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Critiques de Christine Montalbetti (90)
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Le relais des amis

Une farandole littéraire libre et pétillante…



C'est vertigineux quand nous prenons le temps d'y réfléchir quelques instants, toutes ces vies qui se nichent derrière chaque personne, tous ces possibles à raconter, à détailler, à entrevoir. Toutes ces richesses. Chaque jour, les personnes croisées sont autant de bulles de vie qui s'entrechoquent tout en s'ignorant. Christine Montalbetti, dont je découvre l'écriture pétillante, part de cette idée dans « le relais des amis » qui offre quelques heures de lecture très agréables. le lecteur, souvent interpellé par l'auteure, y découvre une galerie de personnages, abordés de relais en relais, selon un principe ludique et joyeux de passage de témoin : via une mouche s'échappant d'un appartement, un postillon atterrissant sur la personne d'en face, une visioconférence entre deux personnes à l'autre bout du monde, des ronflements amples traversant une cloison, une paire de Converse, une mouette…

La force de cet écrit étant de réussir à nous attacher, à nous émouvoir, chaque personnage du collier, pourtant entraperçu rapidement, devient un être à part entière, avec ses espoirs et ses regrets, ses relations humaines plus ou moins compliquées, celles qui commencent, celles qui patinent et se terminent. Un collier d'humanité, une brochette de si, une ronde de possibles en un traveling réjouissant.



« Ces ébauches de possibles se contentent alors de scintiller comme des espèces de papillons sur la prairie de vos pensées (je le dirais comme ça), et leurs battements d'ailes malgré tout vous accompagnent ».



Ce voyage nous permet ainsi de partir de Simon, un écrivain qui, en panne d'inspiration, part se promener jusqu'au Relais des amis, bar dans lequel il retrouve quelques habitués sur lesquels l'auteure va faire quelques zooms, puis de passer à Lorette de l'agence immobilière d'à côté qui emmène son client Bastien visiter un appartement…et voilà, le traveling un peu vertigineux commence, nous permettant, de fil en aiguille, de regarder passer les bateaux sur le fleuve Douro au Portugal, de nous promener en pleine nuit à Kyoto, de jouer au pachinko à Tokyo, de marcher sur les rives d'un lac du Colorado, de flâner sur une plage normande…C'est un vent de liberté qui nous autorise à faire un délicieux petit tour du monde, tel un pur moment de cinéma.



« Oui, c'est avec eux à présent qu'on embarque, vous commencez à comprendre le principe, à eux que Rémi passe le bâton de relais, d'autant que le train, ça nous ouvre de nouveaux horizons ».



Par moment Christine Montalbetti nous questionne directement : quel personnage choisir, là tout de suite : « Attention, on n'a que quelques secondes pour se décider. Qu'est-ce qu'on fait ? Je me dis que si on monte avec elle, on sera plus vite arrivée à la mer », pour mieux ensuite nous balloter et nous imposer sa propre fantaisie. Ce livre ose, interpelle, digresse, pose des parenthèses, alterne les passages à l'écriture ciselée avec des passages aux expressions familières et aux analogies surprenantes. C'est un véritable éloge à la littérature, aux voyages immobiles qu'ils permettent, aux mille et une vies qu'ils abordent, à la liberté qu'ils autorisent.





Les livres, un espace préservé dans lequel nous pouvons évoluer librement et toucher du doigt toutes les sensations du monde…tel est le message primordial de ce récit qui en faisant éclater quelques bulles de vie bondissant en tous sens m'a fait l'effet légèrement enivrant d'une fine bulle de champagne. A petite dose, cette ivresse est délicieuse, à plus grande dose cela aurait pu être un tantinet écoeurant. le dosage ici est parfait même si ça confine, nous devons le reconnaitre, à l'exercice de style.



« Ces impression caracolent dans son coeur comme des poulains sauvages, et est-ce qu'il finira par lancer enfin vers elles le lasso de ses phrases, zui zui, la courbe onduleuse et graphique de leur longue lanière, hop là, pour s'efforcer d'attraper telle ou telle d'entre elles sur laquelle il commencera (prudemment, joyeusement) à mettre des mots, on le lui souhaite ».

Simon, je ne sais pas, mais vous, vous y arrivez merveilleusement Madame Montalbetti !



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Mon ancêtre Poisson

L’arrière-arrière-grand-père de l’auteur est Jules Poisson : engagé à neuf ans, en 1842, comme jardinier au Jardin des Plantes, il devient un botaniste autodidacte, à l’origine de nombreuses conférences et publications. II décède en 1919, jusqu’au bout passionné par son métier. Christine Montalbetti est partie sur ses traces, explorant scrupuleusement le moindre indice susceptible de l’éclairer sur la vie de son aïeul : état civil et lieux qu’il a fréquentés, photographies, récits et légendes familiales, articles et ouvrages archivés, lui ont permis de le faire revivre le temps d’un livre, où elle s’adresse à lui affectueusement, par-delà les générations qui les séparent.





Il ne s’agit pas ici d’un roman, mais d’une reconstitution fidèle de ce qu’a pu être la vie de Jules : bien peu d’éléments finalement subsistent pour comprendre cet homme, aussi, le récit avance par recoupement d’hypothèses, exploitant les faits connus pour les enrichir de leur contexte, de la guerre de 1870 à celle de 1914-18, des incidents climatiques aux nouvelles grandes inventions de l’époque… Le résultat est l’impression mélancolique et touchante d’une ombre entraperçue au travers de la brume du temps, d’un fantôme à demi-effacé qui resurgit par petites touches pour mieux se dérober derrière son aura de mystère.





Si le travail de documentation est rigoureux, l’écriture est sensible, jolie et maîtrisée, et confère à l’ouvrage charme et élégance. Presque plus que le souvenir de Jules, c’est la relation de l’auteur à son ancêtre qui émeut ici, par sa fierté respectueuse et presque timide, par sa relation au temps, à la vie et à la mort, et par la question de la filiation et de la transmission posée avec émotion.





C’est pourtant cette même intimité entre l’écrivain et son ascendant qui finit en quelque sorte par provoquer un sentiment d’exclusion chez le lecteur, pour qui il est difficile de partager durablement le même niveau d’intérêt et d’attendrissement à l’égard d’un homme, certes intéressant, mais sur lequel il n’apprendra en définitive qu’assez peu de choses.





Ce livre m’a au final paru davantage écrit pour le plaisir de son auteur que celui de son lecteur : tandis que l’une creuse avec émotion à la recherche de ses racines, l’autre peine à empêcher l’ennui de s’installer, malgré toute la finesse et l’intelligence de l’écriture.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le relais des amis

Ça pétille au Relais des amis. Hélas pour moi, cela n'aura pas été du champagne, juste de l'eau pétillante avec un petit zeste de citron pour relever quand même ;-).

Simon, écrivain que fuit l'inspiration, en pousse la porte et l'on découvre le décor, les habitués. Une description et une ambiance qui m'ont plu. Et puis l'autrice quitte Simon pour suivre un autre personnage, et puis encore un autre et un autre. Et puis la boucle sera bouclée...



Le procédé est au début plein de légèreté, les transitions se font naturellement, les personnages sont croqués très habilement en peu de mots, et puis cela s'essouffle tant dans les transitions que dans la narration des saynètes. Je me suis de moins en moins intéressée aux personnages rencontrés.



Dommage ! J'avais beaucoup plus apprécié sur cette idée de passage de relais l'alphabet du destin

Lien ci dessous pour les curieux


Lien : https://www.babelio.com/livr..
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La vie est faite de ces toutes petites choses

Je me souviens très bien avoir acheté ce livre un sombre vendredi de décembre, juste avant les fêtes, posant sciemment ainsi un geste d'anti-gravité. Sur son titre : La vie est faite de ces toutes petites choses. Sur la sobriété de sa couverture blanche. Sur le bleu profond de son bandeau et une association de prénoms. Sur ce simple mot, découvert, en italique, caché en-dessous du dit bandeau, que bien évidemment je fis glisser, ou serais-je le seul à procéder ainsi, en catimini, pour assouvir une curiosité toujours intacte ? Ce mot, court en soi : soyons de bon compte, deux petites mais vaillantes syllabes, qui déjà galopent dans mon imagination et soudain, ouvrent grand une fenêtre sur de si vastes horizons, Roman. Comment pouvais-je deviner à ce moment précis qu'il me faudra remercier Sandra ? Sans quoi je ne me serais pas embarqué dans pareille aventure; donc, merci Sandra !



Ce n'est pas à moi de vous présenter Sandra, ni Fergie, ni Doug pas plus que Rex (non, ce n'est pas un chien, allons un peu de respect). Tout au plus je me sens autorisé à vous rappeler qu'ils ont refermé une porte, comme peut-être vous refermerez un jour la dernière page de ce livre, sur ce qui restera la plus grande aventure humaine commencée au XXe siècle à savoir la conquête de l'espace, en effectuant en juillet 2011 la mission STS-135 (oui 135 vols qui s'en souvient ?) et ainsi le dernier vol de la navette spatiale Atlantis après les accidents de Challenger en 1986 et de Columbia en 2003.



De la grande littérature selon moi et par le style et par le choix de ce vol nostalgique, plutôt que de miser sur l'aspect spectaculaire de l'alunissage en ce 20 juillet 1969 auquel la famille au complet avait assisté en direct à toute la retransmission en noir et blanc, j'avais dix ans. le 20 juillet 1969, date historique, comment pourrais-je l'oublier alors qu'Eddy Merckx remporta ce même jour son premier tour de France démarré avec le numéro 51 sur son maillot Faema rapidement changé en jaune ? Non cela vous ne le trouverez pas dans le livre, Christine Montalbetti insère aussi des éléments personnels comme ses recherches et les entretiens qu'elle a eu avec certains des protagonistes de cette histoire où tous les détails sont vrais et dont elle tire son Roman qui par la magie de ses mots nous fait si bien entrer en état d'impesanteur.



Voilà, j'étais, après quelques reports bien compréhensibles pour peaufiner ma forme, sur orbite pour une mission certes par moments un peu longue et fastidieuse, pour quelqu'un d'allergique en d'autres circonstances aux longues descriptions et incapable d'accéder à la visualisation mentale à travers ses lectures. Il n'empêche, et c'est là tout le talent de Christine Montalbetti, il me reste quelque chose de magnifique de ce tableau pointilliste qui donne une atmosphère toute particulière à cette mission extraordinaire par l'accomplissement d'une suite de petites tâches menées en commun par des êtres humains ordinaires. Une coopération internationale, là haut, alors ne me dites pas que seul l'effet de l'impesanteur...



Et pour préparer le voyage en musique

https://www.youtube.com/watch?v=Z_OpYdA0fck
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Love Hotel

Sentiment d'avoir lu un livre écrit par un auteur japonais, tellement l'ambiance est parfaitement restituée et ressemblante aux descriptions d'un roman japonais.

C'est en sortant, encore imprégné de sérénité, de mon cours de yoga, et après une ridicule altercation pour une place de parking, que je me suis attablé à la terrasse d'un café devant la mer pour commencer, et pratiquement terminer, ce livre. J'ai repensé un moment à la brève altercation du parking, tant après coup, je me suis trouvé ridicule d'accorder de l'importance à ce détail du quotidien. Car ce livre s'inscrit plutôt dans la continuité du yoga et de la méditation, et nous met en communion avec la vie. C'est au cours d'un séjour à Kyoto, ville mythique, que l'auteure a écrit ce livre. L'intrigue est quasiment inexistante mais l'important est ailleurs. Un homme occidental, écrivain, entretient une relation avec une femme japonaise qu'il retrouve régulièrement dans un Love Hotel. C'est tout ! Mais c'est le rapport à l'environnement, au monde, du personnage, qui attire l'attention. On n'est pas loin du concept de « ma », cher aux japonais. Ce qui est essentiel n'est pas concrètement perceptible. C'est l'espace vide entre les choses, les gens, le vide en somme, qui détermine notre rapport au monde. Par ailleurs, la moindre action, la moindre perception est détaillée, décortiquée à l'extrême, minutieusement, donnant une sorte de pesanteur à ce qui pourrait paraître un détail léger, comme un arrêt sur image au cinéma. le narrateur se fond littéralement dans le paysage des bords de la Kamo. La vie est en suspend et semble faire une pause. On s'arrête dans la contemplation de l'écoulement de l'eau de la rivière, devant les arbres où commencent à poindre les bourgeons, devant le sexe de Natsumi. Même lorsqu'ils font l'amour, retirés dans l'intimité de cette chambre d'hôtel, Natsumi et son amant semblent dans un autre espace-temps, comme si leur orgasme s'inscrivait en communion avec l'univers.

L'écriture est d'une poésie rare, avec des mots choisis minutieusement, en des associations étonnantes, pour nous insuffler une autre façon de voir le quotidien de notre vie, pour mieux nous détacher des contingences et prendre la mesure de ce qui est important.

Nous sommes également plongés dans le monde animiste des Esprits du shinto. Les esprits de la rivière, de l'arbre, des ancêtres, errent parmi nous et parfois nous jouent des tours plus où moins malicieux. C'est du moins ce que raconte la grand-mère de Natsumi qui se souvient également du comportement à adopter lors d'un tremblement de terre, occasionné par un dragon furieux surgi des entrailles de la terre.

C'est un roman qui nous donne une autre perception du monde. Attitude contemplative devant l'univers ! Je ne peux m'empêcher de penser au très beau récit de Yannick Haenel « Je cherche l'Italie », beaucoup plus politisé, mais nous donnant sa vision très contemplative de Florence, où il séjournait.

Ce livre s'inscrit parfaitement comme support à une méditation. Finalement, cette lecture a été une prolongation de mon cours de yoga. Méditant sur l'Esprit de la mer, me fondant dans les allées et venues du ressac à mes pieds.
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Le relais des amis

De relais en relais



Dans ce roman d’une construction virtuose, Christine Montalbetti nous fait faire le tour du monde en passant d’un personnage à un autre. Des existences qui se relaient au fil des rencontres. Une manière de porter un regard malicieux sur la société actuelle.



Le jeu du Marabout, qui consiste à trouver une suite de mots dont les premières syllabes correspondent phonétiquement aux dernières de l'expression précédente.

Marabout, bout d'ficelle, selle de cheval, cheval de course, course à pied, etc. s'appelle la concaténation. Si je vous en parle ici, c'est que Christine Montalbetti utilise un procédé narratif similaire dans son nouveau roman pour passer d'un personnage à l'autre.

Tout commence avec Simon, écrivain venu en Normandie pour se mettre à son nouveau roman, mais reste en panne d'inspiration.

Pour la retrouver, il décide de faire une marche. Une promenade qu'il achève en allant prendre un café au comptoir du Relais des amis. Outre Tatiana, la serveuse, il croise deux habitués, Frédo et Roger, Gégé le patron et Momo, assis seul à une table. Mathieu, l'apprenti de Frédo, venant compléter le tableau. Alors Simon "se laisse impressionner par les petits froissements d'âme autour de lui" et détaille ce microcosme. Avant de suivre Frédo et Mathieu qui ont du boulot. Leur camionnette est garée près de l'agence immobilière de Lorette. Lorette qui prend le volant de sa Clio pour faire visiter un bien à son client du jour. Mais cette maison est trop chargée d'histoires et Bastien, le client, renonce à l'acquérir. En revanche, il a un peu de temps libre et demande à Roger, le chauffeur de taxi, la direction de l'aquarium. Mais Roger est distrait, il doit prendre en charge le couple Worcester pour le conduire à la gare. On suit alors Eva et Greg Worcester qui prennent place dans leur compartiment. Les septuagénaires sont bientôt rejoints par Lila, une jeune fille qui a le don d'agacer Eva.

Si le petit jeu continue, ce n'est pas sans un clin d'œil au lecteur: «Et là, je mets cartes sur table. Deux solutions s'offrent à nous : les suivre ou rester avec Lila. Ah, le monde est un réseau inextricable de possibles, qui font autour de nous leur sarabande, et que nous assassinons finalement sans vergogne chaque fois que nous faisons un choix. Vous avez une préférence ?»

On choisit donc de rester avec Lila. Qui rentre chez elle où l'attend Dylan. On entre alors dans l'intimité d'un jeune couple. Mais pas trop, car la décence a des limites. Alors suivront la mouche que chasse Lila et entrons dans la loge où Estelle et Vanda papotent et évoquent le Portugal où Alberto, le mari de Vanda, est parti construire une maison pour leur retraite.

Et nous voici sur les bords du Douro où vit aussi Manoel, le fils de Vanda et d'Alberto. Après une conversation téléphonique avec sa mère, on le suivra que le temps de croiser un nouveau protagoniste.

Maintenant que vous avez compris le principe de ce roman construit avec virtuosité, je vous laisse découvrir la suite. Une belle galerie de personnages et de lieux vous attend, passant du Portugal au Japon, où vous découvrirez le pachinko, puis aux États-Unis, à Paris où une mouette prend son envol pour retrouver la Normandie pour un final magique. L'occasion pour la romancière d'ajouter aussi quelques "vraies" connaissances aux rencontres proposées, mais aussi de revisiter sa bibliographie de l'autrice. De Trouville Casino (Normandie) à Love Hotel (Japon) et à Plus rien que les vagues et le vent (USA).

Oui, décidément, La vie est faite de ces toutes petites choses dont on se régale tout au long de ce roman drôle et entraînant qui pétille de malice. Une pépite de cette rentrée !






Lien : https://collectiondelivres.w..
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Love Hotel

Il est écrivain, français, et s'est installé dans une petite maison à Kyoto pour écrire un roman. Deux à trois fois par semaine, il longe la rivière Kamogawa pour rejoindre Natsumi, une femme mariée, dans le Love Hotel où ils ont leurs habitudes. Ce jour-là, c'est la fin de l'hiver mais la nature peine encore est encore recroquevillée par le froid. Avec Natsumi, ils choisissent, comme chaque fois que c'est possible,la chambre 302, la moins kitsch, la plus sobre. Dans cet espace clos, sans fenêtre sur l'extérieur et totalement insonorisé, ils vont passer quelques heures loin du monde. Entre deux étreintes, Natsumi évoque les contes japonais que sa grand-mère lui racontait quand elle était enfant et l'écrivain se plaît à imaginer que pendant qu'ils sont dans leur bulle, dehors, la ville s'est transformée. La ville est désertée par ses habitants suite à une consigne d'évacuation dont il ignore tout, ou alors, la ville n'est plus qu'un champs de ruine après un bombardement, ou encore, le temps s'est accéléré et il ne reconnait plus une ville futuriste où les véhicules volent et les façades sont des écrans tactiles...Mais bien sûr, quand il quitte la chambre, rien a changé, Kyoto est fidèle à elle-même. Pourtant, ce jour de fin d'hiver, ce jour si semblable à tant d'autres, ce jour, c'est le 11 mars 2011, et pendant qu'il imaginait les pires cataclysmes dans une chambre isolée du monde, le Japon vivait une de ses pires catastrophes.





Où qu'ils soient les amoureux sont seuls au monde. C'est encore plus vrai dans la chambre d'un Love Hotel où tout est fait pour que les couples profitent au mieux des quelques heures qu'ils volent au temps : décors ciblés, gadgets érotiques, bain lumineux, nul contact avec l'extérieur. Le temps s'arrête dans cet endroit propice à l'amour et à la rêverie. Pourtant le monde poursuit sa course. C'est le propos du roman de Christine MONTALBETTI qui, dans un style éthéré et poétique, offre une variation mi-érotique mi-prophétique sur les prémonitions, les sensations, les pensées que pendant qu'on profite d'un instant de bonheur, ailleurs le pire a lieu.

Un livre envoûtant, un bel hommage au Japon, sa beauté, ses légendes, ses souffrances.
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Mon ancêtre Poisson

Gentiment horripilant. Christine Montalbetti s’est passionnée pour son ancêtre Mr Poisson dont le patronyme, comme elle ne cesse de le rappeler, sied à qui s’intéresse à Mère Nature. Plutôt que de s’atteler à une biographie académique, Christine Montalbetti choisit une formule hybride, entre investigation et dialogue intime. On y gagne en originalité, on y perd en clarté. Elle installe une fausse complicité avec le lecteur, vite exclu de ce dialogue entre l’autrice et son aïeul, de cet entre-soi prétentieux, de cette quête personnelle qui parvient à nous émouvoir seulement dans les toutes dernières pages. L’usage des parenthèses est insupportable. Les interrogations sont systématiques. On se noie en conjectures, en hypothèses, on tourne autour du pot. On s’ennuie ferme. J’ai eu l’impression d’assister à une restauration de tableau, hésitante et laborieuse. Ce qui est perceptible chez Christine Montalbetti, c’est l’angoisse de l’ordinaire, la peur de découvrir que son ancêtre n’a finalement rien d’exceptionnel et qu’il ne pourra être le héros idéalisé de son roman. D’ailleurs, elle digresse souvent pour pallier la banalité du savant autodidacte. Elle a beau entretenir un suspense autour de quelques anecdotes croustillantes (l’anthropophagie présumée, p200, l’a beaucoup impressionnée semble-t-il), le récit reste inégal. Heureusement, ce Mr Poisson a travaillé au Muséum National d’Histoire naturelle, cela permet à Christine Montalbetti de dérouler des listes de plantes et d’animaux, d’en évoquer les mœurs et les comportements, de noircir des pages... Les seuls moments dignes d’intérêt touchent à l’histoire de Paris au 19ème siècle et au début du 20ème siècle. Ils donnent lieu à de très beaux passages sur les hivers rigoureux, le siège de la capitale, la commune ou les conséquences de la première guerre mondiale. Des passages où l’ancêtre Poisson joue les témoins discrets. Son meilleur rôle.

Bilan : 🔪
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Leurs contes de Perrault

Les contes, les légendes, la mythologie, les versions pour adultes, pour enfants, originales, détournées, revisitées, décortiquées, psychanalysées, leur symbolique - tout ça, j'adore ! Sauf les resucées édulcorées à la Disney, rose bonbon, chantonnantes, sautillantes et tourbillonnantes.



J'étais curieuse de découvrir ces onze contes de Charles Perrault réécrits par autant d'auteurs différents, à destination d'un public adulte. Ces adaptations s'inspirent très librement des originaux, j'ai parfois dû retourner voir le titre du récit pour saisir les références. Il s'avère immédiatement que l'ouvrage ne s'adresse pas aux jeunes lecteurs : le recueil s'ouvre sur une adaptation crue de Riquet à la Houppe par Gérard Mordillat qui ne m'a vraiment pas emballée. Si les autres récits sont moins grotesques, aucun ne m'a enthousiasmée, pas même mon préféré de tous les temps, 'Barbe-Bleue', que j'attendais impatiemment et dont le sens m'a semblé éloigné de celui de l'original (ou de ce que je veux en percevoir), contrairement à ce qu'annonce la quatrième de couverture : "Les histoires de Perrault en ressortent transfigurées, sans que leur âme en ait été perdue." Pas d'accord, pas du tout.



Aux amateurs de contes traditionnels et de leurs symboliques, je conseille : 'Les contes de Grimm' (en Folio), 'Psychanalyse des Contes de Fées' (Bruno Bettelheim), le roman policier 'Contes barbares' (Craig Russel), 'Une faim de Loup' (Anne-Marie Garat), etc.

Et dans les contes revisités pour enfants, plein d'excellents albums, dont les Geoffroy de Pennart, Emile Bravo...
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Le relais des amis

Ha, le bistrot d’antan! Nostalgie, quand tu nous tiens.

 

Le bistrot légendaire ancré dans ma mémoire de bambin effarouché qui sifflait sa limonade ou son diabolo-menthe à la paille, agrippé au pantalon de tergal bleu marine de papa qui venait trinquer le coup avec les copains aux voix de caverne et au verbe haut.

 

Car c'est ça, le relais des copains, c'est ‘à l’abri de la tempête’, ‘à l'abri côtier’, celui que j'appellerai le bon vieux rade, plus tard, quand j’aurai pris de la bouteille et que la limonade ou le diabolo-menthe (ça fait une paye) restera le marqueur du temps jadis, de quand l’insouciance et la peur de la trogne du pilier de comptoir, seules, emplissaient ma tête de rejeton curieux et sacrément ravi d’être admis dans ce viril cocon quand maman enfournait dans la gazinière, tranquille, le poulet du dimanche dans le plat en Pyrex à la maison.

 

Le relais c’est la coquille de noix qui flotte sur l’océan du temps passé, qui sent le plancher imbibé des odeurs d'alcool que je ne savais pas encore identifier (malt, merlot, houblons, anis…) et dont les tenanciers s’appelaient Marie-Ange,  Momo ou…

 

Ici, dans ce relais où échoue Simon d’avoir échoué à l’écriture de son nouveau roman, Marie-Ange c'est Tatiana et Momo c'est Gégé (les temps n'ont pas tant changé, finalement).

 

Mais il y a comme une caméra miniature qui suit Simon, une camera 360°, un capteur d’atmosphère, un humeur d’ambiance, une sorte d’éponge à émotions.

 

Et c’est un patchworks ce rade, un fourre-tout intimiste ou se brassent intimement des existences disparates à la recherche, peut-être, d'une forme d’intimité.

 

On fait bloc

autour d'un bock

ou d'un broc

de vin d'Oc.

 

Sauf que les minutes s’égrènent, même là, accoudé au bar et chacun doit vaquer à ses occupations, prendre congé d’un signe entendu puis pousser la porte de l'abri-refuge qu’il retrouvera demain,  comme d'hab' : « salut les potes, tu le mets sur ma note Gégé…»

 

Alors, comme dans l’ancienne publicité pour le CNP sur la célébrissime valse numéro 2 de  Dmitri Chostakovitch, la caméra miniature 360° qui suivait Simon, embarque sur un fictif drone silencieux, pour suivre plein cadre et en 16/9ème  celui qui vient de disparaître du champ visuel des habitués du bistrot et happer dans son champ optique à travers la vitrine de son local commercial, le regard non moins commercial de Lorette, l'agente immobilière, qu’elle suivra dans la visite organisée pour un Bastien trentenaire en recherche d'un nouveau nid douillet.

 

Telle une abeille virevoltante attirée, au hasard, par les différents coloris bucoliques d'un jardin printanier, la caméra papillonnera de personnage en personnage, dressant le portrait d'une communauté en perpétuel mouvement, communauté composée des tenanciers et des clients du bistrot, de l'agente immobilière, de son client potentiel, d'un chauffeur de taxi, d’un couple de touristes anglais, d’une jeune voyageuse, d'une mouche (et oui !!!), de notes de musique, d'une concierge, de son fils, de son amie…et de surprises étonnantes pour ce qui est des intervenants comme des traits d'union entre entre-eux.

 

Au cinéma, on appellerait cela un plan séquence. Ce plan tarabiscoté qui suppose une habile préparation afin de permettre à l’opérateur de ne jamais couper sa caméra et lui assurer une grande fluidité pour épouser les divers protagonistes qu’elle devra suivre de son numerique objectif énamouré.

Ce plan cinématographique est ici matérialisé par le verbe panoter (utilisé deux fois) comme par le ‘on' qu’adopte l'autrice pour s’extraire de ses personnages et nous décrire ce que nous devons voir, nous, en tant que lecteurs détachés des perceptions intérieures des différentes personnes que nous accompagnerons par son truchement (100 points de gagnés ;-).)



Pourtant, ce sont ces mêmes perceptions intérieures qu’elle interroge (quand ce n’est pas nous, directement, parfois), imaginant ce qui pousse ses personnages à agir comme s'ils étaient doués d'une totale autonomie.



Comme nous, l'autrice est témoin des scènes qu’elle nous décrit, scènes qui semblent échapper à son propre discernement et dont elle n'est absolument pas responsable.



Nous l'accompagnons plus qu’elle ne nous dirige, découvrant en même temps qu’elle les vies qui, comme des perles sur un collier, vont s'enfiler et cohabiter (non, ce n’est pas pornographique) pour composer une étude ethnologique et sociologique présentée sous la forme de roman léger et très agréable à lire, chaque rencontre fortuite faisant l'objet d'une courte nouvelle le temps d'un chapitre ou d'un paragraphe, nous emmenant même dans un voyage à travers la planète.

 

Si la formule fonctionne à fond dans la première moitié du roman, elle finit un peu par lasser, la recherche de la transition entre les protagonistes fait que la forme prend le dessus sur le fond pourtant bien privilégié en première partie d'ouvrage.

 

La jolie ronde initiale (Chostakovitch) se transforme peu à peu en chenille de premier de l'an ou du 14 juillet (Patrick Sébastien) et l’articulation entre les personnages en artifice (sans aucun feu) se fait au merlin(de moins en moins enchanteur).

 

A vouloir faire différemment à chaque ‘fondue', ce qui était audacieux voire poétique au début (les notes du piano) devient exercice de style un peu appuyé voire lourdingue à la longue (les ronflements nippons, le postillon (grrr) !!!).



Gare, ce qui pourrait être amusant à l’image peut s’avérer navrant à l'écrit.

 

Un relais, une ronde ?

Non, un manège finalement et comme chacun le sait, l’attrait du manège réside  essentiellement dans sa rareté et sa fugacité.

Mais ceci n’est que mon ressenti, loin de moi l’idée d'alimenter la foire du troll !

 

Je m’étais servi une aimable coupe de champagne rafraîchissante, mais les bulles se sont évanouies me reste un blanc tiède quelque peu fade.

J'ai même bien failli le jeter.

 

Dommage…l’écriture me plaisait à la folie, au début (l’ambiance du bistrot) vraiment beaucoup, vraiment (le couple d'anglais)…et puis un peu moins (Tokyo, les USA)…et puis plus du tout (la description des sneakers)…



et puis, chouette, un sursaut final (ha, Giséle et Yves) qui aide à faire passer le temps qui reste de lecture jusqu’à ce que la farandole se ferme, persuadé que je suis de retourner au ‘relais des amis’ qui me rappelle le bistrot d'antan, le bistrot légendaire ancré dans ma mémoire de bambin effarouché qui sifflait sa limonade ou son diabolo-menthe à la paille, agrippé au pantalon…

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Leurs contes de Perrault

Un recueil de nouvelles qui revisite des célèbres contes de Perrault

Malheureusement, sans trop expliquer pourquoi, j’ai beaucoup de mal avec cette version remake des contes de Perrault...je passe à coté je ne comprends qu’un texte sur trois.... trop....je ne sais quoi.... dommage car ce projet paraissait une bonne idée mais vraiment trop bizarrement exploitée pour convaincre...
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Mon ancêtre Poisson

Christine Montalbetti part à la recherche de son ancêtre Jules Poisson.

Cet homme était botaniste au jardin des plantes en 1871.

C'est l'occasion pour elle de faire des recherches, consulter les registres

d'état civil, lire des manuscrits. Il reste beaucoup d'énigmes non résolues

et de nombreuses questions lui viennent à l'esprit.

Cela donne envie de s'intéresser à la généalogie et se poser des questions

sur ce que faisaient nos ancêtres à un moment donné, sur ce qu'ils

pensaient, s'ils ont vécu tel ou tel évènement, telle ou telle tempête.

En conclusion ce livre n'est pas un coup de coeur mais c'est tout de même

une lecture sympathique.
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La vie est faite de ces toutes petites choses

Certains livres sont difficiles à résumer, mais celui-ci pourrait tenir en une seule phrase: il s’agit de la relation du dernier vol d’une navette spatiale en juillet 2011. Décollage, arrimage à la station spatiale internationale (ISS) et retour en Floride. Bien entendu, et c’est tout là tout le talent de l’auteur, cette dernière mission va être l’occasion de nous pencher jusqu’au plus petit détail sur la vie à bord, l’histoire de chacun des protagonistes et au-delà sur près d’un demi-siècle de conquête spatiale.

Pour cet ultime voyage trois militaires et une civile qui ont tous déjà vécu cette aventure ont été choisis. Aux côtés du commandant de bord Chris Ferguson, on retrouve les colonels Doug Hurley et Rex Walheim ainsi que Sandra Magnus. On les retrouve à l’heure des derniers préparatifs.

« Les voici donc face à nous, alignés d’un seul côté de la table rectangle, les quatre de la mission finale, eux dont le poster circule un peu partout avec ce titre, Final Mission, et puisque c’est la dernière fois qu’on envoie depuis l’Amérique une navette habitée. La dernière fois qu’un équipage s’assied derrière cette nappe, la dernière fois qu’on leur confectionne un gâteau tout exprès, et beaucoup de dernières fois encore que nous aurons l’occasion d’égrener. »

Comme cette dernière fois où l’équipage dira adieu à l’équipe au sol qui les aide à s’installer dans la navette, « c’est comme à la fin d’une soirée, quand il faut se séparer, et que personne ne veut vraiment partir. »

Comme cette dernière fois où les caprices de la météo jouent avec les nerfs du chef de mission, comme cette dernière où des milliers de personnes, plus ou moins proches de la rampe de lancement, assistent au décollage. En quelques minutes à peine la fusée s’élève à près de 3300 hm/h, les réacteurs se décrochent et chutent dans l’océan où une équipe est chargée de les repêcher.

Côté navette, s’il «il aura fallu moins de neuf minutes pour atteindre la microgravité», on prendra son temps pour rejoindre la station spatiale internationale qui n’est pourtant qu’à une distance Paris-Rennes. Deux jours pour rectifier la trajectoire et pour s’habituer à l’impesanteur.

À propos de détails, le CNES nous apprend que l’impesanteur est aujourd’hui préféré à l’apesanteur, en raison de la confusion orale entre «la pesanteur» et «l’apesanteur». « Par ailleurs, l’impesanteur est un état théorique et idéal qui n’existe pas en réalité : il subsiste toujours des forces parasites, donc une pesanteur résiduelle. » Chacun a désormais ses petits rituels pour maîtriser cet état et ses recettes pour profiter de ce que John Glenn, le premier américain dans l’espace (Décédé en décembre 2016, quelques mois après la parution du livre), appelait le cadre idéal d’une maison de retraite, car on ne risque pas la chute et la fracture du col du fémur.

Oui, le très joli titre de ce roman-reportage en illustre parfaitement le propos. Plutôt que des envolées lyriques ou des réflexions philosophiques sur l’envie sans doute jamais inassouvie de l’homme de repousser ses frontières, Christine Montalbetti va s’attacher à ces toutes petites choses, à l’émotion qui peut naître à la seule vue d’une goutte de sueur, au choix des musiques choisies par la NASA pour réveiller l’équipage (la bande-son est souvent accompagnée de messages subliminaux), à la fantaisie dans la préparation des repas ou encore au choix de sa garde-robe. Comme au moment de retrouver les membres de l’ISS, Mike Fossum, Satoshi Furukawa, Sergueï Volkov, Ron Garan, Alexander Samokutyaev et Andreï Borisenko, ou de les quitter. «Ceux de la station se sont mis sur leur trente et un, tous en polo foncé à manches longues et col blanc, dans un bel effet d’ensemble, et vous diriez un corps de ballet accueillant nos quatre personnages».

Durant la dizaine de jours qu’ils vont passer ensemble, on aura le temps de suivre leur travail, mais aussi leurs occupations préférées, de faire des photos «imprenables», de courir le marathon de Boston par procuration, de jouer de la guitare, de prendre une douche, de dormir la tête en bas (ou plutôt de constater qu’il n’y a ni bas ni haut) ou encore, privilège de cette dernière sortie des bricoleurs de l’espace, de ne pas rentrer tout de suite après avoir accompli leur mission, « ils s’autorisent ce luxe de contempler ensemble l’arrivée de la lumière, immergés dans l’espace, plongés dans l’immensité toute noire. »

Le testament des navettes est à la fois un hommage à la conquête spatiale, riche d’anecdotes comme celle sur Valentina Terechkova – qui est si incroyable que je vous laisse la découvrir – ou sur les animaux de l’espace et un concentré d’émotions et de poésie.

Au moment où Thomas Pesquet nous offre de partager en direct sa vie quotidienne en impesanteur et vient rajouter sa collection d’images et d’impressions, et prolonge le roman de Christine Montalbetti, on se prend à rêver… la tête dans les étoiles.
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Le relais des amis

J'aime vraiment beaucoup l'écriture de Christine Montalbetti, sa précision, son rythme et cette façon d'introduire le point de vue de l'auteure pour mieux intégrer le lecteur dans son récit, le faire entrer dans la farandole. Ce court roman est une sorte d'échappée belle où transparait une sorte de gratitude envers la littérature qui permet de voyager, de s'extraire d'un enfermement ou d'un confinement et d'aller où on veut, sans autre limite que son imagination. Le Relais des amis est le nom d'un bar dans une station balnéaire normande mais c'est aussi le format que prend ce récit, passant d'un personnage à un autre par le simple relais d'un détail qui agrippe le regard de l'auteure qui se fait pilote, hésite parfois entre deux directions avant de choisir. Son œil se fait caméra, sa plume monteuse d'images et le lecteur se transforme en spectateur de ce tour du monde dont on attend qu'il retombe sur ses pieds et nous délivre si possible un happy end de cinéma.

C'est faussement léger, d'une précision horlogère, ça se lit dans un souffle et ça laisse repu comme après un souper fin.
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Ce que c'est qu'une existence

Oh cet étrange choeur qu'on forme tous ensemble sans le savoir", cette phrase toute simple en quatrième de couverture, cette phrase seule contient sans doute tout le livre. Encore faut-il avoir le talent de développer, le regard qui discerne, l'acuité qui saisit l'essentiel, l'art de construire, de tirer les fils et de les mêler. Ce roman est une démonstration assez époustouflante d'écriture où l'autrice est autant actrice que narratrice sans pour autant voler la vedette à ses personnages ni à son sujet. "Cet étrange chœur qu'on forme tous ensemble sans le savoir".



Ce roman-monde jaillit à partir d'un petit coin de ville, un carrefour de quartier que l'on peut observer depuis une fenêtre, là où vit "le père" dans la relative solitude de la vieillesse. Le métier de son fils, Tom, l'oblige à de longs mois en mer et le père a tout son temps pour interroger ses souvenirs, les liens familiaux perdus ou distendus, mais aussi pour observer les individus qui gravitent dans le cadre de sa fenêtre. Un hôpital, un arrêt de bus, un avion qui passe au-dessus, un bistrot, des porches d'immeubles et toutes ces existences qui se croisent sans se voir ni se connaître et en ignorant souvent à quel point elles sont liées. Leur fragilité est palpable, tout comme la conscience du temps qui passe. L'écrivaine crée le mouvement, fouille les mémoires, explore l'altérité et l'infinité. Elle exhume les existences qui depuis la nuit des temps se sont effacées pour que d'autres se déploient qui devront disparaître à leur tour. Elle en crée à sa guise, c'est son pouvoir, sa magie. Libre à elle de choisir les chemins, de multiplier les points de vue, de décider des rencontres. De les mener à bon port ou de les laisser en suspens.



Sous les yeux du lecteur se déploie en majesté la promesse du titre, Ce que c'est qu'une existence avec ses multiples dimensions, par la grâce d'une construction magistrale dont la complexité s'efface derrière l'évidence de la narration. C'est assez impressionnant, cette sensation que chacun de nous porte en lui des centaines d'histoires prend soudain forme et devient palpable par l'intermédiaire de celle qui choisit de les mettre en scène. Pendant que le monde continue de tourner, les existences de se croiser et les vents de jouer à les emmêler.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Mon ancêtre Poisson

L'auteure part à la recherche de son arrière-arrière grand-père, Jules Poisson, le botaniste du Muséum d'histoire naturelle. C'est bien loin, elles sont rares les traces qu'il lui a laissées : des actes d'État civil bien sûr, comme tout un chacun, des lettres archivées au Muséum et des articles dans une revue scientifique. Elle fait revivre tout cela, et, comme la trame est bien large, on a parfois l'impression qu'elle "meuble", qu'elle tente de combler les lacunes en jouant de son imagination. Mais n'est-ce pas le rôle de la romancière ?

Le livre est sensible malgré un style parfois un peu lourd et redondant.
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Le relais des amis

Voilà un petit texte qui était très prometteur et dont je ressors déçue, voire agacée. le relais des amis, pour moi, c'est un endroit où les gens se croisent, où l'on se retrouve pour boire un verre, discuter, faire de nouvelles connaissances, c'est un endroit chaleureux, je l'imagine bien comme un bistrot resté dans son jus, des banquettes en moleskine rouge, des chaises en bois un peu bancales, des plantes vertes aux appuies de fenêtres.



Les premières pages m'ont emportées, puisque c'est dans un bistrot de village que Simon, en panne d'inspiration pour son nouveau roman, s'installe au bar et observe le microcosme que forme la population des villageois qui le fréquentent.

Mais après quelques considérations sur les clients du bistrot, voilà que l'on commence à suivre un quidam qui en croise ensuite un autre, que l'on suit également ... et de fil en aiguille, on se retrouve à suivre tout un tas de personnages différents (voire même des objets, un mégot de cigarette, un emballage de bonbon) ...



La quatrième de couverture nous informe que la lecture permet de nombreux voyages, qu'un roman est un espace où l'on peut circuler d'un lieu à l'autre librement.



Alors, certes, un de mes plaisirs de lectrice est de voyager. Récemment j'étais à Douala ou à Conakry. Mais j'aime aussi m'imprégner de l'ambiance du lieu, de la population, j'aime avoir le temps de m'y installer, de réfléchir à ce que les descriptions des endroits visités me font ressentir et me rappellent de souvenirs, soit réels, soit d'autres lectures passées.



J'aime voyager, mais à mon rythme et comme j'en ai envie. Pas en me prenant pour un mégot de cigarette ou un emballage de bonbon, et pas effectuer le tour du monde en 137 pages.



Je trouve que rien n'est aboutit dans ce texte. Tous les personnages auraient pu être des héros ou anti héros d'ailleurs d'un texte qui leur aurait été consacré. Mais ici on passe de l'un à l'autre en quelques pages peu intéressantes parce que trop courtes pour que l'on s'y intéresse.



Ce ne sont pas des nouvelles, ce ne sont pas des "minuscules" à la Delerm, c'est encore autre chose que je ne sais pas vraiment définir.



Mais ce que je sais c'est que je n'ai pas apprécié.

Pourtant l'écriture est belle, et cela démarrait bien. Tant pis !!
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Trouville Casino

Quand j'ouvre un livre de Christine Montalbetti, je suis certaine de ne pas être déçue.

Car elle me sert à chaque fois un velouté de mots, parsemés de ci de là de lexique affriolant, de crème (normande, cette fois) poétique, de fragilité quelque peu poivrée. Je l'hume, je le déguste, il inonde mes papilles rétiniennes, et déverse sur mon cœur une flopée d'écumes bouillonnantes et frissonnantes.

Trouville Casino nous conte l'histoire de cet homme, si vieux, mais devenu braqueur, un jour d'août 2011. Mais que donc lui est-il passé par la tête ? Lui, qui coulait des jours peinards en Normandie, avec sa compagne.

La douceur champêtre l'aurait-il rendu fou ?

Christine Montalbetti accroche l'acte de folie de cet homme à des diapositives de son passé et suspend le temps sur des gestes et des habitudes qui peuvent paraître anodins, mais qui habitent chaque seconde de notre vie, tels le ballet assourdissant des mouettes perfides, une soirée de guinguette où des corps, des yeux et des cœurs se rencontrent, ou la fluidité d'une nage normande.

Elle nous sustente de ce qu'elle imagine avec une habileté suave.

Avant l'acte démesuré, il y a un homme, une femme, vous, moi, chacun avec sa propre histoire.

L'auteure parle au lecteur, comme d'accoutumée.

Et j’aime ce lien si ténu et privilégié entre elle et nous. Entre elle et moi. Lectrice insatiable de sa plume rêveuse.

Trouville Casino se lit comme une friandise.

Quand on a commencé, on en redemande. Jusqu'à en devenir accro.

Pour moi, je dois l'admettre, je suis devenue complètement Montalbetti-olic...
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Leurs contes de Perrault

J'aime les contes, et j'aime l'idée de les revisiter. Alors, lorsque j'ai vu ce titre, je me suis dit pourquoi pas...



Finalement, la rencontre n'a pas fonctionné du tout. J'ai lu les deux premiers contes et je me suis arrêtée là...Trop revisités pour me plaire, trop vulgaires, trop "adultes" trop tout quoi...Je n'ai même pas essayé les autres contes.



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La conférence des objets

Que se passe-t-il dans notre maison lorsqu’elle s’est vidée de ses occupants, que nous avons refermé la porte derrière nous ? L’auteure nous invite à nous immiscer théâtralement dans la vraie vie des objets de notre quotidien : ils parlent donc et sortent de leur condition habituelle telle que nous la percevons, de leur immobilité.

Elle invite donc dans ces pages un parapluie, une lampe, un œil de tigre, une boite à couture et un pèle-pomme.

Tout comme dans l’excellent « Toys story » de Disney, ces objets prennent vie et attendent notre retour, en étant parfois inquiets de notre absence, ou en regrettant notre manque de considération, de reconnaissance...

On est touché par leur affection pour la personne qui les a par exemple sauvés du grenier, mais aussi par les mauvais traitements qu’ils subissent et la violence dont ils sont capables : le coup du parapluie qui fonce vers l’œil, est-ce un hasard ?

La réponse est donnée par les acteurs eux-mêmes de cette petite farce fort sympathique qui renouvelle notre perception de ce qui nous entoure.

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