En lisant les premières pages, où le narrateur fait le portrait de sa femme et le sien, j'ai craint pour la suite. Et finalement, j'ai bien aimé ce roman qui raconte comment un homme, très amoureux de Léda qu'il vient d'épouser, et qui décide d'être écrivain, se met en tête de ne plus perdre ses forces dans les étreintes physiques. Tous les soirs, ils font l'amour, et il se rend compte qu'il n'avance pas beaucoup dans son travail le lendemain.
Comme Léda rêve qu'il écrive et fasse son œuvre, elle est d'accord pour qu'ils mettent un terme à leurs ébats amoureux jusqu'à ce que le roman soit terminé. Sa "libido" est donc entièrement consacrée à l'écriture, au point qu'il se centre sur lui-même, écrit comme un fou et se persuade d'être en train de créer un chef-d’œuvre.
Il y a aussi la présence d'Antonio, paysan et barbier, d'une grande laideur et dégoûtant, qui vient tous les jours à domicile le raser avant le repas. Alors qu'il a coiffé Léda, celle-ci se plaint à son mari de son attitude déplacée en envers elle. Il ne veut pas la croire et ne prend pas au sérieux son caprice lorsqu'elle lui demande de le renvoyer.
Ce court roman se lit bien, surtout que c'est celui qu'est en train d'écrire le narrateur. Cela crée un certain relief, d'autant plus qu'on ne sait pas quelle version nous tenons entre les mains puisque, déçu par ce qu'il a écrit, le narrateur se promet de le refaire quand les choses seront apaisées entre sa femme et lui. "Tu m'as trop idéalisée", lui dit-elle. La question de l'écriture et de la transposition de la réalité est au cœur de ce texte. Mon premier Moravia, plutôt plaisant.
Lien :
http://edencash.forumactif.o..