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Critiques de Ahmadou Kourouma (217)
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En attendant le vote des bêtes sauvages

Avec force humour et ironie l'auteur se livre à une sévère critique des régimes d'Afrique Equatoriale francophone de la seconde moitié du 20e siècle et de leurs soutiens.



Si le personnage principal est inspiré du dictateur togolais Gnassingbé Eyadema, on y croise aussi longuement les avatars des "légendaires" satrapes Félix, Joseph-Désiré, Jean-Bedel ou Hassan qui, sous couverts d'anticommunisme, ont profité de la mansuétude des pays occidentaux pour piller leurs pays et asservir leurs peuples. La fin de la Guerre Froide, en leur ôtant leur alibi, entraînera leurs chutes en cascade.



Un roman très dense qui traite avec talent et un ton corrosif d'un sujet difficile.
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En attendant le vote des bêtes sauvages

"En attendant le vote des bêtes sauvages" est un très grand roman au sujet du postcolonialsime d'un auteur qui connaissait vraiment bien le sujet. Né en Côte d'Ivoire, Kourama a vécu à différents moments au Togo, au Cameroun, et en Algérie. Pendant la guerre d'Indochine il a servi dans l'armée française. La grande qualité du roman ne vient pas du fait qu'il critique le colonialisme francais et les régimes qui l'ont suivi; le point fort est plutôt la richesse des détails avec lesquels Kourama explique les dérapages.

En plus, "En attendant le vote des bêtes sauvages" est très bien écrit et richement comique. Tantôt avec son protagoniste-dictateur il fait penser à "l'Automne de patriarche" de Gabriel Marquez; tantôt avec son périple fou à travers l'histoire de l'Afrique française, il fait penser à "Candide" de Voltaire. Cependant, même dans les passages les comiques et les plus fantaisistes le narrative est toujours bien ancré dans la réalité.

L'argument est très simple. Le régime colonial a fait énormément du mal parce qu'il exploitait les africaines économiquement et parce qu'il recourait à des expédients au lieu de créer des institutions solide. Finalement les francais ont très mal choisi les chefs qu'ils ont installé quand ils sont partis pendant les années 1950. La première génération des dictateurs avaient fait des études en France mais ils n'avaient pas d'expérience dans la gestion d'état et en plus ils n'avaient pas d'alliés chez les chefs traditionnels de tribus traditionnels.

La deuxième génération de dictateurs qui renversait les premiers dictateurs venaient des couches les plus primitives de la société africaine. Koyaga le protagoniste du roman est issue d'un tribut que l'auteur qualifie d "paléonigritiques" et emploie les mêmes méthodes d'un chef fétichiste. Pourtant, à sa manière Koyaga est très compétent. Doué d'un grand charisme il réussit à recruter des acolytes, sycophantes et idéologues en plus de forger des alliances avec les chefs traditionnelles. Malheureusement, Koyaga n'a pas les aptitudes qui lui permettrait de survivre à ce qui va arriver à la fin du vingtième siècle. L'économie du son pays qui est basé sur l'exportation des produits agricoles tombe en ruines quand les prix agricoles. Parce que la Guerre froide s'est terminé Koyaga ne peut plus obtenir de l'aide financier en jouant les Américains contre les Russes. Son régime tombe.

De nos jours on enseigne "En attendant le vote des bêtes sauvages" aux universités et on a besoin d'une édition étudiante avec des dossiers qui expliquent l'histoire et la décrivent les ethnies de la région. L'édition que j'ai lue n'avait rien pour aider le lecteur nord-américain avec un texte qui décrivent une société qui lui est profondément étranger.

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Allah n'est pas obligé

Un court roman écrit à la première personne où un enfant soldat raconte son enfance et ses débuts avec des armes dans les mains. Le jeune narrateur Birahima utilise plusieurs dictionnaires pour préciser sa pensée et raconter sans détour tout ce qu'il lui arrive. Il cherche à retrouver sa tante après la mort de sa mère et c'est là qu'il finit par être enrôlé par un chef de guerre, dans un enfer qui lui est inconnu et qu'il décrit dans ce roman. Il y rencontre des adultes corrompus et d'autres enfants soldats qui ont un parcours aussi difficile et une vie qui ne vaut rien pour leurs chefs. Dans ce court roman percutant, Ahmadou Kourouma retranscrit très bien le quotidien d'un enfant soldat sans oublier le contexte politique du pays traversé, comme le Libéria par exemple. La corruption, l'argent et la quête de pouvoir ne gravitent jamais bien loin de Birahima. Le monde des adultes est prêt à tout pour ça, que ce soit les dictateurs en place ou les bandits les plus réputés.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Allah n'est pas obligé

Allah n'est pas obligé est un témoignage cru sur la violence qui a ensanglanté le Liberia et la Sierra Leone dans les années 1990. Le conteur est un enfant-soldat, et heureux de l'être, et l'essentiel du récit sonne vrai. Les massacres au hasard, les conflits ethniques, les retournements d'alliance, l'enfant se retrouve à combattre dans plusieurs camps en fonction des rencontres qu'il fait et des menaces qu'il reçoit. On voit bien que les personnages ne font pas de politique, n'ont pas d'idéologie, il essaient juste d'être dans le camp de ceux qui vont survivre. "Si l'on s'empare d'une mitraillette, c'est avant tout pour manger" disait Ryszard Kapuscinski dans Ebène.

Les conflits du Liberia et de la Sierra Leone se sont achevés à la fin des années 1990, malheureusement ils ont laissé la place à la République Démocratique du Congo où depuis 20 ans, la situation est exactement celle que décrit l'auteur. Même terreur, mêmes massacres, juste à plus grande échelle. C'est la malédiction des pierres précieuses, car ce sont elles qui attirent les convoitises, déchainent la violence et financent les conflits.



Par contre il est difficile de croire qu'un enfant ait envie d'être soldat. La réalité est encore plus cruelle que ce que raconte ce livre, et les enfants-soldats ont tous été tabassés pour leur inculquer la discipline et leur enlever toute velléité de pitié. Sur ce point le récit ne me parait pas très réaliste.



Quant au style, on remarque que l'auteur arrive à mettre de l'humour dans une histoire d'une cruauté sans limite. Par contre l'ajout d'innombrables définitions entre parenthèses, les répétitions, ainsi que le fait de terminer chaque chapitre par une grossièreté, rendent la lecture pénible. Dommage, ce livre ne méritait pas ça.
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Allah n'est pas obligé

Allah n’est pas obligé, disait sa grand-mère. Pas obligé d’exaucer toutes les prières des croyants prosternés. Birahima, le narrateur, en fait l’apprentissage de dure façon dans sa quête d’un avenir meilleur représenté par sa tante vivant au Libéria. À travers les guerres tribales des pays d’Afrique de l’Ouest, Birahima, accompagné d’un féticheur musulman, traversera de dangereuses frontières en tant qu’enfant-soldat, seule manière pour un orphelin de manger à sa faim, épousant toutes les causes à sa portée pourvu qu’elles le mènent à son but. « Et quand on n’a plus personne sur terre, ni père ni mère ni frère ni sœur, et qu’on est petit, un petit mignon dans son pays foutu et barbare où tout le monde s’égorge, que fait-on? »

Au début, on ne sait trop à qui s’adresse son bla-bla, comme il dit. On sent une grande lassitude chez lui mais sitôt qu’il a commencé, il ne peut plus s’arrêter. Il raconte ses aventures « (…) avec les mots savants français de français, toubab, colon, colonialiste et raciste, les gros mots d’africain noir, nègre, sauvage, et les mots de nègre salopard de pidgin. » Un enfant devenu trop tôt un homme, assistant et participant aux pires exactions guerrières, drogué au haschich pour mieux tuer de sang-froid, dans un monde environné de superstitions et de fétichismes dans lequel la pitié et la compassion sont inexistantes.

Un roman-choc que je ne suis pas près d’oublier. Une descente en apnée dans les profondeurs de la noirceur humaine.





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Allah n'est pas obligé

...pas possible pour moi.

Le "parler/écrit" comme s'il s'agissait d'un enfant j'ai du mal.

Beaucoup trop de répétitions dans la narration, beaucoup trop de parenthèses qui se répètent.

Au final j'ai tenu 15 pages, un peu déçu tout de même car le sujet m'intéressait et s’annonçait prometteur.
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Allah n'est pas obligé

Lecture particulière qui ne peut laisser indifférent, tant sur l'histoire contée que sur le style.

Sur la forme, comme beaucoup d'autres lecteurs, j'ai beaucoup apprécié l'originalité de l'écriture. J'ai été assez vite lassé cependant par les répétitions et les définitions permanentes qui ne me semblent pas apporter grand'chose.

Sur le fond, quelle histoire ! c'en est glaçant, tant le petit garçon raconte son quotidien sanguinaire avec détachement. Sur la dernière partie, le livre survole l'histoire du Libéria et de la Sierra Léone, c'est dense, trop dense peut-être (le recours à Wikipédia m'a été nécessaire !)
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En attendant le vote des bêtes sauvages

Désolé mais je n'ai pas pu lire ce livre. Certes il dénonce tous les malheurs de l'Afrique, qu'ils soient dûs à la colonisation ou à l'incurie de certains dirigeants.

L'auteur essaie de nous faire croire que tout est de la faute des ex-colonisateurs, un peu trop à mon goût. Certes les colons ont été cruels, certes ils ont placé des pantins au pouvoir pour continuer à tirer les ficelles, mais tous les despotes ne sont pas des créatures de l'occident. Idi Amin Dada ou Samuel Doe ont fait partie des pires et n'avaient pas été installé par les européens.

De plus, je n'ai pas aimé le style, un récit écrit, tel qu'il serait raconté par un griot, n'est pas du tout agréable à lire. J'ai insisté, mais j'ai craqué avant la moitié.
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Les Soleils des indépendances

Ahmadou Kourouma est né dans une famille princière musulmane de l'ethnie malinké (appelée mandingue ou encore dioula). Ce livre fait en quelque sorte écho à la vie de son grand-père.



Fama est un prince déchu de Togobala et du Horodougou, descendant de Souleymane Doumbouya. Il est le dernier de sa lignée, hélas sans descendance mâle.

Sous la colonisation, il était prospère et vivait du commerce, mais depuis l'indépendance de La Côte des Ebènes (Côte d’Ivoire), il a tout perdu. Il a aussi perdu son rang. Dorénavant le pouvoir politique est aux mains du comité et du parti unique.



Fama vivote en ville. Lorsque au village, son cousin Lacina, chef coutumier, meurt, c'est à lui que revient le royaume. Il s'y rend et découvre que celui-ci est en faillite. Les funérailles durant 40 jours, le lecteur a le temps de faire connaissance avec les anciens, le féticheur et le griot. Fama hérite aussi de la belle Myriam, épouse de son cousin.



De retour en ville, Salimata son épouse, n'approuve pas du tout. Elle a toujours travaillé dur pour nourrir son "prince". Le lecteur découvre le destin bouleversant de cette femme, qui comme beaucoup de femmes africaines a subi l'excision, ce qui explique peut-être son infertilité. Finalement Fama décide de retourner dans son village natal ... mais ...



Le roman satire écrit en français, est raconté à la manière africaine et l'auteur cite avec humour de nombreux proverbes. Deux portraits, deux destins tragiques : Fama et Salimata sont tous les deux victimes des coutumes.



Une réflexion profonde sur les traditions africaines et la fin des illusions concernant l'indépendance et le nouveau pouvoir politique.
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Allah n'est pas obligé

C'est à hauteur d'un enfant, un petit gars, Birahima, ni plus ni moins qu'un gamin que l'on va découvrir une face bien sombre de l'histoire récente de l'Afrique de l'Ouest.



Birahima dont la mère vient de décéder doit partir avec sa tante pour le Libéria. Celle-ci ayant du s'enfuir, à charge pour cet enfant de la retrouver, c'est avec un féticheur Yacouba, qu'il part pour traverser des pays qui ne vivent qu'au son des Kallach. Ce gamin pour survivre va se retrouver enfant-soldat.



Le style est un peu surprenant au départ mais finalement colle parfaitement au héros, il permet quelques apartés joliment politiques sans avoir l'air d'en faire.



J'ajoute que pour ma part, les proverbes et expressions africaines m'ont réjouie , j'aime ce français parfaitement français mais différent qui habite la francophonie.



Un roman dérangeant.



On a un peu oublié aujourd'hui, ces enfants soldats aux regards troubles portant des kallachs quasiment plus grandes qu'eux, que sont-ils devenus c'est ce que je me demande après la lecture de ce livre.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Allah n'est pas obligé

On peut être décontenancé quand on commence la lecture de ce livre, le narrateur étant le jeune Birahima, un enfant des rues, le style est oralisé.

L'enfant vit dans un village de Côte d'Ivoire et a une dizaine d'années lorsque sa mère décède. On lui conseille donc de rejoindre sa tante qui vit au Libéria. Le voilà à pied, sur la route, en compagnie de Yacouba, un féticheur musulman multiplicateur de billets. A travers ce périple qui les emmènent au Liberia et en Sierra Léone, ils vont découvrir la guerre africaine, celle des enfants soldats qu'on drogue et qu'on saoule pour les envoyer au combat protéger par des gris-gris, celle des seigneurs de guerre, corrompus et sanguinaires, qui se servent de la guérilla pour s'enrichir, celle des puissances étrangères qui placent leurs pions sur l'échiquier africain afin d'exploiter les ressources du continent.

Avec un humour enfantin, Birahima nous livre une face terrible de l'histoire de l'Afrique de l'ouest, notamment en Sierra Léone et au Libéria. le lecteur est abasourdi par tant de bêtises débouchant sur tant de cruautés.

Le livre ne dresse pas un portrait sombre de l'Afrique mais est, en réalité, plein d'espoir, car bien sûr, Birahima se sort de toutes situations et en retire une expérience teintée d'optimisme.

Bien que ce roman ait été publié en 2000, son message reste tout à fait d'actualité et doit nous faire réfléchir au prix que notre bien-être et notre modernité occidentale fait payer à l'Afrique.
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En attendant le vote des bêtes sauvages

Dans le fond, c’est un roman très intéressant ne serait-ce que pour l'aspect historique qu’il met en lumière. On voyage dans des contrées africaines, on découvre des mœurs peu connues (même pour quelqu'un ayant grandi en Afrique de l'ouest) et la place de la magie dans tous ces destins croisés est fascinante.

Mais dans la forme.... c’est dur à lire. Personnellement j’ai trouvé le style très lourd, ça m’a souvent fait décrocher et a un peu atténué mon plaisir de lire.
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Les Soleils des indépendances

Ayant beaucoup entendu parler d'Ahmadou Kourouma, j'avais un très bon a priori avant de commencer la lecture Les Soleils des indépendances...Qui ne m'a malheureusement pas emportée et que j'ai terminé avec une pointe de déception.



Les atermoiements incessants des personnages entre le destin qui leur est dû et leur triste réalité finit par être pesant, et si le roman présente de nombreuses critiques sous-jacentes de l'hypocrisie indépendance et de la place de la femme dans la société qui auraient pu m'intéresser, cela n'a pas suffi à me convaincre...Peut-être qu'à force de lire de la littérature francophone d'Afrique noire, je me fais plus regardante et moins facilement séduite !



Un classique ivoirien qui m'aura déçue, mais qui ne m'empêchera probablement pas de revenir à cet auteur à la biographie riche et intéressante.
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En attendant le vote des bêtes sauvages

Comment devient-on le dictateur d'un pays ayant accédé récemment à l'indépendance ? Comment se maintenir au pouvoir ? Quelles relations a-t-on avec l'ancienne puissance colonisatrice ? Voilà le propos de l'auteur dans cette chronique historique à l'humour qui fait mal, sans pitié pour les siens et l'entreprise de colonisation, tableau acéré de la société africaine post-coloniale. Le livre a été écrit en 1998 mais reste actuel par bien des aspects. Bien qu'ils ne soient pas cités on reconnaît au passage les dictateurs Mobutu, l'Empereur auto-proclamé Bokassa et d'autres. Quant au dictateur sujet du livre, quelques indices semés ça et là permettront au lecteur curieux de lui mettre un nom : il s'agit de Gnassingbé Eyadema, qui dirigea d'une main de fer sanglante le Togo de 1967 à 2005, avant de transmettre le pouvoir à son fils.

Malgré une tendance à la répétition, voilà un livre passionnant qui nous pose à nous Français, une question fondamentale : pourquoi ces pays sont-ils ainsi tombés dans les ténèbres de la dictature après quasiment un siècle d'une colonisation sensée leur avoir apporté les « valeurs occidentales », dont la démocratie ? La réponse est évidente : la colonisation est une abjection.
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Les Soleils des indépendances

J'ai passé un excellent moment de lecture. Kourouma nous plonge tout de suite dans les superbes paysages de l'Afrique de l'Ouest: on navigue entre la ville, devenue synonyme d'avarice et de déchéance, et la campagne, plus noble mais aussi plus démunie. L'histoire de Fama, Salimata et les autres ne laissent indifférent. Kourouma nous fait découvrir les coutumes du peuple Malinké mais ne manque pas de se montrer critique à l'égard de certaines pratiques. Ce roman est aussi une satire de l'ascension de dictateurs à travers l'Afrique à l'issue des luttes pour l'indépendence. A ne pas manquer!
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Quand on refuse on dit non

C'est avec plaisir que j'ai retrouvé Birahima, l'enfant-soldat qui a combattu en Sierra Leone et au Liberia. (roman : Allah n'est pas obligé).



Tout juste rentré en Côte d'Ivoire, il constate que son pays connait lui aussi des tensions tribales. Il fuit vers le nord et s'improvise garde du corps de Fanta, une jeune étudiante dont le père vient d'être assassiné.

C'est un roman choral, Fanta raconte l'histoire de la Côte d'Ivoire (le lecteur en profite aussi) et Birahima résume à sa manière (ce qui amuse beaucoup le lecteur).

Hélas, Ahmadou Kourouma (1927-2003) n'aura pas le temps de finir son livre ...



Un livre instructif et bien écrit.
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Monnè, outrages et défis

J'ai retrouvé avec grand plaisir Ahmadou Kourouma - écrivain ivoirien 1927-2003 - dont j'avais lu Les soleils des Indépendances et En Attendant le vote des bêtes sauvages que j'avais appréciés. 



Monné, Outrages et défis raconte le règne du roi Djigui Keita, roi de Soba 



Djigui n’était pas seulement façonné avec de la bonne argile, il était aussi franc, charitable et matineux. Des

qualités qui ne trahissent jamais ! Les matineux voient tôt et loin ; Djigui avait aperçu ce qui se passait sur les

marches du royaume. Les francs entendent juste et clair ; Djigui avait perçu, par-dessus les dithyrambes des

griots, les râles lointains de certains peuples imprudents. Les charitables pressentent vite et fort ; Djigui avait présumé que sa vie serait une destinée de monnè. Il décida de s’y préparer. Par la prière, les sacrifices et la miséricorde, par le courage et l’inhumanité à l’endroit des méchants.



Djigui, chanté par son griot, a régné des décennies , de l'arrivée des Français quand au début de son règne il a accueilli un messager qui lui annonçait



-Pendant huit soleils et soirs j'ai voyagé pour vous annoncer que les Toubabs de Fadarba descendent vers le sud



Faidherbe (Fadarba) gouverna le Sénégal de 1845 à 1865



Djigui vit donc son royaume colonisé, puis   ses sujets enrôlés dans la première guerre mondiale, la seconde, et les "saisons d'amertume" de l'Afrique de l'Ouest pétainiste. Il dut se soumettre à l'autorité du gouverneur français mais sut maintenir son rang avec les "visites du Vendredi"en grande pompe, à cheval, accompagné du griot et de ses courtisans. Séduit par l'idée de l'arrivée à Soba



le gouverneur a ajouté à cet honneur celui, incommensurable de tirer le rail jusqu'à Soba pour vous offrir la plus gigantesque des choses qui se déplacent sur terre : un train, un train à vous et à votre peuple.



Retranché dans son palais, sa mosquée, entouré de sa cour et de ses nombreuses épouses il assiste à la "civilisation" de son pays de Soba.



L’interprète rassura tout le monde en expliquant que civiliser ne signifie pas christianiser. La civilisation, c’est gagner de l’argent des Blancs. Le grand dessein de la colonisation est de faire gagner de l’argent à tous les

indigènes.  L’ère qui commence sera celle de l’argent.



[...]



Les bienheureux seront les indigènes qui après le paiement de l’impôt de capitation auront de l’argent de reste pour se procurer du confort ! Ils pourront se civiliser en achetant au comptoir : des miroirs, parapluies, aiguilles, mouchoirs de tête, plats émaillés et des chéchias rouges avec des pompons, plus belles que celles des tirailleurs.



[...]

Les travaux forcés étaient la deuxième besogne qui permettait aux Noirs d’entrer dans la civilisation.



Des années d'outrages, d'humiliations qui se disent monné en malinké, de travaux forcés de pillages . Djigui vit aussi arriver les islamistes aux "chapelets à 11 grains"



Après les années d'amertume pétainistes, vient De Gaulle, et les communistes. Soba voit arriver un commandant progressiste. les travaux forcés sont abolis:



Pour ne rien céder et s’accorder le temps de reconstituer ses forces et les moyens de tout refuser, le général de

Gaulle biaisait, promettait et trompait tout le monde, ses alliés et ses indigènes. Il proclamait que vous, Nègres, Arabes et Annamites, étiez des Français à part entière comme les Toubabs, que vos pays étaient le sol français ; prétendait et expliquait que si des conquêtes se partagent ou s’abandonnent aux séditieux, jamais ne se cèdent les terres des aïeux.



[...]





Aucune des libérations n’égalera plus dans notre histoire celle de la suppression des travaux forcés. C’est une libération que nous avons tout de suite vue et vécue  et qui fut bien plus authentique que les nombreux coups d’État des partis uniques et les pronunciamientos qui viendraient plus tard et que nous serions obligés de danser et de chanter pour les faire exister.



Arrive la fin du règne de Djigui, maintenant centenaire, mais à l'écart de la vie politique. Ses deux fils se mettent au service de deux partis différents : l'un réclamant l'indépendance, l'autre s'appuyant sur les colons. La route est encore longue jusqu'à l'indépendance et encore plus vers la démocratie : la critique contre les "partis uniques" est récurrente. 



Une belle et longue épopée, mention spéciale à la figure de Moussokoro, figure féminine marquante. 
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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En attendant le vote des bêtes sauvages

Imaginez un continent qui a été découpé grossièrement, partagé, occupé et dominé, dont on a envoyé les hommes faire la guerre pour des intérêts qui ne les concernent même pas, puis décolonisé sans pour autant avoir été complètement libéré: une poignée d'hommes, présents sur les cinq continents - dont l'Afrique - continuent à tirer les ficelles des dictatures qui y ont été mises en place car tous y trouvent un intérêt: économique, diplomatique, stratégique, politique...

Koyaga (alias Gnassingbé Eyadema) arrive au pouvoir après avoir fait tuer ceux avec qui il le partageait. Commence alors son initiation auprès des souverains des pays voisins, chacun s'évertuant, en l'accueillant dans leur palais, à lui expliquer les règles et tactiques du bon dictateur, avant que ne commence enfin son propre règne despotique.

Dans la langue vivante et impertinente qui lui est propre, Kourouma nous fait faire le tour de l'Afrique de l'Ouest et du Nord et nous raconte, avec verve, les personnalités de personnages haut en couleur tels que Mobutu, le roi Hassan II ou encore Houphouët-Boigny, dictateurs tout droit sortis de nos livres d'Histoire alors sans reliefs.

Il faut déjà porter un certain intérêt à l'Histoire africaine contemporaine pour s'engager dans ce roman plein de références, même s'il prend souvent des allures de contes africains, ce qui lui donne des airs de réalisme magique que j'ai adoré, tout comme les expressions africaines très imagées dont il parsème le roman, découpé en veillées contées, selon la tradition orale.

Il a fallu que je m'accroche parfois et que je vérifie certains faits, mais j'ai été, en général, happée par cette lecture. C'est drôle, féroce comme ces dictateurs eux bien réels, impertinent et touché de sorcellerie. Quel grand écrivain que ce Kourouma! Prochain sur ma liste: Monnè, outrages et défis, mais aussi une très grande envie de vraiment consacrer plus de temps à la littérature africaine contemporaine.
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Allah n'est pas obligé

Allah n'est pas obligé est mon préféré de A. Kourouma.



J'ai vraiment adoré Birahima. Pourtant, l'histoire n'est pas tendre. Ce jeune garçon est pris dans la guerre. Enfant soldat, il va commettre des atrocités, sans prendre la mesure de la gravité de ses actes.



A lire. Mais à mettre dans des mains averties. Fin de collège? Début du lycée.
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Allah n'est pas obligé

le mois passé, j’avais lu Le soleil des indépendance d’Ahmadou Kourouma qui m’a laissé froid.



Là je me suis donc laissé « une chance » avec cet auteur Ivoirien et son oeuvre « Allah n’est pas obligé » que j’ai A-DO-RÉ! Un coup de coeur.



Voici le ton donné:



« Chez les nègres noirs africains indigènes, quand tu as fâché ta maman et si elle est morte avec cette colère dans son coeur elle te maudit, tu as la malédiction. »

(…)

C’était trop tard. Un pet sorti des fesses ne se rattrape jamais »
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