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Critiques de Chloé Cruchaudet (641)
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Mauvais genre

Que dire de plus sur Mauvais Genre ? Ce roman graphique est devenue un titre incontournable depuis sa reconnaissance et ses multiples prix en 2014. Chloé Cruchaudet a signé une oeuvre majeure.

L'auteure fait montre de tout son talent pour nous présenter une histoire incomparable dans laquelle les émotions tourbillonnent au gré des différentes nuances de noir et de blanc, de touches écarlates et d'une délicate atmosphère sépia.

Mauvais Genre est un album incontournable de par sa richesse de tons. Nous assistons d'abord à une tragédie, celle d'un homme brave brisé par la Grande Guerre. Cet homme devient déserteur et trouve refuge dans le travestissement, secondé fidèlement par sa femme et son amour inéluctable. Ce qui devait n'être qu'un travestissement de passage, afin de se cacher auprès des autorités, finit par devenir progressivement un mode de vie, une danse libre où sexe libertin et violence du quotidien se côtoient avec panache sans mélodrame.

Mauvais Genre est un album incontournable car il ne nous laisse pas de marbre. Impossible de ne rien éprouver pour ce couple et pour cette relation intense aussi bien cruelle que passionnée, froide et complice... L'auteure a su écrire des personnages forts, que ce soit à travers l'épouse dévouée et le mari marqué. Leur traitement est plutôt surprenant.

Mauvais Genre est un album incontournable par les différentes thématiques abordés. La quête de l'identité, le mode de vie "libertin" dans un climat intolérant , le statut de l'homme , de la femme dans une société cloisonnée par l'intolérable semblent être constamment interrogés avec délicatesse et entrain. Mais ces questions seraient dénuées de sens sans le climat de la Grande Guerre qui apporte à la fois un début et une fin de réponse.

Camille Cruchaudet s'attache à aborder toutes ses thématiques avec un indéniable talent graphique. Le noir et blanc auréolé de sépia prédomine tantôt dans une luminosité presque salvatrice, tantôt dans la noirceur radicale des tranchées et du paysage en ruine. Le rouge, couleur de LA robe, véhicule aussi bien la violence et l'amour emmenés par le fil de l'intrigue.



Mauvais Genre est un album incontournable car il est révélateur de ce que peut représenter tout le talent du neuvième art.



Merci encore une fois Chloé Cruchaudet pour votre travail.



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Mauvais genre

Médiathèque, que je t'aime! (Et non, je n'aime pas Johnny Hallyday) Je me mets à lire pas mal de BD. Pour le moment, je n'achète pas n'étant pas encore très à l'aise mais il semblerait que je sache les choisir.





Cette BD est l'adaptation d'un essai que je ne connais pas. J'ai quand même le chique de choisir des BD qui tourne autour de la Première guerre mondiale. Je ne le fais pas exprès. Je le jure. En la feuilletant à la médiathèque, je m'étais dit "elle sort de l'ordinaire. Je la prends". Et effectivement, ça sort de l'ordinaire. L'histoire nous semble bien romantique au début avec ces deux personnes un peu gauche mais tellement honnête. Ce couple nous touche jusqu'à ce que la guerre arrive. Tout va changer.





En effet, Paul déserte. Il va devoir se déguiser, cacher qui il est aux yeux de tous sauf de sa femme afin de survivre puisque c'est bien de cela dont il s'agit. Néanmoins, la guerre a fait son œuvre sur lui tout comme sa nouvelle identité et les découvertes qui en découlent. C'est parfois déconcertant. Je sais que je n'aurais jamais lu cette BD en tombant sur certaines pages. Ma pudeur en a pris un coup mais pas totalement.



En effet, le choix des couleurs, les graphismes adoucissent la dureté de ce qu'on lit et voit. Que cela soit les morts pendant la guerre ou les bois de paris, rien n'est censuré mais cela ne choque pas complètement. On sait mais on n'est pas dégouté. On nous pousse à ouvrir les yeux sans brutalité. On arrive à comprendre le pourquoi du comment. L'humain est prioritaire. On suit juste la descente aux enfers de Paul qui entraine doucement sa femme dans cet enfer mais jusqu'où?





Autre point positif : le suspens. En effet, on suit un procès mais de qui et de quoi? Jusqu'au bout, on ne le sait pas. On pense savoir mais non. Chaque possibilité est éliminé l'une après l'autre. C'est fait avec intelligence et le soucis du détail.





En bref, une BD flirtant avec l'art qui ouvre les yeux sur les conséquences de l'horreur de la première guerre mondiale.
Lien : https://lessortilegesdesmots..
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Mauvais genre

Excellent rendu de l'histoire étonnante de Louise et Paul.

Vous pouvez lire l'histoire vraie de ce couple ici: http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20110609.OBS4809/le-travesti-de-14-18.html

et cela ne vous gâtera pas le plaisir de lire le roman graphique que Chloe Cruchaudet en a fait, parce que les dessins sont magnifiques et tellement porteurs d'émotion.

5 étoiles sans hésiter
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Mauvais genre

J’avais beaucoup entendu parler de cette bande dessinée avant de la lire. Je savais qu’elle parlait du travestissement d’un homme lors de la Première Guerre Mondiale… Et je suis assez partagée : Chloé Cruchaudet montre les horreurs de la guerre et les traumatismes des combattants à travers le personnage de Paul Grappe, l’homme dans toute sa virilité, choqué par la mort de son compagnon, mais aussi toute la folie et la violence qui s’ensuivent…

L’auteur utilise avec beaucoup de justesse son trait de crayon pour exprimer l’amour, la folie ou la peur. A l’époque, le déserteur n’était plus considérée comme un homme et c’est même un délit d’en être un. Et pourtant, la guerre n’est pas considéré comme une chose atroce mais ce sont les hommes refusant le combat, qui sont exécrés...! Je n’ai pas vraiment aimé le personnage de Paul et pourtant, il n’est pas vraiment fautif de sa folie, seulement de refuser d'assister aux morts de ses amis… Toute la dernière partie, pleine de violence et de débauches m’a un peu écœurée mais cette BD a le mérité d’exister et de montrer les différentes folies que les guerres engendrent.

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Mauvais genre

J'ai gobé cette bande dessinée avec un tel plaisir. Durant la lecture, j'ai ressenti beaucoup d'émotions : de la surprise, à l'effroi, de l'angoisse à la frustration, du plaisir à l'horreur. J'en suis ressortie mortifiée - surtout en sachant que c'est une histoire inspirée de faits réels - !



L'histoire commence juste avant la Première Guerre Mondiale. Paul et Louise se rencontrent dans un bal musette. Tout de suite, c'est l'amour fou. Tout s'enchaîne et ils se marient. Cependant, les premières heures de la guerre sonne et Paul doit partir dans les tranchées. Il y verra l'horreur et la déshumanisation des soldats. Forte tête, il refuse de continuer à se faire tuer au nom d'une patrie qui en fait de la chair à canon. Il quitte le front et devient un déserteur de l'armée. Il doit se cacher et trouve un moyen qui le fait passer inaperçu : il devient femme du nom de Suzanne.



Le couple ainsi réuni va connaître autant de gloires que de déboires. Car personne ne ressort indemne de l'enfer des tranchées et Paul non plus. Il cache son traumatisme et très vite, tombe dans une débauche qu'il veut contrôler. Cette histoire est très poignante car elle n'épargne pas le lecteur et pourtant elle ne cherche pas à nous faire prendre pitié du jeune couple. On les suit dans Paris et dans les coins pas les plus glorieux de la capitale ; on suit surtout Suzanne, personnage extraverti au grand dam de Louise, plus discrète.



Voici pour l'histoire, mais les dessins eux aussi sont magnifiques. On les dirait fait au fusain. La dessinatrice décloisonne l'histoire grâce à des cases de différents formats. Il en va de même pour les teintes : en noir et blanc pour l'essentiel mais certaines touches de couleur apparaissent par ci par là. Ainsi, la robe rouge de Louise devient vite la robe rouge de Suzanne. J'adore également les cases déstructurées petites, grandes, arrondies, en fondu ... Autre point que j'ai apprécié : la première planche. Celle-ci commence en analepse - c'est à dire que la narration revient sur des faits antérieurs après la première planche. Je vous explique ce qui m'a fait sourire dans la première planche : un juge se déshabille pour enfiler une robe ... même si sa robe est celle du barreau et non une robe féminine car c'est ce même juge qui "juge" les actes de Paul comme répréhensibles. J'ai eu l'impression que par cette représentation, Chloé Cruchaudet faisait un pied de nez à tous ces bons penseurs qui jugent avant de regarder ce qu'ils font chez eux.



Cette bande dessinée a été un véritable coup de cœur. Je crois même que je vais me l'acheter pour pouvoir la relire plus tard et déguster les dessins encore et encore. Je me dois quand même d'émettre un avertissement : cette bande dessinée n'est pas à mettre entre toutes les mains ; certains dessins sont vraiment crus et d'autres dépeignent une réalité trop souvent oubliée quand on parle de la Première Guerre Mondiale (je parle bien sûr de la représentation des gueules cassées).
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Mauvais genre

Mauvais genre est une bande dessinée terriblement d'actualité, traitant du sujet de l'identité sexuelle (en plein débat sur le mariage pour tous et la théorie des genres) et du traumatisme d'un soldat de la Première guerre mondiale (dont nous célébrons le centenaire). Je l'ai repéré avant tout pour les nombreuses critiques positives de la blogosphère et puis parce que je trouvais que les sujets étaient originaux pour une bande dessinée. Et c'est encore une fois grâce à l'opération La BD fait son festival de Priceminister que j'ai eu l'occasion de la découvrir.



La première chose que l'on remarque en ouvrant cette bande dessinée, c'est la qualité des dessins et le parti-pris chromatique : tout est en noir et blanc, à l'exception de quelques rares détails en rouge, qui apportent toute l'énergie vitale au récit. Le rouge est à la fois le symbole du sang et donc de la mort, mais aussi du désir et de la vie. Assez contradictoire, tout autant que ce personnage de Paul, qui développe tour à tour deux facettes : son côté masculin et macho lorsqu'il vit ouvertement avant de partir au front, puis son côté féminin et libertin lorsqu'il est déserteur.



Car c'est avant tout échapper au peloton d'exécution que Paul se travestit. Il ne doit sous aucun prétexte être reconnu, alors qu'un avis de recherche pour déserteur est placardé. Il va donc se déguiser, ce qui va lui permettre de sortir de la petite chambre où il était enfermé. Il redécouvre la liberté. Y prend goût. L'argent venant à manquer, il va chercher un travail. En tant que femme, il postule à un boulot de couturière. Et le lecteur découvre avec lui le harcèlement moral et sexuel enduré par les petites mains. Petit à petit, Paul va devenir littéralement Suzanne. Perdu entre sa personnalité première, la peur que la guerre et les atrocités subies lui ont vissée au corps et à l'âme, et une nature féminine qui n'est plus jouée mais complètement intériorisée, Paul ne sait plus qui il est.



Inspirée de faits réels, cette histoire s'appuie sur un dessin fort qui la sert merveilleusement, se faisant tendre par moment, plus âpre et cru à d'autres. Elle pose la question de ce qui fait le féminin ou le masculin en chacun de nous et de la quête d'une identité, le tout dans un décor posttraumatique. Un mélange détonnant.


Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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Mauvais genre

Tout le monde (ou presque) connaît déjà l’histoire : un homme pour échapper à l’horreur des tranchées va se déguiser en femme pendant… 10 ans, avec la complicité de son épouse. Paul devient donc Suzanne.



Cette histoire est inspirée de faits réels.







Il m’a fallu quelques pages (deux ou trois) pour apprécier le dessin. (Bah oui, je suis novice en matière de bande dessinée et il me faut un peu de temps pour m’ouvrir les yeux !!!) Mais je vous rassure, très vite, j’ai accroché au trait de la dessinatrice, d’une grande finesse, qui traduit parfaitement les mouvements, un trait sensuel, et tout ça dans les teintes des vieilles photos de l’époque, avec juste ces pointes de rouge qui ressortent… le rouge de la mort, des blessures de la guerre, et le rouge de la sensualité, d’une féminité exarcébée…



Le scénario est parfaitement maîtrisé. L’album ouvre sur un procès mais on ne voit pas qui est (sont) l’accusé (les accusés) et surtout on ne connaît pas le motif de l’accusation (ou on croit le savoir… mais non ! c’était pas ça !). La fin m’a donc étonnée (mais peut-être suis-je la seule !), car elle est amenée avec subtilité.



Pour conclure, c’est une BD troublante, avec un homme qui se plaît et se complaît en femme, un basculement d’identité qui va être la cause de la déchirure du couple. J’ai beaucoup aimé ce trouble-là !
Lien : http://krolfranca.wordpress...
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Mauvais genre

Une BD magnifique en noir blanc et rouge qui revient sur le destin véridique d'un déserteur dans le Paris de la Première Guerre Mondiale puis des années folles. Le travestissement, l'homosexualité, les dérives au Bois de Boulogne. C'est une histoire prenante et touchante, originale et sans chichi. On y découvre la vie des femmes à cette époque sombre. Un très bon moment de lecture, et un regard très original sur cette époque.



Une bande dessinée qui a mérité son prix Landerneau!



Critique en entier par ici:
Lien : http://110livres.blogspot.fr..
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Groënland Manhattan

Un peu surprise par le graphisme et les couleurs de cette BD au début de ma lecture, je me suis laissée finalement embarquée avec plaisir et émotions dans cette histoire basée sur des faits réels (l'auteur a travaillé avec Delphine Deloget réalisatrice d'un documentaire sur Minik elle est l'auteur de la postface de cette BD).



Les ambitions des explorateurs américains de cette époque sont vastes et leurs visions des autres peuples révoltantes. Ainsi je me suis attachée à ce peuple d'esquimaux totalement déraciné et totalement inconsidéré par des hommes se sentant au-dessus de tout.



Je me suis prise d'affection pour Minik, ce petit esquimau qui perdra sa famille et ne saura plus a bout du compte qui il est vraiment, ni d'où il vient.



J'ai aimé cette histoire elle m'a émue énormément, j'ai presque versé quelques larmes ...



De plus surprise au début par le graphisme j'ai été admirative du trait de Chloé Cruchaudet : des découpages des planches, et du changement de traitement quand il s'agissait de parler de ce que ressentait Minik ou sa famille.



Les planches sur la ville de New York sont très belles et certaines sont très inventives.



Les couleurs aussi sont bien choisies : couleurs froides pour le Groenland, couleurs plus chaudes pour New-York.



Une bien belle lecture que cette BD dont je me plais à regarder à nouveau les belles planches.



Je suis curieuse de lire d'autres BD de cette jeune femme (voir lien plus haut avec sa bibliographie) de talent qui possède également un blog : "Pince à linge" !



Si vous avez envie d'en savoir plus sur l'histoire de Minik

et le choc des civilisations Groenland - Manhattan ,

n'hésitez pas à lire cette belle et émouvante BD !


Lien : http://imagimots.blogspot.fr..
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Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

La vie de Marcel Proust racontée par Céleste qui fut sa domestique / secrétaire pendant quelques années. C’est elle qui a inventé le mot paperole dont Proust parle dans la recherche.



Une histoire qui se lit facilement, remplie d’humour et de choses simples comme de ne pas s’adresser aux gens à la troisième personne. Elle décrit Proust avec énormément d’empathie dans une ambiance douce, on ressent avec elle tout l’amour platonique qu’elle lui voue. Les mots du grand écrivain de génie ne sont pas oubliés



Un double portrait extraordinaire. J’ai adoré

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Mauvais genre

Ce livre est inspiré d'une histoire vraie, la vie de Paul Grappe, qui fit les gros titres de la presse à la fin des années 20 grâce à son histoire.



Tout commence comme une jolie romance, un homme (Paul) et une femme (Louise) se plaisent, s'abordent et se marient... Mais nous sommes en 1912 et Paul doit partir faire son service militaire. La guerre éclate, Paul reste sous les drapeaux et part pour le front.

En 1915, alors qu'il ne supporte plus la guerre, il se mutile. Soupçonné par sa hiérarchie, il décide de déserter.

Mais où se cacher et comment survivre alors que les déserteurs comme lui sont destinés à être fusillés, pour l'exemple.

La solution lui apparaîtra naturellement un jour, il lui suffit de devenir Suzanne pour pouvoir sortir librement et avoir une vie "presque" normale.



Avec Paul et Louise, nous sommes plongés dans les années de guerre et le Paris des années folles.



Le livre questionne notamment la santé mentale de ces hommes traumatisés, ayant dû affronter la mort et l'horreur dans les tranchées et pour Paul Grappe, s'ajoute à cela l'automutilation, la désertion et la vie clandestine sous l'apparence d'une femme. Peut-on sortir indemne de tout cela? C'est ce à quoi l'ouvrage de Chloé Cruchaudet tente de répondre.



Je dois avouer ne pas avoir trop accroché. Le dessin n'est pas mal, l'histoire intéressante, mais je n'ai pas été embarqué.
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Mauvais genre

Somptueuse BD qui nous raconte l'histoire vraie du caporal Paul Grappe, déserteur pendant la 1ere guerre mondiale, et qui pour se cacher commence une vie déguisé en femme.



Une façon de survivre, au début. Un jeu avec son épouse. Mais au fil des ans (l'amnistie pour les déserteurs n’interviendra que dix bonnes années après la fin de la guerre), le jeu se transforme en autre chose, détruisant le couple et l'esprit de Paul.



La journée Paul travaille comme couturière, la nuit il est à la recherche de sexe dans le bois de Boulogne, entre orgies et prostitution.



L’auteur nous parle de la difficulté à trouver sa propre identité mais aussi du drame de la guerre. Les souvenirs des horreurs du front hante l'esprit de Paul. Le cauchemar de la tranchée, la douleur de voir un camarade tué, la peur de la mort. Même avec des vêtements féminins, même loin du conflit.



Et alors que chaque soldat tentera difficilement de reprendre le cours de son existence après avoir vu tant de sang, le pari de Paul sera double: revenir à la vie en tant qu'être humain ayant vécu une expérience traumatique, et redécouvrir son identité.



Le trait est clair, le minimalisme des couleurs est percutant, le scénario accrocheur, tout est cohérent, solide et parfaitement maitrisé.



Belle découverte.
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Mauvais genre

La première guerre mondiale a laissé des séquelles dans les corps et les âmes. Il y a eu ces blessés qui ne voulaient pas repartir au front (que décrit si bien Céline dans Voyage au bout de la nuit). Louise et Paul ont eu un début de vie banal, puis 14-18 est passé par là. Cette fois, les passages avec l'ami tué dans la tranchée et la tête de cheval me font penser à des bribes d'Au revoir la haut de Pierre Lemaître, paru la même année.

Chloe Cruchaudet s'est elle même inspiré de l'essai des historiens Fabrice Virgili et Danièle Voldman, La Garçonne et l'Assassin.

Le tout donne cette bande dessinée hors du commun, comme la vie de ce couple hors normes.
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Mauvais genre

Un album tiré d'un fait divers réel et dont je n'avais jamais entendu parler. En 1914, Paul Grappe marié depuis peu à Louise est mobilisé. Terrorisé par la violence des combats, il se blesse volontairement, incapable de retourner au front. Il retarde sa guérison puis finit par déserter. Pour cela, il se travestit en femme et devient Suzanne. Cette double identité Paul/Suzanne, cette dissimulation n'est pas sans conséquences sur sa sexualité et son équilibre psychique. Il se rend régulièrement au Bois de Boulogne, parfois avec Louise, pour des relations homosexuelles, échangistes.. Son identité perturbée le pousse à la violence et lorsque quelques années après la guerre, les déserteurs sont amnistiés, il ne peut reprendre tranquillement sa vie d'antan tant sa personnalité psychique est altérée.

Le scénario est très abouti, le graphisme un peu moins à mon goût, trop épuré peut-être.
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Ida, tome 3 : Stupeur et révélation

Après avoir vu de ses yeux ce qu'était la réalité de la colonisation européenne en Afrique et des guerres qu'elle engendre, Ida Von Erkentrud - notre exploratice éponyme - souffre de ce qu'on appelerait un syndrome de stress post-traumatique.

Si elle se croit sortie d'affaires en suivant une mission de nonnes - et se rient de ces dernières -, loin s'en faut, elle ne fait qu'en découvrire davantage sur la réalité de l'expérience coloniale vécue par les autochtones.



Pour terminer cette trilogie, ce dernier tome présente enfin un scénario qui tient la route. Plus ironique, on retrouverait presque le ton que le Nègre du Surinam de Voltaire employait avec son famuex "C'est à ce prix que vous manger du sucre".

Bien sûr, de retour sur le continent, grâce à son expérience Ida a bien changé, même si elle se dit qu'elle peut avoir une assez bonne dose d'aventures et de découvertes près de chez elle.



Une trilogie que ne casse pas des briques, mais bon, après tout, pourquoi pas aborder le sujet de la mode des récits de voyages et explorations coloniales de la fin XIX°- début XX° sous cet angle.
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La Croisade des Innocents

Fuyant son foyer pour éviter le courroux paternel, Colas trouve refuge dans une sinistre taverne où il est employé à des tâches ingrates avec d’autres enfants. Après avoir découvert sous la glace d’un étang un visage qu’il prend pour celui de Jésus, le jeune garçon s’imagine investi d’une mission divine et il convainc ses camarades de le suivre jusqu’à Jérusalem pour délivrer le tombeau du Christ. Commence alors un périple de plusieurs mois où la caravane des enfants gueux, ne cessant de grossir au fil de ses étapes, va devoir affronter mille défis pour poursuivre sa route.



L’innocence ne dure qu’un temps, voilà sans doute la morale à retenir de cette fable cruelle concoctée de main de maître par une Chloé Cruchaudet au sommet de son art. S’inspirant d’une histoire vraie datant de 1212, elle propose ici un roman graphique initiatique puissant, porté par un sens du récit d’une grande maîtrise et un trait nerveux, sans fioriture, laissant les décors à leur strict minimum pour concentrer son attention sur les mimiques des personnages. Le jeu des couleurs, nuances de marron, gris, bleu et violet ne laissent passer que peu de lumière et renforce l’ambiance crépusculaire qui traverse tout l’album.



La croisade de ces miséreux avance au gré des obstacles rencontrés sur des chemins aussi tortueux que les esprits du Moyen-âge. Le froid, la faim, la promiscuité, l’altruisme, la solidarité et la débrouillardise forment un mélange détonnant, oscillant entre réalisme cradingue, mélancolie, douceur et poésie. L’évolution des relations entre les enfants à l’intérieur du groupe est fascinante et n’est pas sans rappeler par moment l’esprit du terrible « Sa majesté des mouches ».



La conclusion, empreinte de pessimisme et d’une douloureuse lucidité, signe la fin de l’insouciance et plonge les âmes pures dans ce que l’humanité peut révéler de plus impitoyable. Un roman graphique magistral !




Lien : https://litterature-a-blog.b..
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Mauvais genre

C'est l'histoire de Paul. Paul, un vrai bonhomme, que la guerre va obliger à devenir Suzanne - ou Suzy pour les intimes. Et cette transformation, Paul va l'apprivoiser jusqu'à ne plus savoir qui il veut être.

C'est l'histoire de Louise, l'épouse de Paul. Elle va le cacher, l'aider dans sa transformation, mais tout ça va la dépasser et elle va subir. Subir Paul, subir Suzanne. Son amour est inconditionnel, jusqu'au drame.



L'histoire de départ est intense, addictive. Elle l'est d'autant plus que les graphismes sont puissants. Le style de Chloé Cruchaudet est superbe. Elle donne un ton très suave à cette oeuvre.

L'histoire m'a vraiment plu mais je retiens surtout le talent de dessinatrice de l'auteur qui m'a subjuguée.
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André Téchiné s'est intéressé à l'histoire de Paul Grappe et de sa femme Louise pour en faire le film "Nos années folles", qui est sur les écrans depuis le mercredi 13 septembre 2017.
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Mauvais genre

Ce récit est adapté librement de l’essai historique de Fabrice Virgili et Danièle Voldman « La garçonne et l’assassin », paru chez Payot en 2011.

Ainsi l’histoire relatée est basée sur des faits réels et dramatiques, inspirée d’archives sur des échos criminels de l’entre-deux guerre.



Le livre, la couverture :





Le livre est beau et épais.



La couverture est grise anthracite, rigide et lisse, avec un dessin, en premier plat, très évocateur de l’histoire : une femme agrafant un soutien-gorge à ce qui semble être une autre femme… mais à y regarder de plus près la musculature dorsale, il s’agit bel et bien d’un homme. La femme jetant un regard amoureux mais dubitatif sur l’homme.



En quatrième plat, une photo historique de Suzanne et le résumé de l’éditeur fort bien construit.



La couverture attire donc beaucoup.



Le dessin, le style, les couleurs, la mise en scène :





Le dessin est superbe et précis, jouant sur un ensemble de techniques remarquablement bien maîtrisées (le classique effet de perspective, gros plan, mais aussi les estompes etc....)

Le trait fin, souple et épuré est tout simplement d’une élégance rare !



Les couleurs au lavis sur du ton sépia et gris est utilisé avec maestria pour évoquer les (pré-)années folles, on ne s’en lasse pas !

Les petites touches de rouge écarlate sont évocatrices du drame final, et ceci dès les premières gouttes. De plus elles ravivent à merveille, mais avec parcimonie, ces illustrations d’antan !



La mise en scène ne laisse pas indifférent non plus, surtout grâce à cette absence volontaire de cases définies ! La mise en page est donc très aérés, et très agréable visuellement !

Les scènes nocturnes boulonnaises sont particulièrement travaillées, grossières mais tellement élégamment faites que la grossièreté ne parait plus, et cela devient limite noble et respectable.

Chloé Cruchaudet use aussi beaucoup de son talent de suggestion (ou presque…) !! Bravo l’artiste, belle technique !!

D’un autre côté, les mises en scène des étapes de guerre sont aussi particulièrement violentes et psychologiquement difficiles ! Une belle manière de montrer et justifier le choix fait par Paul.



Toutefois, le dessin est tellement beau qu’on en croirait une véritable poésie visuelle



Le scénario, Le découpage :





Ce qui m’a particulièrement attiré sur ce récit, c’est qu’il soit inspiré de faits réels, basés sur des enquêtes criminelles de l’entre deux guerre.

Comme je l’ai précisé en introduction, ce récit est librement interprété selon la source « La garçonne et l’assassin », roman historique et biographique écrit par Danièle Voldman et Fabrice Virgili.

Roman que je n’ai pas lu, mais que je ne manquerai pas de consulter dans les années à venir…





L’histoire est formidablement illustrée par l’auteure, elle a su aborder délicatement tous les durs aspects psychologiques vécus par les deux protagonistes principaux avec :



- D’un côté, Paul Grappe, l’époux qui, ayant vu et pris conscience des horreurs de la guerre, choisi de déserter en connaissance de causes des conséquences possibles. De fait, il va s’enfermer pendant de nombreux mois dans une chambre de bonne. Ce huis-clos va le rendre fou. Il va ressasser les souvenirs du champ de bataille, exercer une pression folle sur les épaules de son épouse, et se perdre dans une décadence sexuelle.

Cet homme devient un écorché vif prêt à exploser.

- De l’autre côté, Louise Landy qui, par amour, va subir les exigences violentes et les mœurs dégradantes de son mari alors inactif, portant à elle seule le destin de son couple en restant sur ces gardes perpétuellement (même après-guerre) pour ne pas maladroitement dénoncer son mari.





10 ans de situation tragi-comique d’un couple vraiment hors-normes…

L’un des deux finira par craquer.





Le découpage quant à lui est presque parfait. Le nombre de vignettes par pages ne dépasse guère le chiffre 6, variant ainsi d’une pleine page, en passant par 3 à 4 vignettes.

Les cases n’étant pas délimitées, cela donne un effet de liberté et d’espace très confortable.

Les contours et/ou les fonds d’images presque flous et estompés n’ont pas leur pareil pour rappeler ces vielles photographies ou cartes postales des années 30-50.

Les pleines pages sont magnifiques, certaines vignettes sur le Paris de ces vieilles années sont splendides aussi. On y trouve tout le travail de recherche de l’auteure.





J’ai été conquis par cette BD. Le récit est passionnant, drôle, dur et dramatique à la fois.

Chloé Cruchaudet nous y a démontré la grandeur de son talent artistique, et je suis sûr qu’elle nous réserve encore bien des surprises.

Ce livre est devenu pour moi, un incontournable du 9eme art.




Lien : http://www.7bd.fr/2016/01/ma..
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Mauvais genre

Le sujet de ce roman graphique, qui pourrait posséder un je-ne-sais-quoi amusant, évoquer au premier abord « La Cage aux Folles » ou autres drôleries du genre, est en réalité traité de manière grave et pesante. Ici, on ne sourit pas, on ne se moque pas, on respecte la décision de cet homme contraint de se transformer en femme pour survivre, pour échapper aux impitoyables fusils qui abattent les déserteurs. Il n’est question, à aucun moment, d’effectuer ce sacrifice pour épater la galerie. Mais jouissant de sa toute nouvelle liberté, Paul va se prendre au jeu petit à petit, sa personnalité et son identité vont se dissoudre dans son nouveau rôle qu’il prend très – trop – à cœur, et, suite à un lent processus de dépersonnalisation – également provoqué par ses traumatismes de guerre – il va se perdre, s’abîmer dans un gouffre sans fond qui l’entraînera fatalement vers un comportement violent, égoïste et irrévérencieux. Sa femme, douce, compréhensive, loyale et courage, est son meilleur soutien, mais c’est elle qui fera les frais de sa métamorphose…



Une tension palpable hante cette œuvre dès les premières pages. L’histoire s’ouvre sur un procès, et le lecteur sait immédiatement à quoi s’en tenir : ce récit finira forcément mal, les événements prendront une tournure tragique. Le lecteur est aux abois, guette le moindre faux pas qui pourrait conduire les protagonistes au tribunal.



Ce roman graphique évoque sans tabous des thèmes graves : l’horreur des tranchées, les traumatismes inhérents à la guerre, l’alcool, le sexe, la prostitution, les violences conjugales, tout y passe sans que l’auteur ne cherche à adoucir ses propos. Les paroles sont dures et directes, les images sont crues et le tout percute le lecteur de plein fouet.



La sévérité du sujet est portée par un graphisme aux traits anguleux, nerveux et aigus, qui a peu recours à la couleur : les tons sont délavés, les teintes essentiellement grises et sépias, et ce choix esthétique confère à cette bande-dessinée toute sa dimension triste et tragique.



Ce roman graphique aux ambitions multiples est à la fois une réflexion sur la moralité, sur les mœurs, sur la société pendant et après la Grande Guerre, mais aussi une histoire touchante et émouvante sur les moyens mis en œuvre par un homme démuni pour survivre. Une belle œuvre à découvrir !
Lien : http://www.livressedesmots.c..
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