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Critiques de Alaa El Aswany (443)
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J'ai couru vers le Nil

La révolution égyptienne vue par ceux qui l’ont faite et perdue. L’auteur a certainement forcé le trait mais les faits sont durs et la démonstration efficace. Le texte qui présente toute une série de personnages sans autre lien entre eux que leur participation à cette révolte, fait presque autant reportage que roman. La lecture est agréable même si l’alternance permanente d’un personnage à l’autre n’est pas ce que je préfère. Par ailleurs, le livre appelle à une suite car le sort des personnages reste en suspens. Il manque cependant pour cela un peu de recul historique.
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L'Immeuble Yacoubian

Avec l'Immeuble Yacoubian, le romancier égyptien Alaa El Aswany a imaginé une fresque ambitieuse construite sur une double temporalité. D'une part avec des personnages "originaux" au XXIème siècle, d'autre part l'Egypte des années 1930, moment où l'immeuble éponyme a été construit.



En réalité, ce sont moins les humains qui ne sont en fait de passage que l'immeuble et la ville qui sont les réels personnages, et c'est à travers leur évolution qu'on peut lire l'évolution de la société et des individus.



Cette idée me plaisait beaucoup et j'ai eu plaisir à lire les passages plus "historiques", en revanche la partie XXIème siècle avec les personnages aux portraits trop bâclés à mon goût (au profit de leurs petites histoires) m'a profondément ennuyée.



Je ne saurai pas dire si c'est l'écriture ou la traduction qui est en cause, mais cela aura été vraiment désagréable à lire alors que j'attendais cette lecture avec impatience ! Ma déception a donc été à la hauteur de mes attentes.
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J'ai couru vers le Nil

Ce livre est tout simplement magnifique et bouleversant. Il a pour thème central la révolution de 2011 en Egypte à la suite de laquelle Moubarak a été évincé du pouvoir.



Autour de ce noyau gravitent plusieurs personnages dont nous découvrons petit à petit leurs pensées et leurs actions, qu'ils soient dans un camp comme dans l'autre. À travers le destin de chacun, nous en apprenons plus sur la société égyptienne, sur la politique mais aussi sur l'omni-présence de la religion.



Je me suis beaucoup attachée à Asma et Mazen, ces deux jeunes aux grands idéaux, espérant de tout coeur changer le régime en place et rêvant à une vie plus libre et plus juste. Je n'en ai été que plus bouleversée par les mots prononcés par la jeune femme vers la fin du roman.



Achraf Ouissa, ce vieux monsieur copte adepte de haschich, m'a impressionné par sa détermination à aider les jeunes révolutionnaires et par son rejet du qu'en-dira-t-on. Il a, lui aussi, fait preuve d'une grande bravoure.



J'ai aussi trouvée très belle cette histoire d'amour impossible entre Dania (dont le père est un haut général ayant beaucoup de pouvoir) et le jeune Khaled.



L'auteur nous offre ici une sacrée critique de la société égyptienne ainsi que de la politique et ne leur fait pas de cadeau : le peuple n'a pas suivi cette révolution, la corruption règne à toutes les strates de la société, et surtout, l'armée a fait preuve d'une très grande violence, n'hésitant pas à tuer et à torturer les jeunes de la place Tharir. La religion en prend elle aussi pour son grade et l'auteur manie l'ironie pour nous montrer la façon dont les politiciens (mais aussi toute personne du peuple) ne cessent de détourner la signification de certaines paroles sacrées et de les adapter en fonction de leurs besoins. L'auteur fait preuve d'un humour acéré, quu pourrait être parfois vu comme irrévérencieux par les croyants. Je dois avouer avoir raffolée de cet humour croustillant.



Ce roman est donc un grand cri qui s'élève, un cri de révolte, étouffé par le pouvoir égyptien ainsi que de nombreux pays arabes puisque le livre ne peut y être lu.
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L'Immeuble Yacoubian

Il y a des livres comme ça dont on entend parler, parler, parler... A tel point qu'on n'a plus trop envie de les lire...

Cela fait donc très longtemps que je songe à visiter ce fameux Immeuble Yacoubian, mais j'appréhendais un peu ce que j'allais y trouver...

Au final, ce roman mérite son succès, car il aborde plein de sujets très actuels pour la société égyptienne, et très éclairants quant à l'Islam, la vie quotidienne au Moyen-Orient, la place de la tradition, la place de la femme dans la société et dans le couple, mais aussi la corruption, l'impossible réconciliation avec l'Occident, etc...

Les portraits croisés des habitants de l'immeuble sont sans concession et permettent de brasser tout un panel de population, du vieux puissant détestable au jeune désabusé qui s'engage dans le djihad.

Très dépaysant, très bien écrit, une découverte intéressante.
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Chroniques de la révolution égytienne

Publié sous le nom d'Alaa el Aswani, de même que "J'ai couru vers le Nil" cette étude politique des évènements révolutionnaires en Egypte n'est pas un roman. L'analyse politique des faits et des sentiments est fine et le document intéressant.

On peut quand même s'interroger sur le pourquoi lutter au péril de sa vie pour renverser un régime autoritaire et liberticide pour en mettre un autre qui l'est tout autant voire beaucoup plus puisqu'il a la double onction du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel. Seul un algérien, un tunisien ou un égyptien pourrait nous le dire...
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J'ai couru vers le Nil

Ah l'Egypte, ses pyramides, ses croisières sur le Nil, ses mus.. oubliez ce que j'ai dit, je m'égare. L'Egypte, c'est une police et une armée corrompue, un gouvernement autoritaire qui ne laisse pas la place à l'expression et encore moins à la révolte, un empire médiatique à leur service, un pays où la peur est le seul outil utilisé pour amadouer une population et la rendre docile. Toutes les techniques sont bonnes, tous les coups sont permis.

Un livre qui éclaire notre lanterne sur les dessous d'un printemps arabe que l'on voit de nos pays occidentaux comme une délivrance pour tout un peuple, comme les prémisses d'une démocratie attendue depuis bien longtemps. On est loin du compte. On ressort de la lecture de ce livre dégoûté, révolté ou pire, découragé. En tout cas, c'est le sentiment des personnages de ce livre.

Un ouvrage bien écrit, des personnages bien imaginés, un scénario bien échafaudé font de ce livre, non pas un chef d'oeuvre mais un roman documentaire très intéressant sur la révolution qui a marqué l'Egypte en 2011.
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J'ai couru vers le Nil

Une vraie claque !

Nous sommes au Caire, en 2011, et les évènements de la place Tahrir se préparent.

Comme à son habitude, Alaa El Aswany propose une galerie de personnages qui vont se croiser, se frôler, s'aimer et se déchirer.

Ici on retrouve un général chargé de la sécurité d'Etat, des étudiants en médecine, une présentatrice télé prête à tout pour réussir, un comédien raté et des manifestants idéalistes.



Les chapitres sont courts, les phrases percutantes, et l'ironie omniprésente. Mais peu à peu la violence s'installe, et une simple phrase suffit parfois à décrire un meurtre.



Au final, le constat est amer, et je retiendrai cette phrases : " La bataille, nous l'avons perdue, non pas par absence de courage, mais parce que les Egyptiens nous ont laissé tomber".
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L'Immeuble Yacoubian

Un roman comme une chronique de l’Égypte contemporaine - avant le printemps arabe et les suites - où l'on suit des personnages aux prises avec leurs douleurs et leurs désirs dans une société gangrénée qui laisse peu de place à l'individu tel qu'il est ou souhaite être... Un roman utile à la compréhension du monde, agréable à lire.
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L'Immeuble Yacoubian

Ecrit dans une langue simple et dans un rythme soutenu, L'immeuble Yacoubian a projeté son auteur, Alaa el-Aswany, au rang de représentant de la littérature égyptienne. Au cœur du Caire, l'immeuble Yacoubian, du nom de son promoteur arménien, vivent des personnalités très diverses qui constituent, chacune, les facettes d'une société égyptienne complexe : Azzam, symbole d'une vie politique corrompue ; Hatem, journaliste homosexuel ; Zaki, aristocrate et grand jouisseur des femmes mais trompé par elles ; Boussaïna, jeune fille qui se rend compte des charmes de son corps et en joue en même temps qu'elle les subit à cause de la perversité de certains hommes. Le parcours le plus pénible est peut-être celui de Taha, qui étudie avec acharnement pour entrer à l'école des officiers de police mais est recalé à cause de ses origines modestes : il bascule alors dans l'islamisme et rêve de jihâd.

L'Egypte apparait comme un pays contrasté et, même si le roman a été publié en 2002, il apparait évident que le constat et la critique que dresse Alaa el-Aswany ont encore cours après le Printemps arabe. La montée de l'islamisme s'explique par la corruption de la vie politique et l'absence de tout espoir, cependant que les cheikhs accueillent avec bienveillance ceux qui ont été brisés par le système. Zaki, l'aristocrate, rêve de l'Egypte des années 1950, celle du roi Farouk puis du socialiste Nasser, d'un pays occidentalisé qui rejette aujourd'hui ces anciennes normes. Le sexe apparait aussi comme le révélateur des relations sociales.

L'immeuble Yacoubian est le roman de l'Egypte contemporaine mais aussi celui des histoires personnelles, des ambitions et des survies, des vices et des beautés humains.
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L'Immeuble Yacoubian

Portrait cru de l’Égypte contemporaine à travers ce roman dans lequel plusieurs destinées s’entrecroisent. Le dénominateur commun est un immeuble dans lequel résident ses acteurs. Les portraits sont caricaturaux, mais ils donnent une image d’un pays du sud ou la corruption est la norme, la femme un objet monnayable, l’homosexualité considérée comme un péché surtout pour le passif et ou Dieu tient une place capitale, à chaque page les personnages le louent, comme si chaque phrase du langage courant devait lui faire référence. Évidement le fanatisme religieux est en bonne position, avec une vision de son fonctionnement, et de son recrutement, au sein des étudiants pauvres.

En gros deux sortes de personnages émergent de ce récit, les fatalistes et les ambitieux, au final chacun a tenté sa chance de manière plus ou moins adroite, et les attentes ne se voient pas toujours récompensées.

Un bon roman qui nous fait voyager dans les cotés obscurs de l’Egypte avant le printemps arabe qui menace au loin.
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L'Immeuble Yacoubian

Dans un immeuble de prestige du Caire, construit avant la révolution nassérienne, se côtoient divers protagonistes appartenant aux milieux sociaux les plus divers, et dont les parcours, marqués par l’affairisme, la corruption, le sexe, l’islamisme, révèlent les aspects les plus dérangeants de la société égyptienne actuelle. Un vieux séducteur sympathique cherche l’âme soeur et se fait détrousser, un étudiant méritant, victime d’une injustice sociale, est converti par des imams islamistes, un homme d’affaires achète son élection comme député, des jeunes femmes sont contraintes par la misère à se vendre, un brillant journaliste homosexuel vit une relation tourmentée avec son ami, un jeune soldat venu de la campagne…

Dans la ligne de la tendresse picaresque d’un Naguib Mahfouz, la peinture d’un microcosme haut en couleur tourne à la satire sociale et politique, égayée par une intrigue bien menée et riche en rebondissements. Personnages et situations sont campés avec beaucoup de justesse et de nuances, dans une évocation sans fard aussi bien de la dictature corrompue et pro-occidentale, que de l’islamisme nourri des rancoeurs et des frustrations de la population. Une lecture captivante et éclairante.
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L'Immeuble Yacoubian

Lu il y a quelques années, ce livre m´a laissé un excellent souvenir. Le dépaysement en Egypte dans une grande ville, les rapports humains difficiles, la corruption, l´injustice contre laquelle on se sent impuissant. Le contraste aussi entre le monde moderne et les relations sociales d´un autre temps qui sont, me semblent-ils caractéristiques de beaucoup de pays arabes.

Un très bon roman humain et instructif.
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J'ai couru vers le Nil

Janvier 2011, place Tahrir au Caire, c'est là que se déroulent essentiellement les manifestations de la révolution égyptienne qui visait le départ du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 30 ans.

Ces manifestations sont composées de personnages issus de toute la société égyptienne, quel que soit son rang, quelle que soit sa religion de nombreux jeunes et moins y participeront.

Alaa El Aswany nous livre ici de manière romancée, sa propre vision des choses.

Achraf, un bourgeois copte est un "spectateur" privilégié de ces manifestations du fait qu'il habite un immeuble dont les fenêtres donnent sur cette place Tahrir. De spectateur, il deviendra acteur de cette révolution , qui au final n'aura pas changé grand-chose.

La société égyptienne est fortement cloisonnée tant par les religions que par les classes sociales, la corruption est monnaie courante, et l'hypocrisie y règne en maître.

Le massacre de près de 850 personnes et la torture de combien d'autres qui y ont survécu sont restés vains.



Voici donc un roman documentaire, ou un documentaire romancé, je ne sais pas trop comment le définir. Roman choral, qui nous donne à voir ainsi plusieurs points de vue par rapport aux événements.

C'est une brique à lire et malgré tout, malgré qu'il s'agit d'un événement à caractère socio-politique, on ne s'ennuie pas sans doute par le fait du choix de l'auteur de donner la voix à plusieurs narrateurs.



L'écriture est fluide, assez facile à lire; toutefois, l'auteur n'hésite pas quelques pointes d'ironie, quelques fois de cynisme.



J'ai appris pas mal de choses et même si a priori je n'étais pas intéressée spécifiquement par cette révolution-là, je suis toujours attentive à ce qui touche aux libertés humaines et à la démocratie.



Ce livre est par ailleurs interdit en Egypte. C'est qu'il doit "gratter" là où ça fait mal.

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L'Immeuble Yacoubian

Voilà un roman passionnant et toujours d'actualité qui décrit parfaitement la vie au sein de la société égyptienne: riches ou pauvres, islamistes ou catholiques...

L'auteur nous fait faire gentiment connaissance avec les nombreux personnages puis fait monter l'intrigue crescendo en nous dévoilant la soumission des uns et les plans machiavéliques des autres;

On s'attache réellement à ce pays tiraillé en tous sens et qui se débat dans la misère alors que sa beauté et la richesse de son histoire aurait du en faire une grande nation...

On ne ressort pas indemne d'un livre tel que celui-ci, il peut changer votre vision du monde.
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L'Immeuble Yacoubian

Un immeuble bourgeois du centre du Caire construit en 1930 par un riche arménien sert de cadre à ce roman prémonitoire écrit en 2002, 9 ans avant la chute du régime d'Hosni Moubarak.

Il nous permet de découvrir les maux de la société égyptienne, les causes de la chute de ce régime et la montée du fanatisme religieux. L'auteur nous fait suivre la vie de diverses familles riches ou pauvres de cet immeuble, qui conserve toujours des appartements luxueux dans lesquels habitent des hommes d'affaires richissimes, mais dans lequel ont été créés des appartement plus petits, certains logements ayant été fractionnés, même le toit de l'immeuble et les baraques en tôle de quelques m2 utilisées comme buanderies lors de la construction de l'immeuble abritent dorénavant des familles très pauvres.

L'Egypte en modèle réduit....

Un livre lu avec plaisir qui nous confronte aux magouilles et au piston, à l'impossibilité d'accéder à certaines places à certains métiers lorsqu'on est issu de familles modestes, à l'absence de démocratie...à la corruption. Il est si facile de devenir député lorsqu'on peut acheter sa place, si facile à l'homosexuel riche d'utiliser les jeunes pauvres pour son plaisir, si facile de prendre une deuxième femme lorsque la première est trop vieille, si facile quand on a une entreprise et qu'on est riche de harceler une ado qui cherche du travail, si facile de donner des pots de vin..

Comment s'étonner donc de la montée des extrémismes et du fanatisme religieux?

J'avais découvert Alaa El Aswany avec "Automobile club d'Égypte". Il mérite d'être connu et soutenu. Dentiste de métier il a soutenu et participé à la révolution qui renversa Hosni Moubarak. Il s'oppose depuis aux fondamentalistes religieux et est devenu la bête noire des Frères musulmans. Et dans "L'immeuble Yacoubian", un député ayant payé son mandat, est racketé ...Il rencontre le "Grand Homme" pour tenter de faire cesser son racket....Ne peut-on pas y reconnaître Hosni Moubarak?

Cette corruption de tous les niveaux est si présente qu'on se demande comment l'Egypte pourra s'en sortir...

Surtout que quelques jours après l'avoir fermé, nous apprenions d'une part l'acquittement d'Hosni Moubarak par un tribunal égyptien, et nous entendions le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi dire qu’il était temps de tourner la page et d'autre part les 188 condamnations à mort de partisans de Mohamed Morsi son successeur.....Un pays toujours au devant de l'actualité.

On peut craindre d'autres "Place Tahrir"
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Automobile club d'Egypte

Un recit passionnant sur l'Egypte de la fin des années 40,sous tutelle anglaise avec à la tête un roi qui passe son temps entre femmes et table de poker.Un récit polyphonique avec une écriture simple,foisonnant de personnages,ou l'attention est soutenue continuellement avec des chapitres qui alternent divers personnages et divers évènements.J'ai adoré comme tout ses autres livres...
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Chroniques de la révolution égytienne

J'ai adoré les romans de Alaa El Aswany au point de m'inspirer d'eux pour essayer, sans succès, d'en écrire un : au bout de quelques pages j'ai réalisé que ma plume n'égalerait jamais celle de l'auteur de "L'Immeuble Yacoubian" ou de "Chicago" et j'ai capitulé.

Je suis d'autant plus déçu par le chroniqueur dont les éditoriaux publiés depuis 2010 sont traduits chez Actes Sud (par l'ancien consul de France à Alexandrie Gilles Gauthier).

Cette publication est doublement opportuniste. L'éditeur a entendu d'une part joué sur la vague de popularité dont jouit le romancier. Au lendemain des printemps arabes et de la chute de Moubarak, la publication de ces chroniques a d'autre part le mérite de flatter le lecteur occidental ; car Al Aswany est du "bon" côté, de celui qui défend les pauvres d'Egypte, les victimes de la corruption, les femmes obligées de porter le niqab. Il combat la tentative de succession héréditaire ébauchée par Hosni Moubarak en faveur de son fils Gamal.

Hélas, les travers du romancier - dont la subtilité n'était pas la qualité première - sont plus flagrants encore à la lecture de ses chroniques. Aussi politiquement correctes soient-elles, ses chroniques forcent le trait, critiquant sans nuance les méchants musulmans dont la foi se réduit au respect des formes et les hommes politiques coorompus qui, ne tenant leur mandat que de la volonté du Raïs, n'exercent pas leurs charges pour le bénéfice des citoyens mais pour la satisfaction de leur maître.

Ses écrits frappent par leur ultra-nationalisme qui dérive fréquemment dans l'antisionisme voire dans l'antioccidentalisme.

Les 45 chroniques réunies dans ce recueil n'évitent pas l'écueil de la redite : là où le romancier fourbit son oeuvre, l'éditorialiste reproduit chaque semaine un raisonnement répétitif. Très pertinent dans sa critique des maux qui frappent la société égyptienne, Al Aswany se révèle un politique moins visionnaire : ainsi prend-il fait et cause pour Mohamed El Baradei dont il s'est avéré qu'il ne bénéficiait d'aucun soutien dans le peuple.

Vivement son prochain roman !
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J'aurais voulu être égyptien

"Plus notre vision se précise, plus apparaissent les rides" affirme Issam, l'un des personnages principaux de J'aurais voulu être égyptien, recueil de nouvelles de Alaa El Aswany ( dentiste et écrivain engagé dont le célèbre L'Immeuble Yacoubian a été adapté au cinéma) qui étudie les défauts des Egyptiens à la loupe (ce qui a fait interdire ce livre par l'Office du livre).

Un titre ironique (car on attend le si) issu de l'affirmation tronquée de Mustapha Kamal: "Si je n'étais pas né égytien, j'aurais voulu être égyptien".

Evidemment ce sont les personnages qui parlent, se défend en préface Alaa El Aswani.Toujours est-il qu'au fil des pages l'Egyptien est parfois et tour à tour décrit comme "un simple larbin", est capable de harcèlement sexuel, use et abuse de son statut de chef,est un malade égoïste dont la vie passe avant celle des autres, peut être haineux dans une famille haineuse,aime fumer du haschisch dans les réunions amicales,appartient à une "civilisation morte", porte le poids des traditions, a des à priori concernant la sexualité, disjoncte facilement, est avare sauf pour la dot car là c'est la promise qui est cupide...Bref, une caricature impitoyable!!!!
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L'Immeuble Yacoubian

Imrat Ya'Qubyan

Traduction : Gilles Gauthier



L'immeuble Yacoubian vit le jour en 1934, par la volonté du président de la communauté arménienne d'Egypte, Hagob Yacoubian. Celui-ci étant millionnaire, on devine que la résidence à laquelle il tint à donner son nom fut élevée dans un quartier alors très en vogue du Caire, au meilleur emplacement de la rue Soliman-Pacha. Mais quand débute le roman, quarante ans se sont écoulés et l'immeuble, sans tomber carrément en décrépitude, a dû rabattre de sa superbe.



La révolution de 1952 a fait fuir en effet les juifs et les étrangers. Du coup, nombre de luxueux appartements de l'immeuble se sont retrouvés sans locataires avant d'être adjugés aux militaires les plus gradés du régime. Les épouses de ces derniers ont logé leurs domestiques dans les petites cabanes de fer qui, tout au haut de l'immeuble, servaient jadis de resserres ou de greniers et, la misère et le recours au graissage de pattes s'étant considérablement accentués ces dernières années, une faune de pauvres hères vivote désormais près des cieux.



Al-Aswany nous fera faire connaissance avec l'une de ses familles, celle d'Abdou, qui arrive de sa campagne avec sa femme et leur enfant et qui, pour survivre et parce qu'il ne trouve pas d'emploi, a accepté de devenir l'amant d'Hatem, l'un des riches habitants de l'immeuble.



Mais le roman débute - et s'achève d'ailleurs - avec le personnage et les aventures de l'un des vétérans du Yacoubian, Zaki Bey, un quinquagénaire fortement occidentalisé qui se rappelle avec nostalgie Le Caire d'avant la révolution.



Le chemin de cet homme raffiné et tolérant finira par croiser celui d'une autre habitante de la terrasse, Boussaïna, contrainte elle aussi de se prostituer à un marchand de vêtements de la rue afin que sa famille puise survivre.



Pourtant, Boussaïna, comme n'importe quelle jeune fille de par le monde, avait rêvé à un mariage d'amour avec Taha, le fils du concierge de l'immeuble, un garçon solide et sérieux bien qu'un peu trop religieux à son goût - et à celui du lecteur, vous pouvez m'en croire.



Or, le rêve de Taha, c'est d'entrer dans la police. Quand s'ouvre l'action, il a été reçu à l'examen écrit et il lui reste à affronter l'oral, devant un jury de militaires. Le pauvre garçon, après avoir invoqué Allah je ne sais combien de fois (j'ai perdu le compte très vite mais je puis vous certifier qu'il a fait ça dans les règles et qu'Allah est vraiment sadique d'avoir ignoré de si belles et si sincères prières ), et après avoir acheté un costume pour l'occasion (comme il n'est vraiment pas riche, on devine que pour lui, ça n'a pas été simple de trouver l'argent pour ce faire), se rend donc sur les lieux de l'oral.



Dans l'ensemble, ça se passe plutôt bien. Il faut dire que Taha a été un élève modèle et que ses notes sont impressionnantes. Seulement, un détail va envoyer le jeune homme au tapis : son père est concierge. Et, dans la police égyptienne, si l'on peut accepter les fils des notables susceptibles de verser de bons bakschishs pour acheter le poste, on ne peut en revanche accepter le fils d'un concierge.



Le Prophète lui-même ne l'a-t-il pas dit : "Ne donnez pas d'éducation aux enfants des gens indignes" ? ...



A partir de là, débute la lente descente - qu'il prend pour une ascension - de Taha vers le djihad et le terrorisme. Mais, parce qu'il est lui-même égyptien, musulman et en rébellion contre la dictature de Moubarak (désigné couramment comme "le Grand Homme" dans le livre), Alaa Al-Eswany tente non pas d'excuser mais de comprendre - et de faire comprendre au lecteur - les motivations de son personnage.



Car, malgré ses bondieuseries inutiles, Taha est un personnage attachant qui, avec un peu plus de chance et beaucoup plus d'égalité dans son pays, aurait eu un avenir bien différent. Le lecteur souffre quand il le voit, avec la naïveté de la jeunesse, préparer sa lettre de protestation auprès du Grand Homme en personne. Comme il souffre quand El-Aswany démonte un par un les mécanismes qui font que, même chez ceux qu'il appelle ses "frères" et ses "soeurs", surtout au niveau des imams recruteurs, Taha ne cesse d'être manipulé par deux idéologies qui s'affrontent, l'une tentant de préserver ses intérêts, l'autre ne rêvant que d'imposer les siens.



"L'Immeuble Yacoubian" vaut par la puissance de ses personnages plus que par le style - assez sec - de son auteur. Mais, la chose est incontestable, ce livre a le mérite de restituer le climat d'une Egypte où - comme dans la majeure partie des pays arabo-musulmans - l'intégrisme religieux n'a pas de meilleurs alliés que l'incurie et la gabegie caractérisant le pouvoir en place - auxquelles il convient tout de même d'adjoindre la complicité d'un analphébétisme et d'une ignorance populaires dont nous ne pouvons nous faire une réelle idée.



A lire donc - mais attention ! j'émets tout de même deux réserves. La première est purement technique : la fin arrive un peu trop vite ... El-Aswany a encore beaucoup à faire pour devenir un vrai conteur. La seconde, celle qui me tient le plus à coeur, c'est l'ambiguïté que le romancier laisse planer sur la liberté sexuelle. La fin qu'il donne à la liaison d'Abdou et d'Hatem m'a paru un peu trop "morale" pour être honnête. ;o)
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L'Immeuble Yacoubian

L'excellente réputation de ce bouquin n'est pas usurpée, j'ai pris grand plaisir à suivre les tranches de vie de certains des habitants de l'immeuble Yacoubian, microcosme de la société égyptienne, écrit dans un style simple et empathique, jamais cynique. On apprend beaucoup sur la condition de la femme en pays musulman, sur la tentation de la dérive terroriste qui accompagne parfois frustrations et désillusions d'une jeunesse dans l'impasse. J'ai particulièrement aimé les pages où affleure la nostalgie de l'époque coloniale, qui amènent à cette conclusion qui s'applique à beaucoup de pays décolonisés : au final, qu'avez vous fait de votre révolution ?
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