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Critiques de Benjamin Whitmer (365)
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Évasion

«Viens, nuit épaisse, et enveloppe-toi de la plus sombre fumée de l’enfer: que mon couteau aigu ne voie pas la blessure qu’il va faire; et que le ciel ne puisse pas poindre à travers le linceul des ténèbres, et me crier: Arrête! arrête! » (Macbeth).



Je ne sais pas si Benjamin Whitmer connait ces vers de Shakespeare mais je trouve qu’ils collent parfaitement à l’ambiance qui se dégage de son livre.



Par une sombre et glaciale nuit d’hiver 12 dangereux criminels s’évadent de la prison de Old Lonesome et sont poursuivis par les gardiens de la prison. Gardiens, qui pour la plupart, sont des vétérans du Viêtnam, nostalgiques de ce bon vieux temps où l’adrénaline du combat et de la chasse à l’homme coulait dans leurs veines. Dopés aux amphéts et à la testostérone ils ne mettront pas longtemps à se transformer en de véritables psychopathes mus par l’espoir des pauvres types qui veulent être des héros.



Oubliez le schéma classique des gentils (les gardiens) contre les méchants (les taulards) tout le monde est pourri, malhonnête et a basculé depuis belle lurette dans le côté obscure de la force. Whitmer utilise toutes les nuances de gris (nan pas de grey svp on reste concentré) et de noir qui existent pour nous immerger dans un ambiance délicieusement sombre. Les personnages sont meurtris, paumés, border line, et font osciller le lecteur entre empathie et répulsion.



Un gardien (Jim) et un détenu (Mopar) sortent du lot. Jim s’est laissé porté par la vie et n’a pas vraiment fait de choix, tandis que Mopar n’a eu de cesse de se débattre et de nager à contre courant pour finalement obtenir le même résultat : la prison. Ok ils ne sont pas du même côté des barreaux mais cela ne semble pas avoir beaucoup d’importance.

Et au milieu de tout ça il y a une femme (il y a toujours une femme) :Dayton. Elle aussi est en cavale en quelque sorte, elle tente de s’évader depuis presque toujours mais de coups du sort en mauvaise pioche elle semble revenir sans cesse au point de départ.

Il y a aussi deux journalistes venus couvrir les évènements, deux personnalités qui vont évoluer de manière étonnante au fil des pages. On croisera même un sage : mélange de John Café (comme le café) et de Freud. Une armoire à glace fin psychologue et philosophe à ses heures perdues.



Le tout est servi par une écriture captivante. Franche, directe, Whitmer va droit au but et raconte admirablement comment la souffrance et la détresse peuvent faire basculer les âmes.
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Évasion

Pas la peine d’espérer sortir indemne de la spirale d’Old Lonesome, Colorado, en particulier de sa prison, sœur siamoise de la ville, une ville-ventouse, dont même les naturels en liberté sont encollés dans sa glu funeste, bégayant sans fin des histoires familiales au goût de foireux et de périmé.



L’absence d’amour, les ratages en tous genres, la violence les chaperonnent dès le berceau et ankylosent toute velléité de tricoter un peu de bonheur ou de prendre la tangente. Si personne ne te hait, tu t’en chargeras toi-même, pas un problème.



En matière de violence, on était prévenu, ça s’étale comme tache de mazout sur cormoran et ça colle bien aux pattes. Le résumé alléchant des chroniques précédentes m’avait pourtant convaincue de plonger sans plus attendre dans la nappe, en prenant une grande inspiration quitte à faire de l’apnée au kilomètre ; las, j’avais présumé de ma bravachitude, mon carter a bloqué à la 27e dent arrachée, à moins que ce ne soit plutôt au bruit de l’os maxillaire, j’ai un doute ; j’envie ceux qui se baladent fluidement d’une trépanation à un gobage oculaire, ça leur ouvre des angles d’univers bien plus vastes que les miens et qu’il me serait pourtant plaisant de prospecter .



Mais plutôt que de me considérer comme une femmelette, je me réfugie dans des explications ronflantes à haute portée existentielle, du genre je me suis pas fait suer à fabriquer des petits corps de A à Z et de Z à A pendant 9 mois pour que d’autres défassent le lego par petits morceaux, purée de bois ça sert à quoi de se décarcasser . C’est l’ADN qui renâcle, je vois que ça.



Les thrillers à la télé, c’est niet d’office aussi, rien que la lecture du pitch je suis en hyperventilation ; de toute façon, je regarde si peu la télé que ça me fait le même effet que sur une peuplade oubliée de la civilisation, je prends tout au premier degré, mon organisme déclenche le plan ORSEC et met en alerte rouge toutes les tubulures de survie ; pas facile tous les jours d’être une chiffe molle de l’émotion.



Qu’à cela ne tienne, j’ai malgré tout adoré ce livre car à cette coulée de boue de déboires en tous genres correspond un humour et des dialogues du même tonneau, on en prend plein la tête mais dans la pétillance, cette fois. Ah c’est vraiment bon, ces réparties vitesse éclair, ces blagues inénarrables du Colorado, ces images soufflantes que Whitmer décroche d’un coin insolite de son cerveau. On pouffe toutes les 3 minutes, ça compense largement.



Un univers au décalage d’un quart de tour pour tous les personnages : les femmes ont pivoté sur le mode rangers, les hommes sur le mode ours noirs. Les enfants sont restés tels quels, mais ils sont souvent à l’étage au-dessus , c’est préférable . Les animaux , pas con le Gaston, ils sont partis au fin fond de la forêt avec toutes les pattes à leur disposition.



Comme petit couac, un peu trop de protagonistes, on s’emmêle souvent à les discerner dans le blizzard, quoique, finalement, ils soient un peu interchangeables ; les gardiens de la prison pourraient aisément passer de l’autre côté, le directeur plus encore, les gens du cru ont quant à eux un bon potentiel pour l’intégrer à brève échéance ; la prison est finalement une case comme une autre d’un escape Game pipé.



"Il n’existe aucun crime dont je ne me juge capable, voilà ce que dit Goethe"; les hommes s’entrechoquent sans fin sans jamais trouver une rivière chaude qui leur fermerait les yeux pour une nuit au moins.





Bon, en fait j’ai adoré ce livre parce qu’il est bourré de métaphores hardies et que l’humour de Whitmer est excellent ,et ce serait bien dommage de le rater pour quelques petits craquements d’os malencontreux, allez, sans rancune...

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Cry Father

Voilà un roman noir comme je les aime. Arrosé de bière et de bourbon, avec des dialogues bien sentis, et où il n’est pas toujours évident de tracer la frontière entre les bons et les méchants. Un roman noir avec ses dérapages, aussi, bien sûr, qui sont autant de chances pour un nouveau départ.



Patterson, ce quadra, qui gagne sa croute à déblayer les terrains des catastrophes, et il y a de quoi faire aux States, qui crèche dans une cabane perdue dans la mesa, loin de toute civilisation, ce père endeuillé, blessé et fort à la fois, comme il m’a touchée, comme j’ai eu envie de le tenir dans mes bras.



Whitmer nous parle de la difficulté d’être père et de la perte, mais il y instille aussi, délicatement, un élan de vie et de lumière. Rien ne s’arrête, rien n’est définitif et, même dans les pires moments, la vie ne cesse de placer de nouvelles chances sur notre chemin.



Revigorant et résolument optimiste, exactement ce dont j’avais besoin.

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Cry Father

A priori, rien de commun entre Patterson Wells et Junior si ce n'est Henry, meilleur ami du premier et père distant du second.

Arf, en cherchant bien, y aurait quand même comme une persistante propension commune à l'autodestruction.

Depuis la disparition de son fils Justin, Patterson n'est plus qu'un fantôme dépressif s'évertuant bien à l'être régulièrement justin...bibé.

Junior, lui, presque aussi désabusé que son aîné, a fait de la violence et du trafic de meth ses principes fondamentaux inaliénables.

Deux cavaliers maléfiques drapés de leurs noirs oripeaux peuvent-ils faire de leur union un point d'ancrage durable dans une réalité aussi désillusionnée ?

Là, comme ça, à chaud, je serai tenté de dire non...



Issu de la collection neonoir de chez Gallmeister, ce Cry Father obscur possède la beauté du Diable. De celle qui vous font contempler le chaos en marche avec le sourire radieux du petit ravi de la crèche. En effet, difficile de concevoir un quelconque espoir pour ces deux accidentés de la vie et en cela, Whitmer s'y est parfaitement attelé.



Deux âmes errantes, deux univers fuligineux fusionnant pour s'immerger de concert en un abîme toujours plus sombre et profond, le tableau démoralise et fascine tout à la fois.



Je me suis abreuvé à la source Whitmer, vénéneuse et lugubre à souhait. A défaut d'y avoir trouvé la paix, je m'y suis repu d'une amitié perverse et fétide.



Whitmer écrit juste.

Un faux rythme nonchalant aux fulgurances dévastatrices.



Pour peu que vous ayez le moral dans les chaussettes, venez donc poser vos valises pleines de rancoeur dans le Colorado, je gage qu'en le quittant, vous vous sentiez beaucoup plus légers...



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Dead Stars

« Je ne lis pas de livres qui parlent de ce que ça fait que d'être vaguement malheureux dans le Connecticut ». ● Colorado, septembre 1986. Hack Turner élève seul ses deux ados, Nat et Randy, après que sa femme Joy, toxicomane, a fui. Un soir, il est chez des collègues de travail lorsque sa fille lui téléphone pour lui signaler que Randy est parti depuis deux heures et n'est toujours pas rentré. Après avoir reproché à Nat de ne pas l'avoir appelé plus tôt, Hack se lance à la recherche de son fils. ● Cinq mois après la tragédie de Tchernobyl, le récit prend place dans une ville, Plainview, qui se structure autour d'une usine de traitement de matériaux nucléaires où les ouvriers comme Hack prennent tous les risques. A la suite d'un grave accident impliquant sa collègue Connie, Hack décide de parler à un journaliste, ce qui va faire de lui la brebis galeuse de la ville, d'autant que sa famille a un long arriéré, si bien qu'on ne va pas se bousculer pour l'aider à retrouver son fils Randy. ● C'est un roman très noir avec des personnages un peu trop monolithiques et des phrases qui reviennent trop souvent comme « il mange sa colère » ou bien l'élégante « il faut laisser la merde à hauteur de chaussure ». ● Ça sent fort la testostérone, avec des personnages de taiseux qui ne savent plus comment davantage étaler aux yeux du monde leur hypervirilité. On peut d'ailleurs se demander comment le roman peut être aussi bavard avec des personnages qui disent aussi peu de choses, même quand ils parlent d'ailleurs... ● Les cinq cents pages sont bien longuettes et à la moitié j'en avais un peu assez de ces poses de cow-boys qui ne s'en laissent pas conter… ● Les images, métaphores et comparaisons, sont à l'avenant et manquent pour le moins de subtilité. le style n'est intéressant que par l'ellipse et l'allusion, mais finit tant il en use par rendre l'histoire confuse. ● Bref, je n'ai pas accroché et en matière de noir américain contemporain, je préfère et de loin les romans de Jake Hinkson (publiés aussi chez Gallmeister).
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Évasion

Douze détenus qui, le soir du réveillon 1968, prennent la tangente. La prison de la ville d’Old Lonesome est en état d’alerte, les gardes partent en chasse, les journalistes cherchent le scoop, le directeur de la prison chapeaute la traque depuis son QG.



À travers des messages radios scandés toute la nuit, le directeur Jugg invite les habitants d’Old Lonesome à s’enfermer chez soi et à ne laisser rentrer personne. La ville devient petit à petit un immense terrain de jeu pour une partie de cache-cache sanglante.



Avec ce troisième roman impressionnant, et après un Pike d’excellente facture Whitmer s’impose comme un nouveau maître du roman noir américain.



Avec une intrigue de traque et de méchants détenus qui pourrait sembler aussi minimaliste qu’éculée, Benjamin Whitmer use d'une belle écriture qui sait mêler un certain lyrisme à la sécheresse de ton dans de courts chapitres bien construits et des dialogues particulièrement affutés.



ec ce roman choral de teneur assez crépusculaire, dont le noir et le mal suintent de chaque page, Benjamin Withmer possède une vraie et belle capacité à rendre haletante une intrigue solide et épurée, cela contribue au fait qu'on y plonge avec un réel plaisir.



L'auteur sait aussi y faire avec son style imagé pour décrire des scènes qui seraient certainement assez insoutenables si elles étaient portées à l'écran : dans Évasion, la tension monte, au fil des pages et vous plonge au cœur de l’action.

Dans ce roman d’une belle puissance qui nous prend aux tripes jusqu’à la toute fin et cette poésie macabre, et l’auteur arrive aussi à s’affiner dans son formidable style!



Benjamin Whitmer prouve avec son nouveau roman, Évasion qu’il est avec son troisième roman une voix qui compte du roman noir américain
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Évasion

À Old Lonesome dans le Colorado, il n'y a ni Dieu, ni maître ; chacun semble s'y débattre avec sa pauvre vie dans l'indifférence polie de son voisin. Encore que si, il y en a un qui fait office de "maître" : le directeur Jugg qui contrôle la prison et à travers elle, l'ordre, qu'il faut coûte que coûte continuer à faire régner pour éviter un hypothétique chaos généré par le réveil des âmes.



Alors quand le soir du réveillon, une douzaine de détenus se fait la belle dans le blizzard, la neige et le froid glacial, il bourre ses gardiens d'amphets et les lâche le temps d'une nuit tels des chiens aux trousses de leurs - faciles - proies. C'est un peu court me direz-vous... Sauf que c'est magistral, et qu'à l'image des plus grands, Benjamin Whitmer n'a pas besoin d'artifices rebondissants façon page turner pour garder son lecteur dans son livre pendant 404 pages.



Car dans Evasion, servi par une atmosphère sombre et angoissante conférée autant par le climat que par la violence désabusée de nombre de ses protagonistes, Whitmer nous décrit une incroyable galerie de personnages, plus paumés, cassés, désespérés les uns que les autres, rarement vus dans l'univers littéraire US. Tu veux un peu plus de teasing ? Commence juste par écouter quelques noms : Mopar, Bad News, L'Étron, Pearl Greene, Shitkick, Dickie Carr... et j'en passe.



Le temps d'une nuit racontée de manière chorale, Whitmer nous dévoile les liens qui unissent toutes ces âmes traqueuses ou souvent, qui les unissaient ; les fêlures creusées au fil des ans ; les rancoeurs accumulées de manière irréversible ; et parfois les petites lueurs d'espoir qui subsistent chez certains d'entre eux, entretenues par la perspective d'un nouveau départ. Mais finalement, tout le monde traque un peu tout le monde...



C'est violent, hard, sec, noir, bien noir, très noir, fleuri et grossier comme il faut, mais écrit dans une langue à la fois dure et pure qui parfois touche à la poésie, une nouvelle fois remarquablement traduite par Jacques Mailhos.



À l'image des plus grands vous disais-je... D'ailleurs un auteur US capable de citer Flaubert et sa mère (!) - "L'amour des mots t'a desséché le coeur, Gustave" - ne peut être que grand, très grand !



Précipitez-vous !
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Pike

Pike n'est pas un rigolo, Pike n'est pas un tendre. Pike n'est pas un humaniste.



Fallait pas tuer sa fille, les gars. Pas qu'il y était attaché. Pas qu'il la fréquentait. Pas qu'il s'y intéressait. Mais sur le principe quand même, y a des choses qui se font pas. Et en plus, il se retrouve garde-chiourme de sa p'tite fille. Ah là oui, ils l'ont vraiment mis en colère. Et il ne va pas faire de quartier. Y a de l'ingénu qui va souffrir. Car quand Pike fâché, Pike toujours faire ainsi (notez la subtile référence au capitaine Haddock dans le génialissime Tintin et le Temple du Soleil).



Benjamin Whitmer est un orfèvre de la phrase. Celle qui fait mouche. Celle qui tue. Celle qui casse. À la Brice de Nice mais en plus Dark. C'est à dire que quand il casse, le Whitmer, les gens meurent vraiment ou prennent cher et c'est pas que par des vannes.



Enchaînant les perles dans un collier de vicissitudes, Whitmer nous régale.

Alternant rires et rictus déformés, par tant de vices dans la gente humaine, le nihilisme est à son comble. Ici les hommes sont des salopards, les femmes des putes. Et pis c'est tout.



Chez Whitmer, les miroirs sont sombres aux reflets sales et ne renvoient que dégoûts, amertumes et déceptions.



En revanche, les personnages sont d'or, brillamment écrits, de petites pépites lustrées. Des destins brisés, des lendemains contrariés. Une fuite en avant avec pour seule issue : le mur.



Ce qui sauve le lecteur de la dépression, c'est cette écriture aiguisée, ce sens du rythme dans le mot, cette saveur particulière qui dessine des sourires sur l'estomac. Et fait glousser comme un dindon au beau milieu d'une page presque toutes les pages.



Allez, on se met dans l'ambiance :

"- Merde je suis aimant. J'entretiens sa pelouse. Je la tonds. Je la garde humide.

Rory le fixe.

- Je laboure son lopin. Je débroussaille son petit jardin de derrière.

- Encore une comme ça, dit Rory, et je t'abats."



- C'est possible de manger ? demanda Pike.

- C'est possible. (Il fait un geste du menton par-dessus son épaule.) On a trois mexicains dans la cuisine.

- On mange pas les mexicains.



Si le style est à tomber et les personnages croquants/craquants, l'intrigue est la petite faiblesse du bouquin. L'histoire tourne vite en rond et sa résolution est lapidaire voire expéditive mais finalement on s'en fout. Redonnez- moi un p'tit noir, un Whitmer de préférence !3,5/5

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Évasion

Voilà une bien belle découverte d'un auteur de roman noir comme on les aime.

Une ambiance bien sombre, des personnages bien travaillés, des dialogues savoureux et des situations tragiques qui virent au carnage.

L'auteur crée une ville régit par sa prison et son directeur qui détient tout pouvoir sur la ville. L'évasion de 12 prisonniers va déclencher un déferlement de violence sur cette petite ville bien tristounette. L'auteur explore la bassesse et la noirceur de l'âme humaine du plus honnête habitant, au pire des prisonniers, le tout sous le joug d'un directeur et de ses sbires. Chaque être humain cache en lui un désir de violence et une occasion qui lui permettra de se déchaîner.

Un vrai plaisir de lecture, si vous cherchez un roman noir récent, n'hésitez pas. Je m'en vais de ce pas lire ses deux premiers romans.
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Dead Stars

“Garde la merde à hauteur de tes chaussures. »



À Plainview dans les faubourgs de Denver-Colorado, le jeune Randy a disparu. Bon début pour un thriller ? C’est mal connaître Benjamin Whitmer qui dans Dead Stars – traduit par Jacques Mailhos – nous en fait un sacré bon roman noir !



Mais Randy est un Turner, et c’est peu de dire que personne en ville ne se précipite pour chercher l’adolescent, tellement la famille sent le soufre. La faute à Robin, le grand-père, qui a autrefois mis la ville sous sa coupe pour masquer ses trafics d’alcool et de stups. La faute à Whitey, l’oncle, « plus fainéant que le type qu’a dessiné le drapeau du Japon » et qui a repris le business familial en mode petits bras.



Mais aussi la faute à Hack, le père de Randy, qui travaille comme toute la ville dans l’usine de traitements nucléaires et a assisté à l’accident du bâtiment 771 causé par du plutonium qui n’était pas sensé y être. Un scandale étouffé que Hack a commencé à révéler à un journaliste d’investigation.



Et en cette année 1986 où Reagan fait son Président sur fond de menace communiste persistante et de course à l’armement nucléaire, fait pas bon l’ouvrir un peu trop contre la big company qui fait vivre toute la ville tout en la faisant crever.



« On est des Turner, (…) on était là avant leur ville et leur usine. »



Dead Stars est une réussite totale et permet à Gallmeister de renouer avec le noir – très noir – qui fit son succès et qui nous manquait. Whitmer s’y montre hyperréaliste de désillusion dans ses descriptions de cette Amérique « entre-deux » des années Reagan, qui traine encore des relents de guerre froide sans avoir basculé dans le repli.



Il excelle dans les portraits, qu’ils soient de salopards (Robin), de paumés (Whitey) ou de sages (le shérif). Avec pour point d’orgue ce Hack magnifique qui lutte contre ses démons et pour ses enfants, ou ces femmes à l’avenir sombre (Nat), parfois points d’équilibre d’une famille dont elles ne sont pas issues (Autumn).



Pas de rebondissement à deux balles, de twist ni de fins de chapitres ouverts en questionnements chez Whitmer. Du minimalisme, de l’épure et une économie de mots assez bienvenue chez ces taiseux qui savent les limites du dépassement de la loi, juste ce qu’il faut pour garder la merde à hauteur de chaussures.



Du grand Whitmer !

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Évasion

Roman noir d'une puissance inouïe structuré avec oiginalité dans lequel on suit au fil des chapitres, les protagonistes de cette évasion de la prison d'Old Lonesome, à savoir les détenus, les traqueurs, les journalistes, les gardiens, le directeur, la hors-la-loi. La plupart de ceux-ci traînent en eux-mêmes d'autres protagonistes, vivants ou morts, père, fils, épouse, maîtresse, collègues, voisins dont le vécu vient émailler le récit sans créer de longueurs superflues.



Un très bon roman d'atmosphères, principalement atmosphères du mal, de l'échec, des souffrances infligées ou subies, des amours ratées, des vies échouées dans la détresse ou l'alcool ou la drogue.



Une violence qui saisit le lecteur soudainement au détour d'un paragraphe, une cervelle qui éclate, un corps qui s'écroule, un espoir qui s'effondre. Mais cette violence est nécessaire dans ce contexte sociologique d'une Amérique déjà perdue entre le Ku-Klux-Klan, les armes, les haines, les souvenirs des guerres telles que Corée ou Vietnam.



Le dénouement est tel que l'on pouvait l'imaginer avec un triomphe de la mort violente et quelques espérances ténues de survie, dans la douleur ou peut-être l'oubli.



Et puis, accroissant l’histoire déjà si puissante, il y a son cadre, somptueux, la nature sauvage du Colorado en hiver, avec la tempête de neige au cours de cette longue nuit, neige qui engloutit tout, les traces, les espoirs, les passions.



Enfin, une écriture de chef d'orchestre, coordonnant l'ensemble en une symphonie de blanc, de rouge et de noir, avec un rythme porté par des dialogues brefs, des phrases courtes, s'allongeant lorsque les considérations le justifient, telles celles à propos des étoiles, Orion, Persée ou d'autres.



L'auteur affirme qu'il n'y a rien ou presque qui vaille de vivre en ce monde. Il y a au moins la chance de lire ce roman.



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Les Dynamiteurs

Il y a quelque chose de ´L’oiseau du bon dieu’, mais en moins bon, avec ce garçon qui, pour vivre, va devenir le ´commis’ de deux dynamiteurs. Un western qui démarre dans un squat d’orphelins à Denver. Une gamine attachante qui se bat pour les nourrir. Nous sommes en 1895 avec une panoplie des rejetés de la société. J’ai aimé le début, puis me suis lassée des meurtres et des bagarres répétitives. Peut-être que si je l’avais lu avant celui cité, je l’aurais mieux apprécié...
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Évasion

Petit catalogue de sapins de Noël:



Modèle 1 : sapin aux lumières rouges pour salon au divan rouge, aux fauteuils rouges, à la moquette rouge, avec lampe de table à abat-jour rouge.

Modèle 2 : sapin acheté d'occasion, orné de guirlandes de pop-corn et de canneberges et de décoration en carton peint.

Modèle 3 : petit sapin de Noël qu'on achète tout décoré.

Modèle 4 : petit sapin de Noël de table couvert de fausse neige et orné d'une guirlande électrique bleue (le genre de sapin que les gens sans enfants ont chez eux).

Modèle 5 : sapin de Noel aux branches ployant mollement sous le poids des pommes de pin peintes et des guirlandes de cranberries.

Modèle 6 : sapin qu'on le met le 24 décembre et qu'on enlève le lendemain.

Modèle 7 : sapin de Noël aux branches si régulières qu'il vous faudra vous retenir de le toucher pour vérifier que c'est un vrai.



Tout ça me donne presque envie d'entonner ♫ Douce nuit. Et pourtant, dehors, paysage noir et blanc, imbibé de flaques rouges. Bières, amphétamines et adrénaline. Et un autre catalogue : Winchester .30-30, Thompson M1A1, .22 long rifle, …



Alors une autre mélodie résonne dans ma tête. Vas-y Serge :

♫ Autour de nous le sang coule, relax baby be cool,

A la morgue il y a foule, relax baby be cool,

Relax baby be cool ♫

(Serge Gainsbourg – Relax Baby Be Cool)



Des hommes tombent tandis que les loupiotes des sapins de Noël continuent de clignoter en silence.



Et le vôtre, de sapin de Noël, il ressemble à quoi ?

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Les Dynamiteurs

—-La fureur et le bruit —— matière hautement explosive que ce roman au coeur de Denver , au XX° siècle, le vice y règne ,une ville minée par la violence et la pauvreté .



Sam , un ado courageux de quatorze ans , se meurt d'amour pour l'héroïne : Cora. Ils vivent dans une usine désaffectée et défendent farouchement «  leur FOYER » face aux clochards des alentours .



À eux deux ils s'occupent d'orphelins, bande d'enfants abandonnés , ils y mettent toute leur volonté , leur coeur , leur énergie —— entièrement au service de ces petits en tentant de leur donner un semblant de vie équilibrée .



Ils mendient , parviennent tant bien que mal comme les miséreux qu'ils sont .Qui les as amenés en ces lieux où il n'est question que de survie pour ces orphelins et les autres , confrontés quotidiennement à la violence inouïe des adultes ?

Parents déficitaires , concours de circonstances , mains non tendues au bon moment? Autres raisons ? .



Les conditions de vie apparaissent des plus précaires .



Les clochards attaquent très souvent , Sam et Cora mettent au point des stratégies de défense : lors d'une de ces attaques il reçoivent l'aide incongrue d'un COLOSSE défiguré , il ne peut plus parler , il souffre , une sorte de monstre au gros visage ravagé qui les aidera au prix de très graves blessures que Cora soignera de son mieux .



L'homme monstre ne communique que par des mots griffonnés à la hâte sur un carnet .

Sam, le seul qui sache lire , se rapproche de lui et par là même se retrouve ainsi embarqué dans le monde licencieux des bas -fonds …: politiciens véreux , corrompus jusqu'à la moelle, tenanciers de bordels, clubs louches comme celui de Jack Maynard, éphèbes maquillés, arnaques , guerre des gangs , prostitution, alcool, rapine, fumeries d'opium , mendicité……..

Que se passe t- il lorsque l'on tombe dans les excès ? .



Un monde abandonné , enfance brisée , détails des plus sordides , tragédies …



Denver est alors l'épicentre d'une misère insondable , fureur et animosité l'animent , laideur du monde des adultes , violence à chaque page , visages ressemblant à de vieilles lames usées , veules et tristes , cadavres ….détritus , coups de pied et de poing , mauvais choix .

Denver est le coeur d'une misère noire qui profite à une poignée de riches bourgeois qui se gobergent .

Mais sous la cendre de vies consumées jusqu'au trognon , au milieu des escroqueries et des fausses bourses de commerce bat parfois le coeur de l'amour….

L'auteur nous conte ces vies dans les bas- fonds au plus noir de l'âme humaine , son écriture au scalpel ,intense , brillante ,réaliste où chaque mot , chaque phrase nous renvoie à nos propres peurs , nos propres effrois .



Le style puissant, m'a fait penser à MC COY .

Il nous fait rougir ou rugir de colère , trembler , frissonner d’une peur contrôlée ou non, sans aucun répit .

Une plume accrocheuse au coeur d'un univers sanglant , pétri d'émotions intenses , de situations et d'aventures vibrantes , une plume rageuse , d'une causticité absolue , efficace et redoutable , jonchée de cadavres , de puanteur et de fureur qui dit les réalités saisissantes d'une société en construction , une Amérique peuplée de protagonistes qui hanteront très longtemps le lecteur car l'auteur n'évite absolument rien de ces noirceurs .



Un extraordinaire roman initiatique , dynamique , pétri d'aventures , caustique et noir , aux chapitres courts et addictifs .



À ne pas mettre entre toutes les mains , il fait froid dans le dos et nous laisse sonné !









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Évasion

La très belle préface de Pierre Lemaitre se termine par :

"Il y aura deux types de lecteurs de ce roman. Ceux qui seront épatés parce qu'ils ne connaissent pas encore Whitmer. Et ceux qui le retrouveront avec plaisir parce qu'ils savent déjà qu'ils ont entre les mains la quintessence du Noir dans la plus magnifique tradition américaine."



Et bien, non. Je ne fais partie d'aucun de ces types de lecteurs.

histoire : évasion de prisonniers dans une région perdue des montagnes Rocheuses et traque par les gardiens suivis d'un couple de journalistes, dans le blizzard d'une nuit d'hiver.



Roman noir américain. Noir, certainement et généralement, ce n'est pas pour me déplaire. Alors, où a été le problème ? Je me suis souvent perdue avec le nombre des protagonistes. Mais surtout, c'est la multitude de dialogues ponctués de "bordel de merde", "putain", "va te faire foutre", "Negro", "fils de pute"... Je pourrais continuer longtemps, il y en a sur 380 pages, mais non. Stop. Qu'est-ce que j'en ai eu marre !! Mais je n'ai pas voulu abandonner parce que j'aime bien finir ce que je commence. Et il faut l'avouer, il y a une histoire derrière tout ça. J'avais envie d'en connaître la fin.

Mais je ne sais pas, la forme a pris le dessus sur le fond.



Avec ce roman, l'auteur est considéré comme un nouveau maître du roman noir américain. Peut-être, au vu des nombreuses critiques enjouées. Mais il n'a pas été pour moi.
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Pike

Amateurs de romans très noirs, dont les personnages sont tous plus horribles les uns que les autres: alcooliques, proxénètes, drogués, dealers…, cette lecture est pour vous.



Bien-sûr, je ne m’attendais pas à ce que l’auteur nous conte une charmante histoire, mais à ce point tout de même.



On peut se rassurer en se disant que l’intrigue se passe aux États-Unis ( loin de nous, petits Français) et sous la présidence de Reagan (loin de nous, dans le temps), mais tout de même, ça donne froid dans le dos.



Dès les premières pages, le ton est donné. Derrick entre en scène, non, ne pensez pas à ce policier Allemand qui vous a endormi tant de fois devant votre poste de télé. ce Derrick est là n’est pas un gentil personnage.



Tant de crasse, de méchanceté, de violence au même endroit, et pourtant, malgré tout cela, j’ai réussi à m’attacher à Pike ainsi qu’à Rory.



Tous les deux ont un passé pas très glorieux pour l’un et une enfance remplie de malheurs, de bien trop de souffrances pour l’autre. Ils aiment donner des coups et en recevoir, ils s’apprécient mais pas d’amitié mielleuse ici...
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Les Dynamiteurs

Le Denver de 1895, c'est les quartiers riches et puis les Bottoms, jeu, sexe et violence, dont le gouverneur Waite aidé des Pinkertons s'est promis d'extirper le vice. Au milieu des Bottoms, l'usine désaffectée, genre d'orphelinat que défendent deux gosses, Sam et Cora contre les autres clochards, les 'Crânes de Noeud'.



Omniprésente, la violence, l'hémoglobine, racontées avec un certain humour, deviennent normalité et contrastent avec l'attachement touchant de Sam pour Cora.

Ca me rappelait l'excellent 'Moi Marthe et les autres' du belge Antoine Wauters.



J'ai adoré les titres désuets des 44 chapitres, genre 'Martine à la mer', par exemple Sam prend un train, Sam se fait sermoner, Sam joue avec une mouche, Sam participe à un lynchage...

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Évasion

Je découvre l'univers de Benjamin Whitmer au travers de son dernier roman, Évasion.

L'histoire repose sur un fait divers comme il en existe, j'imagine, des milliers aux États-Unis. Cela se passe en 1968. Le soir du réveillon de Noël, douze détenus s'évadent de la prison d'Old Lonesome, une petite ville du Colorado, au pied des Rocheuses. Un vent de panique, aussi fort que la tempête qui s'apprête à sévir, s'abat sur la ville, chacun se calfeutre chez soi. À leurs trousses, plusieurs personnes aux intérêts divergents tentent de retrouver les fugitifs au plus vite... S'ensuit une traque dans le blizzard où le chemin est jalonné d'une violence totalement incontrôlable...

Douze détenus en cavale le soir du réveillon de Noël, autant vous dire que l'hospitalité ici n'est pas de mise.

Les matons qui les poursuivent sont de véritables fauves lâchés dans le blizzard.

Chacun des membres des deux camps est prêt à en découdre avec l'autre. Personne n'a plus rien à perdre.

Certains des traqueurs ne valent pas mieux que les détenus qu'ils pourchassent. Peut-être sont-ils parfois pires...

Benjamin Whitmer nous prend par la main et nous entraîne dans les pas de ces fugitifs et ceux qui les poursuivent. C'est une course vertigineuse, belle et tragique.

D'emblée, sans aucun sas de décompression, nous découvrons très vite ce côté noir de l'Amérique. Ici, c'est l'Amérique des laissés-pour-compte, l'Amérique profonde, l'Amérique des noirceurs abyssales.

Ici c'est l'Amérique des invisibles, ceux qui sont tous entrés dans l'existence avec un fusil dans le berceau, cela influence forcément le cours des choses. Après, peut-être, en apprenant à marcher, les plus débrouillards sauront trouver leur chemin dans les ruines d'une démocratie qui leur était promise... Mais quel chemin ?!

Dans ce roman, nos pas nous entrainent dans certains lieux d'habitation qui sont si sordides qu'un animal ne voudrait pas s'y rendre, même pour y mourir.

C'est un livre où le rêve américain devient vite un cauchemar.

Ici on touche à la quintessence de la noirceur.

Ce roman m'a secoué, pris à la gorge, ne m'a plus lâché, même dans ses pages les plus sombres, ne m'a plus lâché car ma quête de lecteur était sans doute celle peut-être inconsciente de chercher un peu de lumière entre les pages, chercher la faille où un peu d'humanité pouvait parvenir jusqu'à moi, histoire de respirer un peu. De l'humanité, il y en a pourtant ici...

Même si l'histoire se situe en 1968, j'ai comme une vague impression que rien n'a changé depuis lors. Ici gisent ceux qui n'ont plus trop d'autres choix que de choisir entre leur existence misérable où de voter pour Donald Trump, ce qui du reste, ne les écartera pas de leur destinée sordide...

Il y a dans ce roman une lucidité macabre sur la vision sociale de ce pan de société.

Nous croisons ici quelques personnages qui sont en errance.

Ainsi, peu à peu, nous suivons la traque de Mopar qui ressemble à un animal aux abois, à un cri de détresse.

Le temps d'une pause au bord d'un cours d'eau, il est hanté par le souvenir d'une fille qui s'appelle Molly. Il pense à elle, la revoit dans sa cuisine, un livre à la main... Je vous parlais de lumière, en voici un peu...

Et puis la traque reprend son cours, sauver sa peau, c'est quelquefois juste mettre un pied devant l'autre.

La violence omniprésente dans ce livre ne m'a pas choqué. Je sais depuis longtemps, depuis plusieurs livres, qu'elle fait partie intégrante de la tradition américaine, de l'ADN de ce pays.

Dans cette Amérique à fleur de peau, l'ombre du Vietnam et de ses fantômes n'est jamais loin.

Ici la neige brûle les visages. Et peut-être les dernières illusions de ceux qui soupçonnent d'être encore libres.

Les fermières manient aussi facilement le fusil que la fourche à foin.

Parfois dans la nuit, le froid et la neige, les ombres apeurées se confondent. Qu'importe ! La gâchette est là et il y a cet instinct primaire, devenu primitif : tirer !

Parmi les traqueurs, il y a Jim, magnifique personnage aussi, qui refuse de tirer dans le dos des évadés et ça lui vaut une rafale de reproches par ses supérieurs.

Il y a de la noirceur entre les flocons de neige et par moments on ne sait plus bien quelle couleur domine l'autre.

L'humour est cinglant comme le cuir d'une ceinture ou la balle d'un .38.

J'ai aimé le style de Benjamin Whitmer. Il y a au gré des chapitres la formule qui fait mouche : "Leurs parents leur ont légué une ferme. C'est un joli bout de terrain, mais ni l'un ni l'autre n'a reçu l'intelligence que Dieu confia aux poteaux de clôture."

C'est un scénario écrit les mains dans le cambouis.

C'est d'un lyrisme cru et désespéré.

C’est une lente descente crépusculaire vers un dénouement qui nous tient sans répit jusqu’au bout. Survivre, tenter de survivre sur ce chemin jalonné de sang, de neige et de solitude. L’odeur de graisse de moteurs prend à la gorge, mais aussi une lancinante musique, celle de l’amour peut-être ou quelque qui y ressemble vaguement...

Le récit est dans une tension permanente, il faut parvenir à la dernière page, qui arrive très vite je vous rassure tant le rythme est effréné, pour souffler un peu. Et encore... Une fois refermé, ce roman continue de ne pas vous lâcher.

Il faut lire Benjamin Whitmer pour comprendre mieux cette Amérique qui nous étonne, que nous ne comprendrons peut-être jamais...

En préambule de ce roman, Pierre Lemaître apporte sa contribution dans une très belle préface. Je vous cite sa dernière phrase : « Il y aura deux types de lecteurs de ce roman. Ceux qui seront épatés parce qu'ils ne connaissent pas encore Whitmer. Et ceux qui le retrouveront avec plaisir parce qu'ils savent déjà qu'ils ont entre les mains la quintessence du noir dans la plus magnifique tradition américaine. »

En abordant Évasion, je faisais partie du premier type de lecteurs. Désormais j'appartiens aux seconds. Jubilatoire !

Ce roman est pour moi une très belle découverte.
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Évasion

Je retrouve avec plaisir l'écriture de Whitmer, des aplats bruts de peinture, le bleu-noir d'une nuit de blizzard où se déroule la traque des évadés, le vert profond du calme traqueur Jim Cavey et de la solitaire Dayton, un blanc de folie meurtrière avec les amphét. que le chef Jugg a fait distribuer à ses gardiens, les rouges des pieds en sang de Mopar, des crânes explosés, des balles traçantes et des explosions, et un gris plus désespéré que tous les gris imaginables, amertume des vétérans du Vietnam et autres déchirés de la vie.



C'est le quatrième que je lis de l'auteur et si le côté 'too much' des trois autres m'avait épargné, voir fait sourire, ici, s'est installée une assez terrible vraissemblance.



Un livre qui ne peut laisser indifférent.

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Évasion

Noir c'est noir…et quand il y a de la neige cela parait encore plus noir….

Une fois de plus, je ne peux que me féliciter d'avoir un super libraire. Car c'est bien grâce à ses conseils (forts avisés, il faut le dire) que je me suis lancée dans la lecture d'Évasion de Benjamin Whitmer.

Je connaissais l'auteur de nom, et cela faisait déjà un petit bout de temps que je me promettais de lire Pike quand l'occasion s'y prêtera…Et voilà, finalement j'ai commencé par le troisième livre de cet auteur.

J'ai tout de suite été happée par l'histoire dès la première page.

Nous nous retrouvons dans ne petite ville en plein coeur des montagnes rocheuses en 1968. La ville possède une prison, qui pourvoit d'ailleurs à beaucoup d'emplois dans le coin. Menée par une main de fer en la personne du directeur Jugg, elle n'est cependant pas à l'abri de certaines défaillances comme par exemple l'évasion d'un groupe de prisonniers.

Le directeur n'aura plus qu'un objectif : rattraper les évadés et leur montrer ce qu'il va leur en couter. Ses gardiens, dopés à coups de comprimés d'amphétamines vont se mettre en chasse. Parmi les employés, l'un d'eux va se distinguer par ses réelles compétences dans le domaines e la traque.

Lui et ses collègues vont être suivis de près par un duo de journalistes recherchant le scoop dans cette histoire.

Une jeune femme, vivant un peu en marge de la communauté va elle aussi se mettre à la recherche de l'un des prisonniers en particulier. En effet, il s'agit de son cousin dont on va suivre les pérégrinations pour échapper à ses poursuivants et aux pièges qu'offrent les montagnes et la météo.

J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur, âpre, sec, tranchant comme un scalpel. Il réussit à mettre place une ambiance particulière, qui sans être glauque est tout de même fort sombre (malgré la neige qui tombe). Quand je dis que noir c'est noir…

Un véritable coup de coeur pour ma part…

J'ai l'intention de lire assez rapidement les deux autres livres de cet auteur, car franchement, il mérite le détour.





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