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Marc Lapprand (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253193104
118 pages
Le Livre de Poche (28/08/2002)
3.51/5   81 notes
Résumé :
Boris Vian a composé ces cinq histoires au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans une humeur baignée de jazz et de liberté. Récits tendres et cocasses, parfois d'une folle cruauté, ils sont tous traversés par le rêve d'une Amérique tutélaire, grâce auquel Vian, qui pourtant ne franchit jamais l'océan, donne libre cours à sa géniale inventivité.

Ces histoires illustrent comment cet écrivain précoce se mit rapidement à jouer sur le langage, en s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Cinq nouvelles dont deux que je ne connaissais pas.
On retrouve bien sûr l'esprit de Boris Vian, mais je n'ai pas été complètement séduite.
Cependant, j'ai des circonstances atténuantes.
1- Je n'aime pas trop les nouvelles en général.
2- Un rhume-toux qui s'éternise me fatigue et me rend patraque et grognon.
Il y a plein de choses que je n'aime plus trop en ce moment (même le chocolat et le café, c'est pour dire!).
J'ai même du mal à m'intéresser à mes lectures. (Et là, ça devient carrément grave, je crois que je vais me décider à consulter.)
Bon bref, pas passionnée par ces quelques nouvelles, je n'en demeure pas moins une fidèle adoratrice de Boris Vian, une inconditionnelle fan de toute son oeuvre.
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Des nouvelles de saveur inégale, c'est pourquoi je donne une note assez basse. Je n'ai pas été transportée par ce livre, dont hélas j'attendais bien plus. Cependant j'ai adoré la nouvelle éponyme car j'y ai retrouvé l'univers déjanté de Vian et beaucoup d'humour.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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C'est l'histoire d'un chat tombé dans les égouts que des passants aide à se sortir de là, heureusement pour lui le chat parle et se fait ainsi facilement comprendre. C'est plus un petit conte amusant, j'ai passé dix minutes à lire ses quelques pages, enfin amusant, moins sur la fin mais lire qu'un chat fume et boit c'est cocasse. La nouvelle est bien écrite et je me suis aisément laissé transporter dans ce livre. J'ai trouvé les autres nouvelles inégales et il n'y a que Blues pour un chat noir qui m'a plu.
Je m'attendais à vraiment mieux surtout avec l'introduction présente dans mon édition qui parle de Vian, de la seconde guerre mondiale et qu'on est dans sa période la plus féconde. Je reste sur ma faim avec ce recueil mais j'adore toujours l'auteur.
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pour mon premier roman de Boris VIAN je dois dire que j'étais très déçu!! des nouvelles quelconques qui ne m'ont pas transporter dans l'univers de l'auteur!!! mais j'espère que ses autres romans vont être mieux que celui ci!!
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
L'ÉCREVISSE


I
Jacques Théjardin était dans son lit, souffrant.
Il avait attrapé l'éclanchelle en jouant de son flû-
tiau bourru sous un mauvais courant d'air. L'or-
chestre de musique de chambre dont il faisait
partie acceptait, en effet, car les temps étaient durs,
de se produire dans un simple couloir ; mais si les
musiciens arrivaient de la sorte à subsister malgré
l'inclémence du temps, leur santé risquait fré-
quemment d'en pâtir. Jacques Théjardin ne se sen-
tait pas bien. Sa tête s'était allongée dans un seul
sens et le cerveau ne suivait pas le mouvement ;
aussi, peu à peu, dans le vide ainsi formé, s'intro-
duisaient des corps étrangers, des pensées para-
sites, et, plus fluide, envahissante, de la douleur
en paillettes aiguës comme de l'acide borique
taillé. De temps en temps, Jacques Théjardin tous-
sait, et les corps étrangers venaient choquer dure-
ment la paroi de son crâne, remontant brusquement
le long de la courbe, comme les vagues dans une
baignoire, pour retomber sur eux-mêmes avec un
crissement de sauterelles piétinées. Une bulle, çà
et là, éclatait et de menues projections blanchâtres,
molles comme l'intérieur d'une araignée, étoilaient
la voûte osseuse, aussitôt emportées par les
remous. Jacques Théjardin guettait avec angoisse,
après chaque quinte, le moment où il tousserait de
nouveau, et comptait, à cet effet, les secondes au
moyen d'un sablier gradué qui reposait sur sa table
de nuit. Il était tourmenté par l'idée qu'il ne pour-
rait faire des exercices de flûtiau comme d'habi-
tude : ses lèvres allaient se ramollir et ses doigts
se désaplatir et tout serait à recommencer. Le flû-
tiau bourru exige de ses adeptes une volonté terri-
fiante, car on apprend très difficilement à en jouer,
mais on oublie très vite le peu qu'on a appris. Il
repassait dans sa tête la cadence du dix-huitième
mouvement symphonique en bémol plat* qu'il était
en train de travailler, et les trilles de la cinquante-
sixième et cinquante-septième mesure augmentè-
rent son mal. Il sentit venir la quinte et porta la
main à sa bouche pour en retenir une partie. Elle
monta, se boursoufla dans sa trachée, et sortit à
gros jets turbulents ; la figure de Jacques Théjardin
devint pourpre et ses yeux s'injectèrent de sang.
Il les essuya du coin d'un mouchoir qu'il avait
choisi rouge pour ne pas le tacher.

p.65-66
* Jeu bilingue ; il manque le nom de la note alors que « plat »
de l'anglais flat, redouble « bémol » : ainsi, « si bémol » se
traduit B flat.
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L'ÉCREVISSE

III


Il [Jacques Théjardin] se réveilla en sursaut. L'aspirine l'avait fait transpiriner : comme, en vertu du principe d'Archimerdre, il avait perdu un poids égal à celui du volume de sueur déplacé, son corps s'était soulevé…

Il leva les mains doucement et palpa sa tête avec précau-
tion. Il sentait la déformation. Ses doigts glissèrent
de l'occiput aux pariétaux gonflés, touchèrent son
front, suivirent le bord abrupt des orbites et gagnè-
rent les tempes, puis, revinrent aux os malaires qui
cédaient légèrement sous la pression. Jacques Thé-
jardin aurait bien voulu voir exactement la forme de
son crâne. Certains sont si jolis, de profil, si bien
équilibrés, si ronds. Il s'était fait faire une radiogra-
phie, pendant sa maladie de l'an passé, et toutes les
femmes à qui il l'avait montrée étaient devenues
facilement ses maîtresses. Cet allongement derrière
et cette enflure des pariétaux l'inquiétaient beau-
coup. Le flûtiau bourru, peut-être... Ses mains revin-
rent à l'occiput, s'attardèrent à la jonction du cou,
dont la rotule tournait sans bruit, mais avec une cer-
taine difficulté. Avec un soupir d'impuissance, il
laissa retomber les bras le long de son corps, et, agi-
tant rapidement les fesses de droite à gauche, il se
fit un petit creux confortable dans la croûte encore
tendre, mais qui commençait à s'affermir. Il n'osait
pas trop remuer, car la sueur, dans le sommier, pas-
sait, d'un seul coup, de gauche à droite lorsqu'il pre-
nait appui sur le bras droit, déséquilibrant le lit et
l'obligeant à nouer, autour de ses reins, la large
sangle de toile bise qui suffisait à peine à le retenir.
Lorsqu'il s'appuyait sur l'autre bras, le lit se retour-
nait complètement, et le voisin du dessous tapait au
plafond avec le manche d'un gigot dont l'odeur s'in-
filtrait à travers les raies du plancher et soulevait la
tête de Théjardin. Il ne voulait pas siphonner le som-
mier sur le plancher. Le boulanger du coin lui don-
nerait un bon prix de toute cette sueur: il la mettrait
en bouteilles, étiquetée «Sueur de Front», et les gens
l'achèteraient pour s'aider à manger le pain blûté à
99 pour cent du Ravitaillement.
— Je tousse moins, pensa-t-il.
Sa poitrine se laissait aller régulièrement, et le
bruit de ses poumons s'était fait imperceptible. Il
étendit avec précaution son bras gauche et saisit son
flûtiau posé sur une chaise à côté du lit. Il le coucha
près de lui, puis ses mains remontèrent vers sa tête,
glissèrent de l'occiput aux pariétaux gonflés, touchè-
rent son front et suivirent le bord abrupt de ses
orbites…

p.70-71

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L’homme en espadrilles joua des coudes pour s’ouvrir un passage. Il ramenait un long manche à balai.
- Ah ! dit Peter Gna, ça va peut-être aller.
Mais devant l’entrée de l’égout, le bâton se raidit et le coude formé par la voûte empêcha de l’y introduire.
- Il faudrait chercher la plaque de l’égout et la desceller, suggéra la sœur de Peter Gna.
Elle traduisit à l’Américain sa proposition.
- Oh ! Yeah ! dit-il.
Et il se mit immédiatement à la recherche de la plaque. Il passa sa main dans l’ouverture rectangulaire, tira, lâcha prise et s’assomma sur le mur de la maison laa plus proche.
- Soignez-le, commanda Peter Gna à deux femmes de la foule, qui relevèrent l’Américain et l’emmenèrent chez elles pour s’assurer du contenu des poches de sa vareuse. Elles trouvèrent notamment une savonnette Lux et une grosse barre de chocolat fourré O’Henry. En revanche, il leur passa une bonne blennorragie qu’il tenait d’une blonde ravissante rencontrée deux jours plus tôt à Pigalle.
L’homme au bâton se tapa la tête du plat de la main et dit « Euréchat ! »… et remonta chez lui.
- Il se fout de moi, dit le chat. Écoutez, vous, là-haut, si vous ne vous grouillez pas un peu, je m’en vais…
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Ca se passait sur le rebord de la fenêtre de la concierge. Le coq n'aimait pas se battre, mais sa dignité... Il poussa un grand cri et laboura les côtes du chat d'un bon coup de bec.
- Salaud, dit le chat, tu me prends pour un coléoptère!... Mais tu vas changer d'avis!
Et pan!... Un coup de tête dans le bréchet. L'animal de coq!... Encore un coup de bec sur la colonne vertébrale du chat et un autre dans le gras des reins.
- On va voir! dit le chat.
Et il lui mord le cou, mais il crache une pleine goulée de plumes et avant d'y voir clair, deux directs de l'aile et il roule sur le trottoir. Un homme passe. Il marche sur la queue du chat.
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Il se réveilla en sursaut. L'aspirine l'avait fait transpiriiner : comme, en vertu du principe d'Archimerdre, il avait perdu un poids égal à celui du volume de sueur déplacé, son corps s'était soulevé au-dessus du matelas, entraînant les draps et les couvertures, et le courant d'air ainsi produit ridait la mare de sueur dans laquelle il flottait ; de petites vagues clapotaient sur ses hanches. Il retira la bonde de son matelas et la sueur se déversa dans le sommier. Son corps descendit lentement et reposa de nouveau sur le drap qui fumait comme un cheval-vapeur. La sueur laissait un dépôt gluant sur lequel il glissait dans ses efforts pour se relever et s'accoter à l'oreiller spongieux. Sa tête recommençait à vibrer en sourdine, et des meules se formèrent derrière son cerveau, et se mirent à broyer les substances qui s'agitaient toujours dans le vide de son crâne...
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Vidéo de Boris Vian
Lecture par Judith ChemlaDans le cadre du cycle de lectures « À voix haute », la comédienne Judith Chemla lit des textes de jeunesse de Boris Vian, dont la nouvelle Les Fourmis qui met en scène de manière grinçante le débarquement en Normandie. C'est l'occasion aussi de découvrir un Boris Vian moins connu à travers ses « ballades » et les lettres à sa mère.Lecture enregistrée le 4 mars 2024 à la BnF I Richelieu.
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