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Critiques de Anna Akhmatova (49)
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Les poésies d'amour

Considérée comme une figure de l’art moderne, admirée par Giacometti, Alexandre Blok, Ossip Mandelstam et Marina Tsvetaïeva, la célèbre poétesse russe a connu tour à tour gloire, oubli et gloire.



« Pourquoi ces lèvres cerise

Me sont une joie qui n’a pas de fin ? »



De son style arachnéen Akhmatova apostrophe l’amant, ses poèmes évoquent les tumultes de la discorde, le déchirement du ciel amoureux, au crépuscule de l’illusion de n’avoir fait qu’un.

Loin des élégies mythologiques à la muse ou encore des pleurs à l’amour perdu, Anna Akhmatova vit sa poésie comme une correspondance. Comme écrite à chaud, à la fois éthérée et pleine de tempérament. Elle lance, à l’adresse de l’être aimé (sans doute son premier mari Vladimir Chileïko) en début de sonnet « moi soumise ? tu perds la tête allons » ou encore « sois maudit ».



« je t’en supplie, sois moins sévère,

Toi qui ne veut pas d’enfant de moi

Et que mes poèmes indiffèrent. »



Ces poèmes d’amour sont très souvent des poèmes de séparation, les amants essayent de se quitter sans toujours y parvenir, il faut éviter de croiser le regard de l’autre car : « si nos yeux se rencontrent, je te le jure le granit fondra dans le feu ».



Qu’en pensez-vous ?
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Poème sans Héros

PFFFFF !…

(Pendant un long moment, j'ai pensé que je n'allais écrire que ce pfffff !… tellement cela résume bien ce que je pense et ce que j'ai à dire de cet écrit.)

Oui, c'est vrai Anna Akhmatova a vécu une période horrible : la guerre, le communisme de Staline et sa répression de plomb, les morts, les déportations, les tortures, les proches — dont son fils — qu'on voit tomber emportés par la folie d'une époque…



C'est vrai tout ça. C'est vrai aussi que la férule communiste, la répression d'État, le contrôle politique et la censure étant à leur maximum, il était à peu près impossible d'écrire quoi que ce soit signifiant moindrement une opposition au régime et à sa politique. Tout cela est vrai et bien connu, et on ne peut que le déplorer pour tous ceux qui ont connu cela et qui le connaissent encore dans toutes les bonnes petites dictatures de par le monde, Corée du Nord, Biélorussie, Kazakhstan et bien d'autres encore…



Mais passé ce constat, reste quand même le pfffff !… car quand un écrit vous semble pénible à lire, quasi impossible à comprendre sans une exégèse adaptée dans bon nombre de ses (éventuelles) significations, d'un intérêt somme toute limité, d'une beauté littéraire et poétique discutable et d'un potentiel politique proche du néant, il peut y avoir quelques questions à se poser.



En soi, écrire de la poésie pour dénoncer la guerre ou la tyrannie m'a toujours semblé absurde et vain. C'est un peu comme si d'un air décidé et revendicatif je prenais la décision courageuse de tisser de la dentelle pour signifier de manière claire, convaincante et faisant poids ma dissidence à un conflit.



Mais qu'est-ce qu'ils en auraient à foutre de ma dentelle ! Comme ils me la renverraient à la gueule ma dentelle, avec, en prime, un petit éclat de mortier à l'intérieur et une bastos pour le même prix, histoire de la rendre plus consistante.



Je devrais peut-être essayer avec Daesh, on ne sait jamais ? « Tenez les terroristes égorgeurs et coupeurs de têtes, je vais vous écrire un p'tit poème pour vous stipuler que je ne suis pas d'accord avec votre barbarie. Je la condamne vigoureusement et ce poème en atteste ! »



Ou pour notre brave petit Netanyahou : « Bon écoutez Tsahal, voici un sonnet pour vous afin que vous preniez conscience que les bombes au phosphore, ça fait pas de la besogne jolie, jolie sur les Palestiniens. »



« Tenez les tortionnaires du monde entier, voilà encore un beau quatrain rien que pour vous car, sans langue de bois aucune, je vous trouve méchants, méchants. Ouhou ! Sales bêtes ! Vade retro ! »



Franchement, de vous à moi, c'est débile, non ? Je comprends pleinement la démarche d'un Tynianov dans le Lieutenant Kijé, d'un Boulgakov dans le Maître Et Marguerite, d'un Soljenitsyne dans L'Archipel du Goulag ou d'un Zamiatine dans Nous autres.



Mais, très sincèrement, malgré tout le respect que je vous porte, très chère Anna Akhmatova, écrire ce Poème Sans Héros, un texte aussi clair que du jus de boudin auprès duquel les messages codés de Radio Londres feraient presque office de limpidité, un texte d'une poésie que malgré tous mes efforts, je n'ai pas réussi à débusquer, là, je reste coite, un brin songeuse et au degré zéro de l'émotion, moi qui aime pourtant tellement l'émotion contenue dans ces quelques grammes de phrases, dans ces portions de mots, de sons, de chansons qu'on appelle ordinairement poésie.



Alors, oui, c'est vrai, à de rares et brefs instants, il m'est arrivé de trouver une triade de vers plaisants, mais si déconnectés du reste, tombant tellement comme un cheveu sur la soupe qu'ils ne suffirent absolument pas à étancher ma soif.



Je ne pense pas qu'il soit besoin d'en dire beaucoup plus, vous aurez compris mon point de vue, qui est qu'un écrit de type témoignage aurait probablement eu beaucoup plus de portée (Anne Frank ou Primo Levi ont fait ça admirablement), mais un point de vue qui, je le répète une énième fois, n'est que mon point de vue, c'est-à-dire, bien peu de chose, mais un peu de chose assez éloigné de tout ce que j'avais pu lire au préalable sur cette poétique incomparable.



P. S. : Ce n'est pas tout à fait un hasard si je rédige cette critique aujourd'hui, 8 mai 2015, soixante-dixième anniversaire d'un armistice majeur qui a mis fin à un certain nombre de barbaries, lesquelles barbaries avaient eu le temps de moissonner beaucoup trop de poètes anonymes, pas des héros, juste des hommes, qui n'avaient rien demandé et qui sont morts pour rien, juste parce que quelques-uns, en haut lieu, en avait décidé ainsi.
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Requiem : Poème sans héros et autres poèmes

Dans une langue cristalline, Anna Akhmatova nous parle de la Mort aveugle omniprésente dans une société où les dirigeants ont perdu leur humanité.

Cette plume magnifique et limpide transperce le lecteur comme le ferait la glace. De ces mots simples s'échappent la détresse et la douleur qui étreignent tant qu'elles étouffent, mais aussi l'effondrement et l'incompréhension de vivre dans un système absurde qui fauche les êtres aimés dans le seul but d'étendre les ténèbres, sous le regard impassible des étoiles... Et malgré tout, la Néva, comme le sang, continue de couler....



Finalement, l'amour de ces innocents emprisonnés, torturés ou morts et le courage face à l’adversité et la volonté de résistance : c'est ce qu'il reste d'humain dans ce monde étrange.



Magnifique et bouleversant recueil dont les vers décrivent le régime totalitaire des années 1930 , années les plus "dures" du communisme russe.
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Amedeo Modigliani : Paris 1911

Ce livret est composé de notes qu’Anna Akhmatova a rédigées entre 1958 et 1964.

Sa rencontre avec Modigliani, qu’elle se remémore à la fin de sa vie, est sans doute restée bien présente au fond d’elle-même, un intense et précieux souvenir d’avant les années terribles qu’elle a traversées, « Sa voix est toujours restée dans ma mémoire» dit-elle.

Quand ils se rencontrent en mai 1910, Anna a 21 ans, elle vient d’épouser le poète Nicolaï Goumiliov. Ils sont en voyage de noces à Paris.

Modigliani lui écrit tout l’hiver suivant : «Vous êtes en moi comme une hantise»

Au printemps 1911 elle revient à Paris, seule cette fois, et ils se verront alors régulièrement.

«Nous ne comprenions certainement pas l’un l’autre cette seule chose essentielle : tout ce qui avait lieu n’était pour nous deux que la préhistoire de notre vie --- la sienne, très courte, la mienne, longue.... C’était l’heure diaphane et légère d’avant l’aube.»

Anna Akhmatova nous conte sa découverte aux côtés de Modigliani du Paris d’avant la guerre de 14. Il l’emmène au Louvre dans le département égyptien : « Il dessinait ma tête parmi les reines et danseuses égyptiennes et me semblait pris par l’art de l’Egypte.» Au jardin du Luxembourg par temps de pluie, ils s’assoient à l’abri d’«un immense, très vieux et très noir parapluie. La pluie chaude d’été tombait, tout près somnolait le vieux palais à l’Italienne et nous récitions par coeur à deux du Verlaine, nous réjouissant de connaître les mêmes vers.» Apparaissent au détour d’une phrase, Diaghilev et les ballets russes, Picasso etc...

Elle dit de lui « Modigliani fut le seul homme dans ma vie qui pouvait à n’importe quelle heure de la nuit se retrouver sous mes fenêtres. Je l’acceptais sans rien dire et jamais il ne sut que je l’observais»

C’est avec des mots simples qu’Anna Akhmatova redonne vie à ces moments partagés avec Amadeo Modigliani qui lui a offert seize dessins d’elle qu’il a tracés dont 15 seront détruits durant la révolution. D’autres appartenant au docteur Paul Alexandre, ami de Modigliani ont été retrouvés mais ce n’est qu’en 1994 qu’on y identifiera Anna Akhmatova. Deux nus illustrent ce livre des éditions Harpo.

Une citation d’Anna Akhmatova a servi d’épigraphe à une exposition de tableaux et dessins de Modigliani qui a eu lieu au musée des beaux-arts Pouchkine à Moscou au printemps 2007 : « Tout le côté divin de Modigliani étincelait à travers la pénombre. Il ne ressemblait à personne d’autre au monde ».

Le lien entre eux grâce à ces notes et aux dessins reste donc bien vivant. Merci à ceux qui nous permettent de le découvrir.

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Requiem : Poème sans héros et autres poèmes

Requiem: un recueil de poèmes russes absolument extraordinaires.

Ecrit par Anna Akhmatova vers 1930 en URSS à l'époque où les intellectuels étaient soit tués, déportés, emprisonnés.

Ces poèmes ne sont arrivés jusqu'à nous, non parce qu'elle les a écrit sur papier , elle ne le pouvait pas, mais parce que des amis sûrs les ont mémorisés.

Bouleversant. Une voix pour un peuple qui n'a pas la parole.
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Requiem : Poème sans héros et autres poèmes

Ce recueil bilingue de la grande poétesse russe Anna Akhmatova est exceptionnel. Anna Akhmatova était pour moi une inconnue avant que le bookcrossing du festival raccord(s) me donne à lire Requiem. La traductrice Sophie Benech qui est également l'auteure des gravures contenues dans ce livre nous éclaire sur son oeuvre littéraire, ses voyages en Europe où elle se lie notamment d'amitié avec Modigliani. Un succès littéraire et une vie personnelle comblée que le régime répréssif de la fin des années 1930 va mener au dénuement et à la solitude.

C'est à cette période que naît Requiem (vers 1937-1938) en toute clandestinité dans son propre pays. Anna Akhmatova y fait entendre sa douleur de mère pour son fils, Lev plusieurs fois arrêté :

"Voilà. Le mot, pierre, est tombé

Sur mon sein encore vivant."

mais aussi la souffrance de toutes les autres victimes, la peur mais aussi l'espoir de tout un peuple.



Ces mots sobres sont d'autant plus vrais et poignants qu'ils re(vivent) de l'incandescence de la mémoire malgré le silence et la terreur : les mots écrits par Anna Akhmatova sont appris par coeur par leurs lecteurs avant qu'il ne soient brûlés. Et nous reviennent par ce recueil publié dans son intégralité en hommage au courage et au talent de cette grande poétesse.



Je remercie Liblfy et le bookcrossing festival raccord(s).

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Requiem : Poème sans héros et autres poèmes

Hymne à Saint Petersbourg, à la Russie, à l'Amour.

Anna Akhmatova nous parle de son impossibilité de vivre son individualité, d'écrire, d'aimer, sous le joug communiste de Lénine et Staline. Elle nous parle aussi de la guerre, des bombes sur Léningrad, des morts laissés en chemin, de ses amours impossibles…

Une poésie politique et dénonciatrice mais qui sait aussi invoquer la nature comme consolatrice des violences humaines.

A découvrir.
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Elegies du Nord Suivi de les Secrets du Met..

Avec ce petit recueil, je découvre Anna Akhmatova, poétesse russe du vingtième siècle, victime parmi tant d'autres des persécutions qui sévissaient dans les années 40 dans son pays.



Je découvre une poésie légère et délicate, angoissante aussi dans la première partie dans laquelle elle revient sur son enfance, son sentiment d'étrangeté à la vie, cette sensation d'imposture: une autre aurait vécu sa vie. Lieux d'inquiétudes, la maison où elle a vécu mariée, paysages, villes...

La deuxième partie est totalement tournée vers la création, la naissance et la vie d'un poème, la figure mystérieuse du lecteur avec lequel elle entretient un dialogue.



Ce recueil est une bonne entrée en matière et un bel objet tout court grâce à cette édition qui a également publié Virginia Woolf il n'y a pas longtemps.
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Soir

Le Soir est le premier recueil publié d'Anna Akhmatova alors qu'elle a seulement 22 ans !



Ce qui est étonnant dans ces premiers poèmes c'est la maturité dont elle fait preuve, et on sent déjà les grands thèmes qui seront récurrents dans sa prose.

Elle y parle déjà d'amour de façon très désabusé, comme d'un mirage auquel elle ne croit déjà plus, de liberté entravée qu'elle se refuse à abandonner, les femmes et la nature aussi ont une place de choix.



Ces poèmes ne sont certes pas les meilleurs d'Anna Akhmatova, mais valent le détour pour peu qu'on soit curieux de voir l'évolution dans son oeuvre poétique.
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Rosaire

Un recueil qui rassemble des poèmes écrits entre mars 1913 et juin 1914 dans lesquels on sent déjà un certain vague à l'âme chez la poétesse alors âgée d'une vingtaine d'années seulement.

Etait-ce l'air du temps ou les hommes en général qui lui donnent une vision si désillusionnée de la nature humaine ?

Malgré la mélancolie, chaque poème est emprunt d'une douceur et d'une aspiration à la liberté - avec de nombreuses évocations de paysages - très caractéristiques à la Anna Akhmatova.
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Requiem : Poème sans héros et autres poèmes

C’est par l’intermédiaire d’une anthologie que j’entre dans l’œuvre d’Akhmatova, grande poétesse russe du XXème siècle, qui a publié des recueils des années 1910 jusqu’aux années 1960.



C’est qui est immédiatement remarquable, dès les premiers poèmes, c’est le caractère profondément lyrique de son œuvre : alors même que nous lisons une traduction, nous ressentons tout de même la grande musicalité des vers, le travail sur le rythme, parfois harmonieux, parfois davantage discordant, selon les thèmes abordés. Les thèmes, eux aussi, inscrivent majoritairement sa poésie dans une veine lyrique : amour, fuite du temps, nature comme reflet des états d’âme, création poétique… Lyrisme de prime abord classique en somme, mais également moderne, par la variété des formes choisies pour l’exprimer, parfois au sein d’un même poème. Lyrisme insupportable pour le communisme russe naissant, qui interdira rapidement ses œuvres, car trop peu sociales et trop bourgeoises.



Cette veine lyrique, au centre de l’œuvre de la poétesse, n’en aboutit pas moins, lorsqu’il s’agit de parler de la guerre, notamment du siège de Léningrad, ou des exactions du régime stalinien – emprisonnements, goulags, censures… – à une veine davantage épique, à une poésie de combat, beaucoup plus virulente et crue, beaucoup moins délicate et sensible quant aux termes choisis, même si la musicalité est, quant à elle, toujours aussi prégnante, bien que plus solennelle et grave. Poésie plus engagée qui sera, logiquement, mais ironiquement, à nouveau interdite par le régime.



Qu’elle soit plus lyrique, ou plus épique, j’ai été tout à fait réceptive à la poésie d’Anna Akhmatova, du moins à sa version traduite. J’aurais aimé pouvoir lire son œuvre en version originale : ou comment regretter de ne pas avoir le russe dans son bagage linguistique…
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Requiem : Poème sans héros et autres poèmes

Chef-d'oeuvre?

Monument?

Classique contemporain?

Sans doute un peu de tout cela.

Et en même temps ces qualificatifs sont impropres

Car avant tout la poésie d'Anna Akhmatova parle directement au coeur, avec sobriété, avec grandeur,avec simplicité, avec vérité.

Et pourtant, l'auteure n'a presque jamais pu écrire et surtout publier comme elle l'aurait souhaité. Elle a vécu les pires heures de la terreur bolchévique puis stalinienne.

Elle a été interdite de publication, son fils, Lev Goumilev, a été arrêté et a passé dix-huit ans dans les camps.

Certains de ses poèmes ont été mis par écrit des dizaines d'années après leur composition. Auparavant, ils étaient conservés dans sa mémoire et dans celle de quelques amis sûrs.

Ces conditions étaient aussi peu propices que possible à l'élaboration progressive et organique d'une oeuvre. Beaucoup de ses recueils projetés ne virent jamais le jour et leur composition varia en fonction des circonstances ou des autorisations.

Alors chef-d'oeuvre oui, mais aux parties disparates.

Monument dont les pierres sont disjointes et dont plusieurs manquent.

Mais un classique certainement, par l'unité de ton, et dans la forme, qui vise à la limpidité, dans l'érudition qui intègre ses vers aux courants de la littérature russe et mondiale. Les références et les épigrammes sont nombreuses et invitent à aller voir plus loin: Mandelstam, Blok, Annenski, Lozinski, Tsvetaieva, et les autres.

Sa poésie est debout, droite, indépendante.

Malgré les ruses avec l'imbécillité criminelle, elle dit clairement et à voix haute ce qu'elle a à dire.

Et elle parle pour toutes celles et tous ceux qui ont été brisés, engloutis, mais sans emphase. Pas de militantisme, mais une réponse aux visites de la Muse.

Anna est restée en Russie, quand tant d'autres ont émigré. Elle a voulu partager le destin du peuple russe, et de sa ville Léningrad, Saint-Pétersbourg ou comme on voudra appeler la ville de Pierre le Grand.

Alors chaque vers est évocateur, depuis les émois amoureux de la jeunesse, jusqu'aux derniers poèmes peuplés de fantômes.

Et l'on ne peut qu'admirer et remercier Jean-Louis Backès, le traducteur, de nous avoir offert la possibilité de cette rencontre rare et par ses notes et son introduction de nous en avoir livré quelques clés.
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Requiem : Poème sans héros et autres poèmes

Anna, au début, écrivait des poèmes rien que pour sa gueule. Cela s'appelle « poésie lyrique ». Ca tenait la route.





Ensuite, le climat a changé. Les grandes procès de Moscou ont commencé pendant la période de la Iejovchtchina. Son fils fut emprisonné à Leningrad pendant des années et le père de ce fils, bien avant cela, avait déjà été exécuté pour activités anti-soviétiques. Comme Anna était déjà connue en tant que poète à cette époque, elle s'est chargée du devoir de traduire les événements et l'ambiance de l'époque dans ses poèmes.





Pourtant, à bien nous y pencher, à considérer la question comme des êtres humains, nous pourrons remarquer que ces poèmes politiques continuent en fait à s'échafauder sur la même base lyrique que ses premiers écrits. Les malheurs de cette période sont décrits toujours depuis le prisme personnel, donnant l'impression que rien n'a dans le fond vraiment changé, et ceci sans doute afin de pouvoir passer sous la vigilance de la censure mais aussi certainement afin de maintenir la possibilité d'une expression personnelle en plein cœur du totalitarisme objectivant et réifiant.





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L'églantier fleurit et autres poèmes : Edition ..

Qui a dit que la poésie n'était qu'un art contemplatif et romantique ? Dans ce recueil, on sent bien que la poésie pour Anna Akhmatova était une arme pour s'échapper de sa vie et des conditions de vie dans lesquelles elle suffoque.

Ses vers sont ici teintés d'amertume, de douleur, de fatalité.

En plus du contexte historique déjà difficile (la révolution, les purges stalineinnes) la poétesse a fait face à la censure et autres menaces du régime qui lui a en plus enlevé deux de ses maris (excécutés) et déporté son fils alors qu'il n'avait que 18 ans.

C'est toute cette souffrance et toutes ces épreuves que l'on sens dans les vers de cette poétesse. Même si le tout est exprimé avec de belles images et une langue très orale donc fluide, on entend les cris de douleur d'un peuple entier ... comme Anna Akhmatova l'avait d'ailleurs voulu.



Une oeuvre si forte que j'en perds mes mots...
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Requiem : Poème sans héros et autres poèmes

Ce recueil de poèmes a été écrit dans les années 30. A cette époque, le fils de la poétesse Anna Akhmatova était en prison et sa mère se joignait au flot de mères angoissées qui essayaient de voir leurs fils en prison.

La terreur des représailles était si grande que Anna Akhmatova n'a même pas osé couché ces vers sur le papier. Des amis les ont appris par coeur pour pouvoir les restituer ensuite.

Des vers d'une tristesse poignante, qui ne vous lâchent plus ensuite.
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Requiem : Poème sans héros et autres poèmes

Ces quelques poésies réunies sous le titre de "Requiem" sont glaçantes comme l’hiver stalinien, comme la mort elle-même. Dans ces sombres années de terreur, Anna Akhmatova a souffert le martyre car tous ses proches ont été exécutés ou déportés. L’arrestation de son fils a été pour elle un terrible traumatisme. En tant que poétesse, elle était condamnée au silence par la censure. Elle n’envisageait pas d’émigrer. Restée en URSS, elle a survécu à la "guerre patriotique". Sa réhabilitation sera très tardive.

Ces poèmes d’une grande sobriété sont extrêmement poignants et ils contribuent à faire d’Akhmatova un phare de la poésie russe du XXème siècle.

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Volée blanche

Un recueil qui m'a fait l'effet d'un voile. Un recueil avec des poèmes qui sonnent comme une fin de partie mais avec des motifs récurrents du feu et de la glace pour mettre en avant la lutte contre la fatalité avec un espoir étouffé près à jaillir pour le moment venu.

une belle leçon.
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Elegies du Nord Suivi de les Secrets du Met..

Lire Anna Akhmatova, c'est s'assurer qu'on lira des poèmes (en vers ou en prose) bien écrits.



Une fois de plus, ce fut une lecture agréable, j'ai préféré ' les Secrets du Métier ' - où la poétesse parle avec passion et humour parfois de son métier - aux ' Elégies du Nord ', un cran en-dessous à mon goût.

Dans ses poèmes le souffle de vie et la mort s'affrontent. Bien que, je dois avouer avoir moins aimé que Requiem. Cela est-il dût au fait au ce recueil contient des poèmes écrits bien plus tard que ceux de Requiem ? Est-ce la pression du communisme stalinien qui a permis un combat tel entre les pulsions de vie et de mort d'Anna Akhmatova qu'elle en a fait un chef d’œuvre ?
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Requiem : Poème sans héros et autres poèmes

Requiem



Je ne pouvais continuer mon cheminement poétique sans faire un arrêt par la poésie russe.



En Russie, le rapport des gens à la poésie est très différent du nôtre, je trouve. La poésie est beaucoup plus présente dans la vie quotidienne, elle est populaire, moins confidentielle qu’en France.



J’ai décidé de découvrir l’œuvre d’Anna Akhmatova. Je connaissais son destin, celui d’une femme persécutée sous Staline, et c’est ce qui m’a donné envie de me plonger dans ses écrits.



J’ai clairement manqué de clés pour certains de ses poèmes qui m’ont laissé de côté par leur structure assez éclatée et leurs thèmes qui m’ont parfois paru obscurs.



À l’inverse, certains poèmes m’ont émue par leur force. Je retiendrais ceux qui traitent de séparation amoureuse, mais aussi de solitude et du sort de ses amis, célèbres eux aussi, que sont Marina Tsvetaeva, Boris Pasternak ou Ossip Mandelstam.



« J’ai respiré autrefois dans la nuit

Ce même air, au-dessus du même abîme,

Dans le vide de cette nuit de fer

Où appels et cris ne servent à rien. »



On sent que l’œuvre d’Akhmatova est traversée par le contexte politique dramatique qu’elle a connu mais aussi par l’amour, l’amitié et également les terres russes.



«  Et là où l’on fabrique les rêves,

Il n’y avait plus pour nous de choix.

Nous n’en avons vu qu’un, mais sa force

Était comme l’arrivée d’un printemps. »
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Poème sans Héros

C'est un mot qui a triomphé de la mort, un nom, celui que Anna Andreïevna Gorenko a choisi: Akhmatova,

animatrice du cabaret assiégé par l'histoire, où Hamlet danse avec Tamara sur une Chaconne de Bach, sous le regard du Greco,

et où il n'y a que des poivrots et des putains;

et des femmes qui attendent inlassablement devant les murs d'une seule porte,

et des hommes qui passent dans la mémoire du châle qui couvre de ses dentelles la sensualité de cette tartare.

Au pays ou frissonnait le bagnard d'Omsk,

elle a tout compris et fait une croix sur

les illusions de la subtilité

et la séduction de l‘artifice, ainsi,

le mot qui n'est pas à moi soudain se montre,

il donne aux poèmes ensoleillés la formidable et terrible force de la parole prophétique du poète,

des mots qui ne pouvaient pas être dits,

les mots que je n'aurai pas dit

qui prendra soin de les faire sonner?

au risque de les égarer dans les mémoires qu'il faut détruire;

des mots sans fin, ceux qui tuent la mort.

Elle n'est pas morte, Anna aux yeux gris, amie des lecteurs inconnus.



Nous boirons jusqu'à l'ivresse une amère douleur en écoutant Dimitri Chostakovitch,

quelque part au milieu des assaillis.







Tous les vers - enfin, beaucoup - m'accompagnent; ici, sont présents des vers de:

Poème sans héros, À Tsarskoïe Sielo, Nous sommes tous des poivrots et des putes, The evening sky is gold and vast. Les élégies du Nord, Par le chemin de toute la terre, Les secrets du métier, J'ai l'imagination docile, le lecteur, le dernier poème





Je lis Anna Akhmatova en anglais Complete Poetry (Zephyr Press, tr. Judith Hemschemeyer )

et en français Requiem… (Poésie Gallimard, Tr. Jean-Louis Backés)



© Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
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