AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Christian Chavassieux (182)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'affaire des vivants

Je voudrais tout d'abord remercier les éditions Phébus pour m'avoir fait parvenir ce livre que j'ai eu gagné à la masse critique de Babélio. Je n'aurais jamais connu ce livre autrement.



Dans ce livre, Christian Chavassieux s'essaie donc au roman historique. On va plonger dans la France de la fin du 19ème siècle à travers l'histoire de la vie de Charlemagne. Cet enfant, né dans la campagne lyonnaise, va être nommé par son grand-père qui dépose de grand espoir en lui. Il lui choisit un prénom à l'ampleur de ses attentes. Il va dès son plus jeune âge lui dire à quel point il est fort, à quel point il peut changer le monde, à quel point il peut réussir.... et contrairement à ses frères, Charlemagne va avoir un destin extraordinaire grâce à l'assurance acquise et à la confiance déposée en lui.

Il va devenir un homme-tyran, un grand homme qui impose ses choix, et qui va prospérer dans le milieu des affaires. Loin de la ferme familiale, il va tisser sa toile, déposer des brevets, ouvrir des magasins de tissus issus de ses propres usines, et se trouver une femme dans le milieu bourgeois.

A travers sa réussite, on va évoluer dans les milieux industriels de lyon, mais ces 352 pages vont également décrire la guerre de 1870, l'émergence d'un mouvement ouvrier, ses grèves et ses difficultés.



J'ai bien aimé me plonger dans cette histoire, mais j'ai mis beaucoup de temps à la lire. Le roman est très dense, l'écriture est recherchée, le style est complexe et j'ai presque eu l'impression de lire du Zola !! Le réalisme de l'histoire, le milieu, le contexte social m'y ont fait penser à plusieurs reprises. Ce roman est un livre de qualité.



En dehors du thème principal du livre, ce livre m'a amené à réfléchir à la manière dont l'éducation dans l'enfance peut influencer une vie, la confiance que nous porte une personne peut changer notre vie. J'ai aimé suivre aussi la femme de Charlemagne, et pu apprécier la condition de la femme à cette époque. Et puis je me suis demandée à quel point le succès dans les affaires peut rendre heureux.. ou pas. En effet, dans l'histoire, on suit également les frères de Charlemagne, dont Louis, le petit dernier. Contrairement à son grand frère, il est ouvrier, et n'a pas les mêmes conditions de vie que lui. Mais il a trouvé l'amour, et sa vie en est tout autre...



J'ai donc fermé ce livre avec un sentiment de satisfaction. L'écriture m'a enchantée, j'ai trouvé l'histoire intéressante, et les différents thèmes évoqués m'ont permis d'approfondir ma réflexion sur de multiples sujets.

C'est un livre très intéressant que je vous recommande.


Lien : http://les-lectures-d-helene..
Commenter  J’apprécie          90
Noir canicule

Le lecteur passe une journée en compagnie de Lily. Lily est chauffeuse de taxi, chargée de conduire Marie & Henri (un couple de paysans), à Nice. Pendant ce trajet, le lecteur participe aux aventures des différents personnages qui occupent la vie de Lily : son ex-mari, ses deux filles, ainsi que Bastien, le fils de ses clients.

La voiture est le huis-clos du récit. Le trajet se déroule sous la canicule. Et dans cette chaleur épaisse, lourde et pesante, les révélations se font. Sous des apparences ordinaires, les personnages sont presque “machiavéliques”.



La lecture est fluide, les changements de situation sont très bien réalisés et apporte du rythme au récit. La plume est belle, les descriptions sont à couper le souffle pour certaines nous obligeant parfois à relire le paragraphe pour souligner à quel point elles sont remarquables. L’auteur ayant déjà écrit des poésies, sa facilité à accorder les mots entre eux s’en ressent d’autant plus.



Comment l’adultère peut-il provoquer un tel mal-être, une telle souffrance ? Comment peut-il donner des idées de meurtre ? Sans violence, ni bain de sang, l’irréparable se dessine pourtant. La quatrième de couverture dévoile juste le nécessaire.



Merci à Babelio pour cette opération Masse Critique ainsi qu’aux éditions Phébus pour leur confiance.
Lien : http://insomnielivresque.fr/..
Commenter  J’apprécie          80
Les nefs de Pangée

Ce roman est la preuve que la SFFF française a beaucoup de choses à apporter aux littératures de l'imaginaire. J'ai été convaincue par l'originalité des idées et des rebondissements.



Pangée est le seul continent qui existe. le reste est recouvert par l'Unique (l'océan). Tous les vingt-cinq ans, la tradition exige qu'une flotte composée des meilleurs éléments parte tuer un Odalim – un animal aquatique si démesuré qu'il peut saisir une nef dans ses mâchoires et la broyer. La mission est redoutable et dangereuse : y participer est un terrible honneur.

La neuvième chasse ayant échoué, les oracles prédisent un cycle de malheur, de guerres et de maladies pour tout Pangée. Pour éviter l'hécatombe, un seul moyen : la prochaine chasse doit être si disproportionnée que les pays seront trop accaparés par les préparatifs pour se battre. Elle ne pourra que réussir…

Mais au milieu des préparatifs, des alliances se nouent et de sombres complots voient le jour.



Tout au long du récit, nous suivrons plusieurs personnages.

Logal a beau être le fils de la plus puissante famille de la plus puissante cité (Basal, la Porte des terres, le coeur du commerce de tout Pangée, le lieu d'où partent toutes les chasses, la Ville des villes), il n'en reste pas moins impuissant face aux événements : l'échec de la neuvième, la montée au pouvoir de Plairil (le fils Préféré de sa mère), les intrigues qui se nouent, l'irrespect dont il est la cible… Intelligent et de bonne nature, il est pourtant surnommé En'nodet : le Bâclé ; car il est dit que sa mère consacra très peu de temps à sa conception.

Et puis progressivement, c'est Bhaca qui deviendra le point de vue principal. Normal : en tant que commandant de la dixième chasse, il est au coeur de l'action. Bhaca est jeune et pétri d'idéaux. Né et formé pour diriger la dixième flotte, il n'en est pas moins quelqu'un de sensible qui n'arrive à confier ses craintes qu'à sa plus ancienne amie : Hammassi. Sa presque soeur, son amante, celle avec qui il a grandi. Pourquoi la chasse ? Pourquoi la guerre ? D'où viennent les Odélim ? Pourquoi est-ce de plus en plus dur de les tuer ? Que fera-t-on une fois qu'ils seront tous morts ? Pourquoi consacrer autant d'énergie à la destruction au lieu de poursuivre la construction de la plus grande route du continent – ce qui permettrait d'améliorer les échanges entre nations ? Questions très actuelles…

Et enfin, c'est Hammassi elle-même qui prendra le relai. Elle, dont la mission est de consigner tous les événements qui jalonnent la dixième chasse, dont le but est de permettre à son peuple de tirer les leçons du passé. Elle qui est si sensible à la beauté des choses et au caractère extraordinaire des événements. Un regard neutre, patient, presque enfantin pour conclure cette saga. Un regard nécessaire pour retranscrire les innombrables retournements de situation qui nous attendent.

Les trois protagonistes se complètent à merveille. Ils sont intéressants, riches, nuancés, et imparfaits – donc très humains.



L'univers, quant à lui, regorge d'idées novatrices.

Les femmes ne peuvent mettre au monde des enfants viables qu'en ayant collecté la semence de suffisamment de mâles pour pouvoir concevoir. Les orgies sont donc des événements normaux, organisés pour les grandes occasions – puisque ça permet de renouveler facilement l'espèce. Et donc le sexe n'est absolument pas tabou. Il est tout à fait normal de discuter avec un ami, quêter l'approbation d'une g'lich (une femme) entre deux mots et entamer un acte sexuel en continuant à converser.

Il y a toute la culture de ce continent si étrange. Quel que soit le pays, toutes les grandes dynasties ont la même organisation familiale : une Vénérable (une femme qui a mis au monde plusieurs enfants), un Préféré (un enfant dont la conception était particulièrement soignée), les pères qui fournissent régulièrement leur semence, une maison du jour et une maison de la nuit (la première servant à la vie courante et à recevoir les invités, la seconde conservant la bibliothèque et les connaissances de la famille et servant aussi de cachette pour concevoir en paix).

Il y a la chasse, évidemment, et toutes les croyances et traditions qui en découlent. Les récits historiques que doit étudier Hammassi au début du récit, les légendes, la rumeur du Maître des eaux – le plus vieux, le plus grand et le plus puissant des Odélim. On dit qu'il aurait fait naître Pangée, qu'il serait plus grand qu'une ville, qu'il serait le véritable maître des océans.

Il y a cette langue ancienne dont découlent beaucoup de mots en ghiom et dont le pluriel se marque en accentuant une voyelle médium : g'lich/gé'lich ; Odalim/Odélim, er'gonte/erégonte. J'ai beaucoup aimé l'idée.

Et il y a les Flottants. Une race étrange qui vit sur des îles artificielles à la dérive. On les décrit comme étant des créatures laides et stupides, au bord de l'extinction pour cause de génocide. Les Ghioms s'appliquent à détruire chaque îlot qui passe à portée de navire. Une disparition qui n'attriste personne, d'autant plus qu'on les soupçonne d'aider les Odélim à contrer les chasses.

Pour aller plus loin, l'auteur nous propose même un glossaire en fin d'ouvrage. La faune, la flore, les personnages, les traditions ghiom, tout est abordé. J'ai été éblouie par la richesse de cette oeuvre, que je conserverai religieusement dans la bibliothèque.



Évidemment, tandis que je lisais, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Moby Dick. Cette quête sans fin d'un animal surnaturel a comme un goût de Melville. Comment lutter contre un monstre de la taille d'un village ? Comment le retrouver dans un océan si immense ? Or, c'est comme si c'était le destin : toujours, les oiseaux-messagers retrouvent l'Odalim...







Et puis l'écriture. Savoureuse. Parfois un peu trop lente, mais c'est parce que les descriptions sont soignées. Un cynisme, un sens de la fatalité et du mystère qui m'ont saisie à la gorge.

J'ai tout aimé dans ce roman.
Commenter  J’apprécie          80
L'affaire des vivants

Si vous commencez à fatiguer devant les souvenirs intimes soigneusement entretenus en fonds de commerce, précipitez-vous sur cette superbe saga très bien écrite. Elle nous raconte l’ascension sociale d’un arriviste paysan né au milieu du XIXe siècle dans la région lyonnaise, Charlemagne Persant, ainsi prénommé par son grand-père qui offre à son premier petit-fils un destin :



Il a tracé la vie d’un Persant, il lui a désigné le chemin, lui a dit tu es unique, tu verras, ton nom te dira quoi faire, ton nom fera de toi un roi, un maître, on t’élèvera, sans même comprendre pourquoi, on t’élèvera comme un prince, on pardonnera tes caprices, on t’obéira, tu prendras l’habitude d’être obéi, on te donnera les meilleurs morceaux, on prendra soi de toi, on te confiera ce qu’il faut connaître de l’ordre intime des choses, on t’expliquera le monde, les hommes, on t’en dira plus qu’aux Paul et aux Michel. Parce que tu es Charlemagne.



Charlemagne devenu « le grand » dans sa famille, Charles partout ailleurs, va s’élever très haut, s’arracher de sa misérable famille collée à la glaise et à la misère par le fatalisme et l’alcool. Charlemagne ne va pas faire d’études, au grand dam de son instituteur que fascine sa brillante intelligence, mais il va sortir de sa condition, devenir celui à qui tout le monde obéit, y compris dans sa propre famille d’origine, comme l’avait prédit son grand-père. Nous assistons en même temps à la progression inexorable de ce Rastignac paysan et têtu et aux débuts de l’industrialisation de la région lyonnaise.



Charlemagne naît durant la deuxième république, peu avant le coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte qui rétablit l’empire à son profit. Il part à la guerre à vingt ans quand la Troisième république reprend la guerre contre les Prussiens après le désastre de Sedan. Charlemagne revient sans dommages et continue son ascension sociale. Mariage de raison et d’intérêt, comme le modèle de Balzac. La vie de Charlemagne est intimement mêlée au développement industriel et commercial initié par Napoléon III et poursuivi dans les campagnes françaises durant la troisième république.



On évoque beaucoup de monde, dans ce roman, de Victor Hugo le seigneur des lettres adulé par les humbles à Louise Michel l’égérie de la Commune enfin rentrée du bagne de Cayenne ou le cinéaste Abel Gance à la fin du roman. Mais on découvre aussi les conditions de vie terrifiantes des ouvriers, le travail des enfants, les premières grèves.



Il était arrivé. Il y avait la chaleur. Il y avait l’odeur. Il y avait l’enfer. Sous la pellicule huileuse du jour faiblement distribué par de petites lucarnes, cinq mètres sous lui, des dizaines de métiers étaient alignés dans une vaste cave. Combien d’hommes s’activaient là, pliés au labeur, nus jusqu’à la taille, musculature hâve dans la pénombre, attelés comme greffés aux mécaniques : quatre-vint, cent, cent vingt ? de la pénombre montaient leurs souffles, leur peine étouffée par les percussions des peignes et des navettes, et montait avec autant de force l’âcreté de leurs sueurs mêlées, le jus exprimé des corps par la moiteur de serre.



Il est difficile de s’identifier au personnage principal de la saga tant c’est un bloc puissant qui avance en broyant ceux qui l’entourent, à commencer par sa femme et son fils qu’il terrorise. Charlemagne est devenu un patron dur et intransigeant qui n’aime qu’une prostituée noire qu’il voudrait libérer de sa servitude. Il va trouver une mort abominable, libération pour sa femme et signal de la perte de son empire industriel et commercial. Le roman s’achève sur la guerre suivante, dite la Grande Guerre, à laquelle participe Ernest, le fils de Charlemagne.



Les vivants doivent aux vivants. Si je meurs demain, je mourrai pour le projet des vivants, sans rancune et sans compter. Si je ne meurs pas, alors je vivrai aussi pour eux. La vie est l’affaire des vivants.



La saga de Christian Chavassieux est profondément enracinée dans le terreau historique, industriel et langagier de la dernière partie du XIXe siècle et du début du vingtième. En plus de l’écriture, originale, enveloppante et nerveuse à la fois, de l’intrigue classique mais très bien menée, ce n’est pas le moindre mérite de ce roman de plus de trois cents pages de nous plonger dans une période et des milieux sociaux que nous connaissons mal. J’ai beaucoup aimé cette saga historique où l’auteur ne renie pas ce qu’il doit à Balzac, Flaubert, Hugo et Zola. Précision du langage (délices de ces mots exhumés !), des mœurs, des journaux de l’époque, descriptions précises des travaux des usines et des travaux agricoles, scènes de bataille où le lecteur est embarqué, tout concourt à faire de ce roman un exemple de ce que peut être un bon roman historique.



L’Affaire des vivants

Christian Chavassieux

Éditions Phébus, août 2014, 352 p., 21 €

ISBN : 978-2-7529-0957-2
Lien : http://nicole-giroud.fr
Commenter  J’apprécie          80
Je suis le rêve des autres

J’ai récemment découvert “Je suis le rêve des autres”, un livre de Christian Chavassieux, et je dois dire que j’ai été curieux de cette lecture. J’ai été attiré par cette plongée dans un univers fantastique et mystérieux. Bien que l’histoire se déroule dans un monde différent du nôtre, l’auteur parvient à créer une atmosphère onirique et captivante où les rêves ont une influence sur la réalité. Les personnages sont peu nombreux mais profonds, chacun avec ses propres rêves et défis. J’ai bien aimé le personnage de Foladj, qui se révèle au fil du récit comme un homme au passé trouble mais au coeur généreux. Par contre, j’ai trouvé que le personnage de Malou ne faisait pas son âge, il m’a semblé trop mature et sage pour un enfant de huit ans. J’aurais aimé qu’il soit plus naïf et spontané. Leur relation est néanmoins très belle et évolue au fil du récit, passant de la méfiance à la confiance, de la distance à la complicité. J’ai été sensible à l’écriture élégante et poétique de l’auteur, qui a su exprimer les émotions des personnages et les merveilles de la nature. Le récit est bien construit, sans redondance, mais il manque un peu d’action et de rebondissements à mon goût. J’aurais aimé qu’il y ait plus de conflits, de dangers, de surprises, pour maintenir le suspense et la tension. La fin du roman m’a aussi laissé sur ma faim, car elle ne répond pas à toutes les questions que je me posais sur le destin de Malou et de Foladj. En conclusion, je dirais que “Je suis le rêve des autres” est un roman de fantasy poétique et émouvant, qui nous fait découvrir un univers magnifique et des personnages attachants. Je le recommande aux lecteurs qui aiment les voyages initiatiques, les récits contemplatifs et les histoires pleines de sensibilité. Si vous cherchez un roman d’action et d’aventure, vous risquez en revanche d’être déçus.
Commenter  J’apprécie          70
Mon très cher cueilleur de roses

Une auteure vient d'hériter une maison d'un ancien amant. C'est l'occasion de quitter la ville et d'investir Malvoisie qui lui plaît au premier coup d'œil. Mais la maison et le jardin sont grands pour une personne seule. Heureusement Antoine, le voisin, s'occupe déjà du jardin et peut l'aider pour l'entretien de la propriété. Peu à peu l'auteur découvre cet homme et son histoire. une histoire qui la replonge dans un passé douloureux comme un jeu de miroir. Christian Chavassieux tisse une histoire et des relations entre ses personnages et soudain le livre qu'on tient entre les mains est celui de cette auteure par la magie de la fiction.
Commenter  J’apprécie          70
Je suis le rêve des autres

Je referme tout juste ce livre de 168 pages, lu en une journée. J’en ressors apaisé et conforté sur beaucoup de choses de la vie en général. J’ai sincèrement passé un doux moment aux côtés de Malou et de Foladj et je ne peux que vous recommander ce roman si vous êtes en quête d’une lecture simple et bienveillante. Quelques éléments pour vous aiguiller:



- Vous embarquerez ici pour un magnifique voyage avec Malou, jeune garçon de 7 ans pouvant devenir un messager des esprits. Il sera accompagné par Foladj, vieux voyageur expérimenté au passé trouble. Vous traverserez de nombreuses contrées à leurs côtés afin de rencontrer les anciens, juges dans la sélection des futurs messagers. Cette aventure se situe des siècles après la disparition de la vieille race laissant la planète peuplée par les humains.



- La relation entre nos 2 personnages va être le point central de l’histoire. Tout les oppose à première vue: âge, expérience, vision des choses. Le vieil homme servira bien entendu de guide pour Malou dans son apprentissage de la patience, du respect, du pardon, de la compassion mais également de toutes les émotions. Mais le plus fascinant reste la manière dont l’enfant apportera énormément au vieil homme en lui donnant un objectif, une chance de se racheter et en le faisant grandir lui aussi. J’ai eu à cœur de suivre ce « duo asymétrique fatigué mais empreint de noblesse ».



- Les messages sont innombrables dans ce roman. Le « Qu’as-tu appris aujourd’hui ? » quotidien de Foladj insiste sur l’importance chaque jour, de tirer du positif de tout ce qui nous entoure, de prendre le temps et du recul, de rester curieux en permanence pour se bonifier. La quête incessante de nouveauté est remise en cause en mettant en valeur la routine comme moyen le meilleur et le plus simple de nous construire, en profondeur et solidement (elle ne nuit ni à l’intelligence ni aux idées). Enfin, cette histoire nous rappelle que chaque être vivant est important et porte sa pierre à l’édifice.



Vous l’aurez compris, j’ai vraiment apprécié cette lecture bienveillante qui nous rappelle les fondamentaux dans notre vie de tous les jours. N’hésitez pas et jetez vous dans ce magnifique rêve.
Commenter  J’apprécie          70
Noir canicule

Ce court roman qui raconte le long trajet d’une conductrice de taxi avec à son bord un couple âgé dont le mari est sur le point de succomber, chaque personnage avec son histoire, ses doutes, ses craintes et ses secrets. Un livre qui a le mérite de nous faire nous rappeler que tout peut rapidement basculer et surtout que demain peut ne plus être.
Commenter  J’apprécie          70
Noir canicule

24 heures de fournaise sous le brûlant soleil et dans la sécheresse des nuits de l’été 2003, 24 heures d’entrelacement machiavélique de trames inattendues, 24 heures de noirceur surgissant là où on ne l’attendait certainement pas.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/08/09/note-de-lecture-noir-canicule-christian-chavassieux/



Après notamment deux belles incursions dans le champ science-fictif avec « Mausolées » (2013) et « Les nefs de Pangée » (2015), et un détour redoutable du côté du roman historique avec « L’affaire des vivants » (2014), Christian Chavassieux continue de se jouer des genres établis, de leurs frontières et de leurs codes, en nous offrant un étrange et pénétrant roman noir. Ancré pour partie dans ce Roannais qu’il connaît particulièrement bien, « Noir canicule », publié chez Phébus en mars 2020, repris en poche chez J’ai Lu en juin 2021, joue subtilement avec nos nerfs et, plus que tout, avec nos attentes de lectrice et de lecteur en mobilisant pour nous perdre ce décor brûlant de 2003 qu’avait aussi utilisé, d’une tout autre manière, le Mathias Énard de « Remonter l’Orénoque », en construisant mine de rien plusieurs échafaudages machiavéliques sous couverts de monologues intérieurs et de points de vue joliment arrangés, et en s’assurant avec brio que les errances intérieures ou autres des personnages produisent le moment venu leurs effets de choc et d’apaisement, aussi à contre que nécessaire.
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          70
Mausolées

La bibliothèque n’est pas tant le sujet principal ni central de cette histoire. Certains synopsis étaient donc bien incomplets, laissant présager une incompréhension de l’histoire ou poussant peut-être les gens à bouder ce roman. Il me fallut donc le corriger sur Babelio. Au final, la bibliothèque est un témoin intemporel presque silencieux, mourant, comme un juste symbole mais passons.



Sans trop spoiler, le reste étant sur mon blog : Mausolées est une dystopie fourmillante d’idées à l’écriture fine, ciselée et jouissive. Un reflet assez convainquant de ce que pourrait devenir notre monde actuel en somme.



Une agréable lecture surtout pour la plume mettant en avant un univers extrêmement riche, plus que pour l’intrigue même dont la fin m'a quelque peu laissé sur ma faim.



Néanmoins, d'autres romans plus connus de cet auteur rejoindront sans nul doute ma PAL.
Lien : http://carrefour-ludique.blo..
Commenter  J’apprécie          70
La vie volée de Martin Sourire



«  Enle vé «  par caprice par Marie-Antoinette, puis délaissé, Martin finit par franchir le mur-prison de Versailles. Il découvre Paris, ses rues, ses quartiers, ses petits métiers. Il entend les murmures puis les grondements de la Révolution. La guerre de Vendée lui révèle un autre visage de la Révolution et de lui même.

La vie volée de Martin, c'est la vie confisquée, emportée par le flot de l'Histoire. Pour s'en sortir, Martin doit franchir des murs, ceux de Versailles et ceux des horreurs des massacres de Vendée.

Ch.Chavassieux fait revivre avec précision la vie du petit peuple, des oubliés de l'Histoire. Il nous fait aussi découvrir des personnages tels que les architectes Jean Louis Boullée, Richard Mique, des cuisiniers comme Beauvilliers. Le style lyrique, l'utilisation du vocabulaire de l'époque , une documentation remarquable rendent haletant et palpitant l'atmosphère du récit . A la fois roman d'initiation et roman historique ,c'est essentiellement la Révolution vu d'en bas. A découvrir.



Commenter  J’apprécie          70
La vie volée de Martin Sourire

Tout d'abord un grand merci à Babelio et aux éditions Phébus qui m'ont permis de découvrir ce roman.



Pour cette chronique, il me semble que je vais manquer d'objectivité, pour la simple raison que cette lecture ne fut pas bonne. En effet, je me suis lancée dans ce roman après avoir lu deux recueils de poésies qui m'ont tout simplement bouleversée. Ils furent tous les deux remarquablement bien écris et traitant d‘un sujet qui pour l'un comme pour l'autre m'a touchée profondément. Autant vous dire que la lecture qui allait passer après cela, allait malheureusement avoir du mal à rester au niveau.



D'autant plus que j'avais accepté ce roman car je pensais qu'il traitait plus sur la vie de Marie Antoinette qu'il le fait en réalité. En résumé, le timing ainsi que mon appréhension de ce roman n'a fait que renforcer ma déception envers cette lecture. Pour en revenir au texte lui-même, je vais essayer de vous en donner un aperçu qui vous permettra peut être de vous familiariser avec ce roman et de vous donner envie de le découvrir.



Le très grand point positif de ce roman est à mes yeux son écriture. On va rentrer dans ce texte avec beaucoup de simplicité, amené par une écriture fluide et sans fioriture. Ce point est certainement le plus grand avantage de notre lecture. Un style simple qui permet au lecteur de rentrer immédiatement dans le récit.



Le problème que j'ai rencontré est avant tout le manque de relief à l'intrigue et au texte en général. Tout au long de ma lecture, je me suis ennuyée. J'avais besoin que l'histoire décolle et cela ne fut pas le cas. Mais encore une fois, n'est-ce pas dû à la brutalité de mes lectures précédentes ? Il en reste que le texte ne m'a pas touchée, et en suivant le parcours de notre jeune héros, je réalisais que je n'avais plus d'intérêt pour sa vie et ses choix.



C'est dommage car la réflexion sur la vie à cette époque est complète. L'auteur nous présente ce besoin d'appartenance chez ce jeune orphelin, enlevé, sans famille et à la recherche de son identité. le tout complété par la période de la révolution qui fut un besoin du peuple de « devenir » quelqu'un a part entière : un citoyen pour son pays. Malgré ce point qui est amené de manière intelligente, on n'arrive pas à garder son intérêt et l'ennui monte de page en page.



Le texte parvient tout de même en troisième et dernière partie à s'affirmer. L'auteur nous dresse des passages pendant la guerre et surtout sur la manière dont les soldats doivent redevenir des hommes en rentrant. Avec cette dernière partie on se dit que le roman a mûri avec les pages, mais on regrette que cela ai pris tant de temps.



Pour cette lecture j'aimerais beaucoup avoir des avis complémentaires, pour comprendre si mon ressenti est justifié ou juste lié à mes lectures précédentes ?!
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
Commenter  J’apprécie          70
Les nefs de Pangée

C'est par un beau matin ensoleillé, alors que je vaquais tranquillement à mes occupations, que Les Nefs De Pangée est venu à ma rencontre (enfin il est arrivé dans ma boîte aux lettres quoi...). C’est vrai, ce roman est à ce point spécial, qu'il constitue pour moi une véritable rencontre, vous savez ce truc qui se passe au premier contact ? Ce feeling ? Cette promesse qu'il va se passer quelque chose de fort, qu'on vous prendra par la main pour vous faire quitter ce monde blême et sans âme ? Et bien cette promesse, CHRISTIAN CHAVASSIEUX et son roman vous la font.

Ce fut le début de quelque chose.

C'était à prévoir en même temps. Mon penchant pour les bouquins à l'épaisseur conséquente et les belles couvertures me font instantanément craquer, et Les Nefs De Pangée remplit déjà ces deux critères. Primo, il a l'épaisseur d'une brique, et secundo, le tableau de JOHN MARTIN (The Destruction Of Tyre) qui orne la couverture donne une dimension tragique et épique au bouquin avant même qu'on ne lise la quatrième de couverture, où d’ailleurs le terme "fantasy opéra" fait son apparition.

La promiscuité de ces deux mots me dérange. J'avoue déjà ne pas être fan des étiquettes, mais là, "fantasy opéra" ? Sérieusement ? Et pourtant...







Pangée, ce continent perdu au milieu de l'Unique (un vaste océan) abrite en son sein le peuple des Ghioms qui a pour tradition de sacrifier tous les vingt-cinq ans dans une chasse, l'Odalim, une créature marine aux proportions titanesques.

Seulement quand la neuvième chasse revient pratiquement anéantie par la créature, l'annonce d'une époque sombre s'annonce. Afin d'éviter le pire, le peuple de Ghiom décide de prendre les devants et de préparer une dixième chasse unique dans l'histoire de Pangée. Tous s’uniront pour terrasser la bête afin qu'une nouvelle ère commence et qu'ils puissent retrouver la paix.







Lyrisme, décors à couper le souffle, histoire aux rebondissements souvent inattendus, voilà comment CHRISTIAN CHAVASSIEUX arrive à tenir son lecteur en haleine.

Pour rebondir sur mon propos de début de chronique, jamais un roman n'aura mérité autant son étiquette de fantasy opéra... (Bien qu'il soit sans doute le seul.)

Commençons par la fantasy.

L'auteur plonge le lecteur dans un monde où le peuple de Ghiom vit en parfaite harmonie avec la nature. Les arbres, les plantes, les animaux, tout est respecté et utilisé avec parcimonie pour éviter d'user et d'abuser des ressources naturelles de la terre, douce utopie souvent reprise dans les classiques du genre, jusque là rien d’exceptionnel.

L'auteur a surtout misé sur des règles sociales atypiques utilisées par les Ghiom. Pour commencer, la religion n'a pas lieu d’être sur Pangée, bien que ce peuple possède ses oracles. Ensuite, les Ghiom ont leur langage avec ses propres règles grammaticales (oui oui) et son propre vocabulaire. Alors, bien sûr, le livre n'est pas écrit en Ghiom mais cela ajoute une pincée de crédibilité et d'originalité, tout cela sans dénaturer ou ralentir la lecture.

Mais le fait le plus étonnant reste les codes familiaux, ici totalement inversés. En effet, sur Pangée, la mère (la Vénérable) est le "chef" de famille, elle choisit elle même plusieurs échantillons de semence pour créer des êtres qui deviendront la fratrie. Les pères, eux, sont présents sans vraiment l’être mais peuvent orienter leurs progénitures dans leurs choix et leurs états d'âme. Aucune distinction n'est faite entre les hommes et les femmes et la société à l'air de très bien s'en contenter.

Et concernant l'opéra ?

Rassurez-vous, nous sommes loin de la grosse dame allemande qui hurle six tons en dessous son désespoir à la face du monde pendant cinq heures... De l'opéra Les Nefs De Pangée n'en a tiré que son côté lyrique. Une certaine splendeur se dégage du texte surtout quand l'auteur rentre dans la description du monde qui entoure les Ghiom, de la somptueuse forêt baignée de mystères aux montagnes enneigées en passant par une mer déchaînée, CHRISTIAN CHAVASSIEUX nous propose un voyage gratuit à travers le monde de Pangée. Les monuments, la nature, l'océan, tout est d'une taille inimaginable. Le lecteur est littéralement écrasé par tout ce gigantisme, qui le replace illico à son rang de bipède minuscule et insignifiant évoluant parmi les immeubles qui sont d'une taille ridicule comparé aux montagnes et aux tours de Mehassa qui surplombent la capitale et ville principale, Basal. Tout est histoire de proportion.

En parlant de proportions justement, venons-en à l'Odalim.

Pour ceux qui s’imaginent que Les Nefs De Pangée est une simple chasse à la baleine bis, je vous arrête tout de suite, vous avez tout faux. Certes une grande partie du récit relate les faits de cette dixième chasse, mais c'est une chasse qui a su réunir le peuple de Ghiom pour que celui-ci puisse enfin continuer d'avancer et de passer au-delà de ses guerres et ses conflits. Car Les Nefs De Pangée est avant tout une aventure humaine et traite, sur une large palette, des rapports que peut avoir une civilisation, aussi bien avec ses propres sujets qu'avec une civilisation étrangère, et au même titre que tout est histoire de proportions, tout est histoire de cycles.

Cette notion revient perpétuellement et nous fait comprendre que tout n'est qu'un éternel recommencement. Le passé, le présent, l'avenir sont aussi des questions soulevées par la conteuse qui joue un rôle important dans l'histoire. Celle-ci ouvre l'histoire et la conclut. C'est par elle qu’arrivent les réflexions et beaucoup de passages clefs de l'intrigue, car oui, on peut bien parler d'intrigue, à proprement parlé. L'auteur arrive à repousser constamment l'horizon du récit. Que ce soit sur mer ou sur terre, la trame scénaristique est pour le coup vraiment très riche en rebondissements, occultant toute trace de linéarité ou d’ennui.







Dire que Les Nefs De Pangée est travaillé est un euphémisme. CHRISTIAN CHAVASSIEUX nous livre là une petite pépite de fantasy opéra. J'avoue chercher des défauts à ce livre, je n'en trouve aucun. La richesse de l'histoire, les personnages et ce monde si spécial nous font rester accrochés à l'histoire largement influencée par des grands noms de la littérature classique (FLAUBERT), voire même mythologique (HOMÈRE), donnant au mot "aventure" tout son sens. La thématique forte et les questions qu'elle soulève sont très intéressantes et donnent au roman un côté intelligent en plus de l'action omniprésente.

Une vraie réussite pour ma part donc, pour ce roman qui m'a donné des sensations vraiment puissantes. Il ne me reste plus qu'à me jeter sur le premier livre du monsieur, qui sera, j’espère, au moins aussi réussi que Les Nefs De Pangée.



Zoskia
Lien : http://www.acheron-webzine.c..
Commenter  J’apprécie          70
L'affaire des vivants

Charlemagne est né dans une famille paysanne, c'est son grand-père qui a choisi son prénom. Mais il ne ressemble pas à ses frères, il a de l'ambition. Il veut se lancer dans le commerce, créer une manufacture. Rien ne lui résiste, il ira jusqu'à épouser la fille d'un bourgeois avec laquelle il aura un enfant Ernest. Ce roman est une saga familiale dans laquelle l'auteur décrit l'ascension sociale de son héros. L'histoire pourrait avoir été écrite par Emile Zola, mais l'écriture est très moderne. L'auteur se rappelle souvent au lecteur en lui parlant de ses personnages, en lui expliquant pourquoi il les a créés comme ils sont. Un excellent roman, pour moi le meilleur de Christian Chavassieux.
Commenter  J’apprécie          70
L'affaire des vivants

« Qui a eu cette idée folle

Un jour d'inventer l'école

C'est ce sacré Charlemagne

Sacré Charlemagne »



Il est bien question d’un Charlemagne, dans ce roman de Christian Chavassieux, mais pas de l’ancien Roi des Francs, mais plutôt d’un jeune paysan de la banlieue lyonnaise, qui se voit un jour devenir grand.



Charlemagne Persant nait au milieu du XIXe siècle. Aîné de la fratrie, il a été baptisé ainsi par son grand-père, dans l’espoir qu’il devienne le maître de Saint-Elme et au-delà. Une ambition familiale qui se concrétisera, puisqu’en grandissant Charlemagne impressionne tant par sa carrure que son intelligence. Il reprendra les rênes de la ferme, puis ouvrira différents commerces. Il rencontrera l’amour (enfin ce qu’il croit l’être) qui lui donnera son seul fils. Mais comme tout héros mégalo, la chute peut être des plus brutales, voire fatale…



Malgré quelques longueurs, j’ai aimé cette saga familiale et historique, qui nous plonge dans une France en pleine transformation : chute de Napoléon III, apparition des premières voitures, du cinéma avec les frères Pathé, l’exposition universelle de Lyon en 1872, ou encore l’apparition des textiles imperméables…



Si j’ai eu de l’empathie pour Charlemagne, dans son enfance et adolescence, force est de constater qu’elle s’est rapidement muée non pas en antipathie, mais en totale indifférence. Il n’y a pas ou peu d’amour chez ce personnage. C’est un rustre, un calculateur qui n’a guère de considération pour ses parents, ses frères,sa femme ou son fils. L’auteur dresse ici le portrait d’un homme qui a réussi en y perdant son âme. Un transfuge de classe qui met en lumière cette lutte des classes de l’époque. Mais qu’on ne s’y trompe pas, que ce soit du côté ouvrier comme bourgeois, les bons sentiments n’existent pas. Christian Chavassieux laisse finalement peu de place à la lumière dans son récit, si ce n’est avec le dernier de la fratrie, Louis. J’y ai finalement trouvé un petit côté « Chute de la maison Usher » avec un empire qui finit par prendre l’eau …



Côté narration, j’ai aimé la forme avec ce narrateur-auteur qui nous interpelle par moment. Une écriture agréable et l’utilisation du vocabulaire de l’époque qui donne toute son authenticité au récit.
Commenter  J’apprécie          60
Je suis le rêve des autres

Malou, un enfant de 8ans, fait un rêve qui pourrait faire de lui un réliant. Pour confirmer cette théorie, il est envoyé dans la ville sacrée de Benitia où le Conseil des conseils lui fera passer un test.



Se rendre dans cette cité lointaine n'est pas chose aisée. Aussi, Malou, est accompagné de Foladj, un vieillard et ancien voyageur intrépide.



S'ensuit un voyage initiatique riche en rencontres et en philosophie.



Cette fable était une superbe surprise. J'ai tout simplement dévoré les pages. L'auteur arrive en un nombre très limité de pages à construire et partager un univers, avec beaucoup de poésie et de morale.



Une belle découverte et un coup de cœur pour moi !
Commenter  J’apprécie          60
Noir canicule

Eté 2003 : ça chauffe en France (et pas qu’ici d’ailleurs), la canicule commence à faire des ravages. Lily est une femme taxi au passé que l’on découvrira par petites touches tout au long de cette escapade moite et plombante. Lily doit conduire un couple de paysans âgés, vivant en pleine Loire rurale, Henri et Marie, à Cannes pour un bref aller-retour dont elle ignore tout. Henri est atteint d’un cancer, Marie est cette femme infatigable qui veille sur lui, sorte d’ange gardien. Tous deux ont un fils un peu désinvolte, Bernard, affublé d’une maîtresse, Carine.







Le parcours de Lily ne semble pas avoir été de toute repos. Elle a fait sa première fugue dès 1977, c’est dire. Père violent, attiré par les jeunes filles, dont l'une suicidée. Pas de chagrin ni larmes à sa mort (on pense à « L’étranger » d’Albert CAMUS). Lily a bien sûr connu l’amour. Son plus récent, Nicolas, est parti, sombre affaire qui est en filigrane de ce roman très noir à l’orée du polar. Polar car oui, autant vous le dévoiler de suite, il y a eu un mort dans cette affaire, une morte plus exactement. Concernant le présent, le père de Nicolas est au plus mal, hospitalisé… Avec Nicolas, le plaisir sexuel de Lily était situé du côté des jeux SM, de l’érotisation du rapport de force, pour rigoler, démultiplier le plaisir. C’était avant la naissance de Rose, leur deuxième fille.







Avant Rose, il y eut Jessica. Elle a grandi la Jessica, elle est attirée par Sèb, artiste mégalo un brin mythomane et pour tout dire insupportable, à 21 ans il croit tout savoir et écrase le monde de son mépris et de sa supériorité. Au milieu de cette galerie de personnages peu sympathiques, il semblerait bien que Lily ne soit pas étrangère à la morte évoquée plus haut…







Un roman du contraste : noir et glacial en pleine canicule, à la fois road-book et livre décrivant l’attachement à une terre, il est polar sans l’être puisque le meurtre ne tient qu’une place minime et l’enquête est inexistante. Le principal est ailleurs : car il est le roman d’un passé révolu, le monde paysan archaïque représenté par Henri et Marie, et celui d’une nouvelle ère en passe de s’imposer : celle du réchauffement climatique, cette ère personnifiée par les figures les plus jeunes de cette histoire. Quant à Lily, c’est l’entre-deux, c’est-à-dire celle qui se situe à la frontière des deux mondes, épaulant Henri et Marie (mais pourquoi diable vont-ils à Cannes, c’est l’un des mystères – révélés – du roman) tout en suivant l’évolution de ses filles en devenir et de ce monde en train de changer irrémédiablement, notamment par son climat auquel il va falloir s’habituer rapidement.







« Noir canicule » est aussi le roman de l’héritage et de la transmission : « Est-ce qu’ils avaient partagé la même conviction, ses ancêtres ? S’étaient-ils vus, eux aussi, comme les derniers ? La question ne lui était jamais apparue. De se tourner ainsi vers jadis avec cette idée, offrait un peu de réconfort. Est-ce que chacun se croit le terme, avant que le prochain endosse ce doute à son tour ? Et qu’ainsi se relaient les épouvantes, jusqu’au véritable dernier, qui ne se méfie plus ».







Roman fort, maîtrisé à la virgule près dans une écriture sobre, élégante, délicate, qui fait contrepoids avec la tragédie en cours. Belle histoire sombre, personnages plus que crédibles, paysages savamment décrits genre caméra filant au-dessus du sol, ambiance très bien restituée, jusqu’à la couverture qui semble parodier avec talent le cinéma noir français d’une période récente mais révolue. Si vous n’aviez pas encore compris mon appel du pied, le voici sans nuances : n’attendez pas l’hiver pour lire ce roman brillant et impossible à reposer avant la dernière page ! Je reviendrai vers Christian CHAVASSIEUX qui m’a à coup sûr tapé dans l’œil. Grand merci ! Bouquin sorti chez Phébus en 2020.



https://deslivresrances.blogspot.fr/


Lien : https://deslivresrances.blog..
Commenter  J’apprécie          60
L'affaire des vivants

C'est un roman MAGISTRAL !

Je ne pensais pas pouvoir lire un livre comme celui-là en 2019.

Pour la faire courte : c'est inspiré de Zola mais avec une touche de XXIème siècle.

Le sujet d'abord : l'ascension sociale d'un modeste, très modeste paysans dans la France de XIXème siècle.

Jusque là rien de bien transcendant, ordinaire même…

Mais voilà il y a l'écriture et elle est magnifique ! Un mélange d'humour et de cynisme qui nous est parfaitement contemporain… Et ça marche.

Courrez l'acheter, empruntez-le ou, pour les plus malhonnêtes, volez-le mais lisez-le Absolument ; c'est sublime.

Commenter  J’apprécie          60
Les nefs de Pangée

Pangée. Une terre ceinturée par un insondable océan, l’Unique. Chaque fin de cycle, tous les 25 ans, voit les peuples de Ghiom rassembler leurs efforts dans la construction d’une flotte de nefs immenses afin de donner la chasse à un être mystérieux et redoutable, le roi des mers, l’Odalim. Du résultat de la chasse dépend l’avenir de Pangée : malheur ou félicité. Le récit s’ouvre sur le retour infructueux de la 9ème chasse…

Une construction au service de l’émerveillement



Christian Chavassieux nous gratifie d’un world building très intéressant et profond sur la plupart des aspects. C’est notamment le cas quand il décrit merveilleusement la nature de Pangée ; autant de paysages différents que l’on perçoit à travers les yeux d’un Memphéite ou d’un Basalien par exemple (et pour cause, Basal étant la plus grosse ville du monde, son paysage est essentiellement urbain). Quant à eux, la faune et la flore sont à la fois suffisamment exotiques pour que le dépaysement fasse son œuvre sans que cela soit non plus totalement improbable et par conséquent inimaginable. Le monde de Pangée en ressort à nos yeux d’autant plus vivant et riche que cet environnement apporte sa contrainte dans les choix et les parcours de nombre de protagonistes.



Un autre élément particulièrement bien décrit sont les us et coutumes des peuples habitants Pangée (les différentes nations qui la composent sont unifiées sous l’appellation Ghiom, sans que ceux-ci diffèrent au niveau racial). Chaque peuple se démarque ainsi par ses particularités culturelles (plus ou moins guerrier), son style de vie (nomade ou sédentaire), etc. C’est la somme de toutes les nations qui forme la civilisation Ghiom de Pangée.



Si ces éléments démontrent un gros travail de la part de l’auteur (avec une belle carte et un conséquent glossaire en fin de volume, d’ailleurs) pour immerger au mieux le lecteur et stimuler son imaginaire, il n’en demeure pas moins que, paradoxalement, d’autres aspects de la construction de l’univers m’ont paru beaucoup moins développés. On pourra regretter que certains épisodes soient totalement négligés, comme le pèlerinage mystique, par exemple, que j’aurais personnellement estimé intéressant de développer afin de comprendre le parachèvement de la formation de commandant suprême de la flotte, mais pour lequel on ne sait finalement… rien. On tourne la page et c’est expédié (littéralement). Ou encore, bien qu’ayant quelques éléments de description permettant d’imaginer la forme générale des immenses nefs (et encore, chaque nation semble orienter la construction de ses nefs selon son expérience de la chasse) la méthode de fabrication a proprement parlé reste survolée, pour l’essentiel. Toutefois, il s’agit le plus souvent d’épisodes peu importants au regard de l’intrigue et on ne peut reprocher à l’auteur d’être passé un peu vite sur certains aspects (le livre faisant tout de même déjà près de 600 pages)

Un style soigné



Autre gros point positif : le style de l’auteur. J’ai été très agréablement surpris par son style poétique, enlevé et tout à la fois fluide. Certains passages sont de toute beauté, réellement. Je ne suis pourtant pas un fan absolu du style lyrique en général, j’apprécie plutôt un style rythmé, direct, sans chichi, mais là, force est de constater que le dosage est parfait. On est transporté dans l’histoire de bout en bout (même si l’entrée en matière demande un peu d’effort)



En effet, le récit démarre donc sur la piteuse arrivée de la 9ème chasse. Et il faut le dire tout de suite : le lecteur doit s’accrocher sur les 130 premières pages. Non pas que la qualité ne soit pas au rendez-vous, bien au contraire, mais plutôt car il s’agit de la phase où l’auteur prend le temps d’introduire son propos, d’annoncer les personnages (il y en a beaucoup) et de décrire le monde dans lequel va s’articuler l’action. Il faut un temps pour que tout cela prenne forme sous nos yeux. Et en fin de compte, on s’aperçoit que Les nefs de Pangée fait partie de ces romans que l’on ne regrette pas d’avoir tenus sur les 100 premières pages 🙂



La première partie du livre se déroule sur 25 ans et relate, en gros, les préparatifs et le départ de la 10ème chasse. Après cela, le rythme s’accélère, les pièces du puzzle s’imbriquent et on est véritablement happé par le cœur du récit : la chasse à l’Odalim !



Je ne veux pas trop spoiler, c’est pourquoi je ne décrirai pas la suite du récit, mais sachez que vous en aurez pour votre argent avec pêle-mêle : Une chasse et des combats épiques, du sang et des larmes, un nouveau point de vue, un changement politique (comment ne pas y voir une critique du modèle capitaliste ?)…



Le seul point qui m’a semblé un peu en deçà dans le récit et le traitement apporté aux personnages. On a du mal à pleinement se sentir concerné par leur sort, on ne s’attache pas assez à eux (le nombre de protagoniste n’aide pas). Exception faite sur un seul (je vous laisse découvrir lequel)

En conclusion



Les nefs de Pangée nous transporte dans un monde empreint d’une beauté sans équivalent. La plume de l’auteur sert parfaitement le récit qu’il soit dur, par moment, ou le plus souvent source d’émerveillement. On pourra regretter toutefois le manque de profondeur accordé aux personnages d’une manière générale. Il en résulte néanmoins un très bon moment de lecture que je vous recommande.
Lien : https://espaceduntemps.fr/
Commenter  J’apprécie          60
La vie volée de Martin Sourire

Quel destin que celui de Martin arraché encore enfant à sa famille par une Marie-Antoinette en mal d'enfant puis peu à peu oublié et livré à lui-même dans le parc de Versailles lorsqu'il devient inintéressant à ses yeux. L'auteur le suit dans sa vie, la vie d'un enfant taiseux qui restera à jamais un déraciné.

Le hasard des rencontres lui permettra de faire son chemin en pleine révolution, de fonder une famille avec Marianne. Il s'engage dans l'armée révolutionnaire pour défendre des idées et se retrouve en Vendée dans les escadrons qui vont semer la mort. Une fois de plus son destin lui échappe.

Christian Chavassieux fait de cet inconnu un héros fragile. On se surprend à penser que, malgré tout, son passage à la Cour lui a ouvert les portes d'une instruction qu'il n'aurait peut-être pas eue sans cela et pourtant on sait bien que cette vie-là, loin des siens, n'est pas une vie.

La construction du livre est impeccable, conformes au caractère taciturne du héros les chapitres sont courts sauf lorsque, étouffé par les souvenirs de Vendée, sa pensée s'épanche sur les atrocités vécues et perpétrées. Un roman qui mérite d'être découvert.
Commenter  J’apprécie          60




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Christian Chavassieux (479)Voir plus

Quiz Voir plus

Fondation d'Isaac Asimov

De combien de parties est composé ce premier livre ?

Trois parties
Quatre parties
Cinq parties
Six parties

10 questions
125 lecteurs ont répondu
Thème : Le Cycle de Fondation, tome 1 : Fondation de Isaac AsimovCréer un quiz sur cet auteur

{* *}