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Citations de Alessandro Baricco (1425)


___Vous ne venez pas ici chanter une note quelconque. Vous venez ici chanter votre note. Ca n'est pas rien : c'est quelque chose de magnifique. Avoir une note, je veux dire : une note rien qu'à soi. La reconnaître, entre mille, et l'emporter en soi, à l'intérieur de soi, avec soi. Vous ne me croirez peut-être pas, mais je vous le dis, quand vous respirez elle respire, quand vous dormez elle vous attend, elle vous suit partout où vous allez, et je vous jure qu'elle ne vous lâchera pas, aussi longtemps que vous ne serez pas décidés à crever, et ce jour-là elle crèvera avec vous.
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Elle lève le bras, le long de son poignet glisse une chose en or, la voiture jaune met le clignotant, s'arrête, elle monte, indique une adresse tout en ramenant sa jambe fine - pied nu - sur la banquette en faisant remonter sa jupe et luire un court instant la tiède perspective de dentelle d'une jarretière de bas qui s'efface devant quelques centimètres de cuisse - blanche - pour reparaître dans la couture d'une petite culotte, un éclair à peine et qui s'insinue cependant dans les yeux d'un monsieur en costume noir qui ne cesse pas de marcher mais qui emporte avec lui, collé à sa rétine, cet éclair tiède, qui met le feu à sa conscience et s'abat sur le girllage de sa léthargie d'homme marié et las, dans un grand bruit de pleurs et de grincements métalliques.
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On sème, on récolte, et les deux choses ne sont pas liées. On t'apprend qu'il y a un lien, mais... je ne sais pas, je ne l'ai jamais vu. Parfois on sème, parfois on récolte, c'est tout. Ainsi la sagesse est un rituel inutile et la tristesse un sentiment inexact, toujours. Nous avons semé avec soin, tous, cette fois, nous avons semé de l'imagination, de la folie et du talent. Voilà ce que nous avons récolté, un fruit ambigu : la belle lumière d'un souvenir et le privilège d'une émotion qui à jamais nous rendra élégants, et mystérieux. Prions le ciel que cela suffise à nous sauver, pour tout le temps qui nous sera donné, encore.
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Je dois arrêter, pensa-t-elle.
On n'arrive nulle part de cette façon-là.
Tout serait plus simple si on ne t'avis pas inculqué cette histoire d'arriver quelque part, si seulement on t'avait appris, plutôt, à être heureux, en restant immobile. Toutes ces histoires à propos de ton propre chemin. Suivre ton chemin. Alors que si ça se trouve on est fait pour vivre sur une place, ou dans un jardin public, là sans bouger, à faire que la vie passe, si ça se trouve un est un carrefour, le monde a besoin qu'on reste là sans bouger, ce serait une catastrophe si on s'en allait, à un moment donné, suivre notre route, mais quelle route ?
Les autres ont des routes, moi je suis une place, je ne mène à aucun endroit, je suis un endroit.
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Tu pouvais te dire qu'il était fou. Mais ce n'était pas si simple. Quand un type te raconte avec une précision absolue quelle odeur il y a sur Bertham Street, l'été, quand la pluie vient juste de s'arrêter, tu ne peux pas te dire qu'il est fou pour la seule et stupide raison qu'il n'est jamais allé sur Bertham Street. Lui, dans les yeux de quelqu'un, dans les parole de quelqu'un, cet air-là, l'air de Bertham Street, il l'avait respiré, vraiment. A sa manière : mais vraiment. Le monde, il ne l'avait peut-être jamais vu. mais ça faisait vingt-sept ans que le monde y passait, sur ce bateau : et ça faisait vingt-sept ans que Novecento, sur ce bateau, le guettait. Et lui volait son âme.
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Elle avait eu jadis un enfant et se souvenait distinctement de l’angoisse qui la prenait, par moments, quand elle restait seule avec lui, tout petit, et alors l’unique remède était d’envisager sérieusement de laisser tomber, pour recommencer à zéro. Elle réfléchissait à l’endroit où elle allait l’abandonner, son enfant, et savait déjà comment elle se coifferait et où elle irait chercher du travail, pour recommencer. Une chose qui la faisait immédiatement se sentir mieux était de penser aux soirées qu’elle passerait alors, et à ses nuits. [...] Elle dit que le seul fait de penser à tout cela dénouait quelque chose en elle et lui procurait un sentiment de sérénité, comme si elle avait véritablement résolu un problème. Elle devenait alors très douce avec son enfant, et soudainement très lumineuse, et mère.
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C'est une belle manière de se perdre, que se perdre dans les bras l'un de l'autre.
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Madame Devéria ... comment ferai-je, pour la reconnaître, cette femme, la mienne, quand je la rencontrerai?
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Rebecca ne dit rien et se jeta dans les bras de Jasper Gwyn ; le seul endroit au monde où, elle l'avait décidé, elle pourrait pleurer pendant des heures sans s'arrêter.
Comme souvent, il leur fallut un peu de temps pour se rappeler que, quand quelqu'un meurt, les autres doivent vivre pour lui aussi — c'est la seule chose qui convienne.
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J’aime voir les serveurs rentrer chez eux, habillés comme tout le monde, sans veste blanche ni tablier, soudains redescendus sur terre. Ils marchent un peu en biais, on dirait des animaux de la forêt qui auraient glissés d’un sortilège. (Page 242)
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Qui a dit qu’il fallait vivre exposé, toujours penché sur le bord des choses, à chercher l’impossible, à guetter tous les chemins de traverses pour s’extirper de la réalité ? Est-il vraiment obligatoire d’être exceptionnel ?
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Il y a une dignité immense, chez les gens, quand ils portent leurs propres peurs sur eux, sans tricher, comme des médailles de leur médiocrité.
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Chacun a le monde qu’il mérite. J’ai peut-être compris que le mien, c’est celui-là. Ce qu’il a d’étrange, c’est qu’il est normal. Jamais rien vu de ce genre, à Quinnipark. Mais c’est peut-être pour cette raison-là que j’y suis bien. A Quinnipark, on a l’infini dans les yeux. ici, si tu veux regarder vraiment loin, tu regardes dans les yeux de ton fils. Et c’est différent.
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Un panneau de papier de riz glissa, et Hervé Joncour entra dans la pièce. Hara Kei était assis sur le sol, les jambes croisées, dans le coin le plus éloigné de la pièce. Il était vêtu d’une tunique sombre, et il ne portait aucun bijou. Seul signe visible de son pouvoir, une femme étendue près de lui, la tête posée sur ses genoux, les yeux fermés, les bras cachés sous un ample vêtement rouge qui se déployait autour d’elle, comme une flamme, sur la natte couleur de cendre. Hara Kei lui passait lentement la main sur les cheveux : on aurait dit qu’il caressait le pelage d’un animal précieux, et endormi
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Le narrateur que Mormy avait dans le ventre, peut-être quelque chose en lui s'était cassé, ou une douleur cachée lui avait collé cette espèce de fatigue qui lui permettait de raconter seulement des bouts d'histoire. Et entre-temps, le silence. Un narrateur vaincu par on ne sait quelle blessure. Peut-être que quelqu'un lui avait fait un sale coup, peut-être qu'il se sentait encore brûlé par la stupeur d'une foutue trahison. Ou alors c'était la beauté de ce qu'il racontait qui l'avait peu à peu submergé. L'étonnement lui étranglait les paroles dans la gorge. Et ses silences, qui étaient de l'émotion muette, c'étaient les trous noirs dans la tête de Mormy. Va savoir.
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Lisez-vous des livres ?
Oui.
Ne le faites plus.
Non ?
...
Tout est déjà dans la vie, si l'on prend la peine de l'écouter, et les livres nous distraient inutilement de cette tâche , à laquelle tous se consacrent avec une sollicitude telle, dans cette maison, qu'un homme plongé dans la lecture ne
manquerait pas d'apparaître en ces lieux comme un déserteur.
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Hara Kei était assis sur le sol, les jambes croisées, dans le coin le plus éloigné de la pièce. Il était vêtu d'une tunique sombre, et il ne portait aucun bijou. Seul signe visible de son pouvoir, une femme étendue près de lui, la tête posée sur ses genoux, les yeux fermés, les bras cachés sous un ample vêtement rouge qui se déployait autour d'elle, comme une flamme, sur la natte couleur de cendre. Hara Kei lui passait lentement la main sur les cheveux , on aurait dit qu'il caressait le pelage d'un animal précieux, et endormi.
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Alessandro Baricco
L'homme quitta la pension le lendemain matin. Il y avait un ciel étrange, de ceux qui courent vite, pressés d'être à la maison. Le vent du nord soufflait, fort, mais sans faire de bruit. L'homme aimait bien marcher. Il prit sa valise et son sac rempli de papiers, et il prit la route qui s'en allait, longeant la mer. Il marchait vite, sans se retourner. Il ne la vit donc pas, la pension Almayer, se détacher du sol et se désagréger, légère, partir en mille morceaux, qui étaient comme des voiles et qui montaient dans l'air, descendaient, remontaient, volaient, et avec eux emportaient tout, loin, et aussi cette terre, et cette mer, et les mots et les histoires, tout, dieu sait où, personne ne sait, un jour peut-être quelqu'un sera tellement fatigué qu'il le découvrira.
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Sable à perte de vue, entre les dernières collines et la mer - la mer - dans l'air froid d'un après-midi presque terminé, et béni par le vent qui souffle toujours du nord. La plage. Et la mer.
Ce pourrait être la perfection - image pour un œil divin - monde qui est là et c'est tout, muette existence de terre et d'eau, œuvre exacte et achevée, vérité - vérité -, mais une fois encore c'est le salvateur petit grain de l'homme qui vient enrayer le mécanisme de ce paradis, une ineptie qui suffit à elle seule pour suspendre tout le grand appareil de vérité inexorable, un rien, mais planté là dans le sable, imperceptible accroc dans la surface de la sainte icône, minuscule exception posée sur la perfection de la plage illimitée. À le voir de loin, ce n'est guère qu'un point noir : au milieu du néant, le rien d'un homme et d'un chevalet de peintre.
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Je sais maintenant que ce jour-là Novecento avait décidé qu’il allait s’asseoir devant les touches blanches et noires de sa vie, et commencer à jouer une musique, absurde et géniale, compliquée mais superbe, la plus grande de toutes. Et danser sur cette musique ce qu’il lui resterait d’années. Et plus jamais être malheureux.
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