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Citations de Arturo Pérez-Reverte (1137)


Frédéric tenta de se mettre à la place de ces hommes qui parcouraient l’Europe à pied, dans la boue jusqu’aux chevilles ou sous le soleil impitoyable d’Espagne : une infanterie aux semelles trouées et aux mollets durcis par les marches harassantes et interminables. Pour eux, l’officier de hussards qui n’abîmait pas ses bottes et se déplaçait sur le dos d’un beau cheval, vêtu de l’élégant uniforme d’un prestigieux régiment, constituait à coup sûr un contraste irritant avec leur triste condition de chair à canon informe et anonyme, mal habillée et plus mal nourrie encore, constamment houspillée par les aboiements de sergents hargneux. Et c’étaient eux, les fantassins du 8e léger, qui devaient faire le plus dur, pour qu’ensuite, le gros du travail terminé, les brillants hussards arrivent sur leurs chevaux et distribuent çà et là quelques coups de sabre en poursuivant l’ennemi que d’autres avaient mis en fuite et en se réservant la plus grande part de gloire. Le monde était mal fait, et l’armée française plus mal faite encore.
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La misère, la faim, les injustices, la religion laissent peu de place aux idées.
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Le poème de Borges sur les échecs, quel Dieu après Dieu déplace le joueur qui déplace les pièces ?...Eh bien, voyez-vous, je crois qu'il y a un peu de cela dans le tableau. Quelque chose qui se contient soi-même et qui de plus se répète soi-même en vous ramenant constamment au point de départ...A mon avis, la véritable clé de la partie d'échecs n'ouvre pas un chemin linéaire; la peinture semble plutôt tourner en rond, comme si elle contenait son propre intérieur...Vous me comprenez ?
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- Regardez-moi qui parle - Menchu lui fit une grimace. Nous avons droit maintenant à notre Sophocle privé. Ou Sénèque peut-être ? ... Je veux parler de celui qui tripotait les jeunes gens entre deux petits verres de cigüe.
César regarda l'amie de Julia, s'arrêta pour reprendre le fil de son discours et appuya sa tête contre le dossier du canapé, les yeux fermés dans une pose théâtrale.
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- En réalité, je n'ai pas peur, dit-il pensif, tête basse. Ce qui me préoccupe c'est de perdre des choses... L'argent. Mon incroyable puissance sexuelle. La vie.
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Peut être sourit-on à la vie de cette manière quand on a quatorze ans, et ensuite le temps se charge de vous figer les lèvres.
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Si c'est légal, c'est pas un graffiti.

pages 39 et 45
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Dans cette relation spirituelle délicate et souvent malaisée qui s'établit entre tout restaurateur et son œuvre, dans l'âpre combat que se livrent conservation et rénovation, la jeune femme avait la qualité de ne jamais perdre de vue un principe fondamental : une œuvre d'art n'est jamais remise sans graves dommages en son état originel. Julia était d'avis que le vieillissement, la patine, et même certaines altérations des couleurs et vernis, certaines imperfections, retouches, reprises se transforment avec le passage du temps en un élément aussi important de l’œuvre d'art que l’œuvre proprement dite.
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J'ai vu aussi un de ces sourires pour lesquels il faut avoir deux fois vingt ans avant que la vie ne vous le dessine ainsi sur les lèvres et dans le regard.
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Auriez-vous, monsieur, la bonté de vous mettre à la lumière et de vous décoiffer , merci, je vois que vous êtes le plus blond, permettez que je vous introduise six pouces d'acier de Tolède dans le ventre.
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S'il est vrai que chacun traîne avec soi ses fantômes, ceux de Diego Alatriste y Tenorio n'étaient ni aimables, ni de bonne compagnie. Mais, comme je l'ai entendu le dire un jour en haussant les épaules avec ce geste singulier qui était tellement le sien et qui paraissait fait à la fois de résignation et d'indifférence, tout homme courageux peut choisir la forme et le lieu de sa mort, mais personne ne choisit ce dont il se souvient.
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Le pacte d'amitié conclu entre d' Artagnan et ses compagnons n'a jamais existé, notamment parce que certains d'entre eux n'eurent pas l'occasion de se connaître...De même il n'y a jamais eu de Comte de la Fère, ou bien il y en a eu beaucoup, mais aucun d'eux ne s'appela Athos. En revanche, Athos a bel et bien existé ; il s'appelait Armand de Sillègue, seigneur d' Athos, et il est mort d'une estocade lors d'un duel, avant que d'Artagnan n'entre chez les mousquetaires du roi....Aramis était Henri de Aramitz, écuyer, abbé laïque de la sénéchaussée d'Oloron, enrôlé en 1640 dans les mousquetaires que commandait son oncle. Il finit ses jours sur ses terres, entouré de sa femme et de ses quatre enfants. Quand à Porthos...
- Ne me dites pas qu'il y a eu aussi un Porthos.
- Mais si. Il s'appelait Isaac de Portau et il a dû connaître Aramis, ou Aramitz, puisqu'il est entré chez les mousquetaires trois ans après lui, en 1643. Selon la chronique, il est mort prématurément, d'une maladie, d'une blessure de guerre, ou lors d'un duel, comme Athos.
(extrait du premier chapitre "Le vin d'Anjou" de l'édition de poche parue en 1993)
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Au nord, les Etats généraux, soutenus par la France, l'Angleterre, Venise et d'autres ennemis, consolidaient leur rébellion avec l'aide du culte calviniste, plus utile pour les affaires de leurs bourgeois et de leurs commerçants que la vraie religion, oppressive, surannée et si peu pratique pour ceux qui préféraient un Dieu qui encourageait le lucre et le bénéfice, secouant ainsi le joug d'une monarchie castillane trop distante, centralisatrice et autoritaire. De leur côté, les Etats catholiques du Sud, encore loyaux, commençaient à se lasser du coût d'une guerre qui allait durer quatre-vingts ans, ainsi que des exactions et abus de soldats que l'on considérait de plus en plus comme des troupes d'occupation. Tout cela envenimait plus qu'un peu la situation, sans parler de la décadence de l'Espagne, où un roi bien intentionné mais incapable, un favori intelligent mais ambitieux, une aristocratie stérile, des fonctionnaires corrompus et un clergé aussi stupide que fanatique nous précipitaient tête baissée vers l'abîme et la misère, alors que la Catalogne et le Portugal menaçaient de se séparer de la Couronne, pour toujours dans le cas du Portugal.
Pris entre les rois, les aristocrates et les curés, dont les coutumes religieuses et civiles tenaient dans le mépris ceux qui prétendaient gagner honorablement leur pain avec leurs bras, les Espagnols préféraient chercher fortune en combattant dans les Flandres ou en conquérant l'Amérique, à la recherche du coup de chance qui leur permettrait de vivre comme des gentilshommes, sans payer d'impôts ni lever le petit doigt.
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Mais dans le métier des armes, et pour parer à toute éventualité, le doute doit être considéré comme une certitude.
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La voie, construite en grandes dalles,de pierre encore en bon état, avait été foulée au cours des huit ou dix derniers siècles par les légions romaines, les hordes barbares, les armées gothes et les envahisseurs islamiques. Avec son tracé rationnel et droit, ses quelques bornes milliaires encore visibles, c'était là, se dit Ruy Diaz, l'une des artères par lesquelles passait l'histoire des peuples ; même si cela laissait indifférents les hommes poussiéreux et fatigués qui chevauchaient derrière lui, et lui-même. On y progressait plus commodément qu'en pleine campagne, et ils ne cherchaient pas plus loin. C'était tout et, par le Ciel, ce n'était pas rien.
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Quant à d’Artagnan, reprit-elle, c’est le pire de tous… Une fine lame ? Il ne se bat que quatre fois en duel dans Les Trois Mousquetaires, et il remporte la victoire quand Jussac se relève ou quand Bernajoux, dans une attaque aveugle, s’enferre tout seul sur son épée. Dans l’attaque contre les Anglais, il se contente de désarmer le baron et il lui faut trois estocades pour venir à bout du comte de Wardes…
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- (...) Vous savez quoi? Parfois je me demande si dans notre pauvre Espagne les rôles n'auraient pas lamentablement changé et si la noblesse ne vous reviendrait pas de droit à vous plutôt qu'à beaucoup de mes connaissances, moi compris.
- Je vous en prie, don Luis...
- Laissez-moi parler, pour l'amour de Dieu! Laissez-moi parler... Mon grand-père, qu'il repose en paix, acheta le titre parce qu'il s'était enrichi en faisant du commerce avec l'Angleterre durant la guerre contre Napoléon. Cela tout le monde le sait. Mais la noblesse authentique, l'ancienne, ne s'est pas constituée grâce à la contrebande de tissus anglais mais bien à la pointe de l'épée. Est-ce vrai ou pas?... Et vous ne me direz pas, cher maître, que vous, une épée à la main, valez moins que n'importe lequel d'entre-eux. Ou même que moi.
Jaime Astarloa releva la tête et planta ses yeux gris dans ceux de Luis de Ayala.
- Une épée à la main, don Luis, je vaux tout autant qu'un autre.
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Sans la quitter des yeux, il pensa à ce qui avait conduit Maria Onitsha à Berlin, puis Paris. Trois décennies plus tôt, parce qu'ils s'étaient soulevés contre les colons qui les réduisaient en esclavage, soixante mille Héréros avaient été exterminés par les soldats du général von Trotha, les hommes abattus, les femmes et les enfants poussés un désert aux puits empoissonnés ou ils devaient mourir de faim et de soif.
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– La France, mon ami, lance don Hermogenes. Nous y sommes enfin arrives, dans la patrie de Corneille, de Moliere, de Montaigne et de Descartes… Du vin et de la philosophie. – Et aussi de ce que l’on appelle le mal francais, ajoute l’Amiral, provocateur. Autrement dit de la syphilis.
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Les Anciens contemplaient le même paysage toute leur vie, ou en tous cas très longtemps. Même le voyageur n'y coupait pas, car tout trajet était long. Cela obligeait à réfléchir au chemin lui-même. Aujourd'hui, en revanche, tout est rapide. Les autoroutes, les trains... Y compris la télévision, qui nous montre des paysages qui changent en quelques secondes. On n'a le temps de réfléchir sur rien.
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