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Citations de Auguste de Villiers de l`Isle-Adam (239)


On dirait que, - princes d'un autre univers, - une foule invisible ne cesse de vous environner, prête à la critique ou à l'ovation. [...] L'Art conduirait-il à l'endurcissement ?... Cela m'inquiète.
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- Oh, répondit, d'un ton froid, M. Jean Richepin, le sens n'est qu'une plante parasite qui pousse, quand même, sur le trombone de la sonorité.
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Ce qui cause la réelle félicité amoureuse, chez certains êtres, ce qui fait le secret de leur tendresse, ce qui explique l'union fidèle de certains couples, est, entre toutes choses, un mystère dont le comique terrifierait si l'étonnement permettait de l'analyser. Les bizarreries sensuelles de l'Homme sont une roue de paon, dont les yeux ne s'illuminent qu'au-dedans de l'âme, et, seul, chacun connaît son désir.
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Quand il fait le portrait physique et moral de son héros , Villiers, soudain, évoque ses propres angoisses. Son ton incantatoire rappelle celui de Lautréamont :
« Néanmoins, -je suis forcé de l'avouer,- je suis sujet à un mal héréditaire qui bafoue, depuis longtemps, les effets de ma raison et de ma volonté ! Il consiste en une Appréhension, une ANXIETE sans motif précis, une AFFRE, en un mot, qui me prend comme une crise, me fait savourer toute l'amertume d'une inquiétude brusque et infernale, - et cela, le plus souvent, à propos de futilités dérisoires !
N'est-ce pas de quoi grincer des dents que de se sentir l'âme empoisonnée aussi mortellement que voilà ? Cela me confond quand j'y songe.
Etant un esprit cultivé, je me rends facilement le compte le plus clair de toutes choses : mais,- c'est singulier!- j'ai beau m'expliquer, par exemple, en acoustique,- et même, en physique, à l'aide de deux extrêmes soudains du froid et du chaud,- le bruit du vent,- eh bien ! Quand j'entends le Vent, j'ai peur. Aux mille tressaillements du Silence, - produits par les causes les plus simples,- je deviens livide. Toutes et quantes fois que l'ombre d'un oiseau passe à mes pieds, je m'arrête, et posant par terre ma valise, je m'essuie le front, voyageur hagard ! Alors je reste oppressé sous le poids d'une inquiétude nerveuse, -pitoyable!- du ciel et de la terre , des vivants et des morts.
Et, malgré moi, je me surprends à vociférer :
- Oh ! oh ! Que peut signifier ce caravansérail d'apparitions, tenant leur sérieux pour disparaître incontinent ? - L'univers est-il oiseux ? … L'Univers dévorateur – chaîne indéfinie où les pieds de l'un craquent entre les mâchoires de l'autre – est-il destiné lui-même à la voracité de quelque Eon ? Quel sera son ver de terre ? Réponds-moi, bruit du vent, oiseau qui passes ! ...et toi qui le sais, ô Silence !
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Si vous tenez à ce que votre avis soit accepté, sachez ceci : qu'avoir raison, c'est avoir "plus" raison. Quel but vous proposez-vous ? Amener à vos vues ? Ne commencez donc jamais par blesser autrui d'une dénégation absolue de son avis. Dites ce qu'il dit, et si vous avez l'au-delà, faites-le lui voir. Il y viendra de lui-même ; mais il mourra sur la brèche plutôt que de démordre que vous avez tort, si vous commencez par nier ce qu'il dit. Ne vous emportez donc jamais ! dans aucune circonstance ! si vous n'êtes plus maître de vos paroles, comment le serez-vous des paroles d'autrui ?
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Au lieu de soleil, nous avons des lustres ; au lieu de visages, des masques ; au lieu de sentiments, des sensations. Vous vous attendez à des hommes, à des femmes, à des jeunes gens ? Ceux qui nient les spectres ne connaissent pas le monde.
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Voyez-vous. Monsieur, si les autres ne sont pas dupes des mots, moi je ne suis pas dupe des faits ! Et toutes les fois qu'une impression, qu'une simple idée me semble belle, m'élève au-dessus de la vie et me fait oublier mes servitudes et mes soucis, je donnerai toujours tort au fait qui se permettra de vouloir en démentir la réalité, quelque spécieux que puisse paraître ce fait.
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Ma dot vous appartient de droit : n'en parlons plus. Ces deux cent mille francs serviront, je pense, à l'éducation et au mariage de votre fille, de l'enfant que je vous ai donnée, et que la loi constamment prévoyante, ne me permet pas d'emporter avec moi.
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(...) Et nul d'entre eux ne peut s'élever d'avance jusqu'à cette réflexion qu'un secret, aussi terrible qu'il soit, s'il n'est jamais exprimé, est identique au néant.
P.227 L'inconnue
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Oui : telles sont ces femmes ! jouets sans conséquences pour le passant, mais redoutables pour ces seuls hommes, parce qu’une fois aveuglés, souillés, ensorcelés par la lente hystérie qui se dégage d’elles, ces « évaporées » ― accomplissant leur fonction ténébreuse, en laquelle elles ne sauraient éviter elles-mêmes de se réaliser, ― les conduisent, forcément, en épaississant, d’heure en heure, la folie de ces amants, soit jusqu’à l’anémie cérébrale et le honteux affaissement dans la ruine, soit jusqu’au suicide hébété d’Anderson.

Seules, elles conçoivent l’ensemble de leur projet. Elles offrent, d’abord, comme une pomme insignifiante, un semblant de plaisir inconnu, ― ignominieux déjà, cependant ! ― et que l’Homme, au fond, n’accepte de commettre qu’avec un sourire faible et trouble et, d’avance, un remords. Comment se défier absolument, ― pour si peu ! ― de ces illicébrantes mais détestables amies, qui sont, chacune pour chacun, celle, entre toutes, qu’il ne faut pas rencontrer ! Leurs protestations et leurs instances, ― si subtiles, si artificieuses qu’on n’en distingue plus le métier ― l’obligent, presque… (ah ! je dis presque ! ― tout est dans ce mot, pour moi !) ― de s’asseoir avec elles à cette table où, bientôt, le démon de leur mauvaise essence les contraint, s’il faut tout dire, elles aussi, de ne verser à cet homme que du poison. Dès lors, c’en est fait : l’œuvre est commencée : la maladie suivra son cours. Un Dieu seul peut le sauver. Par un miracle.

En conclusion de tels faits, dûment analysés, édictons le draconien décret suivant :

Ces femmes neutres dont toute la « pensée » commence et finit à la ceinture, ― et dont le propre est, par conséquent, de ramener au point précis où cette ceinture se boucle, toutes les pensées de l’Homme, alors que cette même ceinture n’enserre, luxurieusement (et toujours !) qu’un méchant ou intéressé calcul, ― ces femmes, dis-je, sont moins distantes, en réalité, de l’espèce animale que de la nôtre. Par ainsi, étant tenu compte d’un scrupule, l’homme digne du nom d’homme a droit de haute et basse justice sur ce genre d’êtres féminins, au même titre qu’il se l’arroge sur les autres individus du règne animal. (pp. 184-185)
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— Raymond, dit tranquillement le comte, ce soir, nous sommes accablés de fatigue, la comtesse et moi ; tu serviras le souper vers dix heures. — À propos, nous avons résolu de nous isoler davantage, ici, dès demain. Aucun de mes serviteurs, hors toi, ne doit passer la nuit dans l’hôtel. Tu leur remettras les gages de trois années, et qu’ils se retirent. — Puis, tu fermeras la barre du portail ; tu allumeras les flambeaux en bas, dans la salle à manger ; tu nous suffiras. — Nous ne recevrons personne à l’avenir.

Le vieillard tremblait et le regardait attentivement.

Le comte alluma un cigare et descendit aux jardins.

Le serviteur pensa d’abord que la douleur trop lourde, trop désespérée, avait égaré l’esprit de son maître. Il le connaissait depuis l’enfance ; il comprit, à l’instant, que le heurt d’un réveil trop soudain pouvait être fatal à ce somnambule. Son devoir, d’abord, était le respect d’un tel secret.

Il baissa la tête. Une complicité dévouée à ce religieux rêve ? Obéir ?… Continuer de les servir sans tenir compte de la Mort ? — Quelle étrange idée !… Tiendrait-elle une nuit ?… Demain, demain, hélas !… Ah ! qui savait ?… Peut-être !… — Projet sacré, après tout ! — De quel droit réfléchissait-il ?…

Il sortit de la chambre, exécuta les ordres à la lettre et, le soir même, l’insolite existence commença.
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Et, depuis lors, toute la petite ville de D*** est en proie à l’incertitude la plus lamentable. C’est comme une fatalité !… Personne ne peut éclaircir le mystère qui pèse encore aujourd’hui sur le festin victorieux de Me Lecastelier.

(Le plus beau dîner du monde)
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- C’est le même dîner ?
- Oui, le même. […]
- Cependant, n’y avait-il pas quelque chose ?
- Oui, oui, il y avait quelque chose !
- Enfin, - là, - il est plus beau !
- Oui, c’est curieux. C’est le même… et, cependant, il est plus beau !

(Le plus beau dîner du monde)
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Une fois assis, […] les convives, en parcourant le menu d’un œil sévère, s’aperçurent, avec une stupeur menaçante, que c’était le même dîner !
[…] Percenoix ne cherchait même pas à dissimuler la joie d’un triomphe qu’il crut désormais assuré. Et l’on déplia les serviettes.
Ô surprise ! Chacun trouvait sur son assiette, - quoi ?… […] - une pièce de vingt francs.

(Le plus beau dîner du monde)
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Soudain, après avoir pris le café, Me Lecastelier, que tout le monde regardait et plaignait sincèrement, se leva, froid, austère, et, avec lenteur, prononça ces paroles - au milieu d’un silence de mort :
- J’en donnerai un plus beau l’année prochaine.

(Le plus beau dîner du monde)
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Le dîner était simple : deux potages, trois entrées, trois rôtis, trois entremets, des vins irréprochables, une demi-douzaine de plats divers, puis le dessert.
Mais tout était exquis !
De sorte que, en y réfléchissant, le dîner, eu égard aux convives et à leur nature, était, précisément, pour eux “le plus beau dîner du monde !” Autre chose eût été de la fantaisie, de l’ostentation, - eût choqué.

(Le plus beau dîner du monde)
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Pibrac, Nayrac, duo de sous-préfectures jumelles reliées par un chemin vicinal ouvert sous le régime des d'Orléans, chantonnaient, sous les cieux ravis, un parfait unisson de moeurs, d'affaires, de manières de voir.
Comme ailleurs, la municipalité s'y distinguait par des passions ; comme partout, la bourgeoisie s'y conciliait l'estime générale et la sienne ...
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Il détermine, il rachète, il précipite à genoux, il éclaire !... Les profanateurs eux-mêmes fléchissent devant lui. Qui lui résiste est son esclave. Qui le méconnaît étourdiment souffre à jamais de ce dédain. Partout il se dresse, ignoré des enfants du siècle, mais inévitable.
La Croix est la forme de l’Homme lorsqu’il étend les bras vers son désir ou se résigne à son destin. Elle est le symbole même de l’Amour, sans qui tout acte demeure stérile. Car à l’exaltation du cœur se vérifie toute nature prédestinée.
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ELISABETH : […] Je me sens absente, dans cette enfant, -qui a des façons de me regarder… comme si j’étais une étrangère ! … […] Croyez-vous que j’eusse hésité à en faire ma compagne de malheur ?... – Mais, si certains désespoirs ont leur grandeur et leur beauté, le mien, en tombant dans la nature de votre enfant, n’y deviendrait qu’un poison ! Tenez, mon cœur a saigné goutte à goutte tout son amour ! … Je suis une morte : je glacerais ma fille en l’embrassant.
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--Éterniser une seule heure de l'amour,--la plus belle,--celle, par exemple, où le mutuel aveu se perdit sous l'éclair du premier baiser, oh! l'arrêter au passage, la fixer et s'y définir! y incarner son esprit et son dernier voeu! ne serait-ce donc point le rêve de tous les êtres humains? Ce n'est que pour essayer de ressaisir cette heure idéale que l'on continue d'aimer encore, malgré les différences et les amoindrissements apportés par les heures suivantes.--Oh! ravoir celle-là, toute seule!--Mais les autres ne sont douces qu'autant qu'elles l'augmentent et la rappellent! Comment se lasser jamais de rééprouver cette unique joie: la grande heure monotone! L'être aimé ne représente plus que cette heure perpétuellement à reconquérir et que l'on s'acharne en vain à vouloir ressusciter. Les autres heures ne font que monnayer cette heure d'or! Si l'on pouvait la renforcer des meilleurs instants, parmi ceux des nuits ultérieures, elle apparaîtrait comme l'idéal de toute félicité réalisé.
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