Citations de Euripide (364)
DIONYSOS:
Quelle aberration de la pensée humaine,
quand on voit des mortels prétendre sottement
faire place au hasard sans en laisser aux dieux !
Car si le hasard règne, il n'est besoin des dieux,
et si les dieux sont tout-puissants, point de hasard !
AMPHIARAOS: Accueille de ma bouche, femme, la monition que voici: nul n'est exempt de peine en cette vie mortelle, c'est la loi de la nature. On met des enfants dans la tombe, mais il vient d'autres nouveaux-nés - et puis l'on meurt soi-même... Et les hommes s'indignent de rendre à la poussière ce qui n'est que poussière. Or c'est inéluctable : les vies sont moissonnées comme les épis mûrs ; l'un reste et l'autre meurt. A quoi sert de gémir sur ce que la nature assigne à notre course ? Non, jamais ici-bas il ne faut se cabrer devant l'inéluctable.
LE CORYPHÉE. D'un petit commencement, la langue excite de grandes querelles parmi les hommes. Les sages redoutent cela et n'ont point de discussion avec leurs amis.
Troisième épisode
LE CORYPHÉE. La race des vieillards est sans frein et ne peut être contenue qu'avec peine à cause de sa nature irritable.
Troisième épisode
LE CHŒUR. Connais ta destinée, réfléchis au malheur présent dans lequel tu es tombée. Tu combats contres tes maîtres, toi fille d'Ilion, contre la fille des rois de Sparte. Laisse ce temple qui reçoit les brebis offertes à la déesse de la mer. Quelle utilité y a --il à consumer ton corps à cause des violences de tes maîtres ? Leur puissance te vaincra. Pourquoi tant d'efforts et de peines, quand tu ne peux rien, toi qui n'es plus rien ?
Parodos, Antistrophe I
ANDROMAQUE. Mais moi, unie par la force au fils d'Achille, j'ai accouché dans ce palais et j'ai donné à mon maître un enfant mâle. Jusqu'ici, malgré le malheur qui m'écrase, j'avais toujours espéré que, mon fils vivant, je trouverais quelque appui et quelque secours contre mes maux ; mais depuis que mon maître a épousé Hermione, la Lacédémonienne, depuis qu'il s'est détourné de mon lit d'esclave, je suis tourmentée par cette femme qui m'accable de mauvais traitements. Elle prétend que, par des charmes secrets, je la rends stérile et odieuse à son mari, que je veux commander à sa place dans la palais et que je veux la chasser de son lit par force, ce lit que Néoptolème m'a imposé par la violence, et que, maintenant, il m'a obligée à quitter ! Le grand Zeus le sait, il sait que je ne suis entrée dans ce lit que contre ma volonté.
Prologue
HÉCUBE. [...] Mais sous quel vain prétexte ont-ils décrété le meurtre de cette enfant ? Quelle nécessité les pousse à égorger des êtres humains sur un tombeau, là où il convient plutôt d'égorger plutôt des bœufs ? Est-ce Achille qui, à son tour, veut tuer ceux qui l'ont tué, et demande, au nom de la justice, le meurtre de cette enfant ? Mais elle ne lui a fait aucun mal ! C'est Hélène dont il devrait exiger l'égorgement sur son tombeau, car c'est elle qui l'a perdu en le menant à Troie.
HÉCUBE. De tous mes enfants, autant qu'ils étaient, il ne me reste ni fils ni fille qui vienne en aide à ma misère ! Pourquoi me relevez-vous ? Conduisez mes pieds, si délicats naguère dans Troie et maintenant esclaves, conduisez-les vers la terre, ma couche, et sur le lit d'un roc afin que, noyée de larmes, je m'y laisse tomber et mourir ! Et, désormais, ne dites d'aucun qu'il est heureux avant qu'il soit mort !
(Elle se laisse retomber.)
LE CHŒUR. Tu n'as pas encore subi, mais tu vas subir ton châtiment. Comme celui qui, précipité, chaviré en haute mer, tu tomberas dans la mort, toi qui as tué ! L'expiation terrible, due par la justice et par les dieux, ne frappe jamais en vain. La route que tu as prise te trompera et te mènera dans l'Hadès mortel, ô malheureux, et ce n'est pas par une main guerrière que tu perdras la vie.
VOIX DE POLYMESTOR. Malheur à moi ! On m'aveugle, on m'arrache la lumière des yeux !
LE DEMI-CHŒUR . Amies, avez-vous entendu cette lamentation du Thrace ?
VOIX DE POLYMESTOR. Malheur à moi ! Encore un coup ! Ô mes enfants, quel affreux massacre !
LE DEMI-CHŒUR . Amies, il arrive de nouveaux malheurs dans les tentes !
VOIX DE POLYMESTOR. Mais non ! Vous ne fuirez pas d'un pied rapide, car je briserai de mes coups le fond de ces tentes !
LE DEMI-CHŒUR . Voilà le trait qui part de sa lourde main ! Voulez-vous que nous nous précipitions ! C'est le moment de venir en aide à Hécube et aux Troyennes.
(Hécube sort.)
HÉCUBE. Va ! Cogne ! Brise, enfonce les portes, n'épargne rien ! Jamais plus tes yeux ne brilleront dans tes prunelles, jamais tu ne verras vivants les enfants que j'ai tués !
Voici, devant la maison, le serpent parricide, l’oeil luisant d’un morbide éclat, objet de mon horreur.
Qu'on a raison de dire : "Faites-vous des amis, sans vous en tenir à votre famille."
Un homme qui vous est uni de coeur, fût-il un étranger,
est un ami bien plus précieux que beaucoup de parents.
Douleur !
Emportées par vos ailes rapides, déesses furieuses,
votre office est de célébrer, parmi les pleurs et les sanglots,
des orgies dont Bacchos ne veut pas !
Noires Euménides, qui fendez l'éther,
pour venger le sang, punir le coupable,
je vous en prie, laissez le fils d'Agamemnon
oublier les transports, les fureurs qui l'égarent.
Je vois quelle souffrance, infortuné,
tu courus chercher pour ta perte,
une fois reçu du trépied prophétique
le mot prononcé par Phoibos dans son domaine
où se trouve, dit-on,
l'emplacement secret de l'ombilic du monde.
Tu donnas la mort, tu reçus la mort,
ô mère qui me mis au monde !
Tu as perdu le père, et tu perds les enfants nés de toi !
C'en est fait de nous, pareils à des ombres, c'en est fait de nous.
Mon frère déjà est parmi les morts.
Et le meilleur de ma vie s'est perdu
dans les soupirs et les sanglots et les larmes nocturnes,
puisque sans époux, sans enfants, tu le vois,
je traîne ce sort à jamais misérable.
O naturel, combien néfaste est ton empire,
sauveur aussi pour ceux qui savent s'en servir !
Vous l'avez vue : elle n'a retranché que le bout des cheveux,
pour laisser sa beauté intacte. elle reste la femme qu'elle a toujours été !
Que la haine des dieux tombe sur toi qui m'a perdue
avec mon frère et la Hellade entière ! Ah, misère de moi !
Quelle gloire fut la vôtre, ô navires
qu'emportaient vers Troie des milliers de rames,
dansant sur les flots parmi les Néréides !
Le dauphin ami du chant de la flûte
entourait des ses bonds vos proues couleur de la nuit,
escortant le fils de Thétis,
Achille au saut léger,
qui s'en allait avec Agamemmnon vers Troie
et vers les bords du Simoïs
O noir nuit, nourrice des étoiles d'or,
tu es encore là que je vais déjà, cette cruche posée sur ma tête,
puiser de l'eau à la rivière.
Non que je sois réduite à une si grande indigence,
mais je tiens à montrer aux dieux comment m'outrage Egisthe,
à lancer dans le vaste éther mes plaintes vers mon père.
Oui, la cruelle Tyndaride, ma mère,
m'a chassée du palais pour plaire à son époux.
Depuis qu'elle a d'autres enfants dont Egisthe est le père,
elle nous tient, Oreste et moi, pour le rebut de son foyer.
IPHIGÉNIE:
Mes servantes !
comme je suis vouée à gémir et gémir,
hélas ! en tristes plaintes
éloignées des accents mélodieux de lyre
où se plaisent les Muses,
las ! à me lamenter, hélas, dans mon chagrin !
Quel désastre m'accable !
Quels sanglots je répands sur la vie de mon frère,
tel que me l'ont fait voir en songe
les ombres de la nuit qui vient de s'effacer !
Je suis perdue ! perdue !
Anéantie, la Maison de mes pères !
Las, hélas ! ma race a péri !
L'homme supérieur est celui qui reste toujours fidèle a' l’espérance ;ne point persévérer est un lâche .
Le bonheur n'est pas fait pour les mortels.
La fortune a flux et reflux, favorisant celui-ci, celui-là.
Mais qui est heureux? Personne.
[Médée]
Les liens du sang ont une étrange force
et tien dans la disgrâce ne vaut l'amitié d'un parent.
[Andromaque]