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J'avais lu un premier livre de Vargas Llosa il y a plusieurs années, en commençant, complètement au hasard, par Lituma dans les Andes, et en m'attendant à être éblouie parce que, forcément, un Prix Nobel, etc. Je me souviens que si j'avais trouvé l'écriture efficace et le roman bien construit, j'avais été assez déçue car peu touchée par les personnages et plutôt déprimée par le caractère très sombre de l'histoire, je m'étais franchement un peu ennuyée.

J'ai donc mis du temps avant de me décider à lire un autre livre de cet auteur et c'est sans trop d'attentes que je me suis lancée dans ce roman. En plus, effrayée par certaines critiques qui parlaient d'un roman choral, voire décousu, qui multiplie les histoires, etc. je m'attendais à tomber sur un truc peu lisible, artificiel... Et à pouvoir conclure définitivement qu'il s'agit encore d'un de ces auteurs décorés mais pas franchement jubilatoire du point de vue du plaisir de lecture.

Mais en fait, pas du tout! Et quelle bonne surprise, quel gros coup de coeur! Ce roman est un vrai petit bijou, un récit à la fois drôle, original et touchant, que j'ai eu du mal à lâcher. Un classique instantané.

On est à Lima dans les années 50, "Varguitas" a 18 ans, il étudie le droit mais son rêve est d'aller vivre dans une chambre de bonne à Paris pour devenir écrivain (toute ressemblance avec le vrai Vargas Llosa est entièrement voulue puisque le roman est largement inspiré de sa propre vie). En attendant, pour se faire un peu d'argent, il prépare les bulletins d'information à la radio. C'est là qu'il fait la rencontre de Pedro Camacho, l'étrange "scribouillard", auteur des scénarios alambiqués des feuilletons radiophoniques quotidiens qui tiennent en haleine tous les foyers péruviens.

Un chapitre sur deux suit le point de vue de Varguitas, qui découvre l'amour, le vrai, l'impossible, dans les bras de sa tante (par alliance) Julia, divorcée de 15 ans son aînée, en même temps qu'il se rapproche de ce mystérieux Pedro Camacho, aux ambitions artistiques peu communes et à l'éthique de travail plus que sévère.

Les autres chapitres développent des histoires toutes plus dramatiques et loufoques les unes que les autres, qu'on comprend vite être des épisodes de ces fameux feuilletons. Qui deviennent, peu à peu, de plus en plus confus.

Je n'en dirai pas beaucoup plus car le charme de cette lecture est de se laisser prendre dans ce tourbillon de sentiments, de personnages, d'histoires, que pour ma part je n'ai pas trouvées du tout difficiles à suivre. Avec une apparente légèreté et beaucoup d'humour, Vargas Llosa rend un hommage magistral aux habitants de tous les quartiers et de toutes les classes sociales de Lima, à une époque révolue, à l'amour et à la jeunesse, à l'écriture et aux histoires qui nous font vivre, tout en s'amusant à brouiller les liens entre fiction et réalité.
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"Il me semblait de plus en plus évident que tout ce que je voulais être dans la vie c'était écrivain et j'étais aussi de plus en plus convaincu que la seule façon de l'être était de se livrer corps et âme à la littérature."

Roman d'une vocation, La Tante Julia et le Scribouillard brasse le récit autobiographique d'un apprentissage amoureux et littéraire avec des pastiches de feuilletons populaires. Alternant rigoureusement les deux genres (aux mésaventures sentimentales d'un adolescent avec son accorte tantine, les chapitres impairs ; aux fantaisies saugrenues d'un touchant gâte-papier, les chapitres pairs), Vargas Llosa s'essaie à la légèreté.

Abandonnant la complexité dramatique de ses précédents romans pour une narration plus classique -et conséquemment abâtardie-, l'illustre Péruvien se fourvoie à mes yeux. Les péripéties qui vont mener le futur prix Nobel à épouser sa Tante Julia s'élèvent rarement au-dessus du trivial et leur linéarité déconcerte pour qui admirait les brumes faulknériennes de la Ville et les Chiens ou les méandres spatio-temporels de la Maison verte et de la Catedral.

Heureusement, grâce à la création d'un génial plumitif, Pedro Camacho, Vargas Llosa retient notre attention. Il parodie avec bonheur le style tout à la fois ampoulé et vulgaire de son génial barbouilleur dans des contes édifiants et salaces. Incestes, violences, alcoolisme, catastrophes et autres élucubrations se mêlent dans une phraséologie maladroite où macèrent lubies pulsionnelles (la haine des Argentins par exemple) et gimmicks hilarants (le héros, invariablement cinquantenaire, véhicule de systématiques lieux communs : "large front, nez aquilin, regard pénétrant, esprit plein de bonté et de droiture".). Au fil des chapitres, la voix de Pedro Camacho, disturbée par l'épuisement et la folie, multiplie les aberrations (retour incohérent des personnages, syncrétisme crétin des différents récits, saccage jusqu'au-boutiste des codas) pour la plus grande joie du lecteur.

Dans cet exercice de style, le véritable écrivain (Varguitas alias Vargas LLosa), sectateur de Twain, Flaubert, Faulkner et consorts, fait piètre figure à côté de l'incontinente imagination de son calamiteux scribouillard qui n'a jamais ouvert un livre.

Un entrain mitigé.

"La femme et l'art s'excluent, mon ami. Dans chaque vagin est enterré un artiste." (P. Camacho)
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J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman, je ne sais pas trop ce que j'attendais mais le début m'a un peu surprise et déstabilisée. Passé quelques chapitres, force m'a été de constater que la surprise était plutôt fort agréable. En alternance se succèdent des chapitres autobiographiques (le travail de l'auteur, adolescent, dans une station de radio et sa relation amoureuse, longtemps platonique, avec la tante Julia) et chapitres racontant les feuilletons radiophoniques créés par Pedro Camacho,excentrique bolivien (c'est lui le scribouillard du titre). le titre place d'ailleurs à égalité les personnages de la tante Julia et celui de Pedro Camacho. Sans doute pour leur rendre un hommage aussi grand à l'un qu'à l'autre dans la formation future de l'écrivain qu'il sera. L'histoire d'amour n'est probablement forte et passionnée que par les interdits qui lui font obstacles (âge, vague parenté, religion). Elle est d'un autre temps et, entrecoupée des feuilletons radiophoniques du scribouillard, elle devient elle-même une sorte de feuilleton. La plume est très belle, je ne suis pas vraiment attirée par l'Amérique latine, mais à chaque fois que j'en découvre un auteur, il se révèle un conteur hors pair, plein de verve, d'humour. Mario Vargas Llosa n'a pas fait exception. Les récits qui nous font découvrir la société péruvienne qui entoure le jeune Vargitas sont picaresques et passionnants à lire. Même si je m'attendais aussi à une fin un brin plus originale, cette lecture fut un régal.
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Après Pantaleon, j'avais hâte de découvrir cette fameuse tante Julia, livre semi-biographique del senor Mario V.L. C'est hilarant, m'avait dit mon péruviophile. M'annonçant que Vargas Llosa a connu trois honneurs de son vivant - vivant, il l'est toujours à ce jour ! -, trois honneurs rarissimes, surtout cumulés : être publié à la Pléiade, être à L Académie Française alors que sa langue maternelle est l'espagnol, et voir reçu le prix Nobel de littérature. Pas mal non ?
Et qui se permet, avec tout ça, de ne pas se prendre au sérieux et d'écrire des livres hilarants.

Alors hilarant, pas tout à fait. Subtil, cocasse, drôle, enjoué, ne se prenant toujours pas au sérieux, oui. Envie de dire qu'il y a cette puissance irrésistible de l'humour anglais dans ses récits, personnages et anecdotes. Et ce petit quelque chose de plus, purement sud-américain, mais voilà bien un monde que je ne connais pas dans ses subtilités, au moins littéraires.

Raconter ? Raconter quoi, le livre ? Ah non alors. J'en profite pour porter plainte contre le graphiste de chez Folio, qui nous a imposé une photo de couverture nulle. Je déteste ce couple qui se roule une pelle sous le parapluie, je déteste leurs fringues, leurs gestes, ce qui se dégage de la photo. J'aurais dû coller un paysage normand à la place, je me serais sentie plus à l'aise. La première de couv comme on dit dans le jargon, mais aussi la quatrième : en mal d'inspiration le gars, qui nous gâche le plaisir de la découverte. Non vraiment, ya du relâchement et ça ne se fait pas. Raconter l'histoire de tante Julia e son scribouillard donc, non.
Par contre, évoquer le conteur de la radio où travaille notre héros, avec plaisir. A-t-il existé, ou est-ce une invention de Vargas LLosa, ce Pedro ? Et pourquoi cet homme déteste-t-il à ce point les Argentins ? Sur ce sujet, j'ai enquêté, auprès d'un ami argentin. Il me dit, avant même que j'aie évoqué M.V.L. et son loufoque et argentophobe personnage "oui, au Chili ils nous détestent. Au Pérou ? Bah c'est pas compliqué : dans toute l'Amérique Latine on nous déteste". A cause de cette supposée arrogance, comme l'illustre cette blagounette spéciale auto-dérision : "C'est un Argentin qui monte à la Tour Eiffel, tout en haut, pour voir à quoi ressemble Paris sans lui"...

Ce Pedro Camacho, petit homme fou d'écriture, invente des histoires diffusées à la radio. Et Vargas LLosa nous en livre plein, de ces histoires et c'est... bon d'accord, c'est presque hilarant. Intrigant aussi, parfois flippant, délirant mais on aimerait quand même connaître les suites ! Chacune est un petit bijou, que M.V.L. intercale dans l'histoire des deux amoureux.
La part du vécu et de l'inventé, là, j'aimerais bien savoir. Il a dû exister, ce petit homme. Dans Pantaleon et les visiteuses, il y a aussi un "homoncule", ainsi l'auteur qualifie-t-il ces hommes petits sans être nains ou lilipuciens, au fort caractère, qui trouvent leur place dans la cocasse société où ils évoluent.
Les autres personnages aussi sont savoureux.
Un grand plaisir, ce livre.
Je ne sais pas si ça a été adapté, moi je le verrais bien en BD, ou en animation. En attendant, c'est l'imagination qui s'anime en suivant ces aventures menées tambour battant. Avec le front haut, le nez aquilin, le regard pénétrant et ce merveilleux esprit plein de bonté et de droiture qui fait tout le charme de l'univers liménien.
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Merci au lecteur ou à la lectrice qui a glissé ce livre dans la loterie du dernier pique-nique Babelio et m'a permis de découvrir cette pépite !

Dans cette autofiction, l'écrivain Prix Nobel de littérature revient sur son histoire d'amour avec la soeur de sa tante par alliance, la « tante Julia », alors qu'il était âgé de dix-huit ans et elle de trente-deux. Les chapitres consacrés à l'intrigue principale alternent avec des nouvelles qui sont des mises en abyme des feuilletons radiophoniques écrits par le « scribouillard », le comique Pedro Camacho que côtoie le jeune Mario à la radio où il travaille.

Cette plongée dans le Pérou des années 1970 et toutes ses classes sociales est rendue unique par le style de Mario Vargas Llosa, plein d'humour et d'ironie, qui nous embarque complètement dans son histoire et dans son univers, que ce soient dans les chapitres consacrés à sa propre vie que dans les récits de Pedro Camacho (même s'il faut bien avouer que le comique de répétition dans ces nouvelles finit par être lassant, et que j'ai eu tendance à lire les dernières en diagonale).
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Conte épique alliant le tragique et le farfelu, ce roman se permet aussi de mélanger des éléments biographiques et des inventions, la vie agitée de la capitale péruvienne et des excursions dans des villages reculés, le quotidien ordonnancé de la bourgeoisie liménienne et les délires échevelés d'un auteur de feuilletons radiophoniques, les rêves d'écriture d'un étudiant nommé Mario et les rappels au réalisme de la génération antérieure, la naissance d'une histoire d'amour et la dégénérescence du "scribouillard" stakhanoviste auteur des novellas radiodiffusées susmentionnées et qui en mélange peu à peu et involontairement les personnages et les intrigues.
C'est bouillonnant, truculent, sarcastique, violent et tendre. C'est un labyrinthe de situations, de sentiments et de personnalités d'une richesse décoiffante et c'est pourtant merveilleusement agencé (y compris quand les oeuvres du scribouillard commencent leur lent glissement vers le cafouillage). C'est un guide topographique dans les méandres de la vie au Pérou, c'est une réflexion sur l'écriture, ses difficultés, ses excès, ses faiblesses, ses trompe-l'oeil ; c'est une histoire d'amour et d'amitié. C'est maîtrisé, profond, drôle, prenant. C'est un chef-d'oeuvre !
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Un des plus beaux livres que j'ai lu... il y a longtemps déjà. Je l'ai lu d'ailleurs en espagnol et le charme vient peut-être de cela. La langue de Vargas Llosa est riche, complexe, gourmande, particulièrement dans ce livre -- peut-être le meilleur roman qu'il ait écrit.
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La tante Julia et le scribouillard/Mario Vargas Llosa/Prix Nobel 2010
Nous sommes dans les années 50. Vargas le narrateur étudie à Lima le droit en dilettante et s'essaye à l'écriture journalistique et autre nouvelle tout en tombant follement amoureux de sa ravissante tante de quinze années son aînée, fraîchement divorcée.
Voilà deux personnages que l'auteur met en scène un chapitre sur deux. Ces deux là côtoient un autre personnage haut en couleur : le scribe bolivien Pedro Camacho, écrivain obstiné de feuilletons radiophoniques pour la Radio Panamericana consistant en d'orageuses et souvent farfelues histoires pour la population de Lima, homoncule halluciné et polygraphe immuable niché dans son ergastule pour trouver avec succès l'inspiration et proférant à tout venant des apophtegmes qui laissent ses interlocuteurs sans voix. Sa production fait l'objet d'un chapitre sur deux. Les personnages de Camacho sont étonnamment stéréotypés, polyvalents et interchangeables d'une histoire à l'autre, meurent et ressuscitent, mais Pedro fait indéniablement le bonheur de ses auditeurs. Une parodie d'écrivain, mais à succès. Jusqu'au moment où … ! Un tel acharnement à l'écriture restera-t-il sans conséquence ?
Cette construction agrémentée d'un style expansif, jubilatoire et exubérant, truffée de néologismes intéressants est originale. Dérapages verbaux en sus. D'entrée le comique et l'humour sous-jacents annoncent des délires et des fantaisies inénarrables. de plus l'auteur se plait à mettre le lecteur dans la confidence : remarques entre parenthèses.
Il faut par ailleurs noter l'excellente traduction.
En résumé, un excellent roman partiellement autobiographique rempli de clins d'oeil et d'humour.
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Dans ce roman publié en 1977, MVL raconte ses dix-huit ans à Lima. Etudiant en droit peu motivé, ayant la vocation d'écrivain, il travaille comme producteur de bulletins d'information d'une station de radio. Il s'amourache de sa tante par alliance, Julia, de 20 ans son aînée, divorcée. Il se marie avec elle contre l'avis de sa famille. Il glisse dans son récit le texte d'épisodes de feuilletons radiophoniques écrits par le scribouillard, un avorton bolivien, Pedro Camacho, adulé par les auditeurs. C'est très incarné, authentique. A la fois sud-américain et européen par l'attrait pour ce continent.
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Ce roman est mon entrée dans l'oeuvre de Mario Vargas Llosa. J'avais une petite appréhension à cause des positions très conservatrices en matière politique de cet auteur qui ne peut s'empêcher d'exprimer publiquement son soutien aux candidats autoritaires et ultra-libéraux dans les pays d'Amérique Latine, notamment le très contestable Jair Bolsonaro. Mais en ce qui concerne la littérature, ce roman montre une grande maîtrise de la composition et une inventivité réjouissante pour conter des récits drôles et rocambolesques.
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