AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Chloé Cruchaudet (641)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Mauvais genre

Paul et Louise s’aiment. Lui est né en 1891, il est donc mobilisé pour partir à la guerre avec les copains. Il n’est pas très motivé mais ce n’est pas grave car les Français auront écrasé les Boches et il sera revenu dans les bras de Louise avant la fin de l’année. Sauf que...



Sauf que la guerre va durer bien plus longtemps que chacun ne l’avait imaginé. Certains hommes, comme Paul, ne le supporteront pas. Il va déserter et se cacher pendant plusieurs années en se travestissant. Il s’appellera Suzanne et il sera plus féminine que n’importe quelle « vraie » femme. Il portera des robes tous les jours, sera couturière, se fera draguer... Renoncer à son identité sexuelle et vivre avec le syndrome post-traumatique de la guerre n’est pas aisé. Est-ce cela qui justifie le procès auquel le lecteur assiste tout au long de l’histoire ? Peut-être bien...



Inspirée d’une histoire vraie, je ne peux que vous conseiller cette BD, très bien mise en images et aux propos forts.



Commenter  J’apprécie          200
Mauvais genre

Superbe BD (ou roman-graphique) au scénario solide qui pousse à la réflexion sur plusieurs sujets (le genre, l'amour, la personnalité, la guerre,....). Mais que dire des dessins: splendides !! Une Suzanne très féminine et un Paul très masculin qui ne font pourtant qu'une seule personne sans que l'on puisse jamais en oublier un des deux. Des visages expressifs. Chaque vignette est un véritable tableau. Quel travail , quelle réussite !
Commenter  J’apprécie          200
La poudre d'escampette

Paul est nouveau dans le quartier. Alors qu'il se laisse traîner par sa chienne Paulette, il tombe sur une bande d'enfants qui ont construit un radeau afin de prendre le large.



Aussitôt adopté en dépit de ses différences, il embarque malgré lui. C'est alors que le "navire" croise la route du radeau d'une bande rivale. La course peut commencer...



Un album XL en forme de bande dessinée où la limite des cases est non pas dessinée mais au contraire occultée comme pour mieux montrer au lecteur l'importance de l'entre-deux.



Le dessin, original, évoque les craies pastels avec beaucoup de têtes ébouriffées ! Il contribue à esquisser un monde à la frontière de l'onirique.



Entre "La guerre des boutons" et "Le petit Nicolas", un univers propre se déploie avec l'eau comme fil conducteur mais aussi l'idée que ceux sont les différences qui nous enrichissent en faisant nos atouts.



Le personnage principal est étonnant avec son air de scout et son short qui ressemble à une jupe ! Le bricolage est aussi de la partie avec une importance toute particulière accordée aux outils et aux objets.



Comble de joie, la dernière page cache un rabat qui propose un modèle de la maquette pour monter à son tour le radeau avec plateforme, terrasse et même parapluie !



On espère une suite !
Lien : http://www.nouveautes-jeunes..
Commenter  J’apprécie          200
Mauvais genre

A la manière du chef d'oeuvre "Au revoir là-haut", cette histoire traite du destin particulier de survivants à la boucherie de la première guerre mondiale. A cet élément de contexte tragique s'arrête l'analogie, car tant le sujet que le style sont divergents.



Mauvais genre est une oeuvre graphique assez marquante par son thème qui interpelle forcément le lecteur, et la sensibilité, la subtilité psychologique qui se dégagent du personnage principal: Suzanne. C'est assez rare que pour être précisé en "bande dessinée" en un tome: le scénario est très fort certes, mais les personnages sont profonds et complexes.





Je m'attendais à une bonne lecture au vu de la critique moyenne, mais j'avoue avoir été surpris par la qualité totale de ce livre, que je ne peux que recommander.
Commenter  J’apprécie          200
Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

Cette très belle BD nous emmène à la rencontre de Madame Céleste Albaret, personnage historique qui a été la gouvernante du très célèbre et ombrageux Marcel Proust. Chloé Cruchaudet nous livre dans cette BD les mémoires de cette jeune provinciale qui, d'après son époux, 'ne sait pas faire grand chose' mais qui devient, assez rapidement, indispensable au grand homme tant pour tenir sa maison que pour prendre note de ses idées.

Chloé Cruchaudet fait ressentir, à travers les mots et les dessins, les sentiments qui animent les protagonistes mais aussi leurs faiblesses et leurs forces. Elle nous dépeint des personnages complexes, à la fois forts et fragiles.

Je suis vraiment séduite par ce premier tome et je regrette seulement de ne pas avoir le tome deux sous la main...
Commenter  J’apprécie          190
Céleste, tome 2 : Il est temps, monsieur Prou..

Un an plus tard Chloé Cruchaudet revient nous livrer sa lettre d’amour à Proust et surtout son aidante : Céleste et la famille Albaret qui ont été d’une aide précieuse à la réalisation du grand oeuvre de ce écrivain désormais culte.



Entre temps, j’ai eu la chance d’aller voir l’Exposition Proust à la BNF et je me suis encore plus familiarisée avec l’écrivain, rendant cette lecture encore plus intime et touchante, mais surtout me permettant de réaliser le travail incroyable de Chloé Cruchaudet pour adapter et évoquer la vie de l’artiste. Bluffant !



Dès le début, on ne peut qu’être époustouflé devant ses prouesses graphiques mais quand en plus on connait mieux l’auteur, on se rend compte d’à quel point cela colle à la virtuosité maladroite et travaillée de Proust, à sa rapport à sa corps, à son esprit et aux mots qui s’écoulent de lui. C’est splendide ! Dans cette seconde partie qui s’intéresse un peu plus à la métamorphose de ses écrits de petit texte intimiste à chef d’oeuvre reconnu, elle nous offre encore des pages marquantes et très symboliques ou plutôt remplies de symboles à l’image de celles relatant sa réception du Prix Goncourt ou encore celles où il se noie dans les souvenirs des Albaret, relançant son amour et son envie d’écrire. J’ai adoré la palette colorimétrique de l’autrice avec toujours de vert tilleul si cher à l’auteur. J’ai adoré la fluidité brumeuse de l’atmosphère qui ainsi nous enfume et nous pénètre. Ça représente si bien l’atmosphère de l’oeuvre et la fin de vie de Proust. C’est une magnifique réussite formelle.



Mais cela va encore plus loin, l’autrice parvient ici sous couvert de poésie à relater avec intensité la personne de Proust, son rapport à son oeuvre, la genèse de celle-ci et son devenir, ainsi que le rôle de la famille Albaret et de Céleste notamment auprès de lui à chaque instant. On retrouve ses allures souffreteuses, son côté un peu geignard, mais sa nature simple quand il s’agit d’écouter sa chère Céleste. On le voit également aller d’un logement à l’autre, poussé à chaque fois par le destin. On le voit se confronter avec difficulté à son oeuvre, qui s’allonge sans cesse et à laquelle il a du mal à mettre le fameux point final dont il a si souvent parlé à Céleste. La représentation de ce dernier, tout comme des derniers instants de Proust est magique, et rend si bien hommage à la fin de celui-ci, que j’en suis ressortie toute émue. Qu’est-ce que l’autrice utilise bien les silences, de la BD comme de la vie !



On sent la riche documentation dont elle a fait preuve mais sans que cela soit du bourrage de crâne. Elle intègre parfaitement tout ce qu’elle a appris de l’oeuvre et la vie de cette homme dans une vraie narration terriblement émouvante et très poétique où Céleste se voit porteuse d’un regard privilégié, elle, qui aura souvent été la plus fidèle héritière du maître après sa mort. L’histoire, comme les pages et les mots de La Recherche, coule entre nos doigts et se déroulent avec une fluidité folle, tandis qu’on le voit s’isoler, réussir, se remettre difficilement à l’ouvrage et peu à peu succomber à ses vieux démons. C’est émouvant.



Superbe biographie non pas de Proust l’auteur mais de Proust l’homme vu à travers le regard de sa gouvernante et amie Céleste, ce diptyque est aussi beau que bon. Je suis définitivement tombée sous le charme de la poésie du trait et de la palette de l’autrice, tandis que ses mots et sa mise en scène m’ont énormément touchée, de même que l’angle de vue choisi, très intimiste et en même temps réaliste. Une très belle façon de plonger dans l’intimité d’un grand artiste et de celle qui l’a accompagné dans son épopée.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
Commenter  J’apprécie          190
Ida, tome 2 : Candeur et abomination

Courageuse et vraiment très téméraire, Ida, notre aventurière suisse se lance à la conquête de l'Afrique sans sa compagne de fortune, Fortunée.



Bien mal lui en prendra, car sans le savoir, elle tombe sur un roi et chef de guerre très autoritaire et sanguinaire, en conflit avec les Français dans le commerce d'esclaves. La petite blanche tombe alors bien mal et découvrira, à ses dépends, la réalité du colonialisme et des conflits loin, bien loin de son confort.



Un scénario qui paraissait plus prometteur mais pas assez bien maîtrisés. Et des graphismes mieux réussis que dans le tome précédent, mais sans plus.
Commenter  J’apprécie          190
Groënland Manhattan

Quand science et ethnocentrisme vont de paire, les hommes ne peuvent pas vivre en paix. L'histoire vraie de Minik, jeune inuit embarqué pour New York par l'explorateur Robert Peary.

La naïveté et la confiance de l'enfant vont s'envoler, mais le vide laissé par la main de l'homme blanc ne saura jamais être comblé.

Bouleversant.

Pour tous ceux, d'ici ou d'ailleurs, qui ont été exposés comme de vulgaires cailloux, comme des animaux empaillés, comme des sous-hommes.

Bouleversant.

De voir que ce genre d'histoire est aujourd'hui quasiment oublié.

Merci à ceux qui ont pour vocation de faire perdurer leur souvenir. En BD ou par d'autres biais.



Commenter  J’apprécie          190
Mauvais genre

Nous sommes en 1914. Paul et Louise font connaissance, se marient et doivent très vite se séparer. Paul est appelé sous les drapeaux, la France vient d'entrer en guerre. Dans les tranchées, Paul souffre, comme ses camarades. Après avoir été traumatisé par la vue d'un copain décapité, il s'automutile pour être démobilisé. Mais son geste ne suffit pas à le faire réformer. Il décide alors de déserter pour retrouver Louise à Paris. Au début, il reste enfermé dans l'appartement puis il trouve un stratagème pour pouvoir sortir : se déguiser en femme. Le soir, ses pas le mènent au bois de Boulogne. Il prend goût à ces sorties nocturnes et finit par se complaire dans cette situation. Cette existence scabreuse durera dix ans et ne cessera que quand il ne courra plus le risque d'être poursuivi pour désertion. Dix ans c'est bien long...



Inspirée de faits réels, voilà une histoire d'amour atypique dans le Paris des années folles. Ancrée dans la grande histoire, cette histoire qui finit mal illustre les difficultés que rencontraient les couples quand l'homme regagnait son foyer, marqué par les blessures physiques et psychologiques de la guerre. Le Paul d'après-guerre n'est pas celui que Louise a connu jeune homme.

Ce roman graphique aborde un autre sujet, peu traité dans le contexte de l'époque : celui de l'identité sexuelle. Paul, confronté à une part de lui-même qu'il n'aurait sans doute jamais explorée si la guerre ne l'avait pas mis dans cette situation extrême, doit se débattre avec cette nouvelle identité qui bouscule son couple.

Le mélange des genres est parfois déroutant mais passionnant. Les dessins, dans la gamme des gris, avec des touches de rouge, sont très expressifs. Certains expriment la violence et l'horreur, d'autres la féminité et la sensualité. A noter qu'il y a quelques scènes un peu "osées", traitées de façon plutôt humoristique. C'est un roman graphique qui bouscule et ne peut laisser indifférent. En ce qui me concerne, c'est un bon point.

Dérangeant mais fort intéressant !
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
Commenter  J’apprécie          190
Mauvais genre

D’après La garçonne et l’assassin de Fabrice Virgili et Danièle Voldman.



Louise Landy et Paul Grappe s’aiment. Ils se marient juste avant que Paul parte faire son service militaire. Et voilà que la Première Guerre mondiale éclate et que l’horreur des tranchées saisit les hommes au fond du cœur. « Qui te dit que tu vas t’en sortir ? Tu vas crever en brave petit soldat obéissant… Ta Louise fera une veuve bien digne… Un bien beau destin ! » (p. 30) Paul ne veut pas mourir sous le feu ennemi, il préfère être déserteur, et Louise sera sa complice. « Je suis ta femme, ta carcasse maintenant, c’est moi qui m’en occupe. » (p. 38) Mais qu’il est difficile de rester caché toute la journée quand on est un homme plein de dynamisme ! Et si, pour passer inaperçu, Paul se déguisait en femme ? Superbe idée, mais pas si facile à mettre en œuvre tant Paul est viril. « Bon, tu veux que je joue au pédé, quoi… / Pas du tout… / Comment tu veux que ça paraisse naturel ? J’suis un bonhomme, c’est tout ! » (p. 63) Avec l’habitude, Paul fait illusion et il devient Suzanne aux yeux du monde.



Quand sonne la fin de la guerre, Paul croit être enfin libre, mais il apprend que les déserteurs ne sont amnistiés. Il lui faut garder le costume de Suzanne et vivre avec, au grand jour. Peu à peu, il prend goût à ce travestissement forcé et découvre des jeux pervers au bois, la nuit. Louise sent bien que son mari lui échappe et qu’il plonge dans le Paris des années folles où il devient une légende noctambule. « Suzanne était un être lumineux, elle irradiait. » (p. 114) Pour garder son mari, Louise commence à le suivre au bois, la nuit, et elle apprécie même ce qui s’y passe. Le couple, gêné par la fausse identité de Paul, se déchire tout en ne pouvant pas se séparer. Quand l’amnistie est prononcée dix ans après la guerre, Louise rêve de connaître enfin une vie normale avec son époux. Mais Paul pourra-t-il se passer de la clandestinité et du double jeu dans lequel il excellait et où il cachait les terreurs ramenées de la guerre ? « Quoi, ça ne te fait pas plaisir que je te désire ? / Je ne te fais pas envie… tu as envie d’être moi, c’est pas pareil. » (p. 152)



Quelle étonnante histoire vraie ! Le récit s’ouvre sur un procès pour meurtre qui reprend le déroulement des évènements depuis le début. C’est ainsi que l’on découvre les jeunes Louise et Paul, amoureux insouciants qui ne savaient pas combien la guerre allait les meurtrir. En un sens, Paul est une gueule cassée puisqu’il ne peut plus montrer son visage d’homme. Le dessin est une magnifique composition au fusain parfois traversé par l’éclat d’une sanguine qui, simple tâche écarlate, rend dynamique toute la scène, voire toute la page. Ce rouge vibrant, symbole de la féminité, passe de Louise à Paul et finit sur un étal de sucreries, symbole du plaisir perdu. Chloé Cruchaudet propose une réflexion digne et compatissante sur les genres féminins et masculins et sur les prétendues barrières qui les séparent, voire les opposent. Ce bouleversant roman graphique m’a rappelé Triangle rose de Michel Dufranne : ces deux œuvres posent intelligemment l’éternelle question de l’identité individuelle au sein d’une société codée.

Commenter  J’apprécie          190
Mauvais genre

Paul rencontre Louise. Quelques pas de danse sur un parquet de guinguette et un tour en barque leur suffisent pour s’épouser. Les vœux tous justes prononcés, voilà le jeune marié, en uniforme rutilant, embarqué dans un train pour la guerre. Ce qui était annoncé comme une aimable promenade à la campagne se révèle être la boucherie que l’on sait.

Face à l’horreur des tranchées, Louis décide, comme tant d’autres, de se mutiler pour quitter le front, puis de fuir l’hôpital militaire afin de regagner son foyer. Devenu déserteur, il risque la guillotine, mais plus encore la folie à force enfermé et caché. Un soir n’en tenant plus, il revêt les vêtements de sa femme pour sortir prendre l’air et acheter une bouteille de vin. Victoire et bonheur recouverts, la supercherie fonctionne ! Louis devient alors Suzanne. Une nouvelle vie s’ouvre à nos tourtereaux. Une vie de de travestissement, de mensonges, de crises conjugales et de plongée vers des mondes interlopes.

Chloé Cruchandet traite ici, avec une délicatesse réelle conjuguée à une vérité saisissante, le thème de la transformation : le temps de l’innocence balayé par la guerre, les jeunes soldats réduits à de la chair à canon, l’homme qui devient femme et bien d’autre choses encore. Au fil des pages, on perçoit aussi la permanence et l’évolution d’une société par le prisme féminin. Les corsets disparaissent, les robes raccourcissent alors que les jeunes cousettes demeurent une proie sexuelle pour leur patron. Réalité que va expérimenter Louis sous ses atours féminins, en pleine crise d’interrogation sur la question de genre.

Pour exprimer le plus justement cette complexité, l’auteur joue sur des effets de sfumato plus ou moins prononcés. Le noir et blanc devient camaïeu de gris. Il se rehausse de temps à autre de touches de couleur pour évoquer la fragilité de la douceur de vivre alors que le rouge claque et marque ce roman graphique pour dire l’amour, le sang, le sexe et enfin le drame.

Œuvre ébouriffante et magistrale à mettre entre toutes les mains. Cette une dessinatrice sait mieux que ses consœurs (et confrères) renouveler son style graphique. Elle ose aborder des histoires ambitieuses là ou certain(e)s se cantonnent de décrire leur vie quotidienne avec un dessin bien lisse et à la mode. Chapeau bas.

Commenter  J’apprécie          190
Mauvais genre

Se travestir pour échapper à la guerre, se travestir pour échapper à ses cauchemars de tranchées, se créer de nouveau démons. S'étourdir d'alcool et de sexe pour oublier, pour espérer oublier...C'est une histoire complexe et violente que raconte délicatement Chloé Cruchaudet, avec une belle économie de couleurs. Des gris, des noirs, des bruns et du rouge pour la passion, la violence, l'amour. Du rouge par petites touches, au bon moment. Du rouge pour la folie qui guette tout le monde.
Commenter  J’apprécie          180
Mauvais genre

C'est d'abord un beau livre, très agréable à prendre en mains, un superbe roman graphique.

Dans "Mauvais genre", Chloé Cruchaudet nous conte, à partir de faits réels et d'après le livre de deux historiens, Fabrice Virgili et Danièle Voldman (La garçonne et l'assassin), l'histoire de Paul Grappe et de Louise Landy.

Les premières pages placent le lecteur en pleine cour d'assises, un procès qui ne manque pas d'intriguer. « Reprenons au commencement » demande le président et l'histoire défile au rythme des dessins au tracé toujours fin et subtil. Au travers de toutes les nuances du noir au blanc, seul le rouge intervient de temps à autre, surtout pour du sang ou quelques vêtements féminins.

L'histoire est prenante, émouvante, dramatique aussi car Paul, pour échapper à l'enfer des tranchées, a déserté et il est devenu… Suzanne Landgard. Se transformer en femme n'est pas chose facile mais Paul - Suzanne va aimer ça et les rencontres, plutôt cocasses au début, frôlent rapidement le drame car l'on touche à l'homosexualité, au changement de genre : « Elle était plusieurs partenaires à la fois, un être complet et magnifique », déclare un témoin, à la barre.

La jalousie aussi déchire ce couple avant que Suzanne ne puisse retrouver sa véritable identité suite à l'amnistie des déserteurs, en 1925. Hélas, cela ne règle rien, bien au contraire. En effet, les traumatismes du front ne sont jamais effacés, ce que l'auteure a su si bien illustrer dans une série de doubles-pages d'une force incroyable.

Le texte est présent, seulement si nécessaire, prouvant tout le talent de Chloé Cruchaudet. Au moment où l'on célèbre le centenaire de la Première guerre mondiale, "Mauvais genre" est encore plus d'actualité.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          180
Mauvais genre

C'est tout gris et tout sombre et c'est plein de vie, de volonté de survie, de se chercher, de se trouver même si on y laisse des plumes, même si on reçoit des gnons.

Ce qui transcende toute l'histoire , c'est qu'ils s'aiment ces deux-là.

Et puis l'horreur, la lâcheté chacun a le droit de la/les refuser, mais ce courage là, ii n'est pas reconnu

Rien d'un mouton le Paul, ni la Louise, ni la Suzanne.

Et encore plus percutant parce que le "genre" dérange toujours autant. En écoutant les témoignage des trans-sexuels, je suis toujours admirative de leur force d'affronter la société pour pouvoir obtenir un corps en accord avec leur être profond.

Bien loin des jolies couleurs et des charmants dessins d'"Ida". Mais Ida, elle a aussi des point communs avec ces trois là.
Commenter  J’apprécie          180
Mauvais genre

Coup de coeur pour cette BD qui relate l'histoire vraie de Paul et Louise.



Les deux jeunes gens se rencontrent avant la guerre et tombent follement amoureux.



Paul est appelé sous les drapeaux et part défendre son pays. Blessé et traumatisé par les horreurs des tranchées, il décide de ne pas y retourner et devient déserteur.



Caché par Louise, il devient fou car ne peut pas sortir sous peine d'être reconnu et arrêté.



Alors, il va ruser et se travestir.

Paul devient donc Suzanne et une nouvelle vie s'offre à lui.



J'ai beaucoup aimé cette BD qui embarque tout de suite le lecteur et l'amène sur des chemins surprenant.



Amour, compassion, empathie, crainte, traumatisme, folie, dérive...tant d'émotions qui heurtent le lecteur.



Le graphisme "vieilli et patiné" nous plonge dans l'ambiance des années guerre et après guerre.



On comprend les sentiments et ressentis de chaque personnage.



La couverture m'avait intriguée et cette histoire m'a touchée.



On ne peut imaginer ce que les poilus ont pu vivre et à quel point leurs vies ont été chamboulées pour les plus chanceux qui s'en sont sortis vivants.
Commenter  J’apprécie          170
Mauvais genre

*** Une histoire tissée dans le noir ***





Certes, ce n'est pas une bande dessinée à mettre entre toutes les mains : elle réunie violence, horreur de la guerre et sexe.

Mais cette histoire est loin d'être banale, d'autant plus qu'elle est vraie et qu'elle se déroule pendant la guerre 14-18 et dans les années 20.

Elle retrace le destin incroyable de Paul Fabre et de son épouse Louise.

Afin d'échapper aux atrocités de la guerre 14-18, Paul se mutile dans une tranchée. Après son hospitalisation, il déserte et se retrouve avec son épouse Louise, coincé dans une petite chambre où il n'est pas possible d'en sortir. L'idée lui vient de se travestir avec la complicité de sa femme. Il devient alors Suzanne, la "colocataire de Louise".

Très vite Paul va changer, il est devenu quelqu'un que les hommes convoitent. La vie du couple va être mis à mal ... (Je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler l'histoire)



Tout dans ce roman graphique est superbe : l'histoire tirée du livre La garçonne et l'assassin, les dessins sombres, sobres, en noir et blanc et ... rouge (et ça a son importance), les textes (juste ce qu'il faut !).



Histoire vraie, dramatique, tragique et pour un public averti.







Commenter  J’apprécie          170
Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

Une forme pleine d'inventivité et de lyrisme au service d'un fond sans concession. Que c'est finement joué de la part de son auteure.



D'emblée, dissipons tout éventuel malentendu à propos de cet album : son sujet n'est pas Marcel Proust, mais bel et bien Céleste Albaret, qui a travaillé près de 8 années à son service, dès l'âge de 22 ans. Et derrière elle, le sort de toutes les femmes de l'époque ayant les mêmes origines et le même statut. Pour preuve : le visage de l'écrivain demeurera invisible - contrairement à celui de Céleste - durant tout le premier quart de la bd.



Le traitement de la figure de l'auteur restera ici volontairement de l'ordre de l'anecdotique, puisque c'est l'homme derrière l'artiste qui intéresse avant tout Cruchaudet. Sa représentation des rapports hommes-femmes et des rapports de classes de l'époque est acerbe à souhait. A travers une réplique ou un dessin, on découvre ce que c'était d'être une femme en 1914, et ce à quoi on pouvait prétendre à Paris quand on venait de la campagne, d'une famille plus préoccupée à marier ses filles qu'à les instruire afin qu'elles puissent quitter la maison le plus rapidement possible.



Sous toute cette abnégation se cache Céleste : une femme ô combien attachante et surprenante, avec qui j'ai hâte de renouer dans la 2ème et dernière partie de cette histoire d'apprentissage totalement hors du commun.
Commenter  J’apprécie          170
Les belles personnes

Je le dis tout de suite: le graphisme minimaliste ne m'a absolument pas convaincu pour son coté trop brouillon et non réaliste. Cependant, parfois, il m'arrive que je puisse apprécié une œuvre malgré cela.



En effet, c'est plutôt la démarche de l'auteure que j'ai apprécié. Elle a voulu faire le portrait non pas de super-héros qui sauvent le monde mais de personnes totalement anonymes rencontrées au fil du temps et qui sont à leur manière ce qu'on appelle de belles personnes. Elle souhaitait leur rendre hommage en image.



La première fois que j'ai entendu ce terme de belles personnes, j'ai ressenti quelque chose de neuf et d’intrigant. On n'a pas besoin d'être un héros, on peut par nos actes ou notre attitude bienveillante être de belles personnes non pas physiquement mais moralement.



Certains de ces portraits m'ont plutôt touché. Ma préféré est sans doute ce fantôme de l'abribus car il y a un côté un peu mystérieux. J'ai aimé également ce jeune trentenaire isolé au fond d'un bar qui agit en prince même s'il ne l'est pas avec ce côté poète. Il y a également cette voisine qui cultive de drôles de plantes dans son jardin ou cet éboueur qui chantent à tue tête sans oublier Mint le pauvre chien qui cache bien son jeu.



Dans ces anonymes, il y a quelque chose de profond à saisir, sans doute de l'humanité retrouvée.

Commenter  J’apprécie          170
L'herbier sauvage

La bande de papier-calque qui enserre le livre, et qui cache de façon discrète ce que fait la main du monsieur à la tête d'ours sur le bas-ventre de la dame à la tête de brebis, nous avertis en effet ; ainsi, il est dit " pour lecteurs avertis". Alors c'est vrai que les récits recueillis et mis en mots par Fabien Vehlmann, auprès d'inconnu(e)s croisés deci-delà, parlent sans détour de sexualité, sont parfois crus, osés, mais ils sont aussi oniriques, touchants voire romantiques. On y parle des premières fois, de fantasmes, de drague, d'amour. Les magnifiques aquarelles aux sublimes et subtiles couleurs de Chloé Cruchaudet, dessinatrice de talent (je recommande la Croisade des innocents , sa dernière bd) apportent une poésie surréaliste et une touche artistique nécessaires à la lecture de ces témoignages. L'addition du talent d'écrivain-reporter de Vehlmann et de celui de Chloé Cruchaudet donne un bel ouvrage, un beau livre-objet. Ce premier opus est suivi d'un second illustré cette fois par David Prudhomme.
Commenter  J’apprécie          170
Ida, tome 1 : Grandeur et humiliation

Connaissez-vous l'histoire d'Ida von Erkentrud ?



C'est une bourgeoise suisse empotée, arrogante et pleine de préjugée qui décide de partir en quête d'aventures sur le continent africain pour tuer son ennui. Elle se fait accompagner par une jeune Française, mal nommée Fortunée, mythomane et lubrique.



Un joyeux duo qui permet à l'auteur de mettre en scène des décalages comiques entre fantasmes de dédouvertes exotiques et réalité des expéditions.



Une critique des débuts du colonialisme au XIXème, avec un scénario bancal et des graphismes bien moins aboutis et envoutants que celui de la couverture.
Commenter  J’apprécie          170




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Chloé Cruchaudet Voir plus

Quiz Voir plus

Rhinocéros de Ionesco

Qui prononce la première réplique de l'oeuvre?

Jean
L'épicière
Bérenger
La serveuse

10 questions
284 lecteurs ont répondu
Thème : Eugène IonescoCréer un quiz sur cet auteur

{* *}