AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Charles Péguy (56)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'Argent

Je n'en veux pas tant à Charles Peguy de ne quasiment pas parler d'argent dans son livre “L'Argent”, qu'à la quatrième de couverture d'Editeur qui, par hypothèse après lecture complète du livre, laisse encore à penser qu'on va essentiellement parler d'argent…



“Ils ne pouvaient pas soupçonner qu'un temps venait, et qu'il était déjà là, et c'est précisément le temps moderne, où celui qui ne jouerait pas perdrait tout le temps, et encore plus sûrement que celui qui joue.”



Peguy est un original et le lire participe à la construction d'une opinion à 360°… Mais Charlie se laisse aller à un exercice d'équilibriste un peu cafouilleur, est-ce qu'il dénonce la pauvreté ? la misère ? Ou bien le fait que les pauvres ne soient plus sagement satisfaits de leur sort ? La faute aux so-cia-listes et Jaurès, ce diable bourgeois capitalise - pas le patron, pas les conservateurs contre l'abolition du travail des enfants de moins de douze ans, la baisse de la durée hebdomadaire du travail de 12h à 10h - Non Jaurès, assassiné pour avoir tenté d'empêcher la même guerre qui fauchera Peguy un an plus tard.



Ainsi Peguy reproche à la gauche d'encourager l'ouvrier à la glandouille : faut dire qu'une journée de travail de dix heures à l'usine c'est farniente pour Peguy, confortablement journaliste, qui rejoins par là le taylorisme le plus primaire…



Bon à ce stade, vous le voyez venir, grossier comme du pain d'orge, levée de rideau, le voici sans plus tarder le.. c'était mieux AVANT !



Il nous parle d'un temps, pas si reculé, où les gens étaient heureux de leur condition et où nul estomac ne gargouillait, aucun mineur de fond ne songeait à améliorer une condition séculaire, que dis-je millénaire… c'était trente ans avant 1913, ce paradis perdu ! Aujourd'hui nous dirions avant 1970… c'est ça qui est très pratique avec le “c'était mieux avant”… comme l'horizon, ligne imaginaire qui recule au fur et à mesure qu'on avance, il avance à mesure que les années passent, le paradis perdu est toujours à portée de souvenir d'enfance, il a l'odeur des confitures et du lait infantile…



Bon mais tout n'est pas à jeter, au contraire, on découvre aussi un Peguy moins décliniste que socialiste, étrangement beaucoup moins cité aujourd'hui … sans doute ses thuriféraires de droite libérale-conservatrice contemporaine, obsédés par l'immigration et le c'était mieux avant (eux), sont un peu gênés aux entournures que leur auteur fétiche, leur argument d'autorité dénonce sans ambages le creusement des inégalités économiques, souligne la séparation des humains en classes sociales antagonistes ou encore le mythe bourgeois de l'émancipation financière des masses laborieuses par le travail : “jamais on avait vu tant d'argent rouler pour le plaisir, et l'argent se refuser à ce point au travail. Et tant d'argent rouler pour le luxe et l'argent se refuser à ce point à la pauvreté.”



“Le parti politique socialiste est entièrement composé de bourgeois intellectuels”. Mais Peguy démasque aussi l'hypocrisie socialiste, soulignant déjà bien l'univers bourgeois dans lequel évolue des politiciens dits “de gauche” et très loin des réalités de ceux dont ils sollicitent un mandat en blanc.



Il y a une permanence désarçonnante dans les courants d'opinions qui traversent la presse française. L'embourgeoisement des idées, des moeurs, des comportements est déjà une réalité qu'observe Charles Peguy, à défaut de l'égalisation des comptes en banque, “tout le rêve de la démocratie est d'élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois” résumait déjà Gustave Flaubert !



Je n'en ai pas vraiment eu pour mon argent..mais qu'importe on ne peut pas reprocher à l'auteur de ne pas avoir écrit le livre qu'on voulait lire !



Qu'en pensez-vous ?
Commenter  J’apprécie          845
Notre jeunesse

Voici un livre tombé dans un oubli profond. Pas évident comme lecture il faut dire, malgré son incroyable qualité d’écriture, et nécessitant une certaine connaissance du contexte politique des années 1900. En effet, c’est là le testament politique de Charles Péguy. Toutes ses contradictions s’y résument. Penseurs catholique, et viscéralement républicain, ennemi juré de l’Action Française. Dreyfusard de la première heure, et fidèle partisan de l’armée. Fusionnant mystique chrétienne et mystique républicaine, et se plaignant de voir cette dernière disparaitre…



Mais surtout, il y règle ses comptes du temps de l’affaire Dreyfus. Avec ses anciens ennemis, tout d’abord. Auxquels il n’en veut pas tant, au fond. « Nous voulons sacrifier un homme pour sauver l’image de l’armée. N’est-il pas écrit qu’il vaut mieux perdre un seul homme que tout un peuple ? » Lui disaient-ils. A cela il répondait non. Chacun droit dans ses bottes et voila. Ce sont à ses anciens alliés que vont ses mots les plus amères. Au premier rang duquel, son plus ancien compagnon de route, son camarade de toutes les luttes : Jaurès.



En des termes si froids et élégants qu’ils font plus mal que les pires injures, il l’accuse d’avoir utilisé l’affaire Dreyfus pour lancer sa carrière politique. D’avoir tiré les dividendes en termes de renommée du seul combat qui méritait de rester désintéressé. Et d’avoir pour cela muselé les voix trop discordantes, trop frondeuses ou tout simplement trop brillantes au sein des dreyfusards. Et en premier lieu, celle de Bernard Lazare. Et il est certain que ce grand intellectuel juif est tombé dans un oubli presque total. Qui se rappelle encore qu’il fut le premier rédacteur de « j’accuse », deux ans avant Zola ? Mort en 1903, Péguy exprime ici toute l’admiration qu’il avait pour lui.



On connait la suite. Péguy, convaincu du caractère inéluctable de la guerre, promettant de « fusiller le traître Jaurès ». L’assassinat de ce dernier, et ses plus fidèles partisans basculant dans l’union sacrée. Sa panthéisation et sa transformation en mythe, quand Péguy, tué dans les premiers jours de la guerre, rejoignait les rangs des figures tutélaires de la littérature française que plus personne ne lit ou presque.



Nous ne mènerons jamais des combats comparables à ceux qu’ils ont menés. Qui serrions-nous pour juger l’un ou l’autre de ces deux hommes, ou la relation qui les unissait ?
Commenter  J’apprécie          420
L'Argent

Première rencontre avec Charles. Sans aller jusqu'au râteau, on peut dire que notre relation part un peu de travers avec ce texte intitulé L'argent qui ne parle pas d'argent, j'ai mis un temps fou à le comprendre et j'ai failli partir.

Mais c'est Charles quand même, ce Charles sur lequel il va bien falloir que je me fasse une opinion ( grand penseur? tradi confiné? progressiste raffiné?) et donc sortir de ma condition d'ignare patentée de son oeuvre.

"L'argent" ne m'y a pas vraiment aidé, tant j'ai peiné à trouver une ligne directrice au propos. Apologie d'un enseignement primaire hors de "l'étranglement économique" bourgeois, d'accord, mais pourquoi taper comme un sourd sur Jaurès?

Comment dire, tout au long du texte j'ai eu cette sensation étrange d'ouverture d'esprit et de sectarisme inextricablement mêlés dans une pelote d'idées que pour cette première approche je serais bien en peine de dénouer.

A suivre...
Commenter  J’apprécie          252
Nuit de lumière

Ce que j’ai ressenti:



Peut-être, suis-je irrécupérable, aussi. Mais je sais, en revanche, ce qui me tient debout, chaque jour. La Poésie et les enfants.



Donc la rencontre avec ce livre est évidente et réussie. En phase avec les lignes et les obscurités qui me tiennent, à l’unisson avec la belle intention de ce projet artistique et littéraire. Je suis une grande admiratrice de C215, mais je ne connaissais pas encore Charles Peguy. Ce fut un coup de foudre. La combinaison de la lecture et des illustrations fait merveille. Autant pour les yeux que pour le cœur. Il y a quelque chose de poétique et de visuel qui insuffle une émotion sincère et vivifiante. Parce que, les actions de ces deux hommes, sont et ont été, pour les enfants. Pour cette lumière qu’ils portent en leurs yeux. Pour ce sourire qui les anime, qu’importe les circonstances…C’est pour les enfants, d’ailleurs, que l’on écrit, que l’on dessine, que l’on porte l’art plus haut, plus loin…C’est un leitmotiv étonnamment régénérateur: pour les enfants. C’est suffisant en lui-même, mais c’est aussi, toujours euphorisant et éternel.



Parce que, les enfants, détiennent l’Espérance. Et c’est ainsi que, on le ressent, dans ces pages, qu’elle nous traverse, durablement. On ressent L’hommage à leurs innocences, à leurs singularités, à leurs beautés, à leurs rires, à leurs émerveillements. Une constance et une impermanence à chérir, puisque, éphémère…C’est tellement puissant. Le texte de Charles Peguy est fort et bouleversant. Il résonne. Les portraits d’enfants de Christian Guemy, sont splendides et lumineux. Un enchantement, cet artbook!



J’ai toujours préféré la nuit, parce que j’ai un temps fécond, précieux pour réfléchir au sens de la vie, à ce qui me fait marcher, à ce qui m’émeut, à ce qui me ramène à l’essentiel, aux traces que je vais laisser…Un enfant et de la poésie, peut-être…Je suis peut-être irrécupérable, mais aujourd’hui, je vais récupérer quelques étoiles et quelques traits, les faire sortir du silence, pour vous dire que ce livre est un magnifique coup de cœur. Je sais que j’ai toujours mis toutes mes attentes dans l’Espérance, sans modération…Et à présent, j’espère juste que vos yeux, vos cœurs, vos pensées bienveillantes, soient pour Nuit de Lumière…
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          242
Oeuvres en prose complètes I

Charles Péguy a beau être régulièrement cité, il est peu lu. Voulant tenter l'aventure, je comprends mieux pourquoi. La partie la plus importante de son oeuvre correspond aux écrits qu'il a donné dans les Cahiers de la Quinzaine, revue qu'il a fondée et dirigée et qui a paru entre 1900 et 1914, jusqu'au départ au front de Péguy, mort très rapidement à la guerre. La Bibliothèque de la Pléiade propose une édition en quatre volumes des Oeuvres en prose complètes de l'auteur. Robert Burac, qui a assuré cette édition, a voulu être le plus exhaustif possible, et même s'il précise que l'édition proposée n'est peut-être pas complète à 100 %, d'autres écrits parus ici ou là pouvant avoir été oubliés, elle est quand même très complète. Au point de comprendre certains travaux rédigés par le tout jeune Péguy à l'école primaire… Par ailleurs, les écrits publiés dans la Quinzaine (l'immense majorité des textes) sont présentés dans l'ordre de leurs parutions, suivant au plus près la logique de la parution dans la revue, et non pas celle de textes en eux-mêmes. Lorsqu'un texte est paru dans plusieurs numéro, il est donc présenté en plusieurs morceaux. Cela n'aide pas vraiment le lecteur qui voudrait juste lire quelques textes, Robert Burac semble partir du principe que le lecteur va tout lire. Quatre tomes de la Pléiade (le premier fait près de 2000 pages) c'est quand même un sacré morceau, qui risque de n'intéresser que les passionnés convaincus de Péguy, et faire décrocher ceux qui ne le connaissent pas vraiment et qui voudraient s'initier. D'autant plus que je ne trouve pas les notes et présentations très riches, pas forcément suffisantes à mon sens, ni sur l'auteur, ni sur le contexte de l'époque. Des choix éditoriaux que je regrette un peu.
Commenter  J’apprécie          217
De la grippe, encore de la grippe, toujours..

En janvier 1900 Péguy se lance dans sa grande oeuvre ; Les cahiers de la Quinzaine. le premier numéro paraît le 5 janvier, la date de l'anniversaire de sa femme. Il y publiera l'essentiel de ses textes qui ne relèvent pas de la poésie. de la grippe, encore de la grippe, toujours de la grippe appartient à la toute première époque des Cahiers, et paraîtra en trois parties, le 20 février, 20 mars et enfin le 5 avril.



Le titre fait irrésistiblement penser à l'expression utilisée par Danton dans un discours de 1792 : de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace. Cela donne tout de suite un avant goût de l'ironie qui sera toujours présente dans le texte de Péguy. Car, et j'avoue que cela a été une surprise pour moi, le texte est souvent drôle, espiègle, plein de second degré. le sujet de la maladie, et par opposition de la santé, n'est pas un thème dû au hasard. Péguy s'est toujours montré sensible au corps, il a assidûment pratiqué la marche, et il était très intéressé par les questions de santé publique, luttant par exemple contre la promotion de l'alcool, qui faisait des ravages dans les classes populaires à l'époque.



Le texte se base sur une une donnée réelle, une forte épidémie de grippe qui a eu lieu pendant l'hiver 1899-1900. Mais le projet de Péguy est de partir d'une expérience individuelle, et de tenter de la relier à une réflexion morale, politique, métaphysique. le texte, publié en trois parties, peut s'analyser en trois thématiques : celle de la maladie d'un corps individuelle, celle de la maladie socio-politique et celle de la maladie métaphysique.



Le texte se présente sous la forme d'un dialogue, entre un narrateur, que l'on aurait tendance à considérer comme Péguy lui-même (il évoque le travail sur la parution des Cahiers) et un homme présenté comme un « citoyen, docteur, socialiste, révolutionnaire, moraliste, internationaliste ». le terme de docteur ne renvoie pas à la médecine, mais au fait que l'homme est un savant, quelqu'un qui prétend détenir un savoir, entre autres politique. Mais en réalité, son rôle est surtout de faire avancer le dialogue.



La forme du dialogue n'est pas nouvelle bien entendu, on peut penser au dialogue socratique, cette forme a aussi été beaucoup utilisée dans la philosophie du XVIIIe siècle. Péguy l'a déjà utilisé. En plus de donner une forme dynamique et attrayante au texte, le discours à plusieurs voix permet d'introduire dans la pensée une contradiction, un échange, de mieux cheminer vers une pensée juste, ce qui est le but premier de Péguy. le dialogue permet d'introduire des nuances, le complexe, faire entrevoir les failles du réel.



Nous partons donc de la maladie individuelle du narrateur, le docteur venant pour s'informer. Péguy se met en scène, décrit sa maladie, les symptômes, la convalescence, une petite rechute, la manière dont cette maladie influe sur la parution des Cahiers en cours. Ce qui nous permet d'entrevoir les coulisses de la revue en train de se faire.



Mais très rapidement le point de vue n'est plus qu'individuel : le narrateur s'interroge sur la transmission, sur la manière dont la grippe se répand, et donc sur un aspect social de la maladie. Et la maladie de Péguy a un impact sur le travail des personnes qui collaborent avec lui, qui doivent faire en partie à sa place. Dans une épidémie, le malade n'est jamais seul. Même si chacun vit sa maladie à sa façon, y fait face d'une manière qui lui est propre. C'est ce qui évoqué, par des exemples, d'un ami de Péguy mort jeune, entre autres. Tout cela amène aussi la question du mental sur la santé, le lien entre l'esprit et le corps. Si Péguy est malade à ce moment-là précisément, c'est que peut-être qu'il y a des raisons à cela.



Ces raisons que Péguy a d'être malade, introduisent la thématique de la maladie socio-politique. En effet, le lancement des Cahiers au début de l'année 1900 marque une sorte de rupture avec les organisations socialistes, suite au congrès de 1899. Ce congrès a été pour Péguy une grosse déception, à cause des rivalités et ambitions, compromis boiteux et renoncements, hypocrisies, sectarisme. La maladie individuelle mène ainsi à la une maladie du socialisme, les Cahiers étant en quelque sorte un remède possible. Il s'agissait pour Péguy de faire passer quelques idées socialistes simples, et de cette manière faire progresser la révolution par des adhésions individuelles progressives, une révolution par étapes, et non brutale et sanguinaire. Car le mal touche non seulement le socialisme, mais aussi tous les partis politiques, le régime parlementaire. Au-delà du politique, la maladie touche aussi l'institution de l'église. de même les conquêtes militaires et coloniales et les exactions et atrocités qui les accompagnent sont un symptôme du mal. Des pays comme la France qui se présentent comme libéraux et démocratiques se comportent d'une manière honteuse, que l'on peut considérer comme une maladie sociale auquel il faut trouver un remède. L'humanité entière est concernée, c'est l'Homme en tant que tel qui est malade.



Ce qui amène l'auteur à la maladie métaphysique, terme que Péguy réhabilite (alors qu'à l'époque où il écrit ce texte, il est encore agnostique). Pour lui, poser la mortalité de l'homme, c'est aussi de la métaphysique. Ce qui a précédé sur les conquêtes, introduit la notion de la mort de l'humanité : les guerres, les massacres, le travail abrutissant imposé à certains, l'alcoolisme etc font que l'homme devient acteur de sa propre destruction. La grippe d'un individu nous amène donc à réfléchir à la fin de l'humanité. Pour construire cette réflexion, Péguy convoque des grands penseurs, toujours dans l'esprit de dialogue, de construction à plusieurs. Renan, qu'il rejette en grande partie, à cause d'une part trop importante de spéculations abstraites, car Péguy ne dissocie jamais la métaphysique du corps, du tangible. Elle ne doit pas être une fuite du présent.



Enfin, Péguy fait une grande place à Pascal, qui l'aide à réfléchir sur comment vivra sa maladie. Cette dernière devient une sorte d'épreuve de vérité, qui oblige à tomber le masque, permet une prise de conscience, donne une plus grande lucidité, permet de distinguer l'essentiel de l'accessoire, en nous sortant de l'urgence du quotidien.



Sous une apparence au départ presque anecdotique, pleine d'ironie, amusante, c'est un texte très dense et d'une grande profondeur, qui nécessite sans doute plusieurs lectures, et des références qui permettent de mieux l'appréhender. Il m'a en tous les cas permis de mieux comprendre l'intérêt porté à Péguy, et les citations et références que de nombreux auteurs y font. Se plonger dans cette oeuvre reste malgré tout une entreprise complexe, et qui demande incontestablement un véritable investissement.
Commenter  J’apprécie          181
Le porche du mystère de la deuxième vertu

Un long poème sur l'Espérance ; la deuxième vertu. Ici le poète a voulu, avec des versets (plutôt que des vers) exprimer les mystères profonds de la religion avec une telle naïveté enfantine et une croyance innocente.



On y trouve les sujets chers à Charles Péguy, à savoir : l'amour divin, l'espérance (bien évidemment) et l'innocence. Il essaie de chanter cette vertu sans pompe, avec le simple usage de métaphores familières et de scènes attendrissantes.



A vrai dire, la lecture de ce poème n'est pas toujours un bonheur, et l'on risque de s'ennuyer à mi-chemin, alors que peu de passages seulement peuvent nous intéresser et nous secouer.
Commenter  J’apprécie          170
L'Argent

Vous vous intéressez à la société, à l'école, à la politique ? Oui? Mais vous n'avez pas encore lu Péguy?

Alors stop. Posez tout. Ouvrez l'Argent. Et après on discute.

Il ne s'agit surtout pas d'être d'accord sur tout avec le Maître (son intelligence est excessive, c'est peut-être pour cela que Luchini avait monté un spectacle à partir de L'argent). Mais Péguy va vous aider à respirer. À pleins poumons. Comme lui-même a appris à respirer avec Monsieur Tonnelat, dans «cette jolie petite école dans un coin de la première cour de l'École Normale, à droite, en entrant [...]». C'est au 72 rue du Faubourg de Bourgogne, à Orléans. Et c'est toujours beau même si le bâtiment sert désormais d'INSPÉ.

Laissez Péguy vous emmener ailleurs - vous aider à penser en dehors - en nous léguant cette pensée d'un monde où «il n'y avait pas cet étranglement économique d'aujourd'hui, cette strangulation scientifique, froide, rectangulaire, régulière, propre, nette, sans une bavure, implacable, sage, commune, constante, commode comme une vertu, où il n'y a rien à dire, et où celui qui est étranglé a si évidemment tort.»
Commenter  J’apprécie          162
Ève

Péguy est un poète hors pair, car insaisissable, en compréhension poétique complète. Sa didactique de pensée englobant une aura culturelle, littéraire, politique, philosophique et religieuse vertigineuse. Ses vers essaiment un miel à l'essence délicieuse, mots choisis nous imaginant transporter au milieu d'un champ de blé dont les épis ondulent au gré d'un vent chaud d'un début d'été, paroles existentielles nous immergeant dans la terre de nos racines pour retrouver les saveurs de l'enfance, de l'insouciance, de la famille. Péguy au travers de son oeuvre poétique, creuse le long sillon des hommes, de la patrie, de l'âme perdue, égarée dans un monde ou les valeurs principales semblent évaporées, curieusement la poésie de Péguy reste d'une modernité étonnante, en faisant un écho à notre société matérialiste, sans but et sans racines. L'auteur, longtemps orienté vers une pensée socialiste dans ses premiers écrits, va au fur et à mesure de l'évolution de sa carrière littéraire, développer une philosophie de vie plus nationaliste, axée sur l'amour de la nation, du terroir, empreinte d'une éthique exigeante envers les dirigeants politiques et lui-même. Ce changement s'opère en particulier dans ses écrits poétiques avec une volonté affichée d'exhaler une dimension patriote au mysticisme chrétien, mais fortement teinté d'un humanisme profond, car Péguy ne rejette pas en bloc ses années d'homme de gauche, même si ses idées présentes sont indiscutablement devenues de droite. La grande originalité de ce recueil émouvant, c'est qu'il nous fait constamment passer de la beauté à l'ineffable, de la légèreté à la gravité, sorte de chemin de vie transcendant, mais ou la réalité temporelle fait totalement corps avec la mystique spirituelle.
Commenter  J’apprécie          140
Notre jeunesse

En 1910, Charles Péguy publie un nouveau cahier de la quinzaine dans lequel il aborde de manière rétrospective l'Affaire Dreyfus. Ce texte sera republié après sa mort sous le titre Notre Jeunesse.

Républicain, socialiste et chrétien, Péguy compte parmi les tous premiers défenseurs de Dreyfus, au coté de Bernard-Lazare, avant même que l'affaire ne prenne de l'ampleur. L'essentiel de son texte exprime sa colère suite à la récupération de l'Affaire par les politiciens, notamment Combes et Jaurès, auxquels il oppose les mystiques. Ceux qui vivent de leurs idées et ce qui vivent pour leurs idées.

Péguy se situe parmi les mystiques ; il analyse avec respect l'opinion des mystiques antidreyfusards (on ne sacrifie pas un pays pour un homme) mais affirme son choix originel : la République ne pouvait pas avoir les mains sales au sujet de Dreyfus, il en allait de son honneur.

Face à ces positions forgées dans la recherche du bien commun, Péguy lance la charge contre les politiciens. Il est furieux contre ceux qui ont exploité l'Affaire pour s'attaquer au christianisme et restreindre la liberté religieuse, alors que les vrais dreyfusistes ne pouvaient que respecter la liberté de tous, républicains ou non, chrétiens, juifs ou athées.

Si le style est assez daté, la hauteur de vue de Péguy donne à cet ouvrage un aspect assez intemporel, pour mettre en avant des qualités d'indépendance et de vertu républicaine. A cet aspect, la parole de Péguy reste d'une actualité troublante. On a même le sentiment qu'elle est encore plus pertinentes 114 ans après sa parution.



Commenter  J’apprécie          132
Clio

Péguy, la torche et l'incarnation du Verbe



Charles Péguy est un auteur unique, ce à quoi bien peu peuvent prétendre. Il est un écrivain aux multiples facettes et n'est jamais là où on l'attend. Péguy surprend toujours.

Son langage est une ritournelle entêtante, pleine de profondeur.



Avec "Clio", c'est l’Histoire que Péguy convoque à son écritoire. Il y martèle et déroule des phrases admirables sur le passé ; sur l'âme d'une terre, celle de France ; et porte témoignage de la belle amitié qui l'unit à Daniel Halévy (à moins que ce ne soit dans un autre de ses ouvrages, je ne sais plus).



Et quelle subversion salutaire ! Péguy n'hésite pas à dire que le christianisme a pu naître grâce au paganisme. Si ma mémoire ne me fait pas trop défaut, il a cette formule : « Pour un temps, refaites-vous une âme païenne. »



Il nous invite à regarder en arrière et à constater que tout est inextricablement lié et que le socle de l'Église prend sa racine sur les ruines du paganisme ; ruines que Péguy ne veut pour rien au monde enfouir plus profondément, mais bien plutôt les exhumer, afin de prendre connaissance du chemin parcouru et ne pas renier ce qui fut.



Fort heureusement, Charles Péguy ne pourra jamais être récupéré par aucun parti politique, de quelque bord que ce soit.



Péguy est un irrécupérable, un incorrigible, un homme libre. Dès qu'on pense le saisir, il nous file entre les doigts par l'une de ces phrases de laboureur du Verbe dont il a le secret et qui creusent toujours en nous bien plus de sillons qu'on ne le croit.



Péguy est une braise qui rougeoie sans cesse dans la nuit et sa parole brûle et mord ceux qui tentent de l'éteindre. Par ces temps de froidure – tant climatique que spirituelle –, Péguy est un feu auprès duquel il fait bon venir se réchauffer l'âme et le corps dans un même élan.



Pourquoi parler de lui au présent ?



Parce que chaque fois qu'un homme ou qu'une femme de bonne volonté se plonge dans son oeuvre, Péguy ressuscite.



© Thibault Marconnet

le 03 avril 2013
Lien : http://le-semaphore.blogspot..
Commenter  J’apprécie          133
Le porche du mystère de la deuxième vertu

Ceux qui se plaignent des longueurs et des répétitions n’ont pas compris le style de Péguy. Ce sont des vers bibliques, qui nous forcent à nous plonger dans une eau un peu floue, souvent calme, parfois brillante, qui perdrait son sel si elle nous montrait d’un coup et au premier venu toutes ses richesses. Ou avec une autre métaphore c’est comme une randonnée de montagne, assez longue et laborieuse, mais avec des points de vues magnifiques, avec une fin réjouissante, mais non la fin n’est pas vraiment le but; comme il le dit c’est le chemin, ce chemin dur et escarpé sur lequel nous continuons grâce à l’Espérance, qui certes nous déçoit toujours, mais c’est justement parce qu’elle ne semble mener à rien qu’elle est infiniment grande et vertueuse et sainte.
Commenter  J’apprécie          130
Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc

J’ai un peu étudié l’œuvre de Charles Péguy à la fin de mes années lycée, il y a très longtemps… C’est loin, mais j’ai en or en tête le souvenir de la beauté des textes…

Charles Péguy s’est dévoué corps et âmes à toutes les causes qu’il a défendues, notamment son immense foi religieuse. Son œuvre est chargée de spiritualité, inspirée par des saintes, Jeanne d’Arc, la Vierge Marie ou encore sainte Geneviève.



Dans Le Mystère de la charité de Jeanne d’arc, il renoue avec le style des mystères moyenâgeux et nous propose deux dialogues entre la jeune Jeannette, bouleversée par la question du mal, d’abord avec son amie Hauviette, une fillette pétillante et délurée, puis avec Madame Gervaise, une religieuse…

Jeannette n’a que 13 ans et demi mais elle est en proie à une foule de questions existentielles sur la souffrance humaine, sur le bien et le mal. Tandis que ses interrogations nous paraissent justifiées et universelles, dignes d’une adolescente révoltée, Madame Gervaise lui répond au nom d’une certaine orthodoxie, toutefois teintée de sincérité.

J’ai beaucoup aimé la fragilité et la résistance de Jeannette, car il est vrai que l’on représente souvent Jeanne d’Arc au cours de sa grande aventure mystique vers les combats et la sainteté. Péguy, au contraire, nous la montre avant la révélation, ressentant une profonde angoisse dans sa chair et dans son âme.



Ce texte est magnifique, entre tourment intérieur, digression, invective et incantation… Sur le plan stylistique, c’est foisonnant, une alternance de prose poétique, de vers libres, de vers scandés, de vers rimés, de vers assonants…



Je viens de le redécouvrir dans une adaptation radiophonique sur France-Culture, ce qui m’a donné envie de le relire.


Lien : https://www.facebook.com/pir..
Commenter  J’apprécie          111
La Tapisserie de Notre-Dame

J'ai eu envie de lire les poèmes de Charles Péguy parce que je suis allée au théâtre voir une pièce de Jérôme Péllissier « Rallumer tous les soleils, Jaurès ou la nécessité du combat » ou le parti pris de l'auteur, entre autres, est de monter la relation entre Péguy et Jaurès qui ont été amis, et surtout l'évolution des leurs idées et la différence des chemins parcourus jusqu'à la rupture. L'engagement de Jaurès dans l'Affaire Dreyfus est inséparable de sa relation avec Charles Péguy, jeune écrivain d'abord socialiste et pacifiste qui deviendra, au fil des événements, l'un des porte-paroles de la haine nationaliste envers Jaurès et son pacifisme.

Sans rejeter sa vie passée, Péguy revient au catholicisme en 1908 et retrouve la foi, il parle d' «un approfondissement du coeur». En 1912, il fait plusieurs pèlerinages à Notre-Dame de Chartres. On retrouve l'écho de ces événements dans ce recueil poétique en vers réguliers datant de 1913, d'inspiration mystique : « La Tapisserie de Notre-Dame ».

Sous forme de prières, Péguy nous envoûte et moi qui ne suis pas croyante j'ai été prise dans le tourbillon de ses mots.



Commenter  J’apprécie          110
Notre jeunesse

Disparu aux premières heures de la Grande Guerre, Charles Péguy livre ici l’un de ses textes les plus accomplis. Sur fond d’Affaire Dreyfus, il dresse un réquisitoire sans concessions contre la permanente récupération par la politique des différentes mystiques élaborées au cœur de l’Homme. Vincent.
Commenter  J’apprécie          110
L'Argent

bonjour , ce livre est remplis d'idée que je trouve très actuel , il parle de la bourgeoisie et du capitalisme qui a eux deux ont fait en sorte de détruire la pensée ouvrière et de détruire l'esprit collectif des ouvriers en inculquant l'individualisme et l'ego comme façon de penser et en les rendent malléable psychologiquement . ce livre a été écris au début du 20 éme siècle mais aujourd'hui il est toujours d'actualité . c'est un petit livre de 86 pages , mais il est assez dure a lire malheureusement . ce livre reste un classique de la littérature ouvrière et il décris une pensée qui aujourd'hui ce trouve assez critiqué . bonne lecture les amis
Commenter  J’apprécie          90
Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc

Je précise que j'ai lu certains passages, les plus spirituels, ceux qui expriment le plus une foi profonde, de façon un peu rapide, n'étant pas catholique contrairement aux personnages et à l'auteur lui-même, les trouvant assez longs.

Néanmoins, j'ai apprécié cette œuvre pour sa dimension universelle : elle pose deux questions centrales, pour les croyants comme pour les non-croyants - « le mystère de la création » : pourquoi l'homme souffre-t-il ? Et comment peut-on trouver une consolation ? D'ailleurs, malgré le titre, ce n'est pas une pièce véritablement historique : pas de bataille, pas de politique. Le personnage est celui de Jeannette, pas celui de Jeanne d'Arc la pucelle combattante, c'est donc la petite fille d'avant la révélation, d'avant les voix qui lui confieront une mission. Cette pièce est donc avant même le très fort roman de Marc Graciano Johanne sorti l'an dernier qui présente le monologue intérieur de Jeanne lors de son départ pour rejoindre le Dauphin, après la révélation mais avant les premières batailles. Quelques rares allusions donc à la guerre qui ravage la France et la Lorraine, aux Anglais aussi, mais ce pourrait être n'importe quelle guerre, n'importe quand et n'importe où.

Cette pièce est un « mystère », terme qui a plusieurs sens au Moyen-Âge et dans le christianisme. Mystère, c'est ce qu'on ne comprend pas. On ne le comprend pas, car on ne sait pas tout, nous ne sommes pas omniscients et omnipotents, contrairement à Dieu. Nous ne pouvons donc pas expliquer ce qui est de l'ordre justement du divin, notamment le principal miracle, le principal mystère du christianisme, l'Incarnation et la Résurrection. Jeannette pose donc des questions, de nombreuses questions, qui sont par nature sans réponse. Mais toutes tournent autour d'une interrogation centrale : pourquoi Dieu, infiniment bon, permet-il que l'homme souffre ?

Ensuite, le mystère c'est une pièce de théâtre de la fin du Moyen-Âge, jouée en public, devant le parvis de l'église ou de la cathédrale, pour enseigner le catéchisme aux fidèles. Or, ici, je parlerai à peine de pièce. Certes, le texte gagne à être lu à haute voix pour son style, mais je l'imagine difficilement sur scène, dans le sens où il est plus une succession de longs monologues qu'un échange de répliques, et qu'il n'y a pas de rebondissements dramaturgiques. Le rythme est donc lent, très lent.

Mais c'est bien un mystère qui enseigne, qui enseigne la Passion du Christ, la gloire des saints, et qui enseigne la souffrance. Et le mystère enseigne aussi à chacun son rôle, sa place dans la société, c'est-à-dire dans l’Église pour le Moyen-Âge chrétien, où tout est dans l’Église. Les trois personnages sont trois visions du monde, comme les trois ordres de la société féodale, mais aussi trois types de souffrance : « il faut travailler, il faut prier, il faut souffrir ».

« Celle qui travaille », c'est Hauviette, qui correspond à l'ordre des « laboratores ». C'est une paysanne, qui travaille ou joue selon le moment, qui croit sincèrement en Dieu, mais le matin et le soir, quand elle a le temps, lorsqu'elle fait ses prières. Oui, le travail est dur, le travail est une souffrance, mais il permet de récolter le raisin – qui sera le sang du Christ, et la moisson – qui sera le corps du Christ. Le pain matériel est essentiel dans ce texte, où il est beaucoup question de nourriture.

« Celle qui prie », c'est Mme Gervaise, la sœur dédiée à Dieu. Elle prie, elle pleure, mais elle sera sainte. Elle incarne les oratores, les clercs.

« Celle qui souffre », c'est donc Jeannette, elle qui pleure les malheurs du Christ, les souffrances du Christ, les malheurs des saints, les malheurs des chrétiens. Mais on le sait, c'est elle qui rejoindra l’Église militante, c'est elle donc qui rejoindra les bellatores, ceux qui combattent. Elle ne le sait pas encore, mais elle sera une guerrière.

Oui, le rythme est lent. Oui, les questionnements spirituels ne sont pas les miens. Mais il y a une langue d'une richesse et d'une complexité impressionnantes, qui en font toute la beauté. Le texte avance doucement, par petits pas, en spirale, avec des mots qui reviennent dans les monologues comme des refrains et des avancées progressives, ce qui peut évoquer une chanson – j'ai ainsi pu comprendre l'écriture de Marc Graciano dans Johanne, qui, elle aussi, avance de façon progressive et mesurée.

Et puis, sans doute surtout, il y a environ soixante-dix pages en vers libres au cœur du texte qui racontent la douleur de la Vierge lors de la Passion. C'est le portrait d'une femme qui pleure, elle aussi, qui pleure sur son fils, en tant que mère, non en tant que mère de Dieu. Ce passage est un long cri de souffrance bouleversant et à l'écriture étincelante.

Je terminerai en conseillant à nouveau de lire Johanne de Marc Graciano, et en citant quelques vers de la magnifique chanson d'Anne Sylvestre "Une sorcière comme les autres" : "Je vous ai portés vivant / je vous ai portés enfant / Dieu, comme vous étiez lourds / Pesant votre poids d'amour / Je vous ai portés encore / A l'heure de votre de mort".
Commenter  J’apprécie          90
Le porche du mystère de la deuxième vertu

Un style étonnant, déroutant parfois...

Des mots sublimes de profondeur qui chantent cette vertu d'espérance, cette vertu qu'on oublierait presque tant elle ressemble à une toute petite fille à côté de ses grandes soeurs, foi et charité.

Une belle découverte littéraire et spirituelle.
Commenter  J’apprécie          90
Notre jeunesse

De Charles Péguy, je savais qu’il fut l’un des premiers morts de la Grande guerre. De l’auteur, je ne connaissais rien.



Dans Notre jeunesse, j’ai découvert un homme engagé, républicain, socialiste et patriote. Conscient qu’il est un héritier de l’Histoire de France, il estime que son devoir est de tout faire pour perpétuer cette histoire nationale, quitte à le payer de sa vie, ce qui fut le cas en juillet 1914.



En effet, Charles Péguy ne renie rien de cette Histoire, ni sa chrétienté, bien qu’il ne soit plus pratiquant, ni la royauté, gouvernement de l’ancien temps mais qui fut l’acteur majeur de la construction nationale durant des siècles.



Ce que défend Péguy, c’est le mysticisme de l’idée politique ou religieuse. Pour lui, chaque idée est pure et mérite le respect pour cela. La difficulté est de la conserver intacte. Or, ceux qui l'emploient, dans les partis politiques ou les organisations religieuses, font de l’idée mystique un instrument de captation du pouvoir et des masses et un moyen de justifier des actes qui sont mus par l’intérêt personnel. Pour Péguy, la mystique est au-dessus des Hommes. Le simple fait de la politiser, c’est dénaturer sa valeur.



Je reconnais que cette lecture a été difficile. L’écriture de Péguy est complexe. Ses phrases sont alambiquées et usent et abusent de répétitions qui amènent à la confusion du message. Pourtant, Péguy pense qu’en matraquant son lecteur, l’idée devient plus limpide. C’est loin d’être le cas. Exemple page 255 : « […] illusion d’optique historique intellectuelle qui consiste à reporter […] le présent sur le passé, l’ultérieur incessament sur l’antérieur […], illusion d’optique, illusion de regard, illusion de recherche et de connaissance que j’essaie d’approfondir lui-même, entre toutes les illusions [...] ». Ouf !!



Ce livre est d’autant plus ardu que Péguy s’adresse à ses contemporains. Excepté Jaurès, qu’il exècre pour son pacifisme, Dreyfus, Zola et Clemenceau, les autres personnes citées et les événements me sont parfaitement inconnues.



C’est donc un ouvrage qui s’adresse à des experts.
Commenter  J’apprécie          81
Les tapisseries

Que l'on soit croyant ou non peu importe. La poésie de Peguy est à la fois envoûtante et attendrissante.
Commenter  J’apprécie          80




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Charles Péguy (469)Voir plus

Quiz Voir plus

La propriété intellectuelle

La propriété intellectuelle protège:

Les idées
Les oeuvres finies

11 questions
106 lecteurs ont répondu
Thèmes : Propriété intellectuelle , droit d'auteurCréer un quiz sur cet auteur

{* *}