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Critiques de Annelise Heurtier (1428)
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Sweet sixteen

Mai 1954. La Cour Suprême des États-Unis prend l'une des décisions les plus importantes en matière de ségrégation raciale, la rendant inconstitutionnelle dans les écoles publiques. La doctrine, vieille de quatre-vingts ans, "séparée mais égaux" n'a plus lieu d'être et les Noirs pourront bénéficier du même enseignement que les Blancs.

Été 1957, le prestigieux et renommé Lycée Central de Little Rock, dans l'Arkansas, un état du Sud bien que de tradition ségrégationniste, va accueillir dans ses murs neuf lycéens noirs. Neuf lycéens noirs, triés sur le volet, parmi deux mille cinq cents Blancs. Parmi eux, la jeune Molly, âgée de 15 ans, qui s'était portée volontaire dès 1954. Mais, en cette fin de mois d'août, la jeune fille, à la fois impatiente et anxieuse, n'arrivait toujours pas à y croire. Cela allait-il vraiment arriver ?



Ernest Green, Elizabeth Eckford, Jefferson Thomas, Terrence Roberts, Carlotta Walls, Minnijean Brown, Gloria Ray, Thelma Mothershed et Melba Pattillo, neuf noms qui allaient à jamais marquer l'histoire des États-Unis. Neuf enfants noirs parmi tous ces Blancs. Des Noirs humiliés, maltraités, harcelés par tous ces Blancs hostiles, haineux et malveillants. Des Blancs qui n'acceptèrent pas cette nouvelle loi.

L'on suit le personnage de Molly Costello, inspiré de Melba Patillo, une jeune fille qui endura pendant toute une année scolaire les coups, les agressions et les insultes. Une jeune fille courageuse, symbole d'une nouvelle génération, qui croit et espère encore à l'intégration des Noirs. Annelise Heurtier nous plonge dans cette Amérique ségrégationniste et nous offre une marquante page d'histoire. Ce roman jeunesse, intelligent et instructif, met brillamment en parallèle la vie de Molly et celle de Grace, une Blanche issue de la bourgeoisie. Une Blanche et une Noire que seule la couleur de peau oppose. Une différence primordiale dans cette Amérique. Les mêmes rêves pour un destin dissemblable. L'auteur traite cet épisode historique particulièrement marquant de manière subtile, efficace et ingénieuse.
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Sweet sixteen

Un gros coup de cœur pour cette histoire inspirée de faits réels. Nous sommes plongés à la fin des années 50 dans une Amérique encore très conservatrice : Arkansas en 1957. Nous suivons deux jeunes filles juste avant leurs 16 ans : Molly et Grace. Un loi vient d'être promulguée : la fin de la ségrégation dans les lycées. Neuf adolescents noirs dont Molly se portent volontaires pour tenter l'expérience. En parallèle, Grace, blanche de peau, mène sa vie sans soucis entre ses amis, les robes, les bals, les premiers amours et ses idoles telles qu'Elvis Presley.



L'expérience va s'avérer très difficile même violente pour les neufs adolescents noirs : ils sont plongés au beau milieu de deux mille cinq cent lycéens blancs qui leurs sont farouchement hostiles : les insultes, les humiliations et les coups fusent et deviennent le lot quotidien de ces neufs malheureux que rien ni personne n'épargne. Leur intégration est d'autant plus cruelle qu'ils sont dispersés dans différentes classes et se retrouvent seuls contre tous.



Le contraste entre l'univers de Molly et celui de Grace nous frappe en plein cœur dès le début.

Grace mène une existence insouciante où ses seules décisions à prendre sont quelle couleur pour sa robe, comment se coiffer, quelle attitude adopter pour que Sherwood la remarque enfin et l'invite au bal de fin d'année. Cependant cette frivolité va vite quitter Grace quand elle va se rendre compte qu'elle adhère de moins en moins aux thèses ségrégationnistes de ses amis dont elle soupçonne certains d'appartenir au Ku Klux Klan.

Le quotidien de Molly est beaucoup plus compliqué et même parfois douloureux : entre l'épicier qui lui répond qu'il n'a plus de lait à lui vendre alors que son étalage en est plein, le Ku Klux Klan qui enflamme une croix dans son jardin, les coups et les blagues barbares dont elle est victime au lycée, la douce Molly n'est pas épargnée par la vie. Pourtant elle est courageuse et ne perd pas espoir face aux actes inhumains et violents des blancs.



Ce livre est une véritable ode à la tolérance, c'est ce terme qui me vient à l'esprit à la fin de ma lecture. Malgré ses passages parfois très durs où l'auteur parvient à retranscrire la brutalité dont peuvent faire preuve les blancs et l'atmosphère effrayante de cette période houleuse de l'histoire de l'Amérique. A cette époque les noirs étaient appelés nègres, ils étaient tenus d'utiliser des toilettes, des restaurants, des cinémas séparés, les rumeurs disaient qu'ils transmettaient des maladies c'est entre autre pour cette raison que les piscines ne leur étaient ouvertes que la veille du nettoyage.

J'aime à croire que ces idéologies sont loin derrière nous malheureusement la proéminence de certains partis politiques prouve le contraire. Comme Annelise Heurtier le dit si bien : "La stupidité est la chose la mieux partagée au monde"

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Là où naissent les nuages

Amélia est une jeune fille de 16 ans mal dans sa peau. Ses parents, elle juge aux affaires familiales, lui gastro-entérologue, sont très pris par leur travail. Souvent seule, Amélia s'est réfugiée dans la nourriture. Si elle admire ses parents pour leur beauté, leur passé de baroudeurs, elle ne peut, évidemment, que se comparer à eux et se trouver bien insignifiante. Un jour, sa mère reçoit un courrier en provenance de la Mongolie dans lequel elle apprend que Nikita, l'homme qui travaillait pour The Shelter, une association qui vient en aide aux enfants mongols, et qui l'avait accueillie lorsqu'elle-même s'était rendue là-bas, est décédé, d'un accident de cheval. La nouvelle directrice, Bakar, encourageait tout de même Isaure à poursuivre ses versements réguliers, bien utiles pour l'association, et serait ravie de l'accueillir à nouveau à Oulan-Bator. Aussitôt, le père d'Amélia propose un voyage en famille là-bas. Amélia est plutôt réticente à cette idée. Si sa mère ne peut malheureusement pas se libérer pendant les vacances scolaires, il est alors convenu qu'elle irait avec son père, en juillet. Mais au dernier moment, celui-ci est réquisitionné pour les jurés d'assises. C'est donc seule que la jeune fille partira en Mongolie...



Loin de son petit confort et de ses parents, Amélia, dont c'est le premier voyage seule, va, non seulement, découvrir des paysages à couper le souffle, des gens exceptionnels (aussi bien les Mongols que les bénévoles), des gamins attendrissants, soumis à la misère et la violence, mais également se découvrir elle-même. Elle va se sentir vivante, utile, effaçant peu à peu l'adolescente timide, mal dans sa peau, et va jusqu'à oublier de se goinfrer, se remplissant de ce qui l'entoure, de ses actes, de ses choix. Mais elle ne sait pas, alors en partant, que ce voyage sera aussi l'occasion de s'interroger sur sa mère. Sensible, émouvant, ce roman initiatique se révèle très réaliste, tant l'auteur dépeint subtilement les états d'âme de l'adolescente, nous fait partager ses doutes et ses angoisses. Si Annelise Heurtier traite d'un sujet difficile, elle l'aborde tout à la fois avec profondeur et légèreté.

Une invitation au voyage et au partage...
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Là où naissent les nuages

A seize ans, Amélia vit dans un cocon doré à Paris. Maman est juge aux affaires familiales, Papa est médecin. Malgré cet environnement confortable et l'amour dont elle est entourée, son adolescence est difficile : elle se compare à ses parents, eux si brillants et si beaux, elle si terne et si grosse. Dévalorisation de soi, inertie, grand vide qu'elle essaie de combler en se remplissant l'estomac.

Tous trois doivent passer un mois en Mongolie, aider dans un centre d'accueil pour enfants des rues. Amélia va finalement devoir partir seule, à reculons, la trouille au ventre.



Le lecteur découvre le pays en même temps que la narratrice. Émerveillement devant la splendeur des paysages, stupeur, dégoût et indignation face à la pauvreté et à la violence urbaines.

On suit en parallèle l'évolution de la jeune fille, qui acquiert confiance en soi et maturité. Sa peur et ses réticences, sa tentation de rentrer à Paris au plus vite pour fuir cette misère font progressivement place à une implication 'adulte'.



Cet ouvrage jeunesse est à la fois un roman agréable à lire et un bon documentaire sur la Mongolie d'aujourd'hui.

Il sensibilise de manière simple, sobre et efficace à la paupérisation du pays depuis sa "Révolution démocratique" en 1990, au sort des enfants abandonnés et/ou maltraités dans les villes, aux difficultés de survie des éleveurs nomades.

Les réflexions suscitées autour des démarches humanitaires sont intéressantes, entre la bonne conscience occidentale à coups de petits chèques, et l'immersion totale dans les conditions de vie sordides des populations en difficulté. Intéressante également la question de l'adoption en douceur, sans déracinement.



Un récit subtil, émouvant et instructif. Dommage qu'un rebondissement 'cliché' à la fin de l'histoire vienne ternir l'éclat, la finesse et la singularité du livre.

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Sweet sixteen

Septembre 1957. Le prestigieux Lycée Central de Little Rock ouvre ses portes à neuf adolescents noirs, neuf volontaires attendus de pied ferme par deux mille cinq cents blancs bien décidés à empêcher cette intégration que la loi leur impose. Ernest Green, Élizabeth Eckford, Jefferson Thomas, Terrence Roberts, Carlotta Walls, Minnijean Brown, Gloria Ray, Thelma Mothershed et Melba Pattillo entrent dans l'Histoire sous les cris et les insultes de leurs camarades de classe, de la Ligue des mères blanches, le Klan et des milliers de blancs qui refusent de partager leurs privilèges.

Sous la plume d'Annelise HEURTIER, Melba Patillo devient Molly Costello, une adolescente noire de 15 ans qui rêve juste d'un lycée avec plus de moyens. Quand elle se porte volontaire pour intégrer le Lycée Central, elle est loin de se douter du rejet dont elle va être la victime, parmi les blancs, mais aussi parmi la communauté noire qui craint les émeutes et les représailles. Soutenue par sa mère et sa grand-mère, Molly entame une année éprouvante, insultée, humiliée, menacée, ne se déplaçant que sous la garde d'un soldat chargé de la protéger. Et pendant qu'elle essaie de suivre les cours, isolée, solitaire, la haine ne recule pas. La seule lueur d'espoir viendra de Grace Anderson, la belle et blonde reine du lycée. Touchée par la détresse de Molly, Grace va remettre en question ses certitudes et faire un pas vers la compréhension et l'acceptation.



De la littérature jeunesse de qualité grâce à une histoire forte, émouvante et qui fait réfléchir. Au-delà de des faits historiques, Annelise HEURTIER touche au fondement du racisme : la méconnaissance qui engendre la peur et le rejet. ''Égaux mais séparés'', noirs et blancs vivent dans deux mondes différents et pourtant rien ne les différencie si ce n'est la couleur de leur peau. Molly et Grace ont les mêmes rêves, les mêmes aspirations. Elles veulent réussir leurs études, avoir un petit ami et faire de leur ''sweet sixteen'' une fête inoubliable. Ensemble, elles vont écrire une page de l'histoire des Etats-Unis. Mais tout reste à faire. Il faudra encore de nombreuses années pour que noirs et blancs fréquentent le même lycée sans manifestations hostiles.

Un très bon livre qui trouve un écho dans l'actualité d'un pays qui n'a toujours pas réglé ses problèmes de racisme. Obama est à la Maison blanche mais les noirs font toujours partie des catégories les plus défavorisées, les ghettos existent toujours et, trop souvent, les policiers blancs abattent des noirs lors d'interpellations trop musclées...Un livre à faire lire et à offrir autour de soi.
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Là où naissent les nuages

D'un milieu aisé, Amelia est pourtant mal dans sa peau. Les circonstances vont l'amener à partir un mois en Mongolie pour travailler dans une association humanitaire qui vient en aide aux enfants. Ce voyage va changer sa vie...



Au début de l'histoire, Amélia manque de confiance, elle n'est pas volontaire pour partir et a peur. Mais pour tenter de se sentir mieux elle décide de relever le défi et d'aller à la rencontre du passé de ses parents. Le récit initiatique présente la découverte des coutumes mongoles, la difficile condition des enfants mais aussi révélation d'un secret familial. Il s'agit donc en quelque sorte d'un héritage.



Le lecteur suit la métamorphose de la jeune fille, entre dans le quotidien d'une association humanitaire, pénètre dans les yourtes, et ressort lui aussi... changé !

A lire absolument !


Lien : http://cdilumiere.over-blog...
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Refuges

Lampedusa, ses paysages somptueux. Une petite île méditerranéenne de 20 km2 où une adolescente de dix-sept ans en villégiature peut s'ennuyer ferme. Mila redoute ce mois de juillet en huis clos avec ses parents, surtout que sa mère n'est pas en forme, voilà six ans qu'elle traîne sa dépression depuis le décès du petit frère.



Lampedusa, une île italienne entre Afrique et Europe. Une première étape prometteuse vers l'occident, le point à atteindre pour les Africains qui n'ont plus rien à perdre dans leur pays, victimes de pauvreté extrême, de la guerre et/ou d'une dictature.



Une dizaine de voix dans ce récit : celle de Mila, en alternance avec celles de jeunes Erythréens âgés de quatorze à vingt-deux ans, qui fuient pour un monde meilleur, forcément meilleur, ça ne peut pas être pire : « Je le sais depuis que je suis tout petit : l'Europe, c'est la promesse d'une vie meilleure. Je suis fort, courageux. La fatigue ne me fait pas peur. Là-bas, je serai discret, laborieux, je ferai les travaux dont personne ne veut. Je serai heureux de ce qu'on me donnera. Je n'irai pas pour prendre la place de qui que ce soit. J'irai parce que je suis né au mauvais endroit. J'irai parce que j'ai envie de vivre. » (p. 167)



Le parcours de ces migrants est long, dangereux, coûteux, l'arrivée incertaine, ils risquent la mort, le retour forcé et musclé au point de départ. « (...) la décision de quitter mon pays, le passage de la frontière, le camp des réfugiés, les mois de travail à Karthoum pour financer la suite du trajet, les voyages à pied, en bus, en 4x4 ou sous les bâches d'un camion, les passeurs, le sable, la chaleur, les matraques, les soldats, le froid, les coups, l'odeur des cadavres, le sexe, l'argent, l'argent, le sexe, les coups et enfin, alors que nous avions déjà survécu à la traversée du Soudan, alors que nous pensions déjà à Tripoli, les trafiquants libyens qui avaient arrêté notre véhicule, au milieu de la mer de sable du Fezzan. » (p. 146)



Superbe roman, bouleversant et révoltant, qui m'a beaucoup appris sur la situation politique en Erythrée : « (...) service militaire forcé de 17 à 47 ans, interdiction de la presse indépendante, arrestation et torture des opposants, limitation des déplacements, contrôles d'identité systématiques, giffa, camps d'enfermement... »



L'auteur trouve le bon dosage pour intéresser le lecteur adolescent, évoquant tour à tour les tourments d'une européenne (problèmes familiaux, deuil, mal-être) et le drame de jeunes africains défavorisés dont l'avenir est bouché. Le sort de ces migrants clandestins est triste à hurler, surtout si l'on pense à ce qui les attend après - exemple des centres à Calais, insertion difficile une fois installés...



En (longue) conclusion, ces mots de l'auteur : « Même s'il est très difficile de produire des chiffres exacts, on estime a minima qu'en vingt ans, plus de 13 250 clandestins sont morts aux frontières de l'Europe. » Annelise Heurtier précise avoir « situé cette fiction en 2006, afin de mettre en avant le sort particulier des migrants érythréens fuyant leur pays, non pas pour "profiter" des aides sociales des pays européens mais bien pour échapper à l'intolérable répression mise en place quelques années plus tôt en Erythrée. » (p. 232-233)
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La Parure

Mathilde est jeune, belle, mais chagrine. Là où son mari se contente de peu, elle désespère de mener une existence aussi étriquée, rêve luxe et mondanités. Ces rêves semblent à portée de main le jour où le couple est convié à un bal…



La couverture ne parlait pas trop à mes moussaillons : « Ça parle d'art ? C'est une histoire de pigeon ? » Ça ne leur disait pas plus que ça. Et pourtant, l'objet-livre semble venu tout droit d'une bibliothèque cossue du XIXe siècle avec son dos tissé, son lettrage à l'ancienne et son beau papier. Et dès la première page, nous avons été captivés. Quelle riche idée de revisiter cette nouvelle De Maupassant sous forme de récit animalier illustré ! Et quelle réussite !



Annelise Heurtier excelle dans ce format ramassé comme dans ses romans (dont j'ai déjà eu l'occasion de parler). Sa plume, avec ce mélange de délicatesse et de vitriol qui semble n'appartenir qu'à elle, restitue admirablement l'atmosphère du texte De Maupassant. Ses mots résonnent, passionnent et bouleversent en faisant jaillir les envies dévorantes de Mathilde, les efforts désespérés de son mari pour la rendre heureuse, le désarroi de « trébucher au seuil d'un conte de fées ». Et quelle chute !



Delphine Jacquot dessine les salons feutrés et les parures jusqu'à la moindre perle, la moindre plume et la moindre dorure et fait le choix génial de donner aux personnages une forme animalière (extraits disponibles via le lien ci-dessous). Mathilde Loisel est évidemment une oiselle, son mari un castor désarmant, tandis que les bourgeois et commerçants sont représentés sous les traits d'une hautaine girafe ou d'un requin (il y a même un homard). Cette forme va comme un gant à la nouvelle. Cela lui donne des allures de fable. Une fable terriblement actuelle qui nous interroge sur l'être et le paraître, la vacuité du bling-bling, l'importance à donner au regard des autres et la violence inouïe des déterminismes sociaux.



Sublime !
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Sweet sixteen

En 1957, Elvis Presley est très mal vu dans les bonnes familles américaines, les demoiselles se pâment à la seule vue de son déhanchement lascif. Il est « capable de provoquer des évanouissements rien qu'en ondulant les doigts »... Ça peut surprendre quand on n'a connu que sa version bouffie des années 70...

Cette année-là, dans l'Arkansas, la ségrégation est toujours en vigueur. Suspectés de véhiculer des maladies, les Noirs n'utilisent pas les mêmes toilettes que les Blancs, ils ne sont tolérés dans les piscines que les veilles de nettoyage. Bizarre : on les trouve quand même suffisamment propres pour faire le ménage, la cuisine et s'occuper des enfants...

Little Rock est alors une petite ville paisible, jusqu'à ce que la Cour suprême des Etats-Unis décide d'expérimenter l'enseignement mixte dans son Lycée central. Dans un premier temps, neuf adolescents noirs doivent y être 'accueillis' parmi 2 500 blancs. Le cauchemar commence avant même la rentrée de septembre : les neuf volontaires et leurs familles sont victimes de menaces de la part de Blancs opposés à ce mélange, et même leurs proches noirs sont tentés de les dissuader de participer à l'aventure, par crainte de représailles.



Pour écrire ce roman, Annelise Heurtier s'est inspirée du témoignage de Melba Pattillo, l'une de ces étudiants noirs. A travers le personnage romancé de Molly, on assiste, incrédule et bouleversé, à l'enfer que cette jeune afro-américaine a subi pendant toute une année scolaire. Les faits sont d'une violence inouïe, aussi bien verbale, morale, que physique. Un tel déferlement collectif de haine et de brutalité paraît inimaginable, et pourtant... l'actualité montre qu'on n'en est jamais loin, dans une société.



A lire, et à faire lire dès 14-15 ans, pour la page d'Histoire, mais aussi pour ce genre de message d'espoir :

« La Blanche lui avait souri, désolée de ce qui était arrivé. Dans son regard, Molly n'avait lu aucun calcul, aucune animosité. Elles avaient échangé quelques mots, d'égale à égale. De crainte de paraître ridicule, Molly n'avait pas osé lui dire à quel point ce simple fait lui donnait envie d'avancer. »



Bravo à l'auteur, Annelise Heurtier, qui sait sensibiliser les lecteurs de tous âges à des sujets de société, de manière simple, enrichissante et percutante (cf. aussi 'Refuges', sur l'immigration clandestine).



♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=V-hXzQE7-LY
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Sweet sixteen

Je connaissais sweet sixteen, de Billy Idol.

Je découvre celui d'Annelise Heurtier, inspiré de faits réels.

C'est pas pour dire, Billy, mais niveau ambianceur, tu te poses bien plus là.



Aaaah l'Amérique.

Le sud, plus précisément. Pas celui de Nino, non. Celui apparenté à la culture d'un racisme violent et assumé qui aura fait ses preuves tout au long de l'histoire états-unienne.

Nouveau lamentable fait d'armes avec cette rentrée scolaire mémorable de 1958 sise dans le plus prestigieux lycée d'Arkansas.



On y est.

La mixité est décrétée.

Blancs et noirs partageront désormais les mêmes bancs d'école.

Mais il est évident que pour certains, ce sera un p'tit plus délicat d'appréhender cette nouvelle année scolaire.

Notamment pour ces neuf noirs devant faire face aux 2500 blancs plus que réticents à l'idée de devoir partager leur quatre heures à moteur.



Par le prisme de deux étudiantes emblématiques, Molly et Grace, Annelise Heurtier dissèque tragiquement le processus de non-intégration initialement promis à ces neufs aventuriers de l'extrême.

D'autant plus tragique qu'elle focalise sur les agissements d'une jeunesse censée être porteuse d'espoir alors qu'elle ne fit que recracher furieusement une haine ancestrale et familiale savamment entretenue.



Naît-on raciste ?

Je ne le pense pas.

On le devient à force d'inéducation forcenée, de peur irraisonnée et de bêtise fortement ancrée dans l'ADN parental.



Sweet sixteen est un cri.

Un hurlement de terreur journalière et de souffrance récurrente subie par des êtres qui n'aspiraient qu'à une seule chose, la reconnaissance de ce qu'ils sont et non de ce qu'ils incarnent au nom d'une bien triste et sanglante Histoire.



Si les lueurs d'espoir existent, elles demeurent bien fluettes mais suffisamment ténues pour nourrir la vision certainement idyllique d'un monde bien plus équitable.



Il semblerait que les agissements de certaines forces de l'ordre envers la communauté noire tendraient, aujourd'hui, à faire sortir les mouchoirs plutôt que les cotillons.

Long is the road...



Édifiant...
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Sweet sixteen

En 1957, aux États-Unis, pour la première fois dans l’Histoire, neuf étudiants noirs font leur rentrée dans un lycée réservé aux blancs. Cette décision de la Cour Suprême échauffe vivement les esprits. Molly Costello est noire. Elle est l’une de ces neuf étudiants et croit en la possibilité de voir les mentalités évoluer ; elle espère même pouvoir y contribuer.

Cependant, elle ne s’imagine pas à quel point son inscription dans ce lycée va bouleverser son existence, depuis toujours rythmée par les humiliations. Il s’agit toutefois pour elle d’un combat. Et elle est prête à l’engager de toutes ses forces.

Grace Anderson, quant à elle, est blanche, et plus préoccupée par le bal de fin d’année que par les événements qui secouent son lycée. À cause des idées radicales de sa meilleure amie et de son petit ami, Grace est amenée à s’interroger sur la ségrégation raciale. Molly et Grace sont toutes deux dans leur seizième année, un âge où la vie est censée être douce, mais à travers leur histoire se dessine la terrible réalité de deux mondes qui se côtoient sans vouloir s’accepter. Dans ce contexte de violence, l’horreur finit par atteindre celle qui s’en croyait protégée. Inspiré de faits réels, le roman d’Annelise Heurtier traite de façon très subtile un sujet mal connu des jeunes générations.



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Là où naissent les nuages

Un roman de plus de cet auteure, et je suis une fois de plus conquise. Annelise Heurtier réussit à nous parler très justement de l'adolescence.

L'héroïne, Amélia vit mal son adolescence, elle est mal dans sa peau. Le choc d'un voyage humanitaire en Mongolie va lui permettre de découvrir une autre culture, des difficultés qu'elle n'imaginait pas, et de se découvrir elle-même.
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Combien de terre faut-il à un homme ?

Anne-Lise Heurtier a décidément le don mettre en valeur l'actualité de pépites littéraires. Elle excelle autant à adapter sous forme d'album ce conte écrit par Tolstoï en 1886 que la nouvelle De Maupassant, La Parure. Combien de terre faut-il à un homme ? La question se pose, plus que jamais, et nous l'avons méditée en famille avant d'ouvrir ce livre. Si nous ne sommes pas parvenus à une réponse tranchée, nous ne nous attendions pas à celle renfermée par ces pages !



Cette histoire d'un paysan incapable de se contenter de ce qu'il possède raconte les délires d'accumulation, les névroses relatives à l'herbe qui pousse toujours plus verte dans le pré du voisin, le mépris de ceux qui « passent leur temps à jouer de la flûte, boire du thé et chanter ». Bref, Tolstoï nous parle du capitalisme. Ce n'était pas évident à mettre à hauteur d'enfant sans tomber dans un registre moralisateur, mais cela fonctionne à merveille. le travail tout en délicatesse sur le texte et les illustrations montre subtilement comment l'avidité pervertit les relations humaines, ruinant les liens avec les voisins et conduisant Pacôme à ballotter ses proches au gré de ses lubies, à mépriser les autres et à faire ployer son cheval.



Très classe, les illustrations stylisées, réduites aux trois couleurs primaires et évocatrices de l'iconographie russe (extraits disponibles via le lien ci-dessous), étalent sous nos yeux les propriétés qui sont la raison de vivre de Pacôme. Bâtiments, machines et bêtes ne forment pas un ensemble cohérent et intégré dans le décor. Ils sont plutôt alignés dans une sorte de vacuum comme pour un inventaire dont le format à l'italienne de l'album souligne la démesure.



On sent bien qu'on court à la catastrophe et on tourne les pages avec appréhension jusqu'à la chute – et quelle chute !



Ce type d'adaptation de classiques est un régal à partager avec de grands enfants. J'espère qu'Anne-Lise Heurtier en proposera d'autres et je me demande ce qu'elle choisira. Je verrais bien La perle de Steinbeck ou, pour rester en Russie, peut-être La Dame de pique de Pouchkine ?



Un album vraiment original : féroce, prenant et très beau.
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Des sauvages et des hommes

« On se demande qui sont les sauvages et qui sont les hommes ! »



Avec son sens de l’à-propos, mon moussaillon de douze ans résume parfaitement les choses. La véritable sauvagerie, c’est l’exhibition d’humains présentés comme des primitifs afin d’assouvir la soif de sensationnalisme, d’engranger des sommes folles et par la même occasion de légitimer la politique colonialiste.



Annelise Heurtier contribue à raviver la mémoire d’un phénomène historique terrible, mais longtemps refoulé. Sa plume vive et acérée nous transporte en 1931. À Paris germe l’idée redoutable d’exposer une troupe de « Kanaks » en marge de l’exposition coloniale. Attiré par la perspective de voir du pays et la promesse de pouvoir présenter sa culture, Edou quitte la Nouvelle-Calédonie et embarque à bord du navire pour la France. Le groupe déchante rapidement lorsqu’il se retrouve installé dans un enclos affublé d’une pancarte : « CANNIBALES ».



Edou est un beau personnage dont on partage les rêves et la curiosité, l’amour de sa mère, la désorientation, la peur, la révolte – bref, l’humanité. Une humanité qui nous renvoie à la sauvagerie des faits dont le roman reste très proche, soulignée par de saisissants documents d’époque insérés au fil des page. L’alternance de points de vue révèle aussi le cynisme méprisant des tenanciers de zoos humains et la curiosité malsaine des visiteurs (plus d’un milliard et demi entre 1810 et 1940 tout de même, nous dit l’historien Pascal Blanchard en post-face). N’ayant pas du tout pris la mesure de l’ampleur du phénomène avant de lire ce roman, j’en suis restée sonnée.



Avec ces émotions fortes, je ne vous ai même pas parlé de Victor ! Et bien, je n’en dirai pas plus pour vous laisser le plaisir de le rencontrer par vous-même.



Si les romans d’Annelise Heurtier sont si inspirants, c’est qu’ils évoquent toujours le courage infini de ceux qui osent ouvrir les yeux et s’exposer en première ligne pour repousser les obscurantismes et conquérir de nouveaux droits.



Un roman qui se dévore : dans la droite lignée de Sweet Sixteen, à la fois solidement documenté, éclairant et émouvant.
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Le carnet rouge

« Ça fait seize ans que je me demande qui je suis... seize ans que ça hurle à l'intérieur de moi. Alors la vérité, je la voulais. »

Marie n'a jamais connu son père, parti trois mois avant sa naissance. Elle vit avec sa mère célibataire qui semble incapable de lui parler de sa famille maternelle. Rien ne filtre, Marie sait juste qu'elle est originaire du Népal. La jeune fille a tout essayé pour en apprendre davantage, la mère se mure, s'énerve, et l'ambiance entre elles est lourde, tout est prétexte à conflits pour l'adolescente. Alors Marie a imaginé des bribes d'histoire familiale. Lorsqu'elle découvre la vérité par le biais d'un carnet rédigé par sa grand-mère, elle tombe de haut.



Ce roman jeunesse montre bien les dégâts sur les enfants et adolescents des non-dits ou mensonges autour de leur filiation*, a fortiori quand l'absent n'existe pas ou plus dans l'esprit de l'autre parent, ou tout au moins dans l'image donnée - une béance, dans laquelle l'enfant peut projeter le meilleur comme le pire.

Cet ouvrage a également le mérite d'évoquer le terrible sujet d'un certain type d'enfants esclaves



Doublement intéressant, comme tous les ouvrages d'Annelise Heurtier que j'ai lus : l'évocation de problèmes adolescents contemporains, et une page d'Histoire/géo/socio enseignée...



* voir le film 'Dear Frankie', Shona Auerbach, 2004... ou quelques tristes cas dans la vraie vie, autour de soi...

> http://www.dailymotion.com/video/x9h7xi
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Sweet sixteen

Comment dire ? Comment décrire ce que je ressens ?

Les mots s'emmêlent dans mon esprit.



Ce roman, qui se passe dans les années 50, est à la fois un témoignage, un documentaire et une fiction. D'habitude, je ne lis pas ce genre de livres, par manque d'intérêt pour la chose. Eh bien, je peux vous dire que je suis bien contente d'avoir lu celui-ci ! Il est révoltant. En sortant de ma lecture, mon cerveau est encore en ébullition : comment ÇA a pu se passer ? Mais merde quoi ! C'est horrible ! Traiter des êtres humains de la sorte... pire que des animaux... « La stupidité était la chose la mieux partagée au monde ». Cela n'a jamais été aussi vrai.



En fait, Sweet sixteen nous bouscule. Il nous fait voir la violence des gens dans ces années-là, il nous montre jusqu'où ils pouvaient aller. Que oui, ça a bien existé. Ainsi que la terrible, terrible injustice qui régnait entre noirs et blancs. Et quand on pense que maintenant, un président noir est à la tête des Etats-Unis... Je ne cesserai d'admirer le courage qu'on eu ces neuf étudiants.



Cette histoire peut être destinée à des adolescents, aussi bien qu'à des adultes. Vous lirez cela sans problème. Le côté fictif de ce témoignage plaira à tous. Sweet sixteen est comme un cours d'histoire : il nous apprend notre passé commun sur une courte période (ici, une année), alors même que nous savons ce qui s'est passé par la suite. N'oublions pas : ce sont ces "petits" événements, tels Rosa Parks ou l'obstination du président Eisenhower, qui permirent, lentement mais sûrement, une révolution noire de monde.



Ce livre est court, il va droit au but. Pas de détails inutiles. On sent que l'auteure reste neutre, pour nous permettre de forger nos propres avis et questionnements. D'où tout le pouvoir d'Annelise Heurtier : du début à la fin, elle nous tient. du premier au dernier mot, je n'ai eu cesse de me demander : "Et moi qu'est-ce que j'aurais fait à la place des blancs ?". Telle est la question. Je suis révoltée, révoltée, révoltée par rapport à cette haine envers les noirs, ces nombreuses balivernes proférées pour les isoler. Mais ça, c'est maintenant, au troisième millénaire. Il y a seulement 50 ans, comment aurais-je réagi ? Les enfants sont nés avec cette idéologie-là : les noirs puent, les noirs sont dangereux, les noirs sont inférieurs. Comment ne pas penser comme ses prédécesseurs lorsqu'on nous inculque cela dès notre plus jeune âge ? Dans Sweet sixteen, Brook en est l'exemple parfait : sa mère est à la tête de la Ligue des mères blanches (quel nom, mon dieu !). Bien évidemment, Brook milite à l'école en distribuant des tracts pour "dégager les noirs du lycée", en participant aux fréquentes réunions de sa mère, en parlant de sa domestique noire, Martha, comme à un chien : « Ça lui donnera l'occasion de bouger son gros derrière ! ». Elle, elle a l'impression de se battre pour la juste cause. Nous, on n'a qu'une envie : frapper sa petite face de blanche (et pourtant je suis blanche, attention).

Alors, qui a raison ? Qu'auriez-vous fait à la place des blancs à cette époque ? Et des noirs ? Heureusement que depuis, les choses ont largement bougé (mais malencontreusement pas assez).





Ce roman est A LIRE, car il présente de nombreux enjeux, aussi bien culturels que littéraires. J'espère vous avoir convaincu...







~ Ecrit par une (petite) fille de 15 ans qui a son propre avis.
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La fille d'avril

Catherine est née en1951, deuxième d’une fratrie de six enfants , père ouvrier , comme la plupart des jeunes filles dans les années 60 son avenir semble tout tracé : se marier, avoir des enfants——-mais une bourse attribuée par le patron de son père lui donne la possibilité d’entrer à Saint- Charles ———collège privé dirigé par des religieuses très strictes... où elle est bien acceptée par ses camarades .



Un jour elle est contrainte de rentrer du collège en courant .



Une révélation : quel sentiment de force , de liberté , mais COURIR à l’époque en 1966, pour une femme est une chose impensable.



Plus que l’histoire poignante et bouleversante de Catherine , qu’elle raconte à sa petite fille Izïa , en 2018, ce témoignage conte avec grâce , réalisme , véracité, malice aussi, le petit début de l’émancipation de Catherine .



Le portrait sociologique et historique a retenu mon attention :



Un révélateur des conditions de la femme , de la mère, de la fille de ces années - là : les droits des femmes étaient bafoués , , l’on apprend beaucoup des préjugés choquants de l’avant mai 1968, : «  On n’aimait pas que les filles osent. »

«  On n’aimait pas que les filles explorent .

On n’aimait pas que les filles aient un avis.

On n’aimait pas que les filles soient drôles . »

«  Nous devions nous taire, toujours obéir . Et quand on était fille , c’était encore pire. On était la fille de son père, la femme de son mari, la mère de ses enfants, mais quand est- ce qu’on était soi?

Quand est- ce qu’on pouvait rire, crier, essayer , oser, rater ? COURIR ?

Qui étais - je , moi ? »

«  Il fallait toujours l’autorisation d’un mari, d’un père ou d’un frère » .

Non seulement ce beau récit raconté simplement nous rappelle l’évolution de la société mais aussi les différences flagrantes entre la condition des filles de la classe ouvrière et celle favorisée des classes bourgeoises .



Cela m’a fait penser à certains titres d’Annie Ernaux .



Catherine aura t- elle une vie différente?

Jusqu’où sa détermination la mènera t- elle?



Ce sujet est traité avec finesse, mesure , un trait poétique de temps en temps qui ne gâte rien : «  Les jours s’égrenaient donc, stricts et identiques, et bientôt novembre fut là , à nous corseter de brume et de froid » .



Une très belle découverte qui montre l’infériorité de la femme dans une société , qui , à l’époque , était uniquement dédiée à la gente masculine, surtout le manque de dialogue entre enfants - parents , mère - fille , l’obéissance et les tâches matérielles , nombreuses , infinies , le manque d’espace dans les logements , la messe , traditionnelle, le dimanche , les non- dits et silences tuaient la communication, mettaient de hautes barrières.

Mai 68 arrivera ...













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Sweet sixteen

1954 la ségrégation raciale dans les écoles publiques est interdite. Molly, jeune noire de quinze ans se porte volontaire pour intégrer un prestigieux lycée. "L'intégration" a lieue trois ans après. Neuf adolescents noirs au milieu de deux mille cinq cents blancs. Le récit à deux voix alterne la vision d'une jeune fille blanche modérée avec celle de Molly. On cherchera en vain un quelconque héros. C'est l'Histoire qui se dessine à travers les petits événements. On ressent la peur, le poids des traditions mais aussi les changements en marche.



Les phrases sont courtes, les mots simples pour permettre à tous les lecteurs de partager ce grand moment de la lutte contre les inégalités et les discriminations. Les personnages sont nuancés. Un livre afin de ne pas oublier nos luttes.


Lien : http://0z.fr/hV9KF
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Chère Fubuki Katana

J'apprécie beaucoup les romans d'Anne-Lise Heurtier, notamment "Sweet sixteen" et "La fille d'Avril", je trouve ses personnages féminins remarquables et militants (dans le bon sens !). Dans "Fubuki Katana", l'héroïne Emi a de gros soucis, et personne pour les partager. Lycéenne à Tokyo, elle est victime depuis quelques mois d'une mise à l'écart qui s'est peu à peu muée en harcèlement. Et dans ce cas-là, la culture japonaise impose de se taire et de cacher sa souffrance ("être victime est humiliant"), quitte à devenir une Hikikomori, ces jeunes qui ne sortent plus de leurs chambre pendant des mois voire plus, ou pire encore, certains allant jusqu'à aller se suicider dans les forêts des alentours. Et les parents d'Emi ne lui sont d'aucun secours, ne remarquant apparemment rien du malaise de leur fille. Heureusement, Emi a quand même quelques échappatoires : elle fréquente régulièrement un bar à chats, où elle va rencontrer Hana, une jeune fille un peu hors normes avec laquelle elle va se lier ; et elle est férue de manga en tous genres, allant jusqu'à imaginer et visualiser sa propre vie sous formes de planches de BD, et à se représenter les gens sous les traits de personnages de séries.

Régulièrement, entre deux chapitres s'intercalent des mails émanant d'un service "suivi des missions" et adressés à Fubuki Katana, dont on ignore qui elle est, ainsi que son rôle dans le récit.

L'histoire est intéressante, bien documentée, j'ai appris certaines choses que j'ignorais totalement (par exemple sur la "caste" des Burakamin, aussi méprisés que les Intouchables en Inde), et pourtant j'ai fréquenté quelques japonais...une culture souvent bien difficile à appréhender pour les Européens ! Emi m'a touchée, j'ai ressenti sa honte et son désarroi, et je me suis réjouie de sa rencontre avec Hana. La professeure d'arts plastiques, qui est la seule à sembler comprendre ce qui se joue dans la classe fait ce qu'elle peut, mais n'intervient pas vraiment, ce qui est un peu frustrant : en France nous sommes quand même formés un tant soit peu à réagir lorsqu'un élève est manifestement victime de harcèlement, même si les interventions sont parfois maladroites et peuvent causer plus de dégâts qu'autre chose ! Là on sent vraiment l'indifférence, voire le mépris des adultes référents vis à vis de la victime, c'est assez révoltant.

Là où je n'ai pas accroché, c'est le style de la narration, notamment ces passages où Emi passe en mode manga et se met à décrire une situation comme un scénario. J'ai trouvé que ça nuisait à la fluidité de l'histoire sans apporter grand-chose. Et j'avoue ne pas être spécialiste de ce type de lecture, l'énumération de séries m'a un peu agacée. Alors bien sûr je connais Naruto, ou One Piece, mais ça ne va guère plus loin. Je ne perds pas de vue que ce roman est destiné à des ados, mais je pense que les références à cet univers sont un peu trop nombreuses. j'ai trouvé également que le ton était trop froid, très détaché, même si c'est sans doute volontaire. Je n'ai pas retrouvé ce qui m'avait séduit dans les autres romans de l'auteure. Et j'ai très vite compris le fin mot de l'histoire (peut-être parce que je connais quand même un peu la culture nippone).

C'est donc sur un avis mitigé que je conclus ma critique, je continuerai à promouvoir les livres d'Anne-Lise Heurtier que je considère comme une auteure jeunesse de qualité (très sympa en plus, ce qui ne gâte rien !), mais celui-ci ne comptera parmi mes préférés.
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Sweet sixteen

Sweet Sixteen nous a révélé une page bouleversante de l'histoire du mouvement afro-américain des droits civiques : le violent bras de force déclenché par l’arrêt de la court suprême mettant légalement fin à la ségrégation raciale dans les écoles publiques américaines, suite auquel en 1957, neuf élèves noirs s’inscrivirent dans le lycée le plus prestigieux de Little Rock, jusque-là réservé aux Blancs. Neuf adolescents qui rêvaient d’une éducation digne de ce nom et d’égalité. C’était sans compter l’hostilité des 2500 autres élèves – et la violence des manifestations racistes qui embrasèrent toute la ville…



Annelise Heurtier s’inspire de ces faits réels pour écrire un roman restituant l’année terrible des Little Rock Nine, auxquels nulle vexation, humiliation ou intimidation n’est épargnée. Une chronique glaçante et captivante, que mon fils de bientôt 11 ans, puis moi, avons lue chacun d’une traite. La narration, directe et sensible, confronte deux points de vue : celui de Molly Costello, l’une des "neuf", et celui de Grace Sanders, jeune fille de bonne famille qui se retrouve dans la même classe. La ségrégation les sépare comme un fossé insurmontable, mais l'une comme l'autre voit l'année qui devait être celle de ses "sweet sixteen" complètement bouleversée...



Ce livre, très proche des faits, contribue à entretenir la mémoire d’événements historiques insuffisamment connus hors des frontières étasuniennes. Mais surtout, il nous parle, de façon très inspirante, du courage immense de celles et ceux qui agissent en pionniers de la conquête de nouveaux droits, qui s’exposent en première ligne pour permettre à d’autres d’être acceptés, respectés et éduqués. On ne peut qu’être saisi par la volonté sans faille de ces neuf adolescents aux prises avec une foule forcenée – et que le président Eisenhower dut finalement faire protéger par des soldats. La perspective de Grace qui vit tout cela à hauteur d’adolescente soucieuse d’appartenir au groupe, est très intéressante également. Elle donne à voir toute la difficulté de faire évoluer les esprits, même lorsqu'on a la loi de son côté. Mais elle montre aussi comment, pas à pas, les luttes émancipatrices peuvent faire bouger les lignes, y compris dans un contexte où l’obscurantisme règne en maître.



Une lecture interpellante qui offre un excellent exemple des pouvoirs de la littérature qui croise les regards et ouvre des fenêtres sur le monde et l’Histoire.



PS: Anecdote : le contrebassiste de jazz Charles Mingus composa « Fables of Faubus » pour protester contre le gouverneur de l’Arkansas, Orval Faubus, qui envoya la garde nationale pour empêcher les neuf de Little Rock d’accéder au lycée de Little Rock. Voici les paroles (refusées par Columbia Records qui enregistra une version instrumentale) :



Oh, Lord, don't let 'em shoot us!

Oh, Lord, don't let 'em stab us!

Oh, Lord, no more swastikas!

Oh, Lord, no more Ku Klux Klan!



Name me someone who's ridiculous, Dannie.

Governor Faubus!

Why is he so sick and ridiculous?

He won't permit integrated schools.

Then he's a fool! Boo! Nazi fascist supremists!

Boo! Ku Klux Klan (with your Jim Crow plan).



Name me a handful that's ridiculous, Dannie Richmond.

Faubus, Rockefeller, Eisenhower.

Why are they so sick and ridiculous?



Two, four, six, eight:

They brainwash and teach you hate.

H-E-L-L-O, Hello.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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