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EAN : 9782207180297
Denoël (03/01/2024)
3.95/5   39 notes
Résumé :
Biographie romancée de la peintre suédoise Anna Boberg (1864-1935). Depuis sa découverte des îles Lofoten, en 1901, Anna y retourne chaque hiver, seule, afin de capter la beauté des paysages arctiques. Elle souhaite réaliser le tableau qui lui vaudra la reconnaissance de ses pairs.
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Arctique solaire de Sophie van der Linden, lumières polaires pour Anna Boberg, capturer les reflets changeants, éclats ou traînées de couleurs, délavés ou vifs, peindre les blancs diffractés de l'hiver arctique, et les poser sur la toile…

Printemps 1901, Arctique solaire, coup de coeur pour les îles Lofoten à leur arrivée pour Anna Boberg et son époux Ferdinand, architecte de renom à Stockholm. L'attraction est violente, saisissante, Anna Boberg est littéralement envoûtée par cet archipel, une osmose irrésistible va pour toujours la lier à ces lieux, ces montagnes, ces lumières. Les Lofoten, un monstre minéral posé sur l'eau qu'elle va apprivoiser, aimer en s'en imprégnant jusqu'au crépuscule de sa vie. Une trentaine d'années à essayer de saisir le bon angle, la bonne attaque, la ligne parfaite mais surtout à choisir les nuances de couleurs pour donner vie au massif du Store Molla et à ses glaciers. Des séjours hivernaux dans des conditions extrêmes en solitaire.

Hiver 1931, Anna Boberg installée dans un compartiment de train s'éloigne de la station de Stangen abandonnant son époux pour rejoindre les Lofoten: temps de la souvenance, appuyée à la fenêtre elle se rappelle, se souvient comment une jeune fille de famille aisée, éduquée, a réussi à s'envoler, s'affranchir des codes de la société, s'épanouir dans l'art, et devenir à présent sur les Lofoten la femme au pantalon, couverte d'un manteau en fourrure de phoques qui crapahute, déambule, vogue, accompagnée de son chevalet nomade. Mais nous voici bientôt à Trondheim où Anna va prendre le bateau postal pour cet ultime séjour hivernal aux Lofoten qui cette fois débute bien avant que la nuit polaire ne s'installe et que le jour ne renaisse, elle veut saisir les aurores boréales déchirant la nuit.

Saison de la pêche, du froid et des tempêtes, l'auteure restitue l'ambiance animée des ports dans lesquels Anna évolue au cours de ses pérégrinations hivernales sur les Lofoten au milieu des marins, des odeurs des têtes de poissons pourris brossant ainsi un tableau très réaliste de la vie îlienne au début du XX ème siècle. Elle nous fait partager aussi son isolement où dans les moments les plus froids sous l'emprise de la solitude et de la nostalgie l'artiste trouve refuge depuis sa cabane dans ses souvenirs méridionaux pour se réchauffer et réfléchir à son processus créatif pictural d'autodidacte, elle, la grande admiratrice de Claude Monet et l'amie intime de Sarah Bernardt. Des réminiscences qui toujours la ramènent à la lumière, à la manière de la capturer pour la rendre palpable sur la toile. Et pour le lecteur des parenthèses qui éclairent son parcours d'artiste et son chemin de vie.

La construction narrative nous permet de toucher à l'intimité de l'artiste par le biais de conversations imaginaires avec son époux. La relation quasi fusionnelle que dépeint Sophie van der Linden laisse transparaître la complicité du couple et la reconnaissance infinie qu'Anna Boberg lui voue. Leurs échanges incessants permirent ainsi à Ferdinand de penser et édifier la cabane de Fyrö, son futur atelier. Un soutien précieux qui ne la guérit pas du mépris des critiques d'art suédoise alors que son talent est reconnu à Paris, en Italie.

Une immersion subtile captant ses gestes créatifs qui nous convie à l'exploration et observation d'études, de vues, des instants de création, des accouchements, parfois impulsifs, esquissant une artiste en attente de fulgurances, telles les étincelles soulevées par la queue du renard dans le ciel nocturne, mais toujours une artiste acharnée, assaillie de doutes.

Arctique Solaire ou obsessions boréales, l'un ou le dernier séjour d'Anna Boberg aux Lofoten qui retrace l'histoire et le quotidien d'une femme artiste dans des conditions extrêmes comme Carsten Jensen dans le dernier voyage pour le peintre de marines danois Jens Erik Carl Ramussen (1841-1893) fasciné, lui, par le Groenland dont Anna semble méconnaître l'existence.

Avec Arctique Solaire, Sophie van der Linden éclaire le profil d'une artiste restée très longtemps dans l'ombre, celui d'Anna Boberg (1864-1935), peintre paysagiste, une artiste autodidacte, libre, passionnée, grande voyageuse, amoureuse des îles Lofoten, de leurs contours et de leurs paysages.

Aujourd'hui il est possible de voir deux de ses toiles au Musée d'Orsay à moins d'avoir la chance de visiter le Musée national de Stockholm où Sophie van der Linden a découvert Anna Boberg.

Une parenthèse solaire et poétique. Un voyage lumineux. Une lecture bonheur.
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Anna Boberg, peintre impressionniste suédoise du XXème siècle, avait pour habitude de se rendre chaque hiver aux îles Lofoten, archipel de Norvège, pour y peindre les paysages. Mariée à un célèbre architecte français, fréquentant les milieux bourgeois parisiens, elle n'hésitait pas une seconde à tout quitter une fois l'hiver bien installé. Promiscuité, froid, conditions extrêmes ne l'effrayaient pas. Son projet était de réaliser un tableau exceptionnel, celui qui ferait d'elle une grande artiste, en quelque sorte sa signature. Elle a ainsi passé plus de trente années à créer son oeuvre majeure.

“ J'ai peint tête en l'air, le regard fixé sur ses déploiements, et vécu une apothéose quand les roses et les Mauves ont fait leur entrée en scène. Mes gestes à l'unisson de ce déluge chromatique. Zébras, tâches, morsures, les couleurs pures et la lumière en lutte.”

Anna Boberg était toujours à la recherche de la couleur et de la matière, le blanc, la lumière et le relief. Elle cherchait à ressentir le calme et le silence, mais aussi à recréer la neige, l'hiver, le froid, les montagnes et les aurores boréales.

Entre Stockholm, Paris, et les îles Lofoten, ce livre retrace l'histoire d'une femme, peintre, aventurière aux séjours solitaires en terre arctique.

Le roman est écrit à la première personne comme une introspection et aborde l'art, la nature et les souvenirs dans un texte imagé empreint de nostalgie et de mélancolie.

À travers la plume de l'autrice, l'artiste se livre, se révèle et nous fait découvrir la femme qu'elle était.

Ce fut une très belle lecture, le fruit d'un beau travail de recherches et d'études des oeuvres de l'artiste dont celle du massif du Store Molla intitulé “Fjäll” que j'ai découvert grâce à ce texte.

À découvrir.
Lien : https://labibliothequedemarj..
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Lofoten. C'est un nom qui frappe l'imaginaire. Les confins du monde, des îles qui semblent si peu hospitalières. Sauf que ceux qui connaissent les boréales savent qu'il y est question d'aurores. Et de lumière.
Anna Boberg est peintre. Et prend rendez-vous tous les ans avec les îles Lofoten aux lumières changeantes. Mais c'est aussi, surtout, une femme de. Et elle a beau peindre comme personne, elle est l'épouse de son architecte de mari. Elle a beau fréquenter Sarah Bernhardt, la reconnaissance pour son travail tarde.

Je ne compte plus les livres autour de la notion de création au sein d'un couple que j'ai pu lire ces derniers mois. La conclusion est souvent la même : prendre le parti de l'isolement pour créer, quitte à perdre, quitte à ne plus rien recevoir. Mais faire le choix de la création. Anna Boberg fait le choix d'un nouvel an seule, face à la dureté de ces terres, de ce climat. le choix de la solitude pour un tableau qui saura rendre grâce à la magie de la lumière.

De la grâce, c'est ce que nous offre Sophie van der Linden avec Arctique solaire. C'est un livre comme un tableau. Par touches impressionnistes, on devine toute la vie de cette femme. Ce qu'elle aura sacrifié. Ce qu'elle aura reçu.

La forme courte, si elle m'attire de plus en plus, aura générait un peu de frustration cette fois. J'aurais aimé passer plus de temps avec cette artiste, son histoire, les rencontres qui ont forgé sa vie. Ne serait-ce que le lien tissé avec Sarah Bernhardt aurait pu être toute une partie.
Pour autant, je ne peux que vous conseiller ce texte, qui même s'il est un peu court, se dote de bien d'autres qualités.

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Sincèrement, je ne connaissais pas Anna Boberg.
Intéressée par la peinture sous toutes ses formes, je me suis plongée dans cette biographie, certes romancée, mais qui m'a immédiatement happée. Cette artiste polyvalente qui était tour à tour peintre, céramiste, travaillant le verre et le tissus, scénographe et j'en passe, est captivante. Son travail de peintre vous fait voyager et parcourir des espaces inconnus. L'autrice a mis sa plume délicate et agréable à lire au service d'une femme quelque peu oubliée et qui mérite assurément une place au soleil!
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Arctique Solaire nous conte la vie singulière d'Anna Boberg née en 1864 au sein de la bourgeoisie suédoise; chaque hiver pendant trente ans elle ira, seule, dans les îles Lofoten pour y peindre. Autodidacte, elle deviendra une artiste reconnue, aujourd'hui deux de ses tableaux sont visibles au musée d'Orsay.
«Arctique solaire» est un roman admirable par sa précision littéraire et sa beauté formelle, par sa poésie et sa narration, fragile équilibre entre la tension de l'histoire et la puissance de l'écriture, un « haïku épique ». Mais plus charnellement, à chaque page il y a la vie et la tension d'une triangulation féconde entre l'art, l'arctique et l'amour. Enchaînement, Enchantement.
Un cinquième roman comme un sommet; un sommet comme une nouvelle étape, forte, sur le chemin d'une écrivaine qui construit son oeuvre. Se retrouvent, se précisent et se renforcent, dans «Arctique Solaire», les lignes de son langage littéraire unique, le contour de ses sujets, voyage, peinture, liens, nature et l'envie de dessiner un nouvel imaginaire de la féminité.
Oeuvre rare, multiple, lumineuse, complexe, …telle une aurore boréale un soir de décembre au-dessus des îles Lofoten.
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critiques presse (4)
RevueTransfuge
24 avril 2024
Rares sont les écrivains qui réussissent à transposer l'expérience intime d'un peintre sur le plan biographique et artistique. Sophie Van der Linden compte parmi ces élus […]
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
LaLibreBelgique
14 février 2024
Sophie Van der Linden réhabilite la grande artiste suédoise dans “Arctique solaire”, un roman fluide, lumineux et tendu : “Elle va au pied des glaciers, elle cherche la difficulté, une âpreté, un paysage…“
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Marianne_
14 février 2024
Un texte bref et dense, à l’image d’une composition picturale où tout nous semblerait essentiel.
Lire la critique sur le site : Marianne_
LeFigaro
02 février 2024
L'auteur se glisse dans l'esprit d'une artiste qui s'en va peindre aux îles Lofoten.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je pense aux illustrations de l’ami Carl Larsson. Aux peintures de Vilhelm Hammershøi. Tant de femmes y regardent par la fenêtre, pâles visages dans la lumière crue du dehors. Semblant surtout regarder en elles-mêmes. Beau sujet. J’en connais la face cachée. Du moins celle des tableaux de Larsson. Sa femme Karin lui a tout donné, jusqu’à ce travail décoratif qu’elle façonnait pour en faire le décor de ses tableaux. Contrairement à moi, Karin avait bénéficié d’un enseignement artistique. Elle était douée, libre. Et puis elle a rencontré Carl. Sont venus un, puis deux, puis huit enfants. Elle a, alors, abandonné sa création.
J’ai souvent pensé que nous avions eu un destin inversé, elle et moi, alors même qu’on nous a beaucoup comparées, pour notre rôle actif auprès de nos maris créateurs. Découvrir les Lofoten et, il faut que je l’admette, ne pas avoir d’enfant m’ont permis de m’engager dans une création personnelle.
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En rentrant vers Fyrö, je me suis rendu compte que je m’étais refroidie à rester immobile. Pour me distraire de cette sensation, je me suis alors récité la liste de toutes les choses qui donnent de la chaleur. Une tasse de thé aux mûres arctiques, un rayon de soleil à travers la vitre givrée, le creux d’un coussin tout juste laissé par un chat au sortir de sa sieste, un châle qu’on vous dépose par derrière sur les épaules, ton regard sur moi quand tu me photographies.
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Une fois la porte refermée, nous vécûmes ce sentiment intense de la prise de possession d’un foyer. Celui-ci n’a jamais failli à l’atmosphère de douce et tranquille félicité qui s’en dégagea ce premier soir. Des bûches crépitant dans la cheminée, doublée d’un poêle rougeoyant, une lampe à pétrole et des assiettes de poissons fumés accompagnées d’un grand bol de crème formaient l’image idéale de ce premier franchissement de l’an à Fyrö. À minuit, les cris de joie de quelques lointains voisins nous amenèrent à sortir, mesurant, sous de timides aurores boréales, l’immensité de laquelle nous étions désormais protégés.
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La nuit approchant, l’anse montagneuse sévère, imposante du Fløyfjellet prend des teintes froides et sombres, du bleu au violet. De la rive qui lui est opposée, je vois les lanternes des dizaines de bateaux de pêche au repos s’allumer une à une. Alors que la clarté du jour recule rapidement, elles forment une guirlande blanche, jaune, orangée, ourlant les pieds du colosse. Se reflétant dans les eaux sombres, bleutées du fjord, elles coupent le paysage de leur bande lumineuse.
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Enfin ! Ce matin, c’est le silence et une clarté formidable qui m’ont éveillée. J’ai dormi d’un sommeil profond, ourlé de la douce, sourde, légère pluie de neige. Une nuit ouatée. Près d’un mètre est tombé. Et la lumière timide, par-dessus, est apparue, créant une atmosphère de légère opacité, mais d’une réelle clarté. Quand je pense qu’à la même latitude, en Laponie, il doit faire moins vingt degrés, ici, le thermomètre reste proche de zéro. Lumière blanche, douceur du temps, conditions idéales pour peindre.
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Videos de Sophie Van der Linden (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sophie Van der Linden
Sophie van der Linden vous présente son ouvrage "Arctique solaire" aux éditions Denoël. Rentrée littéraire janvier 2024.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2981398/sophie-van-der-linden-arctique-solaire
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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