recherches. Pour comprendre l’esprit de Hawking, la déclaration qu’il a faite des années plus tard n’est pas sans intérêt : « Le pari avec Kip était une sorte d’assurance. J’ai beaucoup travaillé sur les trous noirs et tout cet investissement aurait représenté une énorme perte de temps s’il s’était avéré qu’ils n’existaient pas. Mais dans ce cas, je me serais consolé avec le fruit de ma victoire, un abonnement de quatre ans au magazine Pivate Eye. » En 1990, lorsque les données ont confirmé que Cygnus X-1 était un système binaire composé d’une étoile et d’un trou noir, Hawking s’est estimé plus qu’heureux de payer à Thorne son dû ; accessoirement, il s’agissait d’un abonnement d’un an à Penthouse, le magazine de nus féminins.
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Page 180

L’évolution de chacun des innombrables composants de ces systèmes suit les lois de la physique et notre vie deviendrait impossible, si, pour faire des prédictions sur le comportement de ces objets, nous devions connaître en détail, instant par instant, la position, la vitesse et les interactions de chacun de leurs constituants élémentaires.

Heureusement, les lois qui déterminent la dynamique des corps complexes, que nous nommons physique classique, chimie, biologie, etc., sont suffisamment précises pour nous permettre d’organiser notre vie quotidienne de façon acceptable. Nul besoin d’outils excessivement sophistiqués pour aller travailler, nous nourrir convenablement et interagir avec nos amis ou les membres de notre famille. Nous pouvons très bien vivre en ignorant tout ce qui s’agite dans le monde de l’infiniment petit et ce qui se cache derrière l’apparente stabilité et persistance des choses matériels que nous utilisons chaque jour.
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Page 120

La vie de Vermeer a été courte : il meurt en 1675, à l’âge de quarante-trois ans, toujours couvert de dettes, laissant derrière lui une quarantaine de petits tableaux pour lesquels personne ne montrait d’intérêt à l’époque. Ses peintures d’intérieurs où se distinguent les célèbres carreaux bleus et blancs de Delft, les scènes de la vie quotidienne entre les murs de cette maison de briques rouges et blanches ou les gestes délicats d’une jeune fille qui pèse des perles ont aujourd’hui une valeur inestimable. Les milliardaires les plus riches de la planète ou les musées les plus importants seraient prêts à payer des sommes stratosphériques pour entrer en possession d’un seul de ces chefs-d’œuvre. Ici, le futur a modifié le passé, transformant celui que ses contemporains considéraient comme un modeste peintre de province en l’un des plus grands artistes de l’histoire.

Tout commence en 1866, lorsque Théophile Thoré-bürger, critique français, propose de classer l’anonyme peintre de Delft parmi les grands maîtres de l’âge d’or néerlandais. A partir de ce moment, la vogue Vermeer, comme un fleuve déchaîné, emporte sur son passage artistes, intellectuels et grand public. Vermeer est devenu une icône de style, des montagnes de livres sur lui sont écrits et de nombreux films réalisés, au point qu’il fait désormais partie de l’imaginaire collectif.

Comme dans de nombreux autres cas, le destin du peintre de Delft constitue un exemple d’une prise de conscience tardive de la grandeur d’un artiste ou d’un philosophe, des siècles, voire des millénaires plus tard. On regarde ainsi le passé avec des yeux différents, on l’élabore, on en change les connotations, on réécrit l’histoire. Comme le disait Jorge Luis Borges : « chaque écrivain crée ses propres précurseurs. Son apport modifie notre conception du passé aussi bien que du futur. »
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Vidéo de Guido Tonelli
Extrait du livre audio « Genèse - le grand récit des origines » de Guido Tonelli, traduit par Sophie LEM, lu par Philippe Sollier. Parution numérique le 29 mars 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/genese-le-grand-recit-des-origines-9791035412753/
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