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Critiques de Chaïm Potok (124)
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L'élu

" On ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes."

(proverbe juif)



Mais parfois les ailes poussent dans la douleur, comme on va le découvrir dans ce beau livre de Chaïm Potok.

Potok écarte le rideau sur un monde dont je suis presque complètement ignorante - celui de la communauté juive new-yorkaise des années 40. Le monde qui sort, en apparence, de la même matrice, mais qui démontre bien que même le judaïsme n'est pas un monolithe.

Qui sont les "élus" ? Les orthodoxes coiffés de papillotes qui attendent toujours la venue de leur messie, ou les sionistes avec leur désir d'émancipation ? Ou sont-ce leurs enfants : leurs fils qui essayent de trouver leur propre chemin, tout en s'efforçant de respecter leurs familles et leurs traditions ? Et c'est un chemin épineux et plein de déceptions, même si au bout, les ailes vont se déployer...



Cette histoire d'amitié de deux garçons a quelque chose de presque shakespearien.

Danny est le fils brillant d'un tzaddik, un grand chef spirituel hassidique. Il grandit en silence, destiné, lui aussi, à devenir tzaddik. Son père ne lui adresse la parole uniquement lors des études du Talmud. Reuven vit à Brooklyn dans une famille bien plus modérée. Son père enseigne dans une yeshiva et rêve d'un futur Etat d'Israël. Chacun va montrer à l'autre comment fonctionne son monde, mais c'est surtout Danny qui va découvrir des pensées et des livres qui lui donneront envie d'étudier la psychologie, et le mèneront à la rébellion contre son père.

J'ai d'abord l'impression de lire un livre sur un conflit entre deux conceptions de judaïsme, puis sur le conflit des deux pères à travers leurs fils, mais finalement c'est surtout du conflit entre la raison et le coeur dont je vais me souvenir.

Je changeais sans cesse d'attitude envers les protagonistes, tous admirables et excellents dans leur raisonnement; je n'étais pas d'accord, je ne comprenais pas certaines choses, mais j'ai fini la lecture avec un sentiment que, malgré tout, j'ai peut-être saisi une part de leurs vérités.

L'histoire se passe au moment où la guerre se finit, et les camps de concentration de l'autre côté de l'Atlantique livrent leur témoignage d'horreur. Au moment où le nouvel Etat d'Israël voit le jour...



Le livre de Potok permet de comprendre comment certaines choses qui paraissent importantes ici et maintenant (comme un match de baseball) peuvent avec le temps devenir dérisoires. Que les choses qui nous sont naturelles ne sont pas forcément évidentes, et quelle tragédie peut devenir leur perte. C'est une histoire sur les incroyables efforts, volonté, dévouement, amour et amitié à toute épreuve. Mais aussi sur la sagesse humaine, et comme c'est dur, voire impossible, de ne pas juger les autres et essayer de les comprendre.

On voit les deux côtés de ce qu'est capable l'obstination: fonder des états, mais aussi détruire délibérément les rapports humains et les amitiés, faire preuve des grandes prouesses d'esprit, mais perdre irrémédiablement la santé, penser au salut du monde entier, et, en même temps, blesser ses proches.



............................................................



Quand les Juifs en Amérique ont appris ce qui se passait pendant l'holocauste en Europe, ils finissaient chaque discours par ces mots, à peu près : "Que le nom d'Hitler soit damné et oublié à jamais; que sa mémoire soit effacée de la surface de la terre..." Qu'en est-il aujourd'hui ? Et même, serait-il sage d'oublier ?
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L'élu

Danny est le fils du tzaddik, un rabbin hassidique réputé. Fermé au monde moderne mais ouvert aux souffrances du peuple juif. Son père l'élève dans le silence, ne lui parle que pour l'étude du Talmud. Danny est brillant, il a soif d'apprendre et les bibliothèques de New York lui ouvrent les bras. Mais toutes les lectures ne lui sont pas permises. Son destin est de prendre la place de son père.



Reuven appartient à une autre communauté de Juifs, plus modérée. L'étude du Talmud prend aussi beaucoup de place dans sa vie, mais ne l'enferme pas. D'autres chemins s'ouvrent à lui, s'il le désire. Son père est ouvert à la discussion, il l'écoute, répond à ses questions.



C'est ainsi que nous suivons les pas de ces deux adolescents, dans ce New York, durant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Leurs chemins se croisent lors d'un match de base-ball. Une amitié extraordinaire et inébranlable va naître entre ces deux garçons que tout semblait séparer. Une amitié parfois lourde à porter. Devenir le confident, l'élu, est une tâche ardue dans ces communautés sur lesquelles pèse le poids de la tradition, de l'interdit.



Ce roman m'a beaucoup appris sur ces communautés juives de New York, ébranlées par les évènements de la Seconde Guerre mondiale. L'une favorable à la reconstruction d'un foyer national juif en Palestine, l'autre voulant rester dans son sectarisme, attendant la venue du messie, préférant continuer à pleurer en silence et à supporter le poids de toutes les souffrances de son peuple, sur ses seules épaules.



Un roman bouleversant qui nous ouvre les portes sur un univers étonnant et mystérieux. Une histoire d'amitié, mais aussi de transmission, d'amour filial, de sentiments étouffés mais très puissants. Des adolescents en quête d'identité, faisant la part des choses entre ce qui leur est propre, ce qu'ils peuvent apprendre par eux-mêmes, et ce qui leur a été transmis. Des adultes qui tentent de s'adapter aux secousses du monde moderne qui ébranlent les traditions.

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Je m'appelle Asher Lev

ART ET RELIGION : COMPATIBILITE ?



Ce livre nous raconte l’histoire d’un petit garçon dénommé Asher Lev, juif hassidique, qui, dès l’âge de 4 ans, développe un sens artistique extraordinaire.

Malheureusement pour ses parents qui sont très croyants et leur/sa communauté ce n’est qu’un vice qu’il faut absolument combattre afin de ne pas « tomber » dans l’autre monde.

C’est donc un véritable déchirement pour Asher et c’est absolument passionnant/intéressant de suivre le parcours de cet enfant puis de cet adolescent.



Je vous le conseille vivement.
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Je m'appelle Asher Lev

Il s’appelle Asher Lev et son nom deviendra célèbre un jour. C’est du moins ce qu’affirment tous ceux qui l’ont vu à l’œuvre. Dès son plus jeune âge, Asher Lev fait preuve d’un véritable don pour le dessin. A seulement six ans, il exprime déjà avec une incroyable justesse sa perception des choses et montre une véritable curiosité pour tout ce qui touche à la création et à la compréhension du monde. Mais son père, juif hassidique très respecté, voit d’un mauvais œil ce passe-temps qui détourne son fils de l’apprentissage de la Torah…





Dès lors, le jeune garçon se retrouve tiraillé entre son besoin irrépressible de dessiner et l’envie de plaire à ses parents. Fort heureusement, le Rèbbe, qui n’est autre que le dirigeant de la communauté hassidique, voit dans ce don un cadeau de Dieu et non du diable et décide de confier le jeune garçon aux soins et à l’apprentissage de Jacob Kahn, un artiste réputé pour son talent et son franc-parler, tandis que les parents d’Asher se trouvent en Europe, essayant de mettre en place des yeshiva, afin de rassembler la communauté juive éparpillée depuis la Shoah. Le vrai défi pour Asher sera alors de parvenir à exprimer toute sa créativité, sans pour autant se détourner de ses origines, mais jusqu’à quel point cela est-il possible ?





Dans ce roman initiatique profondément touchant, qui se déroule à Brooklyn dans les années 40-60, Chaïm Potok nous raconte l’ascension d’un jeune garçon pour devenir un peintre reconnu et estimé. Héritier d’un passé marqué par les drames, Asher Lev a baigné depuis son plus jeune âge dans les histoires de son peuple, hanté par l’image d’un grand-père au regard de braise parti sur les routes pour racheter les fautes du passé. Il a appris à respecter et honorer ceux qui ont marqué l’Histoire de leur nom. Mais le poids de la religion et des traditions se révèle être un héritage trop lourd à porter et un frein dans l’expression de sa créativité. Difficile alors de se libérer de ce poids sans blesser ceux qu’il aime…





Chaïm Potok décrit avec une incroyable justesse les enjeux et les doutes qui pèsent sur les épaules de son personnage. Si la première partie du roman peut sembler parfois difficile d’accès pour les non-initiés aux us et coutumes des juifs orthodoxes (heureusement, un petit lexique peut être consulté à la fin du livre pour nous éclairer sur les termes spécifiques !), la seconde quant à elle, qui commence sur l’apprentissage d’Asher auprès de son maître, se révèle véritablement passionnante ! On s’ouvre avec lui à un monde qui ne lui est pas familier et qui lui offre de nouvelles perspectives et de nouveaux moyens de création, aiguisant ses sens à une nouvelle forme d’art.





Partagé entre l’exaltation de la découverte et la mauvaise conscience engendrée par son éducation, Asher Lev va devoir faire preuve d’une volonté infaillible pour trouver sa voie. Difficile de ne pas être ému par le combat de ce jeune garçon pour défendre son don et ses convictions. Chaïm Potok nous offre un roman magnifique et néanmoins complexe sur la création, la liberté d’expression et sur le poids du passé et de la tradition. Et si vous avez aimé, jetez-vous sur la suite : « Le don d’Asher Lev ».
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Je m'appelle Asher Lev

Cette histoire est celle d'Asher Lev, de son enfance à l'âge adulte.

Dès sa plus tendre enfance, Asher a un don, celui de dessiner, de peindre ses sentiments. Tout ce qu'il ressent, il le retranscrit sur une feuille ou une toile, avec un crayon, de la peinture, des cendres, tout ce qu'il trouve autour de lui.

Mais Asher est né dans une famille juif pratiquante, qui ne vit que dans la tradition juive.

L'enfance, qui devrait être synonyme de joie, d'insouciance, est ici triste, morne...

Tout est vécu en tant que juif. L'ambiance est étrange.

Un père qui ne comprend pas son fils, une mère tiraillée entre son mari et son fils, un fils qui tente de se trouver, de comprendre où est sa place, où est son art...

Epanouissement dans la peinture, prise de recul par rapport à la religion, retour vers la religion.

L'incompréhension face à l'art, face à un don, face à ce qu'une personne est et ne peut s'empêcher d'être... voilà le sujet principal de ce livre.

Y a-t-il une réponse à ses questionnements ? Comment aller contre un don et comment vivre contre ses proches...
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Le docteur Rubinov

"Les histoires sont la mémoire du monde. Sans histoire, le passé s'efface."



Leon Shertov est transfuge soviétique réfugié aux Etats Unis après des années de bons et loyaux services dans l'organigramme du KGB. Il porte en lui "le néant d'un passé" à raconter, une culpabilité à porter, un aveuglement à assumer.



Il libère la parole en racontant le jeune combattant de 1917, sauvé de l'amputation par le docteur Rubinov, qui demande à son jeune patient juif de lui apprendre l'hébreu et lui permet de retrouver son village en lui fournissant des papiers. Mais le village a disparu et l'enrôlement dans l'armée rouge devient le seul futur possible.



Une nouvelle identité pour une nouvelle vie. Leon va devenir un excellent rouage de la machine soviétique et de son appareil de répression, prenant du galon, efficace et sans état d'âme. Jusqu'à croiser un jour un certain prisonnier dans les geôles de la Loubianka.

La prise de conscience est alors immédiate.



L'écriture est un peu sèche, économe, dépouillée de toutes fioritures littéraires. Certaines tournures sont un peu lourdes et maladroites. C'est bien un récit de souvenirs qu'un homme sans fantaisie transcrit, factuel et concis, tel un document comptable.

Le lecteur est face au tortionnaire pour suivre l'histoire tristement connue des purges staliniennes, et de l'antisémitisme de la Russie tsariste et du pouvoir communiste.



150 pages glaçantes pour le parcours d'un individu solitaire, impliqué dans un destin immaitrisable, porteur d'un blessure à jamais inguérissable, tel ce bras quotidiennement douloureux.
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Je m'appelle Asher Lev

L'histoire se déroule dans les années cinquante. Asher Lev fait partie d'une communauté juive de Brooklyn. Son père ne vit que pour la Torah. Elle est son guide, sa raison de vivre. Il obéit au grand Rèbbe, le chef spirituel.



Asher a un don, il dessine. Les lignes, les couleurs et les textures l'obsèdent. Il étouffe dans la communauté, il a besoin d'exprimer son cri, sa voix qui lui est propre. Ses yeux transmettent à sa main ce qu'il ressent. Et les coups de crayons, les coups de pinceaux, sont plus puissants que les versets des livres saints.



La religion est une tradition, elle a une mission, un devoir. Mais l'art en est une autre, elle ne s'exprime pas à travers la communauté, mais à travers l'individu. Asher, s'il veut devenir un grand artiste, doit pouvoir se libérer des siens. Le respect des règles de la communauté juive hassidique n'est pas compatible avec l'art. Cela demande un grand sacrifice. C'est le prix à payer pour appartenir à cette autre religion.



Pourtant, il semble bien suivre les traces de cet ancêtre qui hante ses rêves nocturnes. Il sert l'art plutôt que l'expiation. Mais, ses tableaux expriment aussi la douleur, l'angoisse, la tristesse de tout un peuple. Ils bousculent, ils font souffrir, ils vont au-delà de la communauté, ils s'adressent à l'individu.



Le grand Rèbbe est intelligent et l'a bien compris. Son père, quant à lui, est hermétique à l'art. Il est rigide et n'accepte qu'une seule vérité. Pour lui l'art c'est pour les « gentils », ceux qui sont de l'autre côté, les individualistes, les indépendants. Son fils a changé de famille, il est passé de l'autre côté, il est donc devenu un obstacle. La mère d'Asher est tiraillée entre le père et le fils. Elle devient le symbole du déchirement, elle exprime toute la souffrance.



Un roman émouvant qui exprime la difficulté de choisir sa vie, au risque de blesser sa famille, de les décevoir. Un roman qui nous apprend aussi beaucoup de choses sur l'art et sur ce don magique qui ne laisse jamais l'artiste en paix.

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Je suis l'argile



Voilà ce qui m'a amené à lire ce petit bijou déposé un jour sur une étagère .. pour le jour où justement je serais au désespoir de trouver encore et toujours mieux.....Une envie d'autre chose.....



En Corée, sous le déferlement de l'armée du nord battant en retraite, un vieil homme et sa femme quittent leur village précipitamment.



Sur la route de l'exil, dans une foule en panique, ce couple découvre un jeune enfant esseulé dans un fossé. En souffrance semble-t-il, ils décident de le prendre avec eux.



Qui est cet enfant ? Que va t-il offrir à ce couple qui n'a jamais pu avoir d'enfant lui même ? Sera-t-il un nouveau poids dans ce décor apocalyptique de fin de guerre ou bien au contraire sera-t-il leur donner le meilleur pour survivre ?



C'est avec le roman Asher Lev que j'ai découvert l'univers de Chaïm Potok et ce fut une révélation. En effet il m'a ouvert les yeux sur une culture qu'à l'époque je ne connaissais pas du tout.



Dans cette histoire que je viens de lire, il m'a tout autant bouleversée, certes ce roman n'a rien à voir avec le précédent. Ici nous sommes en Asie et c'est avec un immense plaisir que j'ai lu comment cet auteur avait perçu ce peuple et ses croyances.



Très touchée par la présence toujours omniprésente des esprits des anciens, les cultes qui leur sont toujours voués me fascinent et m'interpellent.



Et à cette fin je me pose bien des questions quant à notre rapport aux morts, aux esprits... Pourquoi pensons nous que nous sommes seuls ici bas ? Comment avons nous mis de côté voir au banc des accusés les personnes croyant à d'autres dimensions ?......



Je suis d'argile est un roman fort sur la destruction et l'espoir.
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L'élu

Premier roman de Chaïm Potok (1929-2002), « L’Élu » est un magnifique roman sur l’amitié dans l’univers du monde Hassidique et des autres communautés juives de New-York.



Situé à New-York durant la fin de la Seconde Guerre mondiale, le roman de Potok raconte l’amitié qui naît après un incident sur le terrain de baseball entre deux adolescents juifs mais appartenant à deux communautés différentes, Reuven, fils d’un enseignant juif modéré et Danny héritier d’une dynastie de rabbin orthodoxe. Malgré les diversités, Danny et Reuven se lient d’une amitié intense et durable.

À travers ses deux personnages Chaïm Potok expose deux sortes de fidélités à la tradition, deux façons différentes de vivre et démontre que malgré le fossé l’amitié est possible même si les deux personnages ont des traditions et des modes de vie différant.

Le roman parle aussi de l’éducation et de la transmission. Du conflit de génération, des attentes que les pères peuvent avoir sur leurs enfants, des jeunes qui ont du mal à forger leur propre avenir au sein de ces communautés.



Ce roman magnifique comme toute l’œuvre Chaïm Potok offre au lecteur un goût du monde juif, le mysticisme de la religion, la spiritualité de sa philosophie, le charme de la Torah et du Yiddish. On ne pourra que regretter le peu de roman de Potok traduit en français.

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L'élu

A travers l’amitié de deux adolescents et les relations qu’ils ont avec leur père, Chaïm Potok nous fait découvrir deux communautés juives new-yorkaises, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et c’est très intéressant, attachant, plein de finesse.



Il y a quand même quelque chose qui m’a mis un peu mal à l’aise: dans les débats entre sionistes et anti-sionistes juifs la présence des Arabes sur la terre où sera établi l’Etat hébreu est complètement occultée, ils en parlent comme si c’était une terre sans peuple, ou comme si l’existence des Palestiniens n’était pas une donnée à prendre en compte. Bon, au moins ça fait réfléchir et ça donne envie d’en lire plus sur le sujet.
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Je m'appelle Asher Lev

Asher Lev a 4 ans quand débute ce roman. C’est un petit bonhomme, juif hassidim, vivant avec ses parents à Brooklyn et il a un don, il dessine…

Très vite, son père lui fait comprendre que ce qui était toléré, parce qu’il n’était qu’un tout petit enfant, doit cesser. Le dessin, c’est au mieux une perte de temps, au pire l’expression du mal, le Sitra Ashra.

Mais on ne peut pas plus demander à Asher d’arrêter de dessiner que d’arrêter de respirer…

Chaïm Polok nous narre alors son difficile parcours, ses souffrances, l’incompréhension des êtres qu’il aime : ses parents, ses camarades de classe, ses professeurs…

J’avoue avoir été en colère à plusieurs reprises. Mais lui reste calme, digne, crayon en main il poursuit son chemin coute que coute, envers et contre tous.

J’ai été en colère… et puis lorsque j’ai tourné la dernière page, je me suis demandée ce qu’il serait devenu s’il était né dans un milieu où son art avait été le bienvenu ? Peut-on devenir un artiste de génie si la route qu’on emprunte est lisse et douce ? Là est la question…



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Je m'appelle Asher Lev

Dans ce très beau livre, écrit dans la tradition des récits juifs, mi-philosophiques, mi-contes, et toujours ouverts à une dimension mystique, un peu comme les romans d'Elie Wiesel, il est question de rupture, d'une part avec la tradition hassidique et d'autre part avec l'autorité du père qui représente cette tradition. Rupture d'un garçon avec tout ce qui fait sa vie pour accomplir son propre destin. Et c'est douloureux, comme tout affranchissement qui nous fait souffrir en nous séparant de ceux que l'on aime mais qui ne comprennent pas, et qui souffrent aussi. C'est profond aussi et montre combien l'artiste qui parle au nom de tous est isolé et seul face au monde qu'il essaie de décrire, de libérer, par le regard qu'il porte sur lui. Très beau texte, qui nous confronte à nos propres démons, ceux du refus de la différence et ceux du doute et de la peur.

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L'élu

Rares sont les romans qui laissent le cœur et l’esprit dans un tel état !



Ce roman nourrit le lecteur de culture, d’intelligence, de générosité. C’est une pure merveille.



Deux jeunes gens se rencontrent à l’occasion d’un match de base-ball (on lit ce passage comme s’il se vivait devant nos yeux), l’un est issu d’une famille juive hassidique, il est fils de tzaddik (plus qu’un rabbin, un chef spirituel) et l’autre, qui a perdu sa mère, vit avec son père dans la tradition juive mais il est plus ouvert à la modernité, plus tolérant et il sera un fervent adepte du sionisme. L’élu est le fils du tzaddik qui doit lui succéder un jour, mais voilà, ses lectures vont l’emmener sur un tout autre chemin…



J’ai pris un grand plaisir à assister à des batailles d’interprétations du Talmud, j’ai appris un tas de choses sur l’histoire des Juifs, sur leur religion, sur la création de l’Etat Juif, sur la différence entre les hassidiques et les sionistes… mais pas seulement… ce roman est aussi une réflexion intelligente et sensible sur le sens de la vie, sur l’amitié, sur l’amour paternel et filial, sur l’éducation.



Chaïm Potok a la qualité rare de savoir raconter des histoires, même si ces histoires sont très éloignées de notre quotidien. On entre dans un monde inconnu (la communauté juive de New-York pendant la seconde guerre mondiale jusqu’à la création de l’Etat d’Israël) avec une facilité déconcertante. Je n’avais aucune envie de quitter ce livre, c’est pourquoi j’ai pris le temps de le savourer, j’en ai même ralenti la lecture.



Et cerise sur le gâteau : des dernières pages du livre se dégage une telle émotion que j’en ai versé des larmes.
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Le docteur Rubinov

S'il n'est pas autobiographique, le docteur Rubinov est pour le moins biographique. Il raconte une vie, des vies, des personnages cherchant à survivre dans l'univers soviétique, cet univers dont on a encore du mal à comprendre le fonctionnement.

Le récit pose la question des conditions de cette survie. Vous ne pouvez être indifférent au système et vous n'êtes pas indifférent au système. Il vous catalogue en bon ou mauvais citoyen avec des critères qui vous échappent et dont lui-même n'est peut-être pas aussi certain.

L'histoire repose sur une boucle, un retour sur soi, sur ce qu'on l'on a été, sur ce que l'on est devenu et avec une angoisse permanente la question de savoir ce que l'on va devenir.

Léon Shertov a quitté l'URSS pour les USA. 1953. Il Jouit du statut de transfuge géré par la CIA. Il est chargé d'une série de conférences dans des universités américaines.

Sa rencontre avec Ilana Davita, une étudiante dont le père est un ancien journaliste soviétique qui a couvert la guerre d'Espagne, le convainc d'écrire son histoire : « Qui pourrait s'intéresser aux histoires d'un juif de plus ? », pense-t-il.

1ère Guerre Mondiale : Dans l'armée rouge, commence-t-il, les juifs étaient considérés comme de mauvais soldats et cantonnés à des rôles mineurs. « J'empilais des caisses d'obus sur des chariots. »

Mais la guerre se soucie peu de rôles majeurs et de rôles mineurs, elle veut de la chair à canon.

Après une embuscade allemande il se retrouve en compagnie de 18 survivants, il entend « les soldats marmonner que c'était à cause des juifs que les Allemands remportaient des victoires en Pologne. »

Il se retrouve pourtant un fusil à la main et suit le mouvement, tirant quand les autres tiraient, s'arrêtant quand les autres s'arrêtaient. Il apprend vite la guerre. Servant d'une mitrailleuse. Soldat monté sur la jument alezane d'un cosaque mort. Il apprend aussi à obéir et à se faire apprécier de ses chefs malgré son surnom de « Kalik le Youpin. »

Il finit à l'hôpital de Petrograd. C'est là qu'il rencontre le docteur Pavel Rubinov. Ce dernier lui évite l'amputation du bras. Les deux hommes se lient. Rubinov, fils d'une famille juive qui ne l'a pas élevé dans la religion veut apprendre à lire les textes sacrés en Hébreu. Il a entendu Léon prier lors de l'opération.

Rubinov lui fournit un sauf conduit qui lui permet de regagner son village puis de repartir à la guerre contre les Polonais cette fois.

Sans savoir pourquoi, il se retrouve à Moscou dans une unité spéciale chargé de veiller à ce que les paysans remplissent les objectifs du plan. Pour éviter de liquider les paysans qui refusent, comme font le plupart de ses collègues, il cherche à convaincre, utilisant tous le subterfuges possibles. Alors qu'il veut simplement sauver des vies, il obtient des résultats qui font dire au commandant qu'il avait « accompli un travail magnifique » et qu'il était « prêt désormais pour la tâche qu'on allait lui confier. »

Inscription au Parti, Ecole du Parti, voilà Léon lacé sur les rails de la renommée et du succès.

« Au royaume de l'espérance il n'y a point d'hiver, dit un proverbe russe. Eh bien, grâce à une tradition, qui s'était transmise à travers les siècles, d'une génération d'inquisiteurs et de tortionnaires à l'autre, nous apprenions comment anéantir ce royaume et plonger nos prisonniers dans l'hiver éternel de désespoir. »

Voilà Léon face à son destin : Commandant en 1930, Colonel en 1941, il exécute les ordres et les membres du parti devenus « Ennemis du peuple »

Bien qu'il ait signé le pacte Germano-Soviétique, Staline impute la responsabilité de l'invasion de l'URSS par l'armée allemande à ses généraux accusés de comploter contre lui.

Léon est à la manoeuvre. « Frappez, frappez et frappez encore. », avait ordonné Iosif Vissarionovitch…

Novembre 1952. Léon est en charge du dossier du complot médical contre Staline. Devinez qui il va rencontrer à nouveau ? Rubinov qui le confronte à lui-même. C'est alors qu'il prend la décision de quitter l'URSS, peu après la mort de Staline.

En terminant la lecture, on s'interroge sur ce qui a guidé Léon Shertov pendant toutes ces années : la volonté de vivre ? La conviction que s'il n'était pas là, un autre le remplacerait, peut-être plus cruel ? le hasard ?

Sa fuite aux USA, n'effacera jamais les souvenirs tenaces de ce qu'il a fait. Comme le parasite intestinal qu'il a contracté en Crimée, « Ça va et ça vient. Cela se soigne (…) Mais cela ne se guérit pas. »


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L'élu

Un de ces livres magiques que l'on garde au fond de soi. Pourtant, le "challenge" paraissait difficile: s'immiscer dans une communauté fermée et une culture étrangère à la plupart d'entre nous. C'est cela, le talent et Chaïm Potok en a beaucoup. C'est absolument remarquable: ambiance, relations humaines, sens de la vie, désir d'apprendre, tout est décrit avec le mot juste, la sensibilité à fleur de peau et un sens de l'humain inégalable. Vous avez compris que j'ai adoré et me suis lancée dans la découverte de l'oeuvre de cet auteur (maintenant disparu) que je place au grand Panthéon des écrivains.
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Je m'appelle Asher Lev

J'avais découvert Chaïm Potok avec "l'élu" et j'avais adoré et cela m'avait donné envie de lire d'autres textes. Dans "Je m’appelle Asher Lev", retour dans la communauté juive hassidique de Brooklyn cette fois dans les années 50 pour un récit de « l’affrontement » entre le jeune Asher qui se découvre une vocation de peintre et son père très engagé dans la cause juive qui ne peut admettre qu’on consacre son temps à ce type d’activités stériles. Heureusement pour Asher, le rebbe (chef religieux de la communauté) comprend la puissance de la vocation d’Asher et l’aide à la développer. Le jeune garçon va cependant être déchiré entre la réalisation de son œuvre et sa foi. L’auteur fait remarquablement vivre ce monde fermé et inconnu et l’ambiance de l’époque. Un roman très attachant car les affres d’Asher, au-delà de sa propre histoire, interpellent sur la difficulté à trouver son identité dans un groupe et sur le déchirement qu’il en résulte. L’écriture est remarquable et on suit l’évolution d’Asher avec un réel plaisir.
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Je m'appelle Asher Lev

JE M’APPELLE ASHER LEV de CHAÏM POTOK

Asher Lev est un jeune garçon juif, son père est au service d’un célèbre et respecté Rèbbe d’une communauté hassidique de Brooklyn. Un homme strict et très engagé dans son travail. Sa mère étudie mais quand son frère décède elle tombe gravement malade. Asher n’a qu’une seule passion dans la vie, le dessin, pendant les cours il dessine au grand dam de ses parents mais surtout pour son père pour lequel l’étude de la Torah est la seule activité possible. La mère s’interpose souvent entre eux deux mais la situation s’envenime régulièrement. En désespoir de cause les parents demandent au Rèbbe de les aider. Après plusieurs interventions ce dernier reconnaîtra qu’il ne peut rien faire face à l’entêtement d’Asher qui dès lors va suivre son propre chemin.

C’est un livre admirable qu’a écrit Chaïm POTOK, cette lutte entre père et fils, entre engagement religieux et passion artistique. Admirable car ces deux hommes s’aiment d’un amour véritable, le père est un honnête homme dédié à son travail qui consiste à rapatrier le plus de juifs possible aux États Unis, à créer en Europe des centres hassidiques et globalement à sauver le plus de juifs d’Hitler et de Staline. De son côté ASHER aime son père mais ne peut réfréner sa passion violente pour le dessin puis pour la peinture, il essayera mais en vain de revenir aux études. Une lutte poignante avec la mère et le Rèbbe pour arbitres. Un grand livre.
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Je m'appelle Asher Lev

Le récit de Potok est centré sur l'histoire d'un jeune garçon, Asher Lev, qui, tout en étant élevé selon les édits stricts du monde hassidique, rêve de devenir artiste. Cependant, ce rêve le met en contact avec le monde séculier, un monde boudé et détesté par sa famille et sa communauté. Potok s'est inspiré par sa propre vie, car lui-même a grandi dans une famille orthodoxe. Tous ses frères et sœurs sont devenus ou ont épousé des rabbins et lui-même a été ordonné par le rabbinout conservateur.

En lisant le livre de Potok, j'ai été frappé par le conflit ressenti par les Juifs américains de première génération. Les Juifs, enfin libérés de la législation restrictive qui les avait retenus en Europe de l'Est, ont lutté pour redéfinir leur identité dans un pays qui leur permettait d'être ce qu'ils voulaient. N'étant plus frappés par la pauvreté ou manquant d'éducation, ces Juifs ont reçu des possibilités illimitées de la part de la société. Cependant, leurs parents, qui, souvent, parlaient à peine anglais et hantés par une génération perdue dans l'Holocauste, attendaient d'eux qu'ils se conforment à la norme établie dans un monde très différent.

Mon nom est Asher Lev est une histoire magnifiquement racontée et intelligemment structurée, mais elle résonnera en vous longtemps après que la dernière page ait été tournée.
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Je suis l'argile

JE SUIS L’ ARGILE de CHAÏM POTOK

Corée, années 50, les américains bombardent, les chinois chassent les coréens, un vieux couple fuit. Sur leur chemin un enfant gravement blessé, la femme le prend en charge contre l’avis de l’homme, le seul enfant qu’elle ait eu est mort très jeune, alors…Le vieux va découvrir une cachette, trouver du bois, faire un feu tuer un chien pour se nourrir pendant que sa femme enlève un éclat d’obus à l’enfant. Le garçon s’en sort, il semble avoir des dons particuliers qui se révèlent peu à peu, mais l’homme souhaite toujours l’abandonner. Cependant, alors qu’ils atteignent un camp de réfugiés le garçon va se révéler utile et débrouillard et le regard du vieil homme va progressivement changer…

Un très beau texte qui mêle la réalité de la guerre, l’exode forcé, la crainte des esprits, le respect des morts, l’étroitesse d’esprit du vieil homme bougon pris dans son amertume d’une vie sans enfant, la femme en quête de rédemption. C’est dur, triste mais l’amour pointe derrière l’horreur et la fin laisse entr’apercevoir l’espoir et la lumière. Superbe.
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Le Don d'Asher Lev

Ce livre, qui est la suite de la vie d'Asher Lev et qui par ailleurs est agréable à lire, n'apporte rien de nouveau par rapport aux précédents, mais au contraire finirait par noyer le propos (le conflit opposant la tradition hassidique à l'art universel d'un grand peintre juif) tant il en rajoute. Asher Lev devra-t-il donner son fils à la communauté hassidique de New York en échange du talent que Dieu lui a accordé et le fils devra-t-il devenir Rèbbe (chef spirituel) reliant le monde profane au monde sacré, en sacrifice si je puis dire (un peu comme Isaac sauvé au dernier moment par un ange), ou bien ne sont-ce que les fantasmes nés de l'esprit d'un père torturé ?

Quelques détails concernant le sort de l'épouse d'Asher et de ses parents à Paris pendant la seconde guerre mondiale semblaient vouloir ouvrir d'autres pistes mais tournent court. Je comprends que l'auteur ait eu du mal à en finir avec un personnage très attachant, mais bon cela ira bien comme cela.
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