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Critiques de Antoine Sénanque (157)
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Croix de cendre

Passionnant, remarquable tant par la qualité de l'écriture que l'érudition. Contrairement à beaucoup d'auteurs contemporains, Antoine Sénanque est un écrivain qui a quelque chose à dire et à raconter. Il est un homme qui pense, réfléchit, s'interroge, toujours désireux de transmettre un savoir. Ce qu'il écrit est de haute volée mais toujours accessible et partagé avec humilité. Qu'il parle du cerveau ou de la vie monastique au moyen âge, le spirituel est toujours présent, ici la spiritualité de Maître Eckart, mais aussi dans ses aspirations pour la médecine qu'il désirerait voir s'orienter vers une médecine spirituelle.

La forme romanesque qu'il a choisie pour Croix de cendre, lui permet de se tenir à des faits historiques et d'extrapoler, ainsi la mort de Maître Eckart. Les dialogues facilitent la dissémination des idées et l'accès à la profondeur des messages. La transmission d'un secret tient le lecteur sur le qui-vive de bout en bout. Se souvenir, faire mémoire, transmettre, sont des thèmes chers à l'auteur. "Tu verras Antonin, murmura le prieur soudain pensif, les souvenirs ont des bras. Pour nous enlacer comme ceux d'une mère bienveillante et réchauffer nos coeurs ou bien serrer nos gorges pour étouffer notre soif de vivre". Guillaume se souvient et Antonin grave sur le Vélin. "Dans la mémoire du prieur Guillaume, les souvenirs formaient des croix, plantées sur les dépouilles des actes qu'il avait laissés s'accomplir. le temps les avait brûlées, mais les croix marquaient leur place. Toutes les mémoires étaient recouvertes de croix de cendre, de grands cimetières d'actes dont l'oubli avait emporté les ombres. Chacun pouvait renier leur existence. Mais les croix demeuraient, elles prouvaient qu'on ne décidait pas du destin de nos actes et qu'aucune trace ne s'effaçait jamais de la surface de la terre". La fraternité des moines est forte et touchante, les amitiés et la fidélité solides, la présence des femmes, essentiellement des béguines, déterminante. Guillaume, Jean, Antonin, Robert, Mathilde, Marie, donnent vie à ce roman qui foisonne de bout en bout. L'inquisition et la peste, fléau qui n'est pas sans rappeler celui de notre époque, interrogent et font se poser nombre de questions d'ordre sociétal ou religieux.

Un roman captivant, sérieux mais écrit avec des pointes d'humour et un regard malicieux, une épopée haletante et une intrigue palpitante à la limite d'un polar. Croix de cendre est une réussite qui ne manquera pas d'être couronnée.
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Croix de cendre

Croix de cendre d’Antoine Sénanque



Croix de cendre d’Antoine Sénanque, présentation

11/02/1367, Languedoc, Antonin et Robert sont moines. Robert est rebelle mais prie avec ferveur. Antonin est cultivé, il plait aux femmes. Ils font partie de l’ordre dominicain.



La peste est encore dans toutes les mémoires.



Avis Croix de cendre d’Antoine Sénanque

Antonin et Robert sont deux moines, deux frères de l’Ordre des Dominicains. Ils sont chargés par le prieur Guillaume de se rendre à Toulouse pour chercher des vélins de la meilleure qualité et l’encre nécessaire. Antonin et Robert sont différents mais se complètent. Antonin, de par son passé, a de l’instruction. Robert est un peu feu-follet mais trouve dans la religion ce qui lui est nécessaire. Antonin et Robert n’ont encore rien vu, ni expérimenté. Ce long voyage vers Toulouse va les changer tous les deux. En effet, ils sont arrêtés et Robert est emprisonné. L’Inquisiteur passe un marché avec Antonin, lui remettre les pages écrites et Robert sera libre.



De retour au monastère, Antonin retracera tous les souvenirs du prieur Guillaume et gardera quelques pages dans l’espoir de faire libérer Robert. Ce seront des heures passées avec le prieur et le sacristain. Mais Antonin éprouve énormément de culpabilité. Il se sent seul, il ne trouve son salut que dans les plantes et dans ces instants passés avec le prieur. Mais ce dernier a tout compris et ils vont tenter de faire délivrer Robert, mais c’est sans compter l’Inquisiteur.



Ce roman retrace la vie de Guillaume aux côtés d’Eckhart, qui a connu tous les honneurs. Ses sermons étaient difficilement compréhensibles mais il avait une vision nouvelle sur la foi, sur les sermons, sur Dieu. Plusieurs courants ont marqué toute cette période, des courants libres, mais d’autres beaucoup plus ancrés dans la pauvreté, dans le fait d’être le plus démuni. Et cela ne plait pas à tout le monde, à tous les grands de ce monde qui veulent, par tous les moyens, faire tomber Eckhart pour hérésie. Mais cela sera très compliqué de par son statut, ses nombreux écrits. Seul Guillaume connaît la vérité et cette vérité ne doit pas être révélée, coûte que coûte. Les écrits d’Eckhart sont toujours bien présents, surtout auprès des plus riches, des plus érudits. C’est le dernier cheval de bataille de l’Inquisiteur.



Ce roman révèle également un des plus grands fléaux mondiaux, la peste. Comment elle a pu décimer autant de personnes, comment elle s’est propagée.



Dans le cadre du Prix du Roman Fnac, pour la rentrée littéraire 2023, ce roman m’a été envoyé. Je ne l’aurais pas forcément acheté, ni lu. Mais je ne regrette pas du tout ma lecture, laquelle a été un peu longue à se mettre en place mais au fur et à mesure des pages, je me suis laissée porter par l’‘histoire, par le style, ce qui fait que cette lecture est un coup de coeur. J’ai adoré tous les personnages qui sont très bien décrits, dont la vie a été riche, difficile également. Il y a une part romancée, une part historique et je ne suis pas arrivée à faire la part du vrai et la part du faux. Je ne suis pas forcément adepte de tout ce qui concerne la religion et de ses différents courants mais plutôt pour une critique de la religion catholique. Ce qui a pu se passer au cours des siècles précédents n’a pas été suivi d’effets car on peut toujours se rendre compte que certains prennent à leur compte, interprètent les différentes religions. La paix dans le monde n’a jamais existé et n’existera jamais. Tout ce qui est nouveau, tout ce qui peut être différent est franchement mal vu et vite réprimé. Le monde n’apprend pas de ses erreurs, beaucoup veulent avoir le pouvoir en mettant en place la répression, sous n’importe quelle forme et ce parce qu’ils veulent faire respecter ce en quoi ils croient, pour avoir encore plus de pouvoir.
Lien : https://livresaprofusion.wor..
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Croix de cendre

Croix de cendre est un roman historique tourné autour de la figure de Maitre Eckhart, théologien médiéval des 13ème-14ème siècle. L'auteur imagine la confession-récit faite par son secrétaire, plusieurs années après sa mort, le roman ses déroulant en 1367.

Pour la dimension romanesque du livre, Antoine Sénanque joue avec la dimension phantasmagorique de l'inquisition, de l'alchimie et de la peste noire qui a frappé l'Europe au milieu du 14ème siècle. La thèse échafaudée sur la disparition imprécise de Maitre Eckhart, en 1327 ou 1328 apparait plus proche des théories complotistes que de la science historique.

Je suis toujours mal à l'aise avec les romans historiques qui prennent trop leur aise avec la réalité. Ils risquent d'avoir un petit parfum de malhonnêteté intellectuelle et de manipulation. Ainsi, Maitre Eckhart n'a pas pu rencontrer Mathilde de Ruhl, appelée aussi Mathilde de Magdebourg. Celle-ci n'a pas été brulée par l'inquisition, mais est morte en 1283 "hautement estimée par ses soeurs" (wikipedia).

Louis de Charnes, l'inquisiteur du Languedoc, est pour sa part un personnage totalement inventé. Rappelons cependant qu'en raison de ses excès, l'inquisition a été supprimée en France par Saint Louis (mort en 1270), remplacée par l'official, qui ne pouvait prononcer de peine sans décision d'une juridiction civile.

Bref, c'est une vision bien sombre et largement tronquée du Moyen-Age que nous laisse voir Antoine Sénanque.

Sur le plan littéraire, le livre présente trop de longueurs pour être un thriller et trop d'arrangements pour être une source historique. Il ne m'a pas convaincu sur le plan spirituel. Pourtant, le roman se lit assez bien et présente une certaine originalité, qui le rend séduisant.



PS : pour ceux que ça intéresse, je ne peux que recommander de lire la page Wikipedia consacré à l'inquisition, qui sans occulter son caractère obscurantiste et ses excès indéfendables, permet de la remettre dans un contexte global et de nuancer l'image tenace qui en a été faite depuis le 19ème siècle.
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Blouse

Comme j'avais lu les trois successivement, son univers m'intéressait fortement, je les mets tous les trois ici, je déplacerai si c'est nécessaire..



Blouse est en fait un récit, Antoine Sénanque est neurologue et écrit sous un pseudonyme.

Inclassable réflexion, confession, cri d’horreur , plainte , colère, rage d’un écorché vif qui a fait le même métier que papa qui était chirurgien ( et qui pourtant ne le lui conseillait pas..) , passif contraint de feindre d’être un homme d’action, éternellement en doute et en ignorance , choses difficilement acceptables dans cette profession où le « je ne sais pas » passe très mal, et pourtant…

Un homme continuellement effaré par les conséquences de ses décisions -et non-décisions- de ses paroles et de son silence , un homme incapable de tenir le malheur des autres à distance, pas plus que leur mort, et qui y est bien sûr continuellement confronté . Qui , au lieu de sinon fuir ou du moins de se réfugier dans une spécialité tranquille, s’en rajoute, bien sûr… la neurochirurgie, la réanimation lourde, et finalement, la neurologie qui, si elle est une spécialité passionnante, est assez désespérante du moins quand on évoque, comme il fait très bien, les grandes maladies neurologiques incurables ..

Au fur et à mesure de la lecture, on a bien sûr envie d’interrompre ce chemin de croix , de lui dire d’arrêter de se battre contre les autres médecins qui traitent leurs problèmes différemment, chacun à leur manière , avec chacun leur propre moyen de défense , contre les malades qui vont mourir malgré lui, contre les structures hospitalières, et surtout contre lui-même, tant on sent sa souffrance. C’est d’une sincérité et d’une honnêteté saisissantes, quelquefois méchant, même, la méchanceté des gens qui souffrent vraiment..



Ont suivi:

La grande garde:



La Pitié Salpêtrière, service de neurochirurgie. Décors plantés, personnages minutieusement décrits ( c'est intitulé roman, mais il a déjà, à peine différemment, raconté l'histoire, dans Blouse). Tous les éléments du drame sont là. C’est décrit de façon très sobre et il a suffi d’un instant pour transformer les vies de tous les protagonistes de cette histoire tragique.

Magistrale description de l'univers d'un bloc opératoire. Manifestement, il sait de quoi il parle.



L'ami d'enfance:



L'auteur dit , qu'après avoir écrit des choses lugubres ( c'est vrai...) , il a voulu écrire un livre joyeux. Alléluia se dit la lectrice.

Oui... enfin, la joie, chez le mélancolique, c'est quand même très mesuré.

Même si la capacité d'autodérision d'Antoine Sénanque fait souvent sourire. Mais que ce procédé de toujours jouer avec les mots, les disséquer , les retourner, s'il est souvent amusant et bien employé, lasse un peu à la longue. Il s'épuise à son propre jeu..

Mais je dois reconnaitre que des efforts dans l'humeur ont été accomplis..

A mon avis, il change de métier, et c'est bon..



Ce qu'il a fait.. :):)
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Croix de cendre

1367 : "On se gèle les couilles !" (il est des incipits plus élégants, au hasard : "Longtemps je me suis couché de bonne heure").

Expression qui apparaît aux alentours de 1800, mais n'a connu la gloire qu'à partir des années 1960 (référence : La langue française.com)

Puis, quelques pages plus loin "Putain !".

Là, rien à dire, ce terme remonte à "pute" du XIIe siècle. Quoique je préfère le mot "ribaude" (également du XIIe), certes difficile à utiliser dans le sens donné par l'auteur, je le reconnais (exclamation d'étonnement, de surprise ou aussi de mécontentement). "Ribaude !", au lieu de "Putain !".

Ça le ferait pas.

Dommage, cela aurait eu un petit côté "Les visiteurs" (film de Jean-Marie Poire, 1993) assez sympa.

Quant à "dégueulasse", il apparaît au XIXe et c'est un dérivé de "desgueuler" du XVe.

Et enfin, le verbe "bouffer", signifiait au XIIe : gonfler les joues de colère, avant de les avoir gonflées de nourriture et ne sera utilisé qu'au XVIe avec le sens qu'on lui connaît aujourd'hui.

Je me suis dit : l'auteur nous fait le coup de la tennis Converse du film "Marie-Antoinette", anachronisme qui a participé au succès du film sans aucun doute.



J'ai donc commencé à craindre le pire...



Et j'ai eu tort, j'ai pardonné à l'auteur ces petites facilités car j'ai été captivée par ce roman qui couvre une époque passionnante, celle des papes avignonnais, de l'après-catharisme, des grands pélerinages, de l'inquisition (il paraît que la française fut moins épouvantable que l'espagnole, tout est relatif...).



L'inquisition, une puissance énorme dont les victimes furent nombreuses, cathares (évidemment), hérétiques, juifs, relaps, beguines, le libre esprit et Maître Eckhart, frère dominicain qui prône la haute spiritualité, le détachement, le désencombrement complet de l'âme, pour s'unir à la pensée de dieu afin qu'il ne puisse faire autrement que de s'y loger, comblant cette vacuité par la félicité... Divination de l'homme, entraînant la réfutation de l'église et de ses clercs, intolérable pour l'inquisition.



Nous traversons la France du couvent de Verfeil (à côté de Toulouse), jusqu'à Cologne en passant par Strasbourg et ses communautés de béguines.

Nous côtoyons le grand inquisiteur et ses grandes ambitions.

1348 : Nous assistons à la diffusion dans toute l'Europe de la terrible peste qui décima un tiers de sa population et qui fut un des meilleurs alliés de la chrétienté "C'est la peste qui a redressé la chrétienté. Aucun de nos châtiments, aucune de nos tortures n'auraient pu terrifier les pêcheurs à ce point. Depuis, le peuple fait pénitence."

Nous découvrons le terrible secret de Maître Eckhart (secret de pure invention d'Antoine Sénanque), de sa vengeance et de la caravane de dominicains qui dissémina la « mort noire ».

PS. Ce livre a éveillé mon intérêt pour le béguinage, de nombreux podcasts de présentation existent, si on ne veut pas se plonger dans un livre.

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Croix de cendre

Magnifique thriller ayant pour toile de fonds le clergé et l'inquisition, ses ambitieux, ses manipulateurs et ses naïfs. Antonin et Robert sont envoyés à Toulouse pour ramener des parchemins en vélin qui vont recueillir les confessions du prieur Guillaume de leur monastère. En route, ils se font interroger par l'inquisiteur qui décide d'arrêter le moine Robert pour hérésie. Antonin prêt à tout pour libérer son ami se prête au chantage de l'inquisiteur: lui transmettre les confessions de Guillaume. Un roman palpitant dans un contexte historique moyenâgeux où tous les coups sont permis.
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Croix de cendre

Autour de la figure d’Eckhaert, dit Maître Eckhaert (1260-1328) – un théologien et philosophe allemand, mais, surtout principal porte-parole d’un courant spirituel catholique que l’on nomme la mystique rhénane – Antoine Sénanque retrace tout un pan de la France à la fin du Moyen Age alors en proie à l’inquisition afin de contrôler la vie intellectuelle et religieuse.



Personnages fictifs et historiques se côtoient afin de former une seule et unique entité. Au point de ne plus faire la différence entre eux c’est-à-dire s’ils ont réellement existé ou non.



Antoine Sénanque propose un ouvrage guère évident à appréhender si l’on n’est guère familier des théories religieuses agitant en cette fin du Moyen Age, la petite sphère composant l’élite religieuse, et, autres intellectuels qu’ils soient membres (ou non) de l’église catholique.



Il faut avouer que l’inquisition est encore omniprésente à cette époque. Les débats sur l’hérésie vont bon train sous la houlette des inquisiteurs vu que chacun d’entre eux possèdent leurs propres interprétations des textes théologiques. Conclusion, les tortures et autres condamnations à mort vont bon train.



Même si ce roman n’est guère facile d’accès, voire difficile à comprendre, cela reste malgré tout intéressant à découvrir ainsi qu’excellent tant soit peu que l’on s’intéresse à ladite période.







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Croix de cendre

1367, 20 ans après la terrible épidémie de peste qui a ravagé l'Europe, le vieux prieur Guillaume se décide à dicter à son secrétaire Antonin ses jeunes années notamment celles sur la route auprès du mystérieux maitre Eckhart. Des mémoires qui pourraient ne pas être sans conséquence pour l'ordre dominicain et l'Église en général... Pour cet ouvrage, il désire donc un vélin bien plus durable qu'un simple parchemin. Antonin et son ami Robert, moine pieux au caractère pourtant peu monastique, sont chargés de la course sans se douter que ce voyage les enverra dans les griffes de l'Inquisition.

La foi, c'est souvent beau mais elle peut se confondre avec l'orgueil. La foi, on peut en discuter même si certains préfèrent l'imposer. La foi peut être un guide utile mais peut aussi aveugler. La foi dont parle Antoine Senanque est catholique mais les vérités qui ressortent de son ouvrage s'appliquent à bien d'autres... J'ai adoré "Croix de cendre" qui mélange dans ce roman historique réflexions philosophiques et péripéties.
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Croix de cendre

Voici un roman qui m’a été recommandé par une consœur autoresse avec la mention suivante « tu vas adorer, je le sens ».

Alors oui, dès le début du roman, j’ai aimé… un roman complexe, qui a un relent du Nom de la Rose, et un duo atypique…

Nous sommes donc en 1367, deux décennies après la Peste Noire et la saint Inquisition fait des ravages (mieux que la Peste)… Cela brûle à tour de bras et chacun prie pour y échapper.

Le narrateur nous conte ses aventures auprès d’un influent personnage, Maître Eckhart (qui a réellement existé). Son scribe, Antonin, recueille ses dires et l’incroyable et sulfureux récit fascine… et effraie aussi…

Cette enquête est passionnante, tant par la plume que par l’érudition de l’auteur.

D’aventures en philosophie, de théologie en énigmes, ce récit nous plonge dans une période sombre, trouble, dangereuse où les hommes de foi effraient et dominent les pauvres comme les puissants.

J’ai été happée par ce parcours qui prône la fraternité comme ultime rempart à l’inquisition, l’obscurantisme et à la peur primaire de la puissance divine (et son châtiment).

Quel roman puissant !

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Croix de cendre

Abandon et désillusion et pourtant j'aime beaucoup les romans historiques !



que dire des premières lignes ?



Nous sommes en 1367



— On se gèle les couilles, frère Antonin.

— Ce ne sont pas des paroles de moine.

— Ce ne sont pas les paroles qui font le moine, mais la vérité… et la vérité c’est qu’on se gèle les couilles.

— Il fait effectivement très froid.



***

Vraiment non quelle vulgarité ! je ne pense pas que l'on parlait ainsi en 1367 et je n'ai pas du tout trouvé cela drôle, sauf si cela avait été prononcé par des voyageurs temporels et encore !



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Croix de cendre

J'ai trouvé ce roman très inégal : parfois vif, rapide , plein d'humour avec deux moines attachants et parfois lourd, ennuyeux, lent.

Cela a perturbé ma lecture et pour tout dire j'ai sauté certains passages. Le comparer au nom de la rose est lui faire beaucoup trop d'honneur. Pourtant, je trouve l'auteur attachant et je lirai d'auutres livres de lui.


Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Etienne regrette

J'attendais quelque chose de plus intéressant de l'auteur de "Blouse".C'est un sujet au départ qui semble intéressant mais ne débouche nul part.Tout est banal et impersonnel ,le. sujet,les personnages,le style.
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Salut Marie

Après ma grosse déception et ma perplexité à la lecture de Croix de Cendres, j'ai eu envie de donner une deuxième chance à Antoine Sénanque en découvrant ce titre et son résumé dans sa bibliographie. Bien m'en a pris car j'ai beaucoup aimé ce roman amusant et délicat.



En lisant les critiques je constate qu'il suscite des réactions contrastées, pour ma part j'ai passé un excellent moment de lecture en compagnie de Pierre Mourange et de son entourage, bouleversés par l'apparition de la Vierge à ce vétérinaire quinquagénaire, veuf, déprimé et pas vraiment croyant.

Je précise que je suis catholique, les apparitions de la Vierge Marie me sont donc familières, et j'ai apprécié l'humour dont Antoine Sénanque se sert pour poser des questions assez justes, à mon sens, sur le rapport à la foi et le secours de la religion dans le processus du deuil et de la dépression.



Car Pierre Mourange est un homme sensible et comme éteint, frappé brutalement par le décès de son épouse il y quelques années, il ne trouve plus le sens de son existence. Partagé entre son travail de vétérinaire auprès des chiens, ses deux amis un peu atypiques, son frère qui lui est proche et lointain à la fois, et son père qui dérive dans le grand âge.

En lui apparaissant le jour du 1er avril, la Vierge lui fait elle une blague, ou lui donne t'elle l'occasion de regarder sa vie sous un nouveau jour ?



Le récit prend donc la forme d'une fable initiatique, émaillée de réflexions existentielles, Antoine Sénanque étant incontestablement doué d'une plume brillante et d'un humour acéré. De la même manière que dans Croix de Cendres, Ie lecteur peut être déstabilisé par le traitement par du sujet religieux, l'intention étant difficile à cerner, tant le propos démontre une grande profondeur dans la compréhension du christianisme, autant qu'une distance critique quant aux phénomènes de croyance.

Pour le roman traitant de Maître Eckhart, cela m'avait beaucoup gênée et semblé un peu malsain, mais dans le cadre de Salut Marie, j'ai trouvé ce positionnement fécond et très humain. Heureuse donc de ce petit "miracle"...

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Croix de cendre

J'ai été remué.

Voilà un roman historique qui remplit bien son rôle A mes yeux. Procurer un moment d'évasion, tout en faisant remuer mes méninges et tapoter sur le clavier par la suite : " Mais non ? ça ne s'est pas vraiment passé comme ça ..."

Je gardais de Maître Eckhart une image quasi d'Epinale, teintée de culture bobo et d'un zeste d'ésotérisme. J'ai donc été remué, disais-je. Quelques tapotements de touches de clavier plus tard, j'ai ... Tout comme vous aussi, sans doute.

Voilà donc un roman qui mérite d'être lu. Pour ça.
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Croix de cendre

J'avais noté les références de cet ouvrage lors d'une émission de télévision. Histoire de changer des polars ...

La vie monastique au quatorzième siècle m'a toujours intéressée, j'ai revu récemment le film de Jean-Jacques Annaud d'après le nom de la rose d'Umberto Eco, j'ai apprécié la trilogie de François Soulié, sans oublier Les droits maudits, le chef-d'oeuvre de Maurice Druon.



L'histoire contée ici entrecroise la controverse religieuse et la lutte incessante de l'Eglise contre toute forme d'hérésie, la rivalité des ordres mendiants (dominicains contre franciscains), la cruauté et la mauvaise foi de l'Inquisition peu d'années après l'écrasement des Albigeois, et planant au-dessus de ce nid de vipères, les séquelles de la Grande peste de 1348.



Les deux héros de ce thriller théologique sont deux jeunes frères dominicains du monastère de Verfeil – proche de Toulouse et Albi – Robert, fils de paysan et illettré mais qui professe une foi profonde, et Antonin, lettré qui retranscrit les mémoires de leur vieux prieur, Guillaume, rescapé de la grande peste et jadis disciple du théologien rhénan Maître Eckhart, considéré comme à la limite de l'hérésie.



L'inquisiteur du Languedoc a vent de l'écriture de ces mémoires et va tout mettre en oeuvre pour se les procurer. Son orgueil et sa cupidité sont immenses, il se rêve en cardinal …



Tel est la trame de ce roman qui met en scène les querelles religieuses de ces temps obscurs, les purges disciplinaires (qui ne sont pas l'apanage de l'Eglise) qui jetèrent au bûcher des milliers de mal-pensants, la vie pieuse des femmes retirées dans les béguinages des Flandres et la trame de l'enseignement de Maître Eckhart (1260 – 1328), fondée sur le détachement de tout ce qui n'est pas Dieu, allant jusqu'à l'appauvrissement total volontaire pour aboutir à l'union avec Dieu.

Un concept que l'Eglise ne peut tolérer mais qui inspirera plus tard le quiétisme, les Quakers, certains Protestants.



L'auteur tente de mettre à la portée du lecteur ces controverses, tout en y mêlant des recettes d'herbes médicinales … mais pas que ! Il est vrai qu'avant d'être écrivain, il fut médecin. Certes, il manie la langue avec talent, les chapitres s'enchaînent avec suspens … on ne lâche pas l'affaire avant la fin.



C'est une intrigue entièrement fictive et même pour partie totalement invraisemblable, même si elle tourne autour de plusieurs figures réelles comme Marguerite Porette qui fut brûlée en place de Grève en 1310.



Les portraits des personnages sont réalistes … je ne peux m'empêcher de me remémorer le rôle tenu par l'écrivain Lucien Bodard dans le film de J-J Annaud, qui ressemble beaucoup à l'inquisiteur …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Jonathan Weakshield

Un "Gang of London" violent et sublime.
Lien : http://www.lepoint.fr/livres..
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Croix de cendre

Un bon roman prétexte à expliquer les rivalités entre Franciscains et Dominicains au quatorzième siecle alors que la papauté était installée à Avignon. Le livre est très bien écrit, érudit et ambitieux. Si je peux émettre une critique, c'est sur le final que j'ai trouvé un peu trop alambiqué.
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Croix de cendre

Dans l'Europe tourmentée du 14e siècle, il y eut la peste, l'inquisition, la guerre contre les Tartares...

Dominicains et franciscains se menaient la vie dure, sans scrupules ni limites, au service des puissants (le roi, l'empereur, le pape, selon...). La parole de "Maître Eckhard" sentait le soufre et ceux qui en étaient les dépositaires constituait une menace pour "l'Ordre"!

L'intrigue s'effiloche parfois mais on ne lache pas...

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Croix de cendre

14ème siècle, la peste, l'Inquisition. Oui, ça donne vraiment envie!



En 1367, Guillaume, prieur du couvent dominicain de Verfeil, sis non loin de Toulouse, projette de dicter ses mémoires à un des moines, Antonin et il envoie celui-ci et son ami Robert à Toulouse se procurer vélin de qualité et encre. Mais le grand Inquisiteur a vent de l'aventure et pour des raisons personnelles met la pression sur Guillaume en emprisonnant Robert, à l'époque il en fallait peu pour être accusé (et finir sur le bûcher).



Que risque donc de raconter Guillaume? D'abord il a connu et suivi maître Eckhart, dominicain mystique devenu fort controversé (en 1992 une demande de réhabilition a été soumise à l'Eglise, mais cette réhabilitation "n'a pas lieu d'être", car il n'est pas condamné), à sa suite il a fréquenté des béguinages et des mystiques un peu borderline sur le plan de l'orthodoxie.



D'autre part il était là au siège de Kaffa, quand les armées mongoles envoient leurs cadavres morts de la peste au-dessus des remparts de la ville. Un passage saisissant du roman!



Les souvenirs de Guillaume suivant Maitre Eckhart alternent avec le présent (leur présent), le pauvre Robert emprisonné étant dans le 'mur étroit' et l'Inquisiteur en chef voulant obtenir ce qu'il désire.



Voilà une jolie plongée dans une époque difficile et dangereuse, avec des discussions théologiques de haute volée (je n'ai pas tout compris) et un peu d'action aussi, jusqu'à un final assez halluciné. Je recommande ce bon roman historique, avec un petit plus spirituel. Mais quelle époque!
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Croix de cendre

Tout simplement brillant.



France, 1367, vingt ans après les ravages cataclysmiques de la Peste Noire.

La sainte Inquisition fait rage. Les hérétiques flambent sur les bûchers.

Guillaume, prieur Dominicain au crépuscule de sa vie, raconte son passé aux côtés d'un des plus grands et influents personnages (bien réel !) de la chrétienté, Maître Eckhart.

Antonin, jeune moine loyal et attachant, recueille précieusement son incroyable récit, qui pourrait faire vaciller son ordre monastique, voir même l'Eglise !

Intolérable pour le terrifiant inquisiteur du coin ! Il prend en otage frère Robert, meilleur amis d'Antonin.

Une course contre la montre s'engage pour le sauver.

Passionnant de bout en bout, érudit, Croix de cendre est un voyage réaliste et fascinant dans une époque sombre et troublée. Une époque où le spirituel et la foi dominent le monde et les hommes.

Aventures, enquête, théologie et philosophie, il y a tout ça dans ce roman.

Mais c'est avant tout une magnifique ode à l'amitié et à la fraternité.

Excellent.

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