Que se passe-t-il en ce moment ? Alors que dans toute ma carrière de lectrice, les abandons de lectures doivent se compter sur les dix doigts, voilà que cette semaine, j'en suis à deux livres stoppés par manque d'intérêt... Mauvais choix de départ ou prise de conscience (tardive !) que la vie est trop courte pour s'ennuyer dans un roman alors que tant d'autres m' attendent ?
Avec le soleil, j'ai envie d'Afrique et ce désir avait été pleinement comblé avec "La saison de l'ombre" de Leonora Milano. Attirée par tous les prix reçus par "Allah n'est pas obligé", je pensais poursuivre ma découverte du continent africain. L'histoire de ce jeune orphelin parti au Liberia à la recherche de sa tante et enrôlé comme enfant-soldat aurait pu être émouvante. Mêlant cynisme et humour, Birahima nous conte les atrocités de son quotidien, la guerre étant un environnement naturel pour lui. Si je comprends tout à fait que les mots sont ceux d'un enfant d'une douzaine d'années, je n'ai pas vraiment trouvé de justification à ces définitions tirées du Larousse et autres dictionnaires, qui reviennent sans arrêt. Si le fond est tout à fait louable, pour moi, le style est déplorable : saccadé, répétitif, il rend la narration compliquée. J'ai honte devant certaines critiques très positives, mais j'assume : 1/2 étoile pour abandon à mi-parcours.
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Roman sans fioriture sur les enfants soldats...
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Très beau livre, non seulement le sujet traité est intéressant et d'actualité.
Aussi le procédé linguistique est spécial et impressionnant car le livre est dans son ensemble une traduction mot pour mot du Malinké vers le Français. Ce roman est une révolution dans l'histoire du roman grâce à cette Malinkénisation de l'œuvre.
Comment Fama lui un prince Doumbouya une panthère est obligé de mendier de funérailles en funérailles pour avoir les restes comme un hyène pour pouvoir survivre. Ahmadou Kourouma a su denoncer les effets pervers de la colonisation et du parti unique. Cette œuvre non seulement incitera la nouvelle génération à continuer le combat méné par leurs prédécesseurs ( Gandhi, Patrice Lumumba, Nelson Mandela ) et aussi à choquer, donner une leçon à ces occidentaux.
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Ahmadou kourouma a pris baeu de liberter a traduire le malinké en Français
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Considéré en Afrique comme un classique, Les soleils des indépendances de l'écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma (1927-2003), raconte une descente aux enfers : celle de Fama, dernier représentant d'une lignée princière que le colonialisme, puis l'indépendance ont pratiquement réduit à la mendicité. Comme celui de Dante, cet enfer tropical a ses différents cercles (social, conjugal, culturel, politique…), que le pauvre Fama parcourt l'un après l'autre, jusqu'à sa déchéance finale.
En toile de fond, un pays d'Afrique livré à la griffe d'un dictateur, où l'on peut écoper de vingt ans de prison simplement pour avoir rêvé d'un opposant au régime, et puis se retrouver libre du jour au lendemain, sans aucune raison particulière. Un pays où l'allégeance servile (et obligatoire) au parti unique est en passe d'anéantir toute la richesse des sociétés traditionnelles.
Attention, l'auteur est aussi sans concession envers ces dernières, qui excisent les petites filles et les transforment en esclaves, dès le lendemain de leur mariage.
Tout cela pourrait sembler d'un pessimisme absolu sans la verdeur, l'humour et l'inépuisable inventivité verbale d' Ahmadou Kourouma. On songe, en le lisant, au réalisme magique de l'Automne du patriarche, de Garcia Marquez, ou aux premiers romans d'Édouard Glissant, publiés à peu près à la même époque.
Si Kourouma choisit d'écrire en français, ce n'est pas, on le devine, pour refaire du Bossuet. Tordant joyeusement le cou à la syntaxe et au vocabulaire français, il les pare au passage de rythmes, de sonorités et d'images nouvelles – sans que cela cesse pour autant d'être du français, et même du très bon.
Au fil de ces pages, on a parfois l'impression, d'être assis à l'ombre d'un fromager et d'écouter le palabre quotidien du village dont Fama est le prince : il y est question de religion, de politique, de prédictions, voire de scatologie, le tout constamment émaillé de proverbes souvent très drôles.
C'est ainsi qu'on apprend qu' « en politique, le vrai et le faux portent le même pagne », qu' « on ne rassemble pas des oiseaux quand on craint le bruit des ailes » ou bien encore qu'« à renifler avec discrétion le pet de l'effronté, il vous juge sans nez. »
Une livre passionnant.
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Voyage d'un enfant dans un pays en guerre, un seul rêve pour lui, devenir un enfant-soldat... Triste rêve.
L'écrivain nous conte cette histoire à l’image d'un enfant et utilise notamment plusieurs dictionnaires pour nous donner la définition des mots qu'il estime compliqués, ces passages sont très touchants.
J'avais déjà lu ce livre à l'occasion du Goncourt des Lycéens et il m'avait déjà beaucoup marqué notamment par la violence vue d'un enfant.
Par contre, l'histoire politique m'a paru bien complexe et j'avoue avoir perdu un peu le fil...
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Allah n'est pas obligé d'Ahmadou Kourouma est un des livres que je pourrais lire plusieurs fois sans m'en lasser. L'histoire du jeune orphelin Birahama qui deviendra par la suite un "enfant soldat" nous montre bien la dure vie des enfants africains durant les guerres qui ravagent leur pays. Birahama est un enfant qui a subi beaucoup de malheur dans sa vie mais malgré ça il reste un enfant naif. Ce personnage est le genre de personne à qui on s'attache dès le début du texte, peut être l'une des raisons pour laquelle ce livre est si entrainant. Dans ce roman on nous montre la guerre mais on nous plonge également dans les traditions et croyances africaines qui restent ancrées dans le pays malgré tout. Dans sa facçon d'écrire, Ahmadou nous donne l'impression qu'il est un jeune enfant âgé d'à peine quatorze ans. Grâce à sa façon d'utiliser des mots et expressions d'habitude utilisés seulement par les jeunes ,qu'il prend le temps d'expliquer à chaque utilisation. En conclusion, ce livre est un livre que je conseille à n'importe qui, surtout aux personnes amatrices de roman d'aventure et de drame.
Morgane
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J'ai lu ce livre du 18/09/2016 au 23/09/2016.
J'ai lu ce livre pour les cours et je vais être honnête avec vous : je l'ai détesté.
Pour plusieurs raisons, 1) la vulgarité car oui tout le long, le narrateur parle d'un langage très populaire et très familier avec des insultes (souvent en africain).
2) des phrases répétées xx fois et de la même façon, j'avoue lire 3 pages avec un paragraphe identique juste un mot qui change, cela est très ennuyant.
3) de la barbarie, dans le récit, le narrateur nous raconte xx récits cruels les uns et les autres.
4) Un récit qui m'a perdu car le narrateur explique quelque chose mais on sait pas si, c'est en ce moment-même si c'est avant ou après l'instant présent de l'histoire.
Pour conclure, je ne le vous conseille absolument pas de le lire mais après faites comme vous voulez. J'ai un peu apprécié le côté pédagogie et une seule pensée régnait durant cette lecture : Faut que je le finisse vite, c'est un supplice.
Ma note : 2.5/10
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Dès l’incipit, Birahima, le narrateur, enfant-soldat, annonce la couleur en six points. Au commencement, il est « p’tit nègre », non pas parce qu’il « est black et gosse » mais parce qu’il « parle mal le français ». Deuxièmement, il a quitté l’école très tôt. Troisièmement et quatrièmement, il est insolent et impoli. Cinquièmement, pour clarifier son français au doigt mouillé et profondément africanisé, il dispose de quatre dictionnaires qui accompagneront le lecteur tout au long du récit. A la fin, comme un point incontournable de sa personnalité, il avertit et assume qu’il est maudit parce qu’il a « fait du mal à sa mère ».
Et peut-être comme un signe tragique de cette malédiction, il perd très tôt sa mère atteinte d’un cancer incurable. La communauté villageoise décide alors que Birahima, du haut de ses dix ans, sera confié à sa tante, désormais sa mère putative. Il incombe à Yacouba, un bandit boiteux du village, de le conduire chez Mahan résidant au Libéria. Féticheur et multiplicateur de billets de banque, ce dernier espère se faire beaucoup d’argent dans ce pays déchiré par une guerre tribale et où justement les gris-gris contre les balles se vendent à des prix mirobolants.
Ce voyage constitue une seconde initiation qu’accomplit le petit Birahima. Si la première avait sanctionné son entrée dans l’âge « adulte », par le biais de la circoncision, à travers celle-ci, il se frotte aux réalités de la guerre et découvre le drame d’un pays et d’une population livrés au chaos, à la boulimie et à la cruauté des acteurs politiques.
C’est aussi un voyage dans une faconde et un langage atypiques. Heureusement, le narrateur dispose de plusieurs dictionnaires pour éclairer la lanterne du lecteur, sinon celui-ci aurait chaviré dans ce flux de mots insolents, décomplexés. Car la parole de Birahima dérange les esprits à cheval sur la morale et le français pur.
Durant tout ce voyage pittoresque, le lecteur demeure constamment secoué par une langue authentique, cadencée, menée tam-tam battant.
Nos deux baroudeurs pénètrent dans le Liberia en guerre par la petite porte et se font accueillir par des rafales de mitraillettes de la faction NPFL, l’une des trois qui écume le pays. L’enfant s’incorpore toute affaire cessante dans la section des enfants-soldats de l’armée du colonel Papa le bon, tandis que Yacouba est engagé comme « grigriman », féticheur. Ce seigneur de guerre, l’un des bandits de grand chemin faisant main basse sur le Libéria, porte plusieurs casquettes : prêtre, « désensorcelleur », philanthrope et juge. Mais son camp finit par être pillé et saccagé à la suite d’une émeute des prisonniers de guerre.
Les deux aventuriers rejoignent ensuite la faction du Ulimo, la bande des loyalistes et héritiers du défunt Samuel Doe. Dix années plus tôt, ce troupier en connivence avec Thomas Quiompka, tous ressortissants des deux principales ethnies indigènes du pays, avaient réussi un coup de force contre le président d’origine afro-américaine, appartenant lui à une communauté d’esclaves affranchis et réinstallés au Libéria. Tenant le haut du pavé, ils se sont comportés pendant des décennies en colons arrogants et égoïstes envers les indigènes.
Une fois aux manettes, Samuel Doe élimine les grands cadres afro-amériacains et assoit un pouvoir tyrannique et tribal dont le rouleau compresseur finira par écraser Quiompka, son second couteau d’hier et d’autres grosses légumes de la même ethnie. Les rescapés s’en fuiront en Côte d’ivoire, puis seront refilés au seigneur Kadhafi par le dictateur Boigny. Entrainés en Lybie, ils revienvront avec quelques armes et surtout un esprit vindicatif. C’est l’amorce de la guerre civile en 1989.
Le roman est jalonné de la scansion d’oraison funèbre en l’honneur des enfants tombés au front. Histoire de leur rendre un dernier hommage, Birahima revient sur leur bref parcours sur cette terre, révulsé qu’il est par l’injustice des adultes qui les ont obligés à s’enrôler dans des groupes armés. « C’est la guerre tribale qui veut ça » tinte dans le récit comme un refrain macabre soulignant l’horreur du conflit. Quant à la récurrence des jurons et des invectives, elle suggère le caractère oral du texte et l’insouciance du narrateur. Birahima n’a absolument pas la langue dans sa poche et se fend de tout de ce qu’il croit être la vérité sans se soucier du politiquement correct : « c’est bien qu’on assassine affreusement [les patrons sociaux libanais], ce sont des vampires ».
Dans leurs pérégrinations chaotiques et mouvementées dans le Liberia en guerre, Birihima et Yacouba vont collaborer successivement avec plusieurs groupes rebelles, mais secrètement aiguillonnés par un seul objectif : retrouver Mahan.
Sur le ton de la raillerie, le narrateur s’en prend aux agissements de l’establishment de ce monde « totalement pourri ». Tout le monde est en effet coupable de quelque forfaiture, que ce soient l’Ecomog qui massacre sans faire le détail, les chefs de guerre, les compagnies forestières ou minières, les présidents dictateurs ou encore les féticheurs. Exclusivement, les enfants-soldats sont innocents mais manipulés et utilisés par cet aréopage de grands bandits.
La rareté des dialogues illustre que seul compte le point de vue du narrateur. Birahima est un enfant sûr de posséder la vérité, cette vérité innocente par-devers les enfants.
En tant que régisseur incontesté et incontestable, il raconte l’histoire à son unique guise, interrompt la relation de certains événements en promettant d’en reparler un peu plus tard si cela lui sied, ou s’interrompt tout bonnement parce que lui aussi, comme Allah, n’est pas obligé de raconter sa « chienne de vie » avec l’effort supplémentaire de consulter dictionnaire sur dictionnaire pour se faire comprendre des lecteurs du monde entier (portée universelle) et révéler à l’humanité à travers sa vie les atrocités de la guerre. Parfois, énervé, il va jusqu’à insulter (« Faforo, bangala du père » ; « Gnamakodé ») et annoncer brusquement qu’il s’arrête là pour aujourd’hui.
D’autres cas de force majeur poussent ensuite Birahima et Yacouba à s’enrôler dans la faction du prince Johnson, comme enfant-soldat et féticheur musulman. Ce sont là deux métiers très réclamés dans le Liberia de la guerre tribale. Ce bandit de grand chemin, prince Johnson, a réussi à avoir sous sa coupe non seulement l’institution religieuse de la sainte Marie-Béatrice, mais aussi la compagnie de caoutchouc qui lui verse mensuellement des royalties. Un accord qui suscita la convoitise des autres factions subversives et le déclenchement d’une confrontation sanglante tragiquement ponctuée par l’intervention de l’Ecomog.
Les deux flibustiers réussissent à s’enfuir et apprenant au vol que Mahan est partie pour la Sierra-Léone, ils continuent leurs pérégrinations vers ce pays voisin.
La Sierra-Leone est à son tour déchirée par une guerre civile et un chapelet de coups d’Etat depuis son indépendance en 1961. Fodé Sankoh à la tête de la rébellion, RUF, tient tout le pays en otage. Il rompt les accords de paix aussi rapidement que signés. Cruel, il a coupé la main de plusieurs de ses compatriotes pour les empêcher de se rendre aux urnes.
Nos deux aventuriers intègrent ce groupe en tant que féticheur et enfant-soldat. Cependant au milieu de ce chaos, une femme de poigne, Hadja Aminata Gabrielle, arrive à s’imposer et à défendre un pensionnat de filles intactes avec pour noble mission de protéger leur virginité jusqu’au retour de la paix, moment où elle les excisera avant les rendre à leur famille. Tout malheureux qui dépucelle une de ces filles est sauvagement assassiné. Pour venger l’un des leurs, les Kamajor, une milice à la solde du gouvernement, après deux semaines de siège, finirent par l’abattre.
Plusieurs personnages se font ainsi un clin d’œil dans le roman, une espèce de gémellité les liant. Birahima l’enfant-soldat à la recherche de sa tante et son cousin Saydou engagé pour le même objectif. Yacouba et Sékou, féticheurs et multiplicateurs de billets de banque, se rencontrent épisodiquement au Libéria et en Sierra-Leone où ils espèrent faire fortune. Marie-Béatrice et Hadja Aminata Gabrielle, femmes religieuses de caractère, croient en leur divine mission et protègent avec hargne leurs institutions et leurs idéaux.
D’après une nouvelle une information sur la présence de la tante dans un camp de réfugiés, Birihima et Yacouba s’y rendent et à leur grande déconvenue apprennent la mort de Mahan. C’est en rentrant en Côte d’ivoire à bord du véhicule de son oncle que l’enfant commencera à raconter à celui-ci ses aventures picaresques, militaires et tragiques. Celles de tout un continent sombrant dans le chaos à la charnière du vingtième et vingt-et-unième siècles.
Birahima se pose le long de l’histoire en justicier ou plutôt en procureur assénant systématiquement un titre, une épithète culpabilisante à tous les bourreaux : « les libanais voleurs et corrupteurs ; « les nègres indigènes sauvages » ; « les Toubabs colons colonialistes anglais » ; « Doe le dictateur du Liberia » ; « Taylor le bandit de grand chemin » ; « Ecomog, forces d’invention qui ne s’interposent pas » ; « Yacouba le bandit boiteux… »
Dans ce roman viscéralement poignant, Ahmadou Kourouma nous frappe encore de plein fouet avec sa marque de fabrique langagière d’une exceptionnelle particularité. Il sait toujours sortir du sentier battu et emprunter un raccourci à la fois neuf et incroyablement dérangeant.
Page après page, à travers la langue insolente et décapante de l’enfant, défile l’histoire contemporaine de l’Afrique et son cortège de dictatures, de guerres tribales et de défis à relever. Il force le trait notamment sur la balkanisation raciale de nos pays. La composante démographique se trouve être malheureusement le péché originel du Liberia et de la Sierra-Leone, tout comme de maintes nations africaines en proie à des frictions à connotation politique et surtout ethnique. A se demander si L’Afrique sera un jour assez intelligente et forte pour dépasser cet imbroglio tribal et vivre sur un large espace de paix et de tolérance. A-t-elle d’ailleurs une autre solution crédible que celle de l’ouverture identitaire pour accéder à un développement intégré et inclusif ?
Clin d’œil à mon pays, la Guinée, souffrant d’une même tare originelle.
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L'horreur des guerres tribales, la fraude, les détournements des biens destinés aux réfugiés provenant des ONG au profit des militaires, l'enrôlement des enfants-soldats, l'utilisation de la drogue comme moyens d'attaque à la kalachnikov, le trafic d'armes, les abus du pouvoir au Liberia, en Cote d'Ivoire et en Sierra Leone racontés par un enfant soldat, Birahima. Véritable prouesse de l'auteur qui s'est mis dans la peau de Birahima, utilisant un language très imagé. Le style fait transparaître à quel point, plus rien ne peut atteindre cet enfant qui a traversé tant d'épreuves.
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