Anna de Noailles, la grande méconnue
Si l'on pense à Anna de Noailles, les premiers mots qui viennent à l'esprit sont : une grande amie de Marcel Proust ; une femme du monde, superficielle, etc.
Tout cela est bien connu.
Mais son œuvre, ses poèmes qui vous enserrent l'âme par leur force évidente : qui les connaît encore ?
Anna de Noailles, cette grande poétesse qui a écrit avec tant de vigueur sur la peine et les maigres joies de l'existence, a pourtant de ces mots qui prennent, pour ainsi dire, la souffrance par le col !
Un exemple suffira :
« Et peut-être que la souffrance / Est l'unique et sombre péché. »
Ce vers, si simple en apparence, recèle toute une ode à la vie !
Il n'est d'ailleurs pas sans m'évoquer un vers d'Anna Akhmatova, dans "Requiem : Poème sans héros et autres poèmes" : « Pardonne-moi, j'ai vécu triste / Et sans faire fête au soleil. »
Un profond poème - pourvu qu'il trouve le chemin de notre âme -, sera toujours une flamme à laquelle on se brûle avec un douloureux plaisir.
Anna de Noailles disait avec tant de force : « Hélas je n'étais pas faite pour être morte. »
Chaque fois qu'un lecteur entre dans son œuvre, par-delà la mort elle retrouve un souffle de vie.
© Thibault Marconnet
le 10 juin 2013
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