Troisième et dernier tome de la trilogie des "micro humains", c'est à dire la version longue, plus travaillée et approfondie de la nouvelle "demain les femmes" qui était présente dans un autre des livres de l'auteur (
Paradis sur mesure, que je conseille par ailleurs).
Nous sommes projetés 10 ans après les évènements des deux premiers tomes. Englués dans le quotidien et les suites de leur succès, les protagonistes sont partagés entre nostalgie de leur jour de gloire (quand ils étaient "le centre de l'actualité"), postes à hautes responsabilités (direction de l'ONU) ou... complaisance dans les activités banales du quotidien (élever ses enfants, partir en voyages, faire un travail qu'on apprécie).
Puisque ces différents rapports au monde ne sont pas compatibles, des tensions apparaissent dès le début du livre, entre Aurore et David, ce dernier étant mis à la porte de manière un peu impulsive par sa femme...
Les scènes d'action s'enchainent rapidement tout le long du livre, ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas.
La terre pensante (Gaïa) est plus égocentrique et superficielle que jamais (ce qui, bien qu'original, est quand même un peu agaçant). En essayant de décrire le fonctionnement globale de la société et de l'espèce humaine, il propose une vision simpliste et caricaturale, mais personnellement j'ai senti une certaine forme de "frustration désespérée" devant la complexité du monde, de la part de l'auteur.
Les homo sapiens sont avant tout des animaux, et même si la civilisation permet de grands progrès, on reste des bêtes apprivoisées, qui refait les mêmes erreurs à chaque nouvelle génération (vu qu'on a les mêmes gènes que nos ancêtres). C'est ce constat amère qui, d'après moi, ressort dans le livre plusieurs fois.
Mais le but de
Werber est avant tout de nous faire rêver à travers ses livres. Rêver l'avenir pour le rendre possible. Ce n'est donc pas un ouvrage fataliste, mais plutôt tragique: Oui, le monde est complexe, non, on ne peut pas le changer d'un coup de baguette magique. Mais si chacun y met du sien et se sent concerné par l'avenir, alors on peut aller vers un mieux.
On ne peut pas compter uniquement sur un Dieu mythologique, ou uniquement sur la technologie, sur la fuite dans l'espace ou sur les progrès de la science réparatrice pour bâtir l'avenir. Tous ces "joueurs" doivent trouver un terrain d'entente pour agir ensemble, et pas les uns contre les autres.
Même si le message de
Werber est simpliste et caricatural, qu'un expert un peu rigide sera facilement agacé par les raccourcis qu'il fait sur les liens de causalité, c'est un message pertinent qu'il faut considérer à sa juste valeur.
Comme le dit lui même l'auteur, on ne devrait pas juger une idée en fonction de la personne qui l' a proposée, ni en fonction de sa forme imparfaite. On doit juger une idée sur sa qualité et sa pertinence.