Premier roman de l’auteur, il y crée, pour un autre roman seulement par la suite, le personnage de Jonathan Hemlock. Tueur sans émotion, professeur d’histoire des arts, séducteur, raffiné et glacé, il apparait comme un brouillon un peu brut de Nicolas Hel, le héros de Shibumi. Comme lui aussi alpiniste, et stratège de l’ascension, mais en beaucoup moins complexe … Et j’avoue que si je n’étais pas complétement fan de plusieurs des autres titres de l’auteur, je l’aurais bien planté là, ce sagouin. Dès l’une des premières scènes (de sexe) s’enchainent les clichés virils dont même un mauvais James Bond des années 70 aurait rougi.
Hemlock, donc, est un tueur professionnel embauché par une sorte de CIA de pacotille, une organisation occulte nommée le CII. Une sanction est le fait de venger la mort d’un de ses agents, ce qui semble assez récurrent. Jonathan n’accepte une sanction que lorsqu’il a besoin d’argent pour assouvir ses goûts luxueux, son salaire de professeur ne suffisant pas à combler son amour pour les impressionnistes, il joue de la gâchette. Et là, il est tombé amoureux d’un Pissaro qu’il compte bien acquérir et qui rejoindra sa collection, planqué dans la cave d’une église de Long Island que le tueur a restauré à son image. Et qui lui coûte aussi un bras. Le cadre baroque et surchargé de références lui permet, entre deux missions, de fumer le narguilé en jouant du Handel. Sauf quand il est harcelé par sa voisine qui tient absolument à ce qu’il soit le tombeur de sa virginité …
Le CII est dirigé par un mystérieux albinos, dit le dragon, dont on doit changer le sang deux fois par ans, et qui, en bon vampire, ne recule devant aucun piège pour envoyer Jonathan vers une mission supplémentaire dont celui-ci ne veut absolument pas … Je vous passe la description de l’espionne aux yeux pailletés …
Décidemment, cet écrivain me ferait gober n’importe quoi, parce que j’avoue que je me suis laissée séduire par l’ironie décalée, distanciée de cette écriture dilettante qui joue à la culbute jusqu’au final, haletant, où Jonathan encordé à l’un de ceux qu’il doit exécuter, se coltine aux pentes de l’Eiger, autrement dit la montagne de l’ogre qui a bien manqué de l’avaler …
Lien :
https://aleslire.wordpress.c..