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Critiques de Trevanian (487)
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Incident à Twenty-Mile

En 1898, à la veille d’un nouveau siècle et malgré l’extension des États-Unis à Guam, Hawaï ou Cuba, il existe encore des lieux où règne la loi de l’Ouest. Twenty-Mile, dans les montagnes du Wyoming, qui survit encore grâce aux quelques mineurs qui finissent d’exploiter un filon d’argent à quelques miles de là, n’a quant à elle pas vraiment besoin de loi pour la vingtaine d’habitants qui la peuplent encore et ne représentent pas vraiment un échantillon folichon de l’humanité ainsi que l’explique l’un d’entre eux : « Twenty-Mile est moribonde. Et ses habitants sont la lie de l’humanité : les paresseux, les poissards, les perdants, les perdus, les piteux, les péteux, les petits. Et là, je te fais que les P, nom de Dieu ! ».

Les choses vont pourtant changer dans ce creuset d’insignifiance croupie. Avec l’arrivée d’abord d’un jeune homme, fan des aventures du Ringo Kid, qui cherche de toute évidence à la fois à gagner le respect des habitants et à fuir quelque chose, et qui s’installe dans l’ancien bureau du marshal. Avec le débarquement ensuite d’un trio de psychopathes dirigé par un repris de justice qui s’est édifié lui-même par une lecture approfondie de la littérature d’extrême-droite et qui entend bien, en attendant le retour des wagons de minerai de la mine, mettre Twenty-Mile à sa botte.



Voilà un roman qui contient tous les ingrédients du western classique : un patelin paumé, un patron de saloon joueur de cartes, un vieux philosophe, des putains, une jeune fille sage au grand cœur, une autre à la cuisse légère bien moins à cheval sur les principes moraux, un étranger qui aimerait bien être un jeune premier, un révérend alcoolique, et une bande de hors-la-loi particulièrement vicieux. Trevanian, donc, reprend tous ces archétypes. Sauf qu’il ne respecte pas toujours tout à fait la recette à la lettre, y ajoutant quelques ingrédients personnels, et en fait un objet original.

On y retrouve donc les thèmes chers à l’auteur : une misanthropie féroce, l’idée d’une Amérique qui se fonde, bien que construite par des immigrants, sur l’exclusion et le racisme, la recherche d’une certaine discipline de l’esprit. À ceci près qu’il laisse cette fois un peu plus de place à une certaine bienveillance à l’égard des personnages les plus positifs, même s’ils ne sont pas pour autant lisses.



Cela donne un western cynique et sombre durant lequel la tension ne cesse de monter jusqu’au final. Il s’agit sans doute d’un des romans de Trevanian les plus aboutis, qui ne pâtit pas des baisses de rythme que l’on pouvait trouver dans La Sanction ou Shibumi. Sans doute parce qu’il est moins contemplatif et que l’action y est plus resserrée. Aussi, il y a cette formidable capacité de Trevanian à nous embringuer dans son histoire en nous laissant toujours plus ou moins croire qu’elle a vraiment eu lieu et qui est la marque d’un formidable conteur. Bref, voilà un western à la fois atypique et classique. Prenant.




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Incident à Twenty-Mile

Voici l’histoire de Matthew Dubchek, un adolescent meurtri par son passé familial qui veut être à la hauteur et prendre comme modèle le héros courageux de son livre préféré « Ringo Kid ». Matthew est un personnage magnifique de vérité et d’absolu. Il s’opposera à Lieder, un fou dangereux qui arrive à Twenty-Mille, ville paumée des Etats-Unis.

Je me suis beaucoup attachée aux personnages, parfaitement décrits dans toutes leurs contradictions. La nature humaine y est totalement mise à nue. Détail original, nous ne les quittons pas vraiment, car Trevanian retrace le devenir de chacun d’eux en fin de livre comme dans une enquête documentaire.



Depuis Orange mécanique, je n’avais pas ressenti un tel dégoût, une telle terreur devant ces trois dingues dénués de toute compassion et s’amusant à torturer autrui. Par certains aspects, j’ai également pensé pendant ma lecture à Truman Capote dans son roman « De sang-froid ».



C’est un roman très différent des autres Trevanian. Il est terrible de noirceur et de lucidité et la fin est tragico-époustouflante. Un seul reproche, je trouve que le roman démarre un peu trop lentement à mon goût.

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Incident à Twenty-Mile

Incident à twenty-mile.



Bienheureux qui ne connait pas encore Trevanian. Après Shibumi du même auteur , j’ai découvert ce livre dont le titre est rien moins qu’accrocheur et pourtant …



Cet écrivain représente le meilleur de la littérature américaine : percutant, incisif, plein de vie et surtout sans psychanalyse de bazar pour détailler si bien les travers humains.



Tout le début est absolument éblouissant. Décor et personnages plantés de fort belle manière, sans fioritures mais avec beaucoup de finesse et d’humanité.



L’auteur explique sa démarche en fin de livre, c’est à dire réaliser un livre de genre ( Western) tout en cassant les codes. Même sans ces explications , ce livre est tout simplement magistral et nous sommes menés par le bout du nez pour notre plus grand plaisir.



J’allais ajouter des extraits mais les précédents lecteurs avaient déjà tout ratissé ce qui prouve qu’ils ont du goût.



Trevanian est un « Lieder », astuce un peu faiblarde je le reconnais pour vous inciter à lire le livre car le très dangereux Lieder, le méchant du livre, vaut à lui seul le déplacement.



Parce qu’il faut bien être exigeant avec les grands auteurs et celui-ci en est un, sans nul doute, j’ai été( un peu moins) séduit par la fin.
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Incident à Twenty-Mile

Un thrillwestern palpitant

Trevanian est un auteur génial, rien de formaté chez lui, il n'a rien en commun avec tous ces -trop nombreux - auteurs ricains qui nous servent toujours et encore la même soupe éditoriale ad nauseam, et livre après livre. Les ingrédients des meilleurs western sont là, je me souviens de "La dernière séance", des films de ou avec Clint Eastwood, Kevin Costner ou Robert Duvall. Dans ce roman tout est là, magnifié par la plume pétillante d'intelligence de Trevanian, la tension qui est dosée à la perfection, dans une ville fantôme hantée par des "miettes" d'habitants : un barbier, un barman, des filles de joie, un épicier et sa fille et quelques autres... Et tout reprend vie à l'arrivée d'un jeune homme, gentil, serviable, portant en lui une faille au bord de l'explosion ; et toute cette vie est roulée dans la boue à l'arrivée de trois meurtriers échappés de prison. Ce huis clos est un portrait saisissant du kaléidoscope que peut offrir l'âme humaine, chaque personnage est dépeint, jusque dans sa manière de s'exprimer, de manière magistrale. En ces terres la terreur et la violence se déchaînent, l'innocence même se dresse en miroir des ténèbres,

offrant aux lecteurs une lecture addictive et jouissive. La postface est une surprise merveilleuse qui rehausse encore le plaisir qu'on prend à lire ce livre, on se demande enfin : combien de livres y a-t'il encore à traduire de cet écrivain hors norme ? Et on a envie de dire à M. Gallmeister : Shoot up !
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Incident à Twenty-Mile

Les personnages évadés de prison sont loufoques et le suspense nous maintient en haleine.

Je recommande ce livre sans hesiter.
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Incident à Twenty-Mile

Je ressort mi figue mi raisin de ce roman. Déjà c'est long. Très long à mettre en place. Trevanian prends son temps pour installer l'ambiance et le quotidien monotone d'une ville perdue au milieu des montagnes. Mais une fois l'action bien installée (au bout d'un prologue de 160 pages), c'est un régal. Les personnages se développent et se dévoilent. La quasi-unité de lieu et l'absence de chapitre rend de plus en plus suffocante une situation dans laquelle la tension va crescendo jusqu'au duel final, scène incontournable de tout western qui se respecte.

Je ne sais pas si je considérerai Trevanian comme l'auteur culte que l'on m'a décrit. Mais passé ce prologue presque décourageant, j'ai trouvé dans ce livre un affrontement assez palpitant. Sans la longueur, je pense que ce roman aurait eu l'un des plus grand méchant littéraire, imprévisible et sans pitié mais aux paroles pleines de sens. Le style traînant de l'auteur fait penser au cinéma de Denis Villeneuve. A mes yeux, "Incident à Twenty-Mile" est un roman coup de poing à réserver à tout ceux qui sont fan de récit contemplatif dans lequel il se passe tout dans quasiment rien.

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Incident à Twenty-Mile

Western captivant, bien construit, bien écrit. Une quinzaine d’habitants d’une bourgade des Etats-Unis voient arriver Matthew, 18 ans, avec pour seul bagage un sac et un énorme fusil fabriqué par son père. Intelligent et débrouillard, il se fera embaucher chez les uns et chez les autres. Seule interruption dans cette monotonie, un jour par semaine les mineurs viennent se distraire au bar avec les trois prostitués, et font leurs achats chez l’épicier qui a une fille charmante auquel Matthew aura du mal à ne pas succomber. En parallèle, nous suivons Lieder, un fou dangereux qui s’évadera de prison avec deux acolytes. Bien sûr, ils vont débarquer dans la tranquille bourgade et vont faire subir de subtils supplices aux habitants sous fond d’Amérique patriotique et raciste. Lieder se trouvera des points communs avec Matthew : la lecture, l’enfance meurtrie, le charisme. Il y a un côté James Ellroy, chez cet auteur : psychologie fouillée de personnages attachants avec un mélange d’humour et de cruauté. Le point fort nous fait se poser cette question : un homme serait-il différent s’il avait eu une enfance autre ? L’auteur, lui-même, est aussi un personnage : dans ce roman, il a pour nom de plume Trevanian dont le nom de naissance est Rodney William Whitaker Alias Beñat le Cagot, Jean-Paul Morin, Nicholas Seare. Et comme Gallmeister le note en 4ème de couverture : Trevanian est l’un des auteurs des plus mystérieux de ces dernières années. De lui, on sait peu de choses. Américain, il a vécu dans les Pyrénées basques et il est probablement mort en 2005.
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Incident à Twenty-Mile

Twenty-Miles. Petite ville ancrée en plein coeur des montagnes du Wyoming. 15 habitants à tout casser. Il ne s'y passe rien et c'est là que Matthew décide de poser ses affaires. Il grappille les p'tits jobs ici et là... et attends que le temps passe. Mais voilà que ce calme apparent sera chamboulé par 3 prisonniers évadés. La peur s'installe et le lâche plus... Un début un peu lent, mais on sait très rapidement que ce récit nous prendra mais ne nous lâchera plus. Une plume drôlement efficace, des personnages très bien construit avec beaucoup de secrets qui les habitent. Dernier roman de l'auteur, et c'est bien dommage, parce qu'il savait écrire !
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Incident à Twenty-Mile

La vie à twenty-Mile à un moment donné, en fait à l'arrivée d'un jeune homme "Matthew" dans ce village minier de quelques habitants avec son saloon, son épicerie, et quelques baraques en bois. L'auteur y décrit par l'intermédiaire de son héros la personnalité des individus atypiques qui ont atterri dans ce trou perdu jusqu'à l'arrivée d'un évènement inattendu qui risque de changer la vie de cette bourgade isolée et tranquille.

Intrigué par tant d'avis positifs, je me suis lancé dans la lecture de ce roman, mais j'ai du affronter des pages de dialogues fatigants. De plus le lecteur finit par deviner petit à petit l'épilogue de ce fait divers.

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Incident à Twenty-Mile

Twenty-Mile est le nom d'une petite ville minière, très certainement au bout de son déclin. Coincée à flanc de montagne au milieu du chemin de fer en cul de sac qui relie l'agglomération de Destiny à la mine d'argent du filon surprise, elle compte tout au plus une quinzaine d'habitants. Qui se morfondent toute la semaine en attendant que les mineurs redescendent pour un week end de frasques débordantes d'alcool et de sexe. Ce rythme immuable va être perturbé par la conjonction de trois événements : d'abord l'arrivée d'un jeune homme étrangement franc et serviable, armé d'une énorme pétoire antédiluvienne ; puis celle d'un terrible psychopathe juste évadé de prison en compagnie de deux tarés à peine humains ; enfin le déchainement des éléments naturels, qui viendra modifier pour toujours la géographie de l'endroit.



Rien ne prépare à ce que l'on va lire. Pas cette quatrième de couverture étrangement fade, qui s'achève sur un gentil slogan d'une banalité peu engageante, issu d'une critique de Newsweek. Et même une fois dedans, la mesure du chef d'œuvre que l'on a dans les mains n'apparaît pas tout de suite. Twenty-Mile est plein de choses à la fois : un drame humain hors norme ; un western crépusculaire et paroxystique ; une collection de personnages formidables, magnétiques, qui vous habitent encore des mois après avoir refermé le livre ; pour nous, français, une métaphore de l'Occupation, avec ses collaborateurs plus ou moins lâches et ses résistants de l'ombre ; à la fin, une mise en perspective vertigineuse, que je ne révèlerai pas, qui fait s'interroger sur le degré de manipulation prémédité par l'auteur ; et puis, en guise de scène finale, une promenade dans un cimetière qui vous étreint le cœur avec une intensité rare.



Twenty-Mile, c'est l'histoire d'un petit fils d'immigré serbe qui, à 17 ans, s'enfuit de chez lui après avoir assisté au tabassage à mort de sa mère par son père imprégné de whisky. C'est l'histoire d'un p'tit gars qui rêve d'être un justicier de l'ouest, tout comme Ringo Kid, ce héros de roman à deux sous prompt à sauver les femmes, les enfants et les faibles des griffes des prédateurs sans morale. C'est l'histoire d'un enfant trop sensible catapulté dans le monde des adultes de la façon la plus épouvantable qui soit. Un p'tit gars qui a trouvé, pour échapper à la violence extrême des hommes, un Autre Endroit où rien ni personne ne peut l'atteindre. On ne l'oubliera pas de sitôt, Matthew Dubcheck.



On imagine le film magnifique et écrasant que les frères Coen pourraient tirer d'une pareille matière... avec, au générique, le poignant Blue Mountain (1964) de Michael Hurley.



Traduction parfaite de Jacques Mailhos, qui se fait instantanément oublier.

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Incident à Twenty-Mile

Sans doute le meilleur roman de Trevanian que j'ai lu. Sans doute un des meilleurs que j'ai lu cette année aussi. Et pourtant, il y a sans doute mieux comme intrigue ou comme suspens, mais j'ai adoré. vraiment vraiment très bien!

Ce qui m'a bluffé, c'est également le fait que cet "incident à Twenty-Mile" soit basé sur des faits réels, comme l'explique Trevanian à la fin du roman. Et pour ça, il s'est très bien documenté, il a ainsi collecté de nombreuses informations sur plusieurs années! ça m'épate.
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Incident à Twenty-Mile

Entre roman noir et western, Trevanian a encore réussi à me transporter complètement dans son univers. D'ailleurs, il est difficile de poser le roman et de quitter ce petit hameau de Twenty Mile et ses personnages tous "haut en couleur", où au crépuscule du 19ème siècle violence physique et psychologique sont au paroxysme.

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Incident à Twenty-Mile

A travers la lutte entre les gentils et le méchant, c'est une Amérique gangrenée par le patriotisme et le racisme que dépeint Trevanian. Encore peu connu chez nous, il est un mythe outre-Atlantique.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Incident à Twenty-Mile

un western style Tarantino que ce livre ! Ça change et c'est prenant ! Chapeau
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Incident à Twenty-Mile

1898. Twenty-mile, Wyoming, est une de ces villes éphémères que la ruée vers l’argent a laissées derrière elle. Surgie du jour au lendemain en bordure de la voie de chemin de fer reliant la ville-champignon de Destiny au "Filon Surprise" -une mine perchée dans les hauteurs des Rocheuses- elle doit son nom au fait d’être "à 20 miles d’un endroit situé à 20 miles de là", ce qui en dit long sur son prestige. Le gérant de la mine s’est arrangé pour que les mineurs y descendent et s’y arrêtent le week-end pour leur cuite hebdomadaire et y trouver des filles, préférant éviter qu’ils aillent à Destiny où ils risqueraient de trouver un travail moins harassant. A l’instar de ses semblables érigées pour les besoins de la conquête de l’ouest, elle décline déjà, témoin moribond de la dévastation du milieu naturel au profit de la croissance économique. Les acteurs de cette conquête eux-mêmes -prospecteurs, aventuriers, colons- sont des "fins de race". Il faut dorénavant être marchand, banquier, courtier, vendeur.

"L’ouest c’est fini, on a tout bouffé.".



Ainsi Twenty-mile, "communauté de finis et de jamais commencés, de ratés, d’incasables", ne compte plus que quinze âmes occupant cinq bâtisses disséminées le long de son unique rue, qui représentent en même temps les points névralgiques de la bourgade, puisqu’on a là le "Grand Magasin de Kane", quincaillerie tenue par le discret Kane et sa fille la jolie Ruth Lilian ; le salon de coiffure où le Professeur Murphy peut aussi vous tailler la barbe ; l’Hôtel des voyageurs de Delanny, en réalité hôtel de passe où officient une minuscule chinoise, une noire défigurée et une vieille aguerrie, ce au grand dam de la famille Bjorkvist, propriétaire du seul "véritable" hôtel de la ville, clan remarquable par l’ampleur de son avarice, de sa bêtise et de sa méchanceté. Cette éclectique galerie est complétée de B. J. Stone, lecteur insatiable professant des idées bien arrêtées sur la politique, et exprimant une inextinguible haine de l’impérialisme, qui vit en compagnie de Coots, son serviteur noir. Quoiqu’à observer ces deux-là, difficile de savoir qui est le serviteur de qui…



L’arrivée de nouvelles têtes dans ce microcosme va faire de Twenty-mile le théâtre d’événements dignes du plus sanglant et du plus épique des westerns.



Matthew y débarque d’abord. Malin, menteur comme un arracheur de dents mais aussi attendrissant et travailleur, il tisse sa place, s’insère dans les bonnes grâces des habitants en se rendant indispensable et en suscitant la pitié par son statut d’orphelin. Un beau personnage qu’anime là Trevanian, à la fois naïf et torturé, gentil et rusé, bref bien plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord.



C’est l’arrivée de trois autres quidams fort moins sympathiques qui fait dégénérer la situation. Lieder, malfrat roué, d’une violence froide et sans limites, "distillat de pur mal à deux cents degrés", s’est échappé de la prison de Laramie en compagnie de deux brutes décérébrées. Le hasard les ayant mené à Twenty-mile, ils fomentent un plan pour s’emparer de la recette de la mine, soumettant l’ensemble des citoyens à leur cruelle férule.



Ce roman est un REGAL ! La mécanique dramatique se met en place avec une tension croissante qui tient certes le lecteur en haleine, mais son principal intérêt est ailleurs. Il est dans l’habileté avec laquelle l’auteur, en quelques coups de plumes, fait de chacun de ses héros, même les secondaires, des personnages marquants et singuliers, mais aussi dans sa capacité à les complexifier au fil de l’intrigue, et à tisser un réseau d’interactions les liant les uns aux autres de manière parfois surprenante. Et il est, surtout, dans sa tonalité et son écriture : "Incident à Twenty-mile" est aussi sanglant que drôle, aussi profond que distrayant, et on se délecte sans lassitude de la verve qu’y instille sa langue crue et gouailleuse, cette "parlure de l’Ouest" riche d’expressions détonantes ("ma mère en pisserait du barbelé" !). Une vision sombre et acérée du rêve américain, de ses limites et des prémisses de sa chute, transfigurée par la farce, que la postface rend d’autant plus savoureuse (mais je vous laisse découvrir pourquoi). Brillant.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Incident à Twenty-Mile

Alors évidemment, si vous avez déjà vu un western, vous savez déjà qu'il ne se passe pas grand chose dans ce genre d'endroit déserté, enseveli sous la crasse terreuse et la poussière du temps qui passe, où la seule occupation des gens est de boire beaucoup, manger un peu, dormir de temps en temps, lustrer la pétoire et peloter les filles du saloon qui sont un peu moches mais qui sont les seules filles du village. Ce qui fait sortir celui-ci du lot, mis à part l'aspect littéraire plus poussé - et il faut avouer que c'est tellement mieux écrit qu'un scénario du dimanche soir sans Henry Fonda dedans - c'est évidemment le caractère atypique et grotesque des deux principaux personnages qui se veulent les enfants brisés de l'Histoire.



Vous n'échapperez pas au duel de mise à mort sous la foudre terrifiante, au whisky qui tue les mouches et aux charmantes demoiselles à sauver. Donc si votre rêve de toujours, c'est de porter l'éperon comme Clint Eastwood, je vous conseille de vous allier au Ringo Kid sans trop attendre pour empêcher l'espèce humaine de se voir dégrader encore plus qu'elle ne l'est déjà. Oh, n'ayez pas peur, c'est du Gallmeister, ils savent ce qu'ils font.



(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Incident à Twenty-Mile

Whaou le chouette western que voilà !

Un vrai régal !



Dans la marmite bouillonnante du sieur Trevanian (qui apparemment n'est même pas un habitué du genre !), que des ingrédients de premier choix !

On a la petite bourgade poussiéreuse perdue dans les montagnes du Wyoming, la mine d'argent bientôt décrépite, le justicier mystérieux et son énorme fusil, le gros méchant vraiment méchant, la jeune vierge innocente, le saloon-hotel-tripot-bordel et ses prostituées au grand coeur, le détestable homme d'église (brillamment interperté ici par le révérend Hibbard, qui "à lui seul suffit à te faire regretter que l'arche de Noé ait pas coulé corps et biens !") et toute la galerie de personnages forts en gueule qu'on s'attend forcément à trouver dans un patelin de cet acabit : en bref il ne manque rien !

Tout ça mijote à parfaite température pendant 350 pages, l'impayable écrivain-cuistot ajoute ici une pincée d'ironie mordante, là une bonne louche de fusillades pétaradantes, il touille il touille, jongle habilement avec tous les codes du western ... et le résultat est absolument savoureux !



Et pourtant c'était pas gagné !

Faut dire qu'a priori, Twenty-Mile ne fait pas rêver...

Pour s'en convaincre, suffit d'écouter le bon B.J. Stone, ex-instituteur et doyen de la petite communauté : « la ville est moribonde. Ses habitants sont la lie de l'humanité : les paresseux, les poissards, les perdants, les perdus, les piteux, les péteux, les petits. Et là, je te fais que les P, nom de Dieu ! ».

The place NOT to be, quoi.



Eh ben contrairement à toute attente, ça le fait !

Ça le fait grave, même !

Oh qu'il fut bon d'arpenter "main street" sous un soleil de plomb, de palper l'atmosphère délétère qui règne dans ce bled en déclin, de renifler cette bonne odeur de poudre, de sentir la tempête se lever au loin, d'assister tremblant à l'arrivée en ville du vilain Lieder (j'avais rarement croisé un dingue aussi dingue !) et de ses tristes acolytes, et de voir enfin la résistance s'organiser jusqu'au règlement de compte final !



Et quel panard, surtout, de lire les mots fleuris que l'auteur met dans la bouche de ses personnages ! Les dialogues, nombreux et pleins d'humour, sont sans conteste l'un des gros points forts de ce roman (dont Sergio Leone ou Quentin Tarentino, par exemple, n'auraient sans doute rien trouvé à redire).



En fin d'ouvrage, Trevanian avoue s'être inspiré des mémoires d'un vieil épicier rencontré au hasard d'un vagabondage sur le flanc nord des Medicine Bow Mountains.

L'écrivain lui adresse les remerciements suivants, auxquels on ne peut que souscrire : "je lui suis reconnaissant d'avoir retranscrit les paroles des anciens verbatim, capturant ainsi les idiomes goûteux et les métaphores épaisses qui donnaient à la parlure de l'Ouest son inimitable piment avant qu'elle ne meure sous les coups de boutoir de l'anémique homogénéisation télévisuelle de notre culture."

J'aurais pas dit mieux.



Si t'es comme moi, ami lecteur, si t'aimes les bons, les brutes et les truands, les portraits un peu grand-guignolesques et les aventures trépidantes du grand Ouest (où affleurent quand même par moment des thématiques plus larges : étiolement du rêve américain, fin d'un certain âge d'or, replis identitaires et dérives du patriotisme à outrance), alors charge ton colt et remonte donc à ton tour la vieille voie ferrée jusqu'à Twenty-Mile, pour voir ce qu'il en reste.

Crois moi, tu ne seras pas déçu du voyage !
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Incident à Twenty-Mile

Je découvre enfin Trevanian avec ce roman western plutôt explosif ! Si la première partie est plutôt calme, on découvre Twenty Miles et ses quinze habitants au côté de Matthew, jeune homme hyper attachant, qui vient d'arriver. Dans la deuxième partie, la tension monte crescendo lorsque Lieder et ses deux acolytes, échappés de prison, débarquent dans la petite ville. Un huit-clos commence pour les habitants, livrés au bon vouloir de ces anciens détenus alors qu'une tempête arrive. Lieber est un sacré personnage, il me faisait un peu penser à Negan de Walking Dead. On ne sais jamais ce qu'il va se passer, qui va mourir et les surprises et rebondissements s'enchainent, jusqu'à la dernière page, nous laissant le souffle court, la gorge un peu nouée. Le genre de récit qui reste en tête un petit moment. Une réussite !

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Incident à Twenty-Mile

J'adore Trevanian quand il écrit Le main ou Shibumi ou même L'été de Katia. Là j'ai eu du mal et j'ai même renoncé. Peut-être parce que le western est pour moi plus un genre cinématographique que littéraire (je sais que les Américains ne seront pas tous d'accord).
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Incident à Twenty-Mile

Trevanian m'a séduit lors de chacune des lectures de romans, Shibumi étant celui que j'affectionne particulièrement.

Cet Incident à Twenty-Mile est du pur Trevanian, mais en même temps non, car il s'attaque au western, registre inconnu pour lui. Ce livre pourrait procurer un scénario de rêve à Quentin Tarantino, coquetteries de montage y compris. Trevanian a écrit ce livre comme QT réalise ses films. Jouissif.

Avec ce livre, il répond à tous les critères du western classique. L'histoire se déroule dans le Wyoming en 1898, à Twenty-Mile qui n'est même pas une ville, mais un petit bourg, lui aussi répondant aux poncifs du western : boue, boules de poussière, bâtiments en rondins. On y trouve aussi les personnages type qu'on retrouve toujours dans cet environnement. Le tenancier de l'hôtel et ses trois filles de joie au grand cœur mais inéluctablement sur le retour. Le patron pingre et bourge de la « grocery » et sa famille, plus quelques autres. Tout ce petit monde n'est pas épargné par Trevanian, il les soumet volontiers à l'humiliation et la mise à nu de leurs petite vie de fesse-mathieu. Ajoutons-y l'arrivée d'un jeune gars, Matthew, porteur d'un lourd secret familial et en quête de rédemption. Il s'impose auprès des habitants en se rendant utile. Il finira par devenir leur Pygmalion.

La petite bourgade vit grâce aux mineurs qui une fois l'an, descendent à Twenty-Mile pour se remplir la pense de bourbon et de ripailles et pour se vider aussi les roubignoles.

Arrive le grand méchant en le personne de Lieder, hors la loi évadé, avec ses deux sbires. Il n'est pas tendre et d'emblée, on comprend que c'est LE personnage du livre. Ce psychopate est à la fois dingue et philosophe, Monsieur a des principes et malmène copieusement cette petite communauté en s'y reférant. Ses monologues sont un régal pour le lecteur, c'est là que cela devient du Tarantino pur jus. Ce Lieder est également un adepte de fake news, théories du complot et sa vision du monde est digne d'un aficionados de Mr Trump, version attaque du Capitole

Je ne spoilerai pas la fin, rassurez-vous.

Ce sont les personnages qui portent cette histoire et ce, de façon bluffante.Je ne dirai pas que Trevanian les a ciselés, c'est plutôt brut de décoffrage, souvent « larger than life »...

Comme souvent avec Trevanian, on passe un très bon moment. C'est même un régal. En toute fin du livre, après le récit lui-même, Trevanian explique en détail la documentation qui a servi à son écriture et on est surpris d'apprendre que tout cela était une histoire vraie.

Je suis content que ce quatrième Trevanian lu me maintient sous le charme de cet auteur sans prétention. Ces auteurs-là sont indispensables à la littérature afin de leur donner le recul, le second degré nécessaire, la mise en perspective qui donne du sens à nos parcours de lecteur.
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