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Anna Gibson (Traducteur)
EAN : 9782757816288
629 pages
Points (11/02/2010)
3.53/5   36 notes
Résumé :
Qui ne connaît pas les frères Morgan? Boxeur et pianiste, Henry est un dandy lumineux. Leo, son cadet, un poète surdoué et alcoolique. De 1950 à 1970, les deux garçons sont les vedettes du tout-Stockholm. Alors qu'ils enquêtent sur les complicités industrielles de la Suède avec les nazis, ils disparaissent sans laisser de traces. Klas, écrivain et ami des deux frères, décide de révéler la vérité.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Vous avez déjà mangé à l'heure espagnole mais là nous allons passionnément vivre à l'heure suédoise.
Klas Ostergren avec Gentlemen nous déroule un panoramique de la société suédoise à travers sa jeunesse mais aussi une chronique des années 1960 et 1970 impactée par les grands événements politiques, culturels et artistiques de la scène internationale.
Le narrateur du récit s'appelle comme l'auteur Klas Ostergren, et il est le témoin privilégié du spectacle offert au quotidien par les frères Morgan, les Gentlemen.
Ecrivain en panne sèche, il accepte pour l'été d'être dragster afin de retrouver une autonomie financière , l'occasion de côtoyer du beau monde et d'accepter la commande d'un éditeur : écrire une version contemporaine du le cabinet rouge de August Strindberg .
Les jeux du hasard mettront sur sa route les frères Morgan, d'abord Henry, l'aîné puis Léo, le cadet.
C'est alors qu'une nouvelle voie s'ouvre à Klas, lui apportant une parenthèse qui aboutira à une amitié sincère et à la remise en cause de ses précédents projets.
Après six mois de cohabitation dans l'appartement des frères Morgan ces derniers disparaissent sans laisser de traces, ce qui laisse présager du pire. Klas décide alors, après une agression qui a failli lui coûter la vie, de les réhabiliter.
« J'ai une plaie au crâne et des ennemis aux basques. Tout le monde a un petit ennemi, mais le mien, je le partage avec mes amis, et mes amis ont disparu. Ils ne m'ont jamais désigné mon ennemi, je ne sais donc pas à quoi il, elle, ou ça ressemble. Je ne peux que le deviner. Ces pages ne seront pas tant un portrait d'ennemi, une description du Mal, qu'un portrait de mes amis, une description du Bien et de ses possibilités . Ce sera un conte noir, car j'incline à penser que le Bien ne présente que des impossibilités, Nous devons nous permettre de désespérer au moins de temps en temps . Quand on a subi des violences graves et qu'on a failli y laisser la vie, c'est en tout cas excusable.
Eu égard à mon état – ma tête ne doit pas être soumise à trop rude pression, ont dit les médecins après le traitement – et au temps qui me paraît de plus en plus insoutenable, je dois me mettre à l'oeuvre sans attendre. J'ai l'intention d'ériger un temple, un monument aux frères Morgan. C'est le moins que je puisse faire pour eux, où qu'ils soient. »

Voilà, rendez-vous au club d'athlétisme Europe de Hornstull de Stockholm: Klas découvre pour la première fois Henry et il est immédiatement séduit. Il faut dire qu'il est irrésistible, il déborde de talents et de vie: boxeur, pianiste, jazzman, barman, compositeur, voyageur, etc..
Puis dans un second temps, il rencontre Léo, et apprend à l'apprécier: Léo le poète, botaniste à ses heures, joueur d'échecs hors pair, une âme tourmentée etc...
Une caméra embarquée au sein de la famille Morganstjarna (les grands-parents, les parents), au coeur de la société suédoise ( avec des journalistes peu scrupuleux) et de son histoire (évocation du passé trouble avec l'Allemagne nazi de certains magnats de l'industrie) pour mieux comprendre l'odyssée d'Henry et la dérive de Léo.
Nous devenons spectateurs de scènes de vie d'artistes et de littérateurs comme le fut dans son temps, le héros, Arvid Falk dans le cabinet rouge.
Un récit très vivant à travers le destin de ces deux frangins incorrigibles ou si peu.
On déambule dans Stockholm et ses bars, on découvre ses galeries sous terraines,  on se promène sur l'île de Stormo, on fait la fête, on décuve, on écoute du jazz, les Beatles, on lit des poèmes, on manifeste, on monte sur les barricades, on rencontre Sartre, Dali à Paris...
Le lecteur est pris dans le tourbillon de la vie de nos jeunes protagonistes...
On s'amuse avec eux mais on s'inquiète aussi car on partage leurs secrets.

Publié en 1980, livre culte en Suède, il ne me reste plus qu'à découvrir le deuxième opus Gangsters, la face cachée de Gentlemen.
Klas Ostergren pourrait, me semble-t-il s'approprier une boutade de  August Strindberg:
"Je suis un diable d'homme qui a plus d'un tour dans son sac."
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Un livre de découverte de la société suédoise du milieu du XX ième siècle.
Je suis sûre que vous l'ignoriez, vous français, allemand, espagnol, .... Enfin nous les européens, pour les suédois nous vivons sur "le continent". Tout le territoire se situant au sud de la Scandinavie constitue "le continent".
J'ignorais aussi pour ma part que la Suède avait un beau jour le dimanche 3 septembre 1967 à 5 h du matin, le Dagen H, décrété que l'on ne roulerait plus sur la voie de gauche mais que désormais, on passerait à la conduite à droite. Je n'ose imaginer aujourd'hui la mise en pratique d'une telle mesure.
Ce livre est devenu un classique de la Littérature contemporaine suédoise.
Nous sommes embarqués avec bonheur, dans un récit ponctué d'expressions françaises, "Comme il faut" par exemple, et nous allons nous aussi, à la gare centrale "pour acheter "Le Monde" afin de disposer d'un minimum d'informations objectives".
Nous découvrons de très belles expressions "Contraindre à coups de poing la dépression à rentrer dans un sac", plutôt lumineux comme idée.
Une piqure de rappel sur le milieu des quakers, avec la société religieuse des amis, mouvement religieux fondé en Angleterre au XVII ième siècle par des dissidents de l'église anglicane. (Il se différencie de la plupart des autres groupes issus du christianisme par l'absence de credo et de toute structure hiérarchique. Pour les quakers, la croyance religieuse appartient à la sphère personnelle et chacun est libre de ses convictions).
J'ai aussi trouvé un nouvel endroit de ballade, Skogskyrkogården, cimetière de Stockholm, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, alors un petit détour pour rendre visite à Greta Garbo, une bonne idée.
Nous dégusterons avec plaisir la brioche dite semla, fourrée avec de la pâté d'amande, "pâtisserie hypocrite où le trou creusé dans sa mie pour le remplir de pâté d'amande aurait été autrefois une cachette pour des friandises païennes."
J'ai vécu dans ce livre les mêmes émotions que celles qui m'avaient provoquée "Le club des incorrigibles optimistes" il y a quelques temps, nous étions à Paris, "Michel Marini avait douze ans en 1959. C'était l'époque du rock'n'roll et de la guerre d'Algérie. Lui, il était photographe amateur, lecteur compulsif et joueur de baby-foot. Des rencontres bouleverseront définitivement sa vie. Parce qu'ils étaient tous d'incorrigibles optimistes." Ce livre est un "roman de génération, reconstitution minutieuse d'une époque, chronique mélancolique d'une adolescence".
Là nous sommes à Stockholm, Klas "roué de coups, meurtri et terrifié", croise un boxeur, pianiste, qui l'accueille pour écrire l'histoire d'habitants disparus. D'autres rencontres de personnages haut en couleur illustreront ces années là à Stockholm, avec le poids des événements mondiaux. C'est ici aussi un "roman de génération, reconstitution minutieuse d'une époque, chronique mélancolique d'une adolescence", c'est juste .... Une histoire qui se passe tout en haut de notre continent !
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Roman étrange écrit telle une autobiographie pour retracer la vie des frères Morgan, dans une Suède en mouvement, confrontée à ses stigmates de l'après-guerre, aux secousses et aux espoirs de mai 68.
Mais c'est pourtant là un roman apolitique, confiné dès les 1ères pages dans un appartement dont les occupants semblent « hors du temps et de l'espace », anachroniques. Peut-être serez vous comme le narrateur séduit par Henri, le pianiste de jazz, le noble boxeur, le chevalier servant de ces dames ou par Léo, le poète, le philosophe, le militant politique… car ces gentlemen-magiciens sont envoûtants, mystérieux et délicieusement décadents.
Mais derrière cette apparence de roman initiatique, voire policier, c'est une histoire au goût doux-amer, doucement ironique, sur la vérité et le mensonge, sur les faux-semblants, sur des gentlemen acteurs aux facettes multiples.
Un roman en clair-obscur, où les nuances de caractères, d'expressions et de discours composent un tableau d'une apparente harmonie pour graduellement offrir des contrastes et des oppositions violentes.
Oui, vraiment, ce livre mérite d'être lu.
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Le roman raconte la vie de deux frères. Très différents l'un de l'autre. Henry, l'ainé, est un sportif (il est boxeur), mais joue du piano. Bien même, car très jeune, il remplacera - au pied levé - le pianiste absent du Bear Quartet, une petite formation de jazz qui se produit dans les bars de Stockholm. Plus tard après son service militaire, il se mettra aussi à composer. Il a du caractère, il faut qu'il bouge. Leo, le cadet, est lui plutôt malingre, il aime la nature, il se confectionne un herbier. Très tôt il publie un recueil de poèmes. Tout semble bien parti pour eux deux. Mais la vie réserve souvent des surprises…


Le livre est en fait une réflexion sur la vie. Que faire de sa vie? Henry est un aventurier, il voyage à travers l'Europe, fait l'amour, se bat avec ses poings, et compose. Tandis que Leo écrit des poèmes (de plus en plus contestataires), écoute les Rolling Stones et vit une vie de bohème. Henry trouve que sa vie est dépourvue de sens, et même s'il a traversé toute l'Europe en cinq ans, il a le sentiment de « n'avoir rien fait d'autre que perdre son temps. » Il vit isolé, seul sans ami, et cherche un trésor au fond d'une cave… Leo, quant à lui, en vient à se droguer et à se souler, laisse tomber ses études, et reste «allongé sur son lit à regarder le plafond », en vivant de rien et en se contentant juste d'exister. Et puis, ensuite il s'improvise journaliste…


Honnêtement les hauts et les bas des vies de Henry et de Leo ne m'ont pas passionné. C'est assez ennuyeux, on cherche quelque chose à découvrir derrière le récit assez plat des mésaventures des deux frères, mais il n'y a rien, rien d'autre que le vide des vies de deux suédois sans volonté, et à la dérive. Je m'attendais à de la réussite, à de l'émotion voire de l'amour, à du suspense et des rebondissements ; mais je n'ai rien trouvé de tout cela, juste un zeste de mystère. Maigre intérêt donc pour un roman que certains qualifient de culte!
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Je tenais absolument à défendre ce livre qui, certes, peut sembler difficile à suivre au début mais il faut insister un peu pour entrer dans la magie de la narration. Entre réalité, élucubrations, voire mysthification on s'attache à cette histoire d'amitié virile qui vogue comme elle peut. On apprend aussi beaucoup sur la jeunesse de Stockholm durant les années 60-70. La contre-culture, la guerre du Vietnam, mai 68... le narrateur, qui porte le nom de l'auteur se lie d'amitié avec Henry Morgan et dans une moindre mesure avec son frère Léo, qui, à la suite d'une enquête sur les anciennes complicités industrielles de la Suède avec les nazis, se croit poursuivi et persécuté. Henry et Klas à leur tour se posent des questions...La fin n'en est pas une...25 ans plus tard l'auteur écrit une suite et fin dans ..Gangsters! Nous avons beaucoup de chance puisqu'on peut lire les deux à la suite.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Il tira sur sa cigarette et écouta plus fort. On aurait dit que le saxophoniste avait répété avec un coussin d'embouchure, il avait une pression particulièrement explosive qui s'enfonçait dans la moelle de l'auditeur et s'y accrochait en vibrant. La batterie s'empara du sax, la contrebasse suivit, pendant que la guitare se promenait à côté avec un clappement sec. La grande ville, hurlante et vrombissante, était là toute entière dans les coups que le batteur enfonçait dans son tom basse. La grande ville, ses immeubles en brique et son grabuge, ses candidats au suicide dans chaque embrasure de fenêtre ; les rues brûlantes, vibrantes, tremblantes, minées, leurs poubelles, leurs mégots, leurs enseignes lumineuses, leurs voitures, leurs visages reflétant le rouge des néons ; toute la plainte était là dans les riffs qui s'enchaînaient de plus en plus serré jusqu'à un tempo insoutenable, à la limite de l'endurance physique, où tout éclatait enfin dans la fraîcheur lyrique d'une grâce qui ne demandait pas la beauté, qui exigeait la beauté. Le public tremblait. La présence du divin était palpable en cet instant – bien réelle quoique fuyante, transitoire, fragile.
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Birger avait, naturellement aussi, concocté un poème en hommage à cette illustre occasion, et dès qu'il se trouva assez gris il tapota son verre. Chacun entreprit de faire taire son voisin afin d'obtenir quelque chose qui devait figurer le silence et l'attention.
« Ché compoché ché quelques vers en l'honneur de l'oie et du cuichinier…
- Allons-y !
-Chilenche… Che lis librement – de mémoire.
Qu'importent les mots du poète/ quand l'oie chur la table s'apprête... »
La suite, je l'avoue, m'est sortie de la tête car nous n'étions plus très fiables à ce stade, ni les uns ni les autres. Le vin, la chaleur et la nourriture m'avaient engourdi et je n'arrivais plus trop à suivre. Birger s'excusa en tout cas – je crois pouvoir l'affirmer- de la misérable pauvreté des mots face à une table somptueuse dressée en l'honneur de la fête de l'oie, et quelqu'un fit remarquer que ses rimes étaient les mêmes d'année en année et que d'ailleurs il les avaient piquées au grand chanteur Povel Ramel.
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Nous arrivâmes enfin dans la bibliothèque, imprégnée d'une infâme odeur de transpiration, de café et de cigarette. Maud passa devant la table de travail ployant sous le fardeau de mon magnum opus et écarta les lourdes tentures de velours bordeaux qui puaient le tabac froid. La lumière transperça la pièce, rebondissant contre les milliers de volume précieux. Maud ouvrit une fenêtre pour aérer. Une légère brise estivale s'engouffra dans la bibliothèque et s'empara de mes six cents pages en les faisant vibrer.
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Une pluie mélancolique, presque un peu tragique, tombait sur la ville. On aurait dit un tâtonnement prudent, distrait, comme si un pianiste aux mains géantes s'essayait sur le zinc des toits.
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Quand l'irréalité entre en scène, soit on devient paranoïaque, soit on mobilise toutes ses ressources mentales et physiques pour faire face, de son mieux.
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