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Critiques de Antonio Muñoz Molina (234)
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L'hiver à Lisbonne

Ce fut une lecture assez compliquée pour moi voire un peu pénible...

J'ai aimé l'histoire d'amour : un amour passionnel entre Biralbo, pianiste talentueux jouant dans les bars de San Sabastian et Lucrecia venue un soir et qui est directement tombée sous le charme de sa musique. C'est beau et fort entre eux mais malheureusement Lucrecia n'est pas seule et son compagnon traîne dans des affaires louches de traffic de tableaux. Elle n'est pas en sécurité avec lui mais n'a pas grand chose d'autre non plus.

L'histoire est racontée par un narrateur dont on ne sait rien de lui, mélangeant les moments de narration et ça a eu tendance à me perdre. Plus l'ambiance très lente et sombre avec un abus de whisky et de cigarettes ; le cocktail n'a pas pris pour moi.
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L'hiver à Lisbonne

C’est avec nonchalance que l’auteur nous amène péniblement à Lisbonne. J’avais choisi d’emporter ce livre dans ma valise pour savourer méticuleusement une écriture de circonstance dans la capitale lisboète, mais j’ai du attendre les 3/4 du récit pour qu’enfin l’action se déroule à Lisbonne. Le temps que l’on y arrive je venais à peine de repartir. Ma stratégie rigide de lecteur obsessionnel a failli marcher. De toute façon de Lisbonne nous n’en avons que de furtives descriptions de rues ou de bâtiments : à peine une demi page. Pour le reste c’est la brume, le froid et l’humidité océanique qui sont plutôt mis en avant et utilisés pour créer une ambiance enveloppante, noire et propice au récit policier développé ici de manière kaléidoscopique. L’auteur multiplie les flash-back et les ellipses pour ciseler son intrigue, sauf dans la dernière partie où, pour marquer l’approche haletante de sa résolution, il optera pour une linéarité de la narration.



N’étant définitivement pas un lecteur assidu de ce genre de littérature, je n’ai pas pris un plaisir intense à la lecture. Tout y est pourtant : le gin, le jazz, les cigarettes, les revolvers, les personnages crapuleux qui ont une tendance lourde à ne pas pardonner, les dettes, l’engrenage. Bref je n’ai pas été surpris ni intrigué. Heureusement que Molina fait preuve à différents endroits d’un humour débridé qui permet de sauver un peu cette histoire dont on ne se sort que laborieusement.
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Le royaume des voix

Livre magnifique qui traverse l'histoire d'une famille mais aussi d'un village espagnol au XXe siècle. L'écriture riche nous imprègne des paysages, de la vie et de l'histoire de cette région.

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Le royaume des voix

Un roman que j'ai bien cru abandonner!

Le début du récit et des souvenirs des deux personnages principaux, Manuel et Nadia, est particulièrement dense : riche en personnages, en lieux et en anecdotes diverses, il nous plonge sans préparation dans une famille sur une période d'un siècle environ (la famille de Manuel tout d'abord en Espagne, en commençant par ses grand-parents, oncles, ... mais aussi la ville de Magina, un personnage du roman à part entière).

Toute la première partie (soit 236 pages dans mon édition) a été, je dois l'avouer, une souffrance!

Et étrangement, après, quand j'ai enfin été acceptée par la ville de Magina et intégrée parmi les habitants, ce fut très plaisant!

Je termine donc ma lecture sur une opinion très positive de ce voyage dans le temps, dans les pensées et les amours des personnages, le tout présenté dans une langue très poétique, baignée de nostalgie, pour un temps révolu, pour des valeurs à l'ancienne et surtout pour une ville.
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Le royaume des voix

Ce livre a été mon premier contact avec l'oeuvre d'Antonio Munoz-Molina. Lorsque j'en ai attaqué la lecture, j'ai été tout d'abord dérouté : en effet, les premières pages ne sont qu'une seule et unique phrase. Mais il y avait un rythme, une cadence, une fluidité des mots qui laissaient entrevoir une parfaite maitrise de l'écriture, et qui m'ont incité à persévérer. Bien m'en a pris, puisque l'histoire de ce jeune homme est captivante. A travers ses souvenirs et l'histoire de son village natal Magina, il retrouve petit à petit sa mémoire de cette nuit particulière où sa vie a pris un nouvel essor.

C'est avec un grand talent que se dévoilent petit à petit à la fois une fresque historique de l'Espagne du vingtième siècle et le cheminement intérieur de cet homme. J'en ai gardé le souvenir d'un roman attachant et splendide, certainement un livre à relire dans quelques années.

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Le royaume des voix

Dans la foulée, j'ai lu un deuxième livre de cet auteur, qui m'a légèrement moins plu. Ce roman se passe toujours dans le même village andalou et comporte aussi une belle histoire d'amour.
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Le royaume des voix

Accoutume a l'oeuvre de Munoz Molina, j'ouvre ce livre avec un geste impatient, demangeaisons aux doigts, fourmis, picotements aux yeux, symptomes tous d'attirance, plus que ca, de desir, non denue, comme tout desir, d'une certaine apprehension, et j'entame la premiere phrase, m'elancant a travers mots en une course affolee, je suis a la chasse, concentre comme un enqueteur que rien ne peut distraire de son objectif, de la cible qu'il poursuit, m'apercevant apres une page ou deux que je ne sais plus ou je suis, que je n'ai rien compris, que je n'ai rien retenu de ma lecture, que je dois tout recommencer, et que je dois abandonner cette manie, cette recherche, imbecile, du point. Je reprends depuis le debut, je m'abandonne au rythme des phrases de Munoz Molina, et lentement, insidieusement, des vagues de plaisir me submergent, un peu, beaucoup, completement: je me noie dans ce livre.





Brossant une histoire d'amour, une rencontre, ou plutot une rerencontre qui dechaine une grande passion, Munoz Molina fait parler, entre deux embrassades, entre deux etreintes, un couple, Manuel et Nadia, qui se confesse, enchevetrant, outre leurs langues, leurs souvenirs depuis l'enfance, insistant sur tous les personnages qui les ont entoures, ceux qu'ils ont connus et ceux dont ils ont entendu parler, et sur la petite ville de province qui l'a vu naitre, lui, et ou ils se sont vus sans vraiment s'en rappeler alors qu'elle y avait passe une annee avec son pere.





Quelle galerie! Un bisaieul, enfant abandonne (et de la le nom de famille qu'il porte: Exposito Exposito) qui fit la guerre de Cuba et en revint avec un chien qui vecut aussi longtemps que lui, devenant ensemble un fidele couple de taiseux; un grand pere qui, en 36, vet sa grande tenue de “guardia de asalto” pour aller a la caserne deja prise par les factieux de Franco, se fait arreter, fier comme Artaban, et passe des annees en prison; un jeune medecin, emmene yeux bandes dans la nuit pour faire accoucher une servante de grande maison, qui devient le grand medecin, mythique, du lieu; le meme medecin qui subtilisera, une fois vieux, la momie emmuree d'une jeune femme, decouverte par hasard quand une grenade oubliee explose et fait voler un pan de mur; qu'etait-elle pour lui? Et un commandant de garnison locale, qui reste du cote de la republique, abattant froidement son lieutenant fasciste, et est force de s'exiler en Amerique a la fin de la guerre; il reviendra 30 ans plus tard passer quelque temps dans la ville avec sa fille (elle sera l'heroine du couple d'amoureux) et se fera remettre par l'ancien photographe du coin une malle pleine de tires a part, en fait la memoire pictoriale de la ville; et la gardienne d'un grand palais abandonne qui, congediee dans sa vieillesse par des entrepreneurs qui le renovent, passe et repasse devant toutes les nuits pour y voler une brique qu'elle cache sous ses habits et a qui elle chante comme a un bebe; et l'aveugle, ancien fasciste, a qui on a tire deux salves de sel dans les yeux, et qui attend depuis, un revolver en poche, que quelqu'un vienne finir la besogne, comme on le lui avait promis; et l'inspecteur de police qui publiait des poemes anonymes de peur des moqueries et qui emploie sa retraite a rediger ses memoires, memoires de sa vie passee et de sa vie future; et les parents de Manuel, un pere qui a trime durement pour pouvoir acheter une petite “huerta", un petit lopin de terre, decu que son fils, intellectuel et fuyard, ne continue pas son oeuvre agricole, et une mere qui 55 ans plus tard revient aux bancs d'une ecole qu'elle a du quitter, fillette, quand eclata la guerre civile.





Et la ville! Magina, que Munoz Molina avait deja evoque dans Beatus Ille, et qui n'est autre qu'Ubeda, ou il a grandi. Une Ubeda tres reelle, mais magnifiee, aureolee par l'ecriture. On pourra s'y promener, livre en main. Venant du sud, on rangera la voiture pres d'un long muret, promu au rang de mirador par l'auteur, d'ou l'on pourra repaitre ses yeux de l'immense oliveraie vert de gris, qui pousse jusqu'au Guadalquivir et plus loin la “Sierra de Magina”, la petite cordillere de Magina (oui, meme ce nom n'est pas invente). A deux pas de la le Palais du Dean Ortega (aujourd'hui un parador de reve que je conseille chaudement), l'eglise “del Salvador", la municipalite, ancien palais elle aussi, et les jardins de la Cava, tous celebres par l'auteur. Un peu plus loin “la Casa de Las torres", de nos jours ecole d'art, ou vous ne pourrez plus voir la momie qu'avait derobe don Mercurio le medecin. Mais si vous vous demandez si ce n'est pas exagere d'imaginer une momie emmuree, qui reapparait intacte apres 70 ans, sachez qu'a Ubeda la realite depasse des fois la fiction: Il y a seulement une vingtaine d'annees, un entrepreneur qui voulait detruire une maisonette du vieux centre pour edifier a la place un immeuble moderne decouvre derriere les murs qu'il abat d'autres murs, beaucoup plus anciens. C'est ainsi qu'a ete decouverte une synagogue, emmuree depuis plus de 500 ans, qui a ete retapee et qu'on peut visiter: la tres jolie “sinagoga del agua", ainsi baptisee (j'emploie de ces verbes… heureusement que personne ne sait ou je me cache) pour le “mikve", le bain rituel ou sourd encore de nos jours de l'eau. Alors une momie de rien du tout… Munoz Molina avait vu petit pour une fois. Et je vais arreter ce tour guide, cette enumeration, avec la place que l'auteur nomme “de Orduna”, en fait la “plaza de Andalucia", qui garde tous les reperes signales dans le livre: la tour de l'horloge, la statue du general Saro, le vieux commissariat, et, sous les arcades, des magasins aux devantures rappelant les annees 60. Munoz Molina donne donc vie a la reelle Ubeda, mais sous sa plume c'est une bien meilleure vie, retouchee avec l'art du vieux photographe, Ramiro Retratista.





Waou! Quelle longue critique! Et je n'ai encore rien dit. Rien dit de mon emerveillement lisant ce livre. Il y a tellement d'amour, tellement de nostalgie, tellement de pitie, de compassion, et en meme temps tellement de rancoeur dans ses descriptions. Rien dit de l'habilete de l'auteur a nous prendre par la main et nous promener, a travers divers endroits et divers temps, dans les tetes et les coeurs, dans les pensees et les actions d'une foule de personnages. Rien dit de la profondeur avec laquelle il traite d'amour et de haine, d'exil et de retrouvailles, d'enracinement, de memoire et d'oubli. Rien dit de son heureux langage, de son style fleuri, du rythme envoutant de ses phrases. Je n'ai pas encore dit que la premiere des trois parties du livre est un regal pour tous les sens. Je n'ai pas encore dit que la fin effleure le sublime. Alors je declare, to whom it may concern, que je prendrai ce livre avec moi, pour accompagner ma solitude, quand j'echouerai sur une ile deserte (en esperant ne jamais etre tenu d'honorer cette promesse).
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Le royaume des voix

Quel incroyable conteur que ce Muñoz Molina ! Déjà qu'il nous embarque dans le pays imaginaire de son enfance, Magina n'étant sous toute vraisemblance que Ubeda où il est né, mais ici plus qu'ailleurs on se sent perdu à force de digressions. Or, ami lecteur, tout a un sens, laissez-vous bercer par le rythme nonchalant de cette histoire et vous arriverez au bout aussi étourdi que les protagonistes.



Davantage à mettre entre les mains de ceux qui ont adoré "Dans la grande nuit des temps", c'est le même style, le même phrasé, qu'au chevet de ceux qui auraient préféré "Le Vent de la lune", plus concret, quoiqu'aussi proche de ce que l'on peut imaginer être un roman aux relents autobiographiques.
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Le royaume des voix

Le royaume des voix : lecture très ardue qui m’a fait penser au défrichage d’une forêt , parfois au détour d’un sentier on découvre des champignons , on en hume l’odeur délicate et un peu surannée , ici au détour d’une phrase sans fin , je me rends compte que je suis en train de sourire car il s’agit bel et bien d’une pépite , lecture qui se mérite , on avance lentement , il n’y a pas d’intrigue en elle - même mais une douce musique pleine de nostalgie

C’est l’Espagne rurale , l’espagne avant la ruée des touristes.

La génération des grands parents et des parents a connu une vie de labeur , sans aucun confort , on travaille à la récolte des olives sans aucun outil , il n’y a pas d’eau courante , de cuisinières à gaz , pas encore de télévisions , elles vont apparaître chez les plus riches du village et susciter bien des interrogations de la part des anciens , comment peut on vieillir en quelques heures .

Et puis il y a le choc des générations, il y a un café dans le village où on passe les disques à la mode comme Les Rolling Stones , les jeunes laissent pousser leurs cheveux , n’ont plus envie de travailler aux champs .

Les femmes fument , se maquillent , mettent des mini jupes .

Le photographe aux photos noir et blanc n’a plus de clients , il y a un magasin ´ Photo 2000 ´ qui fait des photos couleurs , apparaissent les premiers magasins d’électroménager et certains qui venaient de rien font fortune , par contre certaines grandes familles , des grands propriétaires terrains sont ruinés et ça les gens du village ne peuvent l’accepter , le comprendre , c’est contraire à l’ordre des choses , ordre des choses qu’on croyait immuable .

Quand les parents vieillissent tous les jeunes ont quitté le village , il n’y a plus personne pour les aider à relever le grand père quand il fait une chute.

Les rues , les maisons sont désertes alors qu’avant il y avait des familles , des fêtes , du bruit ...

Lui c’est le premier intellectuel de la famille , il lit sans arrêt , il apprend facilement l’anglais , il s’invente des vies à l’adolescence , il rêve d’ailleurs ‘

Il a des souvenirs de son enfance d’une précision incroyable, il a une mémoire prodigieuse , une sens du détail super développé , il se rappelle des couleurs , les odeurs .

Il nous parle d’un monde disparu à jamais mais fait toujours un portait juste de ses hommes loyaux et courageux . Monde où les valeurs ancestrales sont bafouées par la modernité , les meubles de famille en chêne massif qui se transmettent de père en fils sont remplacés par du Formica , des assiettes en Duralex , les glacières viennent remplacer les puits d’eau fraîche .

Il y aussi un beau portrait de l’exilé sous les traits du commandant Galaz, le père de Nadia . J’ai adoré le passage où l’auteur évoque sa maladresse au cours de gymnastique , à mourir de rire cette description de son adolescence le peloton des maladroits .

Roman d’amour avec l’histoire d’amour avec Nadia , amour filial et hommage aux anciens , douce nostalgie, l’auteur nous rappelle avec une grande justesse qu’il ne faut jamais oublier d’où on vient , ne pas renier nos racines au risque d’être un exilé sans histoire .



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Le sceau du secret

Je suis plutôt agréablement surprise par cette première lecture d'Antonio Muñoz Molina d'autant plus que j'avais lu pas mal de critiques mitigées sur les livres de cet auteur espagnol.

"Le Sceau du secret" est un court roman qui porte bien son titre et dont le pitch présenté en quatrième de couverture résume bien le livre.



Un homme se souvient de sa jeunesse miséreuse, pleine d'espoir d'une vie meilleure. En 1974, il part étudier le journalisme à Madrid où il se trouve impliqué dans une conspiration visant à renverser la dictature du général Franco qui va échouer parce qu'il n'a pas su tenir sa langue.

Il faut dire que "Le Sceau du secret" est une locution adverbiale qui signifie À condition de ne le dire, de ne le révéler à personne.

On doute quand même de sa responsabilité dans cet échec alors qu'il avait la confiance d'un avocat pour lequel il faisait des travaux de dactylographie qui s'est révélé être le secrétaire général de la Fédération anarchiste ibérique. La FAI va pactiser avec la bourgeoisie et des membres de l'armée ou de la hiérarchie catholique au grand dam de son ami Ramonazo maoïste à qui il raconte le projet de complot.

Ils ne seront pas arrêtés mais les jeunes gens se rangeront vite de la politique pour vivre une vie tranquille en bon pères de famille.



On retrouve dans ce roman les grandes espérances de la jeunesse à l'esprit révolutionnaire et de la lutte antifranquiste, le narrateur étant admiratif de la Révolution des oeillets au Portugal alors qu'il se souvient encore du crissement des bottes des policiers à Madrid. Sa sensibilité du jeune provincial le rend touchant et c'est un plus.





Challenge Riquiqui 2023

Challenge Solidaire 2023

Challenge XXème siècle 2023

Challenge Gourmand 2023-2024

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Le sceau du secret

Ce roman d'apprentissage espagnol met en scène un jeune homme qui veut devenir journaliste. Sans le sou, il accepte un travail de dactylo pour un inconnu qui lui donne le goût du whisky, des cigarettes et des bons repas.



Cet inconnu, ce n'est pas n'importe qui. Anarchiste, il complote contre le régime en place. Nous sommes en 1974, à la veille de la mort de Franco (1975). C'est ainsi que notre apprenti journaliste va apprendre qu'il participe à un complot. Pas facile de garder la tête froide et un secret ...



Ce petit roman n'est pas désagréable mais manque de tonus, d'allant et d'un fil directeur autre que les atermoiements du narrateur, qui peine à s'affirmer et à trouver sa place.



Je me suis d'ailleurs demandée s'il ne s'agissait pas d'un récit à fort caractère autobiographique.









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Le sceau du secret

Un jeune étudiant débarque à Madrid de son Andalousie profonde en 1974 peu avant la mort de Franco. Le franquisme se perpétue inlassablement et beaucoup rêvent d'un fin expéditive à ce régime. L'étudiant rencontre un avocat haut en couleur, qui va lui confier de plus en plus de tâches.



J'ai retrouvé dans ce court roman un peu de la langueur qui sourd dans "L'hiver à Lisbonne". Pourtant aucune musique de jazz en arrière-fond, simplement cette attente qu'il se passe quelque chose, que d'autres fassent que votre vie enfin s'éveille.



Ce court roman est nettement moins abouti, même si clairement dans ce roman, comme dans d'autres, l'auteur ne cache pas son aversion contre le franquisme.



A ne pas lire en premier lieu chez cet auteur, car on risque de passer à côté des autres grands opus.
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Le sceau du secret

L'histoire se passe vers la fin de l'époque franquiste. La difficulté de garder un lourd secret est révélée à la fois par le caractère du protagoniste, jeune homme de Jerez qui va étudier le journalisme à Madrid, et par le caractère secret de cette époque de conspirateurs de tout acabit. Question de survie pour tous à la mesure de ses moyens. Espagne encore sous la dictature en même temps que se profile à l'horizon des changements importants en France et au Portugal (révolution des œillets...). L'espoir de l'ouverture à la liberté pour cette Espagne qui a tant souffert pendant cette période noire de son histoire, se manifeste avec la mort du dictateur. Littérature engagée...
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Le vent de la lune

Le vent de la lune est une sorte de roman d’apprentissage. Un jeune garçon de Malaga, dans le sud de l’Espagne, se retrouve dans cette situation critique : il n’est plus un enfant mais il n’est pas encore un homme. À l’aube de l’adolescence, il se pose bien des questions. Et les curés, en charge de l’éducation des jeunes du village, sont loin de satisfaire ses exigences élevées. La religion n’apporte pas les réponses escomptées ni le soutien espéré. Qu’a-t-elle à dire à propos de l’astronomie ? Des dérives du franquisme ? De la mort de l’oncle ?



Mais, en plus, il vit à la fin des années 1960. À cette époque, les Américains partent à la conquête de l’espace, s’apprêtent à mettre le pied sur la Lune. La mission Apollo XI a été lancée, la fusée fonce sur l’astre de la nuit ! Forcément, ça a un impact sur l’imagination d’un adolescent à l’esprit déjà fantasque. Il faut dire que le narrateur lit du Jules Verne et beaucoup d’autres romans d’aventure. Quand ce ne sont pas des ouvrages d’astronomie, scientifiques. Décidément, il ne suivra jamais le chemin tracé par son père, qui s’occupe avec soin de son verger et qui souhaiterait que son fils prenne la relève un jour.



L’auteur Antonio Munoz Molina nous dresse un portrait de ce qu’a pu être la sortie de l’enfance d’un jeune Espagnol à cette époque. Je me suis surpris à ressentir un brin de nostalgie. Pourtant, je ne l’ai même vécue cette époque, je ne pourrai jamais dire : « Quand Armstrong a posé son pied sur la Lune, j’étais en train de faire… » Mais, au-delà de la conquête de l’espace, il y a les films américains. Et les filles. Et toutes les autres préoccupations d’un adolescent. Assez universel, non ? Je crois que n’importe qui peut se mettre à la place du narrateur et ressentir avec lui ce moment charnière.



En plus, tout est raconté bellement. Je suis vraiment tombé sous le charme de la plume d’Antonio Munoz Molina. Tellement que j’avais l’impression d’y être. La chaleur andalouse, le vent qui transporte les graines des champs de blé dorés et l’odeur parfumée des épices et des fines herbes, les figues et les grenades à la chaire juteuse, etc. Le tout dans un décor pas encore ravagé par la modernité (le réfrigirateur est une innovation inqiétante !). J’adore cette atmosphère précieuse. Je lirai assurément d’autres de ses romans et j’espère la retrouver.
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Le vent de la lune

Chacun de nous et même ceux qui n'étaient pas nés à cette date, se souviennent du 20 juillet 1969, le fameux jour où l'homme marcha pour la première fois sur la Lune. Nous avons tous en tête l'image de cet astronaute posant un pied léger sur la surface de la planète grise et poussiéreuse, les phrases échangées et j'avoue que même si je n'avais que 3 ans à l'époque et que j'ai donc vu ces images beaucoup plus tard, je suis à chaque fois toujours émue, impressionnée, subjuguée même par la volonté, l'intelligence et le travail de l'homme qui ont permit cette rencontre avec l'espace, l'au-delà, l'infini...



Ce jour d'été 1969, donc, dans le village de Magina au sud de l'Andalousie écrasé de chaleur et de soleil, un jeune garçon suit avec passion chaque minute de cet évènement.



Suite sur Les lectures de Lili
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Le vent de la lune



Juillet 1969, souvenez-vous, atterrissage sur la Mer de la Tranquillité de la Lune.

Dans un petit village andalou, Magina, près de Jaen, là où seul un riche possède la télévision, l’écran s’emplit de neige précédant les images du « voyage » et le Caudillo , vieux et malade, conclut. Le possesseur de la télé , vieux et riche, acclame « Viva Franco ! » et tous se taisent, de peur qu’à travers l’écran on ne repère les opposants.

La différence entre pauvres et riches est une affaire d’odeurs : dans la maison de l’adolescent qui parle, il sent le feu de bois et le purin, auprès du puits, au jasmin et géraniums. Dans la maison de sa tante, il sent le savon, le parfum, et le pain frais quand il se love près d’elle. Dans la maison de son oncle, qui a réussi et est soudeur, ça sent la brillantine et le mazout.

Dans la maison du riche agonisant, qui auparavant sentait l’abondance de la richesse, se sont substituées l’odeur de sueur, d’urine et de mort, de patates pourries et d’animal blessé.

Chez lui, il n’y a pas l’eau courante, des carrés de papier journal sont attachés par une ficelle, près des WC, et l’eau du puits tient compte de chasse d’eau.



Et les américains vont sur la Lune. Rien ne dit qu’ils y arriveront, ni qu’ils reviendront, leur solitude dans les grands espaces inconnus résonne dans l’esprit de l’adolescent, comme pour comparer et assimiler son désarroi.

« Que sais-tu, dans une seconde tu n’auras plus le temps de comprendre que tu étais sur le point de ne plus exister ? »



Rien ne vient aider ce jeune, il n’a aucun repère, son père, cultivateur, ne sait pas manier un stylo, et l’enfant ne s’identifie ni à lui ni aux conversations circulaires de sa grand mère et de sa mère, qui reprisent et lui cousent des caleçons humiliants dans de vieux draps.

Humilié, il l’est encore plus quand il part en collège, perdu, dans un milieu de riches qui se moquent de sa pauvreté : ses camarades de classe s’arment d’un compas dans le fond de la classe, les curés lui prédisent l’enfer éternel s’il commet le péché principal, se caresser, ce qu’il fait chaque jour, travaillé par une adolescence solitaire, tenaillé entre le plaisir impératif et la culpabilité. Il a déjà compris qu’ils mentent, ces curés, que cette croisade morale inflexible ne correspond pas à la vraie vie, que Darwin a raison, alors il s’échappe en pensée, dans un monde d’après, où la gitane dont il a aperçu les seins serait avec lui dans une grotte. Il s’échappe dans les livres, Jules Verne, bien entendu, Et aussi dans ce voyage sur la Lune auquel il participe, se demandant pourquoi Armstrong et pas lui, tutoyant ses camarades imaginaires, puis utilisant à la fin du livre un nous qu’il n’emploie pas avec sa famille, ni avec ses camarades de collège.



Le passage à l’âge adulte s’opère insensiblement, comme un vent léger et imperceptible. Car, bien entendu, il n’y a pas de vent sur la Lune, le vent c’est ce qui a fait qu’il a changé, sans savoir ni pourquoi ni où il va se diriger. Ce vent qui fait qu’il se reconnaît plus, comme s’il s’était perdu en chemin sans pouvoir se définir, et que l’avenir lui fait peur.

Antonio Muñoz Molina , pour cette histoire, utilise de longues phrases à la Proust, remplies de détails destinés à illustrer la pauvreté dans un village andalou, pendant l’été 1969, là où frigidaires, téléphones et téléviseurs ne sont possession que de privilégiés, au moment où , parallèlement, le petit pas pour l’homme se double « d’un grand pas pour l’humanité. »

Lu en VO, c’est plus pratique pour moi.

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Le vent de la lune

La vie d'un jeune paysan cultivé dans une petite ville d'Andalousie, au moment où l'homme a foulé pour la première fois le sol lunaire (je me trouvais en vacances en Espagne à cette époque). Très belle description de l'adolescence, du franquisme, des travaux des champs. Bien documenté aussi sur les astronautes. Ne pas se fier à la photo de l'auteur, peu avenant et le lire en espagnol..
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Le vent de la lune

Un bonne introspection pour un ado issu de la campagne Andalouse et qui est fasciné par la Lune à l'époque du premier pas sur cette dernière.

On assiste en parallèle aux découvertes industrielles telles que la télévision, la douche en installation dans les familles rurales.

Pour une découverte espagnole, je dirais que je suis un peu mitigée, je ne sais pas trop quoi en penser car j'aurais voulu ressentir le même fond qu'à la lecture de Ruiz Zafon mais c'est différent... donc j'essaierai, sur les conseils de pirouette001 son fameux "dans la grande nuit des temps".
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Le vent de la lune

D'un souvenir à l'autre, l'Espagnol raconte comment ses rêves d'ado allaient nourrir son oeuvre, et son récit déborde de tendresse nostalgique, dans les halos du temps retrouvé.
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Le vent de la lune

"Le vent de la lune" de Antonio Munoz Molina. Un livre de souvenirs de l'adolescence d'un jeune espagnol ...

Ça nous rappelle tellement de choses... et c'est bien écrit et bien traduit.

Extraordinairement bien écrit.

Pour les vieux de mon âge, un rappel des souvenirs de notre adolescence même si ce roman se passe en Espagne.

Une belle critique de la société espagnole des années 1960; société pas si éloigné de la notre.

Un auteur génial. Un roman (autobiographique, sûrement ...) avec un climat de douceurs familiales mais

avec une difficulté d'accepter les différences, un poête chez les cultivateurs !!!!

Tout simplement passionnant.

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