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Chantal Chen-Andro (Traducteur)
EAN : 9782757810798
425 pages
Points (09/10/2008)
3.65/5   26 notes
Résumé :
Gao Ma est un jeune paysan déterminé. Il veut épouser Jinju coûte que coûte. Ni le mariage arrangé qui promet Jinju à un autre, ni la police corrompue, ni les traditions féodales qui pèsent encore sur les habitants de la province du Shandong ne pourront l'arrêter. Encore moins les coups qui s'abattent sans relâche sur sa tête. Bravant tous les interdits, Gao Ma décide d'enlever sa belle.
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"La mélopée de l'ail paradisiaque".
Quel beau titre. Poétique , énigmatique , presque provocateur.On est chez Mo Yan , l'un des plus grands conteurs contemporains.
Dans la province de Tiantiang (le paradis) , la population a été incitée à planter de l'ail. La vie paysanne s'organise autour du cours de l'ail, ou tout au moins au gré de la volonté des fonctionnaires qui en fixent le prix et les règles de vente.
Pour autant, une année "sans", le peuple se révolte , la répression sévit. C'est le début du livre , qui voit Gao Yang tenter d'échapper aux miliciens. Idem pour Gao Ma , lui qui rêve de vivre avec Jinju, promise à un autre.

Livre extraordinaire , à tous les sens du terme. Si l'appréciation d'une oeuvre est subjective et donc n'engage que moi ici, le qualificatif d'extraordinaire s'applique sans contexte à la construction très élaboré de ce roman.
On navigue au gré des personnages sur une année , en changeant de date d'une ligne à l'autre parfois sans que cela ne pose le moindre problème.On va également plonger dans les coutumes à travers les rêves de nos héros ou encore revenir sur la période maoïste , le roman se déroulant au milieu des années 80.

Mo Yan est fidèle à son style .L'abject, notamment les conditions de vie en prison , est raconté sans filtre, les insultes pleuvent et parallèlement , la nature est merveilleuse, la poésie latente. D'une ligne à l'autre , on peut imaginer le vent magnifier les sophoras puis le condamné manger ses poux...
Les thèmes abordés sont classiques pour cet auteur issu de la campagne du Shandong : le monde paysan, la corruption de la fonction publique , l'aberration du système maoïste et notamment de la révolution culturelle (Ah ces paysans pauvres qui matent les propriétaires fonciers) mais aussi ici les débuts de la période de Den Xiaoping et l'arrivée du capitalisme .

Un grand livre qui ne plaira pas assurément à tout le monde et qui n'est pas le premier livre de Mo Yan que je conseillerais .
A noter que le livre lu est la première version du texte , qui a été modifié pour la version chinoise .

PS : L'ail est la spécialité de la région de Jinxiang (Shandong, voici un lien pour ceux que cela intéresse
http://french.peopledaily.com.cn/Economie/n3/2017/1025/c31355-9284589.html)
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He bien, j'avoue être perplexe.

Mo yan, si c'est celui qui ne parle pas (source) - dénonce pourtant ici beaucoup.

Il dresse dans ce roman un portrait noir et cruel de la société chinoise - et bien que l'intrigue se déroule récemment, on a l'impression d'être beaucoup plus loin en arrière.

Administration corrompue, répressive et violente, prisons et fermes crasseuses, fermiers affamés, misère noire, mariages forcés .... J'ai l'impression que Mo Yan a fait un condensé de tout ce que la chine rurale pouvait présenter de vil, et ce derrière un masque de burlesque grossier (Mise en musique et en chanson).

Gao Ma, un jeune paysan sans le sou, est très amoureux de Jinju, qui est malheureusement promise à un autre par sa famille pour des raisons bassement matérielles. Il se fait rouer de coups à plusieurs reprises par la famille de la belle, mais, coriace, il parvient à enlever cette dernière. le jeune couple s'enfuit, mais malheureusement, la suite des évènements s'annoncera néfaste pour eux. Jusqu'au dénouement sordide de l'histoire.

Parallèlement est racontée la révolte des paysans suite à leur conditions de vie - ils ne vivent que de la vente de l'ail, et sont écrasés de taxes par l'administration. Ils mettent à sacs les locaux publics mais cette révolte va par la suite être très durement réprimée.

Ce livre est dur, brutal, à un tel point que parfois j'en ai ressenti une certaine gêne. le lecteur est réellement plongé dans la pauvreté la plus extrême, et la résignation qui l'accompagne est fondamentalement révoltante. Les turpitudes de l'être humain noircissent l'horizon, même si un peu d'humour émaille le propos notamment par le chant.

Quand à l'amour? C'est un luxe que les pauvres ne peuvent s'offrir.

L'histoire est vraiment prenant, mais j'ai parfois trouvé le style pesant, trop riche. Ceci dit c'est à mon avis un livre qui permet de saisir toute une partie de la face cachée de la Chine - avec un éclairage plutôt violent.
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A l'aube de la nouvelle politique économique, dans les années 1980, les
paysans d'un village du Shandong, au nord-est de la Chine, vivent de la culture de l'ail. En butte à la corruption des fonctionnaires et à l'aveuglement du Parti, frappés par la mévente de leurs produits, ils provoquent une émeute, durement réprimée, au siège du district.
Gao Ma, l'un des insurgés, aime Jinju, mais un mariage arrangé entre familles, selon les moeurs anciennes, les empêche de s'unir. Qu'il s'agisse de vendre ses hampes d'ail, d'épouser la fille que l'on aime ou même d'enterrer sa vieille mère selon la tradition, la vie est dure pour les fortes têtes et les coeurs ardents. Les contradictions entre petits paysans et bureaucrates sont à leur comble tandis que les survivances de l'ancien esprit féodal sont battues en brèche par la nouvelle mentalité. Scandées par les chants d'un vieil aveugle, les aventures tragi-comiques du petit peuple de Tiantang (le paradis) font l'objet de ce roman noir, violent et truculent.
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Sous la houlette de Deng Xiaoping, de 1978 à 1992, les chinois ont à nouveau la possibilité de s'enrichir, avec la bénédiction du Parti. Mais cette liberté nouvelle va surtout profiter aux mieux placés, c'est-à-dire les cadres du Parti et les petits potentats locaux chargés de mettre en place la réforme économique. Au fin fond de la province chinoise, une campagne a été lancée, destinée à permettre aux paysans les plus pauvres de sortir enfin la tête de l'eau. La recette : cultiver de l'ail, à profusion, dans cette région méridionale dont le climat doux est favorable à sa croissance. Chacun calcule la richesse que cette manne inespérée va lui apporter. Hélas, cette année-là la récolte va être si bonne que, suivant la loi de l'offre et de la demande au coeur de la "nouvelle économie", les cours vont s'effondrer et l'ail ne parviendra pas à se vendre. Une révolte s'en suit, mettant en cause les dirigeants locaux qui, comme on s'en doute, ont été les premiers informés et ont tout fait pour vendre leur ail en premier. Sur cette trame Mo Yan a brossé un de ces petits chefs-d'oeuvre dont il a le secret. La narration, complexe mais néanmoins aisée à suivre, vole de personnage en personnage et de période en période, brossant au passage un portait de cette campagne chinoise tiraillée entre des traditions millénaires (les mariages arrangés, les relations complexes entre habitants d'un même village), des coutumes héritées de la Chine impériale et recyclées par la Chine communiste (une bureaucratie envahissante et âpre au gain) et les aspirations à la liberté accompagnant la toute nouvelle réforme. Derrière la fable se devine un procès en bonne et due forme d'une société foulant allègrement aux pieds les grands principes moraux édictés par le Comité Central du Parti Communiste Chinois.
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En Chine, dans les années 80, dans le district "le paradis" on vit de la culture de l'ail. Gao Ma, Gao Yang, et la tante Fang sont agriculteurs et, pour des raisons un peu différentes, vont participer à une révolte contre l'administration du district.

Mo Yang nous dresse le portrait de la paysannerie chinoise coincée entre le joug féodal dont elle ne semble pas s'être encore défaite et les fonctionnaires d'état corrompus. On se demande comment l'auteur a pu passer entre les fils de la censure tellement les descriptions sont crues, sanglantes, poignantes. Seule fantaisie: la chronologie n'est pas linéaire. Sur les quelques 400 pages, deux ou trois donnent un peu d'espoir. C'est peu... le reste est noir de noir.

J'ai du m'accrocher pour arriver à la fin!
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Un homme du peuple, même s'il est de fer , sera brisé par les fonctionnaires dans le creuset de la loi.
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Il recommença à manger à grosses bouchées.
Lâcha un autre pet sonore.
Elle se mit à rire, sans savoir pourquoi.
Gao Ma devint tout rouge et s’excusa, un peu gêné : « Que veux-tu, c’est l’habitude d’être seul, ne te moque pas ! »
Elle lui pardonna sur-le-champ et dit comme on parle à un enfant : « Mais c’est tout à fait normal de péter quand on mange des céréales ! »
– Et les femmes, demanda Gao Ma, ça leur arrive aussi ? Je ne peux pas m’imaginer cela d’une fille élégante comme toi !
– Mais je suis un être humain, moi aussi ! dit-elle.
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Son visage était aussi ridé qu'un haricot qu'on a fait macérer dans de l'eau puis sécher au soleil.
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Quand je la rencontre seule, elle passe comme l’éclair en baissant la tête, mais j’ai le temps d’entrevoir ses yeux pleins de larmes. J’en ai l’estomac et le cœur serrés, j’en souffre de tout mon corps…
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Sachez bien que le Ciel ne nous abandonne jamais. Si votre détermination, à Jinju et à vous, est inébranlable, personne ne pourra vous empêcher de vous aimer.
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Videos de Mo Yan (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mo Yan
Présentation de l'album "La Bourrasque" de MO Yan, prix Nobel de littérature, illustré par ZHU Chengliang. Publié aux éditions HongFei, septembre 2022. Après une belle journée au champ, un enfant et son grand-père résistent ensemble à l'adversité.
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