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Critiques de Catherine Hermary-Vieille (340)
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Les exilés de Byzance

Raconter cinq siècles d'histoire, sur deux continents, en suivant deux branches de la famille Dionus fuyant Constantinople le 29 mai 1453 est la trame de ce roman ambitieux.



Projet qui s'inscrit dans le fil d'un Mark Halter signant La Mémoire d'Abraham (vingt siècles d'une famille juive) ou d'un Bernard Gantois avec La Saga des Louis (quinze siècles d'une famille française).



Nicolas et Constantin émigrent, l'un en Russie, l'autre en Orient. Les Dionus de Russie sont des artistes écrivant des icônes inspirés par la tradition grecque orthodoxe puis peignant des tableaux à Moscou ou Saint Petersbourg. Les Dionus d'Orient sont des entrepreneurs phéniciens installés à Antioche, Alep, Damas, Beyrouth, le Caire et Alexandrie, investissant dans l'agriculture, la pèche, le savon, le coton, la banque.



Les histoires de l'empire Russe, de l'empire Turc, de l'empire Britannique et de nos deux empires se succèdent au fil des siècles, des épidémies, des guerres, des révolutions. Les deux branches familiales parcourent les continents et embarquent le lecteur vers le Royaume Uni, la Sibérie ou vers Le Havre. Les familles s'associent au fil des amours, des mariages, des séparations et des assassinats. Les fortunes se font et se défont suivant les aléas économiques, politiques et militaires.



J'ai aimé cette saga fort instructive sur l'histoire de la Russie tsariste et le déclin de l'Empire Turc mais j'ai trouvé la fin (le XX siècle) un peu rapide (voire bâclée) et l'histoire familiale est naturellement invraisemblable car comment imaginer dix générations en cinq siècles alors que tout généalogiste ou historien observe vingt générations sur cet espace temps. Manifestement la romancière a voulu limiter le nombre de personnages en ralentissant le rythme de reproduction mais ça rend l'intrigue moins crédible.



Quoiqu'il en soit ces cinq cents pages sont un bon divertissement et un agréable plaisir.
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Merveilleuses

En lisant « Châteaux de sable », j’étais tombé des nues en découvrant que Thérésia Cabarrus était une aïeule de Louis-Henri de La Rochefoucauld et m’était revenu en mémoire « Le triomphe du Mouron Rouge », lu soixante ans plus tôt, qui romance la chute de Robespierre et l’ascension de Thérésia alors épouse Tallien.



D’où l’envie de lire les « Merveilleuses » et de plonger dans l’histoire du Directoire, une période propice aux affaires, à la corruption, la dépravation des moeurs, la prévarication, la prostitution, la falsification des élections, cause de la famine et la ruine de la plus grande partie de la population.



Catherine Hermary Vieille raconte avec talent comment Thérésia Cabarrus et Rose de Beauharnais, passent du jour au lendemain des prisons de la Terreur au sommet de l’état en partageant la couche des Banquiers, des Directeurs et des Généraux qui se partagent le pouvoir et vivent dans une débauche d’orgies et de dépenses scandaleuses.



Paul Barras et Napoléon Bonaparte se succèdent au pouvoir pour le plus grand profit des deux intrigantes dont l’une deviendra Impératrice des français et l’autre Princesse de Chimay …arrière-grand-mère d’Elaine Greffulhe, bienfaitrice de Levallois-Perret, inspiratrice de la duchesse de Guermantes de Marcel Proust !



Roman aussi instructif que passionnant qui montre la personnalité complexe de ces femmes, issues de la noblesse d’ancien régime, soutien de la révolution qui faillit les engloutir, qui surent tirer leur épingle du jeu et sauvèrent nombre de citoyens injustement emprisonnés, ce qui valut à Thérésia le surnom de « Notre Dame de Bon Secours ».



Cet ouvrage est un roman historique et non un livre d’histoire, d’où plusieurs petites confusions entre les trois Batailles d’Aboukir (page 350) et les deux frères Chénier, qui ne compromettent pas l’intérêt de ces pages.
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Le Grand Vizir de la nuit

Le grand vizir de la nuit offre dix soirées à écouter Ahmed conter la vie de Djafar Al-Barmali, mignon du Calife Harun Al Rachid, et de sa soeur, la princesse Abassa. Triangle amoureux en route vers sa destruction dans une orgie de violences qui nous plonge dans les secrets de Damas au IX siècle.



Inspirée par les Contes des Mille et Une Nuits, Catherine Hermary-Vieille nous enchante par une plume musicale, poétique et épicée qui nous mène vers l’Orient et ses mystères et révèle les dissensions entre l’Arabie et la Perse.



Mais cet ouvrage tire une partie de son inspiration, me semble-t-il, d’Alfred de Vigny et de son célèbre Cinq Mars, mignon de Louis XIII, exécuté avec le Chevalier de Thou, sur ordre de Richelieu, car la romancière nous offre une pléiade de chefs d’oeuvres dont La Marquise des Ombres et Un amour fou qui rappellent que notre occident n’a rien à envier à l’orient sur le plan de la débauche ou de la cruauté …



Prix Fémina en 1981, Le grand vizir de la nuit fait partie de ces oeuvres qui traversent les siècles sans prendre une ride pour le plus grand bonheur de ses lecteurs.
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Moi, chevalier d'Eon, espionne du roi

Le personnage du chevalier d'Eon exerce une fascination certaine pour qui s'intéresse même de loin à l'histoire. Sans doute un des premiers agents secrets de l'histoire, sans doute également un des premiers êtres humains qui aient fait s'interroger à ce point ses contemporains sur son genre réel (si on excepte peut-être Mona Lisa, mais le questionnement est plus de notre époque que de celle du modèle). J'attaquais ma lecture en connaissance de cause de cette interrogation, mais sans bien être sûr moi-même de la réponse.



Le fait que le personnage lui-même s'interroge sur son genre fait d'abord penser que l'auteur a pris peut-être un peu trop les "lunettes" de son époque pour aborder le sujet, tant les questionnements du héros.ïne iellien semblent correspondre aux débats actuels. C'est d'ailleurs sans doute pour éviter de telles critiques que l'auteure historienne reproduit in-extenso certains extraits de la correspondance du chevalier pour confirmer l'hypothèse qu'Eon fut bien un précurseur dans le domaine. Il se sent femme très jeune, et ne peut en même temps se départir de son éducation de garçon, destiné à rentrer dans l'armée et formé au combat, à l'équitation, toutes caractéristiques qui l'empêchent, aux yeux de ses contemporains, d'être réellement et en tout cas de façon crédible une femme.



Avec ce point de départ, on comprend mieux alors le trouble qu'ont pu apporter dans son existence les demandes royales à son égard: se servir dans un premier temps de son art du travestissement pour soutirer des informations en Russie, puis mettre à sa disposition son talent de combattant au sein des Dragons dans les guerres face à la Prusse. Rien de pire pour quelqu'un qui se sentait si indécis que de lui offrir finalement le succès dans deux caricatures de genre de son époque: la séduction et les confessions féminines, les victoires militaires dévolues aux hommes.



Suite à cela on assiste ensuite aux errances et hésitations du personnage, n'assumant notamment pas son côté féminin quand il revient dans la maison familiale, même après le décès de son père. Le passage en Angleterre avec les paris sur le genre d'Eon et la rencontre-confrontation très intéressante avec Beaumarchais contribuent à maintenir l'intérêt tout au long de la lecture.



Malgré tout, j'ai trouvé le style un peu brouillon, l'auteure ayant du mal à nous permettre de nous y retrouver dans les certes très nombreux personnages historiques ayant croisé le chemin d'Eon. J'ai eu une certaine impression de ressassement des mêmes sujets, qui confinaient parfois à un certain ennui inévitable.



Il en reste malgré tout une bien meilleure connaissance de ce personnage fascinant, qui n'a jamais su au fond si ces choix personnels avaient été respectés ou s'il avait été le résultat des intérêts divers des puissants qui ont su tirer profit de sa particularité sans beaucoup de considération de sa propre personne. Le chemin vers l'acceptation de la différence était encore long, mais Eon y aura contribué à sa manière et il est presque dommage que son image ne serve pas d'étendard aux luttes actuelles, tant son histoire est riche d'enseignement pour faire mieux comprendre toute la complexité de la construction d'une identité en dehors des standards acceptés par l'époque.
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Le Grand Vizir de la nuit

Mais qui est donc Le Grand Vizir de la nuit ?

Voici un superbe roman historique réédité pour notre plus grand plaisir.



Au soir de sa vie, Ahmed , vieillard solitaire et étrange, vieux mendiant , homme de rien du tout... se souvient , dans la poussière rouge et ocre d'une fin d'été ..

«  J'ai vécu , dit Ahmed, , au temps de vos maîtres , les Barmakides » ...



Après tant d'années , comme si sa mémoire porteuse d'une drogue puissante lui insufflait encore une force et une lucidité extraordinaires il conte l'histoire de son maître, le grand Vizir Djafar al- Barmaki, , favori ô combien, du calife Haroun- al-:Rachid ..



Ces deux - là s'aimaient : amour et haine intimement mêlés , entre douceur violence, attirance et répulsion...



Avant de mourir Ahmed, le vieux serviteur désire que chacun sache ce qui est arrivé à son maître en dix chapitres parfaitement construits.



Il ressuscite le passé de Bagdad, la ville d'or, ramassée sur elle-même comme un oiseau frileux , une Bagdad féerique digne des mille et une nuits ....

Nous sommes transportés par la magie de l'écriture en 801 de l'ère chrétienne , milieu du IX ° siècle ...



Dix soirs de suite Ahmed racontera , au péril de sa vie l'histoire de l'ascension d'une famille , d'un homme, l'enfance de Djafar, l'amour entre le Vizir et son épouse , la passion brûlante , extraordinaire, entre le calife et son vizir, le pouvoir que lui procurera sa position de favori, l'offense qu'il fit à Haroun en consommant son mariage avec la princesse Abassa lui qui avait connu des hommes légendaires dont il ne restait rien, puis sa déchéance , ses souffrances ....et ...





L'écriture, magnifique , au vocabulaire si riche, nous transporte avec bonheur , ( il faut savourer sans retenue) dans l'ambiance de la ville de Bagdad au IX ° siècle, les hommes en manteaux de laine, les mots des prières venus du fond des âges, les fontaines ,les braseros, les jongleurs et les magiciens, le cavalier d'or, hiératique, les odeurs d'épices, de viande grillée, de mouton, des ragoûts aux amandes et au miel, , des boissons fermentées, des pâtisseries à la semoule et à la fleur d'oranger, des grands repas,les timbales d'argent et d'or, le verbe arabe, imagé , précis et poétique, les remparts du palais , les parfums, les souks, la grande mosquée des Omeyyades , les fauconniers, la poussière et les mouches harcelantes.



C'est un récit tragique , infiniment touchant, merveilleusement écrit , dépaysant à souhait.

Un récit pour les adeptes de l'histoire, rêveurs , poètes : avides de Contes des Mille et une Nuits , afin de nourrir la mémoire , aux amoureux des MOTS ...

«  Si le ministre vient à égaler le roi en richesses, en prestige et en autorité , il faut que le roi le renverse , sinon, qu'il sache bien que c'est lui qui sera renversé . » IBN QUTAYBA .

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L'infidèle

Samir Khoury est un ancien libanais devenu citoyen américain. Il a une épouse Carole et trois enfants à New York.

Il vient pour affaires à Beyrouth, en 1976, moment où l'aéroport se fait bombarder.

A ce moment, il tombe amoureux de Joumana Bridy, une infirmière de la Croix-Rouge chargée de fournir le chirurgien Selim Khassem en poches de sang pour les blessés.

Joumana tombe amoureuse de Samir également.

L'égoïsme des deux personnages, surtout,celui de Joumana m'a vraiment déplu. A-t-on idée de rappeler urgemment pour les besoins de sa passion son amoureux en sécurité à New York et le placer dans une situation dangereuse.

De très petits sentiments dans ce roman mais dans un monde en guerre, c'est vrai que tout est bouleversé.

Tout cela ne finira pas sous le meilleur monde.



Je remercie Mylène des éditions archipoche pour m'avoir fait connaître ce roman : une petite erreur de parcours qui n'engage que moi.
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Louves de France

Ceci est un livre d'Histoire déguisé en roman historique.



Ce n'est pas une remarque négative, mais ça surprend quand même. C'est mon premier contact avec Catherine Hermary-Vieille, ceci explique peut-être ma surprise.

L'auteur décrit les événements de la guerre de Cent Ans depuis un peu avant Azincourt jusqu'à la mort de Yolande d'Aragon (on va même un peu plus loin dans l'épilogue). L'aspect romanesque tient dans l'utilisation de points de vue qui permet l'accès aux voix intérieures, aux ressentis personnels. Les principaux points de vue sont ceux d'Isabeau de Bavière, reine de France, épouse du roi fou Charles VI, et encore plus de Yolande d'Aragon, duchesse d'Anjou et comtesse du Maine et de Provence. Charles VII intervient un peu aussi. Curieusement, la troisième « louve » Jeanne d'Arc n'a pas droit à son point de vue et n'est vue qu'à travers les yeux des autres. Personnage trop complexe à gérer ? Trop exaltée ? Je pense que c'est parce que son point de vue n'aurait pas permis une transmission objective de l'Histoire.



Car c'est bien cette transmission qui est l'objectif principal du livre. Les points de vue ne pénètrent que très peu la pensée des personnages ; ils servent surtout à fournir les informations historiques. L'auteur ne prend pas le risque de tisser un écheveau d'émotions, de construire la psyché de ses personnages en se servant de l'imaginaire à la manière de Clara Dupont-Monod dans Le roi disait que j'étais diable. Les points de vue changent souvent, parfois d'un paragraphe à l'autre, ce qui nuit à l'identification du lecteur avec les personnages. Enfin, les dialogues sont rares. Bref, l'aspect roman disparait sous l'aspect Histoire, un peu comme Roger Caratini l'avait réalisé sur son Jules César.



Côté Histoire en revanche, on est très bien servi. Je pense que lire ce livre est une bonne façon de s'initier à la dernière partie de la guerre de Cent Ans et ses protagonistes, à condition cependant d'aller de temps en temps chercher des infos sur tel ou tel personnage, tellement ils sont nombreux. Et quand on connaît un peu, on apprécie d'autant plus les détails et anecdotes.

Malgré le peu de pénétration dans les personnages, certains prennent quand même vie. Ce livre m'a un peu réconcilié avec Isabeau de Bavière, une Reine qui a vu tous ses enfants mourir sauf Charles futur VII qui n'éprouve pas d'amour pour elle. On la voit partir d'une position de pouvoir – quand elle contrôlait son mari de roi – et en être peu à peu éloignée, devenant peu à peu nostalgique, se sentant coupable de ses échecs.

Jeanne d'Arc a droit à un traitement mitigé assez éloigné de son statut d'icône intouchable. Elle est absolument opaque à la raison, à la stratégie. Elle déteste ses ennemis Anglais et Bourguignons aussi forts qu'elle aime le dauphin Charles. Pas de pitié pour l'ennemi. Pas de pitié non plus pour l'hérétique, comme on la voit prête à partir en Bohême pour annihiler l'hérésie hussite.

De mes lectures précédentes, je n'avais pas gagné une opinion très positive du dauphin Charles, puis du roi Charles VII. C'est loin de s'arranger avec ce livre, au contraire. Coléreux, indécis, manipulable, absolument pas fidèle à ses alliés qu'il sacrifie sans problème une fois qu'ils ont servi. Détestable.

La grande gagnante est Yolande d'Aragon. Une personne lumineuse, intelligente, recherchant avant tout à épargner les malheurs de la guerre à son comté d'Anjou et manoeuvrant sans cesse pour briser l'alliance entre Anglais et Bourguignons et rapprocher ces derniers des Armagnacs ; ce qui sera réalisé en 1435 avec le traité d'Arras. C'est celle que j'ai trouvée la plus vivante ici. Les quelques flashbacks la ramenant en Provence où à la cour d'Aragon où les arts étaient favorisés donnent une certaine densité au personnage.



Pour résumer donc, on peut difficilement dire qu'il s'agit là d'un roman historique, mais on peut dire qu'il s'agit d'une façon fluide de raconter l'Histoire. Ce qui n'est déjà pas si mal.

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La bête

Sur les terres désolées de Lozère hantées par les loups, le diable et

les superstitions, une bête inconnue s'attaque aux femmes et aux enfants. Délaissant les troupeaux, elle fait des victimes par dizaines. Traqué par les Dragons et les Louvetiers du roi, le monstre semble se volatiliser après chaque crime. Furieux, Louis XV envoie Antoine de Beauterne, le grand louvetier du royaume. En vain. Les rumeurs enflent.

En revisitant le mythe sanguinaire de la bête de Gévaudan, Catherine Hermary-Vieille imagine la bête tueuse sous la domination d'un homme que la vie aurait cruellement meurtri.



Dans ce pays hostile endormi une bonne moitié de l'année par la neige, le silence et le froid, Il fallait casser la glace pour avoir de l'eau, on ne sortait que pour chercher du bois et donner à manger au bétail.

Le jeune Antoine ne tenait debout, sous la domination d'un père un peu sorcier, qu'en nourrissant des rêves que personne ne pouvait concevoir.

Et un jour Antoine est parti sur un grand bateau avec des espoirs de rencontres et d'une vie meilleure.

Le destin cruel en décida autrement et le transforma en fauve.

L'écriture est précise, brutale, lyrique parfois dans les descriptions de la nature.

Le texte, envoûtant, explore les méandres de l'âme humaine et plonge dans les profondeurs du mal absolu en suivant l'enchaînement des évènements qui font basculer un être vers la folie.





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Le Crépuscule des rois, tome 1 : La Rose d'An..

Féru d'Histoire, plonger dans la guerre des Roses m'a apporté beaucoup de plaisir, d'autant que le style de l'auteur est léger et enlevé. Sa plume romanesque soulage du trop plein de détails qui souvent alourdit les récits historiques, mais sans perdre rigueur et crédibilité. Ma perception de cet épisode fameux qui inspira tant de dramaturges s'en trouve renforcée. Merci donc à Catherine Hermany-Vieille pour cet agréable moment de lecture...
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La Marquise des ombres

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd’hui, on va parler d’un roman historique : La marquise des ombres, de Catherine Hermary-Vieille.



Or donc Marie-Madeleine d’Aubray vit une enfance tranquille, hélas très tôt perturbée par deux événements majeurs : l’agression perpétrée par son professeur de dessin et le décès de sa mère. Devenue adulte, elle développe une profonde antipathie pour ses proches, se marie et rencontre un homme séduisant, Godin de Sainte-Croix, alchimiste aventurier assoiffé d’argent…



-Et voilà. Roman des années 1980 plus viol : je parie que je vais encore lire un ramassis de clowneries dégueulasses sur le sujet !



-Non, justement ! J’appréhendais aussi, crois-moi, mais l’autrice travaille de façon intéressante : elle reste pudique sur les faits, elle les aborde avec délicatesse à la fois pour son personnage et pour le lecteur. Cette agression va modeler Marie-Madeleine, elle en subira les conséquences sur sa vie familiale.



-Moi, il y a un truc qui m’a gênée : le contexte historique.



-Ah bon ?



-Oui ! Je suis censée un roman sur l’affaire des Poisons, le célèbre scandale sous Louis XIV ! Seulement, comme je suis autant calée en histoire qu’une moule, les pages historiques m’ont laissée dans la perplexité la plus complète ! Je ne comprenais pas les enjeux politiques quand il était question de conflits entre factions. Et quand j’ai essayé de me documenter sur l’affaire des Poisons, je me trouvais encore plus déboussolée ! Je ne la reconnaissais pas dans le roman ! Pas de Montespan, pas de La Voisin ! C’est pas pareil ! Je suis larguée !



-Peut-être parce que le roman ne prétend pas vulgariser l’affaire ? J’ai plus éprouvé la sensation de lire un roman psychologique tiré d’un fait divers qu’une reconstitution des faits.



A mon sens, la grande réussite de ce roman tient davantage dans le portrait psychologique de Marie-Madeleine, tout en ambivalence, criminelle et victime, mère et indifférente, active et soumise, que dans l'affaire elle-même. J’ai beaucoup aimé comment elle se débat avec ses démons, comment elle pense maîtriser sa vie en faisant les mauvais choix, persuadée qu’elle échappera à la solitude et à la pauvreté.



Ensuite, j’ai adoré l’aspect vie quotidienne de l’époque ! La mode, le maquillage, les divertissements, la vie en ville, à la campagne : dépaysement garanti ! Et il y a des odeurs dans le roman, ce qui réjouit le nez de mon petit cœur amoureux des romans.



J’ai beaucoup aimé aussi l’aspect tableau animé.



-Tableau animé, mais bien sûr…



-Oui ! Certaines scènes s’ouvrent ou se ferme sur des pièces où des objets traînent. Un coup de vent soulève des rubans, les meubles sont chargés de souvenirs… cela rend le texte plus vivant, plus immersif. J’ai trouvé le résultat vraiment joli.



-Mouais… moi je reste désappointée quand même sur le côté historique.



-Hé bien, tu complèteras la lecture par un ouvrage sur le sujet, voilà tout ! »
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Le Grand Vizir de la nuit

Lisez ma chronique jusqu'au bout, svp, car le sentiment de départ n'est pas le même à la fin.





Pendant dix jours, la foule vient écouter un vieillard, conter l'histoire de Djafar. Dès le début, nous savons qu'elle s'est terminée de façon tragique. Ahmed, l'ancien serviteur du vizir, sentant qu'il est proche de la mort, s'attache à rendre hommage à son maître et à révéler les évènements qui ont précédé le drame. Nous sommes au IXeme siècle de l'ère chrétienne.





Ce livre est superbement écrit. Il est poétique et l'auteure créé véritablement une atmosphère propre aux contes des mille et une nuits. le vocabulaire est si riche, les images si présentes, que nous sentons les odeurs, voyons les paysages, les palais, etc. Catherine Hermary-Vieille a une plume sublime.





Au début, j'ai été perdue au niveau des personnages, je relisais certains passages, afin de m'y retrouver. Mais ensuite, cela a été plus limpide pour moi.





J'ai failli abandonner ma lecture et j'avais conscience que le problème venait de moi. Je me rendais compte que je n'avais pas assez d'ouverture d'esprit. Je lisais ce livre en tant que femme occidentale du XXième siècle. Certains passages me dérangeaient car je ne m'étais pas projetée dans le contexte du Moyen-Orient au XIeme siècle. Par respect pour les Éditions de L'Archipel qui m'avait offert ce service presse, j'ai continué à lire, surtout que l'écriture est superbe.





Et à un moment, le déclic s'est fait. C'est lorsque le vieil homme relate l'histoire d'amour impossible de Djafar. J'ai été subjuguée par les passions amoureuses, la jalousie, les trahisons, le dévouement d'Ahmed, mais surtout par un plan machiavélique monté par le Calife. Je n'ai jamais lu Shakespeare et pourtant, j'ai pensé à lui. Une fois que je suis entrée dans l'histoire, j'ai vibré pour les personnages principaux. J'ai été très émue par la princesse Abassa. Je me suis aperçue que j'aimais beaucoup ce livre et que cela aurait été dommage de ne pas le finir. Même si je savais que l'histoire se terminerait mal, j'ai espéré que ce ne soit pas le cas.





J'ai trouvé certains passages magnifiques et extrêmement émouvants. Lorsqu'Ahmed racontait les derniers jours avant le drame, mes yeux se sont embués. C'est dit d'une manière qui fait monter l'émotion.





La fin, que je n'imaginais pas ainsi, est tragique, à l'image de la deuxième partie du roman. Je l'avais imaginée differemment, ce qui apporte de la puissance à l'histoire.





Les relations politiques entre l'Irak et la Syrie et les exactions commises au nom d'un Dieu, à cette époque, m'ont beaucoup perturbée. J'ai pensé à ce qu'il se passe, à l'heure actuelle, dans cette partie du monde.





Conclusion





Bien que ce livre soit magnifique, il m'a fallu un peu de temps pour l'apprécier. Il m'a apprivoisée. Une fois que je suis entrée dans l'histoire, sans mes barrières de femme occidentale de 2018, je l'ai énormément aimé et j'ai savouré l'écriture sublime de Catherine Hermary-Vieille.





Le grand Vizir de la Nuit a obtenu le prix Femina, en 1981.
Lien : http://www.valmyvoyoulit.com
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Un monde au-delà des hommes

Ce récit met en regard deux expéditions qui se sont disputé la conquête du pôle sud. Celle du Norvégien Roald Amundsen et celle de l’Anglais Robert Scott qui parcoururent 3400 kilomètres pour fouler des glaces inconnues.

Banal ! direz-vous si ce n'est que nous sommes en 1911 ! Alors, pas de vêtements thermiques, pas de technologie et pas de sauvetages aéroportés.



L'équipe norvégienne comptait dix-huit hommes et 97 chiens.

Ils doivent beaucoup à ces derniers qui tirèrent les traîneaux et leur fournirent de la viande fraîche. Leur organisation leur permit de rejoindre le pôle sud et de rentrer.



Pour l’autre équipe, le retour sera beaucoup plus dramatique.

Les Anglais avaient investi dans des poneys de Mandchourie qui se révélèrent être “une poignée de rosses usées par le travail” si bien qu’ils durent tracter eux-mêmes les traîneaux. Dans ces conditions, c’est l’histoire de leur souffrance lors de cette expédition qui nous est rapportée, celle de la lutte contre les éléments climatiques, contre le scorbut et contre les engelures quand il faut renfiler, au matin, les chaussettes et les bottes qui n’ont pas séché.



Évidemment, ces hommes furent des héros, mais l’autrice n’est parvenue que partiellement à m’imprégner des conditions de survie qui frisent l’inimaginable.

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La bête

La bête du Gévaudan continue de faire couler beaucoup d'encre...

Catherine Hermary-Vieille, nous conte sa version des faits avec une très belle plume.

Par contre, âme sensible s'abstenir car ce roman est vraiment glauque. Scène de violence, de viol et j'en passe s'enchaînent dans ces pages. Antoine, le personnage principal du roman est tout sauf un tendre.



C'est un court roman qui se lit très vite, j'ai presque envie de dire que je l'ai dévoré, mais vu le contexte, il faut peut-être que je m’abstienne.



Le contexte historique est intéressant, on voit comment on évolue dans la campagne, car on parle toujours habituellement de Versailles. On sent la révolution, pointer le bout de son nez dans certains passages.



Pas de coup de cœur mais une belle découverte.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Le Jardin des Henderson

Au départ, j'étais un peu agacée par l'univers facile,luxueux, voire frivole de ce couple d'américains intellectuels et riches, venu en France en 1929.Mais , au fil du roman, mon impression s'est transformée.



En fait, Patrick et Elaine, les deux personnages principaux,sous leur apparente légèreté, sont des êtres qui se cherchent, se perdent aussi, et trouveront leur voie en créant un magnifique jardin en Tunisie.L'âpre beauté de ce paysage arabe est fascinante et cette idée d'un jardin imaginatif, poétique et personnel tellement attirante !



Un jardin où recréer le couple, où réapprendre la sérénité, notamment après les blessures de la seconde guerre mondiale, physiques et morales. Un jardin où apaiser les déchirements de l'amour et de l'amitié...



Le roman est ponctué de réflexions profondes sur le destin, l'évolution des comportements.L'auteure a une écriture délicate et riche.



Une bien jolie lecture...
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La piste des turquoises

C'était simplement une femme au foyer,mariée à un homme d'affaires, mère d'un garçon malgré sa formation en décoratrice d'intérieur.

Quand survient la mort subite de son mari dans un crash d'avion, elle se trouve à la tête d'un royaume laissé par son mari. Obligée de se rendre en Amérique où s'implante une bonne partie des affaires de son mari. Elle découvre un royaume composé de bonnes et mauvaises surprises, des affaires et des problèmes, des gains et des déficits. Elle devient seule l'inspiratrice des solutions surtout dans une Amérique où tout se meut à une vitesse incroyablement. Elle s'y met et découvre d'autres aspects de la vie celui que lui imposait son statut de femme de foyer. Elle se découvre des qualités ignorées jusque là et se forge une personnalité vivace plutôt rassurante.

Une destinée de femme qui a pu s'affirmer quand celle de l'homme s'est évaporée...

Un livre moins intéressante au début mais on s'y plait au fur et à mesure qu'on plonge dans la lecture.
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Les exilés de Byzance

En 1453 Byzance, le dernier bastion catholique orthodoxe d’Orient conquis deux siècles auparavant par les croisés, tombe sous les coups des Ottomans. La chute de l’empire byzantin est aussi la fin du règne des orthodoxes dans cette partie du monde très convoitée car à cheval entre l’Orient et l’Occident. Celle qui deviendra Istanbul connaît alors de nombreux pillages et exactions. Femmes, enfants, vieillards ne sont pas épargnés par les conquérants musulmans, poursuivis et abattus jusque dans l’enceinte de la basilique Sainte Sophie.



C’est dans ce contexte que les survivants de la famille Dionous doivent fuir la cité. Les circonstances obligent les deux frères survivants à partir chacun de son côté, Nicolas et Constantin vont alors embarquer qui pour la Russie, qui pour l’autre rive de la méditerranée. À Byzance, cette lignée d’artistes écrit des icônes sacrées depuis la nuit des temps. Le deux frères sont désormais séparés, mais chacun de son côté va tenter de maintenir vaille que vaille cette tradition familiale.



C’est à travers une dizaine de générations successives que Catherine Hermary-Vieille leur fait parcourir de nombreux pays, dans un périple à travers l’orient, de Beyrouth à Moscou, du Caire à Londres, de Saint-Pétersbourg à Florence, Londres, Paris. Fuyant leur ville, les Dionous deviendront paysans, pêcheurs, commerçants, feront prospérer les plantations de coton égyptien, deviendront artistes de père en fille à Moscou. Mais toujours, chacun à sa manière tentera de percer le mystère de cette lignée qu’ils connaissent parfois si mal, mais qui subsiste par delà leurs propres existences.



Lire la suite de la chronique sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/12/27/les-exiles-de-byzance-catherine-hermary-vieille/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Le Grand Vizir de la nuit

Les éditions l’Archipel redonnent ses lettres de noblesses au Prix Fémina de 1981, en rééditant ce titre. Et je dois dire que l’écriture poétique et l’atmosphère des milles et une nuit est un vrai plaisir.



Avant de mourir, Ahmed, veut raconter l’histoire du Vizir Djafar, afin que son souvenir perdure malgré le temps qui passe et surtout pour que le monde sache ce qui lui est arrivé. Dix soirs de suite, au péril de sa vie, il va raconter la vie de son maitre, l’homme qu’il était, ses amours, ses passions.



Avec un vocabulaire soutenu et une magnifique plume l’auteur nous entraine dans les dédales de son intrigue à travers des odeurs, des paysages que le lecteur sent et visualise pour son plus grand plaisir.



Il faut une certaine ouverture d’esprit pour appréhender cette lecture et surtout se détacher du XXIème siècle, pour se transposer et partir à l’aventure du Moyen-orient du XIème siècle.



Il faut se laisser bercer par la voix de cet homme qui raconte cette magnifique histoire d’amour. Une histoire d’amour torturée, impossible et certainement pas la romance à deux sous que je n’apprécie pas du tout.



Même si au départ la lecture peut sembler fastidieuse, on se laisse emporter par l’histoire de Djafar, condamné à la mort et à l’oubli, par les manipulations et le machiavélisme du Calife…



Une lecture émouvante qui nous transporte avec émotion aux côtés des protagonistes pour les faire vibrer.

Un livre qui se déguste et qui nous fait prendre le temps pour apprécier cette poésie du Moyen-Orient.



Je remercie les éditions l’Archipel pour cette magnifique lecture et particulièrement Mylène pour sa confiance.
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D'or et de sang

Tres bel ouvrage sur l'histoire de France;les intrigues de la cour;les guerres de religions;les successions au trône;les exentricites des grands du royaume.

Tout un monde que l'auteur a su rendre vivant,interessant

Tres beau moment de depaysement historique.
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Le Crépuscule des rois, tome 1 : La Rose d'An..

L’Histoire vaut bien un roman, ici le roman est juste l’Histoire et c’est waouh !



On est loin de la magnifique poésie du roman primé de l’auteure « Le grand vizir de la nuit » et pourtant on retrouve dans cet ouvrage toute sa richesse linguistique et son travail super bien documenté.



Deux roses, une blanche et une rouge, la famille des York et celle des Lancaster, deux branches issues d’un même ancêtre, pas si éloigné finalement, qui vont se battre à mort pendant trente ans pour le trône d’Angleterre. Les rois vont se succéder et les reines aussi, pas toutes bienveillantes. Dans le sang, la haine, la passion, le meurtre, la tendresse parfois et la trahison souvent, les événements qui ont fait l’Histoire, la vraie, nous sont ici relatés avec un chouia de romantisme qui floute un peu l’horreur de cette période tragique que l’on nomme la guerre des Deux Roses.



Une fin prévue et surtout connue, les deux roses n’en feront plus qu’une mais ça, c’est une autre histoire et je m’y plonge de suite :-)
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Le rivage des adieux

C'est avec une passion déchirante, presque débridée que Catherine Hermary-Vieille visite la célèbre légende de Tristan et Iseult dans le rivage des adieux! La métamorphose qu'elle opère autour de la légende nous fait voyage aussi bien dans le temps et dans l'espace qui,, à eux seuls, prennent une place assez vivante et très singulière, que dans les instincts humains où la raison a du mal à se faufiler. L'autrice joue ingénieusement sur les émotions de ses personnages, bien qu'ils soient un peu plus naïfs mais n'empêche qu'on se laisse simplement bercer par leurs sentiments...







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