Le New-Jersey serait-il l'un des foyers importants de la littérature américaine. Est-ce parce que cet état jouxte la ville de New-York ? Toujours est-il que
William Carlos Williams a vécu à Rutherford, ville voisine de
Paterson, objet de ce poème éponyme, Philippe Roth est né à Newark, où se déroule notamment Pastorale américaine, de même par exemple qu'
Allen Ginsberg.
Mais, quoi qu'il en soit, quid de
Paterson (le poème de Willam
Carlos Williams), paru en 1958 ? Difficile, voire très difficile d'accès au moins pour l'esprit peut être limité d'un lecteur moyen quoique assidu comme le mien. Cette poésie moderniste déroute, indiscutablement, et ce d'autant plus qu'elle vise à obtenir des effets visuels dans la disposition de ses mots, phrases et strophes, et qu'elle intercale des fragments de textes d'autres origines (journalistiques, poétiques et autres). La traduction d'Yves di Manno est fort agréable, mais aucune traduction ne peut éclaircir un tel texte. Errance historique, géographique, anecdotique, onirique dans la ville de
Paterson, le
poème suit en principe le cours de la rivière Passaic, qui traverse la ville avant de rejoindre la mer à Newark, près de New-York. Au passage
William Carlos Williams démontre que la poésie peut faire son miel de tout, y compris une ville sans charme comme ici.
De toutes façons il reste à mes yeux légitime et nécessaire de rechercher des formes poétiques et littéraires nouvelles, ce qui était l'ambition de
William Carlos Williams, même si les résultats peuvent apparaître difficiles, voire hermétiques, à certains lecteurs.
Peut-être aussi faut-il s'y habituer, à cette poésie : les débuts de l'ouvrage ont presque réussi à me décourager, puis, vers le milieu (livre III), l'incendie de
Paterson à commencé à me parler et même à m'éblouir, puis, vers la fin (livres IV et V), de plus en plus, des "récompenses" m'apparaissaient, certaines même géniales (mais brèves). Mais, dirais-je, en dehors d'
Homère dans l'Odyssée il y a deux mille huit cents ans, connaît-on depuis le moindre poète génial à jet continu ?
En refermant ce livre, qui m'a permis de découvrir
William Carlos Williams, je ne regrette pas le voyage et comprends pourquoi il a eu une telle influence sur la littérature américaine. Cela donne aussi envie de découvrir son ami
Ezra Pound, dont l'oeuvre est sans doute aussi difficile.