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Critiques de Chloé Delaume (497)
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Le Coeur synthétique

"Que reste t'il de nos amours ?"...



C'est l'histoire d'Adélaïde, qui bientôt quarante-six ans, se retrouve seule, par choix, pour la première fois.



N'assumant pas cette solitude, elle culpabilise, et s'entête à vouloir combler un vide affectif.

"Epousite aiguë" et dépendance affective la dépriment et l'obsèdent.



Adélaïde travaille, très investie et sous pression dans le monde de l'édition, auquel l'auteure ne fait pas de cadeaux !



Adélaïde souffre d'absence d'amour mais, heureusement, a quatre amies fidèles.



Si j'ai apprécié le bel esprit d'amitié et de sororité, ainsi que les quelques traits d'humour et d'autodérision, je n'ai pas aimé l'ambiance générale du roman.

J'ai l'impression qu'à sa lecture, on déprime ou on rit, suivant notre regard.



Déçue, d'autant plus que j'avais apprécié l'auteure lors de son passage à LGL.

Ce sont les dernières pages que j'ai trouvées touchantes.
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Mes bien chères soeurs

Il y a la rage, et à raison ! Un livre résolument féministe 4G (quatrième génération), qui appelle à l’union des femmes au travers de la sororité.



Un livre auquel je n’adhère pas inconditionnellement et auquel il ne m’est justement pas demandé d’adhérer car celui-ci ne s’adresse pas aux hommes. Doux rêveur, j’aurais préféré un projet incluant.



Reste un très bon livre militant, affirmé dans ses constats et revendications. Parfois drôle, souvent révolté avec un projet pour lequel Chloé Delaume appelle à continuer à se battre !
Lien : https://www.noid.ch/mes-bien..
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Le Coeur synthétique

Voilà un roman qui ne laisse pas indifférent si j'en crois les critiques des Babeliotes : soit on adore , soit on déteste et on crie au scandale : « nul, navrant, cliché, comment a t-on pu lui donner le Médicis, une honte » !



Comme je me fiche royalement des prix littéraires , je n'ai pas choisi ce livre à cause du Médicis .... Je préfere cent fois me fier à l'avis de mes amis (babeliotes ou pas), et ce sont les bonnes critiques de certain(e)s qui m'ont attirée vers ce livre et je ne le regrette pas du tout.

J'ai trouvé ces portraits de presque quinquagénaires , bobos parisiennes « ex bonasses » et « en voie de péremption »selon les codes établis par notre société du paraître, en quête d'amour et de reconnaissance, très réjouissants ! Ça sent le vécu ....



« C'est l'histoire d'une fleur bleue coincée entre deux pages, qui se dessèche en direct d'un authentique herbier . Adélaïde Berthel, c'est une femme comme tant d'autres. Qui, à quarante-six ans, voit disparaître l'aura qu'elle avait jeune fille. »

Voilà qui résume assez bien l'histoire. Nous suivons donc Adélaïde, avec empathie ou pas, dans ses efforts désespérés pour trouver l'âme soeur, le Vladimir qu'elle s'est créé , et s'extirper de la liste des 13700 femmes célibataires en trop à Paris ! Obnubilée par le mariage (une vraie midinette notre Adélaïde ! ), surtout pas d'enfants , elle déprime à mort et se console avec son chat Perdition ( le précèdent s'appelait Xanax ...) et sa bande de potes : Clotilde, Bérangère, Judith et Hermeline. Ce qui nous vaut des pages très justes sur les amitiés féminines indéfectibles ( une pour toutes - toutes pour une ! ) ce qu'on appelle maintenant la sororitė, et que Chloé Delaume propose à son héroïne comme alternative à son Vladimir évaporé ...



Adélaïde est attachée de presse dans une grande maison d'édition, et j'ai l'impression que sa description du milieu est assez proche de la réalité et en tous cas très drôle. La course aux prix qu'il faut absolument décrocher pour son poulain, l'auteure feel good qui veut à tout prix passer sur France Culture et être interviewée par Laure Adler, le primo romancier qui a « le charisme d'une loutre morte », la rivalité entre le chargé des gros tirages et des « célébrités écrivantes » et le chargé du « laboratoire » de la maison d'édition, les salons du livre ou Adélaïde doit traîner ses poulains .... Des clins d'oeil aussi : la « Petite Bibliothèque », l'unique émission télévisée littéraire, le talk-show télévisé « J'aime les dimanches » et des titres de livres tous plus loufoques les uns que les autres.



Alors, oui, c'est plein de clichés mais c'est ça qui est drôle. C'est une étude de moeurs très contemporaine, à la fois très triste puisqu'il parle de solitude et de quête éperdue d'amour, et très drôle grâce à la plume caustique de l'auteure qui nous laisse d'ailleurs choisir la fin de l'aventure d'Adelaide....

Bref, sans doute pas inoubliable mais un très bon moment de lecture.
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Le Coeur synthétique

Livre pris à la bibli un peu au hasard (second degré car d''après la couverture , Adélaïde pourrait être moi )



La référence au prix Médicis m'a décidé.



En quelque mots : Adélaïde, à 46 ans, décide de divorcer, elle se retrouve seule dans un petit appartement, avec un lit simple. Heureusement elle a un métier où elle rencontre énormément de monde (elle est chargée d'accompagner des auteurs dans une maison d'édition) et surtout elle a quatre très bonnes amies qui l'entourent et la soutiennent. Elle n'est dons pas si seule que cela mais vu de son côté, la solitude est immense.



Adélaïde m'a à la fois touchée (par sa volonté « plutôt seule que mal accompagnée » ) et horripilée avec son attente et son « épousite aiguë » .



Quand arrive la cinquantaine (dont je fais partie depuis peu), la vie n'est pas tendre avec les esseulés (idem). Son mari retrouve rapidement une compagne mais Adélaïde va de déception en déception....



La fin avec plusieurs alternatives m'a bien plu.

Je vous laisse, je vais m'inscrire sur Tinder. (Second degré)
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Le Coeur synthétique

Attiré par le prix Médicis

me voila à me débattre avec Adélaïde Berthel femme libre qui vient de divorcer mais se retrouve seule et veut un homme.

Bon je sais pas si ça fait un bon roman avec un tel départ personnellement je suis resté de marbre devant les soucis d'Adélaïde.

j'ai fini en diagonale bien m'en a pris car j'ai tout compris (c'était pas trop difficile)

J'excuserai les membres du prix Medicis certains devaient avoir eu le covid 19
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Pauvre folle

Je n'avais encore jamais lu Chloé Delaume, j'en avais pourtant envie tant on m'avait vanté la beauté et la puissance de son écriture ainsi que l'intelligence de ses propos. C'est "Pauvre Folle" qui s'est finalement frayé un chemin jusqu'à ma bibliothèque grâce notamment à une vidéo de l'auteure Diglee qui le vante et le vend avec tellement de conviction et de talent qu'il est impossible de ne pas succomber à la tentation.



Clothilde est dans le train pour Heidegberg, elle fuit. Elle fuit parce que cela fait des mois qu'elle a le vertige, qu'elle est dans la tourmente, qu'elle craint de devenir folle. Folle d'amour et de douleur. Folle de brûler et d'espérer sans espoir. Elle fuit parce qu'elle a besoin de réfléchir à la situation qui la traverse et la transperce, parce qu'elle doit avancer sous peine de couler à pic, de mourir, là comme ça à cinquante ans, avant la fin du monde et les incendies. Clothilde fuit parce que son grand amour est revenu dans sa vie. Celui qu'elle a aimé comme jamais. Celui qui l'a faite souffrir comme jamais. Celui qui vit avec un autre. Celui qui aime comme Cyrano, à travers des mots mais qui ne l'aime pas, celui qui ne l'aime plus.

Cela pourrait ressembler à bien des histoires, cela pourrait être banal et au fond, ça l'est. Pourtant ça ne l'est pas parce que le récit -véritable autofiction- est porté par une idée merveilleuse de poésie et d'étrangeté: au fil des chapitres qui se succèdent, on voit Clothilde extirper littéralement de son crâne ses souvenirs les plus forts comme autant de petites pierres, de petits objets de verres et de couleurs qu'elle expose face à elle, dans lesquels elles replongent comme Rogue et Harry dans la pensine, comme une très vieille femme sur d'anciennes photos jaunies.

C'est étrange, c'est beau, c'est incroyablement cinématographique et les souvenirs en question chatoient. Certains sont satinés, doux. D'autres poissent, saignent, étouffent un cri.



Les premiers chapitres explorent l'enfance et l'adolescence de Clothilde, les souvenirs de la mère, le traumatisme fondateur de la mort de cette dernière tuée par le père de la narratrice, la bipolarité, les envies de mourir, le parcours chaotique, la prostitution, l'impossible guérison par l'écriture et toute la générosité de cette dernière. Ces chapitres, je les ai trouvés sublimes, j'en ai souligné bien des passages que j'ai lu et relu à voix haute pour en faire résonner toute la poésie.

Les chapitres suivants insistent sur les conséquences de cette enfance fracassée sur le parcours de la narratrice, sur son rapport blessé aux hommes. Tant de lucidité et pourtant tant de passion subie, c'est étrange, presque douloureux. En creux de son histoire personnelle et grâce à elle, Clothilde interroge enfin et plus largement les questions féministes qui traversent notre époque, l'après "Me too", l'impossible réconciliation entre féminisme et hétérosexualité avec autant de colère que de finesse, avec un pessimisme que je partage pas forcement mais qui m'a poussée à me questionner.



Finalement, c'est un roman bien étrange que "Pauvre Folle" qui mêle engagement féministe et intellectuel, récit brûlant et à vif d'une passion folle; qui parvient à émouvoir et à bouleverser tout en étant parfois drolatique et tellement trash; qui constitue enfin et surtout un vibrant hommage à la poésie et à son inaltérable beauté. La langue y est sublime, vraiment.

Pour autant, si j'ai aimé cette lecture, je dois confesser que je ne l'ai pas adoré non plus. Je crois que j'ai été un peu déroutée par l'alternance quasi systématique et brutale entre les passages relatifs à la passion, au débordement et ceux plus réflexifs qui ont fini par me lasser. J'ai eu parfois l'impression de lire un essai, une tribune. Or, ce n'était pas ce que je voulais, ce que j'attendais là. Et puis, j'ai trop aimé les premiers chapitres pour ne pas avoir été déçue par les suivants. Cependant, je garde en tête et dans le cœur les souvenirs-objets, la beauté à couper le souffle de la langue et l'échange de Clothilde avec sa mère: "Moi, c'était sur Racine. Le point commun, tu sais, c'est les alexandrins". Mon envie de relire Rimbaud aussi.













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Pauvre folle

Ma sorcière bien-aimée c'est Chloé Delaume d'autant plus que sa magie féministe met de bonne humeur grâce à son humour.

Et quel titre, j'adore ce "Pauvre folle" au ton gothique et fantastique.



Le temps d’un voyage en train direction Heidelberg, Clotilde Mélisse tente de recoudre les souvenirs de sa vie chaotique en s'ouvrant le crâne pour y puiser de la matière.

Est-ce la fin du monde ? C'est surtout le moment pour celle qui écrit de comprendre la nature de sa relation avec Guillaume.

Alors que le train roule, Clotilde créée des espaces dans lesquels on peut se glisser, plonge sa main dans sa tête pour y sortir les événements saillants de son existence : la découverte de la poésie dans la bibliothèque de sa mère, le féminicide parental, l’adolescence et ses pulsions suicidaires, le diagnostic de sa bipolarité.

Il y a surtout son lien passionnel avec Guillaume rencontré dix ans plus tôt. Alors qu'il est ouvertement gay et en couple, ils ont une relation charnelle qui se prolonge par une relation épistolaire addictif les éloignant de la réalité. Ils créent Elleetlui comme un conte construit avec des mots entre leurs personnages, le Monstre et la Reine. Mais au contact du réel leur amour ne peut pas tenir.

Pourtant, un jour ils renouent mais il a beau s'être passé dix ans Guillaume ne veut toujours pas de Clotilde dans la réalité même s'il tient à elle.



Ce que j'aime avant tout c'est la liberté de ton de l'auto-psy de Clotilde qui ressemble étonnamment à Chloé dotée de certains pouvoirs. Au gré des paysages qui défilent par la fenêtre du train, des arrêts en gares, sortent de sa tête ses réflexions sur son histoire d'amour douloureuse où se rejoue les blessures de l’enfance. Je ne suis donc pas surprise d'entendre Chloé Delaume, adepte de l'autofiction, dire que la littérature est le lieu où on peut affronter le réel.





Challenge Gourmand 2023-2024
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Le Coeur synthétique

L'encre synthétique est une ode à la solitude féminine! On fait la connaissance de 4 amies, en fait, les amies liées à Adélaïde, notre héroïne, qui vient de rompre après une vie de couple de 4 ans. Autant qu'elle voudrait souffler un moment, le temps de passer l'éponge sur des mauvais traitements subit chez son compagnon mais pris de cour par une solitude aberrante, ses pensées oscillent entre une liberté dont le stress est enfoui dans un travail sans repos et un vide qu'il faudrait bien penser à combler par la chaleur humaine dont on ne peut s'en passer...
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Lettres aux jeunes poétesses

Nous devrions, à l’évidence, laisser plus souvent la parole aux femmes. Quand elles la prennent, et qu’elles expriment – enfin – le fond de leurs pensées, ça déménage…



Ces paroles font du bien, car au-delà du thème imposé (une « lettre » à une jeune poétesse, qu’importe la forme et le contenu, ce n’est pas l’essentiel), tout un monde – des mondes, finalement – de sensibilité exacerbé fait surface, jusqu’ici rien d’anormal dans la poésie, et dévale la pente enneigée du diktat masculin en grossissant, comme une boule de neige ou comme le trop-plein d’un cabinet archaïque, enrichi d’expériences individuelles toutes plus riches les unes que les autres, ayant cependant en commun, exprimé avec talent, le témoignage d’une réalité qui ne devrait plus exister depuis longtemps, à savoir la place des femmes dans la littérature et dans la poésie en particulier.



C’est percutant, et c’est frais. On ressent immédiatement la profondeur, parfois masquée, des interventions de ces magnifiques poètes. Car il n’y a pas de « poétesse », pas de sous-genre, juste des poètes, sans genre, plein d’humanité et d’imagination, pour nous permettre de percevoir le vrai monde qui nous entoure.



La maison d’édition « L’Arche », dans sa collection « Des écrits pour la parole », prend un pari osé mais en parfaite adéquation avec l’esprit de celle-ci, à savoir une passerelle entre la littérature et le théâtre. Cette œuvre ferait merveille sur les planches…

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Le Coeur synthétique

Quelle déception !

J'avais été enchantée de découvrir cette auteure avec mes biens chères soeurs.

Et me voilà totalement désenchantée avec ce roman, qui pourtant démarrait très bien.

Après quelques chapitres prometteurs dont une idée majeure me semblait intéressante à développer...

Tout est parti en poussière et l'ennui s'est installé au fil des pages.

Ni l'ecriture, ni les personnages, ni l'intérêt du sujet n'ont retenu mon attention et mon intérêt.

Sans doute me suis je fait au début du roman, une image trop précise de ce qu'il allait être et dont le sujet percutant, me semblait il, a disparu au fil des pages...

Et c est pourtant le Prix Medicis 2020...
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La règle du Je

"La règle du je" est un essai court mais exigeant de Chloé Delaume sur la création du "je" dans l'autofiction (genre très différent de l'autobiographie).

L'autofiction est le genre littéraire créé par Serge Doubrovsky, avec sa première oeuvre ainsi qualifiée, "Le fils" (1977) : c'est une « fiction d'événements et de faits strictement réels (...) hors sagesse et hors syntaxe du roman, traditionnel ou nouveau. »

L'auteur d'une autofiction écrit en son nom propre en croisant des évènements de sa vie réelle avec de la fiction : il ne fixe pas chronologiquement des faits tels que son souvenir ou ses aide-mémoires lui permettent de les reconstituer, mais explore une expérience vécue au moyen d'un récit fictif.

L'autofiction n'est pas une tentative d'épingler le passé comme un papillon sur un support, mais l'engendrement d'un "je" en mouvement qui s'élance au devant de son propre avenir en utilisant l'imagination créative.

Ce que n'est pas l'autofiction (l'auteure s'insurge contre cette confusion très répandue), c'est une thérapie, un moyen de se guérir de ses traumas en les couchant sur le papier, une sorte d'auto-analyse orientée vers un mieux-être.

L'autofiction est un art littéraire. Et l'art ne cherche pas à guérir, l'art est indifférent à l'état de santé de l'artiste : il est sa propre fin, et ne permet ni de "surmonter", ni d'entrer en "résilience", ni de "faire son deuil".

L'art exprime l'essence humaine tragique ou sublime.

Je cite :

"L'autofiction implique un pacte très particulier entre l'auteur et le lecteur. L'auteur ne s'engage qu'à une chose : lui mentir au plus juste. Lui transmettre par le ressenti, concrètement, sa propre expérience (...) du vrai, du faux, de la parole. La sienne et celle du monde. Cette dernière, par nature, se déploie, cacophonique".

"Je m'appelle Chloé Delaume, je suis devenue un personnage de fiction sans domicile fixe".
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Pauvre folle

"Pauvre folle" et un roman à la fois très branché sur l'actualité sociale et extrêmement créatif.



J'ai toujours une grande défiance à l'égard des romans en prise très (trop) directe sur les problèmes contemporains (la disparition annoncée de l'espèce humaine, le mouvement LGBT et #metoo) : non que je les désapprouve, non que m'en désintéresse, au contraire, mais j'aime trouver dans une oeuvre littéraire un souffle qui m'étonne et me séduit par quelque chose de nouveau.



Aussi le début du roman m'a-t-il agacée : encore, me suis-je dit, la perpétuelle litanie sur la rudesse des rapports sociaux et la folie criminelle du patriarcat avec utilisation des termes à la mode (iels, toustes etc)



Encore une fois je n'y suis pas opposée, mais pourquoi alors ne pas écrire un essai ?



Chloé Delaume elle-même a donné la réponse dans l'émission le Book Club de France Culture : la création littéraire peut être "hors cadre", "hors étiquette", c'est ainsi qu'elle la conçoit : poésie, réflexions, fiction, part autobiographique, elle dispose de tout cela en un nouveau paysage qu'on peut appeler "roman".



Effectivement, pour la part imaginative, j'ai été vite emportée par la force de cet amour littéraire vécu par les deux protagonistes, narré tantôt comme un conte, tantôt comme un cauchemar, mais riche et généreux : j'ai vraiment eu l'impression en cours de lecture que ce roman était un don de l'auteure au lecteur.



La principale interrogation porte sur la nature de l'amour : la passion amoureuse est ce qui permet de vivre pleinement, même au prix de la souffrance (ils ne vont pas l'un sans l'autre). Au fond, l'amour, vécu par correspondance (ici par mails, "l'amour littéraire") est-il inférieur à l'amour réel ("l'amour évier") ? certainement pas pour ce qui est de l'intensité et de l'accès à la magie.



L'amour est ce qui nous permet de nous connaître et d'accéder au noyau incandescent de nos êtres par la dénonciation de nos petites astuces quotidiennes, vite dépassées par les évènements : l'amour est un potlatch qui nous donne accès au sublime de la vie. Il est rendu possible par la Rencontre (d'un miroir trop souvent, ô Narcisse) et emprunte des chemins assez connus : l'échange épistolaire, pour n'être pas le moins original, peut être l'un d'eux, pourquoi pas ? Comme un jeu sexuel inachevé, il maintient la flamme plus longtemps et la cristallisation s'éternise. C'est dangereux, mais de toute façon après l'amour, parfois, souvent (toujours ?), il y a la "descente", et c'est l'enfer.

Qui veut avoir vraiment vécu doit-il accepter de traverser l'enfer : on est tenté(e) de répondre oui. La preuve : qui n'a juré-craché "jamais plus" et ne s'est surpris à recommencer ?...



Je sors de cette lecture convaincue et enchantée (au premier sens du terme). Elle m'a, en outre, permis d'ouvrir quelques voies de réflexions (deux pour être précise), sur des sujets qui me tenaient à coeur et qui me menaient toujours dans la même impasse embroussaillée.



Je note aussi la langue de Chloé Delaume, et sa virtuosité imaginative créatrice d'images parfois loufoques, toujours bienvenues : les titres des chapitres eux-mêmes révèlent un humour omniprésent, même au coeur du drame, ainsi que des talents de parolière de chansons : n'oublions pas que dans la vraie vie Delaume est aussi performeuse, chanteuse et écrit ses textes. Elle a le feu sacré de la poésie.

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Mes bien chères soeurs

En un bref texte, qui va droit à l'essentiel, Chloé Delaume examine les conséquences du mouvement Me Too sur le féminisme, et à quel point, à son sens, cette nouvelle vague porte davantage ses fruits que les précédentes quant à la solidarité qui se construit entre victimes. Ce qu'elle prône, finalement, avec beaucoup de bon sens, mais aussi de verve, c'est la nécessité de faire passer la sororité, contre toute compétition, défiance, avant tout, pour faire face à la domination patriarcale.



Intéressant, éclairant, percutant.
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Le Coeur synthétique

En 2006, Benoite Groult, qui avait largement dépassé les 80  ans, se plaignait que vieillir c'était devenir invisible. De nos jours, Adélaïde, quarante-six ans, qui vient de rompre, découvre avec effroi "l'invisibilité de la femme de cinquante ans avec un peu d'avance.". Pis, elle constate la cruauté des statistiques : il y a bien plus de femmes célibataires que d'hommes et ceux qui le sont ont presque tous un "vice de forme", dixit 'l'une de ses amies.

Car oui, Adélaïde a des amies, elles-mêmes en crise existentielle et, sororité oblige, elles vont  s’entraider.

Commencé sous les auspices de Virginia Woolf (le premier chapitre est en effet intitulé "Une chambre à soi"), le roman de Chloé Delaume se clôt sous ceux de Monique Wittig et de ses "Guerillères". Entre temps, nous aurons eu droit à une série de titres de chansons, très éclectiques, allant de Bashung à Juliette Armanet en passant par Sylvie Vartan, voire Herbert Léonard.

Car oui, on peut être féministe et drôle et l'autrice s'en donne à cœur joie dans ce texte qui nous introduit dans les coulisses du monde littéraire où Adélaïde officie en tant qu'attaché de presse et chapeaute une autrice qui lui ressemble furieusement.

Pratiquant l'autodérision, mais dénonçant aussi les diktats auxquels doivent se conformer les autrices, tant dans leur comportement que dans leur aspect physique, Chloé Delaume signe ici un roman à la fois enjoué et lucide qu'on ne peut lâcher.









J'en profite pour signaler aussi le très réussi Sororité, sous la direction de la même autrice , paru en poche chez Points Seuil également.

Un recueil de textes aux autrices remarquables, chacune ayant leur point de vue sur ce concept remis en lumière.
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Sororité

Je remercie Babelio et les éditions points de m’avoir envoyé ce livre, dans le cadre de la masse critique. 



Mes enfants en voyant le livre m’ont demandé : Maman, qu’est-ce que ça veut dire SORORITÉ?



Tout d’abord : Sororité, c’est le substantif du latin soror : sœur.

La sororité est un mot qui a toujours existé, il a fallu attendre le mouvement feministe de 1970 pour qu’il soit utilisé.

La sororité, c’est la fraternité, au féminin.

La sororité, c’est être soeurs, des sœurs qui le sont devenues en tissant un lien, par une démarche consciente, qui n’est pas venue naturellement. Une attitude sororale, c’est s’entraider, être à l’écoute des unes et des autres. C’est exclure de nos rapports, la rivalité, la compétition. C’est être ensemble, plus fortes, plus courageuses, être ouvertes, dans l’empathie, en confiance.



C’est un ouvrage collectif coordonné par la romancière et féministe Chloé DELAUME, qui regroupe les textes de quatorze femmes aux préoccupations différentes, romancières, journalistes, militante des luttes LGBT et féministes, philosophe, professeure, interprètes etc…



Certaines collaborations m’ont marqués plus que d’autres :



Dont celles de :

Lola Lafon, célèbre romancière et musicienne. 

Une jeune fille s’est fait violer par son petit ami. Elle décide de rejoindre un groupe de parole où elle se rend une fois par semaine. Une amitié indéfectible va naître avec deux autres filles fréquentant le groupe. Ensemble, elles se soutiennent, elles se posent les mêmes questions à des moments différents. S’entraident pour ne pas tomber plus bas dans la déperdition.



J’ai adoré ce poème “Ne te retourne pas ma soeur” de Juliette Armanet, autrice compositrice dont voici un court extrait : “Puis un jour, tu t’es tue. Et j’ai tout entendu. Et j’ai osé, je crois, te dire, au fond de moi. Depuis tous mes enfers, dessus toutes les lois, à mon tour, sans détour et de toute ma voix, Ne te retourne pas. Je suis avec toi.”



Estelle-Sarah Bulle, romancière, avec sa nouvelle UN CAFE, avec sa prose contre une femme entrain d’en descendre une autre. Lui expliquant que pour avancer ensemble, il faudrait entre nous de la bienveillance, de la considération et quand c'est possible de la solidarité envers les autres femmes.



Lydie Salvayre, romancière, qui s’approche de la sororité avec son texte percutant ANNE MES SOEURS ANNE que je lirai souvent.



Maboula Soumahoro, Docteure en civilisations du monde anglophone, nous relate dans son récit cette solidarité entre cinq sœurs  du même sang. Une blessure a rendu leurs corps et leurs esprits indivisibles : sœurs qui soignent, se conseillent, mettent en garde, protègent, font attention, s'aiment, se parlent.



Jeanne Chehral, autrice-compositrice-interprète, m'a ravi avec son poème CE GENIE, C'EST MA SOEUR.



Ovidie, réalisatrice, documentaliste et autrice se demande si nous ne sommes pas les propres gardiennes de notre oppression. La sororité n'est en rien innée et nécessite un apprentissage.  Elle nous oblige à désapprendre, à déconstruire. Se réjouir de la réussite d'une autre femme lui apporter son soutien, lui accorder toute sa bienveillance. 



Iris Brey, qui se souvient de toutes ses mains nues de femmes qui se sont emparées des siennes. 



Lauren Bastide, journaliste, nous livre l'intime...la mort de sa sœur. Comment a-t-elle envisagé la sororité, elle qui n'avait plus sa sœur de sang? 



J’ai été moins touchée par les textes sur la sororité politique, et je sais que c’est ceux-là que beaucoup d'entre vous préféreront.



Je suis ravie d’avoir lu ce livre-outil, qui amène à se questionner sur ce qu’est être une femme de nos jours, sur les rapports de domination. Et à imaginer quel pourrait-être le monde de demain.
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Le Cri du sablier

Je me suis demandé dès la première page si je voulais vraiment lire ce livre, qui a reçu le prix Décembre au moment de sa sortie en 2001, du fait de la contrainte du langage qu’il impose. Les policiers arrivent sur une scène de crime : une femme a été assassinée par son mari qu'elle voulait quitter; il a retourné l'arme contre lui, épargnant la fille de neuf ans du couple qui a assisté à la scène, une enfant non désirée, non désignée, et qui souffrait de maltraitance de la part de ses deux parents, mais particulièrement du père, une enfant dont on camouflait les ecchymoses... Elle raconte les événements dans une langue déconcertante, peu ponctuée, cathartique, mythologique, faite d'inversions, de mots inventés, de mots savants qu’il devient lourd de chercher, des incantations qui s’apparentent souvent à des alexandrins… Langage du trauma, de l’indicible, qu'il appartient au lecteur de déchiffrer ? On décèle un sens si on va à la recherche des mots, et cela finit par produire de bien jolies phrases. Je suis contente de m'être accrochée car j'ai somme toute été touchée, mais je reste avec l'impression d'être passée souvent à côté de quelque chose, surtout la fin, que j’ai trouvé pénible à lire et absconse.
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Narcisse et ses aiguilles

Chloé Delaume a su, dans un texte sincère et épuré, transcender un horrible traumatisme d'enfance sans le nommer explicitement. Dans langage proche de la transe, elle évoque son amour répulsion pour une paire d'escarpins en vernis rouges à talons aiguilles. Objet d'une fixation fétichiste inversée, symbolique du sang versé.
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Le Coeur synthétique

Je viens de lire d'admirables critiques de ce livre aussi quoi ajouter de plus ! si ce n'est que moi aussi j'ai adoré ce livre et apprécié cette idée que la sororité est une porte de sortie et que nous les filles, il faut nous organiser pour la vivre au mieux. L'âge venant, les échanges féminin/masculin se raréfient pour de multiples raisons et dans ce cas, pourquoi ne pas se créer une petite bulle satisfaisante avec de très bonnes amies. Le problème c'est qu'il y a aussi la maladie qui décime les deux rangs et bientôt, on se retrouve seule, isolée et sans personne avec qui échanger.

On parle de parodie de chick-litt pour ce roman. Adélaïde, c'est un peu Bridget Jones à la quarantaine bien sonnée. Elle aura divorcé de son aimé et ce sera à nouveau une période de galère si elle souhaite reconvoler. Sinon, elle aura la possibilité de s'entourer d'amies fidèles – surtout si elle a su les garder tout au long de son existence.

J'ai aimé qu'Adélaïde soit attachée de presse et qu'ainsi nous suivions le milieu de l'édition au moment de l'effervescence de la rentrée littéraire. « Plus de trois cents romans français sont publiés fin août. C'est la course aux prix. » Il y a aussi un endroit où cela sent le vécu, c'est quand elle décrit dans un Salon du livre les écrivains face à leur public et surtout la solitude de la signature. « Adélaïde entraîne Bastien dans son enclos à signatures. le dispositif est immuable, l'auteur coincé derrière sa table attend le client autant qu'il le redoute. L'écrivain est captif, assis face à des gens qui eux se tiennent debout. Un peu comme à l'école, il ne peut faire qu'écouter. Des gens viennent à lui juste pour passer le temps et se venger de leur vie. » (Page 144) La suite est encore plus drôle.

Il y a beaucoup d'autres choses plaisantes à lire mais je ne vais pas toutes les énumérer. Il ne faut pas tout dévoiler pour vous laisser lire ce roman car c'est un bon cru 2020, mes très chères soeurs.

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Dans ma maison sous terre

Chloé Delaume est son nom de plume. Son "entrée en littérature" a été la lecture de L'Ecume des Jours de Boris Vian. Enfance à Beyrouth jusqu'en 1978. En 1983, sous ses yeux, son père tue sa mère et se suicide ensuite. Elle raconte ce drame dans Le cri du sablier. Son choix d'écriture est l'autofiction, choix qu'elle explique dans S'écrire, mode d'emploi, lors du colloque de Cerisy en 2008 ("Je manipule le ressenti, les souvenirs, la fiction.... S'écrire, non pas à nu, mais parfaitement à vif, sans le tissu soyeux de la fiction classique...")



Mon avis : Dès le début j'ai été surprise par le style et la violence des mots, des images. Mais on s'y laisse prendre, on veut comprendre avec elle, on veut voir comment elle peut se sortir de ce sordide et de ces souffrances accumulées. Tuer mamie Suzsanne, fût-ce avec des mots, la délivrera-t-elle de ce secret révélé par la cousine, comme "une bonne nouvelle" ? Un livre très fort, que je n'ai pas pu poser une fois passée la page 10. La valse des émotions m'a conduite de page en page entre répulsion et fascination, parfois énervement puis compassion...

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Le Coeur synthétique

Chloe DELAUME. Le cœur synthétique.



En une après midi, j’ai lu ce court roman, à peine 200 pages, et de nombreuses pages blanches. Je n’ai pas perçu de trame. C’est un véritable catalogue décrivant la vie dans une maison d’édition, sur une année littéraire. Adélaïde Berthet a 46 ans; elle vient de divorcée, n’a pas d’enfant et emménage dans un petit deux-pièces de trente cinq mètres carrées dans le 20ème arrondissement de Paris. Elle est attachée de presse dans une maison d’édition. Elle est en quête d’amour et recherche l’âme sœur. Nous avons la description complète de la recherche des livres susceptibles de recevoir les grands prix littéraires décernés à l’automne. Oui, chaque éditeur à son favori. Et les attachés de presse doivent les conduire, dans les salons, les expositions, les librairies, organiser des conférences pour mettre leur poulain dans les starting-block, afin qu’ils remportent le prix convoité. Cet ouvrage m’apparait comme un véritable fourre-tout. Où est l’intrigue? Trouver l’amour est une activité à plein temps. Avec le club des cinq, Bérangère, Hermeline, Judith, Chlotilde et Adélaîde, ces femmes se retrouvent fréquemment, ourdissant des plans pour aider leur amie à trouver l’amour. Cette communauté est alliée et nous révèle les travers des hommes célibataires, ou des hommes déjà mariés, en quête d’aventures.



Notre héroïne a-t-elle un cœur sensible, une âme? Trouvera-telle chaussure à son pied? Il faut dire qu’en vieillissant les offres et les demandes diminuent. Les critères de sélection ne sont pas les mêmes que lorsqu’on a vingt ou trente ans. Je ne connaissais pas cette auteure. Je ferai vraisemblablement l’impasse sur son prochain ouvrage. Et ce livre a eu un prix! Je suis surprise! Amis éditeurs, il me semble que des romans de plus grandes qualités sont sortis à l’automne! Mais ils n’appartenaient sans doute pas à la bonne maison d’édition. Je voudrais que les prix littéraires soient attribués directement par les lecteurs, et ne dépendent plus du bon vouloir des maisons d’éditions. Mais c’est un vœu pieux. Je suis neutre et ne peux conseiller la lecture de ce roman-essai. C’est aux lecteurs de juger en leur âme et conscience. Je vous souhaite de faire de bonnes et belles lectures. (05/05/2021)
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