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Citations de Christian Estèbe (182)


Lombard se dit qu'il a eu une mauvaise idée de vouloir revoir Pargueminière. N'avait-il pas barré son nom sur son agenda ? Pas si facile de quitter les gens sans se retourner, de couper des liens qui furent parfois si longs, si complexes à tisser. (p. 108)
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Arrive dans ce récit la voix du père. C'est vrai qu'il pensait à juste titre que le monde est souvent moche, que la vie est une gueuse qu'il faut ménager, est-ce pour cela qu'il voulait se tenir à distance ?
il me disait : "Petit, lorsque tu apprendras que monde n'est ni juste ni gentil; tu feras comme moi, tu prendras tes vérités et tu les mettras dans ta poche vers ton mouchoir dessus, ça te resservira, il ne faut rien oublier."
J'ai longtemps gardé cette image du mouchoir noué sur le vrai. (p. 124)
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Denis me confirme que le grand-père était un des trois ou quatre jardiniers de la ville (...)
Il me dit aussi qu'il ressemblait aux arbres qu'il savait planter, à ces oliviers solides qui poussent dans nos régions. Nous faisons quelques pas dans le jardin, d'autres touches s'apposent au portrait du père, des détails s'accumulent, j'ai depuis longtemps ouvert mon carnet pour mieux travailler la taille-douce de son visage. (...)
Pour quelques heures, en écoutant les Pharaon raconter leur Marcel, s'apaise en moi la part aiguë de la fiction que je porte. Il me semble que des fils se nouent, se tressent, se trament, et chaque parole se liant va rejoindre un éclat de pierre, une rumeur, des lieux, une ligne de son visage, son ciel. (p. 128)
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Nous reprenons à notre compte cette idée d'arbre généalogique à fabriquer; arbre de pendus, de cocus, tout décoré de souvenirs fondants avec ses étoiles pâlies dans les ruptures , les amours, les mensonges et l'oubli.(p. 97)
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"Ma mère ne m'a jamais donné la main" C'est Violette Leduc qui écrit.
Je ne savais pas que ma mère était aussi fragile. Qu'elle gardait de son enfance meurtrie des cicatrices indélébiles. Probablement une dépression masquée dont j'avais subi les effets dévastateurs.
Nous ne savions pas, nous étions trop pauvres, trop préoccupés à survivre. Mais je sais aujourd'hui que, si nous avions été "riches", rien peut-être n'aurait été différent. La douleur se moque des comptes en banques. (p. 104)
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J'étais heureux et fier d'avoir publié ce livre chez un éditeur exigeant. Je n'écris pas pour devenir riche et célèbre, j'écris simplement parce que moi aussi, je vais mourir. (p. 49)
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Son contact charnel avec le peuple qu'il aime et respecte, nourrira son oeuvre. Le reste, c'est le style qui le polira, le métier. L'ancien ouvrier d'usine sait comment travailler, faire un livre. Artisan de l'écriture, comme ces tailleurs de pierres, charpentiers, forgerons, chaque fois qu'il se met à l'ouvrage, c'est sur le motif. Ce qu'il veut, c'est faire voir et entendre une humanité qui grouille, chante, souffre, lutte et espère des jours meilleurs. (...) Les apprentissages, les vendanges amères ou dorées. Il fera tout resplendir dans l'eau lustrale, primordiale de la beauté du monde. (p. 86)
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Pierre Lombard était conscient qu'il lui faudrait soigner la première phrase de son livre. Depuis la terrasse du Saltimbanco, il regarde sur l'horizon la fumée de son cigare qui dessine des hiéroglyphes à contre-ciel. Il la tourne, la retourne, cette phrase.
La mer, sans cesse recommencée, son ressac, un passé à l'endroit, un passé à l'envers.
Comment était celle qui ouvrait l'Ulysse de Joyce ?
«Majestueux et dodu, Buck Mulligan parut en haut des marches, porteur d'un bol mousseux sur lequel reposait en croix rasoir et glace à main.»
Et cette autre, dans Cent ans de Solitude de Garcia Marquez :
«Bien des années plus tard, face au peloton d’exécution, le colonel Aureliano Buendia devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l'emmena voir la glace.»
Exercice de mémoire. pierre Lombard n'est pas sûr que ces citations soient exactes. Il avait découvert, émerveillé, ces deux romans et sa vie en avait été changée. Il se souvient des bords du Lez, sa rivière, où il avait fait connaissance avec les méandres de Dublin, en compagnie de Bloom, et de Macondo, la ville mythique et pourtant si réelle de l'écrivain colombien.
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Pourquoi veut-il aller dans ce monastère ? (...)
Pourquoi une épreuve supplémentaire ? Lui qui ne se sent fait pour aucune épreuve, lui qui n'est fait pour rien de particulier. Magasinier dans une bibliothèque, puis convalescent, rien d'un cénobite, rien, vraiment ! Assis là, il attend. Il sait qu'à partir de maintenant (c'est-à-dire depuis qu'il a quitté l'hôpital) sa vie ne sera qu'une attente. Non pas vaine attente comme elle semble l'avoir été jusque-là, non pas vie reçue par hasard et vécue distraitement, mais vie qui serait en attente de la vie. Voilà ce qu'il veut . (p.34)
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À l'orée d'un bois, il a garé la Dromadaire. En contrebas, un petit cours d'eau. Assis là, immobile, il regarde l'eau couler. Cessant d'agiter ses pensées, cessant d'être agité par elles, il médite. Qui ne voudrait être une pierre moussue dans le courant clair d'une rivière ?
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Route lisse dans le soleil couchant. S'enfoncer sans bruit dans un paysage de Cézanne, puis de Van Gogh, Derain. Passer d'une toile à l'autre, comme dans un livre d'art en grandeur réelle. Il se crée , pour lui tout seul, un musée imaginaire. (p. 153)
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Mais on écoute peu ses parents. On se croit plus fort que la vie, plus fort que la mort. (p. 65)
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Puis le printemps est revenu, il revient toujours, et j'ai dû prendre sans m'en rendre compte le premier soleil sur la caboche. Mes lectures m'avaient cogné ferme, le syndrome Cervantès, le saint homme, je couvais un Quichotte ! (p. 11)
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J'écoute la voix de Marc, cette voix si douce, si agréable à l'oreille. C'est un enregistrement de l'émission -Parti pris- que lui a consacrée la radio en 1977. (...)
J'écoute cette voix qui s'est tue, comme plus avant, celle de mon père, celles d'amis que j'aimais. Nous ne faisons pas assez attention à l'ordre des choses, croyant que tout durera toujours. (p. 65)
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Chez Jean-Claude Pirotte dans -Un voyage en automne-, une très belle citation de Charles du Bos :
" Les relations avec les écrivains morts en particulier sont au nombre des relations les plus poignantes, les plus solennelles, les plus consolatrices aussi, qu'un esprit puisse entretenir : pour ma part je sais qu'il n'est pas de jour où plusieurs d'entre eux ne soient mêlés à ma vie avec un degré d'intimité qui mène au bord des larmes".
Comment ne pas l'appliquer à Bernard. (p. 31)
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Elle raconte à Lombard, qu'elle a toujours été libraire, puisqu'elle a succédé à sa mère qui elle-même avait succédé à la sienne.
"Nous ne quittons pas nos montagnes, vous voyez, Monsieur Lombard, libraires de mères en filles depuis cent cinquante ans.
-Vous n'avez pas peur de ce qui se développe: Internet, Amazon, les grandes chaînes de distribution, ce métier qui se modifie à toute vitesse ?
- Non, je n'ai pas peur, je le connais, mon métier, et mes clients me connaissent, c'est ça mon assurance. La librairie Arcade, c'est comme l'église du village, le boulanger, le boucher. Tant qu'il y aura de la vie dans le bourg, je serai là, c'est le Chaminadour de mon cher Marcel Jouhandeau." (p. 86)
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Alors Monsieur de Vecchi ?
On y va !
Je ne m'appelle pas vraiment De Vecchi, ni Corti d'ailleurs, mais c'est une habitude qu'ont les libraires de nommer les représentants fantômes dans mon genre par le nom de leur catalogue. Ainsi nous disparaissons mieux derrière nos couvertures, avancer masqué en quelque sorte.

Evidemment, personne n'appelle le représentant Gallimard, Monsieur Gallimard, ou Monsieur Galloche, ni Monsieur N.R.F. ou Monsieur Seuil. ça ne se fait pas dans la littérature blanche, cette poudre aux yeux. Mais moi, j'ai tellement changé de gueule, de secteur, que je suis devenu Monsieur De Vecchi, le type qui propose des livres sur les chiens. Un destin, oui, j'avais rêvé un temps d'être goûteur chez Fido, mais on ne fait pas toujours ce que l'on veut.
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Je médite ces propos. En effet, ces maladies mystérieuses dont sont victimes mes personnages, ce mal qui jamais ne dit son nom et qui précipite l'un dans l'alcoolisme, l'autre dans une fuite sans fin, un troisième dans des délires sexuels, qui obligent l'un ou l'autre à s'éloigner d'une compagne, d'un pays, d'un travail, d'amis, n'est-ce-pas ce que je ressens en miroir depuis des
années ? (p. 56)
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Qu'ils soient courageux, médiocres ou insouciants, les livres veulent nous parler des secrets du monde, noir sur blanc. Mais aucun ne nous délivre le mystère (...) (p. 63)
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Réponse à la question : "Comment êtes-vous devenu écrivain ? "
"Peut-être, me suis-je dit, écrit-on comme on rêve, peut-être écrivons-nous parce que la vie ne nous satisfait pas entièrement et qu'il nous arrive de vouloir prendre sur elle une revanche." (p. 71)
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