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Critiques de Alejandro Jodorowsky (787)
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Les Chevaliers d'Héliopolis, tome 1 : Nigredo..

Dans le temple secret des chevaliers d'Héliopolis, un jeune homme s'apprête à passer ultime épreuve pour rentrer dans cette confrérie très fermée d'alchimistes. Il s'agit de Louis XVII, le fils du guillotiné Louis XVI soustré de la prison du temple.



Jeremy est un jeune dessinateur que je suis avec intérêt et je suis ravie de le voir avec une nouvelle série après Barracuda. J'admire beaucoup son coup de crayon qui indéniablement me fait penser à son regretté maitre Delaby. Cette fois-ci c'est avec Jodorowsky qu'il s'associe pour nous raconter l'histoire de Louis XVII et de ces alchimistes : les chevaliers d'Héliopolis.

Ce premier tome est un bon début, prometteur. Il introduit le personnage principal et son passé. Le contexte est également présenté, ainsi que quelques brides sur les alchimistes. De quoi bien développer par la suite. En espérant que le scénario ne parte pas dans des méandres étranges qui sont un écueil à ce thème...

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Bouncer, Tome 6 : La Veuve noire

Avec "la veuve noire" un nouveau cycle des aventures du Bouncer commence. Et ce nouvel arc démarre très bien.



Le thème du sale type qui veut s'approprier des terres est un grand classique du western. Il faut dire que quand c'est bien fait, c'est un sujet qui fonctionne très bien. Ce qui est le cas ici.

Ce 6ème tome est l'occasion pour Jodo et Boucq de nous proposer une galerie de méchants vraiment savoureuse : la mystérieuse Carolyn Harten, Axe-Head avec sa hache dans la tête et sa progéniture, 5 enfants très inquiétants. Bouncer va également faire la connaissance d'une jeune institutrice qui me semble un peu louche (je sens que Bouncer va encore morfler) tandis que la pauvre Yin Li est mariée contre son gré.



Tout en proposant un récit sombre, à la violence exacerbée, Jodorowsky ne cède pas au cynisme facile. L'émotion est présente, ses héros ont des sentiments et tentent de les exprimer, de les faire vivre dans cet univers brutal.



J'ai hâte de voir comment va se poursuivre cette nouvelle aventure. Je suis surtout impatiente d'assister à la confrontation du Bouncer et de Axe-Head.



Challenge B.D 2017
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La légende du lama blanc, tome 3 : Le Royaume..

Le mal est l'oubli du bien.

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Ce tome fait suite à La légende du lama blanc, tome 2 : La plus belle Illusion (2016) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome car il s'agit d'une histoire complète en trois tomes. La parution initiale de celui-ci date de 2017. Il comporte 46 planches en couleurs réalisées par Alejandro Jodorowsky pour le scénario, et Georges Bess pour les dessins et les couleurs avec l'aide de Pia pour ces dernières.



Une balle traverse le crâne d'un Tibétain en train de manifester pacifiquement en agitant son moulin à prière. Les soldats chinois ont ouvert le feu avec des rafales de mitraille et des jets de grenade, sur la foule qui manifeste en lançant des chaussures et des chapeaux : c'est un carnage. Les Tibétains sont massacrés sans pitié. Dans le ciel au-dessus du palais du Potala apparaît un engin volant : une soucoupe volante peinte en camouflage, avec une croix gammée sur le fuselage. Elle atterrit sur le toit d'un des bâtiments du palais. Trois soldats nazis en descendent en portant une caisse. Il faut qu'ils se dépêchent car il ne restera bientôt plus un Tibétain en vie, et les Chinois commenceront alors à fouiller le palais. Le responsable du trio estime qu'ils en ont pour moins de cinq minutes. Ils entrent dans le bâtiment et descendent. Ils trouvent le stupa doré qu'ils recherchent et font sauter le cadenas qui en ferme l'intérieur. Ils y trouvent le vase sacré qui contient les restes du cinquième dalaï-lama, et le brisent. Ils transfèrent les restes dans la caisse et retournent à leur soucoupe avant d'avoir été détectés. Mission accomplie.



Les Chinois pénètrent dans le palais en défonçant la porte à grands coups de pied. Les moines sont assis en tailleur à même le sol, sans aucune intention de résister encore moins de se battre. Le général exige qu'ils lui indiquent sur le champ où se cache le dalaï-Lama, ou il leur fait sauter la cervelle. Un moine répond que lui et le panchen lama se sont enfuis et qu'ils veulent se rendre en Inde. C'est tout ce qu'ils savent. Le général l'abat à bout portant d'une balle dans la tête, et il ordonne qu'ils soient tous mis à mort. Il ordonne également de contacter immédiatement les postes frontières et il veut des policiers sur chaque route, chaque chemin, chaque sentier. Les deux fuyards sont accompagnés par les quatre moines Tzu, Dondup, Topden et Tsöndu. Les six hommes constatent qu'ils n'arriveront jamais à traverser ces montagnes à pied sans chevaux. Ils décident de s'assoir en tailleur et de prier les divinités pour leur aide. Au même instant, derrière les fugitifs en prière, sur les hauteurs, Mandarava et Issim utilisent leurs pouvoirs et bientôt un groupe de chevaux sauvages se dirige vers les fuyards qui les enfourchent sans peine. Le nouveau dalaï-lama déclare qu'ils ne font pas de miracles, mais que ce sont les miracles qui les font. Entretemps, le général Chuan-Lao arrive en trombe avec sa jeep à l'école anglaise de Lhassa. À l'intérieur, le père Williams et Léna en fauteuil roulant les voient arriver. Elle déclare au père qu'il doit châtier le général. Elle sait qu'elle est mourante et qu'elle va rejoindre Mister Donovan dont les soldats chinois ont écrasé la tête à coups de pied, Laughton qui a été empalée sur un pieu, Samy le cuisinier qu'ils ont noyé la tête dans les latrines. Elle-même a été violée par quarante soldats ricanant et jetée ensuite dans la rue, avec une bouteille de whisky entièrement enfoncée dans le sexe par Lao. Ils l'ont déchirée. Ils ont dévasté son âme.



En entamant le premier tome de cette deuxième (et peut-être dernière) saison, le lecteur avait eu l'impression de bien cerner la direction générale de l'intrigue : assez similaire à la première saison avec l'avènement progressif d'un nouvel avatar du lama, succédant ainsi à Gabriel Marpa. Avec le deuxième tome, il était déjà moins sûr de lui, à la fois par la mise en scène de Tenzin Gyatso le dalaï-lama depuis le 17 novembre 1950, à la fois par la présence d'Adolf Hitler (né en 1889) ayant visiblement survécu et alors âgé de soixante ans. Avec ce troisième tome, il comprend qu'il avait fait fausse route dans sa projection. Ses derniers doutes s'envolent avec l'arrivée des nazis en soucoupe volante. Il est vrai qu'il aurait pu s'en douter car l'apprentissage des nouveaux lamas progressait beaucoup plus rapidement et plus facilement dans le tome 2. Dans un premier temps, il retrouve bien la suite de l'invasion du Tibet par la Chine, avec le massacre des civils. À nouveau les deux premières pages s'avèrent d'une grande force, baignant dans des nuances de rouge, avec une représentation de la violence descriptive et percutante. La première image montre le moine de profil, sans arrière-plan, sur fond blanc, crachant un filet de sang par la bouche, et de la matière cervicale expulsée par l'arrière du crâne, le cadrage de profil met en évidence la trajectoire de la balle permettant à l'artiste de s'affranchir de la représenter. Les cases du dessous montrent les Tibétains se faire faucher par les balles dans un ballet morbide, et celle en bas de la page montre la détermination hargneuse des soldats à mener à bien leur besogne.



L'arrivée de la soucoupe volante s'effectue en bas de la deuxième planche, sur fond de nuage blanc, mais de ciel d'une teinte rouge orangé, évoquant le rouge de la boucherie précédente. Comme dans les tomes précédents, l'artiste se montre un coloriste sophistiqué, navigant entre approche naturaliste et expressionisme. Le récit se prête remarquablement bien à cette vision artistique, entre les moments qui montrent comme un reportage, et ceux où l'émotion prend le dessus, soit comme conséquence d'une action, soit comme moteur d'un individu. Bess l'utilise également comme effet spécial, par exemple pour l'apparence du corps astral de Gabriel Marpa et des deux autres lamas. La connivence entre scénariste et artiste est manifeste quand Hitler se roule dans le sang de ses soldats qui se sont sacrifiés pour lui : Bess le colorie alors en rouge des pieds à la tête, plus comme un symbole que comme la réalité du sang ayant imbibé ses vêtements et ayant séché sur sa tête, ses cheveux ou ses mains. De même, l'irruption des soldats d'Agartha dans le monde de la surface induit que les décors prennent une teinte jaunâtre, comme s'ils étaient contaminés par la présence de ces conquérants. Une fois que son regard est attiré par cet usage des couleurs, le lecteur remarque que l'approche naturaliste est minoritaire, alors qu'il était persuadé qu'elle était majoritaire.



Le lecteur ajuste donc son horizon d'attente à la réalité de ce que raconte ce troisième tome. Il s'avère aussi riche que les précédents : l'invasion du Tibet par la Chine et le sort du général Chuan Lao, le devenir des personnages secondaires (ledit général et ses deux soldates, le père Williams, Léna, les quatre moines, le dalaï-lama et le panchen lama, Lin-Fa), le plan d'Adolf Hitler, et bien sûr le devenir des deux nouveaux lamas. Il est vraisemblablement pris totalement au dépourvu par le développement sur Agartha. Certes il avait été question de ressources extraordinaires dans les caves de la lamaserie où Gabriel a été moine, mais c'était dans le premier cycle, et le lien n'est pas clairement établi entre ces armes et Agartha. Le scénariste semble s'inspirer de loin des ouvrages ayant rapproché Agharta au nazisme après la seconde guerre mondiale, par exemple ceux de Louis Pauwels et Jacques Bergier, de Jean-Claude Frère et de Jean Robin. Le lecteur y voit surtout une péripétie en provenance directe d'un roman d'aventures de la fin du dix-neuvième siècle ou début du vingtième, et l'occasion pour l'artiste de réaliser un splendide dessin en double page pour montrer ladite cité, puis une scène dans laquelle la nuée des soldats d'Agartha se déverse sur le monde. La résolution de cette partie de l'intrigue laisse le lecteur comme deux ronds de flan, du fait d'une faiblesse qui s'apparente fort à un deus ex machina et un clin d’œil à un célèbre roman de Herbert George Wells (1866-1946).



Le lecteur repense à ce qu'il vient de lire. L'invasion chinoise du Tibet est un fait historique, et l'auteur préfère entremêler son récit à la réalité historique plutôt que de la bouleverser, à l'exception de la survie du Führer. La survie de ce dernier peut se voir comme une allégorie de la perpétuation de l'esprit belliqueux, de la volonté d'exterminer d'autres humains, une soif de pouvoir qui ne supporte pas la résistance. Avec cette façon de voir en tête, le lecteur se rappelle la page d'ouverture de ce tome, du visage fermé des soldats chinois exterminant les Tibétains pacifistes, et il se rend compte que c'est l'auteur qui exprime son point de point de vue sur cette invasion. Les séquences impliquant Agartha montre comment Hitler est accepté comme chef temporel et spirituel, grâce à sa capacité à commander le suicide sacrificiel de ses propres soldats. Une mise en scène glaçante de l'ego démesuré, de l'obéissance aveugle jusqu'au sacrifice, qui s'empire encore avec le fait que le dictateur parade couvert du sang de ses hommes, complètement ivre de sa puissance mortifère. Indépendamment de la résolution anti-climatique du conflit contre Agartha, le lecteur constate que la vie triomphe, plus pérenne que la volonté d'exterminer.



La clôture de ce deuxième cycle s'avère des plus déroutante, ne serait-ce que parce qu'elle ne correspond en rien à ce que pouvait s'imaginer le lecteur. Pourtant, la narration visuelle est toujours aussi habitée et entraînante, impressionnante par son intensité, que ce soit dans des passages spectaculaires pour le paysage ou l'environnement, ou dans ceux submergés par les émotions. Le scénario est imprévisible, virant vers le fantastique teinté d'ésotérisme. Le suspense est neutralisé par un déroulement improbable, mais pas dépourvu de sens. Le thème principal s'impose progressivement : l'inhumanité de toute conquête, de toute invasion, la morbidité d'une telle entreprise, et les souffrances qu'elle génère, bien sûr chez les peuples exterminés, mais aussi chez les agresseurs.
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Bouncer, tome 8 : To hell

To hell démarre sur les chapeaux de roue.



Fidèle à la première de couverture, nous découvrons notre héros manchot dans une position inconfortable, coincé entre plusieurs périls dans un monde glacé et empli de dangers immédiats. Voici l’occasion toute trouvée pour se remémorer le déroulement des derniers jours.



Le Bouncer est installé avec Yin-Lin. Hélas, pour lui, le repos est de courte de courte durée, car un drame est venu toucher deux amis proches. Un nouvel ennemi est venu faire parler de lui à Barro-City et notre héros va devoir les venger…



Et si l’ennemi est question semble assez pathétique (surtout en en comparaison de Axe-Head), celui-ci dispose d’alliés puissants et surtout, il peut se réfugier dans une position aussi lointaine qu’inexpugnable, d’autant que la forteresse en question n’est autre qu’une prison bien particulière.



La violence est ici au rendez-vous, la violence et surtout une quête désespérée qui attend notre héros qui est contrainte de traverser le froid et le désert. Ce changement d’ambiance apporte un petit vent de nouveauté à une série qui était, jusque-là centrée sur Barro-City.

Comme dans les trois derniers albums précédents, le dessinateur est ici clairement à l’aise.



To hell est une nouvelle fois un bonne pioche, dommage que la lecture soit aussi rapide. Car ici le temps passe bien trop rapidement.
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Bouncer, Tome 5 : La Proie des Louves

Dernier volume de ce deuxième cycle de la série Bouncer, La proie des louves conclue avec panache une trilogie à fort potentiel.



Entre l’arrivée d’un nouveau bourreau (qui se révèle être une femme avec son propre projet et ses motivations bien campée) et d’une bande de tueurs mexicains, Bouncer aura fort à faire, d’autant que pendant ce temps, son allié poursuit sa vengeance, et lui-même semble bien décidé à régler ses comptes.



Le scénario est riche, même s’il révèle quelques pistes convenues. Ainsi les maladresses de White Elk et les révélations le concernant semblent tomber à point trop nommé. Il en va de même pour le devenir d’un certain nombre de personnages arrivés au cours du dernier album. Les personnages sont ici clairement sous-utilisés alors qu’ils auraient pu offrir davantage.



Le dénouement de l’histoire ouvre des perspectives pour la suite. Bon certes, les séquences post dénouement sont convenues et donnent l’impression de faire du remplissage mais elles annoncent une autre époque et cela pardonne beaucoup de choses.



Bouncer, après avoir sombré, se révèle être un personnage moins lisse que précédemment. Nous le voyons ici épris de contradictions et particulièrement revêche, notamment à l’égard de ses alliés, peut-être appelés à jouer un rôle plus important à l’avenir.



Le dessin révèle enfin tout son potentiel ! Il y avait (et il y a encore), les nombreuses séquences en extérieur. Il y a aura maintenant, deux séquences de fusillades qui retiendront une nouvelle fois l’attention. Cerise sur le gâteau, une petite séquence pour adultes (très pittoresque) viendra confirmer que nous affaire à un album plus réussi que les précédents.



La proie des louves est donc une réussite qui clôt un cycle réussi et ouvre des nouvelles pistes pour la suite…
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Bouncer, tome 3 : La justice des serpents

Un excellent 3ème tome à la tonalité très sombre et très pessimiste sur la nature humaine.



Le récit est très bien mené. Les flash-back sont particulièrement bien utilisés et concourent à rendre l'intrigue complètement captivante. Outre l'intrigue principale, une intrigue secondaire, l'indien au serpent, est mise en place par petites touches. On ne sait pas encore ce que ça va donner mais c'est très alléchant.



Dans ce tome, le Bouncer en prend plein la gueule. Surtout émotionnellement. Ce qui permet au personnage de prendre de l'épaisseur, de s'humaniser et donc de devenir plus attachant.



Le final, d'une tristesse infinie, appelle à lire la suite de toute urgence.



Challenge B.D 2017

Challenge Atout-prix 2017 - 1 (prix Micheluzzi de la meilleure série de B.D étrangère en 2013)
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L'Incal, Tome 1 : L'incal noir

Le dernier film de Jodoroswky (Poesia sin fin) était particulièrement dégueulasse mais on m’a dit que ses bandes dessinées valaient le détour. J’aurais dû me méfier car le conseil émanait d’une personne fort respectable mais qui avait justement apprécié ce film purulent d’orgueil et d’amour-propre.





La bande dessinée relève un peu le niveau, moins fière dans son propos, maniant l’humour d’une façon égale. Mais beaucoup de clinquant pour pas grand-chose. Au final, aussi décevant que le joujou qu’on trouve dans le Kinder Surprise (oh, ce n’est que ça ?).





On va quand même pas se taper la série hein, y a d’autres choses à faire dans la vie.

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La Voie du Tarot : Une structure de l'âme

Il s'agit du livre le plus intéressant, riche et intelligent écrit sur le Tarot de Marseille, et de loin. A la fois historique, analyse et manuel de lecture, tout est dedans, Jodorowsky maitrise son sujet sur le bout des doigts. Oubliez les méthodes ringardes et traditionnelles qui n'analysent pas les lames en profondeur et de donnent que des interprétations subjectives et superstitieuses des arcanes. Ce livre de Jodorowsky est la base. A lire en premier si le sujet vous intéresse. Un de mes livres de chevet !
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Bouncer, Tome 5 : La Proie des Louves

Voilà ce cycle de clôturé et de belle manière !



La vengeance de White Elk est terminée et notre Bouncer va se retrouver tiraillé de tous les côtés : entre la justice et son père et puis entre le nouveau bourreau, Antoine Grant, qui est une femme qui ne s’en laisse pas conter et la belle Yin Li, femme douce et soumise, là où la Grant est dominatrice et violente… Yin Li l’aime totalement, Grant veut juste se faire une partie de jambes en l’air.



Comme toujours dans cette série, la violence est ultra-présente, elle est le reflet de ce qu’était cette époque où l’on n’hésitait pas à massacrer pour s’approprier une terre et où l’on considérait que les Indiens n’étaient pas des êtres humains.



Le scénario ne manque pas de rebondissements, tout en étant convenu, puisque l’on n'a rien inventé de neuf sous le soleil du far-west.



Allez, sans perdre de temps, je m’en vais découvrir le tome 6 et c’est décidé, je termine la série, j’ai trop souvent reporté cette lecture, alors qu’elle vaut la peine d’être découverte et lue !

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La légende du lama blanc, tome 2 : La plus be..

Rien n'est permanent. Tout se transforme.

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Ce tome fait suite à La légende du lama blanc, tome 1 : La Roue du temps (2014) qu'il vaut mieux avoir lu avant. C'est le deuxième tome d'une trilogie qui constitue une seconde saison pour la série. La parution initiale de celui-ci date de 2016. Il comporte 46 planches en couleurs réalisées par Alejandro Jodorowsky pour le scénario, et Georges Bess pour les dessins et les couleurs avec l'aide de Pia pour ces dernières.



Dans une région aride du plateau tibétain, le yéti Ah-Iou et son fils Kr-El sont à la recherche d'un gibier : rien. Trois jours sans même apercevoir une proie. Il ne reste plus beaucoup d'animaux. Avec leurs explosions, les chercheurs de minerai ont empoisonné l'herbe. Soudain une antilope court vers les deux chasseurs, mais elle a une demi-douzaine léopards à ses trousses. Les dieux envoient-ils une antilope aux chasseurs, ou se moquent-ils d'eux ? Un yéti se place sur la trajectoire de l'antilope et la tue d'un coup d'épée. Les jaguars le rejoignent et l'attaquent : il se défend bientôt aidé par son compagnon. Le combat fait rage. Dans une autre partie du plateau tibétain, tout aussi désertique, les moines Tzu, Dondup, Topden et Tsöndu continuent d'entraîner Mandarava & Issim à la découverte et à la maîtrise de leurs pouvoirs. Ce que l'on nomme réalité est un rêve, des formes imaginaires, des vibrations. Les moines ont appris à l'esprit des adolescents à vibrer comme le rêve. Leur vibration intérieure et celle du rocher en face d'eux sont au diapason : ils avancent et ils traversent le rocher comme s'il s'agissait d'une forme immatérielle. L'exercice suivant consiste à transformer des cailloux.



Un peu plus tard sur les hauteurs de Chomolungma, Ah-Iou revient au campement des yétis, avec l'antilope sur son épaule droite, et le corps de son fils Kr-El sur l'épaule gauche. Ils les déposent à terre, alors que les autres yétis viennent à sa rencontre, ainsi que les adolescents et les moines. Le fils est mort, et les adolescents perçoivent que le cœur du père va éclater de chagrin. Ils décident de réaliser une tricherie sacrée : pénétrer à l'intérieur du cadavre de Kr-El et parler comme s'ils étaient lui. Ils vont doucement pénétrer dans son cadavre et le faire revivre, le ranimer quelques instants. Kr-El se redresse et s'adresse à ceux qui l'entourent. Il leur demande de ne pas souffrir, car il est fier d'être mort en défendant son père. Il leur enjoint de manger l'antilope savoureuse, puis d'offrir son corps aux vautours. Seulement alors son esprit pourra s'envoler libre, pour rejoindre sa demeure céleste. Il leur tend les bras pour qu'ils viennent l'embrasser avant son départ. Les autres yétis accourent et l'étreignent. Le corps finit par se relâcher sans vie, les futurs lamas l'ayant quitté. À Lhassa, une répression féroce, impitoyable s'est abattue depuis des années sur la population tibétaine. Les citoyens manifestent dans la rue, avec des pancartes portant le slogan Libérez le Tibet. Un moine s'immole par le feu dans la rue. Les soldats chinois l'abattent froidement. Le père William est amené devant le colonel Lao, toujours en compagnie des deux soldates, pour qu'il traduise un avis en tibétain.



D'une certaine manière, le lecteur s'attendait à ce que les auteurs reprennent à peu de chose près la même trame que celle du premier cycle. C'était oublier de quel scénariste il s'agit. Il est donc déstabilisé par la première séquence, en quatre pages, entièrement consacrée à deux yétis. Il n'y a que cinq brefs cartouches de texte évoquant la dégradation du milieu naturel engendrée par l'exploitation de ses ressources, et le fait qu'il serve ensuite de poubelle aux activités humaines. Dans le même temps, ces deux créatures luttent pour leur survie, cherchant de la nourriture, luttant pour leur vie contre d'autres animaux prédateurs. La narration visuelle est extraordinaire. Une première page avec quatre cases de la largeur de la page, le format panoramique rendant compte de l'immensité du paysage. Une deuxième page avec une case verticale de la hauteur de la page, une vue du ciel qui montre la distance qui sépare les yétis de l'antilope, puis des cases horizontales comme accrochées en drapeau au mat qu'est la case verticale pour l'enchaînement des actions qui en découlent. Les deux autres pages reviennent à des bandes de case, la dernière étant de la largeur de la page pour une dernière vision panoramique. Le lecteur est submergé par la violence de l'affrontement entre les prédateurs et les yétis, une lutte primale pour rester en vie. S'il y prête attention, il remarque que l'artiste continue à utiliser des couleurs surprenantes, comme différentes teintes de rose, ainsi qu'il le faisait de manière marquée dans le premier cycle, pour une touche discrète évoquant un faible relent de psychédélisme, ou plutôt pour attirer l'attention sur la dimension spirituelle de cette scène.



La séquence suivante revient aux jumeaux qui sont la nouvelle incarnation du lama Gabriel Marpa. Dans la droite continuité du premier cycle, ils bénéficient du mentorat des moines qui leur font découvrir leurs pouvoirs et les aident à les maîtriser. Gabriel leur apparaît également pour les guider quant aux actions à entreprendre. Attentif, le lecteur remarque cette utilisation particulière des couleurs, sous forme de nuances présentes de manière chronique, rappelant de façon subliminale que ce récit ne peut s'entendre qu'en gardant à l'esprit sa dimension spirituelle. L'artiste épate par sa maîtrise de la mise en couleurs, allant d'une teinte dominante pour baigner une scène dans une ambiance particulière, à une mise en couleurs de nature réaliste, ou pouvant passer en mode expressionniste sans rapport direct avec les couleurs de la réalité. Tout du long du récit, il adapte son découpage de planche à la nature de la scène, pouvant passer d'une page avec quatre cases (planche 17) à une planche qui en compte quatorze (planche 44), ou faire dépasser un personnage des bordures d'une case (par exemple planche 8). Il peut passer en mode fantastique (planches 20 & 21, quand Mandarava et Issim discutent avec Gabriel, sur le plan astral), et aller jusqu'au mode le plus descriptif et réaliste (la magnifique vue d'ensemble du temple de Potala à Lhassa, planche 22). Dans ce dernier registre, le lecteur est saisi d'effroi en voyant un moine s'immoler par le feu (planche 11) ce qui peut lui rappeler des reportages sur ces pratiques au Vietnam, par exemple celui de Thich Quang Duc (1897-1963).



Grâce à la qualité des dessins, le lecteur identifie sans peine deux personnages historiques : le dalaï-lama Tenzin Gyatso, et plus surprenant Adolf Hitler. Le scénariste montre la domination chinoise sur le peuple tibétain, incarnée par le général Lao, avec ses deux aides de camp féminins, dont une à la vareuse toujours ouverte, montrant sa poitrine dénudée. Il fait venir le père William pour qu'il traduise et écrive en tibétain un avis général à la population. Il y rappelle qu'il est mandaté par l'invincible sauveur du peuple Mao Tsé-Toung, et il y déclare l'éradication des quatre vieilles empoisonneuses : les vieilles idées, la vieille culture, les vieilles habitudes, et les vieilles tenues. La loi martiale est instaurée et sont interdits les chants, la musique d'envoûtement, les danses chamaniques, les mandalas de sable, la chasteté des religieux et des religieuses, le thé au beurre de yak, l'orge. Seul le blé est autorisé. Le lecteur voit bien là à l'œuvre une politique d'éradication de la culture autochtone pour contraindre à adopter la culture de l'occupant. L'auteur raccroche donc son récit à la réalité historique avec l'intronisation de Tenzin Gyatso comme quatorzième dalaï-lama, tout en aménageant la personnalité et les actes du régent Réting. L'autre personnage historique n'arrive pas comme un cheveu sur la soupe. Il y avait cette petite troupe de nazis à la recherche d'un trésor dans le premier tome, et il s'avère qu'elle a une base dans la région avec ce chef emblématique. Le lecteur y voit une convention romanesque de série B, au même titre que la représentation des pouvoirs parapsychiques de Gabriel Marpa, et de ses réincarnations. Il peut également y voir une métaphore de la dictature, de la propension de l'être humain à détruire, et établir un parallèle avec le général Lao, et les méthodes de l'occupation chinoise.



Le scénariste prend le lecteur par surprise en ne reproduisant pas le même schéma narratif que le premier cycle. L'artiste le prend également par surprise en étant encore meilleur que dans le premier cycle, une narration visuelle d'une qualité remarquable, d'une diversité aussi étonnante que discrète, adaptant avec fluidité son niveau de description, utilisant avec subtilité des teintes inattendues pour porter un sens supplémentaire. D'une manière sophistiquée et romanesque, le récit entraîne le lecteur au cœur de l'occupation du Tibet par la Chine, à assister à la répression d'une culture, à l'avènement d'un nouveau chef spirituel et temporel pour le Tibet, avec un récit qui lie ces deux facettes de l'existence, spirituelle et temporelle.
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Le Lama blanc, tome 3 : Les trois oreilles

N'entre pas ici qui veut.

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Ce tome fait suite à Le lama blanc, tome 2 : La seconde vue (1989) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome. La parution initiale de celui-ci date de 1989. Il comporte 46 planches en couleurs réalisées par Alejandro Jodorowsky pour le scénario, et Georges Bess pour les dessins et les couleurs.



À l'issue d'un voyage éprouvant et harassant, après avoir croisé le lama ermite, Gabriel Marpa, encore adolescent, atteint la lamaserie, et frappe au portail de l'enceinte : il supplie qu'on lui ouvre. Finalement le lama Kusho ouvre un vantail et toise le garçon avec dédain lui indiquant que les moines n'acceptent pas n'importe qui. Gabriel pleure et indique qu'il veut devenir un moine. Finalement, Kusho accepte de le laisser entrer et le soumet à sa première épreuve : dans la grande cour, il lui demande de reculer de trente pas, de s'assoir et de ne plus bouger. Gabriel obtempère et s'assoit en position du lotus dans cette immense cours, sans aucune personne autour. Dans un appartement en hauteur, le moine Tzu fait observer le jeune garçon à maître Dondup, celui-ci fait le constat que si le corps est trop faible, il ne résistera pas. Le temps passe et la nuit arrive. Les moines vaquent à leurs occupations sans prêter aucune attention au garçon. Soudain, Gabriel reprend connaissance, se rendant compte qu'il s'était assoupi. Tout son corps est rompu, endolori et sa tête est brûlante : il s'interroge sur son obstination déraisonnable. Il sent la chaleur monter et le soleil commencer à le brûler.



Alors qu'il ressent avec acuité la souffrance de la faim, de la soif, de la douleur Gabriel Marpa se dit qu'il va abandonner. Il voit se matérialiser des apparitions devant lui : Kuten, Atma, Péma, maître Tzu-La, autant de personnes qui l'exhortent à tenir bon, à résister. Gabriel leur ordonne de le laisser en paix, de disparaître, car il vaincra par ses propres forces. Il doit tenir. Très doucement, de nombreux escargots convergent vers Gabriel, montent sur son corps, et forment comme un casque sur sa tête, le protégeant ainsi de la force des rayons du soleil. Depuis l'appartement élevé, Dondup et Tzu constatent que l'enfant a reproduit le miracle de Gautama, du Bouddha. Le roi des escargots et son peuple sont venus jusqu'à lui pour lui offrir fraîcheur et protection. C'est là un signe de leur grand maître Mipam, un miracle. Toutefois, il reste à l'adolescent à survivre à une autre nuit de ces nuits glacées. Quelques heures plus tard, au cœur de la nuit, deux moines traversent la place en portant un porc mort. Le vent arrache la toile qui masque la carcasse et s'envole vers Gabriel, autour duquel elle s'entortille. Il se demande ce que sont le froid et la douleur, comparés aux affres que connaissent ceux qu'on sacrifie au bon plaisir des autres. Sur une terrasse de la lamaserie, Petit Jésus se régale de la viande de porc en émettant des grognements sonores. Il se fait rappeler à l'ordre par un moine qui lui enjoint de retourner dormir.



La fin du tome 2 établissait clairement le fait que Gabriel Marpa possède des pouvoirs extraordinaires et qu'il est promis à un avenir de grande ampleur, après avoir souffert bien sûr puisque c'est un personnage de Jodorowsky. Le lecteur sait donc à peu près à quoi s'attendre dans ce tome : le héros arrive enfin dans une lamaserie, il va souffrir, et il va gagner en sagesse, avant de passer à l'étape suivante sur la voie de l'illumination. Dans le même temps, il ne sait pas trop quelles épreuves il va subir. Ça commence dès l'arrivée à la porte où le lama ne veut pas le laisser entrer. Ça continue avec les 3 jours sous le soleil et les 2 nuits dans le froid glacial, et pour faire bonne mesure, il se fait tabasser par les autres moinillons. Puis le récit passe à une autre phase : celle de la découverte par l'exploration de la lamaserie, avant d'aboutir à cette troisième oreille. La narration visuelle est tout aussi agréable que dans les deux premiers tomes avec des personnages typés tibétains, à l'exception de Gabriel Marpa, une attention portée aux décors qui semblent avoir été conçu d'après de solides références pour restituer l'architecture d'une lamaserie tibétaine et ses aménagements intérieurs, avec une mise en couleurs évoluant entre naturalisme et expressionnisme.



La première séquence entremêle avec naturel un reportage naturaliste sur l'arrivée d'un jeune adolescent dans une lamaserie dont les moines ne souhaitent accueillir personne, et l'épreuve nécessitant que le héros mobilise ses forces spirituelles intérieures avec une facette surnaturelle. Les trois premières pages transportent le lecteur aux côtés de Gabriel sur ce sol montagneux rocailleux et aride, devant les portes imposantes du monastère. L'artiste joue sur les couleurs rouge orangé pour renforcer l'impression de climat hostile et d'accueil tout aussi hostile. La troisième planche se termine par une grande case au fond blanc avec seulement quelques petits rochers et la minuscule silhouette de Gabriel assis en position du lotus, immobile dans ce néant, se conformant à l'ordre arbitraire qui lui a été donné. Le lecteur ressent une forte empathie pour ce jeune garçon, sa fragilité, son dénuement, son isolement, coupé de tout, dans milieu qui ne veut pas de lui.



Dans la deuxième séquence, Gabriel endure l'épreuve de la canicule, sans bouger, sans manger, sans boire, avec des hallucinations. Le dessin navigue tout naturellement entre naturalisme et onirisme avec l'apparition des spectres de Kuten, Atma, Péma, Tzu, laissant le lecteur libre de les prendre au premier degré comme des manifestations surnaturelles, ou comme des hallucinations de l'esprit de Gabriel affaibli. Bess joue avec les couleurs pour accentuer l'effet de perception entre réel et imagination. La coordination des deux auteurs est parfaite, et permet au miracle de passer tout seul : les escargots qui convergent vers Gabriel pour recouvrir sa tête afin d'empêcher toute insolation. C'est un passage extraordinaire entremêlant naturalisme et mysticisme, rendant plausible cet événement, sans amoindrir son caractère quasi sacré. Le lecteur est complètement captivé et après la bastonnade, il découvre un récit très agréable, avec moins de souffrance pour Gabriel. Le moinillon Topden fait faire le tour du propriétaire au novice, confirmant ainsi que ce dernier a trouvé une place sécure pour quelques temps au moins. L'artiste montre chaque coin et recoin, ainsi que chaque personnage. Le lecteur peut ainsi jeter un coup d'œil partout avec Gabriel : le dortoir des novices, les grands places désertées la nuit, le garde-manger avec la réserve de gâteaux, la grande salle de jugement avec ses tentures, la caverne de châtiments avec ses tombeaux de pierre, la bibliothèque éventrée, etc. Il y a à la fois des visuels attendus, à la fois des endroits surprenants par leur forme ou par leur usage. S'il y est sensible, le lecteur relève de nombreuses images étonnantes : le chat avançant avec élégance sur une faîtière, les moines en train de jouer une mélopée sur un instrument à vent (Rgya gling), les yeux d'un chat emplis d'étoiles, un âne avec un bonnet, des passages secrets dans la lamaserie, les excavations dans la bibliothèque, l'immense caverne souterraine, le dispositif pour maintenir la bouche ouverte et éviter de se mordre la langue, etc. De ce point de vue, ce tome constitue une aventure divertissante extraordinaire, avec une fibre merveilleuse.



Bien évidemment, connaissant le scénariste, la dimension spirituelle reste bien présente, avec des mises à l'épreuve nécessitant de souffrir pour les surmonter. La première bénéficie d'une mise en images d'une grande évidence, et c'est en lisant les remarques de deux lamas que le lecteur peut prendre la mesure de l'épreuve au regard de la logique interne du récit. Le comportement des escargots correspond bien à un prodige d'un point de vue religieux, et l'épreuve exige d'avoir un corps fort et résistant pour y survivre, induisant que l'esprit ne permet pas seul de triompher. Il en découle que les souffrances indissociables des rites ne sont pas là juste pour tester la détermination de l'individu, mais aussi pour éliminer les faibles constitutions. C'est un concept qui se retrouve en fin de cet album quand Gabriel subit le rite qui lui permet d'acquérir une troisième oreille. Du fait de cette facette du récit, le lecteur garde à l'esprit que chaque scène peut être considérée sous l'angle de ce qu'elle apporte à l'éveil du personnage principal. Avec cette idée en tête, il prend conscience que l'exploration de la lamaserie apporte des éléments d'une autre nature : la maltraitance des enfants ou adolescents novices par les lamas adultes, la corruption politique au sein de la hiérarchie monastique, l'hypocrisie d'une communauté qui prêche des valeurs et se conduit en les bafouant, et plus inattendu une fibre politique avec la présence de chinois invités par le grand lama usurpateur Migmar, pour découvrir le secret que renferme la caverne des anciens. Encore plus surprenant est la nature supposée de ce secret : une immense grotte où une ancienne civilisation aurait entreposée ses trésors et l'essence de son savoir pour le bénéfice de l'humanité à venir, c’est-à-dire une touche de science-fiction.



Ce troisième tome est à nouveau découpé en 4 chapitres : L'épreuve et les miracles, Le maître des chats, Le maître des ânes, La richesse ou la sagesse. De prime abord, il constitue une phase du récit beaucoup plus accessible et beaucoup plus agréable, avec moins de souffrances physiques, et l'exploration de la lamaserie, entre corruption et merveilleux, avec des touches d'humour, dans une narration visuelle riche et descriptive. Au fur et à mesure, ces découvertes s'enrichissent de l'exotisme des lieux, de la dimension politique du fonctionnement de la lamaserie, d'éléments incongrus (les ânes, les gâteaux), tout cela participant au voyage de Gabriel Marpa vers son destin.
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Pietrolino - Intégrale

Confident de ses silences

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Cette intégrale regroupe les deux parties, initialement parues en 2 albums, le premier Pietrolino, tome 1 : Le clown frappeur en 2007, et le second en 2008 Pietrolino, tome 2 : Un cri d'espoir 2008. C'est l'œuvre d'Alejandro Jodorowski pour le scénario, et Olivier Boiscommun pour les dessins et les couleurs.



En pleine seconde guerre mondiale, à Paris, les soldats allemands tirent sur un immeuble, puis finissent par balancer des grenades à travers les fenêtres du premier étage. Sous les ordres d'un officier nazi, ils pénètrent ensuite dans le bâtiment. Les piétons entendent une série de rafales, ce qui signifie que les soldats ont tiré à bout portant. Ils font ensuite sortir les survivants avec les mains sur la tête. Dans la rue, la scène a été observée par Pietrolino, un homme tout habillé de blanc, Colombella vêtue d'une robe rouge collante et suggestive, et Simio un nain en habit de singe avec une flute à la ceinture. Ils regardent les soldats faire monter les prisonniers dans une camionnette. La rafle étant terminée, ils pénètrent dans un bistrot, en se demandant si le patron les acceptera. Ce dernier Pantalone s'exclame dès qu'il les voit qu'il ne veut pas de mendiant dans son établissement. Pietrolino s'offusque en le reprenant, car ils sont des saltimbanques, pas des mendiants. Colombella s'approche du comptoir et fait son numéro de charme : Pantalone accepte qu'ils donnent une petite représentation.



Un peu de temps plus tard, Pietrolino installe son castelet, pendant que Simio joue de la flute pour faire patienter les clients attablés en train de prendre un petit ballon. Une fois les tringles et les rideaux installés, Pietrolino se tient debout immobile pour se concentrer. Tout à coup, il s'anime à nouveau. À partir de ce moment-là, il n'est plus maître de lui-même, il est comme possédé. En faisant illusion de son corps, il est capable de faire voir à son public, une multitude de chose. Ce jour-là, c'est un monde sous-marin avec ses poissons, ses plantes aquatiques, ses méduses et ses algues qui apparaissent comme par magie aux yeux des spectateurs, stupéfaits par tant de beauté. Curieusement, c'est en disparaissant totalement derrière les choses auxquelles il donne vie, qu'il est le plus vivant. Pendant ce temps-là, Pantalone agite une liasse de billets sous les yeux de Colombella, sous-entendant qu'ils peuvent être pour elle si elle se montre sage. Le mime a fini la première partie de son numéro, mais les spectateurs ne donnent qu'un unique ticket de rationnement J3. Il se prépare pour la deuxième partie, enfilant un gant aux couleurs du drapeau français à la main droite, et un avec la croix gammée sur la main gauche. Avec ses mains, il mime un combat entre animaux préhistoriques. L'Allemagne nazie était un monstre fort mais stupide qui tentait de dominer le faible. Lorsque ce dernier est en difficulté face au géant, les spectateurs retiennent leur souffle. Discrètement Pantalone appelle les Allemands pour dénoncer le mime.



Il s'agit d'un album dont la genèse remonte en 1970 quand Marcel Mangel rencontre et engage Alejandro Jodorowsky, artiste chilien, ayant utilisé le mime dans son premier film Fando et Lis (1968). Il lui demande de lui écrire un spectacle vivant qui ne verra pas le jour faute de financement, puis de le transformer en un album. Celui-ci est dédié au mime Marceau (1927-2007). Le lecteur découvre donc un trio : le héros dont l'histoire porte le nom, une belle jeune femme dont il est amoureux, et un compagnon faire-valoir. La scène d'introduction montre la barbarie des occupants lors de la seconde guerre mondiale, le pouvoir de l'imagination et la puissance d'évocation d'un artiste, d'un créateur. Dès la page 14, le lecteur constate qu'il est bien dans une histoire de Jodorowski avec une séquence d'une violence éprouvante : l'officier nazi martèle les mains du mime à grands coups de bottes, jusqu'à ce qu'elles soient brisées et qu'il ne puisse plus s'en servir. L'artiste ne peut plus créer car son moyen d'expression est irrémédiablement détruit. Le lecteur frémit en voyant le talon appuyer sur la main, avec des taches de sang. C'est d'une terrible cruauté, sans que les dessins ne virent au gore. Le dessinateur réalise des planches descriptives, avec une mise en couleurs sophistiquée apportant relief, textures et ambiance lumineuse.



S'il peut être a priori intimidé à l'idée de plonger dans un ouvrage d'un auteur aussi ambitieux qu'Alejandro Jodorowski, le lecteur se rend vite compte que l'histoire se déroule de manière linéaire et simple : l'arrestation de Pietrolino & Simio par les nazis, le passage en camp de travail, le retour à Paris après la Libération, et la tentative de remonter un spectacle. Pietrolino est très touchant en artiste brisé, devenu incapable de créer à nouveau, à la pensée de ne plus jamais faire rêver les gens. Le personnage est très touchant dans sa gentillesse, ses convictions morales, son empathie, ses élans du cœur. Simio est tout aussi touchant avec son dévouement pour l'artiste, son amitié indéfectible, son partenariat professionnel l'incitant à aider le mime à trouver d'autres façons d'exprimer son talent. Il n'éprouve donc aucune difficulté à entrer dans l'histoire, à ressentir de l'empathie pour ces individus malmenés par la vie, mais animé par un réel goût pour la vie. Dès la première page, il est impressionné par la consistance des dessins. Il identifie aisément les immeubles haussmanniens, la belle berline Citroën, les uniformes militaires allemands, la belle devanture du bistro. Le dessinateur combine les formes détourées par un trait encré fin et la couleur directe pour l'intérieur de ces formes, apportant de nombreuses informations visuelles supplémentaires. Au fil des séquences, le lecteur admire d'autres lieux : les bouteilles d'alcool sur les rayonnages derrière le comptoir, les rideaux du castelet, la locomotive à vapeur, le Champ de Mars et les pieds de la Tour Eiffel, les petits fanions tricolore lors du bal, le petit chapiteau avec sa toile de tente rapiécée, les roulottes en bois, le très grand chapiteau du cirque de grande envergure avec sa toile impeccable, dans une belle plaine enherbée, les gradins du cirque.



L'empathie avec les personnages fonctionne dès la première page. En découvrant Pietrolino, le lecteur voit un grand échalas un peu dégingandé, dont l'apparence évoque un peu celle de Marcel Marceau, sans être une représentation photographique, ni une caricature. Il remarque l'expressivité un peu appuyée de son visage, ce qui est cohérent avec son mode d'expression artistique. Il découvre également Simio, sa petite taille, son langage corporel un peu exagéré pour son rôle de faire-valoir comique, aussi un physique qui atteste bien de son âge, avec sa calvitie précoce et son visage un peu empâté. Colombella fait penser à Jessica Rabbit, avec ses cheveux roux, sa longue robe rouge même si elle n'est ni lamée ni fendue jusqu'aux hanches, et ses courbes généreuses que ce soit sa poitrine ou son bassin. Pantalone est un peu plus caricatural, très empâté, avec un visage méprisant vis-à-vis des individus qu'il ne peut pas utiliser, doucereux et servile avec les représentants de l'autorité. Le dessinateur ajoute donc régulièrement une touche humoristique dans la représentation des personnages, les rendant plus sympathiques, et plus agréables à regarder. Le lecteur peut percevoir que l'intention de ce registre graphique est de rendre le récit accessible à un lectorat de jeunes adolescents, en cohérence avec le ton du scénariste.



Par moments, le lecteur remarque que l'artiste a choisi de simplifier la représentation d'un élément ou d'un autre. Dès la première page, il a épuré le dessin de la chaussée et du trottoir des rues de Paris. Par la suite, les roues des wagons du train semblent trop petites, les allées du Champ de Mars manquent de texture de gravier, les gradins du chapiteau sont uniformes, mais cela ne reste que quelques éléments. D'un autre côté, chaque page s'avère très riche visuellement, et l'équilibre entre le degré de précision descriptif, et les choix d'exagérer une expression, de simplifier un élément, d'aller vers une vision plus imaginaire permettent d'intégrer les éléments poétiques du récit, sans solution de continuité. À de nombreuses occasions, le lecteur ralentit son rythme pour prendre le temps de savourer un visuel inattendu, ou en décalage avec la réalité concrète : la méduse et les poissons exotiques nageant devant les clients du café de Pantalone, l'imperméable de l'officier nazi entre armure et déguisement grotesque, la liesse populaire lors du bal de la Libération, le mime du boxeur contre le kangourou, Pietrolino offrant son cœur, les tourterelles venant se poser sur les bras étendus de Pietrolino (même si l'une d'elle en profite pour se soulager), la capacité d'emporter le public avec les mimes, et bien sûr la séquence de fin.



Pietrolino est donc un mime qui en effectue quelques-uns au cours du récit, et la narration aussi bien en dialogue qu'en images incite le lecteur à considérer ce récit plus comme un conte que comme la biographie d'un personnage de fiction. Il termine le récit avec le sourire, et une forme de contentement modéré pour une histoire gentille et tout public. Dans le même temps, il a bien conscience de la qualité de l'hommage rendu au Mime Marceau, par exemple avec le chapeau candélabre de Pietrolino lors d'une représentation. En outre, il a ressenti que tout au long du récit, il est question de création artistique. Pietrolino a eu les mains brisées et la pensée de ne plus jamais faire rêver les gens l'anéantit chaque jour un peu plus. Il se dit également que les différents mimes du personnage comportent une dimension politique, que ce soit le théâtre de mains au cours duquel il ridiculise l'occupant, ou le spectacle final au cours duquel il étend par coup de poing avec gant de boxe, des officiels représentant l'autorité hypocrite. En revenant au début de l'histoire, il retrouve la phrase de l'officier nazi dans le café disant : Dommage que la fin de l'histoire manque autant de réalisme. Or elle s'applique littéralement à la fin de l'histoire. En y repensant, il se dit qu'Alejandro Jodorowsky a construit ce récit comme une allégorie de l'artiste, le mime Marceau, mais de lui aussi. Avec cette prise de recul, il est alors possible de considérer cette bande dessinée à la fois hommage, métaphore, et roman, comme une profession de foi : celle du créateur Jodorowsky sur la nature de son art, son engagement, sa vision de sa place d'artiste dans la société.



Une bande dessinée remarquable. Il s'agit d'un récit relativement court (92 pages) et accessible d'Alejandro Jodorowsky, avec une narration visuelle agréable, conjuguant une approche descriptive et une sensibilité poétique. Cette histoire peut être lue par de jeunes adolescents, aussi bien que par des adultes. Les premiers sont séduits par ce mime aux mains cassées, mais continuant à créer, avec des images souvent douces, savoureuses, concrètes et poétiques. Les seconds s'attachent tout autant aux personnages, apprécient plus l'hommage au Mime Marceau, et perçoivent l'allégorie de la vocation de l'artiste, véritable profession de foi du scénariste.
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Le Pape terrible, tome 4 : L'Amour est aveu..

Rome, 21 février 1513.



Mais pour qui sonne le glas ?

Il résonne depuis l’église San Pietro in Vincoli, sous la coupe de la famille della Rovere, la famille du pape… Le pape soldat, le pape mécène, le pape sacré, le pape terrible n’est plus ! Jules II est mort ! Sous une pluie battante, la population se lamente et prie pendant que dix gardes suisses, Raphaël et Michel-Ange portent le cercueil de celui qui fut leur amant.



Pendant ce temps, Machiavel se rue chez Madame Imperia, le bordel qu’il fréquente assidûment… Et qui est fermé pour cause de deuil obligatoire après la mort d’un pape ! Mais cette fois-ci, Machiavel ne vient pas pour forniquer. Il apporte avec lui un véritable trésor qu’il dépose aux pieds de la tenancière, de son vrai nom Marietta Corsini… pour la demander en mariage ! Oui ! Oui ! Notre vieux Machiavel est amoureux de l’opulente Madame Imperia. Il prétend être le dernier à avoir vu vivant sa Sainteté le pape et avoir reçu de lui ce trésor. Le trésor et l’annonce toute guillerette faite par Jules II que Machiavel serait le dernier à le voir vivant. Le pape lui demande de revenir le lendemain aux premières lueurs de l’aube avec un groupe de cardinaux pour constater son décès…



Critique :



Je n’ai rien contre les uchronies. J’en raffole ! Du moins lorsque c’est clairement précisé ! Tout au long de cette série, un lecteur non averti pourrait prendre pour argent comptant les délires, notamment homosexuels, de Jodorowsky et s’imaginer que l’histoire est en partie vraie… Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’auteur tord le cou à l’histoire et la viole à n’en plus finir. Peut-être devrais-je accepter de passer outre et lire ce récit pour ce qu’il est… une histoire imaginaire ? Bien ! Mais là aussi, l’histoire ne tient pas la route, sans que je ne puisse l’étaler ici pour ne pas révéler l’intrigue machiavélique du pape.



Sachez que Marietta Corsini fut bien l’épouse de Machiavel dès 1501 et que rien n’indique qu’elle ait eu la moindre activité de mère maquerelle… Machiavel n’a rencontré le pape Jules II qu’en 1506 et il ne fut jamais à son service, mais bien au service de la république de Florence. Jodorowsky le présente comme un petit pantin aux ordres du pape alors qu’il fut un des hommes les plus intelligents de son époque avec une intuition politique rarement égalée.



Theo est un dessinateur avec une rare puissance de trait, tant pour ce qui est d’affirmer les émotions que pour exprimer le mouvement. Il a ce sens du détail qui fait toute la différence. Il reste un de mes dessinateurs préférés.



La mise en couleur de Luca Merli rompt quelque peu avec celles des coloristes des trois albums précédents. On peut regretter que ce ne soit pas la même équipe tout au long de la série. D’aucun n’apprécieront pas le travail de Merli car ses couleurs diffèrent sensiblement de ce que l’on a pu découvrir dans les œuvres qui l’ont précédé, mais pour ma part, moi qui ai lu les quatre albums d’affilée la même semaine, je n’ai pas été choqué.



La série se termine sur un coup de théâtre qui fera crier au génie les admirateurs sans bornes de Jodorowsky. Pour ma part, je trouve l’histoire tirée par les cheveux, mais vous n’êtes pas obligés de me croire car je suis chauve !

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Bouncer, tome 4 : La Vengeance du manchot

Après les tristes événements intervenus dans La vengeance des serpents, Bouncer se retrouve seul et bien décidé à se venger. La piste est tentante mais les auteurs ont le bon goût de s’en écarter pour nous livrer une histoire bien plus complexe.



Comme il fallait s’y attendre, la vengeance du Bouncer prendra ici la forme d’une guérilla armée. Et rien de tel qu’un ranch menacé par une armée privée pour réaliser cet objectif. Cet épisode reprendra un poncif du genre, mais nous offre surtout l‘occasion de plonger en pleine fusillade… avec de nouveaux personnages qui font ici leur apparition.



Bouncer sera ensuite amené à retourner à Barro-City. De nouvelles révélations sur son passé l’attendent. Bon certes, le coup de l’amnésie est un peu facile, mais il permet de joindre ici plusieurs pistes scénaristiques qui semblent aller dans une toute autre direction.



Le scénario se complexifie et le dénouement va apporter avec lui l’arrivée de plusieurs personnages. Certains sont déjà des ennemis et d’autres… et bien il faudra en lire davantage pour en savoir plus !



Ce quatrième volume apporte quelques nouveautés intéressantes, mais surtout il accorde un surcroît d’intérêt et de complexité et ce cycle, qui n’aura pas trop de trois volumes pour révéler son potentiel…
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Les Chevaliers d'Héliopolis, tome 1 : Nigredo..

Hé bien, j’ai vu votre Louis XVI sous un angle jamais vu : son fessier royal !



Ça commençait fort, avec ce roi qui devait chatouiller la vulve de sa femme avec une plume de paon royal afin qu’elle soit fertile et surtout, qu’ils arrivent à baiser ensemble !



J’ai pouffé de rire car ça m’a rappelé une vieille blague avec une feuille de palmier.



En tout cas, riez sous cape si vous voulez, mais 9 mois après l’introduction du sceptre royal dans la grotte aux merveilles, Louis XVII était né.



Je ne vais pas vous raconter l’Histoire de France et ce qui se passa en 1789 et plus tard, lorsque vos souverains perdirent la tête. Je connais tout ça aussi mais les auteurs ont pris quelques libertés avec l’Histoire en l’accommodant à la sauce fantastique et le résultat n’est pas si mal que ça.



Bon, j’ai haussé les sourcils d’étonnement face à un gorille qui sait se battre à l’épée, mais c’est le fait qu’il parle qui m’a le plus étonné. Bah, nous étions avec un groupe d’Immortels, alors, hein, nous n’étions plus à ça près !



Les dessins de Jérémy sont un plaisir pour les yeux, les couleurs aussi. Réalistes, somptueux dans les décors, ça donne déjà envie de feuilleter l’album pour les revoir une fois de plus.



Son trait me semblait connu et j’ai donc fait un petit tour sur Babelio pour en savoir plus. Bingo, je connaissais, en effet, puisque j’ai lu les deux premiers tomes de la saga de pirates "Baraccuda" dont je vous parlerai plus tard.



Le scénario prend quelques libertés avec l’Histoire, mais pas tant que ça et quand il le fait, il le fait bien. Ceci n’est pas tout à fait une uchronie même si, dans notre histoire, Louis XVII n’est pas mort. Il est encore un peu tôt pour savoir si nous allons nous diriger vers l’uchronie ou pas.



Ce premier album semble poser les bases, sans entrer trop dans les détails car nous ne savons pas à quoi servent chez Chevaliers d’Héliopolis, ni quel destin ils réservent au Dauphin qui, pour le moment, est un guerrier hors pair mais peine un peu à attirer notre sympathie.



Pour ses parents, ceux qui furent guillotiné, là, le capital sympathie est aux abonnés absents car il n’y a pas grand-chose pour les sauver ou les racheter. Le Roi est un salopard de violeur (dans la bédé, pour le reste, je ne l’ai pas connu) et son épouse une mère sans cœur.



Réalité historique (je ne connais pas tout et les témoins sont morts) ou pas, ce roi Louis XVI qui est un horrible personnage par tous les côtés ?



Premier tome qui pose les bases mais qui développe peu, nous laissant donc avec moult questions sans réponses. Réponses qui, je l’espère, seront apportées dans le tome suivant et pas tout à la fin de la saga ou jamais.



Ma curiosité est éveillée, j’ai loué le deuxième tome afin de me faire une idée plus précise et si ce n’est pas à la hauteur, je passerai à autre chose. Ce qui serait dommage car le graphisme est à la hauteur, lui.



Moi je ne demande qu’à poursuivre car j’ai pris du plaisir à ma lecture.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Face de Lune, Tome 4 : La femme qui vient d..

Après un très agréable 3ème volet en forme d’intermède poétique ce 4ème tome est davantage centré sur l’action. L’intrigue progresse considérablement dans cet épisode au rythme soutenu. Le récit est très prenant, il se passe plein de choses et Jodo imagine des événements qui emmènent son histoire dans une nouvelle direction que je suis très impatiente de découvrir dans le 5ème volet.
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Borgia, Tome 1 : Du Sang pour le Pape

Grotesque.

Voilà le mot qui me vient à la lecture de cette BD.

Les dialogues sont puérils, grossiers ou orduriers et les personnages sont caricaturaux au possible.

Heureusement que la (légère) histoire apporte un intérêt et que les dessins sont souvent réussis (la scène où l'on voit les fantômes des papes morts est vraiment sympa).



J'ai eu l'impression d'avoir affaire, pardonnez-moi l'expression, à un Molière du cul. Une pièce de théâtre burlesque agrémentée de jurons, de scatophilie et de jeunes gens en fleur...

Peut-être le côté historique sauve-t-il la chose. Encore que.
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Le lama blanc, tome 5 : Main fermée, main ouv..

Illusion… Tout n'est qu'illusion…

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Ce tome fait suite à Le Lama blanc, tome 4 : La quatrième voix (1991) qu'il faut avoir lu avant. Ces 6 tomes forment une saison complète et il faut avoir commencé par le premier. La parution initiale de celui-ci date de 1992. Il comporte 46 planches en couleurs réalisées par Alejandro Jodorowsky pour le scénario, et Georges Bess pour les dessins et les couleurs.



En présence de Péma, Atma, la mère de Gabriel Marpa, vient de lui intimer d'honorer son serment : il doit la venger. Il s'assoit en position du lotus à même le sol. Une longue vibration se fait entendre. Le corps spectral du grand lama Mipam s'élève du corps de Gabriel, le dominant. Il s'adresse à Gabriel lui indiquant que ce dernier le reconnaît, qu'il est lui. Cependant le vœu de paix universel de Mipam lui interdit de tuer. Il est ici pour aider tous les êtres à parvenir à la conscience, pour les sauver. Il ne peut pas obéir à la mère de Gabriel. Ce dernier lui répond que son corps n'est pas le sien, et que dans cette incarnation, il doit obéir à sa mère. Il ordonne à Mipam de s'intégrer à lui, de lui céder tous ses pouvoirs. Le lama défunt accède à la demande de son élève. Toujours assis en lotus, Gabriel Marpa lève les bras vers le ciel, et un nuage d'énergie rouge s'élève au-dessus de lui. Cette énergie prend la forme d'un scorpion géant qui se dirige en volant vers le village. Les habitants ont tous remarqué la forme menaçante qui avance et commencent à paniquer. Gabriel abat son bras gauche, et la pince gauche du scorpion s'abat sur les cabanes, les pulvérisant d'un coup. La destruction se poursuit, alors que le corps de Gabriel est agité par de violents soubresauts : les villageois meurent sous les décombres. À chaque mouvement de Gabriel correspond un mouvement du scorpion. Atma se réjouit : il ne reste que des ruines fumantes.



Son œuvre de destruction achevée, le scorpion se dissout dans les airs. Atma exulte : la vermine est ensevelie sous les gravats, la malédiction des faibles et minoritaires vient d'accomplir ce que la puissance et le nombre n'ont jamais pu faire. Elle demande à son fils de se réjouir car il vient d'offrir à sa mère un réjouissant spectacle, il vient de la rendre heureuse jusqu'à la fin de ses jours. Elle continue : mais il ne suffit pas de tuer, une, deux, trente ou cent personnes, il faut encore exterminer des générations entières de ces porcs parfumés jusqu'à la neuvième incluse. Tout doit être rasé. Plantes, animaux, tout doit être frappé de destruction ! Elle exige un tremblement de terre, que toutes leurs infâmes maisons s'écroulent, que le village entier disparaisse, que la grêle saccage toute chose, qu'il ne reste que des pierres. Elle l'ordonne à son fils par le pouvoir du sang. Gabriel se rassoit en position du lotus et se met à psalmodier un mantra. La terre se craquèle, se fendille et s'ouvre. Il se produit un violent tremblement de terre qui met à bas toutes les constructions et qui avale les animaux domestiques et ceux de la ferme dans ses crevasses.



Ça y est : Gabriel Marpa est arrivé au terme de son voyage. Il a atteint l'illumination, il a conscience de sa précédente incarnation, il entre en pleine possession des pouvoirs de son prédécesseur. On peut compter sur Jodorowsky pour que ce moment d'accomplissement soit intriqué dans une catastrophe meurtrière de grande ampleur, exposant le terrible prix à payer. Gabriel Marpa reste un homme et il doit respecter la parole donnée à sa mère. Venant tout juste d'acquérir ses pouvoirs, Gabriel les déchaîne avec une rare violence, une absence de retenue terrifiante. Sans surprise, Georges Bess réalise des pages terrifiantes. Le lecteur peut voir le corps de Gabriel se convulser sous l'effet de la violence de l'énergie libérée. Il lit la folie dans le langage corporel d'Atma, ainsi que dans son regard : elle est ivre de vengeance, bien au-delà de toute raison. L'artiste joue à la fois sur un registre réaliste avec les pierres qui atteignent le visage ou le corps des villageois, comme des dessins réalisés sur le fait., à la fois sur une mise en scène des destructions matérielles, dans des planches pleines de bruit et de fureur. Il baigne ces moments dans un contraste entre une teinte mêlant gris, vert et marron pour la zone dénudée où se tiennent Gabriel, Atma et Péma, et le rouge vif du scorpion. Le lecteur pense avoir assisté au plus dur : il tourne la page et voit le sol se convulser, les failles s'ouvrir, la roche éclater de toute part projetant des éclats. Une scène encore plus terrifiante du fait de dessins mêlant le descriptif avec une emphase expressionniste d'une grande force.



Il est alors évident que l'éveil de Gabriel Marpa n'est pas arrivé à son terme et qu'il lui reste d'autres épreuves à affronter. En fait, le lecteur a du mal à en revenir : il n'aurait jamais imaginé que le jeune homme puisse exécuter l'ordre de sa mère de manière si directe, sans aucune retenue. Cela constitue une transgression d'une force inouïe : le héros abandonne toute retenue, et se livre à un acte de destruction délibéré, de grande ampleur. Le lecteur savait bien qu'il restait deux albums avant la fin de ce premier cycle, mais il n'imaginait pas que Gabriel allait commettre une telle abomination, et chuter. Bien évidemment, il doit maintenant expier sa faute, et le lecteur découvre que cela prend la forme d'une retraite du monde. Bien évidemment, cette retraite implique une pratique extrême de la médiation, et il va se produire plusieurs événements. Cette fois, l'épreuve consiste à surmonter ses émotions négatives, à acquérir la maturité nécessaire pour faire un usage responsable de ses capacités. Le lecteur ne sait pas trop à quoi s'attendre parce que 35 pages de pure méditation ne constitue pas une perspective très alléchante sur le plan visuel. En réalité, il ne s'en fait pas car les créateurs ont gagné sa confiance, renouvelée à chaque tome. Effectivement cette nouvelle phase du développement personnel de Gabriel Marpa s'accomplit par la méditation, et par des événements extérieurs reprenant des intrigues secondaires des précédents tomes.



Après le déchainement de chaos, le lecteur s'attend à des pages contemplatives. Il découvre de magnifiques planches baignant une teinte grise et blanche avec l'arrivée des charognards qui comptent bien se repaître du corps de Gabriel. Il se retrouve devant le cadavre momifié de maître Kouchog en position du lotus, et les dessins mêlent réalité et vision spirituelle, sans solution de continuité. Le dessinateur joue sur la taille des rapaces, passant de gros vautours à des aigles d'une dimension un peu exagérée pour attester qu'il s’agit d'une licence artistique relevant de la spiritualité. Il voit les eaux vertes d'un lac de montagne, puis le ciel rose, toujours avec des choix de couleurs inhabituels, et totalement adaptés. Il ressent la lourdeur des flocons de neige en train de tomber paresseusement sur trois voyageurs. Il se retrouve dans une immense zone en ruine, baignée dans une lumière verdâtre pour un combat des plus singuliers. Il voit un individu perdre toute consistance, littéralement se déliter dans l'air, avec un effet de rouge et rose très parlant. Il se rend compte que les cases deviennent de plus en plus blanches, alors que Gabriel Marpa très affaibli sent ses dernières forces le quitter en trébuchant dans la neige, sous les flocons. Il prend conscience que le corps de Gabriel n'a plus la couleur de la peau, mais passe d'un vert de pourriture ou de faiblesse, à un doux jaune irradiant sa force spirituelle. Georges Bess épate le lecteur du début à la fin donnant une apparence très réaliste, presque de reportage, à ses dessins, alors même qu'il quitte le registre réaliste à presque chaque page pour traduire en image les émotions, et la vie spirituelle intérieure des personnages. Du grand art.



Le lecteur suit donc le cheminement d'expiation de Gabriel Marpa pendant les deux tiers du récit. il se dit d'ailleurs qu'il ne s'agit pas d'expier car ce n'est pas la religion catholique, ce qui continue à rendre d'autant plus choquant le massacre auquel Gabriel Marpa s'est livré, pour honorer la parole donnée à sa mère. Il se retire du monde es hommes pour vivre comme un reclus, sans ressources matérielles, au plein cœur de l'hiver dans la haute montagne. Le scénariste vogue lui aussi entre réalisme et métaphore. D'un côté, Gabriel trouve des pousses pour se nourrir, de l'autre ce n'est pas un régime équilibré permettant de lutter contre le froid. D'un côté, il s'assoit en position du lotus pour ne pas dépenser d'énergie inutilement, de l'autre il n'est vêtu que d'un pagne ce qui ne permet pas de résister au froid, quelle que soit la constitution de l'individu, ou son métabolisme. Pour autant, le lecteur ne s'en offusque pas car dans le tome précédent Gabriel avait déjà acquis des pouvoirs surnaturels, et il ne s'agit là que de la continuation de cette représentation littérale d'un cheminement spirituel au-delà de ce que peut réaliser le commun des mortels. En cours de route, Gabriel se trouve ramené en compagnie d'êtres humains. Le lecteur sourit une première fois en voyant son parcours se rattacher à une intrigue secondaire laissée en jachère depuis plusieurs tomes. Il sourit encore plus en voyant comment se déroule confrontation contre cet ennemi annoncé comme terrible, et également doté de pouvoirs surnaturels. Cela amène Gabriel à croiser la route d'un autre personnage récurrent, pour avancer encore vers le plein éveil. Comme dans les tomes précédents, Jodorowsky donne plus l'impression de raconter une histoire teintée de magie, que de sonder les tenants de la foi bouddhique, même s'il énonce certains principes basiques.



Le lecteur retrouve avec impatience Gabriel Marpa alors qu'il s'apprête à commettre un crime d'une ampleur terrifiante. Il retrouve avec délice la narration visuelle de Georges Bess, parfaitement en phase avec le scénariste, naviguant avec élégance entre réalisme et métaphore visuelle, pour des pages magnifiques. Alejandro Jodorowsky maintient également un équilibre délicat entre une histoire d'aventures mettant à profit les éléments spectaculaires du bouddhisme, tout en nourrissant son récit des principes fondamentaux de cette foi.
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Le Lama blanc, tome 4 : La quatrième voix

Prie ! C'est un ordre !

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Ce tome fait suite à Le Lama blanc, tome 3 : Les trois oreilles (1989) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome. La parution initiale de celui-ci date de 1991. Il comporte 46 planches en couleurs réalisées par Alejandro Jodorowsky pour le scénario, et Georges Bess pour les dessins et les couleurs.



Dans la lamaserie, le lama Migmar est dans une colère noire. Il traite les moines de singes sans cervelle. Il leur crie dessus qu'un espion s'est infiltré dans cette lamaserie, et tant qu'ils se tairont, leur silence fera d'eux des complices. Il ordonne que les parois soient sondées, pouce par pouce, qu'il en aille de même pour le moindre recoin des cellules. Il va faire briser les statues, les reliques, les ustensiles, leur volonté, leur crâne, leur foi. Ils vont réduire en poussière cette absurde loyauté. À l'intérieur de la grande statue du bouddha, Gabriel, Dondup et Tzu observent la scène. Le moinillon se sent agressé par l'aura du lama et de ses sbires qui sont répugnantes, alors que celle de ses maîtres est merveilleuse. Ces derniers lui expliquent qu'il doit se familiariser à ces auras pour apprendre à connaître l'ennemi, et que, quand on ouvre la troisième oreille, ce qui assaille en premier, c'est l'agression de l'homme non évolué et la décadence du monde. S'il souhaite l'améliorer, il faut qu'il commence par s'améliorer lui-même car il est une parcelle de ce monde.



Dondup et Tzu emmènent Gabriel par des souterrains, à l'intérieur de la montagne. Ils débouchent dans une grande caverne souterraine, au milieu de laquelle se trouve un cristal parfaitement taillé de deux mètres de haut, avec huit cercueils de pierre disposés en étoile. C'est autour de ce cristal sacré que les anciens se réunissaient afin de franchir la porte de la mort. Dondup explique à Gabriel que tant qu'il ne l'aura pas franchie à son tour il ignorera qu'il n'existe aucune limite ni dans l'espace, ni dans le temps. Au contraire, s'il sait s'abstraire de son corps, alors il pourra se rendre où il voudra, plus vite que la lumière, plus vite que la pensée. Rien ni personne ne pourra le détruire. La mort n'existe pas. Les trois moines s'assoient dans la position du lotus et se mettent à méditer sous le regard du chat Lin-Fa. Bientôt, Dondup et Gabriel sont dans une transe profonde, et Tzu se relève pour les allonger dans un cercueil sur lequel il repose le couvercle. Le corps astral du garçon s'élève, retenu à son corps physique par une sorte de cordon ectoplasmique. Il est paniqué et appelle son maître : le corps astral de Dondup est juste à ses côtés et il le rassure. Le voyage peut commencer. Gabriel est grisé par la sensation absolue de liberté : volant à grande vitesse au-dessus des paysages, toujours relié par son cordon. Faute d'attention, il se fait attraper par une forme-pensée. Dondup le met en garde contre elles. Leurs noms sont multiples. Volonté de puissance, haine, colère, violence, envie, jalousie, désir de compétition, égoïsme, avidité, ignorance, paresse, vanité, ennui et mensonge… Vol, meurtre, cruauté, doute, orgueil, indifférence, concupiscence, sensualité… Tant d'autres encore, à l'infini…



À la fin du tome précédent, Gabriel Marpa a acquis un don de seconde vue (grâce à sa troisième oreille, sic) laissant supposer qu'il est alors en pleine possession de ses capacités extraordinaires de Lama Blanc, et qu'il va pouvoir prendre un rôle actif, plus de héros, dans le récit. Le lecteur se doutait alors bien que la route serait semée d'embûches puisque le récit n'en était qu'à sa moitié. Mais voilà : disposer de capacités extraordinaires ne signifie pas qu'on sait s'en servir. La route de l'apprentissage et donc de l'Éveil va encore être longue. Dans les deux premiers tiers de ce tome, le lecteur découvre ce à quoi il s'attend : une phase d'apprentissage, et une répression comme conséquence directe de deux faits. Le premier est que le grand lama Migmar a procédé à une forme d'usurpation de la place qu'il occupe, et la seconde découle directement de la présence de Chinois dans la lamaserie, fait évoqué dans le tome précédent. À nouveau, le lecteur doit garder à l'esprit qu'il s'agit d'un récit complet en 6 tomes, ce qui explique que certaines intrigues secondaires puissent être complètement absentes d'un tome : ici, en l'occurrence, la présence chinoise n'est pas évoquée, et il n'est question ni de Bön le nécromant, ni de son disciple Gaylong. Le scénariste a également décidé de mettre un terme au découpage en chapitre avec chacun un titre : il y a bien sûr plusieurs séquences, mais sans titre. En outre, il n'est plus question de cette ancienne civilisation qui aurait entreposé ses trésors et l'essentiel de son savoir, dans une immense grotte.



Depuis le premier tome, le lecteur a bien compris qu'il ne s'agit pas d'un récit historique, et que le scénariste a pris le parti de raconter l'histoire d'un jeune garçon blanc devenant un lama d'un niveau exceptionnel, mais pas le dalaï-lama, et pas celle d'un tibétain. Il a également pu constater que Jodorowsky s'autorise à utiliser des conventions de genre pour rendre visuels la spiritualité et l'éveil. Il n'est donc pas surpris de voir une représentation du voyage astral, l'esprit de l'individu capable de s'extraire de son enveloppe de chair pour parcourir librement le monde, sans interaction physique. L'artiste met en œuvre une imagerie usuelle avec la représentation des énergies spirituelles sous forme d'éléments visuels : d'abord des petites formes irrégulières allongeant figurant le rayon d'énergie ambiant, puis émanant de Dondup et Gabriel, puis sous la forme du corps nu des deux mêmes personnages dépourvu de pilosité, mais pas de cheveux, avec une sorte de trainée d'énergie reliant le corps astral au corps biologique, comme un cordon ombilical effectivement attaché au niveau du nombril. La manifestation de la première forme-pensée se matérialise comme une pieuvre géante astrale géante, et les suivantes sous d'autres formes du règne animal. Ce voyage dans les airs est également l'occasion de survoler de magnifiques paysages, montagnes et cours d'eau. Le lecteur remarque également à l'occasion de ce voyage astral, que l'artiste continue de mettre en œuvre une colorisation teintée d'expressionnisme. De prime abord, elle peut sembler naturaliste, mais dans la caverne où se trouve le cristal la scène baigne dans différentes nuances de vert, pour exprimer l'état d'esprit tourné vers la méditation. Par la suite, le lecteur observe que Bess joue sur le décalage ou le rapprochement des couleurs : la tenue des moines oscillant entre rouge et jaune, soit pour ressortir par rapport au sol jaune, soit au contraire pour s'y confondre, les soldats britanniques en rose jouant contre le vert des moines tibétains, Gabriel entièrement coloré en jaune pour marquer son malaise dans la maisonnée britannique, ou en rose soutenu pour montrer sa colère grandissante, en opposition au père William.



Dès la première planche, le lecteur peut se projeter dans cette histoire grâce aux dessins détaillés à la fois pour les décors et pour les personnages. Il se retrouve dans ce grand hall avec des draperies, les piliers, la statue monumentale du bouddha, et les nombreux moines assis en tailleur, en train de se faire admonester, avec quelques instruments de musique au premier plan. Puis il se retrouve dans la statue, entre les poutres et les parois. Il passe alors dans la caverne avec les roches bien délimitées, au contour particulier pour chacune, avec les cordes tendues décorées de chiffon, les crânes de buffle au premier plan, et les inscriptions sur les rochers : à nouveau un endroit représenté dans le détail avec un sens de la profondeur, tout le contraire d'une toile de fond générique. Par la suite, il éprouve la sensation de se tenir les pieds dans la fange aux côtés d'Atma et Pema, puis dans une demeure aménagée à la mode britannique, que ce soit pour la décoration ou pour l'ameublement, et enfin à une fête de village nocturne en extérieur. L'artiste montre les personnages en train d'habiter ces environnements, d'agir en fonction de leurs caractéristiques, de se déplacer en fonction de leur aménagement, de leurs dimensions, des obstacles.



Le lecteur familier du scénariste sait que le chemin qui mène à l'éveil est forcément douloureux, cruel et dramatique. Il se demande quelles épreuves Jodorowsky a réservé au pauvre Gabriel qui semble maintenant si puissant. Il y a donc la situation de sa mère et de sa tante, réduites en esclavage, puis ses mentors emmurés vivants, et sa propre obligation de prendre la fuite et de réintégrer la civilisation occidentale. Ce moment intervient dans la planche 30 et prend le lecteur complètement au dépourvu. L'auteur use d'une ellipse temporelle de dix ans et semble remettre en cause une grande partie du parcours réalisé par Gabriel. D'une manière presque aussi abrupte, il introduit une nouvelle volte-face dans la planche 37. Le lecteur comprend bien qu'il s'agit d'une phase quasi obligée, une rupture nécessaire à l'intrigue, mais elle reste très soudaine, en opposition avec le mode narratif des tomes précédents. Dans le même temps, il est également logique que Gabriel soit confronté à son héritage culturel occidental, qu'il soit mis face à un choix conscient une fois devenu adulte. Avec ce point de vue en tête, la dernière séquence d'une terrible intensité dramatique est tout aussi évidente : il doit aussi en passer par là pour devenir un adulte pleinement autonome, c’est-à-dire se confronter à la volonté de sa mère d'adoption, au conflit entre les valeurs de cette femme meurtrie et les siennes.



Le lecteur entame ce tome avec une idée assez claire des événements qui ont survenir : Gabriel va continuer son cheminement pour devenir le Lama Blanc, souffrir dans sa chair, et combattre des ennemis malveillants. Avec une sensation d'immersion toujours aussi prégnante grâce à une narration visuelle d'excellente facture, il se rend compte que le scénariste a une vision très claire du voyage du héros qui n'est pas aussi linéaire que la progression évoquée par les titres (premier pas, seconde vue, troisième oreille, quatrième voix) le laisse sous-entendre. Même s'il est un jeune prodige, Gabriel doit encore franchir bien des épreuves pour réaliser sa destinée.
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Le Pape terrible, tome 4 : L'Amour est aveu..

Jules II convoque Machiavel au palais papal. Il lui annonce que le lendemain matin, il sera mort. Machiavel ne le crois pas mais le pape le persuade et lui offre assez d’or pour le remercier de ses bons et loyaux services. Le lendemain, le pape guerrier n’est plus. Machiavel s’en retourne au bordel pour demander à sa patronne de devenir sa femme. Mais qu’a bien pu persuader le pape de mourir ? Avant cela, toujours diabolique, le pape est de plus en plus discrédité. Le puissant roi de France, Louis XII, veut le destituer. Un attentat se prépare contre le chef de l’église. Mais le vieux renard à plus d’un tour dans son sac. Avec la complicité et le savoir de Léonard de Vinci, il prépare un faux miracle. Plus personne n’ose attenter à sa vie. Le roi de France est en rage. Il demande à son neveu, génial et précoce stratège, général des armées françaises d’Italie à vingt-trois ans, d’affronter le pape, d’abord en le séduisant. Ce dernier marche alors sur l’Italie. Jules II est presque vaincu quand Gaston de Foix est frappé par la foudre. Jules II est effondré tant il était amoureux du jeune général. Le pape décide de devenir un bon chrétien, de croire enfin en dieu et d’aider son prochain jusqu’à sa mort. Mais son histoire s’arrête t’elle là ?...



Pour ce dernier opus, les dessins sont toujours très qualitatifs. Dans le style des épisodes précédents, avec toujours ces nuances d’ocre dominantes. Le scénario se jour de l’Histoire et les auteurs prennent touts les libertés possibles pour romancer la vie dissolue et crapuleuse de Jules II. Machiavel en entretient la légende en racontant l’histoire à sa promise. Il devient simple paysan et s’installe avec sa compagne en profitant du trésor que le pape lui avait offert le soir avant sa mort. La série est terminée. Elle m’a presque tenue en haleine jusqu’à la fin. Je suis un peu déçu que l’histoire ne raconte plus l’Histoire mais en même temps, la romance embelli et adouci le cruel personnage qui n’a rien perdu de sa mégalomanie. A lire des articles sur Jules II, c’est certain qu’il n’avait rien d’un saint. Mais à sa manière, c’était un despote éclairé, qui aimait et promouvait les arts mais aussi la guerre. Il avait l’art de faire et défaire les alliances. L’homme semblait aussi doué d’un certain génie militaire. Dans la vraie vie, il n’a pas gagner toutes ses batailles mais il a toujours eu la finesse de s’en sortir. On peu reprocher à cette bande dessinée d’exagérer avec le désir immodéré du pape pour les jeunes et beaux hommes, les éphèbes. Historiquement, il devait tout de même être un obsédé sexuel qui serait mort de la syphilis. Il aurait eu trois fils, donc, il semble qu’il aimait les femmes ou peut-être les deux ? Mais c’est comique de raconter l’histoire d’un pape sodomite, l’église actuelle est tellement homophobe. Surtout que d’après les auteurs, beaucoup e conflits auraient été réglés à grand coup de rein dans le fion de pas mal de religieux et de notables. Pourquoi pas. Donc, conclusion, même si cette bande dessinée est assez proche de l’histoire avec un grand H, ne la prenez pas trop au sérieux. Vérifier, c’est aussi l’occasion de se cultiver sur ce morceau d’histoire et ça fait toujours du bien. Donc, nous sommes en présence de fausses informations qui dopent le scénario pour le plaisir (ou non pour les plus radicaux d’entre-nous) de l’humble lecteur qui ne doit pas se contenter d’avaler des couleuvres. Mais en même temps, l’église n’a pas été fondée pas des saints-hommes et ça, il ne faut jamais l’oublier. Toujours lu en KINDLE, version numérique éditée la semaine dernière avec la série complète, ce qui évite des temps d’attente entre deux épisodes et ça, c’est génial.





Francesco Piccolomini Todeschini futur Pie III



Giuliano Della Rovere devenu Jules II

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