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Critiques de Carol Rifka Brunt (118)
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Dites aux loups que je suis chez moi

Quelle maîtrise de l'écriture pour un premier roman ! Et quel enchantement que cette lecture qui m'a émue, qui m'a fait revivre mon adolescence (Ah ! les références musicales : Simon&Garfunkel, Depeche Mode, U2...), l'angoisse que suscitait le SIDA tout juste découvert et qui condamnait les malades, les questionnements (sexe, sueur, salive ?), l'entrée dans l'âge adulte...

Sans pathos aucun mais avec subtilité, ce roman dessine le portrait d'une génération au tournant d'un monde, quand on découvrait avec effroi qu'on pouvait mourir d'aimer.

Mais c'est aussi l'histoire d'une gamine qui découvre une autre perspective, qui s'interroge sur la sincérité des adultes, qui s'inquiète de tout ce qui disparait de l'enfance et de ses repères rassurants, qui ne comprend pas tous les codes, qui alterne chagrin et colère, jalousie et compassion, qui se construit.

J'ai découvert une héroïne attachante, bouleversante, confrontée à un deuil difficile, et qui, face à la solitude et à la violence perverse du monde qui l'entoure, est à la fois forte et fragile, et va donner à sa famille une belle preuve d'amour, renforcer les liens avec sa mère et sa sœur, pardonner...

Bref, un roman lumineux, vivant qui se lit d'une traite ! Je vais attendre le prochain livre de Carol Rifka Brunt dont la plume, juste et sensible, m'a charmée !

Un grand merci aux éditions BUCHET-CHASTEL et à BABELIO-Masse Critique pour ce magnifique roman !



http://mesmiscellanees.blogspot.fr/

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Dites aux loups que je suis chez moi

Tout d'abord, merci à Babelio grâce à qui j'ai découvert ce livre.

J’ai été complètement bouleversée par Dites aux loups que je suis chez moi. C’est un roman puissant, d’une densité magistrale.



Il traite de thèmes qui me sont chers comme l’homosexualité, le Sida, l’art ou encore la solitude.



Nous suivons tout au long de l’histoire, June, une jeune fille passionnée de l’époque médiévale qui se perd à penser qu’elle vit des aventures chevaleresques à la place de sa vie monotone. Elle est très attachante, mature pour son âge et j’ai eu tout durant tout le récit envie de venir à son aide.



En effet, entre sa sœur Greta qui la maltraite moralement et ses parents qui ne sont pratiquement jamais présents, June est enfermé dans une bulle de solitude qu’elle se plait à remplir de son imagination. L’histoire débute par la mort de son oncle, Finn, à cause du sida qu’il avait contracté.



Au fur et à mesure de l’histoire, on apprend à découvrir Finn à travers les souvenirs et les sentiments que June éprouvent à son égard. On est mal à l’aise en premier lieu puisque l’on comprend dès les premières pages que les sentiments de la jeune fille envers son oncle sont plus qu’ambigus. L’amour qu’elle ressent à son égard sera un des fils conducteurs du récit.



Ajouté à cela, nous découvrons également Toby, « l’ami particulier » de Finn. C’est un personnage extrêmement émouvant, qui m’a complètement émue. Quand on découvre tout ce qu’il a du endurer, on se sent immédiatement rempli de frustration et d’un énorme sentiment d’injustice. J’ai rarement eu autant d’empathie envers un personnage de roman. Il représente à lui seul toute une génération de personnes homosexuelles atteints du sida et rejetées par le reste du monde. June est son seul espoir et c’est à travers l’évolution de leur relation que nous apprendrons à découvrir l’un et l’autre.



La relation que June entretient avec sa sœur Greta est également un point essentiel du récit. L’ambivalence de cette dernière démontre immédiatement un profond mal être. Je pense que le personnage de Greta représente une immense part du mystère qui règne sur ce roman.



En bref, Dites aux loups que je suis chez moi est une fiction, certes, mais empreinte d’un tel réalisme qu’elle ne peut laisser indifférent. Ce roman n’est pas banal, il traite de sujets extrêmement intéressants, parfois tabous. Il est assez déroutant, vis-à-vis des mœurs actuelles. Vous rugirez certainement d’impuissance à sa lecture, vous vous sentirez peut être investis d’une mission de transmission de tolérance à la fin tant l’injustice vous aura assaillis. Une chose est certaine, un tourbillon d’émotions se dégage de cette histoire de manière à ce qu’il est impossible de s’en sortir indifférent.
Lien : http://www.casscrouton.fr/di..
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Dites aux loups que je suis chez moi

On est près de New-York, au milieu des années 1980.

La narratrice a quatorze ans, sa sœur seize.

Au moment du récit les Files se disent "orphelines" car pour les parents, tous deux comptables, c'est "la saison des impôts" ce qui se traduit par une grande surcharge de travail : de longues heures au bureau et très peu de présence à la maison.

L'aînée est jolie, mince, brillante. La seconde, plus grande, se trouve grosse et se juge laideron.

L'aînée est extravertie tandis que la cadette se réfugie dans son monde imaginaire.

"Moi j'aime imaginer des voyages dans le temps, des forêts grouillantes de loups, des paysages nocturnes désolés."

"Crocodile, c'était le surnom que Finn me donnait parce qu'il disait que j'étais comme un être d'une autre époque qui rôdait, observant tout et prenant le temps de se faire une opinion."

La cadette croit que sa sœur la déteste alors que pour elle "Elle était profondément ancrée dans mon cœur. Entortillée, nouée, ficelée à l'intérieur."

Le personnage important autour duquel tout gravite est l'oncle Finn, le "petit " frère de la mère.

C'est un peintre de renom qui revient s'installer à New-York après de nombreuses années passées à l'étranger; Il veut faire le portrait des Filles. Elles viennent le dimanche pour les nombreuses séances de pose accompagnées de leur mère.

Un lien très fort unit June à son oncle, un lien fusionnel dont Greta prend ombrage.

Mais le sida frappe les homosexuels bouleversant l'existence de leurs proches.

J'arrête là, je ne veux pas raconter l'histoire qu'il faut faut découvrir au fil des pages. Car elle est prenante, enveloppante et poignante cette histoire. Les thèmes abordés sont bien sentis. Au point que je ne pouvais interrompre ma lecture qu'à une heure avancée de la nuit.



Je remercie vivement masse critique et les éditions Buchet-Chastel



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Dites aux loups que je suis chez moi

Greta et June sont chez leur oncle qui peint leur portrait. Il est atteint du sida et a peu de temps à vivre. Lors de son enterrement, un jeune homme reste en retrait. June se pose beaucoup de questions. Arrive un paquet où elle découvre la théière de son oncle et un petit mot. Va-t-elle vouloir rencontrer Toby ?



Un très beau et bon premier roman sur l’amour, les sentiments filiaux, la jalousie, la culpabilité mais aussi l’arrivée du sida et ce que cela peut entraîner au sein d’une famille qui n’accepte pas les relations homosexuelles.



Le sujet est complexe, dur, mais l’auteur n’y a mis aucun mélodrame mais pour nous décrire la vie de cette jeune adolescente, June, qui se retrouve à se rappeler les bons et les mauvais moments passés avec son oncle, Finn, mort du sida, mais aussi des moments familiaux, l’absence de complicité qu’elle ressent avec sa soeur et ses parents et aussi l’amitié qu’elle va éprouver pour le petit ami de son oncle, chez qui elle cherche des informations. Car, June, n’est pratiquement au courant de rien de ce qui s’est tramé, de ce qui se passe.



Je ne voudrais pas trop en dévoiler sur ce roman, c’est bien dommage. June est une jeune adolescente seule qui a perdu sa complicité avec sa soeur. Elle rêve de Moyen-Age et de vivre à une autre époque. Elle se lit très peu. Seul son oncle Finn trouve grâce à ses yeux car il est le seul à prendre en compte ses désirs, à partager des moments avec elles, à l’instruire. Mais au fil des pages, de ce qu’elle découvre, June va prendre conscience qu’elle peut avoir mal agi. Elle s’est laissée enfermer dans cette relation au détriment des autres. D’ailleurs, pourquoi ferait-elle des efforts, elle qui se considère différente, sans amis. Des efforts, elle en fera, lorsqu’elle découvrira, Toby, l’amant de son oncle. Un amant dont elle se sert pour en apprendre plus, dont elle découvrira le passé. Un homme qui sera là, malgré tout, pour elle et ceux de sa famille qui l’ont rejeté. Personnellement, je la trouve un peu trop dure quand elle fait le point sur elle. Elle est jeune, elle n’a que 13 ans, et à son âge, avoir l’attention d’un adulte, d’un membre de la famille, c’est tout de même important. Cela permet aussi de se construire, surtout que ses parents sont plutôt penchés sur leur quotidien de comptables, laissant souvent leurs filles seules. June en voudra également à sa mère pour avoir rejeté son jeune frère. Mais elle apprendra également pourquoi car il y a, également, un tableau en jeu. Un tableau peint par Finn représentant ses deux nièces. Un tableau qui sera également un lien entre elles deux, mais aussi entre la mère et June. June est très secrète. Sachant que ces rencontres ne plairont pas, elle agit seule, sans dire quoi que ce soit à sa famille. De toutes façons, elle se sent libre. Elle sait que ce qu’elle fait ne sera pas bien perçu, mais elle veut que son oncle revive avec les souvenirs, avec les échanges, car elle n’arrive pas à tourner la page. De toutes façons c’est trop frais.



Seules, c’est le cas également de Greta. Au fil des pages, j’ai appris à la connaître. A première vue, elle n’attire pas la sympathie. Mais c’est une jeune fille chez qui ses parents, en particulier sa mère, ont placé tous leurs espoirs. Difficile à gérer pour cette jeune adolescente qui ne reconnait plus sa soeur, qui se défend comme elle peut. Mais malgré tout, elle a une belle âme.



Nous sommes en 1986. J’avais, pour ma part, 18 ans. Et le sida fait son apparition. A cette époque là et même après, j’en ai beaucoup entendu. Ce que j’ai lu dans ce roman n’est pas nouveau pour moi c’est ce que j’ai pu lire, écouter. Les gens jugent sans savoir. Ils s’improvisent médecins, justice. Ceux qui ont le sida sont des dépravés, ils sont artistes et homosexuels. Ceux qui en meurent ont été tués par leur compagnon. Alors, oui, toutes ces réactions sont choquantes. Mais c’est l’être humain. Malgré les engagements d’artistes, les fonds récoltés, pour que la société change son regard sur les drogués et les homosexuels, il en faudra encore beaucoup d’années. Surtout que de nos jours, avec les applications et sites de rencontres, les jeunes ne se protègent pratiquement plus. Les MST et le VIH augmente. Cela a donc servi à quoi, tout ça. Par contre, dans le roman, même si l’opprobre est dans la famille, les gens qui vont savoir que Finn est mort du sida ne jugent pas. C’est comme si c’était un évènement qu’il fallait raconter. « Je connais quelqu’un dont l’oncle, le frère est mort du sida ». Il semblerait qu’ils veulent en savoir plus.



Nous avons également une explication sur le nom du tableau qui est donc celui du roman. Je ne donnerai pas celle de l’auteur mais la mienne. Elle vaut, bien entendu, ce qu’elle voit. Mais c’est mon ressenti à la lecture de ce roman, sur un sujet difficile mais dont j’ai tourné les pages sans m’ennuyer. Dites aux loups que je suis chez moi s’adresserait-il à tous ceux qui sont contre les homosexuels atteints du sida, qui ne savent rien concernant cette maladie, qui renient, qui ne veulent pas comprendre ?



Même avec les nombreux thèmes développés, le roman finit sur une belle note d’espoir. Tout le monde peut changer et une famille, qui semble, se disloquer, peut se retrouver. Une très belle leçon d’humanité.
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Dites aux loups que je suis chez moi

Quand on regarde un tableau , la première chose qu'on voit, c'est le sujet. Un paysage, un portrait, une scène de genre., une nature morte. Et puis entre les formes reconnaissables se dessinent des espaces: le négatif du tableau. De leur disposition, de leur découpe naissent d'autres formes.



Ces espaces négatifs permettent la circulation de la couleur, de l'énergie, ils sont comme un sous-texte dans un récit: ils indiquent des sens, révèlent des tensions. Ils sont les médiateurs d'une émotion nouvelle, plus secrète, plus lente à découvrir.



"Dites aux loups que je suis chez moi" est un révélateur d'espaces négatifs.



Un espace que l’œil met du temps à "voir", comme le découvre June, la jeune narratrice en feuilletant un carnet de croquis de son oncle Finn, un peintre célèbre, mort du SIDA:



"J'ai continué à tourner les pages. Je suis arrivée à un croquis où l'espace entre nous avait été noirci. L'espace négatif. C'est ainsi que l'appelait Finn. Il essayait toujours de me faire comprendre l'espace négatif. (...) Sur ce croquis, Finn avait colorié l'espace négatif et j'ai vu qu'il formait une sorte de tête de chien. Ou plutôt non, évidemment, c'était une tête de loup, tournée vers le ciel, la gueule ouverte en train de hurler. Ce n'était pas visible immédiatement. L'espace négatif était un peu comme les constellations. Le genre de choses sur lesquelles on doit attirer notre attention."



June a reçu de Finn, son oncle bien aimé- trop aimé?- un magnifique portrait d'elle et de sa sœur, Greta, mystérieusement appelé "Dites aux loups que je suis chez moi". Finn meurt du sida au début du roman, et, comme la femme du peintre dans la nouvelle d'Edgar Allan Poe, il met dans l'achèvement de son tableau ses dernières forces.





Ce portrait va devenir l'instrument d'une médiation entre le mort et l'adolescente, bien sûr, mais aussi entre les trois femmes de la famille, la mère et les deux sœurs, séparées par le chagrin et les malentendus, et qui vont le couvrir subrepticement de graffitis, comme un dialogue secret entre des êtres qui ne se parlent plus vraiment.



Le tableau va aussi guider June vers Toby, le grand amour de son oncle, lui aussi malade du sida.



Toby et le tableau de Finn vont apprendre à June à reconnaître qui elle est, qui elle aime et comment elle aime, vont, enfin, opérer de lentes retrouvailles entre les deux sœurs et resserrer les liens d'un clan, distendus et faussés par les préjugés, les jalousies et la peur. Celle d'aimer, celle de ne plus être aimé, celle de mal aimer. Et celle de la maladie.



Faire découvrir à June" les loups qui vivaient dans l'obscurité de son cœur"...lui apprendre à "voir" en elle et dans les autres...



Ce roman étonnamment profond et mature-l'auteure est une toute jeune femme- se passe au milieu des années 80, en pleine méconnaissance de la maladie, en pleine phobie, et juste avant la découverte de l'AZT qui allait sauver les malades, bien avant les tri-thérapies qui leur permettraient de vivre avec leur virus.



La famille de June est une famille évoluée, intelligente, tolérante...l'homosexualité de Finn ne fait aucun problème pour eux, mais la contamination est une hantise, elle est vécue comme un assassinat prémédité dans le cas de Toby, l'amant du peintre qui aurait "tué" Finn ...



Dans un style ferme, juste, toujours au service d'une pensée pertinente et sortant des sentiers battus, ce roman très émouvant bouleverse sans pour autant tirer sur la corde sensible, il offre des grilles de lecture multiples, fait réfléchir, bref, il m'a complètement séduite.



J'ajoute qu'il m'a aussi bouleversée: l'enterrement de Finn et l'anathème jeté sur son petit ami par la famille m'a fait revivre un enterrement terrible, dans le déni et le mensonge: celui de mon meilleur ami, homosexuel et mort du sida, lui aussi, au début des années 90: la chape de plomb familiale , l'omerta sur sa maladie et sur sa vie sexuelle et sentimentale était pour nous, ses amis, une seconde mort. Celui qui était le maître de nos fêtes, l'ordonnateur de nos spectacles, le penseur ironique et cultivé qui stimulait nos lectures et nos sorties a été incinéré sans un mot pour ce qu'il était, aimait, croyait...Sept années après la mort de Finn, en France..En fin de compte, l'injustice de la famille de June à l'égard de Toby est moins horrible que ce déni absolu du mort lui-même.Le sida a été un révélateur d'espaces négatifs dans le mauvais sens du terme...



Carol Rifka Brunt a quelque chose de Donna Tartt, de Salinger et de Harper Lee, mais en même temps elle est profondément elle-même. Je suis sûre qu'on entendra parler d'elle et qu'elle nous réserve d'autres belles surprises...



Un grand merci à Babelio- Masse critique et aux éditions Buchet Chastel pour cette découverte d'une auteure, d'un livre et d'un" regard" également originaux et prometteurs!
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Dites aux loups que je suis chez moi

Découverte bouleversante et énorme coup de cœur.

June est une collégienne incomprise et secrète, souvent livrée à elle-même. Sa solitude l’amène souvent dans les bois où elle adore s’inventer une autre vie, dans une autre époque. Elle s’est éloignée de sa sœur Greta qui la rejette. Ses parents sont absents, très occupés par leur travail. Son ami exclusif est aussi son oncle, Finn Weiss, un peintre new-yorkais célèbre. Mais celui-ci, malade et très affaibli, ne tarde pas à mourir. Nous sommes au début des années 1980, le sida est une maladie inavouable, honteuse. June est seule avec sa peine. Inconsolable, elle décide de rencontrer Toby, l’ami de Finn, dont elle ne connaissait pas même l’existence. Cette relation clandestine va la sortir de l’enfance, l’aider à reconsidérer sa relation avec son oncle et la rapprocher de sa sœur. Dites aux loups que je suis chez moi est le nom du tableau que terminait Finn avant de mourir. Il représentait un portrait des deux sœurs.



Ce livre m’a emmené très loin, là où je ne pensais pas être capable de retourner, sur les bancs d’une église. Je venais de perdre mon ami, presque mon petit frère, parti à 20 ans du sida.

Un jeune garçon sanglotait à côté de moi. Je ne le connaissais pas. Il s’agissait de l’homme qui aimait mon ami. Nous avons échangé quelques mots, mais je n’avais plus mon âme d’enfant et nous nous sommes rapidement séparés avec une vague promesse de nous revoir pour parler de celui que nous aimions.

Cela ne s’est jamais fait, pourquoi ? Je n’ai pas de réponse.

A la fin de ce livre j’ai envié cette petite fille qui a su vaincre sa jalousie, ses peurs, ses doutes pour aller au-devant d’un homme malgré les mises en garde d’adultes souvent trop frileux dans leurs sentiments et surtout tellement préoccupés du « qu’en dira-t-on ? »

Ce livre va bien sûr garder une place spéciale dans mon cœur, mais mis à part ce ressenti très personnel, je salue un roman remarquable, d’une grande sensibilité, écrit avec beaucoup de pudeur et d’émotion sans être larmoyant.

Un premier roman d’une auteure dont la plume laisse présager du meilleur.



J’adresse un immense merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel.

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Dites aux loups que je suis chez moi

Un roman que je pourrais conseiller à un ado, à la fois pour les relations familiales finement dépeintes et pour comprendre la terreur et la honte qu'inspirait le sida pendant ces années 80.

Malheureusement, j'ai découvert en le lisant qu'il s'agissait d'un roman plutôt "Jeune adulte", et ce n'est vraiment pas ma lecture favorite...
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Dites aux loups que je suis chez moi

Très bonne lecture !

C'est le synopsis original qui m'avait d'abord intéressée. Mais les personnages constituent l'atout principal du récit. Tous les personnages, principaux comme secondaires, sont très travaillés et attachants.

Il y a aussi une touche d'humour, et j'ai adoré le style d'écriture, qui correspond aussi parfaitement à une voix adolescente.

June, le personnage principal, est à la fois singulière et différente des autres filles de son âge. Elle fait parfois très mature, se comporte d'autres fois comme une enfant, ce qui en fait un personnage imparfait, et réaliste.

Le thème du SIDA est abordé sous un angle intéressant, à une époque où l'on n'en savait pas grand chose.

Je recommande vivement la lecture de Dites aux loups que je suis chez moi.
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Dites aux loups que je suis chez moi

Un livre délicat sur des sujets pourtant difficiles : le sida, le décès d'un être aimé, des amours impossibles,... Ecrit avec une grande pudeur et sans être larmoyant, ce livre sait toucher ses lecteurs. J'ai particulièrement apprécié l'héroïne qui est forte, qui sait remettre en cause ses convictions les plus profondes et qui, de révélations en révélations, va quitter le monde de l'enfance.

Ce livre est une pépite à découvrir !
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Dites aux loups que je suis chez moi

June, adolescente de 13 ans, est très proche de son oncle Finn, non sans conséquence sur sa relation précédemment fusionnelle avec sa soeur Greta. Lorsque Finn décède du sida, June découvre alors Toby, l'ami "particulier" de son oncle dont sa mère voulait cacher l'existence. Une relation particulière et clandestine va naître entre eux.

Un joli roman. On devrait plus souvent écouter nos adolescents et retenir les leçons de leur innocence, leur vision du monde et des gens dénuée de préjugés.
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Dites aux loups que je suis chez moi

En 1987, nous faisons connaissance avec la famille Elbus, qui habite Westchester, la banlieue nord de New York, avec les parents qui sont comptables et les deux filles, Greta, quinze ans, et June, quatorze ans. le frère de la mère, Finn, est un peintre célèbre qui a arrêté d'exposer – mais pas de peindre – depuis une dizaine d'années, et vit dans l'Upper East Side, un des quartiers chics de Manhattan. Une relation de grande affection s'est développée entre Finn et June. Mais Finn, homosexuel, est atteint du sida, et n'en a plus pour longtemps. Avant de mourir, il tient à peindre un dernier tableau : le portrait de ses deux nièces, qu'il fait poser chez lui. Lorsqu'il meurt, il laisse derrière lui son « ami particulier » (comme l'appelle sa soeur qui le déteste et l'accuse de l'avoir tué en le contaminant), Toby, un Anglais. ● Ce roman nous replonge dans un temps où le sida était considéré comme le « cancer gay », où certains soignants refusaient ces patients de peur d'être contaminés, où on parlait des « 4H » pour désigner les victimes (Homosexuels, Héroïnomanes, Haïtiens, Hémophiles), où les États refusaient de financer la recherche médicale et de s'intéresser au sort des malades, à commencer par Reagan, mais aussi Mitterrand. ● On peine à imaginer aujourd'hui combien de malades on a laissé mourir dans l'isolement le plus total, dans des ailes d'hôpitaux où ils étaient à peine soignés, tout cela dans les pays les plus riches du monde. Les familles elles-mêmes considéraient cette maladie comme un déshonneur et reniaient leur progéniture mourante marquée du sceau de l'infamie. ● Car oui, quarante ans avant le Covid, il y a eu une autre pandémie, mais pour celle-là on n'a pas fait grand-chose, on était très, très loin du "quoi qu'il en coûte" , les victimes étant « des pédés et des drogués » : pas intéressants. ● Bref, ce roman nous replonge dans cette atmosphère, mais sans discours militant, en se contentant de brosser le contexte qui paraît alors tout à fait normal. ● C'est surtout des répercussions du sida sur une famille lambda des lotissements américains du style Wysteria Lane qu'il est question. « J'imagine que nous étions les premières personnes à avoir un rapport avec ce truc énorme qui passait sans cesse aux informations. Les premiers que les gens connaissaient, en tout cas, et ça semblait les fasciner. Quand ils me posaient des questions, il y avait toujours un soupçon d'admiration dans leur voix. Comme si le fait que Finn soit mort du sida m'avait rendue plus cool à leurs yeux. » ● le roman montre avec beaucoup d'acuité et de délicatesse les rapports au sein de cette famille, notamment entre les deux jeunes soeurs, Greta et June, mais aussi, en miroir, entre Finn et sa soeur, la mère de Greta et June, et bien sûr la relation entre Finn et June, puis entre Toby et June. ● C'est un roman d'apprentissage qui montre June de plus en plus confrontée à des choix difficiles, la faisant entrer dans l'âge adulte, sa soeur Greta y étant déjà de plain-pied. le personnage de June est riche et d'une belle complexité. Sa fascination pour le Moyen Âge et son besoin de solitude, notamment, en font quelqu'un d'étonnant, surtout aux Etats-Unis. Mais les autres personnages sont également travaillés et intéressants. ● J'ai beaucoup aimé ce roman, malgré ses longueurs dans les deux premiers tiers : il était peut-être inutile d'illustrer autant la relation entre June et Toby pour que le lecteur comprenne de quoi il retourne. ● A la moitié du livre, je pensais que le récit irait dans une tout autre direction et j'ai été content qu'il ne prenne pas cette voie trop évidente : . ● La dernière partie est très réussie. Bref, une très bonne lecture, je conseille !
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Dites aux loups que je suis chez moi

Ma lecture date du mois d'août. Oui, je suis en retard, mais croyez-moi, il fallait bien ce temps de digestion pour ce livre. Vous savez, ce sentiment, quand un truc vous a bouleversé et que vous savez que vous n'arriverez pas à transmettre votre enthousiasme ? Ben voilà, c'est ça.



Alors d'avance, pardon à l'autrice, à la traductrice, à la maison d'édition parce que cette chronique ne va clairement pas être à la hauteur. Je menacerais bien de mort tout un chacun pour qu'on lise ce livre, qu'on en parle, qu'on le partage, mais paraît que c'est illégal.



On est dans les années 80. Un artiste meurt des suites du SIDA, qui est encore le "cancer gay" à cette douce (non) époque. Sa nièce, une gosse un peu marginale, est dévastée. On va suivre son deuil, sa rencontre avec l'homme qui partageait la vie de son oncle, mais aussi ses relations avec sa mère et sa sœur, qui changent, mutent.

C'est touchant, émouvant, bouleversant. J'ai plus de synonymes. C'est un message d'amour et de tolérance. C'est beau, c'est triste, mais c'est vraiment beau.

J'ai eu les larmes aux yeux bien souvent.



Une amitié un peu interdite, l'adolescence, les liens familiaux, la mise en danger volontaire, les premiers émois... Tous ces thèmes sont aussi abordés, et quand on mélange tout ça, ça donne une jolie claque comme je les aime (en littérature, hein) grâce surtout à ces personnages loin d'être parfaits mais tellement humains et attachants.

Parce que June, l'héroïne, est tellement touchante... En cherchant à remonter le temps pour redécouvrir son oncle disparu, elle va découvrir Finn, celui qui était caché, mais qu'elle connaissait un peu, sans le savoir. Ses joies, ses peurs, ses déceptions, sa peine, ses émois, tout se mêle harmonieusement et la rend bien réelle, comme une amie.



Mais c'est aussi une histoire puissante, une histoire aux accents de vérité, qui balaie les vie des protagonistes. On va avoir l'art qui se pose au milieu, comme une catharsis et comme un bel hommage au disparu. On va parler d'intégration, de rejet, de peur, de marginalité.

Je voudrais en dire plus, mais c'est difficile sans dévoiler l'intrigue dont la beauté naît aussi de la surprise.



Je finirai sur un simple : lisez-le ! C'est triste, oui, mais c'est surtout un beau message d'amour et de tolérance. L'autrice n'a a priori rien publié depuis, mais il est clair que je suivrai sa carrière de près !
Lien : https://delaplumeauclic.blog..
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Dites aux loups que je suis chez moi

Un très joli roman qui parle avec "légèreté" du sida... Nous sommes dans les années 80, cette maladie est inavouable et la psychose autour est absolue... Mais bien plus fort que cette maladie vont apparaître l'Amour, l'amour d'une famille, l'amour de 2 sœurs... Parce que même si la maladie a gagné le combat physique, la Vie est bien plus forte que tout!
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Dites aux loups que je suis chez moi

Dans la famille Elbus, il y a le père, la mère, la fille aînée (Greta, 15 ans), et la cadette (June, 13 ans). Il y a aussi l'oncle Finn, qui est au centre du roman même s'il meurt prématurément du Sida.

Finn vivait depuis quelques années avec Toby. Une partie de la famille Elbus tient ce dernier pour responsable de la mort de Finn, il lui a transmis le virus fatal. La jeune June ne s'arrête pas à cette « évidence » et est attirée par Toby, seul lien qui lui reste avec cet oncle qu'elle aimait tant. Outre le fait qu'il est potentiellement contagieux, Toby est étrange, et la relation qui semble se nouer entre lui et June devient vite inquiétante pour le lecteur. Quant à Greta, elle traverse également une mauvaise passe, et se défoule facilement sur sa petite soeur.



A travers l'histoire de Finn Elbus, c'est le rapport de nos sociétés à cette maladie et à ses victimes à la fin des années 1980 qui est exploré. A l'époque, le Sida affectait d'abord les homosexuels. La plupart des sidéens étaient tenus au ban de la société à double titre : d'un part en raison de leur maladie et de l'ignorance par le grand public de son mode de transmission, d'autre part à cause de leur homosexualité ainsi révélée à leurs proches. Ce thème est brillamment traité, mettant en évidence la double peine subie par les malades pendant le temps qu'il leur restait à vivre.

Les difficultés de l'adolescence et la complexité des rapports dans les fratries sont aussi présentées avec finesse. Violence et complicité (voire tendresse) cohabitent ici de manière surprenante mais tout à fait crédible, pas seulement dans les rapports entre Greta et June mais aussi dans ceux entre leur mère et son frère Finn.



J'ai trouvé ce livre émouvant et fin.

Il peut être lu dès quinze ans, même s'il est parfois dur, à l'instar des thèmes douloureux qu'il aborde.
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Dites aux loups que je suis chez moi

Ce livre est une belle rencontre inattendue. Il avait été réservé pour quelqu'un qui n'est pas venu le chercher à la médiatheque où je travaille. Lorsque j'ai lu le résumé, il m'a tout de suite donner envie de le lire malgré ses 500 pages. J'ai mis presqu'un mois à le lire, non pas parce qu'il ne me plaisait pas mais parce que je n'avais pas eu assez de temps pour le lire régulièrement. Bref ce roman m'a beaucoup plu. Son histoire : June, une ado de 13-14 ans en 1987 vit avec ses parents dans le New-Jersey avec sa sœur Greta. C'est une fille un peu taciturne mais avec une jolie fantaisie. Son oncle Finn, qui est aussi son parrain, est un peintre New-Yorkais reconnu et décède du sida quelques mois après. Lors de son enterrement, elle aperçoit un homme discret et triste qui n'est autre que son petit ami Toby. Très vite, elle se lit d'amitié avec lui pour en savoir plus sur son oncle défunt, du moins au début du roman.

Ce roman fait la part belle à cette ado qui va basculer dans le monde des adultes. La fin des années 80, qu'on a appelé les "années sida" est bien décrite, beaucoup de références de l'époque. C'est un premier roman de cette autrice et j'ai beaucoup aimé son écriture sensible et drôle à la fois.

Un joli roman que je vous conseille.
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Dites aux loups que je suis chez moi

Très original, captivant , sensible

Belle écriture
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Dites aux loups que je suis chez moi

Il y a tant à dire sur le roman de Carol Rifka Brunt, son premier, que je ne sais par où commencer.



Par moments, au cours de ma lecture, j'ai pensé au livre de Donna Tartt, Le chardonneret. À cause de la peinture, à cause de l'amour, à cause des relations entre différentes générations. À cause aussi de l'exploration minutieuse des sentiments, des sensations, des émotions que l'on veut cacher, mais qui nous dépassent bien souvent.



Ici, nous sommes à New York, pendant ce que l'on a appelé ultérieurement « Les années sida ». L'oncle de June vient de mourir, victime de la maladie. Toby, son partenaire, va se rapprocher de June et, tous deux, vont ensemble tenter de faire le deuil de Finn.



On ne peut pas tout présenter d'un livre dans un billet, et je choisis donc de vous parler plus particulièrement de June, cette adolescente un peu « à part ». June n'a pas encore totalement quitté l'enfance et continue de vivre dans « sa bulle ». Elle est un peu fantaisiste, parfois naïve, mais surtout... pure ! Elle n'a pas encore été complètement « formatée » pour tenir sa place dans la société.



Je dois dire que, si June existait vraiment, je souhaiterais de tout coeur qu'elle ne change pas. Je voudrais que toutes les Junes de ce monde puissent prendre la parole. Et oui, je me suis souvent identifiée à elle, oui, je suis « en marge » et je ne parviens pas toujours à bien comprendre la société. June, à mes yeux, incarne simplement le « bon sens ». Mais, de la même manière qu'elle doit se cacher de sa famille pour rendre visite à Toby, nous devons souvent nous obliger à nous taire, de peur d'être étiquetées : « immature », « utopiste », « gamine » ou encore « un peu simple », « ridicule » et... « malade ».



Ainsi donc, June pose son regard clair et sensible sur tout ce qui l'entoure, sans filtre, sans retenue.



Le sexe, page 222 :



I mean, why did sex have to be so important? Why couldn't people live together, spend their whole lives together, just because they liked each other's company? Just because they liked each other more than they liked anyone else in the whole world?



L'art, page 229 :



The first few were of abstract stuff. Shapes and colors. I didn't want to find them boring, but I did. I knew that if I were smarter, those would probably look like the best paintings in the world, but I am who I am and I want to tell the truth, and the truth is that I thought they were pretty boring.



L'amour, page 273 :



I thought of all the different kinds of love in the world. I could think of ten without even trying. The way parents love their kid, the way you love a puppy or chocolate ice cream or home or your favorite book or your sister, Or your uncle. There's those kinds of loves and then there's the other kind. The falling kind. Husband-and-wife love, girlfriend-and-boyfriend love, the way you love an actor in a movie.



J'ai envie de recommander ce livre, mais j'ai en même temps peur qu'il soit abîmé par des gens qui ne sauront pas le comprendre. Comme j'ai peur parfois de m'exprimer sincèrement et d'être mise à l'index de la société.



Mais, si vous êtes ici aujourd'hui, dans ce petit coin d'internet, c'est que vous faites vous aussi sans doute un peu partie de cette famille des « pas tout à fait comme tout le monde » et que vous avez certainement en vous tout ce qu'il faut pour apprécier pleinement ce livre. Bonne lecture donc ! 😊


Lien : https://marionparciparla.blo..
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Dites aux loups que je suis chez moi

1987. June, 14 ans, est très proche de son oncle Finn, peintre new yorkais reconnu (le titre énigmatique du livre est aussi celui d'un tableau qu'il a peint). Lorsqu'il décède du sida, son compagnon cherche à se rapprocher d'elle. Ensemble, ils vont essayer de faire leur deuil.



C'est une époque où le mot sida ne se prononce que du bout des lèvres, suscitant honte, dégoût, peur, ignorance. Les parents de June ont choisi d'ignorer celui qu'ils considèrent comme l'assassin de Finn, celui qui l'aurait contaminé, au point d'en cacher l'existence à ses nièces. Mais June est une collégienne solitaire qui vit à l'ombre de Greta, sa soeur aînée si douée, une ado en recherche d'affection dont personne n'a jamais compris les sentiments qu'elle éprouvait pour cet oncle trop tôt disparu. Aussi se rapproche-t-elle de Toby, et au fur et à mesure qu'elle apprend à le connaître, elle découvre un nouveau Finn, les souvenirs qu'elle garde de lui s'en trouvent changés et même faussés, provoquant incompréhension et colère envers des adultes habitués à mentir.



Tous les personnages de ce roman d'apprentissage sont en quête d'amour et de réconfort, ne commettant des erreurs que par jalousie, par tristesse, "toute la méchanceté qui pouvait découler d'un trop grand amour". Le vrai sujet finalement est celui du du passage à l'âge adulte qu'on cherche à repousser, du désir effréné de retrouver une complicité enfantine qui ne reviendra plus jamais, de trouver sa place dans la vie et pas forcément celle que l'on attend de vous. Ainsi Greta l'aînée, Greta la peste dont on exige l'excellence depuis toujours, se met à dépérir lorsqu'elle voit sa petite soeur s'éloigner d'elle - grandir, en somme. June et elle sont de très beaux personnages d'adolescentes à la fois mûres et fragiles, dépassées par leurs émotions, par leurs "loups", leurs angoisses face à l'avenir qui se présente, des personnages dont on se souvient longtemps après lecture.
Lien : http://anyuka.canalblog.com/..
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Dites aux loups que je suis chez moi

Merci à babelio et aux éditions Buchet Castel pour cette très belle chronique des années sida mais vues par les yeux d’une adolescente, toujours au milieu des années 1980, mais ce coup ci dans un pays que l’on connait plus que la Suède, les États-Unis. June est une adolescente taciturne, écrasée par une sœur aînée et des parents aussi absents qu’ennuyeux.



Depuis sa banlieue triste du New Jersey, elle rêve d’art et de son oncle Finn, un peintre new-yorkais reconnu. Mais Finn est très affaibli et meurt bientôt de cette maladie qu’on n’évoque qu’à demi-mot, le sida. Inconsolable, la jeune fille se lie d’amitié avec un homme étrange, Toby, qui se présente comme l’ami de Finn. Confrontée à l’incompréhension de son entourage, et à la réalité d’une maladie encore honteuse, June va brusquement basculer dans le monde des adultes et son hypocrisie.



Roman d’apprentissage bouleversant, Dites aux loups que je suis chez moi révèle une auteure totalement inconnue en France, et dotée d’une plume intense et pudique à la fois.



On est totalement pris par la destinée de cette adolescente qui s'accroche à cet oncle artiste peintre merveilleux qu'elle adore et qui va mourir, seule bouée de sauvetage dans un monde d’adultes qui ne la comprend pas. ...suite de la chronique sur mon blog..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dites aux loups que je suis chez moi

Nous sommes au milieu des années 80 aux USA. June, une jeune adolescente de 14 ans, solitaire, réservée pose avec sa sœur Greta, 15 ans pour son oncle Finn, artiste peintre reconnu, le frère de sa mère, à New-York.



Finn est homosexuel atteint pas le SIDA dont on ignore tout alors, du virus, son mode de contamination et pour lequel il n’y a pas de traitement.



Elles viennent toutes les semaines à New-York mais autant June apprécie chaque instant en compagnie de cet oncle qu’elle vénère autant Greta essaie de fuir, lançant au passage des réflexions plutôt acerbes.



Le jour de l’enterrement, elle aperçoit un homme rongé par le chagrin que sa mère refuse de voir assister à la cérémonie. Qui est cet homme ? Que lui cache-t-on ?



Ce que j’en pense :





Au travers de ce livre, on retrouve l’impact du SIDA sur ces années 80 et au-delà, l’étendue de l’ignorance à l’époque, concernant cette maladie qui frappait les homosexuels et que l’on considérait comme la punition d’une sexualité dévoyée.



Plus généralement, l’auteure nous parle aussi de la façon dont on considérait l’homosexualité à cette époque, avec le refus de la mère de June de connaître Toby, le compagnon de Finn, allant jusqu’à le traiter d’assassin, de meurtrier, c’est tellement plus facile de rejeter la faute sur lui quand on se dit « bien pensant », détenteur de la vérité absolue au nom de laquelle elle se donne le droit de juger la vie des autres.



June que Finn a surnommée Crocodile, est touchante par sa réserve, sa solitude, sa différence par rapport aux autres ados de son âge. Elle est passionnée de Moyen-âge, elle porte des jupes longues, des pulls immenses rejetant les jeans des copains et bien sûr ses bottes médiévales. Elle marche des heures dans les collines qui surplombent l’école, seule.



Elle marche pour se transporter hors du présent, dans une autre époque, où elle peut se souvenir de Finn, leurs discussions, leurs restaurants préférés…



A l’heure actuelle, on ne l’envisagerait même pas, étant donnée le risque de se faire agresser. Elle est moins brillante que sa sœur Greta, artiste en herbe qui prépare une comédie musicale pour l’école, où elle tient le rôle vedette. Mais cette sœur ainée histrionique, surdouée, brillante à l’école comme au théâtre, est mal dans sa peau, elle a des avis sur tout, domine sa sœur, ne manquant pas une occasion de la blesser par ses remarques. Elle flirte avec la vodka car ne sait pas exprimer ses tourments d’adolescente.



Les deux sœurs ont été proches autrefois, inséparables, l’aînée veillant sur la plus jeune, mais un jour tout a changé.



Bien sûr, « cet amour » pourrait choquer mais on n’est pas dans le domaine de la sexualité, on est dans l’amour pur, d’une ado qui ne voit jamais ses parents qui travaillent tout le temps et laissent leurs filles se débrouiller seules (c’est cela qui me choque en fait…), comment se construire sans une image paternelle forte ? On voit évoluer June en très peu de temps elle va être précipitée dans l’univers des adultes.



Sa relation avec Toby est très intéressante aussi ; ils sont « amoureux » de Finn tous les deux, ils essaient de le faire revivre pour moins souffrir et des émotions contradictoires se surajoutent.



Le tableau qui donne son titre au livre, est un des personnages principaux, en fait car il tient toute le place, dans la tête des deux filles, dans celle des parents quand il prend une valeur marchande. Chacun essaie d’y apporter une touche, quitte à le modifier pour se l’approprier un peu, et voir au-delà dans ce que Finn appelle les espaces négatifs. Il est avec le requiem de Mozart, le symbole des liens et des choses que June et Finn partagent.



La palette des couleurs est toujours là, dans le réel, dans l’imaginaire, dans les émotions…



Qui sont ces loups ? Ceux qui hurlent dans les bois, ceux qui se cachent derrière les émotions ?



C’est difficile de parler de ce livre sans dévoiler l’intrigue pour intéresser suffisamment les lecteurs pour qu’ils aient envie de l’ouvrir et faire ce voyage.



L’histoire est écrite à la première personne, par June (Carol ?) elle-même du haut de ses quatorze ans.



C’est le premier roman de Carol Rifka Brunt et c’est un coup de maître. Tout est très bien étudié, les personnages sont bien travaillés, l’intrigue est passionnante jusqu’à la dernière page. J’ai dévoré ce livre, tout en essayant de freiner la lecture pour que le plaisir dure plus longtemps. Et, encore une fois, merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour m'avoir fait découvrir ce bon livre. j'attends le deuxième roman de Carol Rifka Brunt car elle fait des débuts prometteurs.



Note : 9/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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