Conclusion d'une grande « décalogie » fantastique, déjà la fin de de l'histoire de Corwin et de son fils Merlin.
Encore un épisode foisonnant, on y verra des batailles à l'épée, on y discutera même des valeurs relatives des tactiques japonaises ou italiennes en escrime!
L'auteur se fera plaisir, il citera des chansons et même un recueil de poésie réel (Praise de Robert Hass), des traces de réalité terrienne qui s'immiscent dans la fantasy…
C'est d'ailleurs un élément que je retiens de cette série, l'impression que l'auteur a eu du plaisir à l'écrire. Une connivence qui s'installe entre l'écrivain et le lecteur, des touches d'humour qui fleurissent même dans les situations dramatiques, le tout me semble particulièrement joyeux.
Et pour finir, espérons que comme dans le roman, notre société pourra aussi trouver l'équilibre, et que le yin et le yang pourront vivre ensemble en harmonie…
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Et voila, après plusieurs semaines de lectures intenses, le dernier volume de la série des Princes d'Ambre est entre mes mains. Mais la lecture de celui-ci fut finalement bien moins satisfaisante que je ne l'aurais cru, voir même décevante quant au final.
Ce qui est certain, c'est que le second cycle est d'une facture bien moindre que le premier, et si j'ai laissé une note correcte pour les volumes précédents qui construisaient une histoire, je suis obligé d'être un peu plus sévère sur celui-ci.
Ce volume est la fin d'un cycle, et nous pouvons décemment en attendre une conclusion à tout les arcs narratifs ouverts. Ce qui est le cas pour la majorité d'entre eux, mais pas vraiment non plus. Et surtout, c'est souvent mené de façon très bancale.
La disparition de Corwin est menée en deux coups de cuillère à pot, la résolution du conflit Marelle/Logrus n'a même pas de fin véritable (quid de la seconde Marelle dans le conflit ? On ne saura jamais !), les intrigues de cour resurgissent brusquement sans grand intérêt, Corail réparait pour ne servir à rien à part jouer la demoiselle en détresse, on aperçoit parfois Luke, Dara et Mandor ne servent à rien du cycle ou presque (et c'est tellement frustrant lorsque l'on voit ce qu'il se passe à la fin, donnant l'aperçu du potentiel gâché). Beaucoup de choses restent sans réponse, notamment les artefacts qui traversent le roman et sont rarement expliqués, ou simplement la destinée de la Pierre du Jugement.
En fin de compte, j'ai l'impression que ce cycle est bancal : le rythme est effréné, sans aucun temps morts, mais en même temps trop brouillon pour que ce soit clair. Les intrigues ne sont pas finies et aucune vraie conclusion ne vient clore ce livre.
Ce qui est réellement dommageable, c'est qu'on sent dans ce dernier volume tout ce qu'aurait pu être le deuxième cycle d'Ambre : l'exploration des Cours du Chaos, à peine effleuré ici, les intrigues liées à celle-ci, toute la mystique autour de la Marelle et du Logrus, bref tout ce qui est fait ici de manière accélérée et incomplète. Cette deuxième partie d'Ambre manque, de plus, de quelque chose de consistant quant à l'intrigue des cinq volumes. La recherche de Corwin passe toujours au second plan, les tentatives d'assassinat sont vite éclaircies dans le cycle et Julia passe carrément au second plan après avoir occupé le premier tout du long ... Il manque de la consistance, du corps à tout ceci. Une véritable ligne directrice qui aurait permis de structurer l'ensemble jusqu'au point final.
Bref, cette conclusion est assez amère, au final. Si j'ai pris plaisir à lire ces volumes, je pense que je serais seulement tenté par la relecture des cinq premiers, qui ont une histoire bien plus intéressante et dense jusqu'à un final assez grandiose. Ici, le final se délite progressivement jusqu'au point où je me demandais si l'auteur ne brodait pas autour de l'axe principal, mais cette fin laisse supposer que lui-même avait du mal à définir ce qu'il considérait comme le récit central.
Reste un bon moment de lecture, le plaisir de découvrir Ambre et les Cours du Chaos, les voyages dans les ombres (même si la Terre semble bien trop présente dans le second cycle en comparaison de toutes les ombres qui auraient pu être exploitées). J'ai enfin lu et fini ces volumes d'Ambre, mais je dois dire que la série dans sa globalité ne fait pas toujours au mieux. C'est un chouette divertissement, une histoire qu'on prend plaisir à lire au fur et à mesure du temps, découvrant des personnages, des situations et des lieux. Si vous en attendez un chef-d'oeuvre de la fantasy, je pense que c'est raté. Reste une série honnête et divertissante, dont il ne faut pas trop en attendre pour l'apprécier pleinement.
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Alors que je projetai deux des énergies les plus mortelles de l'aiguillier, l'image du Logrus les intercepta et les neutralisa.
" Je ne l'ai pas sauvé pour que tu le détruises si facilement", dis-je, et au même instant une image qui évoquait la Marelle, sans être tout à fait elle, se matérialisa.
Le signe du Logrus glissa sur ma gauche. Me nouvel arrivant - quoi qu'il fût - le suivit et tous deux passèrent silencieusement à travers le mur. Presque aussitôt retentit un coup de tonnerre qui ébranla le bâtiment. Même Borel, qui s'apprêtait à tirer son épée, interrompit son geste, puis tendit la main pour s'accrocher à l'encadrement de la porte. À ce moment-là, une autre silhouette apparut derrière lui et une voix familière l'interpella : " Veuillez m'excuser. Vous me bouchez le chemin.
- Corwin ! m'écriai-je. Père ! "
Borel tourna la tête.
" Corwin, prince d'Ambre ? demanda-t-il.
- Effectivement. Mais je ne crois pas avoir l'honneur de vous connaître.
- Je suis Borel, Duc d'Hendrake, Maître d'Armes des Passes d'Hendrake.
- Vous ne lésinez pas sur les majuscules, messire, mais je suis enchanté de faire votre connaissance, dit Corwin. Maintenant, si ça ne vous dérange pas, j'aimerais entrer dire bonjour à mon fils. "
La main de Borel se porté sur la poignée de son épée tandis qu'il se retournait. Je me précipitais déjà, de même que Luke. Mais il y eut alors un mouvement derrière Borel - un coup de pied au creux du jarret, semblait-il - qui le fit se plier en deux. Puis un poing s'abattit sur sa nuque et il tomba.
" Venez, dit Corwin en nous faisant signe. Je crois que nous ferions bien de nous tirer d'ici. "
Nous sortîmes, enjambant le Maître d'Armes des Passes d'Hendrake étendu à terre. Sur notre gauche, le sol était noirci, comme après un incendie de forêt, et une légère pluie commençait à tomber. Nous vîmes au loin des silhouettes qui se dirigeaient vers nous.
" Je ne sais pas si la force qui m'a amené peut me ramener, dit Corwin en jetant un coup d'œil à la ronde. Elle pourrait être occupée ailleurs. " Quelques instants s'écoulèrent, puis il reprit : " C'est sans doute le cas. Bon, à toi de jouer. Comment fuyons-nous ?
- Comme ça..." Je tournai les talons et partis en courant.
Luke m'adressa un large sourire, regarda Jurt de travers.
" Où étais-tu passé ? demanda-t-il.
- Dans les Cours du Chaos. On m'y a appelé pour la mort de Swayvill. Les funérailles ont lieu en ce moment. Nous nous sommes éclipsés quand j'ai appris que Corail était en danger.
- Je sais... dit Luke. Elle a disparu. Enlevée, je pense.
- Quand ce la s'est-il passé ?
- Avant-hier soir. Que sais-tu à ce sujet ? "
Je lançai un coup d'œil à Jurt. " Le décalage temporel dit-il.
- Elle représente l'occasion de marquer quelques points dans la partie en cours entre la Marelle et le Logrus, expliquai-je. Des agents du Chaos ont donc été envoyés pour l'enlever. Ils la veulent intacte, malgré tout. Elle ne risque rien.
- Pourquoi ont-ils besoin d'elle ?
- Ils ont l'air de trouver qu'elle ferait une reine idéale, avec la Pierre du Jugement intégrée à son anatomie...
- Qui sera le nouveau roi ? "
Je me sentis soudain le visage en feu.
" Eh bien, les gens qui l'ont enlevée m'ont en tête pour le boulot.
- Toutes mes félicitations. Je ne serai plus le seul à m'amuser comme un petit fou.
- Que veux-tu dire ?
- Le boulot de roi ne vaut pas un clou, mon vieux. Je voudrais ne jamais m'être laissé entraîner là-dedans. On n'a pas une minute à soi, et quand par miracle on en a une, quelqu'un doit toujours savoir où l'on est.
- Bon sang, tu viens tout juste d'être couronné. Attends que les choses se tassent un peu.
- Tout juste ? Ça fait plus d'un mois !
- Le décalage temporel, répéta Jurt.
- Venez. Je vous offre une tasse de café, dit Luke.
- Tu as du café, ici ?
- J'en ai besoin, mon vieux. Par ici. " Il nous précéda hors de la pièce, tourna à gauche, descendit un escalier.
" On dirait que le faire évader va être délicat, dit Luke. Et tu penses que ta mère est derrière tout ça ?
- Ouais.
- Je croyais être le seul à avoir ce genre de problème avec sa mère. Mais ça se tient, puisque c'est la tienne qui a tout appris à la mienne.
- Comment se fait-il que nous soyons restés si normaux ? "
Il se contenta de me dévisager pendant quelques secondes. Puis il éclata de rire.
" Enfin, je [i]me sens[/i] normal, dis-je?
- Bien sûr, et c'est ce qui compte, répondit-il vivement? Dis-moi, si ça en venait à un duel de sorciers, penses-tu pouvoir battre Dara ?
- Difficile à dire. Je suis plus fort que jamais, grâce à l'aiguillier, mais je commence à me dire qu'elle est très forte.
- L'aiguillier ? Qu'est-ce que c'est que ce truc-là ? "
Je lui racontai donc aussi cette histoire-là.
— Je ne crois pas avoir jamais été intéressé par la grandeur en elle-même. C’est plutôt comme vouloir être ingénieur plutôt que de vouloir créer quelque chose… ou vouloir être écrivain plutôt que vouloir écrire. Ce devrait être un sous-produit, pas un but en soi.
(p.144)
Un couronnement n'est jamais qu'un couronnement. Ça peut paraître cynique, et ça l'est probablement, surtout quand le héros du jour est votre meilleur ami et sa reine notre amante involontaire. Mais il y a toujours un cortège, avec des flots de musique solennelle, des vêtements aussi inconfortables que chatoyants, de l'encens, des discours, des prières et des volées de cloches. On s'y ennuie, on y souffre généralement de la chaleur et on doit néanmoins s'efforcer de faire bonne figure, comme lors des mariages, des distributions de prix et des initiations secrètes.
Les 9 princes d'Ambre de Roger ZELAZNY : Extrait Audio