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Critiques de Chloé Cruchaudet (641)
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Groënland Manhattan

Cette BD est basé sur une histoire vraie, c’est l’histoire de Minik, petit eskimo qui fut ramené à New York suite à une expédition de l’explorateur Robert Peary. Le dessin est élégant, les couleurs feutrées aux discrètes pointes d’intensité. Ce livre ne nous parle pas tellement d’expéditions polaires, mais plus de la confrontation de civilisations et surtout de l’arrogance colonialiste, du paternaliste condescendant et aveugle de la « Civilisation » soit disant supérieure. C’est une histoire tragique, une grande leçon, une leçon que ce monde de 1900 ne semblait pas pouvoir comprendre. Au final, c’est une BD marquante, forte et belle.
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Mauvais genre

Paris, 1911. Paul et Louise avaient prévu de faire pousser des fleurs (pleines de vase) dans le jardin d’hiver de leur future petite maison. Ils en avaient plein, de jolis projets, mais l’Histoire ne leur accordera pas. Paul et Louise viennent seulement de célébrer leur union, que le jeune époux est appelé à combattre. L’heure n’est plus aux rêves d’avenir mais à la survie. Paul voit ses compagnons mourir, sombrer dans la folie, l’horreur est insupportable et l’événement de trop pousse Paul à devenir déserteur. Aidée de sa Louise, il se terre dans un hôtel miteux. Seul dans sa chambre, les journées traînent lentement. Louise partit faire vivre tant bien que mal son couple, retrouve, le soir, un mari exécrable. Paul rumine sa solitude, jusqu’au jour où il pense trouver la solution. Si vivre sous l’identité de Paul reste dangereux, se grimer sous les traits d’une femme n’éveillerait aucun soupçon. C’est ainsi que née Suzanne, Suzy pour les intimes, car cette demoiselle n’a pas fini de s’inviter dans le couple et dans l’esprit de Paul.



Adapté du récit historique La Garçonne et L’Assassin de Fabrice Virgili et Danièle Voldman, Mauvais Genre est bien plus qu’une bande dessinée sur le travestissement. Elle conte l’histoire vraie de Paul Grappe et Louise Landy bousculée au début de la Première Guerre Mondiale. La terreur et les traumatismes de la guerre parcourent les planches et sont sans cesse rappelés par les tons sombres de l’illustration. Une teinte de rouge vient parfois twister la douleur et nous retrouvons l’effervescence du Paris des Années Folles.



La quête de soi est au centre du récit, nous voyons un Paul laissé toute sa place à Suzanne et s’épanouir dans ce nouveau rôle. Chloé Cruchaudet a su cerné ce personnage double et complexe et en a extrait toute sa beauté. Louise n’est pas en reste, commence alors une sorte de triangle amoureux, lourde de conséquences et les désillusions prennent part à la danse.



Mauvais Genre est une œuvre très forte. À lire !
Lien : https://marcelpois.wordpress..
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Mauvais genre



Autant commencer tout de suite par une note personnelle qui éclairera probablement, la platitude de mon commentaire, je ne lis jamais de BD.

C'est un tort, je sais, et beaucoup de mes amis m'y incitent mais c'est ainsi.

Cette fois, j'ai été totalement et littéralement subjugué !

L'histoire d'abord, celle d'un déserteur de 17, l'un de ceux qui se mutilèrent pour échapper à l'absurde boucherie. Paul Grappe, c'est son nom, se retrouve à Paris chez son amie Louise, contraint de se cacher pour échapper à son sort, car on ne faisait pas de quartier avec les déserteurs en ce temps où la vie de pauvres hères ne valait rien que mépris. Pour échapper à l'enfermement dans une chambre d'hôtel Paul se travestira en femme, petite main avant que de devenir, quelques fantasmes plus loin dans cette époque qu'on a coutume d'appeler les « années folles », une reine des nuits du Bois de Boulogne.

Paul ne saura pas revenir à la vie "banale"...

Plus encore que l'histoire, les personnages sont extrêmement bien campés avec leurs fêlures, leurs frustrations, leur beauté, l'histoire qui les dépasse et les écrase quoi qu'il arrive.

Guerre, Liberté, célébrité, amour, les destins brisés les vies gâchées, une histoire d'Amour tragique et singulière.

« Adieu la vie, adieu l'amour, Adieu toutes les femmes C'est bien fini, c'est pour toujours De cette guerre infâme … nous sommes tous condamnés Nous sommes les sacrifiés » disait la chanson de Craonne qui me hantait lors de la lecture.

On y échappe pas.

Je m'aperçois que j'ai parlé de ce livre comme d'un roman, et c'est un beau et grand roman, mais c'est un peu plus que çà.

Car il y a le dessin !

Et quel talent !

Chaque page mérite et attire l'attention, c'est beau, c'est sensuel, c'est sensible.

Un talent qui sait nous plonger dans l'horreur de la guerre, frôler la féminité, toucher du doigt la déchéance, c'est beau et brûlant, vive la BD, je vais m'y mettre cette fois, c'est sûr!
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Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

A l'occasion du centenaire de la mort de Marcel Proust, Chloé Cruchaudet aborde dans sa nouvelle BD la personnalité et la vie de l'écrivain à travers le prisme du lien qui l'unissait à Céleste Albaret, sa gouvernante et parfois secrétaire.

C'est un portrait en creux de Marcel Proust qui reste enfermé dans sa chambre la plupart du temps, de santé fragile, pétri de petites habitudes.

C'est aussi un portrait de Céleste, qui est d'abord sa coursière mais qui ne sait rien faire (elle vient de la campagne et s'occupait avant tout des animaux). Avec Proust, elle apprend à parler à la troisième personne, à répondre au téléphone, à faire du café et à répondre à tous les caprices de l'écrivain..



Hypocondriaque, il apparaît emmitouflé dans des couvertures sur la plage de Cabourg, souffreteux car coincé dans son processus littéraire puis l'instant d'après exalté car ayant eu un déclic. Capricieux, buté, Céleste se plie à tout jusqu'à ce qu'il aille trop loin. Mais ce n'est pas la fin de leur histoire puisqu'une seconde partie est attendue.

Ce qui m'a frappé en dehors de l'angle choisi pour raconter la vie de Proust c'est l'univers graphique de Chloé Cruchaudet : les phrases de Proust lorsqu'il s'agit des mots qu'il a écrits dansent comme des vagues et enveloppent les illustrations.



Certaines pages sont particulièrement réussies comme celle où Proust apparait comme sur une île exigue et seul et sous verre ou bien encore celles où on rentre dans sa tête pour lire ses pensées avec une maquette plus libre et une teinte turquoise claire qui domine.

On a bien entendu très envie de connaître la suite !


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mauvais genre

Paris des années folles pour ce récit graphique inspirée d'une histoire vraie.

Avant la première guerre, Paul et Louise vivait un amour plein après leur mariage.

Puis sonna l'heure de la grande boucherie. L'horreur insupportable le fait prendre un choix décisif et il devient un déserteur au grand coeur.

Retrouvant sa belle, ensemble ils usent d'un stratagème pour ne pas y retourner à cette folie.

La nécessité de changer d'identité devient une libération pour Paul.

Une résilience non sans danger dans laquelle Paul se noie corps et âme, dans une libération des moeurs et bamboches en tous genres au bois de Boulogne, que l'a société de l'époque n'est pas encore prête à assumer.



j'ai apprécié la rondeur des dessins, le minimalisme des couleurs aux quelques pointes de bleu , blanc ou rouge, le tout dans une atmosphère de grisante noirceur.
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Mauvais genre

Je découvre cette bd après tout le monde et comprends les nombreuses chroniques élogieuses que j'ai pu lire.



Avec un trait fait de rondeurs et d'angles, d'ombres et de luminosité, on découvre l'histoire étonnante de Paul, envoyé à la guerre, déserteur, obligé de se travestir pour mener une vie plus confortable aux côtés de sa femme.

La psychologie de deux personnages centraux est très soignée. On sent l'emprise de la société de l'époque sur leurs comportements, mais aussi leurs envies profondes. Les confrontations des deux donnent une histoire profonde, insolite et magnifique.



Une bd que l'on peut contempler et relire à l'envie
Lien : http://boumabib.fr
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Groënland Manhattan

2008 fut l'année ...Minik !

A quelques mois d'intervalle, il a inspiré deux excellentes BD : celle de Richard Marazzano et celle de Chloé Cruchaudet. Deux traitements différents, mais aussi riche l'un que l'autre.



Choé Cruchaudet diversifie avec brio son graphisme pour nous raconter cette (triste et lucide) histoire, d'un temps où la science se croyait tout permis, au nom de la science. Elle l'étaye de références, un postface explicite et quelques photographies.



J'ai aimé sa scénographie, sans pathos, qui focalise sur Minik, otage-sandwich de deux cultures antinomiques, l'occidentale écrasant l'autre. Comme si, il n'y avait pas d'autres cultures autre que celle de l'occident !



Ce qui, ici, m'a le plus interpellé, c'est le devenir de Minik, à l'âge adulte, qui n'a plus de "racines", tiraillé entre ses origines et son vécu éduqué aux USA, "étranger" d'un côté comme de l'autre.



Rêvant un peu, je me suis dit, qu'il faudrait instituer une autre "fête" internationale (il y a bien celle des mères, pères et touti quanti, la fête du travail et les nationales). Ce serait celle des premiers immigrants de choix ou de force. Ceux qui ont vécu cet entre-deux sans repos et sans sérenité, qui ne trouvent leur place ni dans l'une ni dans l'autre culture/société/civilisation. Ce sont leurs petits-enfants qui trouveront leur place , mais eux les premiers, ils auront du renoncer et se réinvestir tous les jours, sans trouver de repos. A ceux-là aussi pourrait ce joindre ces enfants adoptés par d'autres ethnies... Et ce serait bien une fête universelle car les peuples migrants, ils existent depuis l'orée des temps et je me plais (encore) à rêver qu'il s'agirait d'une solide négation de tout racisme.



Ah, la la ! Voilà que les BD me rendent élégiaque ! Mais c'est le monde sens dessus-dessous, ma bonne dame !



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Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

Il ne faut pas lire le récit de Céleste Albaret « Monsieur Proust » et ce roman graphique, ils sont difficilement compatibles.

Bien sur, il était nécessaire, je suppose, de donner un peu plus de relief aux personnages mais je ne crois pas qu’Odilon son mari ait pu lui dire qu’elle était « chiante », je ne pense pas non plus que Proust avait ces allures de danseuse. Il n'a en outre jamais demandé à Céleste si elle était « masochiste » pour vouloir rester sa « domestique » et je ne pense pas encore qu’elle se présentait au téléphone comme « la domestique de monsieur Proust » !

Céleste n’a jamais écrit qu’elle s’était permise devant la comtesse de Greffulhe de décrire Proust comme un « cabri ». Et je n'ai pas compris à la lecture de ses mémoires qu'elle ait pu être "platoniquement amoureuse de lui" !

Elle l'admirait certes, avait de l'affection pour lui mais de là à évoquer de l'amour...

Trop d’insistance aussi sur ces fameux mouchoirs ou cette idée des notes en accordéon et sûrement pas assez sur les interdits érigés par Proust et les contrôles qu’il effectuait au début pour s’assurer qu’il était obéi.

Dommage, car il aurait justement était intéressant de comprendre ici ce couple sado-masochiste dont plusieurs dimensions manquent.

Malheureusement pour moi, ce roman graphique adopte une tendance assez générale du genre : la niaiserie.

A confirmer ou pas dans le tome suivant…
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Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

Pour cette lecture, ce ne sont ni la couverture ni le sujet qui m'attirèrent mais l'autrice doint j'avais déjà lu deux ouvrages "Mauvais genre" et "Groenland Manhattan". Et je dois préciser que je connais très peu l'univers de Proust.



Chloé Cruchaudet s'est inspirée de la vie de Céleste Albaret qui fut de nombreuses années la gouvernante mais aussi la confidente de Marcel Proust. L'autrice s'est appuyée sur le livre de Céleste mais aussi sur d'autres documents littéraires ou audiovisuelles.



L'histoire commence quand deux antiquaires débarquent chez Céleste au milieu des années 50 à la recherche, no de temps perdu, mais d'objets ayant appartenu à Proust et dont Céleste serait la gardienne.



Celle-ci va revenir sur sa vie, elle qui débarquait de sa campagne et qui réagissait de manière sans filtre avec son bon sens paysan. Céleste a dû s'adapter à la vie de Proust, à son rythme, à ses manies, à ses obsessions. Elle nous fait découvrir l'univers de création qui était celui de Marcel Proust, la vie pendant la première guerre mondiale pas si loin du front mais dans une certaine insouciance pour ce milieu de dandys.



Marcel Proust lui fait découvrir le charme de la côte normande où il passa son enfance.. Peu à peu Céleste d'adapte à don nouvel environnement et comprend de mieux en mieux son "maître".



Chloé Cruchadet nous fait voyager dans les souvenirs de Céleste mais aussi dans la création de Proust, incluant des passages de certaines œuvres dans un style de dessins très aériens et éthérés, nous donnant d'être dans la tête de l'écrivain. On se laisse porter par ses aquarelles.



J'ai adoré le scénario mais aussi le graphisme et la scénographie choisit par l'autrice. Les personnages semblent se déplacer dans l'espace des pages comme les personnages au sein de ses livres. J'ai beaucoup aimé l'évolution de la relation entre Proust et Céleste, l'apport que celle-ci a pu avoir sur l'oeuvre proustienne.



Dans un premier temps, Céleste port des regards d'ingénue sur le monde qu'elle entrevoit, qu'elle découvre. On verra son évolution au fil des cases et surtout de son aide à Proust.



Finalement une belle découverte qui donne envie de se rapprocher de Proust mais aussi de lire le libre mémoire de Céleste. Un regret cependant, le tome 2 n'étant toujours pas paru : devoir attendre pour connaître la suite !









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Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

Pendant huit ans, Céleste Albaret a accompagné Marcel Proust dans quasiment toutes les phases de sa vie, de la création et de la maladie.

Celui qui a passé tant de journées dans son lit, se levant vers 16h pour passer les nuits au Ritz ou dans d'autres lieux de plaisir, a tout exigé de cette femme qui ne savait rien faire, sauf peut être qu'elle s'adresse à lui à la troisième personne.



La jeune épouse a passé de longues journées à attendre une sonnette pour lui apporter un café, l'écouter, l'accompagner, porter des paquets de feuilles chez ses éditeurs, accueillir les visiteurs, écouter les doléances, répondre au téléphone et enfin, coller les corrections, ces multitudes de petits papiers qui rendaient fous ses éditeurs et que l'on a pu voir lors de l'expo consacrée à l'écrivain au musée Carnavalet ou à la galerie Gallimard à Paris.



J'ai aimé le graphisme de ce roman graphique, les couleurs pastels dans les tonalités de vert, mauve, noir, tout à fait surannées et bien adaptées à l'histoire qui nous est contée.



Tout sa vie, Céleste a vécu avec le souvenir de sa rencontre avec Marcel Proust. Elle a accepté de l'évoquer vers la fin de sa vie, lors d'entretiens enregistrés qui permettent de mieux cerner la personnalité de l'écrivain et la relation étrange qui l'a lié à Céleste.
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La Croisade des Innocents

La croisade des enfants est un événement historique plus ou moins avéré... une caravane d'enfants qui prit la route pour libérer le tombeau du Christ. La légende veut que ces enfants pensaient que leur coeur pur leur garantirait de réussir là où leurs aînés avaient échoué. Sans gâcher la fin, je peux vous révéler qu'il n'y arriveront pas.

Dans un XIIIème siècle froid et austère, deux gamins qui triment comme des esclaves dans une brasserie sont à l'origine de cette croisade. Colas est muet suite à un traumatisme. le choc de la découverte d'une silouhette prise sous la glace d'un étang lui fait retrouver la parole. Son ami Camille décide d'enjoliver l'histoire et prétend que cette silouhette était celle de Jésus. C'est le point de départ de cette petite caravane de quelques gamins qui décident de fuir leurs conditions de vie misérables. Qui va grossissant et grossissant, posant de plus ne plus de problème pour assurer sa subsistance.

Chloé Cruchaudet signe un très bel album, au graphisme épuré. Elle trouve un point équilibre entre ce désir d'innocence et la noirceur bien réelle de son récit. Récit d'une innocence perdue, si elle a jamais existé, qui commence mal pour se terminer encore pire. Et ce qui relie le drame de la première scène à la tragédie de la conclusion n'est jamais vraiment réjouissant. C'est un peu sa Majesté des Mouches en route vers Jérusalem. Un condidat sérieux pour les prix de fin d'année.
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Mauvais genre

Une histoire surprenante. Celle d' un couple pendant la 1ère guerre qui s'aime. Paul, pour échapper à la guerre, devient déserteur et se travesti. Mélange d'horreur des tranchées, violence conjugale et de mœurs délurées. Les dessins sont magnifiques. L'histoire est bien menée dans un Paris de misère et de débrouille.

Je n'imaginait pas qu'une BD pouvait avoir la même force qu'un roman. Une histoire sombre et triste.

Mais dans laquelle on plonge sans hésiter.

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Mauvais genre

Dur, très dur de parler de cette BD!



Les dessins sont chouettes, tout le côté historique m’a beaucoup plu. J’ai également apprécié le fait que l’intrigue soit issue d’une histoire vraie. Mais il y a un très grand mais!



Globalement, ce que je retiens de cette bande-dessinée est une sensation de malaise. Je serais bien incapable de dire si j’ai apprécié ou non ma lecture tant elle m’a perturbée.



L’histoire tire vers deux bords: - d’abord faut-il compatir pour Paul, déserteur pendant la Première Guerre mondiale qui ne parvient pas à se remettre des horreurs dont il a été témoin au front, ou faut-il se sentir littéralement dégoûté pour l’homme travesti, violent, manipulateur et sérieusement dérangé qu’il est devenu?



- C’est un peu pareil pour Louise, son épouse, qui l’a supporté du début à la fin. Faut-il avoir pitié d’elle ou la condamner pour son geste désespéré? Ce sont toutes ces ambivalences qui me perturbent encore plusieurs jours après avoir fini ma lecture.



> En conclusion, c’est une lecture qui marque et qui dérange à la fois! Je la recommande à ceux qui veulent lire une histoire vraiment originale sur la Première Guerre mondiale. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est du jamais lu. Si vous avez envie d’être dérangé dans vos convictions, de vous interroger sur l’homme et la morale, cette BD est faite pour vous !
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Mauvais genre

Et une 82e critique ! L'album ayant été largement résumé, disons juste qu'il raconte la lente et terrible dérive d'un couple pendant et après la première guerre mondiale.

La première page est assez saisissante et symbolique : elle montre un juge d'un certain âge, qui se déshabille pour enfiler sa robe avant l'ouverture d'un procès. Une impression de ridicule montrant le décalage entre la justice (la société "normale et bien-pensante") et la vie de Louise Landy et Paul Grappe.

Le déclencheur de la dérive du couple : la guerre qui va hanter Paul Grappe et réveiller chez lui, de manière fortuite, des tendances profondément enfouies.

La mise en page est classique, mais le scénario impeccable, montrant bien la fragilité psychologique de "Paul-Suzanne", avec ses fantômes toujours présents.

Les couleurs sombres dominent avec parfois quelques teintes de couleurs et notamment le rouge : rouge comme les vêtements du couple, rouge comme le maquillage, rouge comme le sang... Rouge-vie et rouge-mort.

Un bien beau travail, sans concession, violent (au sens large), dérangeant, émouvant d'une certaine façon.
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Mauvais genre

Une histoire d’amour, celle de Louise et Paul dans le Paris des années 1910.

Paul, déserteur, pour échapper à la guerre et à l’horreur des tranchées, se dissimulera sous les traits d’une femme.

A partir d’un fait divers authentique, Chloé Cruchaudet nous offre une BD de grande qualité.

Un texte cru, renforcé par les tons gris, noirs et rouges des croquis, comme la noirceur de la guerre et le sang des innocents.



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Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

Quelle bonne idée de faire une bd sur Marcel Proust. Je l'ai dévorée en une heure, avec beaucoup de plaisir. Il s'agit de la rencontre entre Marcel Proust et de celle qui deviendra sa domestique Céleste Albaret. Ils sont issus de milieux sociaux totalement différents. Céleste est une jeune campagnarde qui arrive à Paris. Elle va vite s'adapter aux manies de son nouveau maître et lui devenir petit à petit indispensable dans son quotidien. J'ai aimé le graphisme, les couleurs mauves et sépia. J'ai hâte de lire le tome 2.
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Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

Voilà un coffret bien sympathique, poétique et magnifique !



Les dessins sont plein de grâce, les aquarelles aériennes, les noirs profonds, les mises en pages créatives et variées, pleines de folie.



L’histoire ? celle de la servante-secrétaire-bonne-gouvernante de Marcel Proust qui fut bien maltraitée, puis révoltée et enfin affirmée et affairée auprès du « génie créatif littéraire« .



Deux inséparables albums magnifiques pour me décider – une fois de plus – à me plonger dans la Recherche
Lien : https://www.noid.ch/celeste/
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Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

Céleste Albaret est une vieille dame. Elle vit avec Odilon, son mari aigri et grognon dans un petit hôtel dont ils louent les chambres. On sonne. Des « antiquaires spécialisés dans la vente d'objets ayant appartenu à de grands noms ». Bien sûr, ils viennent la faire parler de son illustre patron, Marcel Proust, et, si possible, repartir avec l'un ou l'autre souvenir que la gouvernante aurait conservé.

Odilon ronchonne devant les sucreries apportées par les visiteurs. Sûrement encore des madeleines. Il les déteste ! Céleste, elle, est enchantée. C'est un bain de jouvence. Elle avait vingt-deux ans et arrivait de la Lozère. Odilon servait de chauffeur à l'écrivain. Un travail épuisant, puisque celui-ci l'appelait à toute heure du jour et de la nuit et n'hésitait pas à le faire rouler cinquante kilomètres pour admirer des aubépines, qu'il ne pourrait de toute façon pas approcher à cause de son asthme.

Et Céleste, pendant ce temps ? « La cuisine n'est pas son fort... ni le ménage (…) Que sait-elle faire, alors ? Absolument rien. »

Pourtant, la jeune femme est engagée pour livrer de petits colis partout dans la ville, et, peu à peu, elle passe de plus en plus de temps avec ce maître insupportable et tyrannique qu'elle porte néanmoins aux nues.

Chloé Cruchaudet a transposé en roman graphique de deux volumes la relation entre Marcel Proust et Céleste Albaret.

C'est une auteure que j'apprécie énormément. Dans cette histoire, l'originalité de son style est sublime. Pas de vignettes. Les dessins s'inscrivent sur des fonds d'encre (ou d'aquarelle) qui adoptent toutes les formes. L'arrivée des antiquaires sert de prétexte à remonter le temps et à plonger dans la jeunesse de Céleste. Les pages d'ouverture sont à dominante verte. Quelques touches de rose : c'est la jeune antiquaire, de noir, c'est la robe de Céleste.

Tout comme le paysage de Combray se matérialisait dans la vapeur d'une tasse de thé, le récit de Céleste se déploie à partir du café si serré qu'on dirait de l'encre, et qu'elle préparait pour son grand homme. Petit à petit, les couleurs se transforment, on passe au mauve, au noir et blanc en opposition avec le rouge flamboyant dans l'appartement de la Comtesse de Greffulhe. On croise Colette ou André Gide, que Chloé Cruchaudet traite avec une ironie mordante, lorsqu'il se traîne aux pieds de Proust dont il avait refusé le premier livre.

Les différents dessins sont reliés par des lignes de textes ondulantes. Des paysages extravagants sortent de la tête de Céleste, de même que les rêves les plus étranges s'échappent du cerveau de l'écrivain, pour grandir, prendre vie, occuper des planches entières. Des citations tirées de « La Recherche du temps perdu » émaillent les pages, comme les bruits qui irritent l'auteur, tels le craquement d'une lame de parquet ou la sonnerie du téléphone. La vapeur des fumigations crée un brouillard qui finit par noyer la pièce et se mue parfois en fantômes. Ce sont les souvenirs qui entourent Marcel Proust et engendrent son œuvre.

Cet album est, à mon avis, un pur chef-d’œuvre dont je me suis régalée. S'il ne m'a rien appris que je ne connaisse déjà, il m'a promenée dans un monde magique que l'on quitte à regret. Mais pour se plonger immédiatement dans le deuxième volume.

Un vrai bijou à ne pas manquer, si vous aimez Marcel Proust.
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Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

Cette critique vaut pour les deux volumes :



Céleste (Célestine Albaret de son vrai nom) est embauchée un peu par hasard par Marcel Proust. Son mari fait le taxi pour l’écrivain et celui-ci a besoin d’une personne pour ses courriers à travers la capitale. Il faut dire que Céleste ne sait pas faire grand-chose. Venue de la campagne, elle ne sait ni cuisiner, ni faire le ménage (sa mère s’en occupait très bien) et n’a aucune formation professionnelle. Puis arrive la guerre et Proust a besoin de quelqu’un pour tenir la maison : répondre au téléphone et interdire l’entrée aux visiteurs importuns principalement. La cuisine viendra du Ritz et le ménage se fera occasionnellement, la poussière remuée gêne l’asthme proustien.

Peu à peu, la jeune femme prend de l’importance dans la vie de l’écrivain, car l’homme est incapable d’être autonome. Élevé dans la soie, il a besoin de petites mains pour les gestes quotidiens, et pour son œuvre de silence, d’essence de café et de fumigations.



La confrontation entre deux mondes totalement différents. D’un côté, un homme mondain dont la seule et unique obsession est son Œuvre. Par ailleurs, quelqu’un de totalement imbu de sa personne, précieux, maniaque et souvent invivable. De l’autre, une jeune femme qui ne lit jamais et dont la seule passion semble être la broderie, une provinciale peu habituée des coutumes et salons parisiens. Et pourtant elle devient essentielle, vitale pour Marcel Proust qui n’imagine pas vivre et écrire (ce qui pour lui signifie la même chose) au point qu’elle pourra imposer ses conditions : devenir gouvernante, avoir l’habit qui fait le moine et se faire aider par sa sœur cadette. En échange, elle l’aidera à mettre de l’ordre dans ses idées, ajoutant et collant ses petites notes au manuscrit d’origine.

Car Céleste voit en Proust avant tout l’homme, ses faiblesses, ses défauts, ses maniaqueries avant l’Auteur, le Maître que son entourage (et lui-même) vénère. Un regard différent qui permet à l’écrivain de rester un peu sur terre. Céleste, qui parfois ressemble à un clown blanc, est un personnage émouvant et attachant, faisant face avec naïveté et candeur à un monstre de la littérature.



Un récit non dénué d’humour sublimé par un dessin magnifique, une mise en page inventive, des trouvailles graphiques au fil des planches. Chloé Cruchaudet (connue notamment pour La croisade des innocents et Mauvais genre) trouve ici un terrain idéal pour nous émerveiller. Une réussite de la première à la dernière planche.



À noter qu’il n’est point besoin d’avoir lu la Recherche pour apprécier cette bd. Et que la lecture de Céleste ne donnera pas forcément envie de s’y attaquer !
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Mauvais genre

La guerre et la peur, l'amour et le désir, le courage et l'abandon : Mauvais genre tisse dans un noir et blanc intime et historique, le fil qui fait front entre ce qu'on est et ce qu'on voudrait être. Une simple cachette, une couverture, un abri provisoire et les repères d'une vie basculent. Trahir devient un lot quotidien, de l'horreur des tranchées jusqu'aux sombres allées du bois. En miroir de cette chair à canon en quête d'identité et de reconnaissance, Mauvais Genre installe le rôle de la femme après la boucherie de 14-18, moteur d'un pays en mal de main d'oeuvre, muse et porte-monnaie des années folles. Mauvais Genre est à ce titre aussi un chef-d'oeuvre de roman graphique qui relie individuel et collectif, émotion et plaidoierie, art et jugement.
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