Euripide

HÉRACLÈS - Thésée, tu as vu ? Voilà quel combat j'ai livré à mes fils.
THÉSÉE - J'ai entendu, je vois. Tu n'as plus rien à m'expliquer.
HÉRACLÈS - Et tu as osé découvrir ma tête, que le soleil la voie ?
THÉSÉE - Pourquoi non ? Un mortel, pourrais-tu rien souiller de divin ?
HÉRACLÈS - Mais toi, un faible humain, évite mon contact impur.
THÉSÉE - D'un ami contre son ami ne peut sortir aucun démon.

IOLAOS
Ma longue vie m'a enseigné que parmi les humains l'un se conforme à la justice dans ses rapports avec autrui,
l'autre, qui n'a de cœur que pour son intérêt
est dans l'État un inutile, un voisin malcommode,
dévoué seulement à lui-même. Je sais cela pour l'avoir vu.
Quant à moi l'honneur m'a guidé et j'ai servi ceux de ma race.
Quand je pouvais vivre en paix dans Argos, j'ai pris ma part, comme aucun autre, à presque tous les travaux d'Héraclès, du temps qu'il était parmi nous.

L'ÉNIGME DE LA SPHINX 
Il est sur terre un être à une voix, ayant deux et quatre et trois pieds ; seul il change parmi 
Ceux qui vont sur le sol, en l'air et dans la mer ;
Mais quand il marche en s'appuyant sur plusieurs pieds, 
C'est alors que son corps a le moins de vigueur.

SOLUTION DE L' L'ÉNIGME.
O chanteuse des morts au vol sinistre, écoute Malgré Malgré toi notre voix qui met fin à tes crimes.
C'est l'homme qui petit, étant sorti du sein,
A d'abord quatre pieds lorsqu'il se traine à terre ;
Puis vieux, comme un troisième il appuie son bâton,
Quand sous le faix de l'âge, il tient courbée la nuque

(arguments de Phéniciennes : commentaires de L'Antiquité )

LE CYCLOPE: Quand le vent du Nord fait tomber une neige sibérienne, je m'emmitoufle dans des peaux de bêtes, j'allume du feu – et la neige, je m'en moque ! La terre est bien forcée, qu'elle le veuille ou non, de faire pousser de l'herbe pour engraisser mes bestiaux ; et moi je les sacrifie – à moi tout seul et nul autre ; pas aux dieux, non ! à la plus grande des divinités : mon ventre ici présent !

Adméte : qui va mourir est mort, et qui est mort n'est plus qu'absence !

(ALCESTE)

«  Ne prends la parole que si ce que tu vas dire est plus fort que le silence » .

LE CHOEUR
[...]
J'affirme qu'un mortel qui n'a
aucune expérience de la procréation
est plus avancé dans le bonheur
que celui qui a fait des enfants.
Les non-parents, qui n'ont pas les moyens de dire
si les enfants donnent aux hommes du plaisir
ou chagrin, puisque cela ne s'est pas trouvé,
évitent des peines sans nombre.

Mais ceux qui ont dans leur maison un doux
printemps de fils, je vois l'inquiétude
qui les épuise à tout moment:
d'abord, comment les élever de la bonne manière,
comment trouver du bien à leur laisser?
Et puis, travaille-t-on à faire des êtres quelconques
ou des hommes de valeur? On ne peut pas savoir.

MEDEE
Que ne me soit jamais donnée une vie de bonheur qui chagrine,
ni le bien-être s'il torture mon esprit.

Dans mes rêves tu passeras pour ma joie.

Ceux que l'on aime, il est doux de les voir la nuit, ne fut-ce qu'un instant.

Si j'avais la voix et le chant d'Orphée,
que je puisse enchanter Perséphone ou Hadès
et t'arracher aux enfers,
je descendrais, et le chien de Pluton
ni le passeur Charon incliné sur sa rame
ne pourraient m'arrêter.

Je te ramènerais vivante à la lumière.

(p. 81 -Alceste)

ION:
Mais j'aurais tout lieu de chapitrer Phébus sur ses faiblesses ! Quoi ? Il force des filles, il les déflore, et les abandonne ! Il fait des enfants en cachette, et peu lui chaut de les laisser mourir ! Ah, fi ! Pas toi ! Tu détiens la puissance : vise donc à la vertu ! Car enfin, tous les méchants qu'il y a ici-bas, ce sont les dieux qui les punissent. Ou est la justice, si vous qui avez institué les lois humaines, on vous prend à agir sans foi ni loi ?

LA NOURRICE: Enfants, entendez-vous comment votre père se conduit envers vous ? Puisse la mort... mais non : c'est mon maître. En tout cas, quelle preuve flagrante il donne de vilénie envers les siens !

LE GOUVERNEUR: Eh ! qui n'en fait autant ici-bas ? Tu as attendu ce jour pour t'apercevoir que tout homme se préfère à son prochain ?... de voir que ces enfants, pour des raisons d'alcôve, ont perdu la tendresse de leur père ?

Parmi les mortels il n'en est pas qui soit un homme libre ; l'un est l'esclave des richesses, l'autre, le jouet de la destinée ; cet autre, c'est la voix populaire, ce sont les textes de lois qui lui interdisent d'adopter la conduite qu'approuve sa raison.

(Hécube)

Le Coryphée
L'homme dont la maison est battue par le malheur, qu'il honore les dieux et reste ferme.
les gens de bien reçoivent enfin ce qu'ils ont mérité
Les méchants auront un sort aussi mauvais qu'eux-mêmes.

Créuse
Mon âme souffre, blessée par les hommes, blessée par les dieux !
je les accuse d'user des femmes et puis de les trahir, oublieux du plaisir qu'ils ont eu !

Le Coryphée
Comme je hais ces hommes malfaisants
qui cachent sous des fourberies leurs œuvres torses.
S'il s'agit de choisir un mi, j'aime mieux
un honnête ignorant qu'un méchant trop habile.

Ion
J'aime mieux vivre heureux dans le rang qu'être un roi
qui choisit à plaisir ses amis parmi ceux qu'il méprise,
et tient les meilleurs à l'écart, dans la terreur d'un attenta.
Tu répondras que l'or compense tout,
et qu'il est doux de posséder. Je n'aime pas trembler au moindre bruit
vivre dans le souci pour garder un trésor.
Je préfère une vie modeste, exempte de tourments.
Que je te dise, père, ce qui fit mon bonheur ici :
tout d'abord le loisir, le bien le plus précieux;
peu d'embarras ; personne qui m'écarte du chemin
par malveillance -c'est chose intolérable
que de céder le pas à qui vaut moins que soi-:
prier les dieux ; causer avec les hommes
que je sers pour les rendre heureux, jamais pour les faire pleurer ;
escorter ceux qui partent ; et quand d'autres arrivent
accueillir avec joie tous ces nouveaux visages.

Le Choeur.
Nos chants de tisserandes et nos légendes nous l'ont appris:
jamais les dieux ne donnent le bonheur
aux enfants qu'ils ont eus des mortelles.

Le Choeur.
Le plus grand bonheur pour les hommes est solidement établi
quand dans les chambres des époux fleurissent des jeunes vies prometteuses de fruits.
Les fils recevront de leurs pères
le riche patrimoine qu'ils transmettront
un jour à leurs propres enfants.
Dans le malheur, des fils sont notre force,
notre joie dans la bonne fortune.
Quand vient la guerre à leur patrie
leur lance apporte salut et victoire
Plus que les trésors, plus que le lit d'un roi,
j'estime la joie d'élever chez moi mes propres enfants.
Une vie bréhaigne me ferait horreur,
honte à celui qui la préfère !
Je ne demande que peu de biens,
pourvu qu'en mes enfants je sois bénie.

Créuse.
C'est qu'on traite les femmes bien plus durement que les hommes. Comme avec les mauvaises on confond les meilleurs, une même haine nous englobe toutes. Oui, nous naissons pour le malheur.

Ion.
Voici le radieux quadrige. Déjà le soleil fait briller la terre.
L'éther en feu chasse les étoiles vers la nuit divine.
Les crêtes sacrées du Parnasse, frappées par la lumière, reçoivent pour les hommes la roue du soleil qui apporte le jour.