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Critiques de Chloé Delaume (497)
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Le Coeur synthétique

S'il y a bien une auteure que l'on n'attendait pas le genre littérature facile, presque chicklit, c'est bien Chloé Delaume. Après des textes foisonnants et peu classiques ( Une femme avec personne dedans), toujours dans l'auto fiction avec parfois des visées originales ( "Dans ma maison sous terre", le roman visait à faire mourir sa grand-mère), " le coeur synthétique" surprendra ses lecteurs habituels. Pas de texte en vers, de narration éclatée, de mise en page particulière ( juste un dialogue façon texte théâtral et une fin à ( presque) choisir), juste le récit d'une quarantenaire féministe, nullipare ( à noter la mocheté du mot comme si ne pas avoir d'enfant ou enfanter était nul...ah ce français misogyne...) qui s'aperçoit qu'avoir 46 ans, c'était être transparente dans le regard des hommes.

Ecrire de la même façon branchouille et sautillante qu'une blogueuse trentenaire passée au roman ressemble sans doute pour Chloé Delaume à une performance. Pour le lecteur, un peu moins, tellement elle semble s'être coulée avec facilité dans ce genre littéraire à succès. Du coup, on repassera pour l'originalité du style. Pour l'histoire, aussi, on se dit que c'est loin d'être nouveau. Le souvenir de l'excellentissime "Celle que vous croyez" de Camille Laurens et de ses figures de style extraordinairement pertinentes, sur un sujet semblable, nous reviennent à l'esprit. Disons qu'ici, la lecture est facile et agréable. On retrouve évidemment une sorte d'auto fiction sans doute, avec ce qu'il faut de féminisme, d'un peu d'auto dérision et d'un joli final empreint de sororité, mais sans que cela surprenne. Parfois on est agacé par son côté bobo parisien speed ( on se cocaïne comme moi je bois un verre de vin rouge) voire son côté jamais satisfaite et un peu compliquée ( féministe sans enfant mais finalement très conservatrice : être avec un homme = obligatoirement une vie de couple marié). Au sein de toutes ces tergiversations autour de l'amour, le roman décrit aussi le milieu de l'édition. Ce sont sans doute la partie les passages les plus réussis, une véritable démystification en règle, savoureuse et cruelle ( on croit reconnaître en partie les éditions du Seuil...).



Je pourrai conclure que le nouveau Chloé Delaume, nettement plus accessible qu'à l'accoutumée, peut être une jolie friandise légère à s'offrir pour une soirée d'hiver. Seulement, il vient d'obtenir le prix Médicis...

La fin sur le blog
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Le Coeur synthétique



Quel ennui ! Une histoire superficielle, sans nuance, sans relief, sans profondeur aucune, à l'écriture assez drôle pendant les deux ou trois premiers chapitres, dont on se lasse très vite tellement elle fait "système", avec quelques références à Balzac, qui doit s'en retourner dans sa tombe.

Et qui dessert totalement la cause que ce livre est sensé défendre.





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Le Coeur synthétique

« C’est le cœur d’Adélaïde, le héros de cette histoire. C’est lui qui cogne et saigne, exige et se déploie »… Adélaïde a quarante-six ans et vient de quitter un homme, après neuf ans de vie commune. Peu encline à la solitude, elle se rend compte rapidement qu’il est difficile, à un âge où les femmes seules sont beaucoup plus nombreuses que les hommes, de refonder une relation amoureuse, et qu’elle risque d’être condamnée à un durable célibat forcé. La voici atteinte de panique, « comme une fleur bleue qu’on trempe dans de l’acide ». Heureusement, autour d’elle, et se moquant d’ailleurs de cette « épousite » dont elle semble frappée, quatre amies vont lui offrir affection et conseils, chassant à l’occasion des candidats mâles pour son service, l’entraînant plus tard dans des rituels de magie, avec des résultats très hasardeux… Chloé Delaume nous offre ici un roman-farce, drôle du début à la fin – avec un humour de situations, mais aussi de formules, quand, par exemple, de son nouveau chat dans les bras d’Adélaïde, les « ronronnements sont si puissants qu’ils lui font un massage cardiaque » ! -, une satire très lucide du marché contemporain de l’amour et du sexe. Mais derrière cette fable réjouissante, l’auteure explore aussi plus gravement l’état des relations entre les hommes et les femmes aujourd’hui et suggère, thème déjà développé dans son essai polémique Mes bien chères sœurs l’an dernier, la sororité, la solidarité entre femmes liées par l’amitié, comme un rempart face à la violence masculine ou un remède à la solitude. Le roman est aussi l’espace d’une peinture au vitriol des mœurs littéraires, à un moment où le milieu de l’édition est miné par les conflits de pouvoir et les grands manœuvres financières. Adélaïde, comme attachée de presse, est un vaillant petit soldat pris dans une bataille qui la dépasse, et Chloe Delaume, qui a, on le comprend, quelques comptes à rendre à des éditeurs ou des journalistes, s’en donne à cœur joie, multipliant les clins d’œil, s’inventant même une sosie, experte en « autofiction expérimentale », dont les titres des œuvres singent drôlatiquement ceux de ses propres textes ! Tout cela pour le plus grand plaisir du lecteur… Après Les Sorcières de la République, formidable roman féministe et foutraque, truffé de références et d’idées toutes plus extravagantes les unes que les autres, après Mes bien chères sœurs, un pamphlet engagé et exigeant, Chloé Delaume invente ici une écriture plus apaisée, plus « grand public » diront, sans doute, certains détracteurs, mais une écriture pleine de délices et de lucidité. Alors pourquoi pas ? Ne boudons pas notre plaisir !
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Le Cri du sablier

Cela ressemble à de la poésie. Pas de virgules, des nom utilisés comme des adjectifs, des adjectifs comme des noms, des néologismes, des verbes formés sur des noms, des articles qui disparaissent. Des phrases qui se scandent, car composées de 6 syllabes pour la plupart. Cette indication permet parfois de les comprendre, qui resteraient absconses sinon. La recherche d'une parole disparue, d'un discours enfermé en soi par ces phrases étranges qui riment entre elles ou à l'intérieur d'elles-mêmes est originale et surprenante. Mais à mon sens une monotonie s'installe à ce rythme toujours repris que l'on se prête à suivre plus qu'à la lecture d'alexandrins - car, malgré tout, toutes les phrases ne sont pas identiquement rythmées. Dans les alexandrins on sait à quoi s'attendre, les règles poétiques et la typographie donnent à anticiper le rythme. Ici on découvre le rythme de la phrase, mais on ne peut la comprendre que si l'on replace la ponctuation au bon endroit et si l'on déniche les syllabes, les e muets qui sautent - car les hexamètres ne valent que s'ils sont dits, non selon la règle classique. de ce fait, la recherche d'hexamètres s'impose comme une méthode spontanée à chaque début de phrase. Elle ne marche pas si mal, mais pas toujours. le plus simple est encore de lire les phrases tout haut, c'est là que le sens paraît avec le moins de difficultés.

Il m'a été difficile de trouver une liberté dans ce texte, car ce systématisme du rythme force à rester très près des mots. Soit je lisais les phrases à la vitesse normale, et alors le rythme hexamètres s'imposait et m'empêchait de comprendre le sens global, haché malaisément par des hexamètres irréguliers ou, par surprise, des octosyllables, heptasyllabes, etc ; soit je ralentissais la lecture pour saisir chaque sens et alors c'est le sens global du paragraphe, les liens avec les autres phrases, la logique de l'articulation de l'idée qui m'échappait. de plus, le long monologue intérieur que représente le roman m'a semblé répétitif, revenant souvent en arrière, et centré uniquement sur le traumatisme, la difficulté d'expression, sans ouverture aux évènements, à une chronologie. de là aussi sans doute l'impression d'un poème par cet aspect figé, descriptif plus que romanesque.
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La nuit je suis Buffy Summers

Surprenante et réussie parodie, rusée et inquiétante, d'un livre dont vous et Buffy seriez les héros.



Publié en 2007, le septième roman de Cholé Delaume est à la fois un hommage à la série télévisée « Buffy the Vampire Slayer » (dont on préfère toujours, lorsqu’on le peut, oublier le terrible « Buffy contre les vampires » de la traduction française) – et tout particulièrement à son épisode « Normal again » (« A la dérive »), dix-septième épisode de la saison 6, sorti en mars 2002 , une poursuite de la quête autofictionnelle de l’auteur, toutefois sensiblement plus discrète ici (avec bonheur) que dans ses romans précédents, et une jolie utilisation nostalgique des « Livres dont vous êtes le héros », immensément populaires durant les sept ou huit années qui suivirent la parution du « The Warlock of Firetop Mountain », de Steve Jackson et Ian Livingstone, en 1982, avec leurs choix multiples numérotés en fin de paragraphe permettant au lecteur de développer une lecture « interactive ».



Vous, lectrice ou lecteur, après qu’un bref prologue ait planté un décor (possible cauchemar liminaire) d’une intense sauvagerie parodique et ait précisé les « règles du jeu », vous réveillez donc d’un mauvais sommeil chimique dans une chambre d’hôpital psychiatrique, et entamez une quête à l’issue de laquelle, en fonction de vos choix rationnels, de vos intuitions, de votre sagacité, de vos envies et peut-être, de votre chance ou de votre malchance, vous mourrez, sauverez (provisoirement, toujours provisoirement, univers de Buffy oblige) le monde ou serez renvoyé à votre insignifiance maladive, non sans avoir rencontré une impressionnante galerie de personnages, habilement rendus par petites touches de caractérisation hilarante, au nombre desquels le bibliothécaire RG, les patientes, comme vous, de l’hôpital, W (qui est ou se prend pour une magicienne), A (qui est ou se prend pour une ancienne démone), Emmy (qui peut ou croit pouvoir se changer en souris), et Clotilde (qui échappe largement au Buffyverse, étant ou se prenant pour l’auteur possible du livre que vous lisez), mais aussi un ténébreux blond peroxydé appelé Spike, une folle, terrée au plus profond des souterrains, appelée Drusilla, une terrifiante infirmière-chef appelée Miss Mildred, un maire, un gouverneur et un grand maître, toujours inquiétants commanditaires des pires horreurs, et enfin une secte de Néantisateurs menée notamment par un écrivain à succès à l’impeccable chemise blanche négligemment ouverte.



La narration, bien entendu, n’est pas celle d’une pure « fan-fiction », et ne cherche absolument pas (ce qui a pu dérouter un certain nombre de lectrices et de lecteurs trop uniquement attirés par cela) à proposer un quelconque épisode alternatif à la série-culte. Il s’agit bien, en jouant habilement, intelligemment et – ma foi – plutôt respectueusement - avec les codes de la série (et en y ajoutant de nombreux clins d’œil à d’autres décors de pop culture, surgissant sans aléa réel comme autant de cross-overs pertinents ou impertinents), de proposer une lecture stimulante de la déroute psychique qui guette chacun au détour de cette contemporanéité capitaliste nihiliste trop souvent triomphante, et du type de courage requis pour y faire face.
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La nuit je suis Buffy Summers

Vous vous réveillez, amnésique, vêtue d’une seule chemise de nuit, dans une chambre d’hôpital, visiblement en section psychiatrique. Dehors, d’autres patients, et une étrange infirmière, Miss Mildred, qui semble organiser un inquiétant trafic. Rassemblez vos forces: vous disposez de quinze points à répartir entre vos aptitudes physiques et votre santé mentale. Décidez-vous de fouiller la chambre? Vous obtiendrez divers objets que vous prendrez soin de consigner dans votre inventaire. Préférez-vous explorer le couloir? Sautez quelques pages: vous pourrez atteindre le réfectoire, où vous croiserez un certain A ou une jeune fille appelée W, très intelligente. Ou encore la bibliothèque, ou RG vous attend avec ses petites lunettes sur le nez et son allure anglaise. Mais attention: au détour d’une allée, vous pourriez bien croiser un Menuisier borgne, une dame à la buche, un démon inédit, ou une Chirurgienne armée de terribles talons aiguilles, et il vous faudra les combattre. Et d’après vous, qui est cette Buffy Summers dont vous avez retrouvé le journal et une lettre, et qui semble de taille à affronter Miss Mildred?



Mouarf! Je me suis RE-GA-LEE. Ce livre est un livre-jeu, dont vous êtes le héros, ou plutôt l’héroïne. Suivant les choix que vous ferez, l’histoire se déroulera différemment. Suivant vos victoires aux combats, les possibilités se multiplieront encore. Au bas de chaque page sont imprimés deux dés: faites-les défiler, arrêtez-vous sur une page au hasard, et les dés sont jetés! Dans l’option que j’ai suivie, j’apprends que Miss Mildred a conclu un pacte avec le Maire (qui s’avère être le Maitre, un terrible démon) pour lui fournir des cadavres de patients, et que ce trafic est soutenu par la secte des Néantiseurs, des Nihilistes qui veulent la fin de toute chose. J’ai croisé au passage le fantôme de Cordélia (qui s’est moqué de ma coupe de cheveux), Emmy qui se métamorphose en rat, j’ai comparé le Soleil Vert et la Salsepareille et je crois même avoir aperçu Bree Van de Kamp après qu’on m’ait expliqué que je me trouvais dans un hôpital réservé aux personnages de fiction. En bref: c’est très glauque, très complètement absurde et je me suis énormément amusée à retrouver toutes les références, à consulter un article de la revue du Cercle ésotérique contemporain (n°47) qui interrogeait un membre de la secte des Néantiseurs sur ses opinions écologiques, ou à apprendre avec le professeur Stéphane Blandichon, titulaire d’un master de Sorcellerie de l’Université de Poudlard, comment réveiller les philosophes morts afin de faire parler Zarathoustra.
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Les mouflettes d'Atropos

Ce premier roman de Chloé Delaume écrit à 25 ans m'a époustouflée, tant il y avait déjà tout ce qu'on trouve dans son œuvre future : l'humour, la cruauté … et surtout le style que je trouve inimitable. Même si je n'ai pas essayé de lire beaucoup de femmes écrivains françaises, j'ai bien l'impression qu'elle est très très au-dessus du lot, tant au niveau de l'ambition littéraire, du talent de romancière que dans les thèmes abordés(folie, mort, deuil mais aussi critique d'une société de consommation et d'une bureaucratie déshumanisante, un féminisme revendiqué surtout dans ce roman, etc.). Bref, on est bien loin des livres gentillets, inoffensifs et insipides d'Anna Gavalda et autres Alice Ferney, et c'est tant mieux.
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Sororité

Sororité, ce mot veut-il dire quelque chose pour vous ?

Voici comment le défini Chloé Delaume lauréate du prix Médicis 2020, :

« Le mot sororité vient du latin soror, soeur. C’est un lien spécifique, solidaire, horizontal, indéfectible, entre femmes. Il abolit la rivalité et peut s’avérer être un puissant outil pour lutter contre le système patriarcal. »

Mais elle rajoute :

« La sororité a toujours été présente, mais elle n’était pas nommée, le mot a disparu de l’usage entre la fin du XVIe siècle et les années 1970. Or ce qui n’est pas nommé n’existe pas. »

Pour moi, la solidarité entre les femmes se révèle être l’un des principes fondateurs du combat féministe.

Et dans ce bouquin chorale, le collectif inédit de 15 femmes appelle à une solidarité qui ne nie pas les différences mais embrasse la diversité.

Car c’est grâce à la sororité, véritable parole en acte, que la révolution féministe adviendra.

Toutes ces femmes ont accepté d’écrire autour de la notion de la sororité. Qu’elles soient actrice, chanteuse, musicienne, réalisatrice, comédienne ou journaliste, sous la forme de récits, de fictions, de poèmes ou de chansons, elle nous offre une réflexion collective sur la sororité.

Avec ce collectif, c’est là une véritable occasion de rassembler les femmes et de jeter les bases d’une révolution féministe.



Tous les textes n’ont pas résonné de la même façon en moi. Mais tous m’ont fait réfléchir. Réfléchir sur ma condition de femme, sur la société que je voudrais voir arriver, sur le féminisme aujourd’hui. Comme le vivre et la pratiquer…

Entre essais critiques, politique et philosophes, entre textes poétiques et autobiographiques, entre fictions et documents, c’est ma sororité que j’ai convoquée et interrogée.

Un livre qui n’a fait que raffermir en moi cette notion de sororité mais aussi de bienveillance et de diversité. Bref c’est simplement un ode à bien vivre ensemble loin de l’entre soi !

Dire que j’ai aimé ce collectif c’est un doux euphémisme. J’en redemande !!!
Lien : https://collectifpolar.wordp..
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Mes bien chères soeurs

Un essai féministe percutant et combatif. Ca cogne fort.



Chloé Delaume ne mâche pas ses mots. Elle y va franco, elle éloigne le code des belles phrases et beaux vocabulaires. Elle innove, elle invente, elle inclut des références plus ou moins implicites. Elle n'écrit pas seulement pour transmettre des idées, elle crée, elle mot-valise sur mot-valise, elle fustige les couillidés, elle secoue le mâle alpha et découpe le machisme menu menu.



Il faut s'attendre à être secoué ; je pense même que certains lecteurs ou lectrices seront dérangés, voire choqués, par cette franchise déposée là sans faux semblants et sans gants. C'est brut, la nuance n'a pas sa place, mais sa liberté de propos fait du bien.



Chloé Delaume fait une révolution féministe à sa manière, avec style, oui, ce style personnel vif et impudent, avec lequel elle joue, au risque parfois de perdre son lecteur. J'ai d'ailleurs été très surprise par le premier chapitre - je n'ai pas tout compris - mais le reste de l'ouvrage est plus explicite.



Si son acte d'écriture est ici un acte militant, elle n'oublie pas de se dévoiler, de se mettre à nu, et d'illustrer son propos par des exemples et expériences personnelles qui sont loin d'être celles de tout le monde.



Un livre qui bouscule et surprend, mais aussi qui célèbre les femmes et le concept de sororité qui devrait, selon elle, en permanence les relier.
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Lettres aux jeunes poétesses

"Lettres aux jeunes poétesses" est un volume de conseils adressés par vingt et une poétesses à une apprentie en poésie, novice désireuse de prononcer ses voeux perpétuels (en poésie).



Parmi les noms on trouve Chloé Delaume, Liliane Giraudon, Sandra Moussempès, Nathalie Quintane... (je retranscris les noms que je connaissais, j'ai rencontré les autres dans ce livre).



Je suis un peu déçue : je m'attendais à l'examen de ce qui fait la spécificité de poésie au féminin, du travail des créatrices sur la langue française, langue très masculiniste où, comme le dit Marie Darrieussecq :" si toutes les femmes du monde venaient en compagnie d'un chien, ils seraient contraints, les femmes et le chien, de se soumettre au masculin : les femmes et le chien étaient bien obéissaNTS".



Il y a bien un peu de cela, mais je suis restée sur ma faim, l'étude sur le langage n'est qu'effleurée. C'est vrai que le titre, ne le promettait pas ni le format de l'ouvrage ne le permettait.

Il n'y a pas de miracle : les ouvrages traitant de poésie sont ardus, je pensais m'en tirer à bon compte, tout connaître sans effort...



Toutes les participantes du recueil, quand même, soulignent un monde où elles pénètrent comme par effraction, sans la légitimité des poètes masculins : Sophie Lucas exprime son désarroi quand elle a atteint la petite dose de notoriété suffante pour qu'on la convie à des débats sur la poésie :



"C'est advenu. J'ai pris corps par l'écriture. Dans l'écriture.

Et puis.

Il a fallu faire lectures publiques, tables rondes, rencontres.

Il a fallu exister par la parole.

Ce n'était plus l'écriture. C'était le monde. le corps social.

La violence. le bruit.

Il a fallu s'exprimer. Je n'ai pas su.

Il a fallu argumenter. Je n'ai pas su.

Des hommes depuis des siècles assis là.

Satisfaits. Ambitieux.

Habitués.

Il a fallu s'imposer. Je n'ai pas su.

Il a fallu faire sa place. Je n'ai pas su.

La déception d'être soi. de n'être que soi.

Rétrécir."



Toutes sans exception, formulent cette souffrance d'une légitimité toute neuve, à peine acquise, prête à être gommée par les hommes sachant, aux écrits plus "vendeurs", lourdement assis, comme dans le métro, jambes largement écartés, tout littérateurs à l'exquise sensibilité qu'ils soient.



Et pour conclure ce billet, je cite le collectif RER Q : "Ecrire au féminin vaut mieux que le neutre. Sois radicale pour être entendue.

Je suis toujours vivante. Justice nulle part, que mon écriture te hante pour toujours."



C'est pas mal quand même. Allons, il s'agit là d'une bonne initiation au sujet, libre à la lectrice, au lecteur, d'approfondir.
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Le Coeur synthétique

Adélaïde vient de divorcer. Elle se retrouve seule, puisqu'elle n'a jamais voulu d'enfant, et ses parents sont décédés jeunes, la laissant orpheline et fille unique. Une énorme solitude qu'elle arrive à combler grâce à ses amies qui lui font découvrir ce qui sera le mot central du livre: la sororité.

Son obsession est de trouver un homme, mais quand on approche la cinquantaine, ce n'est pas forcément simple. Elle va aller de soirée en soirée, de désillusion en espoirs déchus... Pour finalement accepter sa condition, se redécouvrir.



L'histoire est simpliste et pourrait promettre d'être drôle, et pourtant il n'y a pas beaucoup d'humour dans ce roman. Cependant, c'est une vraie réflexion sur le couple, l'oubli de soi, la dépendance affective, et évidemment l'amitié entre filles. Parfois j'ai eu du mal avec la multiplicité des personnages secondaires, surtout au travail d'Adélaïde (dans une maison d'édition), mais cela n'a pas perturbé ma lecture. J'ai particulièrement aimé la fin qu'on peut choisir...



Un succès mérité pour ce bel ouvrage.
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Le Coeur synthétique

Je reste perplexe , Prix Médicis !

Pour moi c'est un roman superficiel, avec de nombreux clichés sociaux voir sexistes.Je n'ai pas adhéré à cette héroïne sans consistance, qui se veut drôle et fleur bleue, et reste centrée sur elle -même et son milieu "bobo parisianisme " de l'édition.
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Le Coeur synthétique

Je ne comprends vraiment pas l'attribution du Prix Médicis à ce livre ; l'histoire de cette femme qui au mitan de sa vie cherche désespérément un homme sonne creux. J'imagine que l'auteure a voulu écrire une histoire moderne, dans l'air du temps mais tout paraît superficiel, sans consistance dans la vie de cette femme agaçante qui évolue dans le milieu littéraire. Je me suis vite ennuyée dans cette histoire de "nanas" riches, centrées sur elles-mêmes. Si encore elles avaient de la consistance.... Bref un roman à éviter !
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Le Coeur synthétique

Déçue par ce livre qui pourtant me donnait très envie.

Je trouve qu'un livre doit pouvoir transposer une situation personnelle pour le rendre universel, que chacun puisse s'y retrouver. Et bien là, ça ne l'a pas fait. Je ne me retrouve pas dans cette attachée de presse cocaïnomane à ses heures, je n'arrive pas à entrer dans l'histoire (Y a t il une histoire ?) L'histoire n'a pas accroché. Seule note positive, elle nous propose plusieurs fins, j'ai bien aimé l'effet de style mais ça ne suffit pas pour mettre plus de 2 étoiles.
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Le Coeur synthétique

J’ai eu de la peine à terminer ce livre pas très bien écrit. La plainte et la peur de vieillir ne suffisent pas à faire un livre... Même si c’est notre lot à toutes et tous.

La description du milieu de l’édition n’est pas engageante... Je ferai attention avant d’acheter un prix Médicis à l’avenir.
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Le Coeur synthétique

Faire le choix de rependre sa liberté, donc le célibat, en espérant trouver l'âme soeur prochainement, l'expérience et les exigences en plus. Mais voila, tout n'est pas facile dans un monde sexué par le virtuel, surtout si l'on refuse de s'y plier. Beau roman, simple, d'une femme de 46 ans qui veut vivre, qui a des envies, et qui devra supporter les conséquences de ses décisions aussi. C'est pas si facile que ça finalement de refaire sa vie de femme d'après C.Delaume, qui gagne le prix Médicis 2020 avec ce roman.
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Le Cri du sablier

Le Cri du sablier est une merveille et restera longtemps un objet rare et précieux du champ littéraire. Racontant la tragédie qui a marqué l'enfance de l'auteur, cette autobiographie est morcelée - parce que raconter une telle horreur d'un coup d'un seul est impossible. Tout est fragmenté : le récit, la chronologie, et même l'écriture, qui réserve ce livre aux grands habitués de la lecture, dans la veine de Duras et de Claude Simon. Réussissant le pari de créer un style tout à fait nouveau, Chloé Delaume nous livre un récit d'une grande force et d'une grande sensibilité, le récit de la reconstruction lorsqu'on semble être pourtant, comme les grains du sablier, éparpillés, enfermés, et condamnés à ne faire que répéter notre passé. Une très belle illustration du concept de résilience, courageuse et sans emphase inutile.
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Phallers

Voilà un petit bouquin qui vaudrait bien 5 étoiles rien que pour son trigger warning hilarant ! Merci Chloé de penser à nous, petites choses fragiles !



Et si certaines femmes, par la grâce du fantastique, devenaient des super-héroïnes ?



Une bonne blague, (zut, c'est juste une blague ?) sans beaucoup plus de prétentions, mais qui m'a bien fait rigoler !



… Et derrière la blague… toutes les sept minutes !
Lien : https://www.noid.ch/phallers/
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Pauvre folle

Comme quoi la 4ème de couv fait parfois le taf, car lorsque j'ai lu celle de Pauvre folle, je me suis dit : « Ayé ! Un roman pour moi dans la rentrée littéraire». Au départ du train, j'étais très enthousiaste ; l'idée de l'auteure me plaisait : au cours d'un aller-retour ferroviaire Paris-Heidelberg, égrener les souvenirs saillants de sa vie et les mettre en ordre. A l'arrivée du train au terminus : déception.



Le contexte du voyage est conforme à celui dont on nous rebat les oreilles à longueur d'informations, celui de l'effondrement global et sans panache de notre civilisation, ciel de craie, nuées d'étourneaux. L'auteure briefe rapidement le lecteur, Clotilde est le double romanesque de Chloe, à ce titre on peut la surnommer Clo-Chlo. Ecrivaine, elle met en scène ses cycles et épisodes existentiels, et considère que compte-tenu de son hygiène de vie, il lui reste moins de deux décennies avant de finir dans une urne. Je ne vois vraiment pas pourquoi il devrait y avoir la moindre lueur d'espoir dans son espérance de vie puisque tout est noir et triste à mourir dans cette histoire. Très rapidement, j'ai suffoqué sous l'avalanche de malheurs qui frappent Clo-Chlo et j'ai interrompu ma lecture pour consulter des éléments biographiques de l'auteure. Sa vie est une catastrophe, je ne prétends pas le contraire, c'est le fond de commerce de son oeuvre, mais contrairement à de nombreux confrères, Chloé Delaume ne se nombrilise pas seulement, elle autopsy ses entrailles.





Son enfance a été broyée par un fait divers familial et je compatis à son inextinguible traumatisme. Elle a été ensuite placée chez la soeur de sa mère et son mari qui vivent dans une ville moyenne tellement grise qu'on ne voit que ses géraniums rouge sang, forcément. La tante préfère les feuilletons aux livres ; la concoction d'un gigot de sept heures après avoir fait le ménage aux fêtes remplies d'amis, de cigarettes et de bouteilles vides. L'oncle quant à lui aime que ça sente la javel et le plat mitonné en rentrant chez lui. Et crime de classe impardonnable, on a fait une chenille à leur mariage et comme elle a bac – 5, tata adore Sardou. Alors que Clo-Chlo, elle, a ressenti son premier choc esthétique à l'âge de 9 ans devant Ophélie dans les Lagarde & Michard de sa maman-prof.





En consultant des interviews et autres articles de presse concernant l'auteure, j'ai appris qu'elle est une adepte d'Oulipo, ce qui a conforté une vague impression : celle qu'il y a un jeu dans son roman, voire plusieurs, comme par exemple avoir préalablement à sa rédaction créé une liste de mots qu'elle s'impose d'employer comme : charge mentale, culture du viol, metoogay, bipolaire, pervers narcissique, raptus suicidaire, féminisme, misandrie, burn-out, travailleur du sexe, male gaze, patriarcat, porc... tous ces mots qui jouissent d'une forte notoriété auprès des media. Ensuite, elle abreuve le lecteur d'étymologie banale, décortiquant certains mots - comme travail, tripalium, étymologiquement un instrument de torture – et de mythologie rudimentaire invoquant Lilith, Messaline, Junon, Diane, Minerve... Et enfin, les amis de Clo-Chlo se nomment Adélaïde, Judith, Bérangère, Hermeline, Wilfried, prénoms sûrement chargés de littérature que mon inculture n'identifie pas. Ah, j'allais oublier, dans sa biographie il est fait état de sa proximité avec Frédéric Mitterand ; ils parrainent conjointement une manifestation littéraire. Ce détail m'est revenu lorsque dans Pauvre folle, elle évoque son passage d'un an à la Villa Medicis de Rome, logement gratuit et 3 500 € mensuels, ça doit attirer les candidatures, elle a eu de la chance d'être élue. Il y a de ces hasards, je vous jure ! Tous ces éléments disparates constituent un bric-à-brac, résumable dans cette formule extraite du roman : « Pis entre nous, hein, y a plein de phrases où elle se la joue tellement poète qu'au final on n'y comprend rien ».





Au final, une lecture dont j'attendais trop sans doute. Je suis infiniment peinée que Chloé Delaume soit aussi mal dans sa peau, et déteste hommes et enfants mais je suis obligée d'ajouter que malheureusement elle ne détient pas le monopole de la souffrance. J'évite dans la mesure du possible de jouer les bagagistes, ayant mes propres valises à traîner, j'en resterai donc là dans sa bibliographie. Je termine en ajoutant que la généralisation aigrie, l'amalgame misandre fait entre tous les hommes me gêne. Non, tous les hommes ne sont pas des phallocrates, des verrats, des violeurs, ou des connards. Cette posture ne relève pas du féminisme mais de la haine, et nuit gravement à La cause des femmes qui mérite de plus fines analyses, désolée de casser l'ambiance.

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Le Coeur synthétique

J'ai un peu de mal à écrire cette critique. Étant de la même génération que l'autrice, je pensais que ce roman me parlerait davantage. Pour commencer, je dois dire que je l'ai trouvé très bien écrit. En revanche, j'ai eu un peu de mal a adhérer au propos. Adelaïde, la quarantaine bien sentie vient de quitter son mari qui l'ennuie profondément et, après avoir savouré sa solitude le temps d'une soirée, se met en quête d'une nouvelle aventure sans se douter qu'elle va prendre conscience qu'elle a dépassé sa date de péremption. Habituée qu'elle est à enchaîner les histoires d'amour, la narratrice prend cette réalité en pleine face et tombe dans une profonde dépression. Soyons honnête, je l'ai trouvée agaçante cette Adelaïde avec son épousite aiguë. Et le fond de l'histoire ne m'a pas paru très éloigné d'un roman à l'eau de rose. Si Adelaïde semble se résigner à son statut de femme seule grâce à la présence de ses amies, on sent bien que ce n'est pas une situation qui la remplit de satisfaction. Même l'autrice nous propose deux fins à cette histoire, une qui comblera la narratrice par la rencontre du nouveau prince charmant et l'autre où ses amies combleront sa solitude. Voilà, je me suis demandée en quoi ce roman était féministe puisqu'il est surtout question du regard que l'homme porte sur la femme et d'une femme qui ne peut pas vivre sans homme.
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