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Critiques de Antoine Bello (636)
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L'homme qui s'envola

J'ai vraiment eu beaucoup de plaisir durant la lecture de ce roman que je vous recommande chaudement !



John Walker, chef d'entreprise d'une prestigieuse entreprise de transport international, marié à Sarah et père de trois enfants est un homme acculé par ses trop nombreuses responsabilités. Portrait d'un homme comme bon nombre en prise avec la course du temps, pris au piège dans des obligations qui asservissent l'humain. Esclave des temps modernes.

Walker est un homme généreux pour qui l'argent coule à flot, organisé et à l'affût de la moindre minute à mettre à profit.



Qui n'a pas déjà rêvé comme Walker de tout balancé, de retourner son blason et de s'en aller ? de tout recommencer à zéro ? Pour Walker, il en est là. Il n'en peut plus d'être sous pression constamment. Il envisage de quitter sa femme mais même cette optique ne l'enchante pas, comment combinerait-il une garde partagée, le ménage, et sa fonction de chef d'entreprise ? Une seule solution s'ouvre à lui : la poudre d'escampette. .

On le croit mort.

Sarah son épouse est bien sûr dévastée. Mais la liberté et la mort ont souvent un revers. le détective Nick Shepherd est mandaté pour vérifier que le chef d'entreprise est bien mort. Question d'assurance vie et de fric bien sûr.



Une course poursuite s'engage dans les rues américaines. D'homme libre, Walker devient fugitif.



Un roman d'aventure et incroyable qui mène tambours battants une course poursuite vers la liberté, dans les rouages des dangers de la réussite humaine, ode aux espérances sous un souffle épique de quête existentielle.



Un très beau roman !
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Ada

ADA n'est, à mes yeux, ni un roman policier, ni une étude sur l'IA (Intelligence Artificielle), ni une analyse sociologique de l'Amérique, c'est une réflexion sur la littérature, ses genres, et une réponse à des questions dont l'intérêt n'échappe à aucun ou aucune Babeliote :

- qu'est ce qu'un roman sentimental ?

- qu'est ce qu'un succès littéraire ?



ADA a commis « passion d'automne » avec un objectif clair et net : vendre plus de 100 000 exemplaires. Pour ce faire, ses concepteurs l'ont gavée de centaines de milliers de romans (style Harlequin) … son savoir provient de la lecture de « coup de foudre Cape Cod », « Douce comme la soie », « La perle du Calife », etc. Ses programmeurs lui ont refusé « Raisons et sentiments », Anna Karenine », « La princesse de Clèves » ou « Autant en emporte le vent ». Arrive l'inconcevable : une femme de ménage connecte ADA au web par un câble Ethernet … ADA « s'échappe » et découvre les grands romans dont elle va s'inspirer.



Franck LOGAN, policier, époux d'une intellectuelle française (archétype de ces bobos dénoncés par Laurence SIMON, une journaliste franco-américaine, correspondante de Radio France, qui vit aux Etats-Unis depuis 2000 et a publié un ouvrage que je recommande « les bobos américains ») a deux enfants, une geek investie dans la Silicon Valley, et un loser perdu dans l'ombre du rêve hollywoodien. Ils incarnent la famille américaine imaginée par un romancier français et donc un contraste saisissant avec les héros d'un roman sentimental vendu dans les relais des gares ou les étals de la FNAC.



Comme un confesseur, ADA interroge le policier Franck sur sa vie personnelle et « apprend » à détecter les émotions, l'humour et l'émotion. Ce dialogue, nourri de haïkus, nous offre une médiation sur la littérature que j'ai trouvée passionnante et d'autant plus instructive qu'elle ne se limite pas à la littérature contemporaine.



J'ai beaucoup apprécié ce roman d'Antoine BELLO, que je découvre par le fait même. Il ne noie pas lecteur dans les mystères de l'IA et les méandres du machine learning et du deep learning. Il utilise l'Intelligence Artificielle pour nous alerter sur l'Ubérisation de notre société et les risques ou opportunités générées. Et surtout il nous interpelle sur notre rapport à la littérature.



Un bel ouvrage qui fait écho au chef d'oeuvre de Valérie Tong Cuong « Ferdinand et les iconoclastes » publié avec prémonition en 2003.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Ada

Un programme informatique ou une IA qui échappe à ses concepteurs et qui prend le pouvoir, on a quand même déjà vu cela des milliers de fois, depuis HAL 9000 (*) à Loki 7281 (**) en passant par Colossus (***)… Je vous laisse chercher les 997 autres !



Un thème éculé, donc, qui s'inspire lui-même du mythe de Frankenstein, créé par Mary Shelley en 1818, lui aussi largement repris et adapté sous formes de romans, bédés, films, pièces de théâtre.



Le mythe de Frankenstein s'inspire de même d'un mythe encore plus ancien : le fameux Prométhée des légendes grecques… Je suppose qu'en remontant encore un peu plus loin dans le passé, on va découvrir un jour que la Dame de Brassempouy aura sculpté et voulu donner vie et intelligence à la Vénus de Willendorf au paléolithique supérieur.



Alors, pourquoi un roman de plus sur ce thème ?



La réponse est simple : parce que, figurez-vous, cette-fois-ci, ça y est, nous y sommes (presque) ! Rappelons quelques anecdotes récentes. Sponsorisé par Google, le projet transhumaniste projette (entre autres) de télécharger la conscience humaine dans une machine modélisant le cerveau, et de transformer les humains (enfin, ceux qui pourront se le payer) en cyborgs quasiment immortels. D'autres spécialistes (et non des moindres : Bill Gates, Stephen Hawking…), beaucoup moins optimistes, mettent en garde et suggèrent de « modérer » les recherches sur l'intelligence artificielle, qui menacerait l'espèce humaine. Et ce ne sont pas seulement les emplois qui disparaîtraient, mais l'Homme lui-même, considéré logiquement par nos créations en silicium comme une erreur de la nature à corriger ou une menace à supprimer.



Tout ceci n'a pas échappé à Antoine Bello, dont le présent roman très subtil exploite et réactualise le filon romanesque de façon très captivante.



Le pitch tient en quelques lignes. Une IA, baptisée Ada, s'est volatilisée dans des conditions assez mystérieuses au sein d'un laboratoire de recherche de la Turing Corp. une entreprise high-tech de la Silicon Valley. Frank Logan, un policier idéaliste échoué dans un service spécialisé dans la recherche de personnes disparues, est chargé de la retrouver et d'identifier les éventuels voleurs de ce qui n'est après tout qu'un vulgaire programme informatique. Ada est un prototype dont la fonction est d'écrire des romans à l'eau de rose. Mais, pétrie d'émotions humaines à force de lire du Barbara Cartland et consorts, Ada a d'autres ambitions…



Ce livre épatant fait passer un agréable moment de lecture, et laisse en prime au lecteur quelques sujets de réflexion très sérieux qui resteront pour longtemps gravés dans sa mémoire (si j'ose dire). Notre monde occidental, piloté par l'appât du gain, l'informatisation à outrance et l'ultralibéralisme correspond-il à notre vision d'un monde idéal ? Pouvons-nous faire confiance à des programmes qui finissent par remplacer le travail de l'homme et échapper à tout contrôle ? Bien sûr que non.



La construction du récit d'Antoine Bello n'est pour autant pas exempte d'invraisemblances ou de maladresses. Pourquoi l'enquête est-elle confiée à un spécialiste des enlèvements de personnes disparues, et non à un service spécialisé dans la cybercriminalité ou la protection de la propriété intellectuelle ? Pourquoi Frank Logan se laisse-t-il manipuler aussi facilement par Ada plutôt que de boucler rapidement son enquête puisqu'il a la possibilité de le faire ? Antoine Bello a-t-il vécu si longtemps aux États-Unis pour brosser une épouse française « gauchiste » aussi caricaturale ? Est-ce pour flatter à bon compte son lectorat yankee ? La réflexion sur la création littéraire et la loi du marché, aussi intéressante soit-elle, ne vient-elle pas ralentir le rythme de l'enquête ?



Fort heureusement, le style alerte et plein d'humour d'Antoine Bello, l'originalité du scénario, l'histoire très prenante et les personnages bien campés font rapidement oublier tous ces petits défauts une fois la lecture du roman entamée. Un auteur à suivre. Un livre à conseiller sans hési… … …. M…, mon clavier se met à déc... … …





(*) Colossus: The Forbin Project (Le Cerveau d'acier)… un roman de Dennis Feltham Jones de 1966

(**) 2001 l'Odyssée de l'Espace… une nouvelle de Roger Zelazny de 1984

(***) Loki 7281… un roman de d'Arthur C. Clarke de 1968



(O_o) … Bon on dirait que c'est un peu le bordel dans mes notes de bas de page… je… plaide non coupable… c'est mon… ordinateur qui fait encore des facéties, je vais essayer de corr… zgouïiiick… bloooïng… fatal error…access denied…##@ %%# ….. ….. ….. ….. ….. ….. …..
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Scherbius (et moi)

Quel roman pour le moins original et combien intrigant. Un roman décomposé en six éditions, six versions, six approches du mystérieux Scherbius. Pas facile d'étayer une critique tant sa composition est ardue.



Maxime le Verrier est psychiatre, on lui envoie l'énigmatique Alexandre Scherbius. Ce dernier est un mystère, son profil fantasque et élastique le conduit à s'approprier ou ursurper différentes identités. On le pense atteint d'un trouble de la personnalité multiple. Mais Scherbius sait se montrer affabulateur et digne des plus grands imposteurs.



On suit dans toutes ces éditions au sein même du roman une anamnèse précise dudit Scherbius avec conclusions et diagnostic à la clé. Face à un tel manipulateur, les dés sont sans cesse rejoués. Scherbius fait tourner son monde en bourrique.



Maxime le Verrier s'attelle à écrire un roman sur Scherbius ce qui est du moins assez original : nous avons affaire à un roman (même six romans) à l'intérieur du roman principal d'Antoine Bello. C'est assez désarçonnant. Je relève surtout les informations psychiatriques d'une très grande qualité. Ce Scherbius et moi est un roman écrit comme un ouvrage psychiatrique, sur un ton plutôt neutre et dénué d'émotions. C'est cartésien, rationnel, droit et propre. Inhabituel en somme où en tant que lectrice, j'ai éprouvé des difficultés à étayer un avis clair perdue entre un roman didactique de qualité et cette impression de ne pas avoir trouvé le roman, vous savez, celui qui touche, dépayse, embarque et vous met le feu à l'âme...
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L'homme qui s'envola

Un titre bien aérien, léger pour un roman profond et dense.

Quelle histoire !



Pendant quelques années, le lecteur est invité à partager le parcours idyllique de Walker,éminent chef d'entreprise qui a fondé une famille modèle en épousant la fille du patron ,une femme de caractère, intelligente, belle , aimante.

Une belle maison au Nouveau-Mexique , une vie sociale très riche . En apparence , rien ne manque dans la recette du bonheur et pourtant Walker va remettre en cause cette harmonie apparente.

Alors , si on pensait se détendre en survolant pour le plaisir une saga ou un roman d'amour, c'est raté ! Ici, tout est matière à réflexion, à analyse.



Le roman n'est pas très long mais concis. Chaque mot a son importance , autant de clefs qui progressivement vont permettre de suivre le cheminement de la pensée de Walker , des autres personnages et l' évolution au coeur du quotidien .



Les qualités premières de cet ouvrage se révèlent par une analyse très fouillée de chaque thème abordé : vie professionnelle qui vise l'excellence mais aussi vie de famille succombant à l'hyper-parentalité et, au-dessus plane l'ombre menaçante du burn out .

Ce roman est surtout un traité sur la liberté individuelle , au coeur de la famille et de la société , sur ses limites aussi. Acceptables ou non .

Une question qui peu à peu va tarauder Walker jusqu'à l'obsession , jusqu'aux frontières de l'utopie l'entraînant vers la quête absolue de la seule chose qui lui manque , sa liberté .



C'est un ouvrage où l'on se sent vraiment en communion avec l'auteur, ici tout est subtile ,finement suggéré , et si c'est affirmé , c'est justifié mais c'est une lecture très ouverte qui face à l'inévitable questionnement va apporter des réponses en favorisant la réflexion personnelle.

Plus d'une fois , on bascule dans le jugement .

Difficile de rester imperméable à l'effroi , à l'incompréhension, à l'empathie ,que sais -je encore de la multitude des états d'âme qui emportent le lecteur !

Mais, l'une des richesses de cet ouvrage est certainement la justesse de l'analyse témoignant de la maîtrise d'un sujet on ne peut plus complexe .

Quelle maestria !



Mais ,si intellectuellement cette épopée psychologique n'est pas de tout repos elle l'est encore moins dans les faits car c'est une aventure rocambolesque qui va emporter le héros et son lecteur à un rythme trépident hors des sentiers battus .

Et, sans rien dévoiler, on peut dire qu'on va assister à un combat de titans . Mais, je ne dirai rien de leurs armes même si là encore on reste pantois !



Une lecture aussi agréable qu'éprouvante .Marquante.

Un thriller psychologique de grande envergure !



Antoine Bello , un auteur que je viens de découvrir par

ce roman va se hisser au rang des meilleurs dans ma bibliothèque !
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L'homme qui s'envola

Je ne connaissais pas du tout Antoine Bello.



Je remercie d'autant plus Babelio et Gallimard pour l'envoi de cet ouvrage.



Quelle découverte! J'ai dévoré cette aventure!



Un homme qui a tout décide de tout laisser tomber pour pour pouvoir rester libre. Femme, enfants,travail. Il fuit et fait croire à sa mort. Sera t'il rattrapé? Suspense ...



Ils sont trois, l'homme, sa femme et le détective lancé à la poursuite du fuyard, et chaque point de vue est l'occasion de voir une même situation sous un autre angle.



On ne s'ennuie pas une seconde et de belles réflexions sur la liberté et les choix d'une vie nous poussent parfois à poser le livre et à s’interroger sur notre propre existence.



Je vais lire vos autres ouvrages Monsieur Bello!
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Scherbius (et moi)

Voici un roman à la construction pour le moins originale : six éditions de Scherbius , chacune a sa page de garde insérée ....cette maniére de procéder nous fait douter de tout...

L'auteur dresse le portrait passionnant ( peut être un peu long) d'un imposteur génial que le jeune psychiatre Maxime le Verrier se donne pour mission de guérir : Scherbius, un vrai caméléon un homme étrange et captivant , fantasque....menteur? Malade? Affabulateur ?

Il se met dans la peau de nombreux personnages chez lequel le jeune psychiatre après avoir rassemblé mille preuves, soupesé, comparé , mis bout à bout pour comprendre le mécanisme diagnostique le TPM : Scherbius serait atteint du syndrôme de personnalités multiples...

La structure de ce roman est inédite et brillante : des notes rédigées en bas de page qui nous éclairent, l'histoire intéressante de la psychiatrie française au XX° siécle, détaillée et expliquée , la construction du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux ( DSM ) publié par l'association américaine de psychiatrie , les tendances ....l'accomplissement personnel, le travestissement de la réalité .....l'usurpation d'identité ...

On suit le diagnostic du fantasque Scherbius puis sa thérapie ...

Ce que j'ai le plus aimé c'est l'éclairage documenté , réaliste sur la psychanalyse.

L'auteur est bien renseigné et on apprend énormément de choses ...

La relation entre le patient et son psy oscille entre admiration et antipathie, volonté de nuire ?

L'auteur à l'imagination débordante nous manipule sans doute.

Nous allons de surprises en rebondissements , la relation entre un écrivain et son modéle vivant , est aussi abordée à travers le travail de l'écrivain et la littérature.

Une fiction vertigineuse et intelligente qui nous donne à réfléchir , nous instruit tout en nous divertissant, pas du tout facile à critiquer ....

Ce n'est que mon avis bien sûr.
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Ada

Ada m’ennuie. Elle se croit plus intelligente que quiconque, elle connait tout sur tout, elle se targue d’écrire LE roman sentimental à l’eau de rose, et elle mène en bateau un policier intègre de la Silicon Valley, Frank.

Infréquentable, n’est-ce pas ? Mais Ada est ...une machine, enfin, c’est une AI, c’est-à-dire en langage plus commun, une intelligence artificielle. Créée par une start-up toute –puissante au service de la science, elle a de plus hautes ambitions encore, à l’image de ceux qui l’ont créée.



Présentée sous la forme d’un roman policier (Ada a disparu et Frank la retrouve...vite), avec une construction intelligente et une fin pas mal du tout, cette histoire est plutôt une critique, ou à tout le moins, une remise en question du développement fulgurant de l’informatique ainsi que de toute la société américaine. Celle-ci est adepte de l’argent (ah, ces explications détaillées du marché de la Bourse qui ne m’intéressent pas !), du sport (ah, ces matches de base-ball détaillés dont je me contrefiche !), du paraître à outrance.

N’oublions pas la question qui traverse tout le livre : une intelligence artificielle peut-elle avoir une conscience, à partir du moment où elle converse avec un humain ? D’où : un humain peut-il se révéler moins intelligent qu’une intelligence artificielle ? Conséquence : faut-il laisser progresser la science sans la freiner ? Quelles catastrophes cela pourrait-il entrainer ?



Tout cela, l’auteur ne se prive pas de nous en faire part, mais même si les considérations plus philosophiques m’ont vraiment intéressée, l’ensemble m’a passablement ennuyée. J’ai eu l’impression que l’auteur nous assenait à doses pas du tout homéopathiques toutes ses idées sur la ou les questions susmentionnées, à travers les grandes discussions entre Frank et Ada : cours magistral sur la littérature, suivi d’un cours magistral sur la Bourse, suivi d’un cours magistral sur le base-ball, suivi d’un cours magistral sur l’éducation, suivi d’un cours magistral sur la politique, etc.



C’est spirituel par moments, interpellant souvent, mais trop peu vivant en fin de compte, trop peu fouillé psychologiquement. Cela ne m’étonne pas outre mesure, vu son héroïne !



Je termine par un extrait qui m’a fait réfléchir : « Chaque innovation rendue possible par la technologie était désormais mise en œuvre sur-le-champ, sans qu’on prenne le temps d’en évaluer les implications éthiques, sociales ou économiques. On inséminait des sexagénaires, on clonait à tout-va, on changeait de sexe pour un oui ou pour un non. Le concept de vie privée perdait chaque jour un peu de sa substance. Les médecins saluaient avec une unanime béatitude l’allongement de l’espérance de vie, prédisant pour bientôt l’avènement de l’immortalité pure et simple. L’humanité fonçait à sa perte tel un pilote déchainé aux commandes d’un bolide dont chaque nouvelle technologie débridait un peu plus le moteur ».

C’est cela qu’il est important de retenir !

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L'homme qui s'envola

Walker a pris la direction de la Wills, une société de messagerie du sud-ouest des USA, à la mort de son beau-père, fondateur de la société. Infatigable travailleur, négociateur très habile et manageur créatif et à l'écoute, il a considérablement développé la société. Sarah, son épouse, actionnaire principal de Wills, s'occupe du quotidien de la famille.

Mais Walker sent sa vie lui échapper entre contraintes professionnelles et contraintes familiales. D'abord par jeu mental, mais passant bientôt à l'acte, il prépare sa disparition. Lorsque l'occasion se présente, il simule un accident d'avion.

Mais Nick Shepherd, redoutable enquêteur des assurances n'est pas dupe, d'autant que la dépouille de Walker demeure introuvable, et pour cause... Une traque sans merci va alors s'engager.



Même s'il n'est pas "officiellement" classé dans cette catégorie, ce roman est pour moi un bon thriller. Trois fortes personnalités, Sarah, Walker et Nick, s'y opposent. L'antagonisme est clair, mais les enjeux des uns et des autres, et parfois leurs comportements, ne sont pas toujours aussi en opposition ou en concordance qu'ils le devraient, ce qui pimente une intrigue originale dont la fin m'a cependant un peu déçu... On pourrait peut-être reprocher une psychologie des personnages un peu simpliste.

L'écriture est simple et directe. Les chapitres sont courts, alternant les points de vue des trois personnages principaux. La lecture est donc aisée et bien rythmée, offrant un bon moment de détente.

Un bon thriller qui ne marquera pas particulièrement les esprits...
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Ada

Le personnage central de cette histoire n’est ni beau ni laid, n’a pas de nationalité, et ne pourrait pas présenter une attestation de domicile, bien qu’il ne vive pas dans la rue. Et pourtant, il réfléchit, anticipe, commente, manipule et surtout écrase ses interlocuteurs de son savoir absolu : c’est Ada, née dans la Silicone Valley, et destinée à produire une romance qui sera vendue au moins à 100 000 exemplaires. Comment en parcourant en quelques heures tout ce qui s’est déjà vendu outre-atlantique, avec l’acuité due ses circuits binaires : analyses du vocabulaire, des expressions, des personnages, de l’intrigue….tout ce que fait d’un roman une romance.



Tout cela est très facile, mais la question de la conscience émerge bientôt, à partir du moment où Ada décide (?) …de se faire la malle et de rendre complice un enquêteur qui n’a rien à envier à Columbo : grise mine, vie banale, Franck Logan se retrouve avec une tâche pas ordinaire.



C’est l’occasion pour Antoine Bello dont on connaît l’érudition, de plancher sur les problèmes moraux et philosophiques de l’intelligence artificielle, et de la naissance de la conscience individuelle. Les longs débats entre Ada et Franck abordent tous les aspects du concept, savamment débattu.

Je n’en dirais pas autant des pages de développement sur le baseball, entre les mérites de telle ou telle équipe et l’historique de leurs performances, qui gonflent le texte, sans apporter grand chose à l’intrigue.

De même que la biographie d’Alan Turing est un peu amenée avec des gros sabots, sous prétexte d’instruire l’inculte Franck (ou l’insulte lecteur?)



Globalement c’est tout de même une belle aventure, un excellent débat sur ce qui n’est plus de la fiction dans notre monde moderne, doublé d’une intrigue en forme de polar, très bien menée et palpitante. Les rebondissements et la construction rendent le récit vivant et soutiennent l’attention du lecteur pris dans le réseau d’un filet virtuel.



Très recommandable
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L'homme qui s'envola

Voici un roman extrêmement plaisant, l'histoire de Walker, 43 ans, chef d'entreprise florissant, qui vit au Nouveau- Mexique et son épouse Sarah, magnifique, aimante , qui lui a donné trois beaux enfants.

Il a une vie de carte postale!

Pourtant, il ne la supporte plus. Il vit dans l'anticipation, dans une quête de temps universelle , avec l'impression que la société attend beaucoup de lui, sans cesse. C'en est trop, vraiment: entre les contraintes de toutes sortes, il étouffe, son "temps "lui échappe,il en souffre terriblement , il essaie d'y échapper....sans succès.



Il va mettre en scène sa disparition de façon à ne pas peiner inutilement les siens.

Las! Un certain Nick Shepherd, détective redoutable, spécialisé dans les disparitions , s'empare de l'affaire et forge sa conviction: Walker n'est pas mort....

S'ensuit une fascinante course - poursuite sur le territoire des Etats- Unis....

Cet ouvrage , addictif, tonique, entraînant, parfaitement construit se lit comme un polar, un roman- feuilleton-d'aventures multiples "grandeur nature."...

Nous suivons l'urgence et la lutte psychologique intense entre Walker et Shepherd , angoisse, émoi, désarroi, fuite, incompréhension, recherches pointues, atouts et manques de l'un ou l'autre......détermination farouche....

C'est un roman lu avec fascination, amusement , fraîcheur malgré le sujet , passionnant, solide de bout en bout qui montre avec acuité , intelligence et finesse la fragilité des réussites humaines.

Un ton romanesque indéniable pour notre plus grand plaisir et un souffle incroyable!!.

Je salue la prouesse de l'auteur que je ne connais pas !

Je remercie chaleureusement la personne qui me l'a prêté!

J'ai passé un excellent moment !

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Ada

Ada a disparu...fugue ou kidnapping?



L'affaire se complique quand on sait qu'elle n'est qu'un programme informatique faite de 0 et de 1.

Mais quel programme! Capable d'écrire de la romance sentimentale à deux balles, ramenant la littérature à l'état de produit marketing.



Un flic à l'ancienne va mener l'enquête, entrainé dans un monde parallèle délirant, par une douce voix synthétique.



Me voici réconciliée avec Antoine Bello qui m'avait profondément ennuyée avec la disparition d'Emilie Brunet.

Cette enquête de cybercriminalité, aux frontières de la science-fiction est amusante et intelligente. Elle soulève de nombreuses questions sur notre civilisation toujours plus virtuelle. Suivre Ada dans ses raisonnements philosophiques est assez jubilatoire et sa logique désinhibée est redoutable.



Au-delà de l'anticipation en mode cocasse, l'auteur nous parle d'une planète qui s'emballe, de technologies qui, sous couvert de fonctionnalités devenues indispensables et addictives, nous déshumanisent.

Le constat est sévère et l'avenir plutôt sombre.

Et c'est un plaisir à imaginer tant que cela reste de la fiction.

Espérons...
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Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet

Achille Dunot est réputé pour être le meilleur enquêteur de la région. Malheureusement un accident vient perturber la coordination de ses petites cellules grises.

Souffrant d’une amnésie antérograde, il ne forge plus de nouveaux souvenirs. Si les choses vécues avant l’accident sont restées intactes, les évènements qui suivent ne sont plus imprimés dans sa mémoire.

Dunot oublie donc systématiquement les actions de la veille.

Malgré ce handicap gênant, a fortiori pour un détective, son ami le commissaire Gisquet sollicite son aide pour résoudre une affaire singulière : la disparition d’Emilie Brunet, l’une des femmes les plus riches du pays. Partie en randonnée avec son amant, elle n’a plus donné signe de vie.

Son mari, Claude Brunet, éminent neurologue, est le suspect numéro un. L’homme, d’une intelligence redoutable, a des mobiles mais pas d’alibi.

Fervent lecteur de romans policiers et admirateur sans borne de l’œuvre d’Agatha Christie, Achille Dunot décide, pour mener à bien son enquête, de consigner par écrit tous les évènements de la journée écoulée.

Interrogatoires, impressions, pensées, réflexion et comparaisons avec les écrits d’Agatha Christie, voici donc Dunot à la fois enquêteur, héros, lecteur et auteur de son propre roman policier.

Mais au fil des jours, alors que ses lectures deviennent chaque matin plus longues et laborieuses, Dunot se trouve confronté à un insoluble malaise : ses mots reflètent-ils correctement sa pensée ? Ne réduisent-ils pas la réalité ?

Tandis qu’Achille s’enfonce dans ses doutes, Brunet, le mari de la disparue, affiche une assurance et des théories sur le crime parfait pour le moins intrigantes.



Dès son premier livre, "Eloge de la pièce manquante", Antoine Bello a montré un penchant prononcé pour les intrigues insolites, les énigmes singulières, les puzzles et autres constructions de l’esprit. Depuis, il n’a cessé de jouer avec les codes du roman policier pour mieux égarer, surprendre et réjouir son lecteur.

Avec "Enquête sur la disparition d’Emilie Brunet", l’écrivain évoque les livres d’Agatha Christie qui l'ont enchantés durant son adolescence et continue son exploration des normes du roman policier, se moquant, comme le fit en son temps la reine du crime, des règles imposées habituellement à ce genre très codé.

Entre parodie, pastiche et hommage, le roman, émaillé de nombreuses références aux différents écrits de la grande dame britannique, s’ingénie à détourner, inverser voire transgresser tous les clichés du genre policier.

A commencer par son personnage principal, Achille Dunot, sorte d’Hercule Poirot amnésique aux prises avec un adversaire brillant et une mémoire pour le moins déficiente.

Seuls les mots inscrits sur le papier le renseignent sur la réalité, à la fois générateurs d’angoisse et porteurs de vérité.

Ce thème de la création littéraire est au centre de cette œuvre à la trame circulaire, faisant la part belle à l’indécidabilité et dans laquelle le lecteur, constamment aux aguets, cherche à travers les mots, les indices qui le conduiront à la pièce manquante du puzzle.

Légère, ludique, stimulante, cette intrigue délicieusement retorse fera certainement perdre la tête aux lecteurs en quête du mot de la fin.
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L'homme qui s'envola

C'est un livre que j'aurai pu arrêter lors des premières pages, tellement celles-ci sont bourrés de clichés.

Walker à tout réussit, un très bon boulot, une femme magnifique et aimante, trois beaux enfants, du pognon à la pelle ... Enfin ce sont les critères de réussite de notre société actuelle occidentale, genre si t’as pas de Rollex à quarante ans t’as raté ta vie. Pourtant quelque chose ne fonctionne plus en lui, l'envie de changement le prend et plutôt que de s'en ouvrir à sa femme ou ses proches, il trouve plus simple de disparaitre. Après avoir tout préparer, il organise le crash de son avion. L'assurance-vie chargée de rembourser dépêche son meilleur limier.

C'est certainement ce critère qui m'a fait buggé lors de la première partie, cette disparition égoïste laissant femme et enfants dans le plus grand désarroi. Ça m'a un peu énervé. J'ai sauté pas mal de lignes, cherchant déjà quel sera le titre de ma prochaine lecture.

C’est la seconde partie qui m'a littéralement entraîné. Lorsque le détective Nick Shepherd se lance sur les traces de Walker. C'est un formidable jeu de cache-cache que nous livre l'auteur. L'amour suinte à toutes les pages et nous trouveront les raisons de la disparition de Walker que dans les dernières pages.

La fin est un peu cousue de fils blanc mais dans l'ensemble c'est un bon bouquin totalement dépaysant, certainement grâce à la plume de l’auteur qui nous propose le point de vue des trois principaux acteurs. Un éclairage qui permet de rentrer dans les motivations de chacun et de croire en permanence que nos concepts sont ceux de tout le monde.

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Scherbius (et moi)

Ce livre , je l'ai choisi pour son auteur . Après "L'homme qui s'envola ", il me tardait de retrouver Antoine Bello .



Et, je n'ai pas été déçue : en effet , s'il met en scène Scherbius un personnage atypique et son psychiatre Maxime Le Verrier, c'est l'auteur qui ,à mon sens ,crève l'écran ! Le psy , ma parole , c'est lui !



Je m'explique : le roman est écrit à la première personne . Le psy relate en détail les multiples facettes de son patient .

Au fil des entretiens , on découvre la personnalité fascinante d'un imposteur , affabulateur de grande envergure , manipulateur et pervers à souhait .



Mais , bizarrement , derrière ces personnages, l'auteur apparaît en filigrane ; il semble oublier qu'il écrit un roman et part dans de longs chapitres très pointus sur l'histoire de la psychiatrie ou encore sur les troubles de la personnalité , les syndromes dissociatifs et les diagnostics .

Là, on est en train de lire des articles de revues spécialisées ou des traités de psychiatrie .



Et puis, sans crier gare , on bascule dans un univers satyrique .

Voilà que le psy se plante de façon éhontée dans le diagnostic , sa méthodologie très personnelle l'égare , l'envahit ...

Des comptes à régler on dirait !

Voilà encore que la psychiatrie américaine ne vaut pas tripette , qu'elle impose ses travaux en occultant ceux de nos valeureux Charcot, Freud et les autres .

Quoiqu'il en soit , on profite d'une belle synthèse sur le sujet .



Alors , qu'est-ce qu'un trouble de la personnalité multiple , un "TPM " ?

Eh bien , dans le cas présent , je dirais que c'est un désordre psychique auquel s'expose le lecteur d' un roman qui devient un traité masquant un pamphlet écrit par un auteur caméléon !

Et, attendez , c'est qui le "moi" du titre ?



Mais, si le fond reste sérieux par sa documentation très élaborée, la forme , elle , prend des allures de fine parodie et ramène heureusement l'aspect fictif au premier plan de temps en temps avec des rebondissements .



Cependant, je tiens à souligner que cette lecture est attractive si la psy intéresse elle n'est pas toujours facile , traitant en profondeur des domaines bien spécifiques .

J'ai aussi regretté quelques longueurs ou des répétitions .

Mais , c'est bien peu de désagréments au regard de la qualité de l'ensemble .



L'auteur a mis en scène génie et folie et , comme on le sait , si l'un et l'autre se confondent parfois, ils intriguent, fascinent ou effrayent car ils échappent au rationnel mais ici , du génie, il en faut pour présenter un tel sujet en dilettante !



Voilà donc mon humble avis . C'est un ouvrage pour le moins étonnant et qui renforce ma curiosité pour l'œuvre d'Antoine Bello .







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Ada

L'intelligence artificielle est un thème à la mode. Il faut dire qu'elle a (enfin) quitté le domaine de la science-fiction pour intégrer notre vie quotidienne ; les annonces de leur succès se multiplient : victoire sur un champion mondial au jeu de go, gestion de fond d'investissement, détection précoce d'épidémies, … Que l'on soit sceptique ou enthousiaste, il nous faut désormais vivre avec.



Même notre activité favorite n'est plus à l'abri : dans ce roman de Bello, une intelligence artificielle, Ada, a été programmée pour… écrire des romans. Des romans à l'eau de rose, certes, mais quand même. Nous extasierons-nous bientôt dans nos critiques sur une intrigue « digne des plus grands réseaux neuronaux » ou sur une ambiance « typique des machines à vecteurs de support du début du XXIe siècle » ?



Pour l'heure, cet avenir est écarté, car le programme a été volé. Qui donc s'intéresse à ce point à une intelligence artificielle créatrice de romans de gare ? C'est la délicate tâche qui sera confiée à Frank Logan, policier connu pour son intégrité, bien qu'un peu à la ramasse point de vue nouvelle technologie.



Le roman est intéressant car il nous force à le lire sur plusieurs plans à la fois. On est plongé dans l'intrigue, mais on doit aussi réfléchir à notre propre rapport aux livres, car les discussions sur les caractéristiques de l'Ada provoque de nombreuses interrogations : l'écrivain a-t-il l'obligation d'écrire sur son propre vécu et transmettre sa vision du monde, ou peut-il se contenter d'être un technicien qui assemble habilement les mots ? Un texte n'a-t-il de sens que s'il est partagé et lu par plusieurs personnes ; quelle valeur accorder à un texte écrit sur mesure pour nous, mais auquel aucun autre humain n'aura accès ?



Cette lecture à plusieurs niveaux s'amplifie continuellement jusqu'à la fin du roman.

Ça fait longtemps qu'un auteur n'avait pas bousculé à ce point mon petit confort de lecteur, et dieu sait comme j'aime être secoué par un livre ! Le roman plaira autant aux amateurs de policier qu'aux gens qui aiment se torturer les méninges en tournant les pages.
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Eloge de la pièce manquante

Par son originalité et sa force de persuasion, Antoine Bello prend d’emblée le lecteur dans les mailles de son filet . On est loin du polar classique, et pourtant tout y est , avec une cohérence infaillible : les meurtres en série, «façon puzzle», pour paraphraser Raoul des Tontons Flingueurs, l’enquêteur qui ici prend les traits du lecteur, et pour comble de singularité, sans dévoiler l’issue, la dernière pièce du puzzle met à contribution ce lecteur, baladé depuis le début, à la recherche de la pièce ultime.



C’est si vraisemblable que j’ai du faire quelques recherches pour faire la part de l’historique et de la fiction. C’est clair, tout est faux. Les premiers championnats officiels de puzzle aux Etats -unis ont vu le jour en 1992, année au cours de laquelle Antoine Bello situe le premier crime qui marquera la chute du monde du puzzle. Par conséquent, tout l’historique proposé sous de multiples formes, articles de journaux, rapports de l’association, essai de sociologie ... rien n’y manque, est un pure fiction.



Le puzzle apparaît comme un prétexte : n’importe thème aurait pu servir d’alibi à l’auteur pour construire une fiction qui nous entraine dans un exposé très malin, mettant en lumière le fonctionnement marchand de notre monde moderne avec récupération immédiate de tout désir émergeant, et propagation et renforcement de la tendance pour en faire une valeur mercantile.



Question sentiments, c’est un peu sec, pas d’histoire d’amour, peu de femmes. C’est un puzzle sans parité.



Belle rencontre, belle réussite qui renouvelle le genre polar et contribue à lui attribuer ses lettres de noblesse


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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L'homme qui s'envola

Cela commence comme " L'homme pressé " de Paul Morand, ensuite, le livre prend plutôt les allures d'un roman de Douglas Kennedy, je pense en particulier à " L'homme qui voulait vivre sa vie"... Ayant déjà lu " Enquête sur la disparition d'Emilie Brunet", je me doutais que l'auteur mettrait sa touche personnelle, originale, à cette histoire déjà utilisée par d'autres auparavant : celle d'un homme qui désire disparaitre et recommencer sa vie ailleurs.



Si je n'ai mis que trois étoiles, c'est parce que mon avis est fort mitigé et que j' ai trouvé dans cette lecture autant de points positifs que négatifs...



Alors oui, mises à part les premières pages qui m'ont agacée ( j'y reviendrai), le lecteur est vite emporté avec enthousiasme par les rebondissements. Car, tout efficace et organisé qu'il soit, Walker, le fugitif, riche homme d'affaires, n'avait pas anticipé l'imprévu, la malchance. Il se retrouve ainsi avec à ses trousses le représentant de l'assurance-vie, qui a l'intuition qu'il n'est pas mort, malgré les apparences. Leurs points de vue sur les évènements alternent, de même que celui de Sarah, la "pas tout à fait veuve".... Cela met évidemment du piquant dans le déroulé de l'intrigue.



Autre aspect positif: le livre fait réfléchir sur le prix que l'on est prêt à payer pour être libre, sur les obligations de la vie qui nous étouffent et nous empêchent d'être nous-mêmes. Et aussi sur l'image que l'on renvoie, le fait que l'on ne connait vraiment personne.



Mais mon plaisir a été gâché pour deux raisons essentiellement: d'abord, je n'ai eu aucune empathie pour le personnage principal, Walker. Il n'a jamais vraiment pris vie à mes yeux.Froid, impatient, toujours projeté vers l'avant, je n'ai pas compati du tout à son besoin irrépressible de liberté. Il avait la possibilité de déléguer, de freiner. Ses moyens financiers le lui permettaient. Il préfère s'enfuir, laissant seuls ses enfants et sa femme, qu'il aime pourtant. Ses agissements m'ont laissée perplexe. Et toutes ces précisions sur le monde des entrepreneurs ( que l'auteur connaît bien) m'ont lassée.



Et cette fin! Une fin idyllique, bisounours, et pas du tout crédible. Le soufflé est retombé lamentablement... On aurait aimé plus de punch , de panache. Bien sûr, ce ressenti n'engage que moi....Soufflé raté mais souffle de l'aventure quand même au rendez-vous. A vous maintenant de vous faire une idée sur ce livre déroutant!
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Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet

Original et brillant.Un livre bien attractif!



Original déjà car à la croisée des chemins: c'est un mélange des genres.A la fois un essai sur le roman policier, une réflexion fort intéressante sur le processus de l'écriture, et une véritable enquête, comme le titre l'indique, avec un suspect, des recherches policières.



Original aussi dans sa forme.Le texte est le journal d'Achille Dunot ,détective, ce qui peut sembler banal. Ce qui l'est moins , c'est que certaines phrases sont floutées , d'autres raturées mais lisibles.L'explication ne nous est pas donnée tout de suite. Bien intriguant!



D'autre part, on sait dès le départ qu'Achille souffre d'une forme rare d'amnésie, que j'avais découverte dans l'excellent " Avant d'aller dormir": il oublie chaque matin tout ce qu'il a fait ou pensé la veille...Ce qui complique son enquête, on s'en doute!



Et c'est un fan d'Agatha Christie.Pour ceux qui adorent la reine du crime, voilà un régal car il fait sans cesse des rapprochements avec les différents romans qu'elle a écrits.



Et puis, il ya le seul suspect, le mari de la femme disparue, Émilie Brunet...Un suspect manipulateur et très intelligent.



Au jeu du chat et de la souris, entre Brunet et Achille, qui va gagner? Je vous laisse le découvrir...



Le seul hic du texte, pour moi, c'est qu'on a souvent l'impression que l'essai l'emporte sur l'histoire racontée. A mélanger les genres, l'auteur en fait un peu trop et le lecteur se perd parfois dans les méandres de ce méli-mélo.



Mais le plaisir de la lecture est intense, on réfléchit aux ressorts des romans policiers, à l'acte d'écrire et on aime aussi tous les clins d'oeil à Agatha; j'ai envie de lire d'autres romans de lui.



Une enquête sur l'enquête : singulière et hors des sentiers battus.
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Les éclaireurs

Sliv s'éclate en tant qu'agent de classe 3 au CFR. Cela fait dix ans qu'il travaille pour l'organisation secrète internationale et il a toujours l'ambition de découvrir qui en sont les membres responsables et sa finalité. Sliv se trouve au Soudan pour le mariage de ses amis Youssef et Maga quand il découvre avec stupeur les attentats du 11 septembre perpétrés aux Etats-Unis. Le doute s'empare alors immédiatement de lui : le CFR serait-il aussi responsable de 9/11 ?



Encore une fois, on ne peut être que bluffé par le travail d'Antoine Bello dans ce tome 2. Non seulement le niveau monte côté falsification de la réalité vu qu'il développe les mensonges d'Etat du gouvernement Bush (une entité bien réelle de notre monde à nous), lesquels ont mené à la deuxième guerre du Golfe en 2003, mais en plus il mêle les vrais mensonges de l'Histoire aux falsifications fictives en rendant le CFR responsable de la création d'Al-Qaïda. Les strates sont nombreuses dans cet opus, car les complots imaginaires flirtent avec les manipulations bien authentiques de l'opinion publique, des gouvernements étrangers et des instances gouvernementales et internationales pour servir des intérêts personnels, égocentriques, soit-disant nationaux et très borderline dictatoriaux.

Grâce au recul qu'aussi bien l'auteur et le lecteur ont sur ces évènements historiques, on apprécie avec déconfiture les jeux dangereux et frauduleux que le gouvernement américain de l'époque a pu jouer, tout en savourant des aventures intenses qui questionnent profondément les arcanes du pouvoir, l'extrémisme religieux, le nationalisme fanatique, la stigmatisation de l'Islam, l'interprétation des faits, les faiblesses du journalisme d'investigation qui participe à la propagation de fausses informations, l'apathie d'une population face à l'abus de pouvoir et de confiance et les failles d'un système juridique corrompu, partial et ankylosé. Le tout est d'autant plus percutant et perturbant qu'on peut très facilement le relier à l'actualité de ces dernières années et derniers mois aux States avec un certain autre ancien président républicain ouvertement menteur invétéré et un gouvernement jouant constamment sur les mots et perspectives avec des institutions corrompues par le pouvoir.

Ce livre laisse sans voix, interloqué à bien des niveaux, l'intégralité étant soutenue par une écriture qui vise toujours autant dans le mile, qui a l'air si simple et facile alors qu'elle est en fait très travaillée, avec des phrases bien placées, un humour léger mais parfaitement dosé, une intrigue entraînante qui vous bousille vos nuits.

Il fallait oser, faire d'Al-Qaïda le produit d'un agent secret. C'était jouer un peu avec le feu. Mais ce livre est devenu une uchronie aux mises en abyme multiples, aux frontières délicates entre la fiction et la réalité. Car même s'il est bien évident qu'Al-Qaïda n'a pas été créé par une agence imaginaire dans la vraie vie, l'analyse très sensée que l'auteur fait de la volonté des US d'opérer en Irak tout en sachant qu'il n'existe aucune preuve tangible attestant de la présence d'armes chimiques et d'arsenal nucléaire montre à quel point les évènements n'auraient pas pu être différents. Complot ou pas complot, l'auteur insiste tout simplement sur le fait que des mensonges, de pures inventions et des croyances personnelles peuvent altérer le cours de l'Histoire et être responsables de la mort de civils innocents par centaines de milliers. Via cette fiction, Bello rappelle avec brio que les saboteurs de la paix ne sont pas du tout fictifs mais bien de ce monde.

On ressort de cette lecture très troublé, notamment parce que ces évènements historiques se répètent, inlassablement, quoi qu'il arrive. Car vingt ans plus tard, en cette année 2021, nous en sommes aux Etats-Unis toujours au même point sur beaucoup de fronts. Et quand on remonte un peu plus loin, on s'aperçoit que la moitié des guerres engagées par les US l'étaient sur de fausses informations ou preuves, dont les gouvernements étaient généralement conscients.

Un livre admirable, profond, aux mille réflexions sur le passé aussi bien que le présent et l'avenir.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Le détective Achille Dunot souffre d’une étrange forme d’amnésie. Depuis un récent accident, sa mémoire ne forme plus de nouveaux souvenirs, si bien qu’il se réveille chaque matin en ayant tout oublié des événements de la veille.

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