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Citations de Alexis Ragougneau (267)


Elles s'étaient séparées sur une porte qui claque, un bruit de talons dévalant l'escalier, un «connasse» jeté dans la cour depuis la fenêtre du premier. Elle avait débouché dans la rue en y cherchant de l'air, s’était tordu la cheville en passant le pas de la porte cochère, avait maudit ses escarpins trop hauts. Un peu plus loin il y avait une petite place où se dressait une église et s'ouvrait une bouche de métro. Les cloches sonnaient. Les paroissiens sortaient. Et elle avait pensé : « Cette fois la messe est dite. »
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À quoi tient la trajectoire d'une vie ? A son père. À sa mère. A son frère ou à sa sœur. A ses échecs, à ses succès. A la musique qu'on entend et aux livres qu'on lit.
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Et nous repartirons pour un tour, le frère et la sœur, le violoniste et la pianiste. Nous rejouerons Tzigane de Ravel. Et à nouveau les gens crieront Encore ! Nous serons, à nous deux, la voix de Dieu sur terre.

Il y a ce mot allemand, plus que la perfection, plus que la satiété, plus que la plénitude : Vollkommenheit, quand tout est achevé.

J'en ai maintenant fini avec l’Opus 77. Dans l’église, le silence est total. Je me tiens droite. Je vous regarde tous en face.

Demain je ferai accorder le piano des Tranchées.

La semaine prochaine je jouerai à Vienne. Et puis je partirai faire cette tournée en Chine. Il n'y aura pas une seule fausse note.

Je suis le plus complexe, le plus indéchiffrable, le plus parfait automate jamais créé de main d'homme.
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Je suis arrivée tard dans la nuit, avec sept points en moins sur mon permis, une amende de trois cent soixante-quinze euros à payer dans les quarante-cinq jours et le numéro de portable du motard au cas où il me prendrait l'envie de boire un verre sur le trajet retour.
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Nous étions là, David et moi, comme toujours, comme depuis l'enfance, nous protégeant mutuellement de l'orage. Le frère et la sœur, yeux fermés, blottis l'un contre l'autre, jouant avec les notes comme avec la pluie martelant le toit de notre refuge secret, de notre grotte. Sur scène comme ailleurs, tant que nous serions ensemble nous resterions en vie, et la musique continuerait de circuler dans nos veines.
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Chez un musicien, regardez toujours les mains ; évitez le visage comme la peste. Les mains ne portent pas de masque, celui de l’émotion feinte, de l’extase de pacotille. Les mains sont incapables du moindre mensonge, tandis que le visage, lui…
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Je n’ai jamais vu faire usage de cette technique ailleurs, dans aucun conservatoire ni aucune master class. Aucun autre professeur ne demande à l'élève d'abandonner son instrument pour le fixer droit dans les yeux, dans le silence le plus complet, le temps d'une cigarette de supermarché. Personne n'a jamais fait cela ni en France ni en Suisse.
Plus tard, je comprendrai que cela lui reste de sa jeunesse en URSS. Une technique fort efficace. Là bas on n'en usait pas seulement sur les musiciens.
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L'interprète doit jouer l'histoire d'un autre comme s'il racontait sa propre vie, pour la toute première fois, ou pour la toute dernière avant de mourir, alors qu'en réalité tout est déjà consigné, tout s'est déjà passé. Un autre, le grand, l'immense compositeur, a tracé le destin de la pièce, nuances comprises, de fortissimo à pianissimo, du hurlement total au silence absolu. Que voulez-vous y faire sinon tout ressasser ?
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Le Reine Élisabeth est peut-être le seul concours musical au monde, du fait de son prestige mais aussi de l'engouement populaire qu'il suscite, où l'on parie sur les jeunes musiciens comme sur des canassons de course.
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Les fenêtres des six wagons s'abaissèrent à mesure que le train ralentissait, des bras, des têtes émergèrent. Dans une ultime expiration de vapeur, la motrice s'immobilisa au niveau d'une pompe à eau. Le chauffeur escalada alors le flanc de sa machine tandis que le chef de gare lui causait en agitant les bras. Au bout d'une minute, il revint vers le Danois.

- C'est réglé. Vous n'avez plus qu'à embarquer. Simplement le train est plein à ras bord. Le mécano ne vous garantit pas une place assise.

- Ça n'a pas d'importance.

- Vous plaisantez ? Faudra faire valoir vos états de service. C'est rempli de tire-au-flanc, là-dedans. Ils sont allés faire tourner les usines boches, alors que nous, ici, nous nous battions et versions notre sang. La France vous doit bien ça, une place assise entre Reims et Paris.

Il ouvrit la portière à Rasmussen qui monta à bord comme s'il avait eu un billet de première. Un nouveau coup de sifflet et le convoi s'ébranlait de nouveau. Le fonctionnaire reprit ses trottinements sur le quai en s'agrippant à la poignée.

- Une dernière question, monsieur, vous pardonnerez ma curiosité. Vous faisiez quoi, dans la Résistance ?

Le wagon prenait de la vitesse.

- Je faisais sauter les trains. Et vous ?

L'employé resta là, sonné, silhouette rapetissant au bout du quai, jusqu'à n'être plus qu'un point sous l'immense venière.

Rasmussen referma la portiere.
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« Je veux dire, monsieur le policier du quai des Orfèvres, que les clochards sont les prunelles de Paris. Ils sont là jour et nuit et n’ont rien d’autre à foutre qu’observer. Observer et boire. Personne ne les remarque, personne n’y fait plus attention, ils sont incrustés dans le bitume de la ville. Les clochards sont partout. Ils sont partout et ils voient tout. Ils voient. Ils stockent à l’intérieur. Puis ils se taisent à jamais. Bien sûr que tout le monde ici savait qu’il était mort Mouss. Qu’est-ce que vous croyez ? Un clodo c’est mieux qu’une caméra de surveillance. »
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"En France oú l'on aime tant les idées, les écrivains ont un statut à part.
Les mots peuvent tuer et ils peuvent aussi faire condamner à mort leurs auteurs . "
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A la fin, c'est toujours le silence qui triomphe, mais il nous reste à tous un ou deux airs en mémoire, qui perdurent, de génération en génération. Presser ces fichues touches blanches et noires, c'est le meilleur moyen que j'aie trouvé pour ne pas m'effondrer. Il n'y a que la musique pour faire face à la mort.
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Le pianiste, lui, n'a guère la possibilité de voyager avec le paquebot qui lui sert d'instrument. Chaque soir, il faut faire connaissance, se confier à un parfait inconnu, lui dire ses joies et ses souffrances. Qui s'étonnera encore des difficultés qu'ont certains d'entre nous à s'attacher ? Que voulez-vous, moi je papillonne, de piano en piano, et parfois d'homme en homme.
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Je plonge mes yeux dans les siens, épuisés, vaincus. Dans cinq minutes, ce sera mon tour de me présenter dans la fosse aux lions. Je pense au courage qu'il a fallu à ce vieillard, peut-être le plus grand pianiste de tous les temps, pour boire le calice jusqu'à la lie, jouer jusqu'à la dernière note de ce concert maudit. La force inouïe. La volonté de marcher à tâtons dans le brouillard, à la recherche de son âme perdue.
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Vous l'avez entendu déjà, tout commence par un Nocturne noir et cataleptique. Décidément l'ambiance sied bien à un mort, en l'occurrence mon père, mais aussi à une absence, celle de mon frère. David Oïstrakh, qui créa le concerto à Leningrad en 1955, disait de ce premier mouvement qu'il exprimait l'absence totale de sentiments. Il y a un terme clinique, l'alexithymie, pour désigner l'impossibilité d'exprimer ses émotions. Dans la famille Claessens, finalement, il n'y aura eu que ma mère à ne pas être atteinte d'alexithymie, et l'on sait comment tout cela a fini.
(Page 102)
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(entrant dans une salle enfumée par la cigarette)
- C'est une nouvelle technique d'interrogatoire, commandant ? Vous fumez vos suspects comme des harengs ?
- Absolument Mademoiselle Kauffmann. La nuit nous les mettons à mariner dans les sous-sols humides du dépôt. Le jour nous les fumons sous les toitures du quatrième. Alternance de fraîcheur et de chaleur caniculaire. C'est un petit mélange qui a déjà fait ses preuves. Les gardés à vue en sortent - comment dirais-je ? - attendris, sages, enclins au bavardage.
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La solitude absolue est celle du toucher. Vous aurez beau jouir d’une vie sociale et professionnelle frénétique, si vous ne touchez jamais personne alors vous serez plus seul qu’une pierre.
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Un jour, je suis venue laper tes larmes, te souviens-tu ? À la manière d’un chiot, j’ai bu à la fontaine de ta tristesse, laissant sur tes joues un film de salive pellucide. Surprise intense sur ton visage si souvent impassible, tu ne t’attendais pas à cela venant de la petite rouquine. Mon geste t’a fait passer en un instant des larmes au rire. Recommence, recommence, recommence…
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Quand la main du pianiste est en souffrance, alors c'est le monde entier qu'il faut repeindre en noir.
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