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Critiques de Christel Mouchard (233)
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Elles ont conquis le monde : Les grandes av..

Epoustouflant !

Voilà un livre d’une richesse incroyable que nous devons à la plume luxuriante et efficace d’Alexandra Lapierre et de Christel Mouchard, spécialiste des voyages au féminin.



Elles nous offrent, de 1850 à 1950, 31 portraits de femmes qui ont décidé de donner au mot liberté ses lettres de noblesse. Défiant la morale victorienne, l’hypocrisie américaine, l’esprit collet-monté français et toutes les barrières sociales des autres nations, ces femmes ont exploré avec un courage à toute épreuve et une détermination forcenée les parties du monde jusque-là réservées aux exploits masculins.



Ce qui distingue ces femmes d’autres qui ont également vécu l’aventure avant le 19e siècle, c’est qu’elles ont donné des conférences, ramené photos et illustrations, laissé des écrits passionnants repris dans une bibliographie en fin d’ouvrage,. Pour ma part, je ne connaissais que neuf de ces héroïnes, dont une seule au 19e siècle, Fanny Stevenson, dont j’ai chroniqué la biographie somptueusement écrite par Alexandra Lapierre.



Par contre, j’ai épinglé l’Américaine Fanny Bullock Workman qui, avec son mari, escalade les sommets de l’Himalaya et qui, en 1911, se fait photographier au point culminant du Siachen, avec une pancarte « Votes for Women ». Le droit de vote pour les femmes aux USA date de 1920. Ou encore, Mary Kingsley dont la fabuleuse collection de poissons d’Afrique alimente le British Museum et Marianne North qui laisse 832 tableaux de fleurs, dessinés au cours de ses deux tours du monde, à la North Gallery de Londres. J’ai retenu également la journaliste d’investigation, Nelly Bly qui, en 1889, réussit à battre le record de Philéas Fogg en faisant le tour du monde en 72 jours ainsi que les 22 000 papillons ramenés du monde entier par Margaret Fountaine, qui illuminent les salles d’archives du Castle Museum of Norwich.



Au 20e siècle, les noms sont plus connus : Ella Maillart, Alexandra David-Néel, Anita Conti, Karen Blixen, Margaret Mead,... J’ai coché l’archéologue Gertrude Bell – surnommée Bell of Bagdad - qui est le pendant féminin de Sir Thomas E. Lawrence pour le renseignement militaire anglais. Devinez quel nom est le plus connu ?



Quatre à six pages sont consacrées à chacune de ces aventurières, pages tellement imagées et haletantes qu’elles donnent envie d’approfondir chacun de ces destins hors norme.



Je ne résiste pas à l’envie de vous parler de ma préférée, féministe, intrépide et pacifiste : l’américaine May French Sheldon. Spécialiste de la littérature française et traductrice du Salammbô de Gustave Flaubert, May est aussi une femme d’affaire avisée. Lassée par les récits effrayants, remplis d’hémoglobine et de cruauté, de l’explorateur en vogue, Henry Morton Stanley, elle décide de prouver qu’une femme peut rivaliser avec un homme en terres hostiles sans effusion de sang. Elle veut être la première à parvenir au lac Chala, à 2 000 m d’altitude, au pied du Kilimandjaro (Kenya). Elle prépare scrupuleusement son voyage, étudie les dialectes locaux et veut constituer une équipe de porteuses. Ce sera son seul échec. Elle se rabat donc sur 300 hommes qui, le premier soir de bivouac, tentent une mutinerie. Ni une ni deux, May prend son fusil et abat un vautour qui tombe dans le camp. Sidérés par son adresse et ses menaces, les porteurs lui mangent désormais dans la main et l’appellent Bibi Bwana, la reine blanche. On serait tenté de croire que ces femmes étaient des garçons manqués, ou des moches, ou des vieilles filles sans avenir, ce serait une grave erreur. May est riche, son mari aussi mais c’est lui qui reste à la maison et May emmène robes de soie, porcelaine et cristaux, une baignoire, sa coiffeuse et son médecin et chaque soir, elle a à cœur de se souvenir des bonnes manières qui lui ont été enseignées. Elle a aussi des malles remplies de cadeaux pour remercier les tribus des Rombos et des Masaïs de lui laisser traverser leurs territoires. Après avoir effectué les relevés cartographiques du lac Chala, elle rentre au pays, donne force conférences et relate son voyage dans « Sultan to sultan. Adventures among the Massai and other tribes of East Africa » (1892). La preuve était faite, elle n’en demandait pas plus.



N’allons pas croire non plus qu’il s’agissait de promenades du dimanche, que ces femmes ne traversaient d’autre moment éprouvant que de choisir une toilette seyante pour dîner ou d’accomplir trois/quatre kilomètres par jour et de se la couler douce dans un palanquin à l’abri des bêtes sauvages et d’une nature exubérante, ou de désert de glace ou de pierre.



Extraordinaire livre de témoignages, de transmission et d’histoire qui ne magnifie pas la femme mais qui illustre son combat à travers un siècle pour obtenir un statut plus enviable que celui qui lui était dévolu de génération en génération.



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L'Apache aux yeux bleus

Inspiré de l'histoire vraie d'Herman Lehman, kidnappé par des apaches en 1870. Il n'a alors que 11 ans et vivra neuf ans au sein de cette tribu, gagnant le respect de tous, ou presque, par son courage, son intelligence et son adaptabilité, devenant même En Da, le meilleur voleur de chevaux. En 1879, il retrouvera sa famille biologique lorsque les indiens ont été contraint d'abandonner le combat et de rejoindre les réserves...

J'ai tout simplement adoré ce roman !

Je suis toujours curieuse de ces récits qui permettent aux lecteurs de découvrir un pan de l'Histoire. Personnellement, je ne connaissais pas la vie d'Herman Lehman.

Dans la première partie, c'est son long chemin pour se faire accepter par la tribu qui nous est conté : son envie de liberté et de grands espaces le poussent à s'intégrer dans ce monde, allant jusqu'à en faire partie à part entière. La seconde partie, quant à elle, s'attache à montrer les circonstances qui l'amèneront à redevenir un Visage Pâle...

Un roman initiatique, une quête d'identité à découvrir à partir de 12/13 ans.
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Elles ont conquis le monde : Les grandes av..

Trois critiques (une quatrième avec la mienne!) et une citation pour ce magnifique livre nous racontant avec moult photos en noir/blanc, l'histoire de ces 31 femmes qui ont osé l'impensable à une époque où les femmes étaient encore reléguées pour la plupart aux travaux ménagers. Elles sont parties à l'aventure dans des pays aux climats et coutumes dont elles n'avaient pas idée ou très peu, et pas avec les moyens, loin s'en faut, dont on dispose aujourd'hui.

Elles ont accompli leur rêve, parfois avec un prix très dur à payer, mais avec un courage et une foi inébranlable.

Un livre super intéressant, agréable et magnifique. Bravo aux auteures Alexandra Lapierre et Christel Mouchard qui, à travers ce document, nous éclairent sur ces femmes inconnues du grand public.
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L'Apache aux yeux bleus

L'histoire vraie d'Herman Lehman retracée ici pour les jeunes lecteurs.

L'auteur relate l'enlèvement de l'enfant à 11 ans par les indiens, sa vie au sein de la tribu, jusqu'au retour dans sa famille 9 ans plus tard.

Le vie d'Herman est relatée de façon très simple, succincte, sans rentrer dans les détails. Il n'y a pas ici de jugements, de critiques, de sentiments. Il s'agit juste d'une narration simplifiée de cette tranche de vie.

Ce livre est adressé aux pré-ados. Pour les lecteurs plus avertis, il manque les détails, la profondeur des évènements...

Il s'agit d'un résumé de faits réels, sans âme, sans sentiments.

En tant qu'adulte, j'ai eu l'impression qu'après l'enlèvement, le petit garçon a accepté sa nouvelle vie au bout de quelques jours, sa famille oubliée à tout jamais. Il est esclave et semble en avoir pris son parti très vite. Bref, un sentiment d'irréalité en tant que lectrice adulte. Peut-être est ce différent pour un jeune lecteur qui découvre cette histoire ?!

Côté positif de ce livre, il peut amener le jeune lecteur à s'interroger sur la vie aux Etats-Unis à la fin du 19ème siècle, à la vie des autochtones à l'arrivée des colons, et à la véritable vie d'Herman.

Ce livre peut pousser le lecteur à l'envie d'en découvrir davantage, à se renseigner sur la vie, la culture et les coutumes des tribus indiennes.

La lectrice adulte que je suis n'a pas été convaincue par ce petit roman. Je le confie maintenant à ma fille de 11 ans, et j'attends son ressenti d'enfant !
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L'Apache aux yeux bleus

Texas, 1870. Herman se fait enlever par des Apaches tandis qu'il joue près de la ferme parentale, il a onze ans. Mis à l'épreuve par ses ravisseurs, il s'endurcit, devient un des leurs, cavalier habile, et pense de moins en moins à ses proches, les oublie même.



Telle est l'histoire de Herman Lehman, romancée ici à partir de son autobiographie et de témoignages recueillis auprès de descendants d'apaches qui l'ont côtoyé. La première partie, centrée sur ses apprentissages et sur la vie dans une tribu indienne, devrait plaire aux amateurs d'aventure, de grands espaces, de chevaux. La seconde partie m'a davantage séduite - attention spoil -



Un très bon livre pour découvrir la culture apache et réfléchir à la question de l'identité culturelle.

Dès 10-12 ans.
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Elles ont conquis le monde : Les grandes av..

C'est les vacances ! Où irez vous? Dans quelles contrées ? Sur quelles terres vierges et inexplorées ? Suivez avec moi, ces femmes qui ont osé...





Jusqu'au début du XXe siècle, mineures à vie, les femmes appartenaient à leur père, puis à leur époux, et enfin à leur fils à leur veuvage... Des femmes ont osé secouer le joug!





Freya Stark, Margaret Fountaine sans oublier Karen Blixen se sont mises debout, afin de vivre "Libres"!

Exploratrices et Grandes Aventurières !



Isabel Godin des Odonais organise une expédition pour descendre l'Amazonie jusqu'à Cayenne. Ses 7 compagnons de route meurent, et Isabel est seule au coeur de la forêt amazonienne, sans vivres...

Au lieu de se laisser mourir, elle va se battre contre la faim, la forêt vierge et les... moustiques!





May French Sheldon ne raconta pas ses souffrances, mais l'émerveillement des Masaï qui n'avaient jamais vu de blanche avant elle!

Chevelure dorée ruisselant jusqu'aux reins, poignards, trompettes et tambour, elle impressionna les guerriers, mais la séduction fut réciproque.

Avant la mode de l'art nègre, bien avant Chirac et le musée des Arts premiers, May s'intéressa à la culture africaine et collectionna les bijoux, les masques, les poteries...





May French Sheldon abat un vautour, d'une seule balle, et apaisa la mutinerie qui débutait parmi ses porteurs. Elle déclare en souahéli:

- Tous les hommes qui ne sont pas debout, avec leur colis sur la tête quand j'aurai compté trois, je les tue!

Elle devint Bibi Bwana, la Reine blanche et tous ces hommes qui refusaient les ordres d'une femme, la suivirent jusqu'au bout...





Au bout du bout, voici le lac Chala, à 2000 mètres d'altitude, au pied du Kilimandjaro, dans une région habitée par une tribu hostile, les Rombos.

Le lac cartographié et les Rombos poliment salués, May est satisfaite!

Cette "faible femme" a prouvé au monde ce qu'est une vraie exploratrice!





Hélas, les lecteurs préférèrent les conquêtes sanglantes de Henri Morton Stanley à l'expédition pacifique de May, une féministe...

May s'occupait de la santé de ses porteurs, avec des exmens médicaux quotidiens, soins intensifs au premier bobo, menus appropriés et châtiment envers celui qui mettait en péril les relations avec les tribus autochtones (à la différence de Stanley qui se frayait un chemin, à coup de...canon!)

May et ses costumes resteront dans la mémoire de ses hôtes. On découvre dans le livre, des photos de Mombasa, le palanquin et la "robe courte" de May!





Je vous en prie, installez vous autour du bivouac, et nous évoquerons la baronne Karen Blixen qui charma Robert Redford ( heu, Dennys Finch Hatton ;-) dans "Out of Africa", puis Osa Johnson, Anita Conti et tant d'autres...

- Un peu de thé ? Il est déjà 17 heures.



"La nuit viendra bientôt

Elle voit déjà dans le lointain

Les neiges du Kilimandjaro

Elles te feront un blanc manteau

Où tu pourras dormir."...

Les neiges du Kilimandjaro.

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Elles ont conquis le monde : Les grandes av..

Un ouvrage que j'ai choisi pour la participation d' Alexandra Lapierre afin de retrouver ou surtout découvrir la vie et les récits des aventurières qu'elle connaît si bien .



Un sommaire prometteur présente des femmes hors du commun : voyageuses, certes mais qui resteront dans l'histoire car elles ont transmis leurs épopées par l'écriture et /ou la photographie .

Sans toutes les citer, j'ai juste envie d'écrire le nom de mes préférées : Karen Blixen , Alexandra David - Néel , Osa Johnson (malgré ses photos de safaris ) Margaret Mead ... une trentaine de patronymes , une dizaine de nationalités.



Et , là, commence une merveilleuse immersion dans un monde disparu mais qui renaît pour un instant au coeur des photos anciennes et des gravures .

On va d'un continent à l'autre , de savanes en déserts, de montagnes en océans à la rencontre de peuplades , de croyances , de coutumes . A la rencontre de l'histoire .



Pour chaque aventurière, un chapitre illustré de beaux portraits et nourri d'extraits de textes choisis , d'où l'envie fréquente d'approfondir l'oeuvre de telle ou telle ou de revenir vers les classiques !



Mais, ce livre est aussi un essai par lequel A. Lapierre démontre le lien étroit entre le voyage et le livre qui unit toutes ces femmes . C'est aussi et surtout une mise en lumière d'une émancipation et d'une quête de liberté pour une période qui va de 1850 à nos jours.



Ce beau livre tient vraiment bien sa promesse de superbe voyage et je l'ouvre au gré de mes envies car outre la lecture distrayante , sa densité en fait aussi un outil de références .



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Gertrude Bell : Archéologue, aventurière, agent..

Qui aurait pu lui prédire une telle destinée? Qui aurait pu penser qu'elle deviendrait "La reine sans couronne"?



Gertrude Bell nait en 1868 dans le comté Durham. Belle et intelligente, son père, Sir Hugh Lowthian Bell, éprouve pour elle un amour incommensurable. Amour qui s'avérera réciproque tout au long de leurs vies. Malheureusement, sa mère meurt alors qu'elle n'a que 3 ans et son père se remarie avec une certaine Florence Olliffe, une grande dame qui aura beaucoup d'influence sur Gertrude. Jeune fille intelligente, elle fait des études, d'abord au Queen's College puis à Oxford. Il ne fait aucun doute pour sa famille qu'elle fera un beau mariage. Mais, la jeune femme semble destinée à toute autre chose. Elle part pour Téhéran en 1892 où elle rejoint son oncle, ambassadeur auprès du shah de Perse. Le début d'une nouvelle vie pour celle qui parcourra le monde et qui sera tour à tour infirmière, globe-trotteuse, géographe, traductrice, archéologue, espionne...



Femme aux multiples facettes, curieuse, enthousiaste, passionnée, organisée, résolue, Gertrude Bell est de ces femmes qui ont pris leur vie et leur destin en main. Parcourant le monde, notamment l'Afrique et l'Asie, elle ira à la rencontre des différents peuples et apprendra leur langue. Femme influente, écoutée, admirée, entourée, elle aura un rôle important auprès de nombreux hommes. Elle n'en oubliera jamais pour autant ses parents avec qui elle correspondra jusqu'à sa mort.



Christel Mouchard, journaliste, met au devant de la scène cette femme au destin incroyable et pourtant méconnue. Ce roman riche, agrémenté de nombreuses références bibliographiques et historiques, est extrêmement fouillé et fort documenté. Peut-être un peu trop, rendant la lecture parfois ardue. L'on a parfois du mal à s'attacher à Gertrude.
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L'Apache aux yeux bleus

Herman, 11 ans, alias "tête de pioche", vit près du village de Squaw Creek, Texas. La maison est entourée de champs de blé. Il n'est pas recommandé de s'éloigner au-delà tout seul. Nous sommes en 1870. La rumeur dit que les Apaches rodent dans le coin. Mais Herman est têtu : parce qu'un corbeau mange le blé en herbe, il décide d'aller le "scrabouiller". S'en fiche des Apaches. Jusqu'au moment où il entend dans son dos le galop d'un cheval. Trop tard. Même en courant. Des hommes aux visages peints d'une bande blanche et aux cheveux longs lui sautent dessus. Sa vie va changer à tout jamais. Il est enlevé, devient d'abord l'esclave des Apaches puis découvre qu'il est en fait le cadeau offert à la femme du chef de clan...Il est adopté par la tribu des Mescaleros, après avoir réussi avec brio le test de bravoure : ben oui, une tête de pioche apache, ça n'a peur de rien, ça ne pleure jamais, ça mange du foie cru sans chouiner et ça sait monter sur son cheval au galop ! Herman devient En Da, le "garçon blanc" apache. Chiwat devient son ami et frère. Pourtant, il n'aura pas que des alliés dans le clan: il y a le shaman qui ne l'aime pas. Il y a aussi un Comanche et des Texas Rangers qui feront irruption dans sa vie pour la chambouler de nouveau...



Incroyable récit d'aventures qui vous embarque loin, jusque dans le terrible désert des Llanos. Un sacré road trip ! Une histoire qu'on aurait du mal à croire, si on ne savait pas qu'elle est vraie et tirée des Mémoires qu'a écrit Herman et de ce que Chiwat a raconte à ses enfants. Tous les personnages ont existé.



Une page d'Histoire sur la guerre des territoires que se livrent Apaches et Texas Rangers, où l'on apprend que les Comanches étaient souvent à la solde de ces derniers. Ils ont pour ennemis les irréductibles Apaches. Irréductibles, jusqu'au jour où ils sont vaincus et parqués dans des réserves d'où ils ne pourront plus sortir. Une sorte d'Apartheid à la sauce américaine qui est toujours d'actualité, hélas ! La fin de l'histoire à cet égard est poignante.

"On va nous entasser dans des réserves et nous distribuer des rations tous les jours, comme à des bébés", explique Chiwat à son frère adoptif. Seul moyen pour les Apaches d'éviter l'extermination pure et simple. Mais à quel prix ! Dès lors, Herman-En Da se sentira investi d'une mission jusqu'à la fin de ses jours.



L'autre chose la plus incroyable est l'oubli de ses racines. Franchement, si je ne savais pas que c'était une histoire réelle, j'aurais trouvé un manque de vraisemblance au récit. Herman a 11 ans quand il est enlevé et restera 9 ans chez les Apaches. Comment peut-on tout oublier ? C'est à la fois stupéfiant, effrayant et fascinant.



Une très belle lecture qui donne envie de se plonger dans les écrits indiens



Un roman jeunesse captivant, à la fois très divertissant et très instructif. Des personnages attachants. Un bel hommage au peuple indien.

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Alex fils d'esclave

Dans la famille Dumas, on connaît :

- Alexandre, le fils, auteur de 'La Dame aux camélias' ;

- Alexandre, le père, auteur (ou co-auteur avec Auguste Maquet) des 'Trois mousquetaires'.

Grâce à cet ouvrage, je viens de découvrir leurs ascendants :

- le grand-père, Thomas Alexandre (dit Alex), né en 1762 à Saint-Domingue ;

- l'arrière grand-père, Antoine Davy, marquis de la Pailleterie, noble normand qui acheta à Saint-Domingue l'esclave Marie Cessette (née en Afrique, où elle portait le nom de Doumah) pour son usage personnel intime, lui fit deux enfants (Alex et Rose), mais 'oublia' de l'épouser et de l'affranchir. Cette étourderie lui permit de les revendre, elle et leurs enfants, quand il eut besoin d'argent.



Voilà pour les premières pages du livre. Reste à savoir comment, dans une famille, on peut passer d'esclave à écrivain en quelques décennies.

Indice : les Lumières et la Révolution française sont passées par là, mais Alex a quand même dû 'se battre'.



Destinée aux adolescents, cette biographie romancée est aussi agréable à lire que didactique. Elle plaira aux amateurs de romans d'aventure et à ceux qui s'intéressent à l'Histoire.

La jeunesse d'Alex illustre bien les propos de l'auteur Wilfried N'Sondé (à propos de son ouvrage 'Un océan, deux mers, trois continents'). Il n'était à l'époque pas choquant de vendre des humains, y compris sa femme/maîtresse et ses enfants, considérés par les hommes comme leurs possessions et donc comme des marchandises...
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L'Apache aux yeux bleus

Histoire vraie d'un jeune garçon de 11 ans, arraché à sa mère et offert en cadeau à la femme d'un chef d'une tribu Apache.



Herman pour survivre doit vite apprendre à se battre, ne jamais se plaindre et adopter l'ensemble des coutumes indiennes.



Il lui faut aussi trouver des alliés afin de tenter de faire oublier son statut de "visage pâle"...



Un roman d'apprentissage qui immerge le lecteur dans les plaines de la conquête de l'Ouest au moment où colons et autochtones vont confronter leurs valeurs et leurs modes de vie.



Nous ressentons la forte adaptabilité du jeune enfant qui se glisse au fur et à mesure dans la peau d'un Apache avec le goût de la liberté au fond de la gorge. Le retour imposé quelques années plus tard au sein des hommes blancs ne sera pas sans peine...



Un roman simple et beau qui nous met dans le corps du garçon que nous sentons se transformer en En Da, l'indien. L'auteur donne voix avec justesse à cette histoire extraordinaire. Elle nous fait vivre des moments forts et magiques, juste avant la chute.

A lire !
Lien : http://www.nouveautes-jeunes..
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Doña Isabel

Une fois n’est pas coutume, je vous présente la quatrième de couverture au lieu d’un résumé de mon cru, ça m’évitera d’en dire trop…



« Pérou, octobre 1769. Une noble Créole quitte son hacienda avec trente et un porteurs et s’enfonce dans la forêt d’Amazonie pour rejoindre en Guyane son mari, le Français Jean Godin des Odonais, qu’elle n’a pas vu depuis vingt ans. Mais son expédition se perd, disparaît… Les semaines passent. De la cordillère à la côte, on tient les voyageurs pour morts, noyés par les crues, rongés par les fièvres, massacrés par les sauvages ou mangés par les fauves. Quand soudain, dans les méandres de la rivière Bobonaza, près de la mission d’Andoas, une femme sort de la forêt, seule… Doña Isabel. Comment a-t-elle pu survivre ? Pour Jean, seuls l’amour et l’espoir de le revoir ont permis à sa belle épouse de triompher de l’horreur.

Très loin de là, dans un salon parisien, un savant réputé, homme des Lumières et grand voyageur, Charles de la Condamine, entend parler de cette émouvante aventure. Il n’est pas dupe car il a bien connu Isabel et Jean… Pour découvrir ce qui se cache sous les apparences, il va entreprendre un dernier voyage, une dernière enquête. »



Le narrateur est donc le vieux Charles de la Condamine. Il a rejoint le couple des Odonais dans leur demeure du Berry. « Jean et Isabel ne m’attendaient pas. Ils se cachaient. Ils ne me croyaient pas capable, infirme comme je l’étais, de traverser la France pour leur demander compte de l’invraisemblable récit qu’ils m’avaient servi. » (p. 18) Au cours d’une longue après-midi et d’une interminable nuit, il questionne son hôte sur le naufrage de son épouse, cherche à démêler le vrai du faux et s’étonne de ce qu’Isabel refuse de se montrer. « Monsieur, je ne cache pas mon épouse. C’est elle qui se cache. » (p. 130)



Au récit de la périlleuse aventure d’Isabel se mêlent les souvenirs de l’expédition française de 1736 à laquelle Charles et Jean ont participé. Mandatée par le roi de France, une équipe de savants avait pour mission de mesurer un degré de méridien au Pérou. Par manque de chance et de moyens, l’expédition a duré 7 ans, période au cours de laquelle Charles a eu tout le temps de faire la connaissance de la très jeune épouse de Jean. Simple porteur de chaînes, c’est un miracle qu’il ait réussi à se faire épouser par cette riche héritière, mais auréolé de la gloire d’être français, il était un parti tout à fait enviable. Reste à savoir si cette ancienne expédition a un lien avec le malheureux voyage d’Isabel.



Ce roman se fonde sur un fait réel : en annexe de son récit de voyage, Charles de la Condamine a effectivement joint cette histoire étrange. Ici, Christel Mouchard s’empare des incohérences du récit originel pour tenter de percer le secret de cette désastreuse équipée jonchée de morts, entre querelles familiales, faillite et affaire de mœurs. A-t-elle réussi à percer les mystères du Pérou ou resteront-ils captifs et protégés de l’épaisseur de la forêt amazonienne ? À vous d’en juger ! Pour ma part, j’ai passé un très bon moment de lecture, en dépit de quelques digressions un peu longues.

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Doña Isabel

Intriguée depuis quelques temps par ce titre hors du commun, c'est finalement la critique de Liligalipette qui m'aura donné l'impulsion nécessaire pour ouvrir ce roman.

Issu d'une histoire vraie, celle de Doña Isabel qui traversa la forêt amazonienne pour retrouver son mari au XVIIIème siècle et fut la seule survivante de l'expédition.

Retranscrite à partir des différents écrits de l'époque et notamment de ceux de Mr de la Codamine parti débusqué la vérité jusque sous le toit des protagonistes malgré un âge fort avancé qui aurait du le retenir auprès de sa jeune épouse.

Une construction en couches successive, qui démarre par la "relation" faite par Jean Godin des Odannais, mari d'Isabel, dans laquelle trop d'invraisemblances, de détails incorrectes, de dates floues et de silences éveillent la curiosité du vieux scientifique.

Mêlant les souvenir de voyage, des rencontres faites et de la vie au Pérou sous domination espagnole de Mr de La Codamine, aux faits de l'histoire qui est au cœur du récit, l'auteur nous permet de nous faire une idée très claire du contexte historique.

L'intérêt de l'histoire se trouve dans l'accumulation de mensonges démontés les uns après les autres par l'esprit encore aiguisé de notre enquêteur. De nouveaux mensonges remplacent les anciens et il est parfois difficile de s'y retrouver dans les méandres de ces inventions, suppositions et révélations.

Toutefois les révélations arrivent avec la grande absente du livre la Doña.

Car c'est une partie de cache-cache qui s'est jouée entre les protagonistes autant qu'avec la vérité. On est intrigué, impatient de savoir et d'en finir enfin avec ces faux-fuyants.

Une histoire efficace, suffisamment habile et piquante pour nous allécher nous aussi dans cette recherche d'une vérité qui se dérobe sans cesse...

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Gertrude Bell : Archéologue, aventurière, agent..

Gertrude Bell, cette femme hors du commun, qui fut appelée la reine du désert, Khatun, la Dame, n'existe plus sur nos écrans radar de la notoriété, l'histoire a balayé son nom, ne retenant que celle de Lawrence d'Arabie, son nom à lui figure ici ou là au Moyen-Orient.



Cette dame exceptionnelle, major à Oxford, parlant les nombreuses langues d'Arabie, s'exprimant parfaitement en français à séduit Christel Mouchard, à travers notamment sa correspondance. Dans cette autobiographie, scrupuleuse, Christel Mouchard restitue l'âme et le cœur

de Gertrude, comblée par ses travaux, mais déchirée par des amours impossibles.





Gertrude Bell naît le 14 juillet 1868 d'une grande famille industrielle de Newcastle, devient orpheline à trois à la naissance de son frère Maurice. Son père se remarie quand elle a huit ans avec Florence Ollife liée à la famille Abot, elle sera dès lors éduquée dans le monde de l'aristocratie anglaise.



Pourquoi ? Pourquoi, aujourd'hui encore on la présente comme une aventurière, même une des plus grandes aventurières. Est-ce un vocable totalement positif, je trouve pour ma part qu'elle est d'abord féministe, une ardente féministe, toujours élégamment habillée, distillant une bonne humeur par délicatesse, couplée à une détermination indestructible, forgée par 5 années d'alpinisme.





Elle a dit dans l'une de ses dernières lettres, j'ai réussi beaucoup de petites choses mais je n'ai pas su réaliser les grandes choses. Quelle modestie ! Dans son cœur la grande chose de sa vie est d'avoir échoué en amour et de ne pas avoir pu fonder une famille.



Féministe elle s'est attachée en toutes circonstances à faire aussi bien, mieux encore que la gente masculine. Nous lui devons la création de l'Irak, et n'a-t-elle pas mis en garde les dirigeants sur la création d'un État juif indépendant. Lucidité encore et toujours de la lucidité et du respect de toutes les personnes qu'elle rencontrait.



Gertrude Belll s'est épanouie dans les voyages, devenant tout d'abord archéologue, puis la grande spécialiste des peuples qui dans cette région du monde ont des origines les plus diverses : les Druzes, les Bédouins, les chiites, les sunnites, les Rachid, les palestiniens, les kurdes, les Hachémites, les juifs, et les autres minorités. Elle connaît personnellement

leurs chefs, leurs cultes, leurs ennemis.





Avec l'éclatement de l'empire ottoman, les cartes du Moyen-Orient sont rebattues et c'est à elle que le Premier ministre britannique et notamment Winston Churchill, demande de participer aux négociations de paix, en mars 1921 au Caire.





La première partie du roman raconte sa jeunesse, ses succès universitaires, et sa très prometteuse première place à Oxford. Elle ne manque pas de soupirant, mais aucun n'a pu recevoir l'approbation morale du clan.

On découvre ainsi après le chapitre cinq l'épopée autobiographie ponctuée de lettres à son père et à sa belle mère. Ce sont ces pages qui construisent pas à pas sa légende.







Quel est le plus bel hommage que celui qu'il a aimé, jusqu'au jour de sa mort d'une balle de fusil en 1917 à la tête de l'armée britannique, le major Charles Doughty : « la femme sage et splendide que vous êtes, sans peur d'aucune entreprise, la plénitude toujours à portée de main, je serai toujours votre », elle répond « quand vous dites que vous m'aimez me voulez, mon cœur chante, et puis pleure de désir pour vous ».



Roman historique éblouissant.



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L'Apache aux yeux bleus

Ce livre s’inscrit dans une assez longue lignée de récits d’enfants kidnappés ou recueillis par d’autres groupes sociaux, ou même par des animaux – et j’avoue que j’en ai lu assez, même si la plupart remontent à un certain nombre d’années, pour ne plus avoir de grosse surprise à la lecture de ce genre de récit de manière générale. Cependant ce titre m’a bien plu dans l’ensemble et je le conseillerai tout à fait même aux lecteurs qui voudraient s’essayer à ce genre de récit.





Le livre est découpé en deux parties qui mettent en emphase deux évolutions très différentes : d’abord l’enlèvement de Hermann et son intégration de plus en plus nette au sein de la tribu, et ensuite, lorsque le héros est devenu adulte, la progressive disparition des Indiens d’Amérique sous l’influence des colons blancs (leur force active étant ici personnifiée par les Texas Rangers) et leur mise en réserves. J’aurais tendance à rire quand je lis « Texas Ranger », à cause de Chuck Norris – mais dans cette histoire leur rôle n’était franchement pas drôle. Et lorsque j’écris « cette histoire », je pourrais me permettre de mettre un H majuscule, car ce récit, que j’ai assez vite identifié comme ancré dans une réalité peu adoucie par le style romancé est effectivement adaptée de deux témoignages « croisés », celui de Hermann et celui des descendants de Chiwat. J’aime particulièrement quand on me cite des sources aussi précises lorsque je lis un livre historique, cela apporte de la valeur à la véracité du texte, à mes yeux. Cela m’a aussi permis de mettre fin à un questionnement que j’avais depuis le début du récit : comment un garçon de 11 ans peut oublier sa famille ? Cela me paraissait gros, mais s’il s’agit d’un détail d’un témoignage je vais laisser mes doutes de côté et me dire que, quoique rare, cela peut donc exister. Après tout d’un point de vue narratif le récit aurait très bien pu marcher sans grosse ficelle de ce genre, Herman aurait pu se rappeler de tout mais ne pas le regretter.



En effet l’auteur nous brosse le portrait d’un jeune héros non pas malheureux dans sa famille, mais un peu frustré : il n’arrive pas tout à fait à y trouver sa place, est un peu turbulent, un peu désobéissant au milieu de deux frère et sœur bien plus sages. Son enlèvement va se révéler, d’un point de vue psychologique, finalement assez bénéfique – je ne veux pas dire que Herman n’aurait pas su grandir au milieu des siens, bien entendu, mais après le choc de départ il a tiré un excellent parti de sa vie chez les Apaches, embrassant totalement leur mode de vie et leurs convictions, jusqu’à ne plus se poser de questions sur ses origines, ni familiales ni culturelles. Bien sûr pendant une bonne partie du livre je me suis sentie mal pour sa famille texanne qui ne le voyait pas revenir même alors qu’il en aurait eu la possibilité, qui l’a peut-être cru mort ou en souffrance… Et la vie des Apaches n’a pas l’air d’être rose non plus mais plutôt dure à tout égards. Je ne sais pas comment j’aurais lu ce livre plus jeune, mais à présent certains passages m’ont un peu choquée, surtout qu’ils ne sont pas adoucis : la consommation de viande crue, la saleté, l’endurcissement forcé, moral et physique, à un point qui est rarement rappelé lorsqu’on tombe sur des ouvrages jeunesse sur les Indiens – encore que je doive nuancer ces propos puisqu’il existait bien des tribus différentes ; ici on ne parle que des Apaches et des Comanches. Néanmoins je ne le reproche pas au livre car je pense qu’il y a des choses qui sont difficiles à amoindrir, et que ce n’est pas non plus forcément nécessaire, jeune public ou pas - je suis à peu près certaine que j’ai lu ou su des choses horribles étant plus jeune qui m’ont au contraire moins gênée ou frappée qu’à présent.



En même temps ce récit m’en a vivement rappelé un autre, bien plus long, et dans lequel les Indiens apparaissent plus en toile de fond, mais dont les informations concordent très bien avec celui-ci : la Petite Maison dans la prairie. Les deux témoignages se passent très peu d’années d’intervalle, Laura Ingalls Wilder a vécu dans une région différente (Missouri/Iowa/Minnesota/Dakota du Sud), où vivaient des tribus différentes, mais le phénomène de délocalisation systématique et organisée des tribus s’est effectué dans l’ensemble des États-Unis à environ la même période, poussé par des lois et décrets.



Une très bonne source historique sur la délocalisation des tribus indiennes aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, juste assez romancé pour permettre la lecture aux jeunes lecteurs les plus matures.
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Alex fils d'esclave

Biographie du père d'Alexandre Dumas, qui mulâtre puis esclave, devient Comte puis Général de la Révolution française.



Sa vie est un roman et l'autrice de l'Apache aux yeux bleus, nous la conte avec fluidité et enthousiasme. C'est la première partie qui est racontée dans cet ouvrage : de son enfance à sa transformation en gentilhomme puis à son choix d'une vie libre.



Je ne connaissais absolument pas cet homme or son existence est véritablement unique. Comment un métis peut-il s'insérer dans la cour du roi ? Pourquoi son père revient-il le chercher aux Antilles après l'avoir vendu ?



Il est question de famille et de sentiments mais aussi de dignité, de valeur et d'une société hiérarchisée et injuste.



S'il s'agit d'une biographie romancée, l'esprit de l'époque est parfaitement reconstitué. Il y a l'attraction pour la force hors du commun du personnage et pour toutes les formes de réussite, mais aussi le rejet de toutes les autres différences.



En fin d'ouvrage, Christel Mouchard précise ce qui est authentique dans son récit et note avec justesse qu'elle a surtout dû broder autour des figures féminines rendues invisibles par l'Histoire.



A lire !


Lien : http://www.nouveautes-jeunes..
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L'aventurière de l'étoile

Jeanne BARRET est née dans une famille de paysans au milieu du XVIIème siècle. Sauvageonne, elle aime courir les prés et les bois à la recherches d'herbes quand elle ne garde pas les bêtes de son père. Lorsque sa soeur ainée se marie, elle l'emmène avec elle et elle devient domestique. C'est ainsi que plusieurs années plus tard elle entre au service de Philibert de Commerson, qui voit en elle le potentiel d'une élève intelligente - on est à l'époque d'Émile, l'enfant prodige de Rousseau. de Commerson devient rapidement le botaniste du Roi, qui l'envoie explorer le nouveau monde avec l'expédition de Bougainville. Pour pouvoir embarquer son élève sur l'Étoile, il la déguise en valet. Et voilà le couple clandestin embarqué dans d'extraordinaires aventures autour du monde, desquelles ils rapporteront un herbier fantastique qui a changé le cours de la botanique en Europe.

Voilà ce que cette biographie romancée de la vie de l'aventurière Jeanne Barret nous apporte: une femme d'un talent et d'une force incroyables, qui a vécu des aventures incroyables auprès d'un homme qui lui a donné une chance d'apprendre et de voyager à une époque où la classe et le genre faisait obstacle à toute intelligence. Car c'est autant l'opportunité et les enseignements de Commerson que sa propre détermination et son infatigable travail qui permettront à Jeanne Barret de s'affranchir des limites et d'apporter à la science botanique ce catalogue de plantes du nouveau monde.

Ce livre est le récit incroyable, vibrant et intelligent, d'une vie extraordinaire.

Nb: le Roi va la pensionner au titre de femme extraordinaire sur le budget des Invalides, reconnaissant aussi ses déguisements, et, plus récemment, en 2012, son nom sera donné à une herbe et en 2018 à une chaîne de montagne de Pluton…

Bravo Jeanne Barret.

NB: elle est née à La Comelle, dans le Morvan, là où se passe Trois, de Valérie Perrin que j’ai lu la semaine passée… Incroyable!

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L'Apache aux yeux bleus

La colère anime les yeux de En Da, sa poitrine se gonfle d'une fierté farouche, ne lâchant rien, jamais.

En Da était là, placé aux portes de tout, chassé par le Shaman de son clan d'apaches, poussé par son « frère » Chiwat à rejoindre Quanah, le même comanche dont tous les apaches disent qu'il fraye et se soumet à la loi des peuples blancs. Ceux-là même qui les traquent, lançant les Rangers à leurs trousses jusqu'aux limites des déserts arides des Llanos.

Pourquoi Chiwat se range t-il à la décision de ce raciste de Shaman ?

Où était parti son coeur ?

En Da se sentit perdu, où était sa place ?

Mais En Da n'acceptait pas, il était têtu comme une pioche.

Il continuerait de convaincre son frère que sa place était à ses côtés, afin de lui rendre la direction du clan qui lui revenait de droit, aux côtés de la belle Eti aussi.

Têtu comme une pioche, cette phrase l'avait accompagné depuis longtemps dans les limbes de sa mémoire, depuis ses onze ans. C'est une blanche qui lui fit cette remarque d'insoumission, d'insolence d'adolescent, qui lui fit écrire des lignes entières afin qu'il cesse d'importuner son petit frère.

Cette personne était sa mère et lui était Herman Lehman, enlevé un jour par le chef Apache Carnoviste...

Il était une fois l'apache aux yeux bleus.



: Après nous avoir séduit avec la biographie fiction de Devi, la princesse des voleurs, Christel Mouchard se saisit d'un autre destin extraordinaire qui défit les normes et parle ainsi de liberté, d'entente, de diversité culturelle, de familles et d'amitiés.

Christel Mouchard met de côté les raisons dramatiques qui expliquent la présence de « En Da »-l'enfant blanc-, les lecteurs comprendront d'eux même la situation de l'enlèvement et évidement se poseront probablement naturellement des questions quant à l'adhésion d'Herman aux destins des Apaches. La captivité est un fait, les conditions de « détention » sont plus intéressantes. Plutôt que d'apporter une explication scientifique en mentionnant un attachement à ses ravisseurs, le fameux syndrome de Stockholm, l'auteure s'attache à raconter le destin particulier de cet enfant passé d'esclave à fils adoptif. Car c'est le propos de son enlèvement.

L'épouse de Carnaviste ne pouvant avoir d'enfant, très frustement et comme les apaches volent des cheveux par habitude, le chef prend cet enfant et l'offre à son épouse pour apaiser sa honte et sa peine inconsolables. Les origines blanches de Herman importent peu et cela aussi est très intéressant. Les Apaches sont en guerre avec les blancs à cette période, les uns et les autres se diabolisent et pourtant l'envie de maternité et de paternité dépassent ces enjeux, le coeur ne regarde pas les origines, il tend les bras pour aimer sans distinctions et c'est avec une immense joie, sans faire l'apologie du kidnapping, que cette épouse va élever cet petit blanc, lui apprendra le langage des indiens, soignera ses plaies de futur jeune guerrier.

Contre toutes légendes ou faits reçus, l'auteure nous restitue un peuple guerrier qui ne choisit pas toujours le sentier de la guerre et afin de préserver son peuple, choisit avec sagesse de contourner les affrontements. La fin est touchante, En Da est -il encore Herman ? As-il oublié sa vraie famille ? le jeune homme, poussé par la reddition du peuple apache, est à un nouveau tournant de son destin pour trouver sa voie et sa place, dans une société où les liens indiens/blancs évoluent, se remettent en question, défient les positions fermement tenues jusqu'à présent.

Quanah le comanche apparaît comme une passerelle, représentation du métissage et des rapports de paix.

La fin du roman donne les détails sur les parts véridiques de cette nouvelle légende et les libertés apportées par Christel Mouchard. A découvrir !
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Elles ont conquis le monde : Les grandes av..

Ce livre est un recueil de notices biographiques de femmes ayant voyagé à travers le monde à une époque où on attendait d’elles qu’elles restent dans leurs foyers à prendre soin de leurs familles. Après une brève introduction, il est divisé en parties correspondant à des périodes historiques, chronologiquement. Chacune de ces parties comprend une présentation du contexte, suivie de plusieurs portraits.



Si ce recueil a le mérite d’exister et de faire connaître des personnalités hors du commun, mais oubliées par l’Histoire parce qu’elles étaient femmes, il m’a laissé un peu sur ma faim. Chaque portrait est vraiment court, au point que dans certains cas, c’est à peine si on comprend pourquoi ils ont été inclus dans ce livre. D’autre part le format est un peu bizarre: sur la page de gauche, les autrices commencent leur présentation, alors que le nom et les dates correspondantes figurent sur la page suivante, coupant le texte, qui se poursuit en dessous comme s’il n’y avait pas eu d’interruption.



D’autres part, le titre ne m’a pas semblé correspondre au contenu. Les femmes dont il est question n’ont pas conquis le monde, elle ont conquis, le plus souvent seulement en partie, une forme de liberté ou d’indépendance qui leur a permis de voyager, d’explorer, de découvrir.



Le style est agréable, la plume est fluide, jamais ennuyeuse ou fastidieuse. Il y a beaucoup de citations pour illustrer le propos. Des portraits, photos ou autres, auraient été appréciables pour compléter le texte.



C’était une bonne lecture, pour l’aspect découverte et la mise en valeur de femmes d’exceptions, mais c’était un peu frustrant parce que trop succinct pour mon goût. Mais c’est un bon point de départ pour avoir un aperçu sur la vie de toutes ces femmes, à charge pour les lecteurs-trices de chercher à en savoir plus par d’autres lectures. (...)
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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L'Apache aux yeux bleus

Le sujet de ce roman m’a surprise. La jeunesse actuelle ne s’intéresse plus aux Indiens. J’en veux pour preuve mon fils ou mes élèves qui ne connaissent pas grand-chose de la lutte de ceux-ci pour garder leurs territoires. Ni des différentes tribus qui cohabitaient avant l’arrivée des Blancs. Mais en entrant dans la lecture, je me suis laissé prendre au jeu de ce roman d’aventures entrainant.



La première partie nous permet de découvrir la vie des Indiens et le dur apprentissage auquel Herman est soumis. Il apprend non seulement à devenir un Apache mais est, par la même occasion, mis à l’épreuve en permanence. La seconde partie met en évidence la dure réalité de l’assimilation des Indiens.



Christel Mouchard nous relate ici l’histoire vraie d’un jeune garçon enlevé par les Indiens avec lesquels il vivra près de dix ans. Elle nous offre un roman d’apprentissage qui entraine le lecteur aux confins des plaines du Texas et le confronte aux valeurs de ces hommes fiers et libres. Sa force de caractère et sa détermination lui permettront de trouver un équilibre dans cette nouvelle vie au point d’appréhender ensuite le retour dans sa famille biologique. Toute sa vie restera marquée par cette double appartenance.



J’ai beaucoup apprécié ce roman et mon fils, qui l’a lu à ma suite, également. Cette plongée dans une culture inconnue lui a beaucoup plu. -L’immersion dans la tribu apache et ses coutumes est d’ailleurs l’un des points forts du roman.- Mais j’ai également aimé découvrir la métamorphose de cet enfant têtu et apeuré en un jeune homme fort et fier, capable de vaincre sa peur et ses réticences afin de survivre puis de vivre la tête haute. Une adaptabilité et une force de caractère assez exceptionnelles qui n’empêcheront toutefois pas une quête identitaire quasi permanente.



D’une écriture fluide et agréable, ce récit devrait plaire aux jeunes lecteurs avides de découvertes et d’aventures. Les réactions et émotions de ce héros de leur âge trouveront certainement écho en eux.



Merci aux éditions Flammarion de m’avoir fait parvenir ce récit.

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