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Critiques de Benjamin Whitmer (364)
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Pike

Cincinnati. Pike, bourlingueur sans attache. Son pote, Rory, boxeur amateur et bien amoché. Sa fille Sarah qu'il a perdu de vue depuis des années mais on lui apprend sa mort, qu'elle était pute et junkie et qu'il va devoir prendre en charge sa petite fille Wendy.



Alors il veut savoir, venger sa mort dans laquelle serait impliqué un certain Derrick, flic pourri, flingueur de négros.



Je retrouve avec plaisir la prose imagée de Whitmer, une certaine poésie dans toute cette brutalité.

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Cry Father

Patterson, bien cassé par son job d'élagueur, croit retrouver la zénitude avec son chien Sancho dans sa cabane sur la mesa. C'est sans compter son copain Junior et son oeil borgne, dealer shooté à la coke, ni le souvenir de Justin, le fils que le docteur Court n'a pas pris le temps de sauver.



Un monde d'ancien cowboys dans le décrépi Nord Denver sur fond de radio complotiste de Brother Joe.



Et bon dieu! quelle écriture! A la fois brute, élaguée à la hache à l'instar de Patterson, ne subsistant que de la baston et de l'hémoglobine avec de délicieuses tournures humoristques mais d'où émerge toute la délicatesse des lettres à Justin, des compagnes compréhensives.

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Les Dynamiteurs

Après « Cry father », j'avais envie de découvrir le dernier roman de Benjamin Whitmer « Les dynamiteurs ». Je remercie Babelio et les Editions Gallmeister de m'avoir permis de satisfaire mes envies.

1895, dans la ville de Denver, Colorado, pauvreté, violence, drogue, prostitution, corruption, alcool, tables de jeux (faro) se côtoient et s'entremêlent…

Cette année-là, Sam, le narrateur a 14 ans et vit avec une bande de jeunes orphelins dans une usine désaffectée. Cora, la plus âgée, protége les petits, bec et ongle, comme une mère, contre les adultes –notamment les clochards, qui cherchaient à se récupérer le lieu. C'est aussi une lutte presque philosophique, un désir de les protéger, de les empêcher d'entrer dans le monde des adultes, pervertis, dépravés, ces adultes qu'ils appelaient « les crânes de nœuds ».

Lors d'une des attaques des clochards, ils vont être secourus par un géant impressionnant, muet, appelé « Goodnight », dont le visage est à moitié défiguré. On apprendra par la suite qu'il était dynamiteur et qu'il a été gravement blessé en posant de la dynamite pour ouvrir un coffre-fort avec son amie. Peu de temps après, Cole, propriétaire d'un bar clandestin et vieil ami de Goodnight, entre en scène. Comme Goodnight ne communique qu'à travers les mots griffonnés sur un carnet, Cole propose à Sam (l'un des seuls à savoir lire), un emploi pour faire l'interprète.

Contre l'avis de Cora qui ne veut pas qu'il côtoie les adultes, qui sait tous les risques et dangers à les fréquenter, Sam accepte en pensant à l'argent qui permettra de nourrir les enfants. Et même s'il est amoureux de la belle et dure à cuire Cora, il va passer outre ses recommandations, peut-être aussi pour lui montrer qu'il est capable de s'occuper des enfants et qu'elle peut compter sur lui. Il met un pas dans l'antre du mal et sera vite aspiré dans l'oeil du cyclone. Ce sera le début d'une plongée en enfer, faite de violence, de sang, de trainée de poudre et de morts. Un aller simple et sans retour.

Sam va peu à peu entrer dans le monde des adultes, à la fois fasciné et plein de défiance. Et nous assistons en même temps que lui à des luttes et combats de plus en plus violents et meurtriers qui balaient tout sur leur passage.

Les mots qu'emploient Sam pour nous raconter son histoire nous laissent presque sans illusion. le titre de chaque chapitre contient son prénom (« Sam et xxx »). Chaque titre marquant une étape de son apprentissage, de ses découvertes d'enfant dans le monde des adultes. Il va être le spectateur de ces hommes rongés par la haine, la douleur et les blessures, presque immunisées contre la pitié ou la compassion pour les autres. Ces titres résonnent un peu comme ceux d'une histoire pour enfants qu'on lirait le soir pour les endormir. Mais avec Cole et Goodnight, il n'y a pas de « Bonne nuit les petits », pas de gentil Gros Nounours en peluche, de Marchand de sable ni de naïves marionnettes. Les bagarres décrites sont brutales, crues et surtout en montent en crescendo. de quoi en faire des insomnies…

Et si parfois on sourit aux remarques et expressions fortes imagées de Sam et des personnages qui l'entourent, ce sourire se transforme rapidement en grimace d'effroi face à ce déchainement de violence. Et le titre de ce roman ne parle finalement que de ces adultes dynamiteurs des rêves et de l'innocence des enfants.

Même si je n'oubliais pas le contexte, la période dans laquelle se déroulait l'histoire, il m'a été parfois difficile de lire ces passages tant la violence était trash, les attaques exécutées froidement comme si elles étaient dans la normalité de la vie. J'imagine que le fait qu'un enfant soit témoin de toutes ces scènes de violence me rendait la lecture difficilement supportable. Difficile aussi de le voir grandir. Difficile peut-être parfois aussi de comprendre la psychologie et les comportements de chacun. J'espérais un peu plus de douceur et de tendresse, dans ce Denver sans foi ni loi, même de la part de Sam vis-à-vis de Goodnight désigné par tous comme monstrueux avec sa moitié de visage ravagé.

J'oubliais que l'âme humaine est plus complexe que cela, plus torturée et sombre. Ce n'est vraiment qu'en toute fin de roman que j'ai enfin compris (ou au moins, un peu mieux). Et je me suis dit que le visage de Goodnight, avec un des deux côtés abimé, était peut-être l'image de l'âme humaine. Et ce n'est qu'en écrivant ce petit billet que j'en prends toute la mesure. Et j'en suis à inventer des symboles et allégories là où il n'y en a pas (comme le choix du prénom Sam qui m'a fait penser à l'oncle…).

Lors des périodes d' «action», les phrases sont sèches, courtes. Telles des images instantanées de la scène implacable qui se déroule sous les yeux du jeune garçon et qu'il nous raconte.

Mais il y a aussi tous ces autres moments entre deux rixes où Sam pense à tout cela, où il a le coeur qui palpite pour Cora, où il nous parle de ces enfants attachants, avec chacun leurs singularités. Durant ces moments-là, Sam a encore ses yeux d'enfant et, nous, adultes, ça nous fait chavirer.

Ce deuxième roman que je lis de Whitmer me confirme qu'il est un des grands romanciers américains de ces dernières années. Whitmer sait raconter des histoires, nous dessiner des personnages profonds, nous plonger dans le coeur des ténèbres de l'Amérique, une période qui a bien y réfléchir n'est pas si ancienne que cela (il suffit d'allumer un peu les informations). Un roman western des plus sombres. Un conte amer pour adultes raconté par un enfant. Une histoire qui bouscule, nous triture les boyaux, nous malaxe le cerveau, et met à mal les quelques utopies qu'ils nous restent, à nous les plus grands. Je mentirai si je disais que j'en redemande tout de suite… Va falloir quand même que je retrouve un peu d'oxygène.

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Pike

Avec ses cheveux gras et son manteau sale, Dana ne passe pas inaperçue dans cette petite ville du Kentucky. Cette junkie traîne derrière elle une fillette âgée de douze ans. Dana a quitté les bas-fonds de Cincinnati pour confier la jeune Wendy à son grand-père Pike. La mère de Wendy, Sarah - la fille de Pike donc - est décédée dans des circonstances sordides. Elle a succombé à une overdose d'héroïne dans sa cuisine et les clochards du quartier sont venus violer son cadavre. Ambiance, ambiance ! Pike a abandonné sa fille très jeune pour suivre une carrière criminelle étoffée qui lui laisse des vagues à l'âme. « Il y a certaines choses avec lesquelles on peut apprendre à vivre. Pour la plupart des autres, c'est impossible. » Et là justement, c'est dur à digérer, il est démangé par le besoin de connaître les circonstances du décès et par l'envie de venger une fille pour laquelle il n'a jamais été présent. Il lui faut aussi apprivoiser Wendy, un vrai chat sauvage. Il sera accompagné dans sa quête par Rory, un jeune de dix huit ans à l'enfance tragique, boxeur talentueux qui rêve de devenir professionnel.



Soixante-seize courts chapitres pour traverser un monde glauque et violent. L'intrigue est parfois trop linéaire, le récit passe d'une informateur à un autre, mais chaque étape est une illustration de ce qui peut se faire de pire dans la nature humaine : drogués, flics corrompus, alcooliques, pédophiles, prostituées, vétérans du Viet Nam défoncés, … le roman est un duel à distance entre deux gros durs : Pike le truand repenti et Derrick le flic pourri. Si vous aimez le roman noir, si vous souhaitez traverser les bas-fonds des Etats-Unis, Pike est fait pour vous. Un roman sombre et sans espoir : « Dehors, rien ne change. Dedans non plus. » Nul ne peut échapper à son passé ni à son destin.

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Pike

Entre Nanticote et Cincinnati, la neige n'est que bouillasse. Toujours sale, elle se défait comme la vie de tous les protagonistes. Une neige hésitante sur la forme à adopter, jamais immaculée. Chez Whitmer, point de tapis blanc et duveteux, ni d'aimables flocons dansant dans la nuit.

De Nanticote à Cincinnati, le ciel ressemble à du vomi. Les étoiles s'éteignent dans la lumière jaune des réverbères, les immeubles s'émiettent tels des quignons rances, l'air est aussi irrespirable que dans l'Enfer de Dante, les peaux se décollent des os sous les armes de poing, les yeux pleurent du sang, la vie n'offre rien. La minceur du quotidien pourrit la moelle de celle qui est restée à la marge de l'histoire. Cynisme d'un épilogue qui n'espère rien.



A travers une intrigue minimaliste, Benjamin Whitmer ébauche une peinture plus noire que noire des squats de junkies, des relais routiers sordides, de la ville prisonnière de sa déréliction et des hommes suant la violence, la came, l'alcool. C'est crasseux et graisseux. Ca poisse de corruption, ça dégoutte de bêtise. C'est violent comme un film de Tarentino.



Dans la menace d'étouffement, dans l'excès des rires toujours métalliques et rouillés, dans cette humanité qui ne vaut pas la corde pour la pendre, on aurait voulu en savoir un peu plus sur le méchant des méchants, Derrick Krieger ou tout au moins sur ses motivations . Benjamin Whitmer ratisse une enquête qui n'en est pas une, prétexte à un portrait désespéré des oubliés du rêve américain. Mais entre trop et pas assez. Chaque personnage n'est qu'ébauché. Leur sang coule, rouge et vicié mais leur étoffe est presque aussi fine que la trame du roman qui les abrite.

Avec toute cette neige qui ne cesse de mousser sur le bitume, ils auraient mérité des habits plus épais, mieux coupés.

Au second roman de Whitmer?

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Cry Father

« Cry father » retrace les trajectoires de deux âmes rongées par un manque sans fin qui finiront par se percuter frontalement. Patterson ne parvient pas à se remettre de la perte de son fils. Pour ne pas laisser libre à ses sombres pensées, il s'abrutit par le travail et la boisson. Il travaille sur des chantiers de réhabilitation de zones sinistrées par des catastrophes naturelles. A la fin de ces chantiers épuisants, il regagne sa cabane située au fond de la mesa, dans les larges espaces du sud du Colorado. Il y vit seul avec son vieux chien et passe ses soirées à se saouler. Il n'a de contact qu'avec un de ses lointains voisins Henry. Junior, le fils d'Henry, est l'autre âme perdue de ce récit. Il gagne sa vie en convoyant de la "chrystal meth" pour un cartel mexicain. C'est un être à la dérive, toujours sous l'emprise de la cocaïne et de l'alcool, qui peut se montrer d'une violence sans limite. Les deux hommes vont se rencontrer et s'entraîner dans une longue chute sans retour.



Le titre du roman est explicite, il est question ici de paternité en souffrance. Patterson ne se remet pas de la mort de son fils. Il lui écrit régulièrement des lettres pour lui raconter sa vie, ces courriers constituant les chapitres les plus poignants du récit. Son ex femme a - contrairement à lui - su dépasser son chagrin. Elle a eu un nouvel enfant d'une autre union. Patterson ne parvient pas à répondre positivement à l'invitation de cette dernière de les rejoindre pour former à nouveau une famille. Quant à Junior, il cultive une haine ardente pour son père. Son enfance a été marquée par l'alcoolisme de ses parents. Lui-même ne parvient pas à assumer son propre rôle de père et vit à l'écart de son amie et de sa fille. Pour reprendre les mots de Patterson :« Nous sommes tous la somme de nos pertes. Tout comme mes foirages en tant que père venaient, en partie, de pertes que j'avais subies avant que tu naisses. Rien ne s'arrête, rien ne se soigne. » En somme, nul ne guérit de son enfance. Les deux hommes sont minés par un vide affectif qui ne pourra être comblé. La philosophie du roman noir est respectée : il n'y a aucune rédemption possible.



Benjamin Whitmer évoque les zones sinistrées de l'Amérique, celles des villes et celles des champs. Ce sont les quartiers défavorisés de Denver, pollués, malfamés, dont même la police s'est désintéressée. Il évoque également les grands espaces de la San Luis Valley, au sud de l'État du Colorado. Pour imaginer ces paysages, j'avais en tête les images du film « No country for old men ». Dans cette contrée périphérique, une émission diffusée à la radio reçoit une large audience : un prêcheur mystérieux y développe les pires théories du complot.



"Cry father" est un roman tout à la fois sombre et beau, brut et délicat, violent et pertinent. Je suis impressionné par la puissance de ce nouvel opus de Benjamin Whitmer. Un auteur à suivre.
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Cry Father

Le héros de ce roman s'appelle Patterson. PATTER-SON. PATER-SON. PERE-FILS.



Le titre de ce roman est "Cry Father". Pleure, père. Il traite en effet du rapport père/fils mais pas que.



Patterson est élagueur et il intervient surtout sur des scènes de catastrophes naturelles pour désengager des lignes électriques arrachées par des arbres, des cyclones. Il roule à travers l'Amérique, de chantier en chantier, sur lesquels il côtoie une faune de durs à cuire, des ouvriers spécialisés qui carburent à la dope et à l'alcool. A la violence aussi. Une tronçonneuse dans une main, un gun dans l'autre, aucune sécurité n'existe dans sa vie.



"Cry Father" explore la relation épistolaire de Patterson avec son jeune fils décédé, Justin. En parallèle, il fouille aussi la relation père/fils de Henry et Junior, complexe et à vif. Junior est le second personnage principal du roman, il a vingt ans de moins que Patterson et il est passeur de drogue entre le Colorado et le Texas, via le Nouveau-Mexique.



Junior et Patterson ont en commun d'être paumés, désillusionnés, séparés de leur compagne, détenteurs d'armes à feu, consommateur de cocaïne et d'alcool, fumeurs invétérés. Ils n'ont pas grand chose à perdre ; ils ne croient pas en l'avenir. Ils se sentent piégés par un système. Entre eux, une relation va naître qui se sera ni de l'amitié, ni du paternalisme, ni de la méfiance. Un type de relation que peu d'auteurs réussissent à rendre crédible et émouvant. Benjamin Whitmer y parvient à la perfection.



"Cry Father" est un roman d'une noirceur terrible et extrême. Ultra-violent, il vous laisse pantois sur le bord de la route, dans la poussière du désert. Je n'avais pas été autant secoué depuis "J'irai cracher sur vos tombes" de Boris Vian. Ames sensibles, s'abstenir absolument, ça flingue, ça saigne, ça baise, ça trafique, ça fait peur. Avec une force narrative tranquille mais expéditive, l'auteur crée un univers que l'on devine bien trop réel, définitivement américain.



"Cry Father" est une sorte de claque qui vous assomme et pourtant, vous vous surprenez à tendre l'autre joue.





Challenge ENTRE DEUX 2023

Challenge TOTEM
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Pike

Douglas Pike est un ancien truand, dealer, homme de main de la mafia locale et passeur de clandestins au Mexique, même tueur, mais il s’est rangé depuis plusieurs années en revenant à Nanticote dans les Appalaches. Il vit de divers petits boulots, principalement de chantiers de rénovation confiés par son ami Jack, le shérif et aide Rory, un très jeune boxeur qui rêve de devenir champion. Il avait une fille Sarah, qu’il a abandonnée petite mais jamais complètement oubliée. Elle vient de mourir d’une overdose et Dana, une de ses collègues prostituées amène Wendy, douze ans à Pike. Il ignorait totalement son existence, doit l’apprivoiser et s’improviser grand-père. Tout d’abord Il accepte la version de l’overdose, mais quand Derrick, un flic pourri jusqu’à la moelle, dealer, souteneur et assassin se met à tourner autour de la petite fille, Pike décide d’en savoir plus. Il se lance avec Rory dans un périple à Cincinnati à la poursuite d’une autre vérité et du flic pourri.



Personne ne sortira indemne de ce voyage dans un ville très noire et super glauque où des flics corrompus règnent sur l’univers de la drogue et de la prostitution, dans une ambiance raciste où on « tue du négro » à la chaîne et où le justicier n’est vraiment pas un humaniste non plus. Toutefois, malgré sa noirceur et son passé, j’ai trouvé que Pike est un personnage sympathique et surtout très réussi. C’est un polar violent, à l’ancienne avec scène de chasse et de traque, on n’est pas dans l’ADN et les expertises, un vrai bon polar à l’ancienne qui dépeint sans fioriture l’Amérique de Reagan dans ces aspects les plus sombres.



Le style est aussi très percutant, plein d’ironie et d’humour noir. Pike est aussi un littéraire qui cite beaucoup, il a su comprendre de ses erreurs et saura rebondir, il refuse la fatalité contrairement aux corrompus du camp d’en face.



Une lecture coup de coeur que je recommande chaleureusement.


Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Évasion

C'était annoncé : un roman bien noir et en effet je ne suis pas déçue ^^

Alors que des prisonniers s'échappent d'une prison du Colorado, une chasse à l'homme s'engage. Mais c'est toute la ville qui semble s'engager ou prendre partie dans cette chasse à l'homme, tandis qu'un terrible blizzard rend l'atmosphère encore plus tendue. Un roman plutôt surprenant par ses dialogues crus, poétiques ou tout simplement hallucinants , ses scènes d'une violence incroyable, et ce sentiment de ne plus savoir qui sont les gentils et qui sont les méchants ! On se croirait parfois dans un film de Tarantino où tout est permis. Le tout dans un décor enneigé et glacé. Et franchement c'était bien, vraiment !

Challenge Mauvais genres 2021

Challenge USA
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Cry Father

Si vous aimez les romans sombres et la poussière, si vous aimez les histoires où les hommes un peu perdus se saoulent pour s’oublier, oublier leur condition et les douleurs qui leur vrillent trop le cerveau ; si vous aimez les ambiances âpres, un peu western, où les bagarres et les colts ne sont jamais loin au point de se croire dans un saloon alors qu’il ne s’agit que d’un bar minable rempli de pochtrons de l’Amérique d’aujourd’hui (après 11 Septembre, l’ouragan Katrina, etc.), alors la lecture du roman noir « Cry father » de Benjamin Whitmer devrait vous plaire.

Patterson a perdu son fils Justin et depuis il n’arrive pas à se remettre de sa mort. Il lui écrit des lettres comme si Justin était encore là, pas loin. Il lui écrit pour ne pas l’oublier et s’il arrêtait, il aurait l’impression de le perdre totalement et de ne plus avoir aucune raison de vivre (si on appelle encore ses journées un semblant de vie). Il lui reste son chien Sancho et la vue de sa mesa, lorsque le soleil se couche sur le Colorado. Le reste du temps cela ne semble que douleur, déprime et solitude. Il y a bien sûr des âmes charitables pour essayer de lui remonter le moral, comme son ex’ (qui a eu depuis un autre fils). Mais parfois le cœur est trop lourd pour supporter toute autre âme qui vive trop près de lui et qui lui rappelle son fils. Même son boulot d’élagueur (qui le fait traverser certaines régions des Etats-Unis après des sinistres comme Katrina et qui lui bousille le corps), n’a pas de quoi lui donner du baume au cœur, ni redonner un peu de couleurs au décor…

Junior, le fils de son meilleur ami Henry, est un jeune homme qui, lui, ne tient que par l’existence de sa fille de 4 ans qu’il ne voit pas souvent, étant séparé également de sa femme. Il en veut à mort à son père, pour son enfance difficile. Il vivote par ses petits trafics de drogue. Rares sont les jours où il n’est pas shooté et alcoolisé. Rares sont les heures où il ne ressent pas cette rage en lui.

Etrange rencontre entre ces deux-là. On ne peut pas dire qu’elle soit des plus belles ni des plus lumineuses. Pour être sincère, on ne même peut pas dire qu’ils s’apprécient. Peut-être sont-ils, de temps en temps, l’un pour l’autre, une sorte de béquille alors que tous deux penchent dangereusement vers le gouffre. Peut-être que quand tout est noir autour de vous, on ne sait rien faire d’autre que s’enfoncer encore plus dans les ténèbres.

Les femmes de leur entourage restent des êtres qui essayent de les garder la tête hors de l’eau, à défaut de réussir à leur faire garder la tête claire (plus souvent imbibée d’alcool) ou de marcher droit (et ce manque d'équilibre n’est pas dû qu’à l’alcool). Elles sont celles qui ont encore de l’amour et de l’espoir en elles, malgré leurs propres blessures. Elles sont les louves qui protègent leurs petits et même les vieux loups blessés.

J’ai découvert Benjamin Whitmer avec ce roman et ce fut pour moi une belle rencontre. Son histoire nous colle à la peau, un peu poisseuse, et on ne peut s’en détacher avant d’en connaître la fin. Et en écrivant ces mots, j’entends à la radio the Animals « The house of rising sun » et je trouve que ce genre de balade folk traduirait bien l’ambiance du roman (il s’agirait juste de transposer la Nouvelle-Orléans au Colorado).

L’écriture de Whitmer est profonde, intelligente. Son regard social sur ces petites villes américaines d’aujourd’hui, où la pauvreté côtoie la violence, est lucide et plutôt morose. Il nous fait entrer dans toutes ces âmes bancales, dans ses vies où l’horizon est gris, dépeint des personnages bien campés. Et en fond sonore, il y la voix de Brother Joe à la radio parlant des mystères et des complots , ces histoires qui nourrissent les conversations de comptoir. J’ai apprécié son humour noir qui nous sauve un peu de la déprime.

Les chapitres passent de la narration aux lettres de Patterson écrites à son fils. Ces lettres nous donnent l’impression que Patterson est encore plus proche, quasi intime. Des lettres fortes, douloureuses, presque poétiques. Lorsque la poésie et la beauté, même avec des refrains de blues, montrent le bout de leur nez, moi, ça me fait une petite boule au ventre pour Patterson et les êtres attentionnés autour de lui. On aimerait pouvoir arrêter les larmes de ce père, ne serait-ce que le temps d’une soirée à regarder le soleil couchant sur les hauteurs du Colorado.



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Cry Father

« Putain, mais comment fait-on pour se frayer des chemins qui finissent aussi mal ? »…



Une réflexion qui sonne comme un éclair de lucidité dans la vie de Patterson Wells et de Junior, êtres en perdition que rien n’aurait dû réunir.



Le premier fait des saisons sur des chantiers en zones dangereuses avant de revenir se poser au pays, dans sa cabane du sud Colorado, perdue dans les paysages désertiques de la mesa ; le second deale en go fast à travers le nouveau Mexique et approvisionne Denver et ses environs en meth, cocaïne, amphets et autres percoet.



Comme deux aimants inversés, ils s’attirent pourtant. Patterson sait bien qu’il ne devrait pas mais c’est plus fort que lui. Car comme Junior, il y a un « trou » en lui, et comme Junior, il fait partie de ceux qui ne cherchent pas à le combler mais tentent de vivre avec. Pour Patterson, c’est ce fils disparu, toujours vivant cependant par le biais des lettres qu’il continue à lui écrire. Pour Junior, c’est ce lien définitivement brisé avec Henry, son père, meilleur ami de Patterson.



Chacun d’entre eux a pourtant une famille qui l’attend, ou plutôt qui l’espère malgré l’enfer d’instabilité qu’ils leur font vivre. Mais totalement inaptes à l’amour comme à la vie de famille, la virée commune entre drogue et alcool offre la seule alternative à la souffrance qui les brûle. Et malheur à qui croise leur chemin…





Cry Father de Benjamin Whitmer – traduit par Jacques Mailhos – est le roman de la désespérance absolue, celle qui vous empêche de vous flinguer mais vous emmène peu à peu vers une autre forme de mort : la non-vie. Avec une parfaite maîtrise de la variation de rythme - tantôt direct, haché ou étiré - Whitmer plonge dans le noir très noir, tout en approchant régulièrement la frontière de l’émotion et de la poésie.

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Pike

♫ Noir c'est noir ♪... chantait Johnny. Moi, je viens de faire "noir SUR noir" en ne trouvant rien de mieux à faire que de lire Whitmer juste après Thompson. Deux polars trèèès sombres... ♫ Il n'y a plus d'espoir ♪



"L'Express" disait que Benjamin Whitmer avait sans doute avalé du Jim Thompson dans ses biberons et je constate qu'il en a eu aussi dans ses panades. Son roman est cinglant, dur, noir, sans espoir.



La première ligne nous met de suite dans l'ambiance plus que noire du roman puisque la scène inaugurale est celle d'un meurtre : Derrick Krieger, dit Derrick, vient de tuer un gosse d'une balle dans le dos.



Derrick est un flic qui n'a rien à voir avec son homonyme aux grosses lunettes et qui menait ses enquêtes avec la nonchalance d'un Droopy...



Ce flic plus que salaud serait-il la face sombre de ce que l'on a découvert sur la jeunesse de son homonyme, le commissaire Derrick (qui fit les beaux jours des après-midi dans les maisons de repos) ?



Je ne puis me prononcer pour l'acteur, mais le flic du roman, c'est une saloperie d'ordure qui pense qu'il peut jouer au justicier dans la ville, tuant des pédophiles ou autres raclures.



Le problème, c'est qu'il est bien pire que les raclures qu'il descend allégrement ! Le côté obscur de la Force est toujours plus attirant... et ce flic pense valoir mieux que tous les autres représentants de la loi réunis.



L'autre gars du livre, celui qui a donné le titre, c'est Douglas Pike : un ex-truand impitoyable, autrefois, rangé des voitures depuis quelques années, bien qu'il ne soit pas devenu un tendre, faut pas pousser.



Notre truand s'est converti en travailleur honnête qui réalise de petits petits boulots avec Rory, un jeune boxeur amateur qui a échoué à devenir professionnel. Un type qui a une faute originelle à expier lui aussi. Rory, c'est un peu le fils que Pike n'a pas eu.



♫ Noir, c’est noir ♪… Leur vie est sombre et là où les nuages commencent à s’amonceler encore plus au-dessus de leur tête, c'est lorsque Wendy, une gamine de 12 ans débarque. C'est la petite-fille de Pike, la fille de sa fille qu'il n'a quasi pas connu, ou si peu. Sa fille faisait la pute et est morte d'une overdose. ♪ Noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir... ♪



Les retrouvailles seront tendues entre le grand-père et la petite-fille...



Pour ce qui est des portraits psychologique des personnages, rien à dire, ils sont travaillés et les dialogues sont incisifs. Pike, Rory, Wendy, malgré leurs défauts ou leur langage borderline sont des gens auxquels on s'attache. Derrick, pas du tout.



Par contre, j'ai quelques reproches à faire sur l'écriture. Certes, l'auteur a de l'aisance avec les mots de plus de dix lettres, son vocabulaire est riche, mais l'alternance de phrases courtes avec des plus longues très imagées casse un peu le fil du récit.



Trop de métaphores tuent la métaphore. Dire que le type qui le regardait avait des yeux qui étaient comme des trous de neige rempli de pisse, heu, j'ai du mal à imaginer... Ils étaient jaunes et fumants ?



Pour le style narratif, j'apprécie plus un récit au passé simple que au présent. Dans ma tête, lire "Pike haussa les épaules" passe mieux que "Pike hausse les épaules".



Il n'y a pas que ça : les chapitres sont fort courts, très très courts et ils me donnèrent l'impression d'être arrêtée non-stop dans ma lecture. Certains ne font même pas une page ! Vous l'entamez et hop, terminé.



Pourtant, le principe narratif était bon avec cette alternance de chapitres concernant Pike ou Derrick, dans le but de faire s’entrechoquer le destin de ces trois personnages.



Trois ? Bien sûr, il faut ajouter aussi la gamine qui sera le déclencheur de tout le reste... En ayant marre de ce grand-père qu'elle ne connaît pas et de son comparse, elle fugue et croise sur la route le fameux Derrick Krieger.



Pike, en apprenant qu'il a aguiché la petite, décidera de se mettre en chasse. Ce flic, il ne le connaît pas et tout le monde lui conseille de l'éviter comme la peste. De plus, tant qu'il y est, il aimerait aussi en apprendre un peu plus sur la mort de sa fille...



Étrange que ce livre dont le flic est aussi sombre qu'une nuit sans lune, semant les cadavres derrière lui et qui se fait pourchasser par un ex-truand qui mène une vie plus réglo que la sienne. Le monde à l'envers. Celui qui devrait être au service de la population n'est que pourriture tandis que le truand s'est blanchi. Enfin, on ne peut pas dire que Pike enquête avec gentillesse non plus...



Son enquête deviendra pour Pike une vengeance, comme une sorte de rédemption pour lui, mais le chemin sera long et semés de cadavres, de violence, de sang...



Si les chapitres sont trop courts, par contre, ils nous font descendre toujours un peu plus bas dans la noirceur et dans la violence purement gratuite. Noirceur dans l’âme des personnages principaux, pour qui la vengeance est ce qui les fait avancer dans ce monde où le repos de leur âme n’existe pas.



"Pike", c'est un roman qui nous plonge brutalement dans un univers sauvage, rude, sans complaisance, où tout est noir. L'auteur nous traînant dans des squats de junkies ou dans les relais routiers des quartiers pauvres de Cincinnati, en passant par des ring de boxe.



Tout ici n'est que violence, qu'elle soit psychologique ou physique. Le tout est purement gratuit, parfois.



Et c'est là que le bât blesse un fois de plus : il manque de la profondeur dans l'histoire. Dommage, ce petit plus en aurait fait quelque chose de grand.



Malgré toutes mes critiques, j'ai passé un sacré moment de lecture et j'en ressors groggy, comme si je m'étais faites boxer par Rory, juste bonne à lire "Oui-Oui part en vacances".


Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Les Dynamiteurs



Denver, 1895. Après une crise terrible survenue deux ans plus tard La ville est plongé dans un abyme de violence et de corruption. Violence sociale et violence des gagnants menent une lutte sans partage. Sam et Cora deux jeybes oprhelins, tentent de survivre et faire le bien en veillant sur une bande d'orphelins réfugiés dans une usine désafectée et les protéger dees tentatives d'irruption de nombreux clocghards en détresse



Hélas, Sam va faire une rencontre et va finir par se bruler les ailes dans l'enfer de Denver .

Avec deux précédents romans Evasion et Pike d’excellente facture Whitmer s’impose avec " Les Dynamiteurs » comme un nouveau maître du roman noir américain.



L'auteur sait aussi y faire avec son style imagé pour décrire des scènes qui seraient certainement assez insoutenables si elles étaient portées à l'écran : la tension monte, au fil des pages et vous plonge au cœur de l’action.



Dans ce nouveau roman d’une belle puissance qui nous prend aux tripes jusqu’à la toute fin , roman politique sur la lutte des classes mais aussi formidable roman d'amour tragique entre deux laissés pour compte de la société américaine, ce roman permet à l'auteur de s’affiner dans son formidable style!



Un roman qui se déroule certes il y a certes plus d'un siècle mais qui semble étrangement parler de l'Amérique de Trump.



Une plongée foudroyante dans une Amérique qui nous montre ici une facette des plus hostiles et inquiétantes !




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Cry Father

CRY FATHER de Benjamin Whitmer

Traduit par Jacques Mailhos

Éditions Gallmeister



Une histoire à 100km/h servie par des chapitres courts et une traduction impeccable de Jacques Mailhos.



C'est noir mais émaillé d'humour... noir bien évidemment.



Les personnages sont déglingués par la vie, l'alcool, la coke, les médocs, l'Amérique, ... mais Benjamin Whitmer nous les rends attachants malgré leur brutalité et la violence dont il font preuve.



Et un final de OUF ! qui est logique une fois le livre refermé mais que je n'avais pas vu venir avant les 30 dernières pages.



Je n'en dis pas plus car il faut se laisser surprendre par Benjamin Whitmer...



... un auteur Gallmeister indispensable dans toute bonne bibliothèque.
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Cry Father

L’histoire de trois types, Patterson, Henry et Junior, trois types à la dérive de leur vie parce qu’ils ne prennent jamais la bonne option, parce qu’ils ne choisissent jamais la bonne voie. Ils ne vivent que parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Alors pour échapper à la réalité de leur inconséquence, la drogue, l’alcool et les armes sont les trois piliers de leur existence. A travers le récit sombre de leur quotidien, une fenêtre s’ouvre sur un espoir perdu, Justin, le fils parti de Patterson. L’ambiance de ce roman sent la transpiration acide qui perle en gouttes cocaïnées et l’odeur ferreuse du sang versé.

Le roman de Benjamin Whitmer est un plaidoyer pour ces gens qui ne comprennent pas la fatalité de leur vie et qu’en tout évènement il n’y a pas forcément une explication rationnelle. Au fond de chacun d’entre eux sommeille un vent de rébellion qu’ils expriment vainement dans chacun de leurs actes. Ils n’appréhendent le monde qui les entoure qu’à travers le filtre flou de leurs addictions.

C’est une histoire qui ne finit pas…

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Évasion

"Personne ne peut quitter cette ville. Cette ville s'étend à l'infini".



Ames sensibles, écartez-vous de la route de Old Lonesome (clin d'oeil désabusé à Lonesome dove?) car c'est en effet dans un infini de noirceur, de violence et de désespérance que le lecteur plonge en ouvrant "Evasion", et il n'en ressortira pas.

Nous sommes en 1968 au fin fond du Colorado, dans une ville-prison que ni l'American dream ni les mouvements progressistes en cours dans le pays ne toucheront jamais. Sous un blizzard mortifère, douze détenus s'évadent et la chasse est lancée par Jugg, directeur de la prison et sorte de sherif auto-proclamé qui entraîne dans la traque toute "sa" ville.

A mesure que la chasse à l'homme déploie sa brutalité, on comprend que tous les protagonistes sans exception sont des condamnés en puissance, qui grillé au Vietnam, qui déshérité de la vie sans espoir d'élévation, qui mal armé par la vie pour la voir sous son véritable jour.



Nuit, coups, mensonges, mort, pas de rémission et pas d'échappatoire : "Ce monde n'est pas fait pour que vous vous en évadiez. Ce monde est fait pour tenir votre cœur captif le temps qu'il faut pour le broyer."

Un roman d'une noirceur effroyable à l'écriture acérée, qui crée le malaise.
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Pike

Douglas Pike a pas mal roulé sa bosse et n'a pas fait que le bien autour de lui. Ses méfaits font dorénavant partie du passé, il est revenu dans l'Ohio, à Nanticote, sa ville natale où il vit de petits boulots, toujours accompagné de Rory, un jeune paumé qui rêve de devenir boxeur professionnel. Leur train-train est sérieusement chamboulé le jour où débarque Wendy, la petite-fille de Pike, qui vient de perdre sa mère, Sarah, victime d'une overdose. Pike est la seule famille qui lui reste et il décide de la garder avec lui, même si a priori la gamine a l'air du genre teigneux et difficile. Tout aurait pu en rester là sans l'intervention de Derrick Krieger. Ce flic, violent et corrompu, s'intéresse de trop prêt à Wendy. C'en est assez pour Pike qui décide d'aller à Cincinnati, regarder de plus près comment Sarah est morte.





Du noir, du très noir pour ce premier roman de Benjamin WHITMER dans lequel on plonge en apnée vers les profondeurs de la bassesse humaine. Les hommes sont rudes, durs au mal, cyniques, violents et n'hésitent pas à tuer celui qui viendrait faire obstacle à leurs plans. Les filles se droguent, se prostituent pour payer leurs doses. Les flics ont la gâchette facile, sont dealers ou proxénètes. A Cincinatti, dans les squats où cohabitent SDF, poivrots et drogués, une femme même morte peut servir à prendre du plaisir et un cadavre ne repose pas en paix tant que son odeur n'alerte pas les autorités. Dans les rues, les flics tirent à vue sur les dealers qui travaillent pour eux et qui auraient eu l'inconscience de grapiller une petite part du magot. Dans les bois, les vétérans du Vietnam revivent cent fois leur guerre dans des campements de fortune. Tout n'est que violence brute et animale.Celui qui croit avoir connu le pire sait que le pire est encore à venir, l'espoir n'existe pas...

Grâce à une écriture sobre et efficace, des chapitres courts et incisifs, on dévore ce roman âpre et sombre mais on tourne la dernière page avec soulagement, c'est si bon de respirer à nouveau!

Une très belle découverte que je recommande vivement au lecteur suffisamment armé pour supporter toute cette misère humaine.
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Évasion

Évasion : La veille de Noël 1968, douze détenus s'évadent d'une prison située dans un bled du Colorado en pleine tempête de neige. le directeur de la prison lâche ses chiens après eux (ses gardiens), armés jusqu'aux dents et résolus à les ramener morts ou vifs. S'ensuit une cavale violente et meurtrière dont l'issue ne peut être que désastreuse. C'était mon premier roman de Benjamin Whitmer et je me demande si ça ne sera pas mon dernier. Bien entendu, avec un pareil synopsis, je ne m'attendais pas à un roman à l'eau de rose… Ce sacré bouquin déboule comme un film de Tarantino, avec un suspense haletant, en crescendo, des mots orduriers à toutes les pages, de l'hémoglobine à profusion, mais l'humour en moins : noir sans concession. Les scènes sont très cinématographiques, mais la violence de certaines m'a levé le coeur (et je ne suis pas si sensible). Un trio de personnages plus développés m'a permis de m'accrocher à cette histoire, un traqueur doué et blessé par la vie, un détenu injustement condamné, sa cousine vendeuse de mari qui voudrait le sauver. Pas à mettre entre toutes les mains. Pas le genre d'évasion dont vous rêvez en ce moment ;)
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Pike

Pike est un dur à cuir, et c'est peu dire. Ancien truand, il a abandonné ses activités passées pour revenir à Nanticote, sa ville natale, où il tente une reconversion dans la légalité. Aidé par son jeune ami Rory qui tente lui de percer dans le monde de la boxe, il vit de petits boulots, notamment la rénovation de logements. Mais son passé va le rattraper lorsqu'il se voit confier la garde de sa petite-fille Wendy, 12 ans, suite au décès de sa fille Sarah, morte d'overdose. Lorsqu'un flic pourri, Derrick Krieger, commence à s'intéresser à Wendy, Pike se pose des questions sur la mort de Sarah et décide d'enquêter… à sa manière.





Une claque. Pur concentré de roman noir, « Pike » est une virée dans l'Amérique des bas fonds, violent et addictif, à travers des personnages cabossés par la vie, à commencer par Pike, le cinquantenaire qui est revenu au pays sans vraiment avoir éclusé la haine qui l'en a fait partir trente ans auparavant.  Mais également le jeune Rory, hyper attachant en boxeur au coeur tendre, en passant par la petite Wendy, une gamine qui en a déjà trop vu pour son âge. Benjamin Whitmer dresse un tableau totalement désenchanté d'une certaine Amérique. Ce trio mal assorti semble être le seul rai d'espoir dans cette ville où dominent la crasse, les gaz d'échappements et la fumée de charbon. On patauge dans la neige noire et la merde du début à la fin. On visite les bars glauques et les rues sinistres, côtoyant les junkies, les putes et les laissés-pour-compte comme les anciens vétérans du Vietnamgenre complètement hallucinés. Et les flics ne viennent pas réhausser le tableau, corrompus jusqu'à la moelle.

Allers-retours Cincinnati-Nanticote où tout est désespoir dans les Appalaches des pauvres et des bouseux. Personne n'est épargné et on le sent dès le début, la vendetta menée par Pike fera des dégâts collatéraux. Car si lui, un beau salop en son temps, semble être le seul capable à affronter le pourri Derrick Krieger. sorte de double psychopathe dénué d'émotions, les plus tendres ne survivront pas à ce déchaînement de violence.

Oui, roman noir, très noir. Et le lyrisme ne fait pas défaut dans les courts chapitres où l'auteur montre tout son talent pour nous livrer un polar brut, violent mais où l'espoir, heureusement, n'est pas impossible.



Un pur régal dans le genre.
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Évasion

C'est l'histoire d'une évasion dans le Colorado vers la fin des années 60, sous un blizzard.

Le blizzard oblige le lecteur à ne visualiser que le sang pour seule couleur vive.

L'époque choisie oblige le lecteur à prendre en considération que certains garde-chiourmes ou évadés peuvent être des nostalgiques du napalm.



Labelettedusud m'avait promis qu'avec ce roman j'en aurais pour mon argent dans ma quête "d'humanisation d'êtres pathétiques" (cf. critique Cry Father), et effectivement, j'ai été servie.

Parce que je me suis surprise en flagrant délit d'empathie pour des gens qui ne sont pas censés le mériter.

Parce que j'ai fricoté avec une vérité pas franchement jouissive : notre entourage et nous-mêmes pouvons passer du côté sombre en un coup de cuillère d'injustice. Injustice mesurée à l'échelle de chacun de nos cerveaux, bien sûr, histoire que ça ne soit pas trop facile à appréhender.



C'est l'histoire noir foncé du manque d'indéfectibilité de l'homme.
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