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Nicole Taubes (Traducteur)
EAN : 9782070734931
176 pages
Gallimard (01/12/2005)
3.67/5   6 notes
Résumé :
Minimaliste avant la lettre ou plutôt - comme disait de lui Stefan Zweig - "miniaturiste par excellence", Robert Walser est un maître de la forme brève. Il a publié des centaines de textes courts, mais le présent recueil, datant de 1914, est du très petit nombre qu'il a composés lui-même. Son indolente vivacité, sa mélancolie narquoise, son charme modeste et poignant ont ici toute la densité littéraire qui, depuis un siècle. suscite l'admiration des plus grands écri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
WALSER, petits textes poétiques : surtout un art poétique, qui se réalise en action. Prose au ton affirmatif qui avance comme le poète se promène, franchement, se détachant de tout ce qui entraverait sa liberté.  Me fait penser à certaines inspirations que j'eus au petit matin, peu après l'aube, quand je marchais dans Paris, et que j'avais une impression (et c'était plus qu'une impression) de grande liberté, que la ville, le monde, s'ouvraient devant moi, que je pénétrai effectivement quelque peu leur mystère, que j'y étais invité, dans l'effusion, la joie, l'enthousiasme frisant parfois l'ivresse des plus hautes cimes...

Les petits textes poétiques de Walser, sont autant de petites lucarnes permettant au lecteur de lorgner sur les célébrations solitaires que rend le poète promeneur au mystère poétique du monde, le jour, le soir ou la nuit, en montagne, dans les vallées et les plaines, à l'orée des villages ou des bois.

J'aime à ce titre particulièrement "Un après-midi" (pp.88-90). Là mieux que nulle part ailleurs, on est invité à cheminer de concert avec le poète, à s'arrêter avec lui devant l'union du couchant avec la montagne, célébrant le mystère une fois encore renouvelé...

"Je croyais sentir mon âme sur le point de s'immerger dans l'âme du paysage qui s'offrait, immense, sous mes yeux. Un couchant tel que je crus n'en avoir jamais vu d'aussi beau, d'aussi riche, vint alors s'étendre sur le monde le faisant apparaître comme une énigme envoûtante. le monde était un poème et le soir un rêve (...)
...et le texte ne se referme pas, au contraire, il s'ouvre à l'illimité du ciel nocturne, il s'ouvre comme le monde obscur en-dessous, ineffable et familier :

"Il faisait nuit et un splendide, un prodigieux ciel constellé scintillait sur le doux monde silencieux, le monde obscur, au-dessous de lui."
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
LA PETITE FILLE (I)

Voici quelques jours, dans une taverne mal famée, je fis la connaissance d'un crâne professeur des Beaux-Arts qui m'invita fort aimablement à venir lui rendre visite dans son atelier pour voir ses œuvres d'art, terminées ou en devenir. Mais qu'en attendre en comparaison de l'écolière que j'aperçus il n'y a pas tout à fait une heure tandis que je rentrais tranquillement chez moi après ma gentille promenade du matin. La douce enfant tenait pas la main, telle une jeune mère d'âge trop tendre, une encore plus jeune enfant, la sœurette apparemment. Je crus voir une scène divine dans le gentil, l'innocent, l'humain tableau vivant, et dans l'instant j'eusse voulu être un peintre vaillant, un maître, pour pouvoir, par mon pinceau, rendre telle qu'en nature la charmante enfant dans sa délicieuse fraîcheur.
Sans rien dire, discrètement, afin qu'elle n'aperçût pas mon admiration, mon émotion, et qu'elle ne remarquât rien du ravissement où me plongeait son apparition, je la suivis. Elle ressemblait au prodige qui tire son caractère prodigieux de ce qu'il n'a pas encore appris à connaître tout son prix et de ce qu'il de ce qu'il sourit dans toute sa modestie enfantine et sans malice. La gracieuse petite portait deux minces tresses délicates, assez longues, qui tombaient sur sa nuque et son dos et chaque espiègle et gentille natte se terminait par un petit nœud de ruban bleu. Douce, céleste, elle allait, et lorsque à un moment elle retourna sa petite tête, je crus voir le soleil sortir des nuages froids et gris pour combler la terre de ses doux rayons, si aimable était le cher visage rond de la petite beauté. - Son pas était une joyeuse mélodie de la jeunesse qui vous prend et vous attache par le cœur. Les mélodies de Mozart n'ont pas d'accent plus beaux et plus frais. Mais le plus adorable, le plus suave était l'ourlet blanc comme neige de son petit pantalon d'enfant qui dépassait un petit peu. Oh, quand tu aperçois un enfant comme celui-ci, il fait de toi un être plus noble, un homme mieux trempé, plus généreux, meilleur; tu réapprends à rendre grâce à Dieu pour les bénédictions, pour les image dont il comble l'existence; de tout ton cœur ravi tu es à nouveau si heureux d'être un humain parmi les humains. Parvenu au coin de la rue,je tournai à gauche pour rentrer chez moi.
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Souvent de grands chiens, des bêtes vigoureuses, jouent de façon adorable avec de tout petits enfants, et il faut voir alors la puissante bête se mettre obligeamment à la portée du frêle enfant et suivre avec une attentive application le plus infime et subtile mouvement que l'instant inspire à l'enfant. Pour ce qui est de l'attention, le chien est le roi, et sa fidèle et honnête intelligence, avec une beauté qui surprend, éclaire son regard.
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Le soleil brûlait et le ciel était bleu, et le vaste ciel bleu semblait grandir encore, de plus en plus immense : on eût dit que ce qui était grand dût devenir toujours plus grand et ce qui était beau, toujours plus beau, l'indicible devenir toujours plus incommensurable, plus illimité, toujours plus indicible.
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C'était l'épouvante. Pas un morceau de ciel et la terre était mouillée. J'allais, et tandis que j'allais, je me posais la question de savoir si je ne ferais pas mieux de rebrousser chemin et de rentrer chez moi. Mais une chose indéfinissable m'attirait en avant et je poursuivis ma route à travers toute cette épaisse et sombre opacité.
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Le ciel est au-dessus de moi. Tant que je vivrai, je ne perdrai pas l'habitude d'élever mon regard ver lui. J'ai les pieds sur la terre : elle est mon point d'appui. Les heures plaisantent avec moi, et moi avec elles, je ne saurais imaginer plus précieux commerce…
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Vidéo de Robert Walser
Marion Graf présente le premier roman de Thilo Krause, "Presque étranger pourtant", qu'elle a traduit de l'allemand. Parution le 6 janvier 2022.
Un homme hanté par son enfance rentre au pays. Il y retrouve ses souvenirs intacts, les meilleurs comme les pires. Les allées de pommiers. le ciel immense. Les falaises de grès. Et Vito, l'ami d'enfance qui fut, dans un système asphyxiant, son compagnon d'apesanteur. Mais avec lui ressurgit le spectre de l'accident originel. Bientôt, la présence aimante de sa femme et de sa petite fille ne suffit plus à chasser le vertige. Des néo-nazis rôdent, une sourde menace plane, diffuse mais persistante. La nature échappe, se déchaîne. Quelle force pourra lever la chape de silence et d'hostilité ? le suspense subtil de ce roman place le lecteur au plus près du narrateur.
Thilo Krause est né à Dresde, en ex-Allemagne de l'Est, en 1977. Il est l'auteur de trois recueils de poèmes, tous primés. Presque étranger pourtant est son premier roman, lauréat du prix Robert Walser. Thilo Krause a l'art de traduire physiquement les émotions avec une précision et des images à couper le souffle.
https://editionszoe.ch/livre/presque-etranger-pourtant
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