Citations de Carl Gustav Jung (2505)
Le Zarathoustra de Nietzsche n’est plus une philosophie, mais un processus de transformation dramatique qui a entièrement dévoré l’intellect. Il ne s’agit plus de pensée mais […] de celui qui pense la pensée […] : quelqu’un de neuf, d’entièrement transformé doit apparaître ; quelqu’un qui a brisé les coquilles de l’ancien ordre des choses, et qui a non seulement contemplé un nouveau ciel et une nouvelle terre, mais les a créés.
[…] la Trinité est une divinité expressément masculine, à laquelle l’androgynie du Christ, la position particulière et l’élévation de la mère de Dieu n’apportent pas de véritable contrepoids.
La psychologie, en tant que science de l’âme, se doit de se limiter à son objet et de se défendre d’outrepasser ses frontières par des affirmations métaphysiques ou autres professions de foi. Si elle postulait un Dieu, ne serait-ce que comme cause hypothétique, elle présupposerait implicitement du même coup la possibilité d’une preuve de l’existence de Dieu, en quoi elle sortirait de façon absolument illégitime de sa compétence. La science ne peut être que la science […].
Ce n’est pas moi qui ai attribué une fonction religieuse à l’âme ; j’ai simplement produit les faits qui prouvent que l’âme est naturaliter religiosa (naturellement religieuse), c’est-à-dire qu’elle possède une fonction religieuse. Cette fonction, je ne l’ai ni inventée ni introduite dans l’âme par un artifice d’interprétation : elle se produit d’elle-même sans y être poussée par quelque opinion ou suggestion que ce soit.
La civilisation chrétienne s’est révélée creuse à un degré terrifiant : elle n’est qu’un vernis extérieur ; l’homme intérieur est resté à l’écart et, par conséquent, inchangé. L’état de son âme ne correspond pas à la croyance qu’il professe. Le développement du chrétien en son âme n’est pas allé de pair avec son évolution extérieure.
[…] l’âme doit posséder en elle-même une faculté de relation avec Dieu, c’est-à-dire une correspondance à ou avec l’essence de Dieu, sans laquelle une relation ne pourrait jamais s’établir. En langage psychologique, cette correspondance est l’archétype de l’image de Dieu.
[…] on doit sérieusement se demander où l’on puise une telle connaissance de la psyché que l’on puisse se permettre des expressions du genre « ce n’est que psychique ». Car c’est ainsi que parle et pense l’Occidental, dont l’âme est évidemment « de peu de valeur ». S’il lui accordait du prix, il en parlerait avec déférence ; comme ce n’est pas le cas, force est de conclure qu’il ne lui attribue aucune valeur.
La psyché représente le seul contraire connu à la gravitation.
Vous ne devez jamais oublier que l’Inde est un pays très particulier. L’homme primitif a vécu là-bas depuis des temps immémoriaux et s’est développé dans une parfaite continuité. Nous n’avons pas évolué, nous, dans la continuité. Au contraire, nous avons été coupé de nos racines. En outre, les indiens forment une race très différente. Ils sont aryens, certes, mais ils ont aussi subi l’influence des aborigènes dravidiens. C’est pourquoi l’on trouve quelques éléments chtoniens très anciens dans le yoga tantrique. Aussi devons nous admettre que cette philosophie yogique particulière est étrangère à notre sang même, et toute chose dont nous ferons ici l’expérience apparaîtra sous un jour entièrement différent. Nous ne devons jamais prendre ces éléments au pied de la lettre. Ce serait là une terrible erreur, car il s’agit pour nous de processus artificiels.
L'âme collective allemande n'est pas la somme des âmes individuelles, souvent sensibles et distinguées, .. c'est une âme dangereuse, par l'absence de tout esprit critique et que la passion et 1'obéissance font marcher « au doigt et à l'oeil », même quand il s'agit d'exécuter les ordres les plus cruels.
C'est pourquoi il est si extraordinairement important, dans l'éducation, que les parents sachent quels sont leurs problèmes, et qu'ils ne s'y ferment pas ; sans quoi les enfants sont obligés de vivre une vie qui est tout simplement impossible ; de faire des choses affreuses, qui ne sont pas du tout dans leur nature, mais transmises par leurs parents. Il y a alors des phénomènes vraiment intéressants. Quand on étudie l'histoire d'une famille et que l'on analyse les relations entre enfants et parents, on peut voir souvent le fil rouge de la destinée. La malédiction des Atrides se trouve parfois en plusieurs exemplaires dans une seule et même famille
On ne peut se renouveler que si l'on se prend en main. Mais les êtres qui ont pris l'habitude de projeter veulent toujours rendre les autres responsables. Comme si les autres pouvaient être responsables de nos propres bêtises ! On a par exemple le sentiment qu'on devrait être traité différemment par sa femme... mais, en fait, on se traite soi-même si stupidement... oui mais, quand même, sa femme devrait agir de manière plus juste... etc.
J'ai connu le cas d'une femme qui faisait des scènes à son mari et allait même jusqu'à l'agresser physiquement, parce que l'orage grondait. Il y a le tonnerre et les éclairs, elle reçoit des éclairs dans les yeux, et c'est la faute de son mari ! Elle le rend responsable, comme s'il était Zeus en personne. Si je vous présentais cette femme, jamais vous ne croiriez qu'elle est folle, non, vraiment jamais. Tout au contraire, c'est une femme plus que raisonnable. Mais elle projette beaucoup et c'est toujours la faute des autres. «Ah, si tel ou tel (ou ceci ou cela) était différent, je serais évidemment différente moi aussi.» Ou alors : «Mon Dieu, des éclairs, des éclairs qui m'aveuglent !» L'orage qui gronde vient la viser elle, justement elle, parce qu'elle est tellement importante ! et que, depuis longtemps déjà, Zeus l'a inscrite sur la liste de ses conquêtes, car elle est une Sémélé hors pair... ou quelque chose du genre ! Il en irait bien sûr tout autrement si son mari n'était pas coupable ! Je lui ai alors demandé comment son mari pouvait être coupable et pour quelle raison elle le rendait responsable.
Le rêve soit la voie royale d'accès à l'inconscient.
Il nous faut clairement consentir à ce qu’il n’existe aucune possibilité d’obtenir une certitude sur les choses qui dépassent notre entendement.
Lorsqu’un individu est englouti par un dragon, il n’y a pas là seulement un événement négatif ; lorsque le personnage englouti est un héros authentique, il parvient jusque dans l’estomac du monstre [...]. Là, il s’efforce, avec les débris de son esquif, de rompre les parois stomacales. […] Puis, il allume un feu dans l’intérieur du monstre et cherche à atteindre un organe vital, le cœur ou le foie, qu’il tranche de son épée. […] Il ne quitte pas seul la baleine, à l’intérieur de laquelle il a retrouvé ses parents décédés, ses esprits ancestraux, et aussi les troupeaux qui étaient le bien de sa famille. Le héros les ramène tous à la lumière ; c’est pour tous un rétablissement, un renouvellement parfait de la nature. Tel est le contenu du mythe de la baleine ou du dragon.
L’âme, pareille à un système autorégulateur, est en équilibre, comme est en équilibre la vie corporelle. A tout excès répondent, aussitôt et par nécessité, des compensations sans lesquelles il n’y aurait ni métabolisme normal, ni psyché normale. Dans ce sens, on peut proclamer que la théorie des compensations est une règle fondamentale du comportement psychique.
Les rêves initiaux [de début d’analyse] sont d’une clarté et d’une transparence étonnantes. Au cours de l’analyse, ces caractères se perdent rapidement ; si, par exception, ils persistent, on peut être assuré que l’analyste n’a pas encore eu prise sur une partie essentielle de la personnalité.
Le contre-transfert a quelque chose de contraignant, d’obsédant ; c’est un assujettissement provenant de l’identification « mystique », c’est-à-dire inconsciente, avec l’objet.
Toute projection détermine une contre-projection chaque fois que la qualité projetée par le sujet échappe à l’investigation et à la conscience de la personne-objet qui en est le réceptacle.
D’un point de vue positif aussi bien que négatif, la relation anima-animus est toujours empreinte d’ « animosité », c’est-à-dire émotionnelle et donc collective. Des affects abaissent le niveau de la relation et la rapprochent du fondement instinctif universel, lequel n’offre plus rien d’individuel. Il n’est donc pas rare que la relation passe par-dessus la tête de ses protagonistes humains qui, plus tard, ne sauront pas ce qui leur est arrivé.